(✰) message posté Sam 8 Nov 2014 - 1:52 par Invité
“ A lost memory. How can this be love if you’re leaving me ? I can’t see you right now cause I just can’t fake it. I can’t be near you right now, cause I know you’re no longer mine. I can’t see you. We’re strangers in different places though we leave a mile apart. I still think of you I pray that you are safe. I'm still missing you . But it has to be this way 'cause I'm not right for you. I said goodbye because I love you. ” ✻ Ma peine était immense. J’étais touché. J’étais à terre. Je baissais mes yeux emplis de tristesse afin de quitter la froideur de l’océan. Eugenia n’était plus qu’un objet sans éclat dans un monde terne et défaillant. J’avais l’envie irrépressible de partir. Je n’étais plus moi-même dans ce décor monotone. Je sombrais dans l’anonymat – Qui était ce jeune homme imposant et froid qui personnifiait chacune de mes pensées ? Qui était cette âme esseulée qui triturait des jambes éclopées dans l'attente d'un miracle ? Je n’étais que rage et détresse. Je crispai mes doigts sous le sable afin de retenir mes souvenirs. Je ne voulais plus tomber amoureux. Je ne voulais plus sombrer et expérimenter les indolences mesquines du cœur. Il y’ avait des plaies béantes qui ne cicatrisaient jamais – malgré le temps, l’ivresse et l’oubli. J’étais si fatigué, si las, mais je n’arrivais pas à dépasser notre histoire.
Je me redressai afin de reprendre contact avec sa peau insensible. Elle avait beau clamer qu’elle ressentait mes caresses, je restais immuable dans mon idée. Elle était pitoyable, et je l’étais encore plus. Je me cramponnai à ses membres avec un acharnement douloureux. J’avais besoin de sermonner le destin et de traverser les ombres du passé. J’avais besoin de franchir les limites de l’intenable, et de la voir finalement telle qu’elle était réellement : Eugenia, mon amie brisée.
« D’accord. » Lança-t-elle d’une petite voix.
Elle rendait les armes face à mes paroles nerveuses. Je la fixais avec un visage terne. Je la sentais se détendre contre ma prise. L’appel de la mer avait toujours eu cet effet léthargique sur son corps. Ginny était une enfant des vents et de la nature. Je fermais les yeux et je le revoyais tournoyer à une vitesse vertigineuse dans les étendues de sable et de buissons sauvages. Elle bougeait tout le temps – what the hell ?! Je n’arrivais pas à y croire. Chaque jour était une épreuve de plus. Peut-être que si j’avais su à temps, je me serais fait à l’idée de plus jamais la revoir courir. Peut-être que si j’avais vécu l’interminable attente dans le hall de l’hôpital, j’aurais été simplement reconnaissant qu’elle soit en vie, entière ou pas. J’étais un éternel insatisfait. Je me laissai tomber en arrière, en l’entraînant dans ma chute. Je m’étais évertué à la protéger de mes démons durant toutes ses années, et voilà que je la voulais au fond de l’abysse avec moi.
Nous étions inertes, presque morts. Il y’ avait un million de déclarations romantique sur Terre, pourtant j’étais convaincu qu’aucune affection au monde ne pouvait égaler la nôtre. A cet instant précis, nous étions rongés par le mal mais nous étions ensemble. Je me blottis dans ses bras fragiles.
« Je parle juste de s’asseoir plus près pour que nos pieds soient mouillés par les vagues. Je ne pense pas qu’on aura besoin de tes qualités de nageur.» Expliqua-t-elle, amusée.
Je souris. Elle avait promis de m’aider à dépasser ma phobie de l’eau – c’était ridicule mais je m’étais accroché à ses mots avec une intensité terrifiante. J’avais l’impression de la trahir à chaque fois que je me retrouvais dans un cours de natation, ou que le maître-nageur me proposait de m’aider à patauger dans le bassin. J’haussai les épaules avec désinvolture.
« Je te parle de réaliser tes fantasmes. » Raillai-je d’une petite voix. « La Ginny que je connais aurait sauté dans l’eau glacée toute vêtue. Elle aurait braillé une citation écœurante sur la liberté ou les vraies valeurs de la vie, puis elle serait revenu se coller à moi pour me mouiller. » Je marquai un arrêt. « Je te parle de ça. »
Elle resta silencieuse dans mes bras avant de se tendre. Je me redressai, paniqué par les faibles contractions de ses muscles.
« Il faut que je t’avoue quelque chose. Je ne te dis pas ça pour que tu t’en fasses ou pour que tu aies pitié de moi. Je souhaite simplement que tu saches..» Marmonna-t-elle en jouant avec ses doigts. « Quand tu m’as envoyé un message… Je ne dormais pas. Je n’ai pas dormi de la nuit, à vrai dire, non pas parce que je regardais la télévision ou parce que je lisais. Je ne dormais pas parce que… Parce qu’il m’arrive de ne pas fermer l’œil de la nuit, certaines fois. Mes connexions nerveuses sont extrêmement endommagées et j’ai des douleurs fantômes, si violentes que je ne parviens pas à les oublier et m’enformir. Puis il y a les spasmes musculaires qui agitent mes jambes et que je ne peux pas contrôler. »
J’étais suspendu à ses lèvres. Mon cœur rata plusieurs battements de suite avant de sombrer dans une douleur sourde. Tout le poids du monde me tombait dessus. Je clignai des yeux afin de chasser mes pulsions meurtrières. J’aurais voulu me relever et la traîner jusqu’aux vagues afin de la lâcher dans la mer: [i]Nage ! Nage ! Aurais-je crié dans l’attente d’un miracle – d’une malédiction, d'un versé céleste, n’importe quoi. Mes yeux s’imbibèrent d’émotions mal contenues. Pourquoi était-il tout le temps question de pitié pour elle ? Jamais d’amitié ? De dévotion ? D’amour ?
Elle saisit doucement ma main droite afin de la glisser sur sa cuisse à nouveau. Je sentis un fourmillement puis une légère secousse agiter ma paume ouverte. Je déglutis en fermant les yeux.
« Actuellement, j’ai mal, Julian. J’ai l’impression que mes pieds sont en train de brûler. C’est pour ça que je veux mettre mes pieds dans l’eau, en partie. C’est pour ça que je suis plus silencieuse que d’ordinaire… C’est pour ça que je te suis extrêmement reconnaissante de m’avoir emmené ici, parce que ça me change les idées.»
Elle recommençait. Elle me déstabilisait. Je m’allongeais en silence afin de fourrer mon visage dans sa chevelure en broussaille. J’emprisonnai sa poitrine dans une étreinte étouffante afin de refouler toutes mes angoisses. Eugenia me brisait le cœur.
« Je peux m’allonger comme ça, avec toi ? » Articulai-je avec difficulté.« Et m’assurer que tout ira bien … » Ma voix se noua. « Toi et moi. On ira bien. » Répétai-je comme une promesse.
J’ouvris délicatement les yeux pour réaliser qu’elle s’était détournée au loin, vers les dunes et l’horizon trompeur. Je lâchai prise en me raclant la gorge. Je pris quelques minutes avant de me résigner à m’appuyer sur mon genou boursouflé. Je me levais avant de me pencher de dos.
« Monte. » Demandai-je. « Allons rafraichir ces brûlures. » Je soutenai ses jambes avant de me redresser nonchalamment.
Je m’avançai à pas lent vers la mer. Mon cœur battait la chamade. Je me noyais dans ma transe habituelle, et le contact des fluides salés même glacé, ne suffit pas à m’éveiller de mon ensorcellement. Je m’arrêtai lorsque le niveau de l’eau m’arriva à la taille afin d’éclater de rire.
« J’ai oublié de retirer nos chaussures. » Je sentis le feu me monter au joues. Je me tournai lentement vers elle. « Tu m’en veux pas ? »
Bizarrement mon genou s’était calmé. Je pense que les calmants, additionné à la présence d’Eugenia et la douceur de l'eau aidaient à attiser ma douleur. Je souris.
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(✰) message posté Lun 10 Nov 2014 - 12:56 par Invité
i will never, ever regret the things i've done. because most days, all you have are places in your memory that you can go to;; sometimes leaving is the only way to be there for someone. ✻✻✻ J’avais la certitude qu’une part de moi était décédée, cette nuit-là. En me réveillant dans mon lit d’hôpital, je n’avais pas été la même, et je n’avais pas retrouvé, depuis, la douce candeur qui avait toujours animé mes gestes. J’avais abandonné joie de vivre et énergie pour protéger ces sentiments qui me brisaient au fil des minutes qui s’écoulaient, au fil des échecs qui me brûlaient. Vivre était d’une tristesse affligeante. Survivre était d’une douleur lancinante. Je n’avais ni destin, ni futur. Ni réels espoirs, ni flamme enivrante. Je me surprenais souvent à songer à la fin tout en continuant d’avancer ; je ne savais pas si je me livrais à ce combat pour moi ou pour les autres. Mais cela ne changeait rien aux faits. Cela faisait dix-huit mois, presque jour pour jour, que je continuais de me lever le matin pour affronter une nouvelle journée. J’existais à travers mes souvenirs et ces péripéties que j’avais un jour vécues, ivre d’une histoire inachevée sur une page blanche. Je me plaisais dans les délires de mon imagination, lorsque mes pensées s’emballaient à propos d’un présent qui aurait pu être le mien si je n’avais jamais perdu l’usage de mes jambes. Je songeai à la bague que Julian m’avait un jour achetée dans l’espoir vain de me demander ma main, soigneusement rangée avec le porte-clefs qu’il m’avait confié, il y avait des années. Cette promesse se prêtait à des évènements qui auraient pu se produire si j’étais rentrée chez moi. Cette promesse me livrait un présent meilleur, une alternative plaisante. Je fermai les paupières avec douceur, mes poumons respirant paisiblement l’air salé. Mon monde s’était écroulé tant de fois que je n’avais absolument plus aucune foi en un avenir meilleur. Alors, j’imaginais. J’imaginais ces jours heureux que j’aurais pu avoir en la compagnie de Julian, dans une réalité où il aurait été mien jusqu’à la fin. Au fond de moi, je le savais ; je savais que, malgré tout, nous continuerons de ressentir ce lien profond et intense au cours de nos vies disjointes. Je savais que, malgré tout ce qu’il pouvait me dire, malgré ses gestes et ce qu’il se passait dans son existence, je continuerais de l’aimer profondément, avec cette même douceur que j’avais toujours ressentie à son égard. Je l’aimais à la fois comme une enfant et comme une femme, avec la même innocence et la même certitude que ces deux sentiments pouvaient animer. Mes sentiments étaient mes seules certitudes et je tentai de me convaincre que cela me suffisait. « Je te parle de réaliser tes fantasmes. » me dit-il d’un ton moqueur, le son de sa voix couvert par les bourrasques de vent qui agitaient la plage. « La Ginny que je connais aurait sauté dans l’eau glacée toute vêtue. Elle aurait braillé une citation écœurante sur la liberté ou les vraies valeurs de la vie, puis elle serait revenue se coller à moi pour me mouiller. Je te parle de ça. » Ses paroles résonnèrent dans mon esprit, et j’eus presque l’impression de m’observer courir dans le sable, hurlant d’allégresse quand les vagues léchaient mes pieds. Je secouai la tête pour effacer ce mirage, emporté par le vent et la marée paresseuse. Ma vision s’était évanoui dans la nature, pâle reflet d’un passé qui n’existait plus. La Ginny dont Julian me narrait les gestes avait trouvé repos ailleurs, loin de cette vie qu’était devenue la mienne. Elle ne faisait plus partie de cette réalité. Elle était décédée. Partie. Je finis par lui avouer ces choses dont je n’avais pas l’habitude de parler, ponctuant mes paroles avec des gestes pour qu’il comprenne l’ampleur de ma condition. Je le sentis me serrer contre lui, plus fort que nécessaire. Il ne dit rien, me laissant seule avec mes révélations. Je fermai les paupières, tout contre son torse, cherchant le courage nécessaire pour briser le silence et poursuivre sur une note plus détendue. Mais je n’y parvins pas. Les mots restèrent coincés au fond de ma gorge, perdus dans mon être et dans mon esprit troublé. « Je peux m’allonger comme ça, avec toi ? Et m’assurer que tout ira bien… » m’articula-t-il avec difficulté. Je sentais sa gorge se nouer à chacun des mots qu’il pouvait prononcer. Je ne parvenais pas à savoir si lui admettre avait été une bonne idée ou une erreur ; il ne m’aidait pas à déterminer si j’avais eu raison ou tort. La seule chose que je ressentais était le soulagement. Le soulagement de ne plus être seule. « Toi et moi. On ira bien. » me marmonna-t-il. J’hochai la tête, un vague sourire flottant sur mes lèvres. « Bien sûr qu’on ira bien. » Ma voix s’arrêta, et les seuls sons que je parvins à percevoir étaient les battements inégaux de mon cœur. Etrangement, je croyais à ses paroles, aux miennes. J’y croyais malgré la profonde tristesse qui avait envahi mon épiderme toute entier. Julian finit par se relever, m’abandonnant, assise, sur le sable. Je l’observai se mouvoir avec prudence, l’esprit ailleurs ; je ne compris ce qu’il faisait qu’à l’instant où il se pencha vers moi, le dos tourné. « Monte. » me m’invita-t-il et je m’exécutai, passant mes bras autour de son cou sans même y réfléchir à deux fois. Cela était toujours comme cela, entre nous. J’avais peut-être un fort caractère, je clamai sans doute haut et fort que je ne faisais que ce que je désirais, mais je me pliai toujours à ses exigences. J’étais sienne. Il ne s’en rendait pas compte mais je lui appartenais, corps et âme. « Allons rafraichir ces brûlures. » Je sentis mon cœur se serrer tandis qu’il attrapait mes jambes avant de ne se relever. Je souris dans son dos, cachant cette énergie nouvelle qui m’animait comme si elle m’était interdite. Je me laissai bercer par sa démarche jusqu’à ce qu’il finisse par marcher dans l’eau, continuant jusqu’à ce qu’elle ne lui arrive à la taille. Les vagues vinrent lécher mes pieds encore chaussés de mes ballerines, et je fermai les paupières à ce contact. Je ne ressentais ni froid, ni chaud ; il y avait simplement la sensation de l’eau coulant contre ma peau, animant mon sens du toucher défaillant. Cela ne soulagea pas excessivement mes peines mais l’infime différence me donna une forme d’espoir. Perchée ainsi contre lui, je sentais son odeur m’envahir et je raffermis ma prise autour de ses épaules. Il éclata de rire et je sentis son dos vibrer contre ma poitrine. « J’ai oublié de retirer nos chaussures. » me lança-t-il, les pommettes rougissantes. « Tu m’en veux pas ? » Je levai les yeux au ciel en secouant la tête. Il devait se douter, au fond de lui, que je me fichai éperdument de mes chaussures ; j’avais déjà plongé la tête la première dans l’eau de mer sans même penser à me dévêtir. J’étais une ancienne sauvage. Une ancienne fille de la nature. « Tu auras intérêt à me les repayer. » lui déclarai-je cependant, animée par de la taquinerie. « Sincèrement, Jules ? J’en ai strictement rien à faire, de mes chaussures. Ce n’est pas comme si elles me servaient réellement. » J’esquissai un vague sourire, égayée par ce fait qui ne devait m’amuser que moi, et seulement moi. Je pris une profonde inspiration, observant le large. Cela était la première fois que ma peau rencontrait la mer depuis mon accident. Il s’était écoulée dix-huit mois. Dix-huit mois à oublier tout ce que j’avais bien pu être un jour. « Alors, c’est si terrible que ça ? » lui demandai-je alors. « Tu ne peux pas avoir peur de la mer pour toujours, Jules. C’est un des plus beaux cadeaux que cette Terre nous offre. » Mes lèvres chatouillaient la peau de son cou sans que je ne le fasse exprès ; son épiderme était chaud sous mon contact innocent et j’appréciais cette proximité. Je ressentais la chaleur de son corps me traverser et cet instant si particulier prenait des allures de songe dans mon esprit. J’en oubliais presque que j’avais mal. J’en oubliais presque que je n’étais plus moi-même. J’en oubliais presque que nous étions plus nous-même non plus.
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(✰) message posté Mer 12 Nov 2014 - 17:54 par Invité
“ A lost memory. How can this be love if you’re leaving me ? I can’t see you right now cause I just can’t fake it. I can’t be near you right now, cause I know you’re no longer mine. I can’t see you. We’re strangers in different places though we leave a mile apart. I still think of you I pray that you are safe. I'm still missing you . But it has to be this way 'cause I'm not right for you. I said goodbye because I love you. ” ✻ Les voussures du ciel avaient la même allure partout ailleurs. Je me perdais dans la contemplation des flocons de brumes et des teintes azurs sans trouver le repos éternel. Mon esprit vacillait, incertain et fiévreux. J’explorais les tréfonds de mes pensées à la recherche de réponses à toutes mes inquiétudes, mais tout n’était que tristesse et ténèbres au fond de mon cœur. Je n’arrivais plus à accrocher son regard ou à la voir comme une gamine enjouée et bruyante. Je n’arrivais plus à l’aimer avec toute la fougue et la passion qu’elle m’inspirait, sans me brûler par les flammes du mon désir. Je baissais les yeux en crispant la mâchoire. Elle me manquait. Cette sensation me manquait. Le soleil apparaissait dans l’horizon, majestueux et trompeur. Au fond ce n’était qu’un astre enflammé par ses propres vices. Tout comme moi, il s’emporte et détruit la clarté de la journée. Il brise le sceau et déclenche la malédiction. Nous étions étrangers dans nos propres souvenirs, et malgré la douleur et ce châtiment terrible, je n’arrivais pas à faire le deuil du passé. Ce n’était pas le déni qui me retenait, mais son visage éteint. Je ne pouvais pas me résigner à la laisser seule. Je ne pouvais pas abandonner mon premier amour, parce que quelque part, aussi improbable et stupide, cela puisse paraître, je continuais à sentir son cœur battre à l’unisson avec mon âme. Je déglutis avant de me redresser avec l’éloquence de l’écrivain et l’insolence du journaliste. Mon visage se tourna lentement vers son profil. Ses longs cheveux bruns virevoltaient au gré du vent afin de dessiner une couronne autour de son cou. Je me penchai délicatement afin de l’étreindre avec désespoir. Tous mes mots n’étaient qu’une perte de temps, de souffle, et d’énergie. Aucun de mes gestes aussi compatissant ou poignant soit-il ne pouvait soulager ses douleurs fantômes. Je me mordis la lèvre inférieur jusqu’au sang. Je sentais le gout ferreux et sale de mes erreurs emplir ma bouche vicieuse. Je me voulais porte-parole des hommes et grand poète pour la nation, mais je ne faisais que m’enfoncer dans noir. J’avais la mort dans l’âme. Je retins un gémissement houleux en me cambrant dans le vide. Je voulais me convaincre que je n’étais jamais parti. Je voulais plisser les yeux et m’ouvrir sur une dimension alternative. Un anti-monde, avec un anti-Julian, et la même Eugenia. Elle était parfaite et hors du temps. Le vent se leva, m’intimant une meilleure conduite, mais j’étais une épave, incapable de la regarder dans les yeux et de lui avouer que cette rencontre qu’elle voyait comme un enchantement était en fait un à Dieu. Je partais pour ne jamais revenir. Je partais pour décharger ce trop-plein de sentiment et guérir mes blessures au corps.
Je reviendrais, mais je ne serais plus jamais le même.
« Bien sûr qu’on ira bien.»
J’esquissais un sourire terne en m’allongeant. Il y’ avait bien des supplices dans ma vie, mais la voir ployer et se soumettre à la fatalité était le pire de tous. J’aurais aimé être dans cette voiture à sa place, et gouter aux douleurs de l’immobilité. Je serais devenu l’homme aigri et effroyable que j’étais au TIMES. J’aurais succombé un million de fois, sans espoir, sans vertu et sans bonheur. Mais elle aurait pu marcher et courir comme une enfant. J’essuyai ma bouche du revers de la main afin de stopper mon léger saignement
Je soupirai en me redressant avec difficulté. Mes articulations grouillaient sous le poids de mes mouvements. Je fis quelques gestes aléatoires afin de soulager mes fourmillements avant de revenir vers elle. Je voulais retirer mon baiser et toutes mes caresses passées. Je maudissais ce cœur et ses amours déchus. Elle enroula lentement ses bras autour de mon cou. Je me relevai avec une nonchalance pathétique. Ma douleur était sourde et lointaine, mais cela n’empêchait pas mon genou d’être limité. Je me dirigeai vers l’eau salée. Les vagues s’accrochaient à mes jambes, rendant chacun de mes pas lent et passif.
J’éclatai de rire après quelques instants en réalisant que nous étions complètement trempés. Mes os grinçaient lorsque la froideur les envahissait. J’avais toujours été un frileux – Un spasme secoua ma poitrine. Comment faisait-elle pour tenir ? Je fis la moue en soulevant délicatement ses jambes. Ses ballerines étaient foutues. Il me sembla même qu’elle était déchaussée d’un pied.
« Tu auras intérêt à me les repayer. » S’amusa-t-elle. « Sincèrement, Jules ? J’en ai strictement rien à faire, de mes chaussures. Ce n’est pas comme si elles me servaient réellement. »
« Je sais. » Lançai-je d’une voix calme. « ça fait joli quand même. Ça sert à quelque chose. »
Je n’étais pas sûr d’être le bon choix pour elle. Je n’y connaissais rien – son vécu, ses souffrances, ses états d’âmes, étaient tous des notions qui me dépassaient. Et franchement, je ne voulais pas plonger dans ce monde obscur de peur de tout détruire.
« Alors, c’est si terrible que ça ? Tu ne peux pas avoir peur de la mer pour toujours, Jules. C’est un des plus beaux cadeaux que cette Terre nous offre. » Souffla-t-elle en chatouillant légèrement mon cou. Ses lèvres étaient tièdes au contact de ma peau. Je me crispai un instant – ce n’était pas sain. Aucun amour ne devait avoir des allures de tortures. Je voulais commencer un mouvement de recul, mais je réalisais que mes mains s’accrochaient à ses mollets avec un acharnement terrifiant. Je ne pouvais pas la lâcher – pour rien au monde.
« Je n’aime pas la mer. Je n’aime pas l’eau. » Répondis-je automatiquement sans chercher à choisir mes mots. « La voiture Aïda s’est retrouvé dans la tamise du pont d’Hammersmith. » Lui rappelai-je avec un certain détachement. Cela me faisait bizarre de l’appeler maman après tout ce temps. Elle était morte, et je ne l’avais jamais vraiment connu.
Je souris en me retournant. Ma joue frôla sa bouche tendue, je sentis le courant traverser mon épiderme tout entier avant de s’évanouir quelque part entre mes flancs. Je me redressai afin de mieux la soutenir.
« Je te fais mal ? Je pense que je te serre un peu trop fort … » Lançai-je en remarquant les traces de mes doigts sur ses jambes. « Je suis trop débile, tu ne ressens rien. C’est ça ? » Ma voix se brisa. Je tremblais dans mon désespoir glacial. Eugenia ne se rendait probablement pas compte du mal qu’elle me faisait – pour la simple raison qu’elle n’était pas responsable. Je l’aimais. J’étais à blâmer.
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(✰) message posté Lun 17 Nov 2014 - 12:14 par Invité
i will never, ever regret the things i've done. because most days, all you have are places in your memory that you can go to;; sometimes leaving is the only way to be there for someone. ✻✻✻ La gravité était une force étonnante, un phénomène qui m’avait longtemps intrigué avant que je ne finisse par le délaisser aux mystères de la nature. J’avais cessé d’essayer de le comprendre, me plaisant de penser que chaque chose avait été faite pour une raison, une raison spécifique. Cependant, j’avais suffisamment appris pour savoir que la gravité reliait la Terre au Soleil et que, par cette force, la planète tournait sans cesse autour de son astre sans jamais l’atteindre. Attirée sans jamais pouvoir le toucher. Attirée sans jamais pouvoir le rencontrer. Il en était de même avec la Lune et la Terre, ainsi que tous ces systèmes solaires qui pouvaient évoluer dans l’espace ; l’univers était infini mais rempli d’imperfections, d’attirances impossibles, de gravité douloureuse, de corps étrangers qui se désiraient mais qui ne pourraient jamais se satisfaire. Et, parmi tout cela, il y avait Julian et moi. Il était mon Soleil. J’étais sa planète. Je tournai sans cesse autour de lui, irrémédiablement attirée mais il demeurait loin, si loin que mon cœur se brisait à chaque tour. Je sentais sa peau sous la mienne mais son cœur me paraissait à des kilomètres de là. Je le désirais mais il ne serait jamais mien, mes sentiments prenant des allures de tragédie muette et personnelle. Ses rayons me brûlaient la rétine et j’étais aveuglée par sa présence ; je ne parvenais pas à observer les autres, à voir leurs visages, à m’attarder sur leurs êtres. Dans mon existence, il n’y avait que Julian et les autres n’existaient pas. Il était mon Soleil. Mon astre. Et j’évoluais autour de lui en sachant parfaitement que, pour que notre histoire ne se termine jamais, il ne fallait pas qu’elle commence. Cela n’avait toujours pas été le cas. J’en avais conscience. A mesure qu’il marchait vers la mer, je me remis à penser à toutes ces soirées sur la plage que nous avions pu passer, l’un en compagnie de l’autre, à toutes ces fois où l’appeler meilleur ami m’avait été encore autorisé. Il m’avait paru aussi intouchable à cette époque, mais j’avais été habitée par l’espoir, l’espoir puéril et candide que les choses finiraient par changer. J’avais été habitée par l’insouciance, également, cette douce insouciance que je ne connaissais plus. Désormais, il n’y avait plus que la désillusion, cette désillusion perdue au milieu de la douleur. Je souffrais à chacune de mes pensées et pourtant je m’accrochais sans cesse à l’illusion de notre passé commun. Je ne réussissais pas à tourner la page. Je ne réussissais pas à aller de l’avant. Mais, après tout, cela faisait bien longtemps que j’avais abandonnée toute idée d’avoir un futur, un avenir. « Je sais. Ca fait joli quand même. Ça sert à quelque chose. » me lança-t-il à propos de mes chaussures et j’haussai les épaules, sachant qu’il ne pourrait pas me voir, ainsi accrochée à son cou. Cela ne faisait que décorer. Masquer. Prétendre des choses qui n’étaient plus vraies. Porter des chaussures m’avait toujours paru d’une inutilité particulière. Mais je n’étais pas prête à débattre à ce sujet avec lui. Alors, je ne fis absolument aucune objection. Je respirais profondément, appréciant l’air marin qui venait s’abattre sur mon visage. J’avais l’impression d’être chez mon père, loin de tout et loin des autres, abandonnée au vent et aux rivages. Je me réconfortais dans cette vie imparfaite en me disant qu’il existait encore des endroits où je me sentais sereine ; peut-être était-ce les rares instants comme celui-ci qui m’aidaient à rester vivante. Je n’en savais rien et, malgré tout, je m’abandonnai à ce moment en oubliant tout, absolument tout, ce qui pouvait troubler ma quiétude. « Je n’aime pas la mer. Je n’aime pas l’eau. » me répondit Julian et j’eus l’impression d’être déjà familière à ses paroles. « La voiture Aïda s’est retrouvé dans la tamise du pont d’Hammersmith. » Je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine et je caressais doucement son épaule. Je ne savais pas si ce geste affectif m’était autorisé mais je l’exécutais tout de même, tentant en vain de le réconforter d’un passé qui continuait encore de le hanter. Je m’étais toujours sentie démunie, dans ces instants. J’avais toujours souhaité l’aider sans trouver de solution à sa peine. La disparition était une cicatrice sur son âme que je ne parvenais pas à apaiser. Mais, quelque part, j’avais entendu dire que même les traces des pires blessures finissaient par disparaître. « Ma voiture s’est retrouvé dans un ravin et pourtant je n’ai pas peur des cavités. » lui maronnai-je dans un souffle. « Mais je comprends. J’espérais juste qu’un jour je puisse te faire changer d’avis. » J’esquissai un pâle sourire. Le temps semblait s’être arrêté. Je n’entendais même plus mon cœur battre dans ma poitrine. Son visage se tourna vers moi et mes lèvres effleurèrent sa joue. Je reculai légèrement la tête, mal à l’aise d’avoir générer un contact sans faire exprès, et je le sentis se redresser. Ses mains serrèrent mes jambes et je raffermis ma prise autour de son cou. « Je te fais mal ? Je pense que je te serre un peu trop fort… » me demanda-t-il, et enchaina bien avant que je n’ai le temps de secouer la tête. « Je suis trop débile, tu ne ressens rien. C’est ça ? » Je le sentais trembler et je me retrouvais impuissante. Je fermai les yeux en posant ma tête sur son épaule, demeurant silencieuse le temps de mettre mes idées dans l’ordre. Il me filait entre les doigts bien trop vite. Je me sentais le perdre dans cette douleur, dans ces faits si réels qui ne parvenaient pas encore à assimiler. Ma respiration était laborieuse et l’air me manquait ; je me mordis l’intérieur de ma joue avec force, sentant le gout amer du sang se répandre sur ma langue. « Je sens ta prise, Jules. Je te l’ai déjà dit, j’ai encore la sensation du toucher. » lui marmonnai-je doucement. Je rouvris les yeux. « Cela ne me fait pas mal, c’est tout. N’aie pas peur. La seule chose que je te demande est de ne pas couper ma circulation sanguine. » J’eus un petit rire avant de m’arrêter dans mon élan, me murant de nouveau dans le silence. Je ne connaissais qu’une seule personne, dans mon entourage, qui ne se formalisait pas de mon handicap. Absolument une seule. Et il s’agissait de mon demi-frère, vivant loin de tout et des autres, incapable de juger le bon et le mauvais, capable de me faire les pires remarques et ne jugeant pas utile de me ménager. Avec lui, j’étais comme les autres. Il ne voyait absolument aucune différence entre moi et ma sœur jumelle. Et cela me redonnait confiance, quelque part. « Ça va mieux. Je ne sais pas si c’est parce que tu es là ou parce que j’ai les pieds dans l’eau, mais ça va mieux. Merci. » lui lançai-je. Je posais mon menton sur son épaule, nos deux visages se retrouvant joue contre joue. « Je ne sais pas toi, mais je meurs de faim. » J’esquissai un sourire. Son odeur m’envahissait les narines et je devais me faire violence pour ne pas poser mes lèvres dans son cou. Je le sentais sous mes doigts et je dus me rappeler qu’il ne m’appartenait pas pour ne pas commettre d’imprudence. Il était mon Soleil, mon astre. Il m’attirait mais ne serait jamais mien. J’avais déjà perdu ma chance.
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(✰) message posté Lun 17 Nov 2014 - 21:07 par Invité
“ A lost memory. How can this be love if you’re leaving me ? I can’t see you right now cause I just can’t fake it. I can’t be near you right now, cause I know you’re no longer mine. I can’t see you. We’re strangers in different places though we leave a mile apart. I still think of you I pray that you are safe. I'm still missing you . But it has to be this way 'cause I'm not right for you. I said goodbye because I love you. ” ✻ Eugenia me serrait par la gorge avec une telle force – Il me semblait que l’envie de pleurer ne me quitterait jamais. J’étais là. La fraîcheur de la brise caressait délicatement mon visage et pourtant je n’étais pas complètement heureux. J’étais incapable de m’évader de la réalité ou de songer que les choses pouvaient être différentes. J’étais un homme meurtri et perdu. J’avais le bonheur triste et la mélancolie éternelle. Je soupirai en sentant l’eau entourer mes mollets comme des griffes acérées. Mon genou se réveillait peu à peu de sa transe. Mon articulation tremblait, et je peinais à garder l’équilibre dans un environnement aussi hostile. Je fis quelques enjambées dans l’eau. Mes mouvements étaient lourds et lents, comme si les océans voulaient me retenir à mon tour. Cet instant était malsain ! Les sentiments étaient une pourriture pour le cœur triste et nostalgique. Je fis un tour sur moi-même, oubliant presque la présence de Ginny sur mon dos. Elle était d’une légèreté presque effrayante. Je sentais ses articulations et ses formes fragiles – Ce n’était pas une femme. Ce n’était qu’une amie. Une sœur. Je fermais les yeux en me répétant ce chant un million de fois, comme je l’avais fait des années auparavant. C’était une disgrâce. Je passais mon temps à tromper le monde. Je me mordis doucement la lèvre inférieure, mais ma blessure me titilla. Ma bouche n’arrêtait pas de saigner. Cette douleur était intarissable. Je ne pouvais pas la sauver à moins de disparaître. Tout comme Samantha, je lui faisais du mal par le simple fait d'exister. Je soupirai. Je sentis ses cheveux danser autour de mon visage et enivrer mes sens. Je devinais ses expressions, mais son visage placide ne rendait plus hommage à mes souvenirs. A présent j’étais face à une poupée de chiffon brisée et éclopée. Elle avait perdu gout à la vie, et j’avais tout simplement tout perdu. Il ne fallait pas s’y méprendre – j’étais bien dans mon abysse obscur. La compagnie de mes démons intérieurs n’était pas toujours désagréable. Ils m’insufflaient des idées et des proses poétiques qui me valaient les compliments du plus grand éditeur de la ville. Je me ployais avant de réajuster ma prise sur Ginny. Mes chaussures glissaient de mes pieds, remplies d’eaux et de sables. Décidément – la mer n’était qu’un tas d’emmerdes. Un tas de passés. Une tonne de choses que je voulais oublier pour toujours. Elle respira profondément, et son souffle s’évanouit contre ma nuque. C’était un supplice pour ma peau de la sentir sans la voir, ou la toucher. Je fis glisser ma main droite jusqu’au haut de sa cuisse. C’était un geste puérile, et incroyablement égoïste, mais je ne faisais que répondre au dernier soupir d’une âme agonisante. Elle devait me pardonner cet écart. C'était le dernier. Je pars, Ginny. J’ai besoin de partir… Je ne suis pas bien ici. Avec toi. Je n’étais pas martyre. Ma carrière était en plein essor. Je m’amusais tous les soirs en flânant dans les bars de la ville ou en me réfugiant dans les histoires loufoques d’Ewan. Mon meilleur ami était revenu dans ma vie, et je ne cessais de me réjouir de passer plus de temps avec Robin. C’était mon héros depuis l’enfance. Il y’ avait Maura, et Ellie. Je ne pouvais pas espérer meilleurs compagnies. Mes sourires, mes rires et mes folies revenaient au galop pour rappeler que je n’étais pas complètement fini. Mais ce n’était qu’une bulle imaginaire. Ce n’était que des vagues de rémission avant une nouvelle rechute. Au fond de mon cœur, je sentais la vie m’échapper.
La voix délicate d’Eugenia transperçait mes rêveries pour chahuter toutes mes pensées. Elle était mon ancre vers les ténèbres, chaque émotion que je ressentais était une nouvelle ombre qui m’habitait.
« Ma voiture s’est retrouvé dans un ravin et pourtant je n’ai pas peur des cavités. Mais je comprends. J’espérais juste qu’un jour je puisse te faire changer d’avis.»
Je souris d’un air contenu.
« Tu as peur de la vitesse. » Lançai-je d’une voix calme. Je ne voulais pas la blesser ou l’attaquer, mais je trouvais nécessaire de contre argumenter. J’avais l’impression qu’elle dénigrait mes complexes enfouis, qu’elle me jugeait comme jamais elle ne l’avait fait. Peut-être qu’elle avait raison. Nous étions différents à présent. « Et je n’aime pas la mer. Il y’ a d’autres raison. » Je marquai un silence. « Et je n’aime pas la mer. » Répétai-je dans un murmure.
Je me retournais lentement vers elle. Mes yeux étaient étrangement ouverts. Je tressaillis avant de me redresser, troublé par le contact de ses lèvres sèches. Mes mains se crispèrent entour de ses jambes avant de relâcher la pression.
« Je sens ta prise, Jules. Je te l’ai déjà dit, j’ai encore la sensation du toucher. Cela ne me fait pas mal, c’est tout. N’aie pas peur. La seule chose que je te demande est de ne pas couper ma circulation sanguine.» Elle rit légèrement. Je serrais la mâchoire face à sa remarque.
« Peu importe ... » Lançai-je, le regard dans le vague. J’avais beau me terrer dans la positivité de mes pensées et les perspectives d’avenir encouragentes, rien ne pouvait transfigurer la réalité.
« Ça va mieux. Je ne sais pas si c’est parce que tu es là ou parce que j’ai les pieds dans l’eau, mais ça va mieux. Merci.» Elle posa son menton sur mon épaule. « Je ne sais pas toi, mais je meurs de faim.»
« Ne t’inquiète pas. » Soufflai-je en la faisant pivoter de côté - Comme pour la prévenir. Je glissais mes mains sous ses bras afin de la saisir, et de la prendre contre ma poitrine. « Je préfère aborder les gens de face. » Expliquai-je en sentant ses jambes tomber ballantes le long de mon corps. Elle n’avait pas assez de tonus pour s’accrocher à moi et pourtant, je laissais passer les secondes dans l’attente d’un miracle. Je serrais sa main. Rien . J’espérais avec mon cœur.Encore rien.J’ordonnai avec mes yeux. Toujours rien. Je finis par la prendre avec force en soufflant dans son cou. Je suis désolé … Je me redressais afin de lui sourire avec affection. « Je savais que tu finirais par avoir faim. Ça fait du bien de te retrouver, petit gouloume. » Ma voix se brisa. Je fis volteface afin de quitter la froideur glaciale de l’eau. Le tissu suintant de mon pantalon me collait à la peau. Je me mordis la lèvre inférieure en rajustant les pans de sa robe. Ma main frôla ses fesses, et le bas de ses reins avec une maladresse qui m’était étrangère. Je n’étais plus moi-même. Je tiquai sur mon genou gauche avant de la reposer sur le sable.
« C'est trop bizarre ... » Raillai-je mal à l'aise.
Je rajustai mes vêtements avant de retirer mes chaussures. Je voulais inspecter mon pansement discrètement, mais j’avais l’impression d’être scruté de partout. Il me fallut quelques secondes de réflexions afin de réaliser que le sable lui collait à la peau par ma faute. Quel idiot ! Je me penchai, à quelques centimètres de son visage.
« Je suis trop nul aujourd’hui. Je suis si pointilleux d’habitude – Je suis désolé. » Je la repris dans mes bras. « ça va te gratter. » Mais elle ne ressent rien. Si elle ressent. Je ne voulais pas pousser la réflexion trop loin.
« Je te paye le meilleur petit déjeuner au monde pour me faire pardonner. Et si tu es sage je te fais un super bisou sur la joue. » Je souris. « Aujourd’hui, les filles se battent pour mon attention. Ne prend pas ma récompense à la légère. »
Je feignais la jovialité. J'avais prévu de l'amuser au possible - J'avais promis de lui vendre du rêve et du rire. Mais toutes mes paroles semblaient creuses lorsque que je pensais à elle. Et encore une fois, elle serrait ma gorge avec une intensité telle - Il me semblait que l'envie de pleurer ne me quitterait jamais.
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(✰) message posté Ven 28 Nov 2014 - 23:12 par Invité
i will never, ever regret the things i've done. because most days, all you have are places in your memory that you can go to;; sometimes leaving is the only way to be there for someone. ✻✻✻ Cet instant était singulier et hors du temps. A mesure qu’il marchait sur le sable et dans l’eau, je retrouvais la sensation d’avancer sans réellement être capable de le faire. J’étais postée sur son dos et je ressentais chacun de ses mouvements comme s’ils s’agissaient des miens. C’était une sensation étrange. J’avais l’impression de retrouver une chose que je n’aurais plus jamais l’occasion de connaître. J’avais l’impression de pouvoir le faire, mais uniquement par substitution. Je n’avais jamais pensé avoir besoin de lui physiquement, plus jeune. Je n’avais jamais songé, ne serait-ce qu’un instant, que je finirais par être dépendante pour les moindres de mes actions, pour les moindres de mes gestes. Je déglutis, observant l’horizon d’un regard vide. Un sourire flottait sur mon visage. J’étais apaisée. La chaleur de son corps était accueillante contre ma peau sèche et agressée par l’air marin ; le vent balayait mes cheveux et ils volaient derrière moi, s’emmêlant et s’entremêlant sans que je ne m’en soucie. J’aurais aimé que le temps s’arrête. J’aurais aimé que cet instant dure, dure suffisamment longtemps pour panser toutes les blessures de mon âme. Ma peine était si grande qu’elle me semblait infinie ; pourtant, je ressentais ce bonheur paisible au fond de mon être, comme s’il s’agissait de la lueur d’une allumette au milieu d’un noir total. Je posais mon menton sur l’épaule de Julian, sereine et heureuse, calme et apaisée. L’odeur de sa peau enivrait mes narines et une vague de nostalgie prenait possession de mes souvenirs. Je me revoyais plus jeune. Je nous revoyais plus soudés. Une centaine de pensées m’envahir et, pourtant, je conservai mon sourire. Dans cet instant si particulier, les souvenirs ne me faisaient pas mal. Penser à mon passé, notre passé, ne me blessait pas. Je ne devais pas pleurer la fin de mon ancienne vie. Je devais simplement me contenter d’être heureuse que tout cela me soit arrivé avant que je n’aie eu mon accident. La conversation que j’avais avec Julian n’était pas facile mais, étrangement, nous gardions un ton calme tous les deux. J’étais sereine bien qu’emprunte de tristesse en lui parlant de sa mère et de sa peur de l’eau, et il me répondit d’un ton aussi doux, aussi calme. J’avais l’impression qu’il s’était passé une vie depuis notre dernière conversation sans étincelles. Nos mots catégoriques mais sereins m’apaisaient d’une manière telle que je le remerciais, en silence, d’être si patient avec moi et mes principes. Je resserrais ma prise autour de lui. « Tu as peur de la vitesse. » constata-t-il doucement. « Et je n’aime pas la mer. Il y a d’autres raisons. Et je n’aime pas la mer. » Sa voix se perdit dans un murmure et je retins ma respiration pendant quelques instants. Il avait raison, au fond. J’avais peur de la vitesse. Chacun d’entre nous devait avoir ses peurs. Malgré tous les efforts que j’avais fournis pour lui faire aimer l’eau et la mer, j’avais échoué. Je ne pouvais pas le changer. Et je n’étais pas sûre de vouloir le faire réellement, au fond. Je lui étais reconnaissante. Si reconnaissante pour cette pause au beau milieu de cette vie qui ne paraissait plus m’appartenir. Je lui exprimais à voix haute, ne sachant pas comment il allait prendre mes paroles ; je préférais qu’il sache, qu’il comprenne. J’avais eu mal et je m’étais senti désespérée et il était venu m’aider. Il ne se rendait sans doute pas compte de ce que cela représentait pour moi mais, d’une certaine manière, j’avais l’impression qu’il me promettait un instant de répit avant que les choses ne reprennent leur cours. Il avait accepté de vivre hors du temps durant une matinée en ma compagnie et sa présence me faisait si chaud au cœur que je me sentais entière pour la première fois depuis des semaines, des mois. « Ne t’inquiète pas. » me lança-t-il avant de m’attraper afin de me placer devant lui. Je me retrouvais devant son visage et j’observai ses yeux, tandis qu’il laissait mes jambes suivre le cours des vagues. Je souriais toujours. Mes lèvres ne parvenaient pas à effacer leur satisfaction. « Je préfère aborder les gens de face. » m’expliqua-t-il et je me mis à rire doucement, en silence, comme si élever la voix perturberait l’équilibre instable de notre instant hors du temps. « Je savais que tu finirais par avoir faim. Ça fait du bien de te retrouver, petit gouloume. » Je continuai de rire, même si je notais sa voix, à la fin de la phrase, qui sembla se briser. J’haussai les épaules d’un air dégagé, une moue sur le visage, incroyablement théâtrale en étant fidèle à mon habitude. [color:2e46=D56157] « Je ne peux définitivement pas lutter contre ce que je suis réellement. Morfale un jour, morfale toujours. » J’espérais que cela le fasse sourire, et je lui adressai une mine rayonnante tandis qu’il repartait vers la plage. Je voulais lui montrer que cet instant était tout ce qui pouvait bien compter. Je n’étais pas handicapée. Je n’avais pas mal. Il n’avait jamais été battu par son père. Il n’avait jamais souffert de mon absence. Nous étions simplement des âmes nouvelles, des âmes fortes et courageuses, des âmes ensemble durant cet instant hors du temps et loin des autres. Il prit un soin particulier à me rhabiller et je sentis ses doigts tirer sur les divers pans de ma robe. Je sentis son toucher sur le bas de mon dos, avant que sa main ne descende, et j’esquissai un sourire en luttant contre mes joues qui menaçaient de rougir. Il me posa doucement sur le sable, embarrassé par ses gestes. Cela ne faisait que m’amuser d’autant plus. J’étais devenue maître quand il s’agissait de refouler mes sentiments, après tout. « C'est trop bizarre... » déclara-t-il et je lui tirai la langue, enfantine. Il s’occupa de ses vêtements avant de m’observer et se pencher à ma hauteur avec une certaine précipitation. « Je suis trop nul aujourd’hui. Je suis si pointilleux d’habitude. Je suis désolé. Ça va te gratter. » J’observai mes jambes couvertes de sable et j’arquai un sourcil tandis qu’il me reprenait dans ses bras. J’haussai les épaules. Je n’avais plus de chaussures. J’étais mouillée et couverte de sable. Et, malgré tout cela, je me sentais heureuse. Le voyait-il ? Le ressentait-il ? Je raclai ma gorge d’un air dégagé. « Tu devrais avoir honte, Fitzgerald. » lui dis-je, sarcastique, le visage adouci par une expression amusée. « D’abord tu me ruines mes chaussures, ensuite tu me couvres de sable. On ne t’a donc jamais appris à être un gentleman ? » Je lui donnais un petit coup dans l’épaule du bout des doigts, avant d’observer la plage disparaître sous mon regard. Je me sentais triste de partir mais heureuse d’être venue. Les sentiments devaient-ils être toujours comme cela ? Devais-je forcément ressentir de la peine pour être heureuse ? Devais-je forcément être triste pour connaître la joie ? Je pris une profonde inspiration, à mesure qu’il avançait. Il me portait sans cesse et je me demandais s’il avait regretté, depuis que nous étions sortis de la voiture, de ne pas avoir pris mon fauteuil. Etais-je un poids, pour lui ? Je secouai la tête pour chasser mes interrogations. Je n’avais pas suffisamment de place pour l’inquiétude, aujourd’hui. Je voulais simplement être heureuse et sereine. « Je te paye le meilleur petit déjeuner au monde pour me faire pardonner. Et si tu es sage je te fais un super bisou sur la joue. » me lança-t-il avec entrain et, comme pour ponctuer ses paroles, mon estomac se manifesta. « Aujourd’hui, les filles se battent pour mon attention. Ne prend pas ma récompense à la légère. » Je me mis à rire doucement, même si je percevais, au fond de sa voix, une tristesse voilée qui paralysait ses paroles. Il avançait encore et je finis par apercevoir sa voiture. Etait-ce la réalité ? Ou n’était-ce qu’un rêve ? Au fond, je me surpris à m’en ficher. Cela arrivait. Cela m’apaisait. C’était la seule chose qui comptait réellement. « Je tâcherais de m’en souvenir. » lui lançai-je. Elles vont toutes me jalouser, c’est ça ? Je dois m’attendre à recevoir des menaces de mort ? » Je me mis à rire, d’u rire candide et si nostalgique qu’il sembla appartenir tout droit au passé. Je me sentais bien. Incroyablement bien. Comme à chaque fois où je n’avais pas mon fauteuil dans mon champ de vision, j’avais l’impression que tout m’était possible. Peut-être que cela était le cas, au fond. Je n’en savais rien. « Avant d’aller à la voiture, est-ce que tu peux faire demi-tour sur toi-même vers la plage s’il te plait ? Je veux la voir avant qu’on s’en aille. » Je lui adressai un petit sourire. « Si tu le fais, tu auras le droit à un bisou sur la joue toi aussi. » Je lui adressai un sourire comme si tout cela était facile. Comme si notre relation était simple. J’aimais croire, au fond. J’aimais croire que tout changerait à partir d’aujourd’hui. J’avais suffisamment d’espoir pour me créer de nouvelles certitudes. Demain serait meilleur.
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(✰) message posté Jeu 4 Déc 2014 - 23:59 par Invité
“ A lost memory. How can this be love if you’re leaving me ? I can’t see you right now cause I just can’t fake it. I can’t be near you right now, cause I know you’re no longer mine. I can’t see you. We’re strangers in different places though we leave a mile apart. I still think of you I pray that you are safe. I'm still missing you . But it has to be this way 'cause I'm not right for you. I said goodbye because I love you. ” ✻ Son souffle brûlant se confondait avec la douceur de la mer avant de s’évanouir contre ma nuque. Je déglutis en songeant aux plaisirs mesquins qu’elle pouvait m’insuffler en étant tout simplement vivante, tout contre moi. Je passais délicatement mes mains sous ses fesses afin de mieux la soutenir. Le temps se consumait au fur et à mesure que la folie m’emportait. Je fermais les yeux, recréant ainsi les obstacles de la réalité. Mon cœur meurtri s’éveillait lentement de sa torpeur, asservi par les souvenirs douloureux de l’abandon. Des flashs entrecoupés de nos rencontres enfantines troublaient mon âme. Ses éclats de rires raisonnaient encore dans mes oreilles, réchauffant ma poitrine endolorie. C’était difficile de rester à ses côtés, sans songer aux vestiges d’une vie meilleure. Le passé semblait empreint d’une certaine mélancolie ; je me sentais démuni. Je soupirai en bombant le torse afin de la secouer légèrement. Il m’arrivait souvent de penser à son accident, peut-être que j’aurais tout simplement dû l’appeler au lieu de débarquer à l’improviste sous la pluie battante. Peut-être que j’aurais dû faire la tournée des hôpitaux, au lieu de me renfrogner sur la tombe de ma défunte mère.
J’avais la mort dans l’âme. Nos échanges me plongeaient dans un état transe terrible, je visualisais les océans sombres et profonds valser autour de mon corps avant de l’engloutir d’un coup. Elle ne se rendait probablement compte des peurs qui rongeaient mon esprit. Je soupirai en silence. Je ne voulais pas briser la quiétude de cet instant. Aucune peine au monde, aucun fragment de poésie, ne pouvait ternir nos Adieux. Je la fis basculer en avant. Son visage fermé frôla mes joues, et je dû me faire violence pour ne pas harponner voracement ses lèvres. Je clignai des yeux, tu es si belle. Je laissais délibérément ses jambes vibrer au gré des vagues dans l’attente vaine et stupide d’un miracle. Elle savait peut-être que je me languissais de ses courses effrénées sur le sable, et de ses danses joviales autour du soleil levant. Un maigre sourire se traça sur mon visage placide. Malgré la délicatesse de nos caresses et ses paroles délicieuses, je ne parvenais pas à chasser mes pires démons. Il y’ avait un combat acharné, une bataille infinie, sans que le mal ne flanche. Je crispai les doigts autour de ses cuisses. Comment résister à la tentation de tout détruire sur mon passage ?
« Je ne peux définitivement pas lutter contre ce que je suis réellement. Morfale un jour, morfale toujours.»
Je ris avec légèreté. Eugenia ne bougeait pas. Le monde semblait s’être arrêté, et pendant un court instant je pu l’admirer briller de splendeur. La lumière du soleil illuminait les reflets chocolat de ses cheveux et adoucissait les traits fatigués de son visage. Je lui caressai la joue d’un geste amoureux. J'étais si béni de pouvoir frôler l’innocence de si près...
Je cheminais lentement vers le rivage. L’eau commençait à titiller mes blessures nouvelles. Je contractai ma jambe gauche dans un effort surhumain de dépasser la douleur. Je m’accrochais maladroitement aux pans de sa robe avant de la déposer sur le sol. Je rajustai mes vêtements, l’esprit ailleurs, avant de réaliser qu’elle était trempée et couverte de sable. Je me penchai à sa hauteur, la bouche en cœur, et le souffle coupé.
« Tu devrais avoir honte, Fitzgerald. D’abord tu me ruines mes chaussures, ensuite tu me couvres de sable. On ne t’a donc jamais appris à être un gentleman ?.» Railla-t-elle en pressant mon épaule du bout des doigts.
Je bravais les dangers en soupirant contre son cou. Mon cœur battait la chamade, corrompu par les promesses d’un baiser impur. Je me relevai en la saisissant avec une facilité déroutante. Après quelques 30 minutes passées à la porter, je réalisais qu’elle était trop chétive – trop fragile pour supporter mes tords. Mes pensées continuaient de virevolter autour de ma tête, mais il me semblait que mes idées sonnaient différemment. Je lui souris.
« On m’a appris à être un gentleman mais je manque de pratique. » Je la serrais contre ma poitrine, comme un objet précieux. « Je payerais toutes mes dettes envers toi Eugenia. »Tout à coup, il ne s’agissait plus de chaussures ou de vêtements. Mon âme avait pris les devants afin de confesser ses pêchers. Je réalisais toute l’ignominie de mes actes. Je l’avais abandonné en premier, pour suivre la quête de mon ambition. Je l’avais aimé en premier, puis je m’étais tu, afin de satisfaire ma vanité. Je m’étais éloigné de la mer, puis je lui avais transmis mes peurs afin de la retenir à jamais dans ma crypte ténébreuse. J'accélérai le pas vers la voiture.
Les grains de sable grinçaient sous mes souliers mouillés. Je me mordis la lèvre inférieure avant de la taquiner. C'était plaisant de souligner mon succès auprès de la gente féminine. Ginny, sourit d’un air enfantin. « Je tâcherais de m’en souvenir. Elles vont toutes me jalouser, c’est ça ? Je dois m’attendre à recevoir des menaces de mort ? .» Demanda-t-elle en riant. Sa voix cristalline transfigurait les lieux. Je me mis à rire à mon tour, transporté par l’allégresse de notre amitié passée.
« Tu as toujours été jalousé. Par toutes mes petites amies. » Murmurai-je sur le temps de la confidence . « C’était insupportable. J’ai dû rompre un million de fois. A chaque fois que la situation le nécessitait, je te choisissais. Toi. » Je fis la moue. « Puis j’ai réalisé que si je voulais jouir des plaisirs du sex, il fallait que j’évite de citer l’existence de ma meilleure amie. » M’enquis-je, taquin. « Tu te rappelles de la fois ou tu m’as surprise à Liverpool … » J’éclatai de rire, rouge pivoine. « Horrible ! » Ce n'était définitivement mon souvenir préféré! Je m'étais senti gêné, comme si ma mère s'était levé de son sommeil éternel, pour me surprendre dans une position compromettante. Je levai les yeux au ciel, lorsque son timbre délicat m'interpella.
« Avant d’aller à la voiture, est-ce que tu peux faire demi-tour sur toi-même vers la plage s’il te plait ? Je veux la voir avant qu’on s’en aille. Si tu le fais, tu auras le droit à un bisou sur la joue toi aussi.» Je me retournais presque automatiquement.
« Mon bisou ! » Exigeai-je en déviant la tête au moment même ou elle se penchait vers moi. J'étais voué à me perdre éternellement dans son regard olive. Je déglutis en lâchant légèrement ma prise sur elle.
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(✰) message posté Sam 6 Déc 2014 - 18:08 par Invité
i will never, ever regret the things i've done. because most days, all you have are places in your memory that you can go to;; sometimes leaving is the only way to be there for someone. ✻✻✻ Le calme résonnait au fond de mon cœur. Il pansait mes blessures et anesthésiait mes douleurs. La sérénité prenait possession de chacun des pores de ma peau et, même si je m’étais retrouvée assise et couverte de sable, un sourire habitait mon visage. Je me fichais des imperfections de cet instant qui semblait s’ériger parmi mes rêves. Je n’accordais une importance qu’à l’instant présent, refusant de penser au futur, à ce futur qui m’effrayait. Je trouvais sans cesse une chose à observer, un paysage à capturer dans mon esprit pour le transformer en souvenir. Malgré les hauts et les bas dans notre relation, Julian me faisait un cadeau, aujourd’hui. Il m’offrait l’ébauche de l’espoir d’un avenir meilleure. Il m’offrait un temps mort dans la bataille que je menais contre moi-même. Une douceur dans mes enfers personnels. Il me prit dans ses bras. J’eus presque l’impression de trouver ma place dans sa prise protectrice, comme si ses étreintes m’offraient absolument tous les droits. Je me fichais du sable et du reste. Mes pieds battaient l’air au rythme de ses pas, déchaussés, nus dans l’air froid et encore mouillés par l’eau de la mer. Mais je ne ressentais pas les faibles températures. Je ne ressentais pas les imperfections de ses gestes, les troubles de sa manière de faire. Je ne faisais qu’y assister. Je ne les ressentais pas. Et mon cœur battait, toujours plus fort à chaque fois. J’étais petite dans ses bras, comme une enfant fragile, comme un nouveau-né que l’on était contraint de protéger du reste du monde. J’avais conscience de mon faible poids et de la maigreur de mon être, mais je ne parvenais pas à conserver une masse musculaire décente à cause de mon handicap. J’avais beau avaler mes médicaments en suivant les instructions des médecins à la lettre et suivre la rééducation rigoureusement ; mon corps changeait quand même. Il changeait encore et toujours. Il se faisait à ma condition, abandonnant peu à peu la silhouette athlétique que j’avais un jour eue. Mon regard se perdit sur mes jambes à l’air, marquées par mes cicatrices, fines et sans vie. Je les fixai sans parvenir à ressentir de la tristesse. C’était fini, après tout. Cela faisait bien longtemps que j’avais fait mon deuil. Si, parfois, la nostalgie me prenait encore, mes tourments étaient bien plus étouffés et calmes que ceux qui m’avaient pris durant les mois qui avaient suivi mon hospitalisation. « On m’a appris à être un gentleman mais je manque de pratique. » me confia-t-il et je me mis à sourire contre lui. « Je payerais toutes mes dettes envers toi Eugenia. » Sa voix sous-entendait bien plus de choses encore. Des choses appartenant au passé, des choses loin de tout et loin de nous. Je ne savais pas si je le croyais, mais dans la beauté de cet instant, je m’autorisais à lui accorder le bénéfice du doute. Je ne savais s’il était sincère ou non mais je me plaisais à croire que les choses finiraient par s’arranger. L’espoir était un sentiment dangereux. Bien souvent, il faisait bien plus mal que la douleur elle-même. « Je n’en demande pas tant. » lui répondis-je doucement. Reste. Reste, tout simplement. Je ne désirais pas le voir m’échapper. J’avais peur de le perdre. Peur. Peur autant que je pouvais bien espérer. Nous arrivâmes à la hauteur de la voiture, et un sourire flottait sur mes lèvres. J’avais l’impression que tout était facile, en cet instant. J’avais l’impression que plus rien ne nous séparait réellement. Nous étions Jules et Ginny. Jeunes et insouciants. Jeunes et idiots, mais confortés dans l’innocence candide de leur monde à part. Je me plaisais dans tout cela. Je me plaisais dans cet instant hors du temps. « Tu as toujours été jalousé. Par toutes mes petites amies. C’était insupportable. J’ai dû rompre un million de fois. A chaque fois que la situation le nécessitait, je te choisissais. Toi. » me confia-t-il. Mon cœur sembla se serrer dans ma poitrine. Il parlait du passé avec futilité, comme si cela était un sujet qui nous était encore autorisé. Etrangement, il me faisait sans doute plus mal que mes propres douleurs fantômes. « Puis j’ai réalisé que si je voulais jouir des plaisirs du sexe, il fallait que j’évite de citer l’existence de ma meilleure amie. » J’eus un petit rire avant de simplement hausser les épaules. Je tentais de conserver un air paisible pour ne pas tâcher cet instant si agréable. Parfois, cacher mes émotions était plus simple. Plus facile pour tout le monde. Plus facile pour moi. « Il faut dire, j’étais une véritable menace à cette époque, c’est vrai. Je faisais peur à quiconque se retrouvait sur mon passage. » déclarai-je, faussement dramatique. Cela était faux. Aussi faux que mon ton sur-joué. J’avais toujours été relativement gentille avec les petites-amies de Julian ; je n’avais jamais montré ouvertement à quel point je pouvais les détester de tout mon être, les détester de tout mon cœur. Je battis doucement des paupières. « Tu te rappelles de la fois ou tu m’as surprise à Liverpool… Horrible ! » s’exclama-t-il en riant. J’esquissai un sourire. Cet instant continuait de me hanter. « Une semaine plus tard, je sortais avec quelqu’un pour la première fois. Pour moi, ça a été un peu le signal destiné à me faire comprendre que tu ne serais jamais à moi. » Il y avait eu des choses qui m’avaient rappelé sur Terre. Celle-ci avait probablement été la pire. Je frissonnai en songeant à tout ce qui avait bien pu m’habiter lorsque mes yeux s’étaient posé sur Julian en compagnie d’une demoiselle, nus tous les deux. J’avais eu mal. Si mal. Je ne parvenais pas à m’empêcher de penser que je n’avais été qu’au début de mes peines. L’heure du départ était proche et ma dernière demande fut un dernier coup d’œil vers la plage ; Julian s’exécuta instantanément. Je ne m’étais pas attendu à ce qu’il se laissât faire aussi facilement. Je levai un sourcil en l’observant. « Mon bisou ! » demanda-t-il. Je levai les yeux au ciel en secouant la tête. Je m’avançai pour embrasser doucement sa joue dans une caresse ; mais il tourna la tête à l’instant même où je rencontrai sa peau. Et j’effleurais ses lèvres. Je mis une demi-seconde avant de comprendre ce qu’il venait de réellement se passer. Je reculai ma tête dans la précipitation, mon cœur ratant plusieurs battements successifs, et sa prise se fit moins ferme autour de moi. Mes mains s’agrippèrent à ses vêtements tandis que je sentais le sang afflué sous mes joues. Confuse, oui. Ses gestes réveillaient en moi des interrogations anciennes qui avaient tourmenté mon cœur durant des mois, des années. Je le fixai en ne sachant que faire ou que dire. Je ne savais pas ce que cela pouvait signifier dans son esprit. Je ne savais pas ce qu'il désirait me dire à travers ce baiser volé. « Ça va finir par devenir une mauvaise habitude, Julian. » murmurai-je, la gorge serrée, faisant référence aux fois où il avait pu m’embrasser. La réalité de l’instant me frappa. Le décor était terne autour de nous ; le vent soufflait, encore et encore. La mer semblait hostile aux étrangers et je me perdais, encore et encore, dans les vagues houleuses de mon cœur. « Je… » J’en veux un deuxième. Un troisième. Un quatrième. Cent mille autres et bien plus encore. Mais les mots demeurèrent au fond de ma gorge. Parce que je le voyais dans son regard ; ce baiser n’était pas une promesse. Il était un au revoir.
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(✰) message posté Sam 6 Déc 2014 - 22:59 par Invité
“ A lost memory. How can this be love if you’re leaving me ? I can’t see you right now cause I just can’t fake it. I can’t be near you right now, cause I know you’re no longer mine. I can’t see you. We’re strangers in different places though we leave a mile apart. I still think of you I pray that you are safe. I'm still missing you . But it has to be this way 'cause I'm not right for you. I said goodbye because I love you. ” ✻ J’étais hanté par chacune de ses paroles. Le vent froid sifflait dans mes oreilles, et tandis que je quittais le rivage je voyais ses lèvres s’étirer pour me sourire. Je pensais alors à ce passage de Sophocle : ‘‘ O bienheureux parmi les mortels, ceux qui ont d’abord assisté aux mystères, puis cheminé vers l’Hadès, car à eux seuls est donné en partage de vivre encore là-bas.’’ J’étais à la fois triste et reconnaissant au destin de m’avoir offert de vivre assez longtemps pour la rencontrer. J’avais pu comprendre la vie – et croire avec plus de dévotion que possible que la magie existait encore dans ce monde. Mon âme murmurait les éloges délicats d’une jeune femme vive et amoureuse, qui avait accompagné mes longues journées de solitude. Je serrais ma prise sur son corps fragile. Mon aura malsaine disparaissait afin de se transformer en chaleur et en affection. Elle ne pouvait certainement pas le voir, mais je la chérissais bien plus que mes passions et mes ambitions. Si elle en avait exprimé l’envie, j’aurais quitté Liverpool pour retrouver ma place à ses côtés. Ce n’était qu’un rêve que je troquais contre une vision différente, plus grande et plus romantique. Parfois, je me plaisais à penser que j’aurais pu me contenter d’une bourse banale et d’un travail ordinaire. La frénésie s’était d’aimer éperdument ma meilleure amie. Mais c’était faux. Je ne faisais qu’exprimer une illusion déçue en me voilant la face. L’appel du pouvoir était trop fort. Je n’étais pas sain lorsque j’étais simple mortel. Mon cerveau était tout le temps en fusion, transfigurant les mots avec finesse et philosophie. Je rêvais d’écrire et d’embellir le monde. Et même si je n’y arrivais que par la pensée, mon cœur s’exaltait par un accomplissement aussi infime. Je souris en la hissant légèrement. Mon visage s’accordait avec le rythme de ma démarche afin de toucher son épaule ou sa joue. Je frémis. La douce brise matinale ponctuait nos échanges innocents. Puis tout à coup, mon cœur devenait brûlant. Quelque chose s’était brisée. Chacun de mes gestes étaient empreint par une intention vicieuse. Je sentais mes muscles se contracter dans une violence déroutante. Je fermais les yeux afin de lutter contre les lueurs du soleil qui s’allongeaient dans l’immensité de la plage, mais malgré mes efforts, je voyais Ginny comme l’incarnation d’un désir bestial. Je la voulais toute entière.
« Je n’en demande pas tant. » Couina-t-elle avec douceur. Je la regardais un instant. Je savais que mes promesses étaient parfois vaines et irréalisables, mais en cet instant – tout me semblait possible. Lorsqu’elle était ainsi dans mes bras, tous les obstacles s’effondraient. J’étais invincible et fiévreux. J’écrasais ma langue contre les parois de ma bouche afin de détourner mes pensées. Mon Dieu, Eugenia me rendait complètement fou !
« Il faut dire, j’étais une véritable menace à cette époque, c’est vrai. Je faisais peur à quiconque se retrouvait sur mon passage.» Expliqua-t-elle, amusée. Qu’est-ce que je foutais ici ? J’étais venu de mon plein gré afin de subir les douceurs de mes souvenirs déchus. Je souris d’un air absent. Elle évoquait Liverpool avec une désinvolture décevante. Il s’agissait du moment le plus embarrassant de ma vie ! « Une semaine plus tard, je sortais avec quelqu’un pour la première fois. Pour moi, ça a été un peu le signal destiné à me faire comprendre que tu ne serais jamais à moi.» Je ris jaune.
« Je pense qu’on ne va pas trop s’attarder dessus. » Raillai-je d’une voix fluette. Je ne voulais pas entendre parler de ses relations avec les hommes. Je m’étais languis durant des années, espérant dans un coin sombre de ma chambre, refrénant mes pulsions les plus douloureuses _ au final pour rien.
Elle s’émouvait devant la beauté de la mer, alors que comme un idiot, j’étais subjugué par son visage angélique. Je la contemplais discrètement avant de me détourner. Ses lèvres frôlèrent les miennes durant une fraction de seconde, mais c’était bien assez pour alimenter ma rage. Je déglutis, le souffle court. Mes mains lâchèrent lentement sa prise, mais lorsqu’elle se raccrocha à mes vêtements je ressentis l'irrémédiable besoin de l’étreinte de toutes mes forces.
« Ça va finir par devenir une mauvaise habitude, Julian.» Souffla-t-elle avec douceur. Elle était perdue. Je lui faisais de l’effet ! Je lui faisais encore de l’effet ! Chantonnait ma conscience débraillée. « Je … » Je ? Dis-moi quelque chose ! Je veux manger un œuf au plat ?! Je veux adopter un petit tibétain ?! Je soupirai.
« Je l’ai fait exprès ! » Lançai-je avec assurance.« Je savais que tu allais te pencher alors j’ai tourné la tête. C’est assez stupide, je l’avoue. » J’haussai les épaules en l’éloignant de mon torse. « C’est un blague de lycéen. Je suis immature parfois. »
Je pris la clé de ma voiture afin d’ouvrir la portière.
« Tu veux encore rester un peu ? » Demandai-je. « Je peux endurer ma phobie encore quelques minutes. » Je la déposai sur la siège, tout à la laissant face au paysage.
Je m’adossai contre l’acier humide avant de me laisser glisser sur le sol. Je tendis mon genou douloureux – décidément, la froideur de l’eau n’était pas le meilleur remède pour une plaie en pleine cicatrisation. Je pressai ma main contre ma cuisse en souriant.
« Tu pourrais m’en vouloir à mort, et ne plus jamais vouloir de moi dans ta vie ? » M’enquis-je soudainement. « Je fais beaucoup de choses de travers. Tu arriverais à croire que tous mes gestes, même les plus inappropriés, partent d’un seul et unique sentiment ? Quoi que je fasse et quoi que je dise. »
Le temps se consumait à une vitesse vertigineuse, et je l’imaginais déjà à mille lieux, dans un pays différent. Je partais pour la France sans lui adresser un mot. Je voulais épargner son cœur meurtri parce qu’une part de moi, certainement la plus tordue et la plus pathétique de toutes, l’aimerait éternellement. Je me penchais afin de la regarder.
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(✰) message posté Dim 7 Déc 2014 - 20:30 par Invité
i will never, ever regret the things i've done. because most days, all you have are places in your memory that you can go to;; sometimes leaving is the only way to be there for someone. ✻✻✻ Les souvenirs. Plus jeune, je n’avais jamais songé à ce que ces simples pensées rangées au fond de ma mémoire pouvaient autant me toucher ; j’avais toujours imaginé que seul l’âge et le temps m’emprunteraient de nostalgie. Puis, l’accident avait changé ma perception du monde. L’accident m’avait changé moi et m’avait rendu plus amère. Je m’étais retrouvée à penser au passé, à vivre dans le passé, à regretter le passé. Ce passé qui me semblait peint de perfection et de regrets. Ce passé qui me manquait, qui me déchirait. Je n’avais pas suffisamment vécu à mon goût. Je n’avais pas eu le temps de tester toutes ces choses que je n’avais pas eu l’occasion de faire. J’avais perdu du temps avec mes craintes et ma solitude. J’avais perdu du temps à aimer trop fort, sans doute. Alors, oui, mon passé avait des allures de perfection ; cependant, des pans entiers de mon existence me paraissaient vides et je ne pourrais jamais prendre le soin de les remplir. Je trouvais cela triste, d’avoir raté sa vie à vingt-et-un ans à peine. Triste à en pleurer. Mais j’avais fini par me faire à cette réalité et j’avais compris que rien, absolument rien, ne pourrait changer le cours des choses. J’avais oublié de profiter. Oublier que je n’avais qu’une seule existence. J’en payais les conséquences avec ma nostalgie à peine voilée, qui se déversait dans mes veines de temps à autre pour m’emprisonner dans mes songes. Mon amitié avec Julian avait été mêlée d’imperfection, remplie d’actes manqués. Penser à certains évènements me serrait le cœur, et pour ne pas gâcher la beauté de l’instant, je pris du recul vis-à-vis de mes propres ressentiments ; ma voix était posée et douce, évoquant les faits tels qu’ils étaient. Je pris soin de ne pas lier de reproches dans mes propos. Je pris soin de ne pas teinter mes mots de douleur. Cela n’était pas facile mais j’y parvins ; quelque part, c’était ma façon d’être courageuse. Ma façon de prouver que je pansais mes blessures toute seule. Cet instant à Liverpool était peut-être au comble de l’embarras pour lui, mais il avait laissé une empreinte dans ma mémoire aussi ; une empreinte non pas teintée d’honte, mais de peine. Voir la vérité de mes propres yeux n’avait fait que me rappeler que je n’étais qu’une gamine qui ne pourrait jamais l’avoir. « Je pense qu’on ne va pas trop s’attarder dessus. » grinça-t-il. Je n’insistai pas. Cela avait toujours été de cette manière ; j’avais entendu et assisté à ses ravages auprès de la gente féminine, tandis que mes maigres exploits avaient dû être tus. Enterrés. Il n’avait pas supporté mes relations ouvertement, tandis que je m’étais intimé au silence au fil des années, souffrant en silence, souriant en ayant l’envie de pleurer. Il me vola un baiser. Il me vola un baiser sans que je ne m’y attende ; mes lèvres s’étaient déposées sur les siennes sans que je ne parvienne à mettre un frein à mes gestes. Je sentis la gêne et la panique m’envahir tandis que mon cœur s’emballait, s’emballait dans une course effrénée. Je ne comprenais pas la portée de ses gestes au creux de son esprit. J’aurais aimé savoir. Savoir pourquoi il avait tourné la tête au dernier moment pour me voler un baiser. Mes pensées s’affolaient et je l’observai, incapable d’exprimer quoi que ce soit de cohérent. Je ne voulais pas que mes espoirs s’enflamment. Je ne voulais pas me faire mal inutilement. Après tout, n’était-ce pas ce que l’on m’avait répété toute ma vie durant ? Personne n’a peur de tomber. Nous avons simplement tous peur d’heurter le sol. « Je l’ai fait exprès ! Je savais que tu allais te pencher alors j’ai tourné la tête. C’est assez stupide, je l’avoue. » me déclara-t-il en haussant les épaules. J’esquissai un petit sourire, enveloppant mon visage avec un masque de douceur. « C’est un blague de lycéen. Je suis immature parfois. » Il ouvrit la portière, me lançant avec mes déceptions. Il ne m’avait pas donné les réponses que j’avais attendues. Il ne m’avait pas répondu aux espoirs que j’avais quand même ressentis. Un baiser volé ne valait rien pour lui, alors qu’à mes yeux, cela représentait un monde. Un nouveau monde, tout entier. « Immature à vingt-quatre ans. Le reste de ta vie promet. Tu as de la chance, je ne compte pas te vendre auprès de la personne que tu fréquentes ; peu importe qui elle est. » J’haussai les épaules, tandis qu’il ouvrait la portière de la voiture. Je me raccrochais à mon expression paisible. A mes airs doux et retenus. Au fond, j’agonisais lentement. J’agonisais depuis des mois et des années. Il m’installa sur le siège passager de sorte à ce que je puisse toujours observer les alentours. « Tu veux encore rester un peu ? Je peux endurer ma phobie encore quelques minutes. » J’esquissai un sourire en l’observant s’adosser à la voiture, avant de doucement se laisser glisser sur le sol. Mon regard se perdit dans les environs ; le silence qui s’installa entre nous fut doux, calme. Mes pensées continuaient de se bousculer et je tâchais de les éloigner les unes des autres. J’aurais aimé que cette brève caresse de ses lèvres signifie rien pour moi. Mais cela n’était pas le cas. Mon problème était sans doute que j’y attachais bien trop d’importance. « Tu pourrais m’en vouloir à mort, et ne plus jamais vouloir de moi dans ta vie ? » finit-il par me demander. Je fronçai les sourcils en baissant le regard vers lui. « Je fais beaucoup de choses de travers. Tu arriverais à croire que tous mes gestes, même les plus inappropriés, partent d’un seul et unique sentiment ? Quoi que je fasse et quoi que je dise. » Mes yeux rencontrèrent les siens et je demeurai silencieuse, réfléchissant à ses propres paroles. Je ne m’étais jamais posé la question. S’il avait passé des semaines à tester les limites de mon cœur et à me briser morceau par morceau, je ne m’étais jamais dit qu’un point de rupture pouvait exister. Doucement, je passais une de mes mains dans ses cheveux, venant caresser sa joue. Un petit sourire flottait sur mes lèvres à mesure que j’organisais mes pensées. « Je n’en sais rien. Ca dépend du sentiment par lesquels ils sont motivés, j’imagine. » lui répondis-je. Je glissais ma main sur son épaule avant de la presser doucement. « Je ne te cache pas que tu me perds souvent, Jules. Je me demande ce que tu veux de moi. Je me demande ce que je fais de mal. Tu me blesses et tu me répares ensuite. Ca me déboussole. » Je marquai un silence. Je savais que je ne répondais pas à sa question. A vrai dire, j’avais moi-même peur de la réponse ; je ne parvenais pas à envisager le pire. Je ne parvenais à songer à tout ce qu’il était capable de faire. A chaque fois, il me surprenait un peu plus, me démontrant encore et encore les ravages de son être. « Je ne sais pas si je pourrais t’en vouloir à mort un jour. Je sais juste que je tiens trop à notre… Notre relation pour l’abandonner comme ça. Pas sans un dernier combat. Peut-être que je n’aurais pas l’air encline, un jour, à tout reconstruire, mais je me connais suffisamment pour savoir qu’au fond de moi je penserais tout autre chose. » J’observai mes doigts avant de reporter mon attention sur lui, un sourire flottant sur mes lèvres à mesure que je détaillai son visage. Il y avait une personne sur cette Terre qui pouvait m’achever. M’achever et me donner envie de ne plus exister. Et elle était là. Là, à mes côtés.