"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici FB- You can have it all ft Ginny 2979874845 FB- You can have it all ft Ginny 1973890357
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() message posté Dim 26 Avr 2015 - 22:05 par Invité

“People think dreams aren't real just because they aren't made of matter, of particles. Dreams are real. But they are made of viewpoints, of images, of memories and puns and lost hopes.”   Je ne connaissais pas Sue Austin personnellement. J’avais entendu parler de ses expositions d’art et de son combat contre son handicap sans jamais réellement m’intéresser à ses innovations, jusqu’au soir où les voiles vespérales du passé s’était abattu sur moi. J’avais rêvé d’Eugenia et de son expression effroyable lorsque mes muscles avaient lâché prise. Je l’avais abandonné sous l’eau, faisant ainsi de son havre de paix un lieu de terreur et de cauchemar. Je réalisais toute l’ignominie de cet acte qui s’écriait au-delà de mon existence tout le malheur que j’avais pu lui causer. Je penchai la tête avec recueillement avant longer l’autoroute déserte. Peut-être espérais-je racheter mes fautes sans avoir à formuler de longues excuses pompeuses. Les mots m’écorchaient la gorge et la culpabilité me rongeait jusqu’à la moelle. J’étais complètement pitoyable. Je poussai un long soupir en observant la route s’évanouir sous la puissance de mon bolide. Un profond silence régnait dans les vastes alentours, uniquement bercé par la respiration lente d’Eugenia. Le soleil apparaissait et disparaissait entre les arcs du ciel brumeux. Je voyais les oiseaux s’envoler joyeusement à la recherche du printemps avant de le retrouver quelque part au loin, sous la brise fraiche de la houle. Je fermais les yeux avant de serrer le frein de la voiture avec lenteur. Eugenia était assoupie à mes côtés, exténuée par le long voyage jusqu’au Sud du pays. Je la regardais attendri par son air serein avant de me pencher vers son siège. Je lui avais promis un weekend plein de surprises, mais maintenant que j’étais devant le fait accompli, je ressentais une douce frayeur s’immiscer dans mon cœur. Une plongée en fauteuil roulant, quelle idée ! Je fis glisser ma main sur ses joues creuses avant de presser ma bouche contre la sienne. « C’est le grand moment de vérité. » Murmurai-je en la secouant avec légèreté. Mes yeux scintillaient en détaillant les dessins de sa bouche voluptueuse et l’éclat innocent de son enfance retrouvée. Je fis la moue ; Je t’aime tellement qu’il m’est impossible d’exprimer à quel point ton amour est cruel. Personne ne devrait être aussi dépendant d’une autre personne, mais je n’abandonnerais pas - plus maintenant. Ginny, puisque nous sommes tous voués à sombrer de toute façon, je ne voudrais m’évanouir nulle part ailleurs qu’au sein de ton chaos. Je contournai rapidement la voiture avant d’ouvrir sa portière. Je m’agenouillai sans la quitter des yeux. La guérison de mes blessures était parfois amère et douloureuse mais je m’accrochais à l’espoir illusoire de retrouver un semblant de paix entre les lignes en filigrane de notre histoire.  Je la pris à bout de bras en caressant le tissu de sa robe légère, avant de me tenir en face de la mer déchainée. Il y avait trop de vent mais je me doutais qu’une expédition sous-marine soit toujours possible.  Je fis une grimace avant de la reposer sur son siège. J’agitai les bras avant de glisser ma veste sur petites épaules. « Je ne veux pas que tu attrapes froid. » Je secouai la tête avant de m’attarder sur ses lèvres frémissantes. Je voulais l’embrasser de manière vorace et sauvage, mais j’évitais de m’attarder sur les aspects aguicheurs de notre relation pour rester digne face à la tentation. Après tout, je n’osais toujours pas la toucher au-delà de certaines limites de peur, de bouleverser l’équilibre de notre univers si fragile. Je tendis les bras afin de l’accueillir à nouveau, mais cette fois ma prise était plus poignante et acérée. Je fis quelques pas en respirant les effluves maritimes à plein poumons, puis je désignai l’horizon magnifique qui enlaçait les couleurs flamboyantes de la ville. « Je te présente la station balnéaire de Bournemouth. Tu peux apercevoir le rivage, les vagues et l’équipage du bateau qui va t’emmener flotter autour des récifs de corail. Tu n’auras besoin de ton déambulateur, ni de moi malheureusement. » Je souris avant de descendre le long des rochers de la côte. Mes mains se pressèrent sur ses cuisses tandis que je m’enfonçais sur le sable. Mes gestes frénétiques perpétuaient l’égoïsme initial qui m’avait poussé à la blesser autrefois, elle dans sa candeur entière et la beauté mystérieuse qui encensait ses sourires.
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() message posté Mar 28 Avr 2015 - 14:16 par Invité

I love you without knowing how, or when, or from where. I love you simply, without problems or pride: I love you in this way because I do not know any other way of loving but this, in which there is no I or you, so intimate that your hand upon my chest is my hand, so intimate that when I fall asleep your eyes close. ✻ ✻ ✻ Je m’étais assoupie malgré moi, malgré toute la volonté du monde, malgré mes fermes intentions de rester éveillée coute que coute. J’aurais aimé observer le paysage défilé depuis la fenêtre afin de me faire une idée sur les plans de Julian, mais mes paupières s’étaient doucement fermées, m’emmenant ailleurs, loin de sa voiture, loin de sa présence, loin de tout et du monde, comme si mon corps avait décidé de coopérer avec Julian. Comme s’il avait décidé de me laisser une surprise complète, entière. Sa conduite au volant m’avait mise suffisamment à l’aise pour que je lâche prise, pour que je me sente en sécurité, pour que je chasse tous mes souvenirs. Pour que j’oublie mes peurs et mes traumatismes. Pour que je tienne loin de moi toutes mes craintes et mes blessures. Sa présence apaisante m’avait calmé au point où mes paupières, lourdes à cause d’une longue nuit d’insomnie, s’étaient fermées avec douceur, bercées par le bruit étouffé du moteur. C’était presque libérateur, quelque part. Libérateur même si j’aurais désiré, corps et âme, ne pas me laisser avoir par ma fatigue et ma quiétude.
J’avais beau avoir tenté de lutter, cela n’avait rien changé. Je m’étais enfoncée dans mes songes, laissant des lumières colorées envahir mes paupières closes, laissant mes pensées se faire plus confuses et indistinctes.  
Après un temps qui me parut presque trop court, je sentis des doigts caresser avec douceur mes joues. J’ouvris les paupières à l’instant même où les lèvres de Julian se pressèrent sur les miennes et j’esquissai un sourire. Il me secoua doucement et je poussai un petit gémissement en guise de maigre protestation. « C’est le grand moment de vérité. » Il parlait avec légèreté, avec hâte, avec appréhension, même. Je l’observai du coin de l’œil avant de m’étirer paresseusement, le corps engourdi par ma sieste improvisée. Il avait la mauvaise habitude de toujours me réveiller. De toujours doucement me secouer quand il se levait. De toujours m’embrasser quand c’était l’heure. Quelque part, j’aurais pu me plaindre, lui faire des remarques, lui demander d’arrêter, également. J’avais un sommeil trop irrégulier pour me calquer sur celui de quelqu’un d’autre. Cependant, je finissais toujours par admettre qu’il y avait des façons bien pires d’être réveillée, des façons bien pires d’ouvrir les paupières. J’avais le droit à de la douceur. Cela me convenait. « Ca a intérêt d’être bien, autrement je retourne dormir dans la voiture, » répliquai-je, feignant l’indolence. Je lui adressai un sourire innocent, avant qu’il ne sorte de la voiture pour ouvrir ma propre portière. Je l’observai s’agenouiller à ma hauteur et mes yeux se plongèrent dans les siens. Tu sais, Julian, je crois que je pourrais m’y habituer. M’habituer à tout ça. M’habituer à nous. M’habituer à notre histoire. M’habituer à nos imperfections, ces imperfections qui me paraissent si essentielles dans notre quotidien sans équilibre. Avec précaution, il me prit dans ses bras, avant de faire demi-tour presque aussitôt. Il me réinstalla dans le véhicule, et je lui lançai un regard interrogateur quand il passa sa propre veste sur mes épaules. « Je ne veux pas que tu attrapes froid, » m’expliqua-t-il. Je sentis mes joues doucement rosir, presque gênée par son intention alors qu’il me reprenait déjà dans ses bras. Tu sais, Julian, je crois que je pourrais presque m’habiter à tout ça, mais je ne suis même pas sûre de le vouloir. Je ne veux pas me lasser de tes gestes. Je ne veux pas me lasser de tes intentions. Je ne veux pas. Non, je ne veux pas. J’aime trop ces allures de rêve pour accepter de les normaliser. Il me prit contre lui une nouvelle fois avant de s’éloigner de la voiture, me présentant le paysage.
Mes yeux se posèrent sur la mer, sur l’horizon, sur un bleu qui paraissait infini. Le vent balaya mes cheveux mais je fus incapable de détourner le regard du rivage. « Je te présente la station balnéaire de Bournemouth. Tu peux apercevoir le rivage, les vagues et l’équipage du bateau qui va t’emmener flotter autour des récifs de corail. Tu n’auras besoin de ton déambulateur, ni de moi malheureusement. » Je levai les yeux, alors qu’il continuait de marcher en direction de la côte. Il descendit avec précaution, et je secouai la tête. « N’importe quoi, » marmonnai-je, à moitié amusée. « Je ne peux pas faire de plongée, tu le sais sans doute autant que moi. » Je levai le regard vers lui pour tenter de distinguer ses traits, mais je ne parvins qu’à voir son regard déterminé. Je demeurai muette quelques instants, reportant mon attention sur le paysage autour de nous. Il y avait bien un équipage qui préparait un bateau au loin ; cependant, je savais que tout ce qu’il me disait ne pouvait être vrai.
On m’avait suffisamment répété que cela n’était pas possible. On m’avait suffisamment dit que j’étais une infirme, et que les infirmes ne pouvaient pratiquer ce genre d’activité. J’avais fini par assimiler cette idée. J’avais fini par m’y faire. Par l’admettre et aller de l’avant. « En plus, il n’y a pas de récifs de corail à Bournemouth, » ajoutai-je. « Et il est absolument exclus que je me passe de toi, donc la question est réglée. » Je lui adressai un sourire avant de redevenir silencieuse. Mais, au fond de moi, je réfléchissais à son air décidé, à son regard déterminé. Mais, au fond de moi, je remettais en question mes croyances les plus profondes, je remettais en question ce qu’on m’avait toujours dit. Je voulais y croire, après tout. Je voulais me dire que cela pouvait être vrai. Tu sais, Julian, je crois que je pourrais m’y habituer, m’habituer à toujours me demander quelle est la vérité. Je crois que je m’y fais déjà, à vrai dire, parce que l’existence toute entière me paraît plus simple quand tu tentes de remuer mon quotidien terne. Quand tu essayes de t’opposer à mon entêtement, quand tu fais preuve d’encore plus d’obstination. Parce que, de cette manière, tu m’ouvres les yeux. Tu m’ouvres le cœur. Et, pour une fois, cela ne me fait pas mal.

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() message posté Jeu 30 Avr 2015 - 19:46 par Invité

“People think dreams aren't real just because they aren't made of matter, of particles. Dreams are real. But they are made of viewpoints, of images, of memories and puns and lost hopes.”   Je ressentais une certaine douleur dans l’accomplissement de ces excuses secrètes. Dévoiler la vérité sur mon romantisme noir et vicieux, n’était pas une tâche facile après plusieurs années de mutisme. L’amour n’était pas une œuvre entière comme certains l’avaient prétendu ; c’était une longue et tendre promesse de poésie. J’avais assez étudié la littérature pour reconnaitre les nuances à la fois allègres, timides et poignantes qui enlaçaient le visage paisible de ma bienaimée, cependant, la peur qu’elle puisse se dérober de ma prise ne me quittait jamais. J’étais hanté par ses départs fortuits et ses accès d’héroïsme à mon égard. Je comprenais qu’elle veuille me protéger des chaos qui régnaient sur son existence, mais je n’avais pas besoin d’être préservé. Bien au contraire, je voulais endurer pour deux tous les supplices de son handicap, de ses doutes et de ses incertitudes. Ses silences glissaient sur mes cordes sensibles avant d’atteindre le paroxysme de la passion un peu folle que je lui adressais. Mon cœur se serra dans ma poitrine alors que je me détachais lentement des effluves exquis de sa chevelure ondulée. Eugenia papillonna des yeux comme une enfant avant de se pencher vers moi. « Ca a intérêt d’être bien, autrement je retourne dormir dans la voiture, » Je  lui souris tendrement avant de joindre mes deux mains sous mon menton. Le glissement mélodieux de ses paroles raisonnait dans l’habitacle de la voiture avant de trouver écho au creux de ma conscience. Elle me tenait lieu de marche. Cette émouvante expression qui se dessinait sur ses joues creusées par la fatigue m’apparaissait comme l’unique incarnation du bonheur. Je ne pouvais pas songer que les choses soient différentes entre nous. Maintenant que nous étions en fusion perpétuelle, mon âme esseulée avait enfin trouvé une compagne de labeur. C’est étrange de mener un combat imaginaire, même après avoir obtenu la victoire finale. J’ai l’impression que tu m’échappes. Je dois te conquérir à chaque seconde afin de compenser tout le temps perdu à maudire ton infusion dans mon être. Je t’ai détesté avec toutes les fibres de mon corps. Je rejeté les souvenirs de nos rencontres. Oh, j’ai souhaité que tu disparaisses de ma vue pour toujours ! Je pense que je dois t’aimer pendant un millier d’années avant de trouver une forme de paix quelconque, mais j’ai peur de me laisser aller. Je ne veux pas effleurer le bonheur simplet. Je ne veux pas devenir comme ces ombres fantomatiques que l’on rencontre sur le banc d’un parc de bon matin, celles qui croient que la fin heureuse peut encore exister dans un monde imparfait et que le craquement d’une allumette n’est qu’un enchainement éphémère de sons. J’ai besoin de ma passion ravageuse pour demeurer fidèle à mon identité. J’ai besoin de tellement plus. Je suis torturé par les mystères qui entourent tes baisers furtifs et fragiles. Mais je suis à toi.  Je fermai les yeux avant de rejoindre l’air frais de la mer. Les nuages chancelaient dans l’azur du ciel qui s’étendait jusqu’à l’infini. Je fis la moue avant de serrer ma prise sur le corps frêle de Ginny. Elle était immobile contre mon torse, mais ses traits dansaient comme les flammes rougeoyantes de l’enfer. J’ai juste envie que tu sois mon enfer personnel. Tu es ma douce damnation. Je lui présentai le rivage avec lenteur. Mon expression était joviale, mais une sombre partie de mon cœur était toujours endeuillée par la perte de ses jambes et de son éclat enfantin. J’aurais voulu l’embrasser, brusquement, voracement et passionnément afin d’exprimer l’étendue de ma tristesse – cependant, ma raison me sommait de rester imperturbable face à l’adversité. Je devais recentrer mon énergie sur la magie de cet instant. «N’importe quoi. Je ne peux pas faire de plongée, tu le sais sans doute autant que moi. » S’amusa-t-elle. Je baissai les yeux vers son sourire enjoué avant d’esquisser une moue boudeuse. Je n’aimais pas qu’elle me contredise mais je suppose qu’il y avait des méthodes bien moins romantiques de se faire taquiner. Je retrouvais dans l’éclat de son regard toute la profondeur de nos drames passés et futurs, mais aussi l’étincelle éclatante d’une belle personne – la plus belle qu’il m’ait jamais été donné de rencontrer.  Elle était complètement asociale, très maladroite, excessivement curieuse, trop franche et survoltée, mais il y avait assez de place dans son cœur pour combler le vide de la planète toute entière. Ne pars jamais, s’il te plait.  Je m’avançais avec élan dans mon chemin en laissant le vent caresser mon cou et les arabesques de mes boucles rebelles. Elle était si légère et petite, était-il possible qu’elle se brise si je l’entrelaçais avec la force sublime de  mes sentiments ?   «En plus, il n’y a pas de récifs de corail à Bournemouth, Et il est absolument exclus que je me passe de toi, donc la question est réglée.» Je roulai des yeux en pinçant les lèvres, emporté par une douceur brûlante. Ce n’était pas le soleil. J’étais convaincu qu’aucun astre de la galaxie ne pouvait briller avec autant d’ardeur que le sourire d’Eugenia. Mon esprit transi ne s’inclinait plus uniquement vers le gouffre obscur ; il y avait des landes au-delà de la nuit où les faisceaux de lumière jonglaient avec légèreté sur l’écume de la vague sauvage. Je suis si proche du péril et cette attente d’une pensée sulfureuse, d’une étreinte charnelle, d’un baiser langoureux, me semble parfois insupportable. Je suis conscient que la conjuration de mon corps contre mes bonnes intentions finira par me faire plier, mais comment toucher une fille qui n’ose toujours pas m’enlacer comme un amant ? Ainsi, je m’écrasais dans l’abîme creux de l’écume. Je craquais dans la disparition de ma douleur. C’était une paix non accordée pour un écrivain nihiliste et défaitiste. Comment une grâce à sens unique pouvait-elle être aussi fulgurante ? Je secouais la tête en rejetant les caresses invisibles de la houle. « Qu’est-ce que tu en sais ? Peut-être qu’il y en a aujourd’hui, dans ce Bournemouth-là, sous cette mer-là où tu peux plonger sans aucune barrière. » Murmurai-je en la secouant. « Je t’ai déjà dis que je pouvais créer des miracles; je suis le gars de tes rêves et parfois de tes cauchemars, Eugenia Lancaster. C’est ce que tu veux, pas vrai ? » Je soulevai légèrement mes talons afin d’abandonner mes espadrilles sur le sable chaud. Je me dirigeai vers la mer avant d’en frôler la surface glacée. Mes pieds étaient mouillés et j’avais très froid. J’attendis quelques minutes, immobile, les orteils crispés au contact des vagues, le regard figé sur le soleil, mais il ne se produisit rien. Je n’étais pas mort noyé par une entité magique et effrayante. Je n’avais pas succombé à un grand malheur imaginaire. Cependant, je me tenais là, songeant à la grâce délicate qui émanait de ma petite amie émerveillée par la beauté de la nature. Ses yeux pétillaient tels les éclairs multicolores des feux follets, à la fois dévastateurs et charmeurs. Transi par les gestes lents du vent, je me remis à marcher, rêvant toujours de cette absolution mensongère, regrettant les heures passés à la détester encore plus que les années passées à l’adorer. Entre-temps, j’avais atteint le bord du bateau, mais je refusais de rejoindre l’équipage à bord. Je fis la moue avant de sourire d’un air coupable. « Tu connais mes complexes irrationnels pour l’eau. Nos chemins se séparent un temps, mais il y a une première caméra sur la bateau et une seconde qui te suivra jusqu’au récif de corail imaginaire. » J’entendais l’écho de mes pensées, intense et brute comme le fumet d’une forêt incendiée. J’entendais raisonner en moi la délicieuse mélodie des sirènes d’un monde parallèle, m’invitant à plonger les profondeurs azur malgré l’aversion que l’odeur du poisson pouvait m’inspirer. Je secouai la tête avec acharnement. Je n’étais pas prêt à défier mes peurs, mais rester de côté, sur le rivage, n’était-il pas une forme de lâcheté impardonnable pendant un week-end romantique ? Je déglutis avec difficulté. Eugenia était toujours blottie dans mes bras, je me demandais ce qu’elle ressentait en cet instant. N’avait-elle pas peur que je l’abandonne à nouveau ? Nous étions au point de départ, et malgré toute l’ampleur des sentiments que je pouvais lui témoigner, j’étais encore soumis aux pouvoirs maléfiques de ma colère sourde. Mon sang bouillonnait au bout de mes doigts désespérément fermés sur ses muscles chétifs ; Je n’ai pas changé. Je te mens toujours. Je relevai mon visage troublé vers le ciel. Je ne suis pas allé à ma première séance de thérapie – je suppose qu’il me faut plus de temps pour appréhender ma bête sauvage. J’ai rodé autour du cabinet pendant des heures avant de réaliser, que si je n’avais pas raté mon premier rendez-vous, j’aurais certainement refusé tout échange instructif avec mon médecin. Je me mordis la lèvre inférieure. J’y suis allé la seconde fois, mais je n’ai rien dit. A part les présentations de bon usage je n’ai rien dévoilé de mes frayeurs, parce qu’une fois qu’on a gouté à ce bonheur, on se croit invincible. On pense qu’on peut vaincre tout le reste. On se cache derrière les voiles pourpres du mythe de l’amour pour se délecter jusqu’au bout, du plaisir et des jouissances tant qu’ils sont là. Parce que rien n’est acquis pour l’éternité. Ni toi, ni moi.  Je courbai la bouche en reniflant l’atmosphère de cet espace empreint de liberté. « Il y a cette fille. C’est une jeune artiste, handicapée depuis ses 16 ans. Elle a inventé une sorte de fauteuil spécial plongée. Il est muni de flotteurs et d’un petit moteur. Je ne sais pas exactement comment ça fonctionne mais je l’ai tracé, et un peu harcelé. Elle a fini par accepter de nous prêter son dispositif pour la journée en échange d’un article en première page – C’est son équipe, ils vont t’expliquer un peu comment l’utiliser puis tu pourras faire ce que tu aimes le plus ; nager. » Ma voix flottait comme une note lyrique d’un morceau sirupeux de Bach avant de s’éteindre au fond de ma gorge. Une part de moi ne voulait pas la laisser partir, même si ce n’était que pour quelques heures.  
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() message posté Sam 2 Mai 2015 - 20:17 par Invité

I love you without knowing how, or when, or from where. I love you simply, without problems or pride: I love you in this way because I do not know any other way of loving but this, in which there is no I or you, so intimate that your hand upon my chest is my hand, so intimate that when I fall asleep your eyes close. ✻ ✻ ✻ Fatalement, je me rappelai de la dernière fois que nous avions bien pu passer dans un paysage semblable. Fatalement, mon esprit reconstituait le dernier souvenir que je possédais de Julian et moi, sur une plage anglaise ; je me souvenais avec une précision presque déroutante du froid qui m’avait mordu le visage, de la sensation que j’avais ressenti quand mes poumons s’étaient remplis d’eau. Je clignai des yeux plusieurs fois pour chasser les images qui se pressaient sous mes paupières, mais certains flashs ternes continuèrent de troubler ma quiétude. Julian, il y a certaines cicatrices qui sont indélébiles. Certains traumatismes qui restaient, marqués au fer rouge sur ma peau hâlée. Certaines peurs qui substituaient malgré un monde meilleur. Julian, je crois que la seule solution que nous avons est de nous créer de nouveaux souvenirs. De nous créer de nouveaux souvenirs plus doux, plus agréables, venant recouvrir nos douleurs passées et nos démences d’avant. Mes yeux se posèrent sur l’écume des vagues, des personnes se pressant autour de nous, continuant leurs existences comme si nous n’existions pas. Ils ne se rendaient pas compte que nous étions heureux et malheureux en même temps. Ils ne se rendaient pas compte que nous nous aimions aussi fort que nous avions bien pu nous détester. Ils ne se rendaient pas compte que nos existences, elles-mêmes, nous mettaient à l’épreuve ; nous avancions doucement, à notre rythme, passant des étapes afin d’espérer un avenir meilleur.
Et j’y croyais. Malgré mes cicatrices, malgré mes ratures personnelles, j’avais la conviction que nous pourrions recoudre nos plaies et vivre avec.
Je n’avais pas compris que ses paroles étaient sérieuses, non. J’avais passé deux ans de mon existence à entendre les autres m’expliquer, avec précision, ce que je ne pouvais plus faire, ce qui ne m’était pas recommandé. Je ne faisais que répéter leurs paroles. Je ne faisais que répéter les vérités qu’ils m’avaient inculquées. J’étais une infirme. J’avais fini par m’y faire. J’avais fini par l’admettre. Je levai les yeux vers Julian, esquissant un sourire pour moi-même. Tu sais, Julian, ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave si je ne peux pas tout faire. Ce n’est pas grave s’il y a certaines choses que je ne pourrais plus jamais revivre, même si elles me tenaient à cœur. J’ai appris à vivre sans, de la même manière où j’ai appris à avancer sans toi quand j’ai cru que je n’avais pas le choix. « Qu’est-ce que tu en sais ? Peut-être qu’il y en a aujourd’hui, dans ce Bournemouth-là, sous cette mer-là où tu peux plonger sans aucune barrière. Je t’ai déjà dit que je pouvais créer des miracles. Je suis le gars de tes rêves et parfois de tes cauchemars, Eugenia Lancaster. C’est ce que tu veux, pas vrai ? » Je me mis à rire doucement, en secouant la tête. J’appréciais ses efforts, j’appréciais tout ce qu’il faisait pour notre relation. J’avais l’impression que mes propres compromis avaient un sens. J’avais l’impression que nous avions un sens. Il marcha sur le sable. Puis, doucement, ses pieds se retrouvèrent dans l’eau, léchés par les vagues.
Je me surpris à me demander ce que cela faisait. Je me surpris à m’interroger si l’eau était froide. Je me surpris à l’envier, également, à vouloir être à sa place le temps d’une simple seconde. Mon cœur battait douloureusement dans ma poitrine, à mesure que je me rendais compte, une nouvelle fois, que cela ne me serait plus donné. Puis, finalement, je focalisai mon attention sur sa respiration, et je me divertis de cette façon.
Je voulais écarter les pensées parasites de mon esprit blessé. Je voulais être en paix avec moi-même, en paix avec nous.
Il se remit à marcher, allant au-delà de ses craintes. Je fixai le bateau qu’il m’avait désigné un peu plus tôt, et il s’arrêta de nouveau non loin de lui et de son équipage. « Tu connais mes complexes irrationnels pour l’eau. Nos chemins se séparent un temps, mais il y a une première caméra sur la bateau et une seconde qui te suivra jusqu’au récif de corail imaginaire. » Je fronçai les sourcils, me rendant compte qu’il continuait sur le sujet, me rendant compte qu’il persistait malgré mes paroles. Je sentis ma gorge se serrer mais, avant que je ne puisse prononcer le moindre mot, il reprit. « Il y a cette fille. C’est une jeune artiste, handicapée depuis ses seize ans. Elle a inventé une sorte de fauteuil spécial plongée. Il est muni de flotteurs et d’un petit moteur. Je ne sais pas exactement comment ça fonctionne mais je l’ai tracé, et un peu harcelé. Elle a fini par accepter de nous prêter son dispositif pour la journée en échange d’un article en première page. C’est son équipe, ils vont t’expliquer un peu comment l’utiliser puis tu pourras faire ce que tu aimes le plus : nager, » acheva-t-il. Pour confirmer ses dires, mes yeux se posèrent sur l’équipement présent à bord du bateau à moteur. Il y avait un fauteuil, oui. Un fauteuil arrangé, où l’on semblait avoir ajouté des pièces. Mes yeux s’écarquillaient à mesure que mes pensées s’imbriquaient les unes dans les autres.
J’avais passé deux ans de ma vie à entendre ce que je n’avais plus le droit de faire. Mais, jamais personne ne m’avait encore dit que je pouvais. « Oh mon Dieu, » murmurai-je en commençant à m’agiter dans ses bras. Je redressai ma tête pour tenter de voir plus en détails le fauteuil, mais ma vision était embuée par l’émotion. « Oh mon Dieu, » répétai-je. « C’est réel. » Et cela était sans doute la chose la plus difficile à assimiler. La chose la plus difficile à admettre. J’avais fait le deuil de ma passion ; je m’étais faite à l’idée que je ne pourrais plus jamais retrouver la même relation singulière que j’avais pu entretenir avec la mer lors de mon adolescence. Cela m’avait brisé le cœur, oui. J’avais eu l’impression de tourner le dos à une part de moi. Cependant, j’avais refusé d’avoir de l’espoir. J’avais refusé de penser qu’il existait une chance, même infime, que je puisse retrouver ce que j’avais perdu.   « Je… » Je n’avais aucun mot, non. Aucun mot pour décrire ce que je ressentais en cet instant. Le remercier ne me paraissait même pas être approprié. Rien n’est assez, Julian. Rien n’est suffisant pour te faire part de ce qui se passe actuellement dans mon cœur. « Je crois que je ne vais pas retourner dormir dans la voiture, finalement. » Je fus prise d’un rire, peut-être légèrement irrationnel, peut-être un peu nerveux. « Tu vas me laisser y aller toute seule ? Tu n’as pas peur que ne veuille pas remonter à la surface ? » Je levai la tête vers lui. Quelque part, j’avais l’impression de comprendre. De comprendre que c’était sa manière de me demander pardon. De comprendre que c’était sa façon de me dire qu’il voulait qu’on aille de l’avant. Je n’ai jamais cru en l’impossible, Julian. J’ai arrêté d’avoir des rêves quand je me suis rendue compte que le destin faisait trop mal. Pourtant, tu m’offres ces rêves que je n’ai jamais eus. Pourtant, tu m’offres une nouvelle réalité alors que j’avais cessé, depuis bien longtemps, de songer qu’il existait encore un monde meilleur. Et j’aime croire que c’est toi. Que tu es ce monde meilleur.
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() message posté Ven 8 Mai 2015 - 13:56 par Invité

“People think dreams aren't real just because they aren't made of matter, of particles. Dreams are real. But they are made of viewpoints, of images, of memories and puns and lost hopes.” Le soleil vacillait dans l’horizon lointain sans que je ne puisse me souvenir de la sensation de ses douces caresses sur ma peau. Mon esprit était troublé par des visions d’horreur, qui malgré toute ma bonne volonté me crachaient la vérité sur ma vraie nature. J’étais un monstre d’égoïsme, une chimère du passé qui refusait de disparaitre. La tristesse m’arrachait violement de ma crypte, je me sentais si étranger, si morne. Ginny, c’est toi que mon amour a élue, et pourtant un gouffre nous sépare encore. Le vent t’emporte et je reste planté là, le trouble dans l’âme, incapable de te rattraper. Les chœurs qui chantent tes louanges sont en feu, consumés par les brasiers de ma passion indicible. Je laissais mon souffle se briser dans ma gorge avant de se perdre dans les alentours. Un long temps s’écoule alors que je voyais les silhouettes fuir vers le rivage comme des ombres dansantes. Nous étions seuls dans notre détresse. J’avais le pressentiment qu’Eugenia appréhendait le contact avec l’eau. C’était ma faute. J’avais détruit son échappatoire par pur dépit. Je lui accordais un sourire terne avant de me détourner. J’avais l’impression d’entamer le grand voyage de ma vie dans la voie de l’humanité. Il était une fois un homme qui se prénommait Julian et que l’on appelait le génie du désespoir. Il marchait sur ses jambes boiteuses, il parlait avec une grande éloquence et une allure de brave poète, mais en vérité, c’était un idiot fini. Il possédait de bonnes capacités intellectuelles pourtant. Son esprit fonctionnait avec érudition. Il avait dévoré un million de livres et s’était instruit à travers les cultures du monde, mais il y avait quelque chose qu’il n’avait jamais réussi à apprendre. C’était l’art d’aimer sainement et de pouvoir se contenter de lui-même. Il était rongé par la compétition et le vice. Il avait toujours besoin de plus, alors que toutes les valeurs précieuses qu’il adulait étaient devant lui. Elle s’appelait Eugenia mais il la détruisait au nom du cœur et du romantisme. Il était persuadé qu’il agissait dans l’intérêt de son courroux mais il n’était nullement apaisé par ses violences. C’était vraiment un idiot fini. Une fois arrivé devant le bateau à moteur, je serrais sa prise avec une tendresse absolue. Je n’avais pas envie de la laisser partir. Je ne voulais par la perdre de vue le temps d’une plongée, mais elle devait dépasser sa peur pour retrouver un semblant de paix à nouveau. Peut-être que cette virée à la mer n’était qu’un fruit de mon imagination. Peut-être avais-je été trop ambitieux en la trainant aussi loin de Londres ; mais j’espérais réellement qu’elle puisse me pardonner en silence – sans artifices ni déclarations. «Oh mon Dieu, » Murmura-t-elle dans mes bras. J’étais ému par son entrain. Elle semblait comme une enfant à fois inquiète et sauvage, indocile et excitée. «Oh mon Dieu, C’est réel.» J’hochai frénétiquement la tête afin de confirmer ses paroles. L’émotion envahissait mon œsophage et ma bouche avant de s’évanouir contre mon palais dur. Je n’étais pas nécessairement heureux, mais mon cœur battait la chamade, exalté par sa bonne humeur et sa jovialité naissante. Je t’aime. A cet instant précis ou tes yeux pétillent comme deux étoiles perdues dans l’infinité du ciel, je réalise que je t’aime plus que tout au monde. Si je ne peux pas t’avoir, je suis comme un loup solitaire qui court dans les grandes plaines arides en s’abreuvant de sang. Je suis un acte dérisoire dans un monde dérisoire. Je me penchai afin de toucher sa joue avec le bout du nez. «Je… » J’étais suspendu à ses lèvres, avide d’entendre les fluctuations mélodieuses de sa voix cristalline. Ginny se rétracta un instant, essayant de trouver ses mots. Elle finit par me regarder d’un air serein. «Je crois que je ne vais pas retourner dormir dans la voiture, finalement. » Elle bougea avec légèreté, embrouillant le cours de mes pensées. L’attrait de cette aventure aquatique était perdu pour moi, mais je ressentais toutes ses jouissances à travers ses éclats de rire. A présent, nous étions une seule et même personne. «Tu vas me laisser y aller toute seule ? Tu n’as pas peur que ne veuille pas remonter à la surface ? » J’haussai les épaules avec désinvolture. Elle était trop adorable. J’esquissai un sourire amusé avant de feindre une moue boudeuse. « Tu n’oserais pas ! Je me suis arrangé pour que tu remontes de toute façon. » Je le retenais captive de mon affection. J’aurais tant aimé rester digne d’elle mais mon désir ardent m’appelait vers le tombeau. Mon estomac se tordit alors que les senteurs de la mer s’engouffraient dans mes narines. Quoi ? Je suis excité en pleine mer ? De toute façon je suis tout le temps excité bordel ! Je fermai les yeux en me mordant la lèvre inférieure. Je ne voulais pas y penser. Je ne voulais pas réaliser que le sexe me manquait atrocement. Je déglutis avant de m’avancer dans l’eau. Les vagues léchaient mes mollets mouillés alors que je m’approchais de la rampe du bateau. L’un des membres de l’équipage s’approcha afin de m’aider à monter. Il saisit Eugenia à bout de bras, et je le suivis non sans difficulté à bord. Les mouvements instables des parois me donnaient le tournis, mais je dissimulais mon malaise derrière un sourire figé, un peu crispé. Mon regard se dirigea vers la beauté du ciel avant que je ne tende les bras pour reprendre ma petite amie contre mon torse. Je profitais de sa proximité avant qu’elle ne plonge à mille lieux de cet endroit. A dieu, aimable clarté. L’équipage s’activait autour du fauteuil afin d’ajuster ses flotteurs et le monteur supposé propulser Eugenia dans l’eau. Je restais silencieux, frustré par l’odeur salée qui planait sur ma tête. J’avais étrangement peur. J’étais à bonne distance de la mer et pourtant je ressentais une angoisse perpétuelle. Jimmy, le chef d’équipe, me demanda d’installer Ginny. Il attacha ses jambes à l’aide de lacés avant de lui expliquer en détails la méthode exacte pour manœuvrer l’engin. Il répétait que c’était facile, sans danger et très plaisant, mais cela ne me rassurait pas pour autant. J’écarquillai les yeux en suivant ses mouvements avec application, comme si je le surveillais de près. Au bout de quelques minutes, il rapprocha Ginny d’une sorte d’escalator supposé la faire descendre. Mon cœur se serra. Je m’agenouillai plein d’une douleur amère, à sa hauteur. Je ne pouvais pas la quitter à cet instant. Mon cœur se brisait en mille morceaux. Je posai délicatement mes mains sur les siennes. Ma mère était morte noyée – c’était irrationnel, mais je portais encore ce fardeau dans ma poitrine. Ma mère était morte noyée, et détestais cet environnement humide et gluant. « Reviens vite ; et épouse- moi. » Soufflai-je à mi-voix alors qu’on donnait l’assaut pour l’emmener. Elle disparut d’un coup, emporté par cet azur grisant qu’elle affectionnait tant, tandis que je restais meurtri par ma déclaration. Qu’est-ce qui m’avait pris ? Je n’avais même pas de bague sur moi. Je tremblai en me redressant, attendant que les caméras qui suivaient Ginny affichent une image d’elle flottant au fond de Bournemouth.

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() message posté Sam 9 Mai 2015 - 19:34 par Invité

I love you without knowing how, or when, or from where. I love you simply, without problems or pride: I love you in this way because I do not know any other way of loving but this, in which there is no I or you, so intimate that your hand upon my chest is my hand, so intimate that when I fall asleep your eyes close. ✻ ✻ ✻ Mes pensées étaient éparpillées dans mon esprit volatile, comme s’il avait encore du mal à s’accrocher à la vérité que Julian me peignait à travers ses mots et ses paroles. Après tout, cela me paraissait irréel. Irréel et impossible. Cela faisait plus de deux ans que j’étais paraplégique ; malgré tout ce qu’on avait bien pu m’affirmer, me dire, j’étais une personne à part. Une personne qui ne correspondait pas à la même réalité que les autres. Une personne qui devait constamment s’adapter, trouver des alternatives ou accepter la défaite. J’avais cessé de chiffrer toutes les concessions que j’avais pu faire au cours de ces vingt-quatre derniers mois. J’avais arrêté de songer à l’impossible et au passé, arrêter tout simplement parce que cela m’avait fait beaucoup trop mal pour que les brins d’espoir que cela me procurait vaillent la peine. Cela avait été comme faire un deuil. Le deuil d’une vie. Le deuil d’une existence. Le deuil d’envies. Le deuil de passions. J’avais enterré au fond de mon cœur tout ce qui n’avait plus été compatible avec mon nouveau monde, cessant d’y penser, la mort dans l’âme.
Mais peut-être avais-je été défaitiste.
Je ne parvenais pas à quitter le bateau à moteur du regard, détaillant les personnes à bord et tout l’équipement qu’ils pouvaient avoir. Ce fauteuil arrangé attisait ma curiosité et je ne parvenais pas à prendre sur moi pour avoir l’air moins fascinée. Ma gorge était serrée par l’appréhension et la hâte, sans doute ; mon esprit, lui, me réfrénait dans les délires de mon cœur pour prévenir d’éventuels faux-espoir. Mais je savais qu’il n’y en aurait pas. Je savais que tout ceci était réel, que tout ceci était vrai, que tout ceci était en train de se passer, de se passer réellement. Les bras de Julian, qui me tenaient fermement, me ramenaient sur Terre. Mon cœur battait de manière irrégulière par sa faute. Mes pensées allaient si vite qu’elles me donnaient le vertige par sa faute. Tout était à cause de lui ; ma tension qui s’affolait, mon agitation constante, mes inspirations laborieuses. Tout était à cause de lui et je ne parvenais qu’à ressentir une profonde gratitude parce qu’il était le premier à m’offrir des possibilités plutôt que des limites en deux ans de paraplégie. « Tu n’oserais pas ! Je me suis arrangé pour que tu remontes de toute façon, » me répliqua-t-il, et je levai un sourcil interrogateur dans sa direction. J’aurais aimé lui demander ce qu’il avait derrière la tête mais je n’en eus pas l’occasion ; en un mouvement, je me retrouvai dans les bras d’un inconnu le temps qu’il monte à bord du bateau et il me récupéra presque aussitôt. Je me détendis légèrement sans réellement parvenir à lâcher prise ; mon estomac, lui, se tordait dans mes entrailles tant l’appréhension était grandissante.
J’avais peur. Bien entendu que j’avais peur. Après tout, j’avais des idées reçues sur ma condition ; on m’avait tant de fois répété que certaines choses m’étaient impossibles que je remettais en cause la sécurité d’une plongée sous marine accrochée à un fauteuil retapé. Julian, lui, était étrangement silencieux, comme si c’était lui qui allait plonger sous l’eau ; il m’installa sur la chaise dotée d’un petit moteur sans me dire le moindre mot, et, rapidement, il se mit en retrait quand on commença à me faire la liste des choses à savoir.
J’étais fascinée. Fascinée par le moindre mot qu’ils pouvaient me dire, fascinée par le moindre arrangement qu’ils pouvaient faire, fascinée par ce bateau qui s’éloignait de la côte. Je me mis en combinaison de plongée adaptée pour l’eau froide de la Manche. Ils me fixèrent les jambes. J’eus masque de plongée et tuba. Ils m’assurèrent tous que je n’avais pas à me soucier du fauteuil ; que je pouvais nager en utilisant mes bras, que j’aurais besoin d’un peu de force mais que son poids était si léger qu’il ne devrait pas trop m’encombrer dans mes mouvements. Ils me rappelèrent les règles sur les bouteilles d’oxygène, règles que je connaissais déjà ; ils me posèrent des questions habituelles qui me parurent si réconfortante qu’un sourire demeura fixé sur mes lèvres. J’allais pouvoir plonger durant trente minutes. Deux personnes m’accompagneront, tandis qu’une autre restera sur le bateau avec Julian. Puis, finalement, ils me firent aller sur une plateforme au-dessus des vagues ; je jetai un coup d’œil au rivage, beaucoup plus loin, avant de poser mes yeux sur Julian qui s’agenouillait près de moi. Il avait l’air soucieux ; je pouvais le voir sur ses traits tirés, son expression marquée par l’anxiété. J’attrapai ses doigts pour donner une légère pression. Tout allait bien se passer. J’avais peur, il avait peur, mais tout ne pouvait que bien aller. « Reviens vite ; et épouse-moi. » Ses mots tranchèrent l’air, se mêlant au vent qui balayait mes cheveux. Et, aussitôt, je retirai le détenteur second étage de ma bouche. « Qu’est-ce qu… » Mais je ne pus terminer ma phrase. Je me retrouvai à l’eau, et le choc du froid m’électrisa la colonne vertébrale, vidant mon esprit de toutes pensées et de toutes interrogations. Je mis plusieurs instants avant de me remettre de la surprise et me rappeler. Me rappeler de ce qu’il m’avait dit.
Epouse-moi.
Je clignai plusieurs fois des paupières, m’adaptant à la vision sous marine. Je n’avais pas beaucoup de visibilité mais j’étais habituée à des mers bien pires ; je vis l’un de mes accompagnateurs me faire signes pour que j’avance, et en faisant la brasse avec mes mains, je parvins à le rejoindre. Epouse-moi. Je continuai d’avancer, prenant plus en plus d’aisance à mesure que je pouvais m’habituer à cette nouvelle façon de nager. Epouse-moi. J’avais beau voir les fonds marins. J’avais beau croiser le chemin de poissons d’eau du Nord. Je n’entendais que les mots de Julian. Ils raisonnaient en échos dans mon esprit. Ils s’imposaient à moi comme s’il s’agissait d’une réalité envisageable. Comme s’il s’agissait d’un futur que nous pouvions connaître, tous les deux. Mon cœur battait si fort que ma vision était biaisée.
Mon cœur battait trop fort à cause de tout ce que je pouvais bien connaître en cet instant.
Les trente minutes allèrent trop vite ; elles défilèrent sans que je ne les voie passer. Ce n’était pas la plus belle mer du monde. Il y faisait froid. La vision était limitée. Les récits se ressemblaient tous. Mais j’avais l’impression de revivre. D’être celle que j’avais un jour été. De renouer avec moi-même, avec cette gamine pleine de désillusions mais pourtant rêveuses. J’étais presque amère quand nous revînmes près du bateau ; mes accompagnateurs coupèrent le moteur du fauteuil, et je me positionnai sur la plateforme. Celle-ci me remonta lentement à la surface et je frissonnai à l’air libre. Je retirai mon masque, les cheveux mouillés en arrière ; je tournai la tête vers Julian, le cœur battant à tout rompre, le cœur incapable de se calmer dans la précipitation des choses. On me passa une serviette autour des épaules, on me ramena sur le bateau à moteur. « Tu as vu l’épave ? » lui demandai-je, la voix frôlant l’hystérie. J’avais les yeux embués par l’émotion, le visage marqué par un sourire qui ne voulait pas me quitter. « Et j’ai pu faire des galipettes dans l’eau, Julian ! Des galipettes ! » Je contrôlai mal l’afflue de satisfaction que je pouvais avoir et cette anxiété, aussi, qui me paralysait les entrailles. Je l’observai dans les yeux en me demandant s’il avait réellement pensé ce qu’il m’avait dit. Epouse-moi. Son ton presque religieux habitait mon corps, ma peau, mes cellules. Chaque lettre de ses mots s’était imprimée sur mon âme. Je levai les bras dans sa direction pour qu’il s’abaisse. Pour qu’il me prenne dans ses bras. Quand il se retrouva à ma hauteur, je collais mes lèvres sur son oreille. « Merci, » murmurai-je avec toute la reconnaissance du monde. « Et tu ne t’es pas trompé, j’avais une raison pour remonter. » Je marquai un temps de pause, mon cœur se serrant dans ma poitrine. « Celle de t’épouser. » C’était une promesse. Une promesse que je faisais à nous deux. Une promesse à laquelle je voulais croire. Tu sais, Julian, il y a ces personnes qui disent que nous sommes jeunes et cons. Jeunes et inexpérimentés. Ces personnes là ne croient pas en l’amour d’adolescent ; ils pensent que ça ne fait qu’une poignée de jours que nous sommes ensemble, mais ce sont eux qui ne comprennent pas. Physiquement, oui, nous sortons ensemble depuis quelques jours. Mais, dans ma tête, je t’aime depuis des années. Depuis que j’étais cette sale gamine que tu protégeais. Alors, non. Je suis peut-être jeune et conne, mais je ne suis pas inexpérimentée. Mon cœur a déjà eu le temps de diviser mon amour pour toi en un millier de sentiments.
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() message posté Mar 12 Mai 2015 - 1:37 par Invité

“People think dreams aren't real just because they aren't made of matter, of particles. Dreams are real. But they are made of viewpoints, of images, of memories and puns and lost hopes.” «Qu’est-ce qu… » J’étais sans doute trop jeune pour m’engager, mais chaque homme pouvait comprendre et aboutir à la même conclusion s’il se donnait simplement la peine de réfléchir pendant quelques instants. Je connaissais Ginny depuis des années, je l’avais aimé avec désespoir et rage. J’avais partagé avec elle mes jouissances et mes douleurs tout le long d’un voyage spirituel tumultueux ; les violences de mon père, le deuil de ma mère, mon départ à Liverpool et mes problèmes de gestion de colère. Il n’y avait pas un secret que je ne lui avais pas dévoilé car elle détenait le pouvoir absolu sur mon esprit. Putain, j’ai merdé ! Je m’éloignai du bord du bateau afin de m’accouder au caisson qui contenait le matériel de l’équipage. Je soupirai en relevant mon visage vers les arcs du ciel. Qu’est-ce qui m’avait pris de lui avouer ma flamme de façon aussi impulsive ? Mon cœur grondait dans ma poitrine avant de se briser en mille morceaux. Je voyais les vagues danser à la clarté du soleil, s’élançant vers le rivage comme des bêtes affamées de chair humaine. Je me raidis en crispant mes doigts dans les poches de mon jeans. Je devais avouer que je ressentais une certaine appréhension. J’attendais, le cœur inquiet et lourd qu’elle remonte à la surface. Je ne savais pas si mes craintes étaient dues au danger qui la guettait au fond de la mer, ou à la réponse qu’elle avait emporté avec elle sous l’eau. Les fantômes blêmes du passé déambulaient autour de ma tête troublée alors que la brume humide fouettait mon visage triste. Mes cheveux s’emmêlaient dans le vent avec une grâce profonde, contrastant avec l’effroi qui auréolait ma silhouette courbée. Je m’égarais complètement dans mes rêveries, oubliant l’agitation autour moi et les cris du capitaine qui dirigeait ses hommes avec un flegme déroutant. Je perdais peu à peu la marche des minutes, absorbé par une réalité parallèle où mon idiotie n’aurait pas pris le dessus sur ma raison. Je clignai des yeux d’un air dépité, incapable de me délivrer de mes soucis. Il me semblait que mon esprit balançait au-dessus de nuages noirs et grisonnants avant de se rejoindre le néant infini. Je pouvais tout considérer avec froideur et désinvolture. Je pouvais tout assimiler et comprendre, mais un rejet était une blessure de trop que je ne pouvais assumer. Pourquoi bon Dieu ? Pourquoi a-t-il fallu que les mots m’échappent de cette façon ? Je suis un putain de journaliste réputé dans le domaine des finances. J’ai publié un livre qui commence à avoir son succès. L’éloquence verbale, les sous-entendus, la fibre poétique … Toutes ces choses sont mes armes contre le monde. Comment ai-je fait pour rater mon coup ? Je secouai la tête avant d’écraser mon expression affligée contre mes paumes ouvertes. L’éclosion et l’extinction – à la fois si proche et si loin du but. La lumière apparaissait avant de disparaitre devant mon regard meurtri, et avec elle le visage suintant d’Eugenia qui se dessinait de plus en plus nettement dans l’horizon. Mon cœur vacillait avec allégresse, comme si sa présence lui avait fait oublier ses doutes et ses frayeurs. Elle m’apparaissait comme une incarnation romantique d’une sirène mythologique. Ses cheveux mouillés encadraient ses tempes et son cou dévêtu avant de s’enrouler en formes biscornues sur sa tête. Ses yeux perçants cherchaient le contact de mon regard mais je la fuyais comme la peste. Je fuyais, de peur de tomber de haut. La réalité me percutait à nouveau, et mon angoisse perpétuelle revint à la charge encore une fois. Je cheminais dans le pays des ombres. Je déglutis avant de forcer un sourire, m’insufflant un peu de courage avant une défaite cuisante, mais toutes mes supplications sonnaient fausses au creux de ma conscience. J’avais beau me faire retourner la situation dans tous les sens, un « non » de sa part aurait suffi à détruire toutes mes fantaisies. «Tu as vu l’épave ? Et j’ai pu faire des galipettes dans l’eau, Julian ! Des galipettes ! » Déclara-t-elle sur un ton enjoué. J’entendais son enthousiasme monter dans la aigus sans être bercé par le son de sa voix mélodieuse. Pouvait-elle sentir le désespoir lentement enlacer ma poitrine ? L’histoire semblait muette face à ma demande ; la fatalité du destin marchait d’un pas puissant sans que je ne puisse l’arrêter malgré mes efforts acharnés. Mais de quoi tu me parles ? La seule épave que je vois ici c’est moi. J’essaie de garder la face mais il m’est très difficile de partager ta jovialité dans ces circonstances. Je suis désolé d’être égoïste même au summum de ma passion. Ginny, qui es-tu réellement ? Tu me traîne au fond avec une facilité déconcertante. Je suis suspendu à tes lèvres tremblantes. Je me perds dans tes gestes, tes regards et tes attitudes. Je me penchai de côté afin de trouver un semblant d’équilibre mais le bruit de la houle s’écrasant contre les rochers me fit chanceler. «Je… » Balbutiai-je avant de me redresser, le regard sombre. Le vent se leva m’intimant le silence, de toute façon j’en avais assez dit. Soudain, elle leva ses bras en ma direction et je tombai presque machinalement à sa rencontre. Dis quelque chose s’il te plait. Dis-moi quelque chose, n’importe quoi. J’avais un sourire de gravité tatoué sur les lèvres, un sourire un peu mélancolie qui s’éteignait peu à peu au fil de son étreinte. L’amour était parfois si contraignant. Le plaisir était fade et douloureux, je peinais à faire la différence entre ma joie et ma peine. Je me concentrais afin d’entendre les battements de son cœur contre ma poitrine fiévreuse mais seuls, ses murmures chatouillèrent mon oreille. «Merci, et tu ne t’es pas trompé, j’avais une raison pour remonter. Celle de t’épouser. » Je restais stoïque un instant, sans doute trop heureux pour assimiler ses paroles. J’étais un sage qui avait beaucoup trop cherché l’absolution et qui s’était retrouvé lassé au bout de sa quête. Mon esprit s’attachait à cette unique sensation de plénitude. Je me consumais en soupirs, mourant en son sein, avant de donner naissance à la beauté de la vie. Je me retirais lentement. Tu es … complètement tarée, Ginny. J’avais subitement envie de rire aux éclats, au lieu de quoi, je me penchai afin de faucher ses lèvres. Je l’embrassais avec ferveur et sauvagerie avant de poser mes mains sur ses cuisses humides. « C’est non échangeable, non remboursable. » M’amusai-je, en sombrant dans une légère forme de folie. « Sortons de ce bateau, j’ai le tournis. » Soufflai-je en l’invitant à se loger tout contre moi. Le cœur nostalgique est malade. Il s’éloigne toujours avant de revenir. Il me semble avoir existé autrefois. Il me semble que je t’ai toujours aimé avant de t’oublier mille fois.

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() message posté Mer 27 Mai 2015 - 19:54 par Invité

I love you without knowing how, or when, or from where. I love you simply, without problems or pride: I love you in this way because I do not know any other way of loving but this, in which there is no I or you, so intimate that your hand upon my chest is my hand, so intimate that when I fall asleep your eyes close. ✻ ✻ ✻ Epouse-moi. Ses mots raisonnaient dans mon esprit, comme s’ils étaient une évidence, comme s’ils n’exprimaient qu’une vérité. D’une vérité pure. Epouse-moi. Ils raisonnaient forts, tambourinant dans ma poitrine, enflammant mes veines et brulant ma cage thoracique, incendiant mon âme pour se diriger tout droit vers mon cœur. Je n’avais jamais pensé qu’une poignée de mots pouvaient me faire ressentir autant d’émotions que son premier je t’aime. Je ne l’avais jamais songé et, pourtant, à chaque fois, mon cœur me prouvait que j’étais capable de ressentir bien plus. Encore plus, à chaque fois. Epouse-moi. Il ne s’agissait que de deux simples mots, courts et présents dans notre langue depuis des centaines d’années. Deux mots qui, pourtant, réveillaient en moi toutes ces choses. Je tremblai de tout mon être. J’étais prise d’une peur panique, d’une hystérie mal contenue, et mon corps tout entier réagissait à ce trop-plein d’informations que mon corps lui faisait subir.
Mais, par-dessus tout, je me sentais vivante. J’avais l’impression que ma vie avait un sens. Que notre amour, lui-même, avait un sens. Que toutes nos épreuves avaient un sens. Que tout ce qui avait bien pu se passer n’avait été que dans l’ordre des choses, dans la succession normale des évènements. Cela faisait des jours que j’avais cessé d’en vouloir au destin et à nos décisions. Et, aujourd’hui, j’avais l’impression de recevoir la preuve que j’avais bien fait de commencer à croire un peu plus en nous.
Pourtant, ce n’était que des mots. Ce n’était qu’une promesse, une promesse mutuelle, un espoir que l’on laissait grandir dans nos cœurs. Pourtant, au fond, ce n’était pas grand chose. Une étape. Un pas en avant. La confirmation que nous avions tous les deux les mêmes intentions. Ce n’était pas la première fois qu’il envisageait le mariage. J’avais encore l’écrin de la bague qu’il m’avait acheté le jour de mon accident de voiture, rangé dans ma table de nuit, pour qu’il soit toujours proche de moi. Cela ne faisait que confirmer qu’il avait toujours les mêmes aspirations vis à vis de nous, qu’il avait toujours les mêmes projets pour notre avenir. Et cela me réconfortait. Cela me réconfortait parce qu’il croyait réellement en nous. Parce qu’il voulait de moi dans son existence chaque jour jusqu’à la fin.
Quand je levai les bras vers lui, il se laissa tomber à ma hauteur et je passai mes bras autour de son cou. Sa peau sèche était chaude contre la mienne et je réalisais que je mourrais de froid ; cependant, cela ne m’arrêta pas dans mes paroles, dans mes mots. Cela ne m’arrêta pas dans tout ce que j’avais à lui dire. Il demeura silencieux durant quelques instants et je sentis l’anxiété grandir dans mon cœur ; puis, finalement, il s’écarta suffisamment pour m’embrasser. Ses lèvres se firent sauvage contre les miennes et je souris dans notre baiser, les paupières closes, sentant un poids s’envoler de ma poitrine. C’était une évidence, oui. Une vérité essentielle. Un tout, une normalité. J’étais sienne, de toutes manières. Même sans ses mots. Même sans bague. J’avais toujours été sienne, même quand il ne s’en était pas rendu compte. Même s’il avait mis du temps à admettre cette réalité. Même s’il l’avait rejeté, d’une certaine manière, rejeté à sa façon. Ce n’était pas grave, au fond. L’attente avait valu la peine. Nos blessures avaient valu la peine. Tout avait valu la peine. « C’est non échangeable, non remboursable, » me déclara-t-il, plein d’entrain, après avoir posé ses mains sur mes cuisses. Je les attrapai avec mes doigts avant de les serrer doucement, lui renvoyant l’ombre du même sourire éclatant qu’il m’offrait. « Sortons de ce bateau, j’ai le tournis. » Je me glissai tout contre lui, sa chaleur réconfortante réveillant mon épiderme. Je fermai doucement les yeux, comme pour appréhender cette nouvelle réalité, comme pour m’y faire, également. Comme pour me dire que cela était vrai. Comme pour me dire que c’était réel. Tu sais, Julian, avant j’aurais espéré que le temps s’arrête. Qu’il s’arrête pour que je puisse en profiter. Mais, maintenant, je n’ai plus peur du futur. Je n’ai plus peur de ce qu’il pourrait nous arriver. Parce que je veux vieillir avec toi, Julian. Je veux voir la fin du monde en ta compagnie. Toujours. « Je meurs de froid, » confiai-je tout contre lui, claquant des dents. Mon corps tout entier était agité de frissons, comme si l’eau s’infiltrait par mes pores et me glaçait le sang. Je déposai innocemment un baiser sur sa joue, avant de frotter le bout de mon nez contre sa peau chaude. C’était moi. C’était moi qu’il désirait épouser. Moi qu’il voulait garder. Moi qu’il voulait pour femme. Moi, moi, moi. Je n’avais jamais eu beaucoup de confiance en moi. Je n’avais jamais connu cette assurance qui paraissait presque agréable. Mais, en cet instant, j’avais l’impression de croire un peu en moi. « Merci, merci, merci, merci, » murmurai-je doucement, alors que le bruit du moteur couvrait presque ma voix. On nous ramenait déjà vers la côte ; tout s’était déroulé si vite que j’avais l’impression qu’il s’agissait d’un rêve.
Je lui étais si reconnaissante. Le nombre de fois où je pouvais prononcer le mot merci ne serait jamais suffisant pour témoigner de ma gratitude. Je ne le remerciais pas que pour m’avoir emmené en mer. Je ne le remerciais pas que pour avoir déployé des efforts pour me faire renouer avec la mer. Je le remerciais aussi de m’aimer. De vouloir un futur avec moi. Je le remerciais de m’avoir accepté, moi toute entière.
L’équipe amarra le bateau à moteur et je jetai un dernier coup d’œil à la mer avant de reporter mon attention sur Julian. « Tu penses que je pourrais le refaire un jour ? Je peux utiliser tes talents de charmeur pour amadouer l’artiste qui a mis ça en place, » notai-je avec un sourire aux lèvres. « Il faudra que tu me donnes son adresse, je lui enverrai un mot de remerciement. » Je déposai un nouveau baiser sur sa peau, pile au coin de ses lèvres, puis levai la tête vers un des membres de l’équipage qui venait pour me porter ; je le laissai m’attraper, la serviette toujours autour de mes épaules. J’eus encore plus froid sans la prise de Julian autour de moi. Mon cœur, lui, se gela, comme si cette distance réduite atteignait mes sentiments et réveillait le manque.
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() message posté Sam 30 Mai 2015 - 14:52 par Invité

“People think dreams aren't real just because they aren't made of matter, of particles. Dreams are real. But they are made of viewpoints, of images, of memories and puns and lost hopes.” Les mots trottaient dans ma tête sans jamais s’arrêter. Le silence recouvrait entièrement mon esprit et je me retrouvais perdu dans un sentiment de peur à la fois agréable et oppressant. Je lui avais offert mon amour à la minute où mon regard tourmenté s’était posé sur son visage enfantin, très loin d’ici, entre les rayons et les couloirs d’un lycée perdu en plein milieu du Pays de Galle. Je devais être fou, mais l’insouciance de la jeunesse m’avait poussé dans ses bras comme si mon affection à son égard était un geste indispensable à ma survie. J’avais perdu ma mère et elle m’avait accueilli dans son univers étrange afin de m’offrir un foyer, une chance de renouveau et un souffle de passion. Tout le monde n’était pas autorisé à ressentir une telle frénésie, et moi, je l’avais connu à un âge précoce. Pourtant, en mon for intérieur, cette adoration qui frisait la démence me tétanisait. Je l’avais repoussé par dépit, mais aussi par fierté et vanité. Mon ambition m’avait violemment poussée au bord du précipice. Je voulais tellement me venger du destin et devenir un personnage influent. A présent, j’étais un journaliste réputé dans le milieu de la finance et pourtant tous mes accomplissements me semblaient ternes. Ce n’était pas normal que mes rêves soient teintés de fadeur. Ce n’était pas normal que je me sente aussi démuni sans la présence d’Eugenia. Je lui souris avec retenue, incapable de m’abandonner aux flux humides et salés de la mer. Elle se laissa tomber contre mon torse et je relavais mes mains tremblantes vers son dos afin de l’étreindre avec douceur. Sa combinaison mouillée se collait à ma peau afin de marquer l’union imminente entre nous deux âmes. J’ai toujours su que c’était toi. Les voix du destin ne pouvaient plus m’atteindre. Aucun bruit n’éveillait d’écho en moi, car en cet instant, seule Eugenia existait dans mon imagination. Je me penchais lentement afin de déposer mon nez dans ses cheveux parfumés. Mes lèvres frôlèrent le dessus de sa tête alors que j’approfondissais notre contact. Ses dents claquaient contre ma poitrine alors qu’elle s’accrochait à mes vêtements comme une petite fille. Je souris, amusé avant caresser ses épaules. « Je meurs de froid.» Confia-t-elle. Je voulais me dégager de sa prise afin de la couvrir avec ma veste, mais elle était déjà imbibée d’eau. Je continuais alors à la serrer, laissant mes mains parcourir chaque courbure de son corps avec une tendresse infinie. J’avais l’impression d’être dans une autre dimension. Mes gestes étaient empreints d’une irréalité que je peinais à vraiment mesurer, et pourtant c’était bien cela : J’allais épouser Eugenia Lancaster. Peut-être pas aujourd’hui, ou demain, dans un mois, ni même dans un an ou une décennie – mais elle avait promis. Elle avait hypothéqué son avenir et scellé son existence à la mienne. J’étais submergé par une sentiment indicible ; mélange de haine et de compassion, de passion et de feu . Je la berçais allègrement au gré du vent alors que le bateau rejoignait la côte à nouveau. Ses remerciements n’étaient que de fins murmures qui flottaient dans le vide, mais je percevais chaque vibration de sa voix comme un chant éternel. Je vais t’aimer, jusqu’à ne plus en pouvoir. Nous passâmes devant les rochers et je me perdis dans la contemplation de la beauté de la nature en songeant qu’au final, la présence de Ginny à mes côtés, avait le don de sublimer le monde. Les vagues effrayantes n’étaient plus que les rythmes mélodieux du vent et le souvenir douloureux de ma mère s’évanouissait peu à peu. J’avais peut-être le droit de l’oublier maintenant.

L’équipe amarra sur le rivage et je me détachais lentement d’Eugenia. Elle releva son visage vers moi, et son sourire étincelant illumina l’espace qui nous séparait. Je retins mon souffle, pris d’une envie un peu brutale de l’embrasser langoureusement. Ce n’est pas approprié voyons. «Tu penses que je pourrais le refaire un jour ? Je peux utiliser tes talents de charmeur pour amadouer l’artiste qui a mis ça en place, il faudra que tu me donnes son adresse, je lui enverrai un mot de remerciement.» J’haussais les épaules, amusé. Un sourire taquin se traça sur mon visage alors que j’avançais vers le pont menant au sable chaud. Mon genou me titillait légèrement, mais la gêne était encore supportable. A croire que l’air frais ne faisait pas beaucoup de bien à mes tendons. Je posais ma main sur la rampe alors qu’un homme de l’équipage détachait Eugenia de ses chaînes. Il la prit à bout de bras et je le laissais la guider jusqu’à la terre ferme. « J’ai le droit de faire le charmeur alors ? » M’enquis-je en me tournant vers elle. « Je pense que si elle vend le brevet de son engin, on pourra un jour avoir notre propre fauteuil magique. Mais j’en parlerais à son manager pour une nouvelle expérience. Elle voyage beaucoup, tu peux t’adresser à la page de son fan club il me semble. Je ne sais pas si j’ai le droit de te donner son numéro en tout cas je lui transmettrais. On l’appellera le soir si tu veux. » Je marchais en titubant jusqu’à ce que le vent me somme de m’arrêter à quelques mètres de l’eau. Je fis volte face en tendant mes bras vers Ginny. Elle se logeait contre mon torse comme la moitié vivante de mon cœur. C’était toujours agréable de la sentir aussi proche de moi. Je remerciais le personnel qui s’était occupé de nous pendant ces quelques minutes avant de m’éloigner vers un coin reculé de la plage, là où l’horizon orangé drapait toutes les blessures passées des amoureux maudits. Je me faufilais entre les vacanciers avant de me réfugier dans un coin isolé. Je m’assis difficilement après avoir déposé Eugenia. Elle avait froid, c’était peut-être égoïste de ma part de la retenir comme ça. Je fis la moue. « Viens-là, ma chérie. » J’embrassai sa tempe en l’enveloppant de ma chaleur corporelle. « Tu veux aller à l’hôtel ? » Susurrai-je à son oreille sans cesser de bisouter sa peau glacée.

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Anonymous
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() message posté Dim 7 Juin 2015 - 18:35 par Invité

I love you without knowing how, or when, or from where. I love you simply, without problems or pride: I love you in this way because I do not know any other way of loving but this, in which there is no I or you, so intimate that your hand upon my chest is my hand, so intimate that when I fall asleep your eyes close. ✻ ✻ ✻ Tout s’était passé si vite, comme dans un rêve, comme dans un monde parallèle. Le temps s’était arrêté pour une poignée de secondes, la Terre avait cessé de tourner. Ou, alors, nous avions cessé de tourner avec elle. Nous avions pris une pause dans l’espace-temps de nos vies. Nous avions mis un freins à nos deux existences. Cela aurait pu me faire peur. Cela aurait pu m’effrayer. Mais, tant que j’étais avec lui, je me persuadais que tout irait bien.
Et tout allait bien aller.
Je n’étais plus dans ses bras et cela suffisait pour qu’il me manque ; j’adressai un sourire presque timide au membre de l’équipage qui me portait, me sentant presque mal à l’aise, mal à l’aise de le contraindre à cet exercice. Je n’aimais pas être portée. Je n’aimais pas être déplacée. Je n’aimais pas être assistée. Les membres de ma famille avaient fini par l’admettre et le comprendre ; je me laissais rarement faire, je protestais bien trop souvent. Cela faisait bien longtemps qu’ils avaient cessé d’aller à l’encontre de mes principes. Bien longtemps qu’ils avaient arrêté de me plier à leurs principes. Je détestais avoir l’impression de ne plus être indépendante. Je détestais affronter la réalité même de ma condition. Pourtant, en cet instant, je ne disais rien. Je ne disais rien pour Julian. Je ne disais rien parce qu’il était le seul à me donner l’impression que cela n’était pas si grave de ne pas pouvoir avancer toute seule ; il m’insufflait, sans même s’en rendre compte, des ondes de courage qui se déversaient continuellement dans mes veines. Son regard me rassurait. Ses yeux compatissants me poussaient à aller de l’avant. Cela me paraissait presque naturel, au bout du compte, quand il me prenait dans ses bras. Cela me paraissait presque naturel quand il me portait et qu’il m’aidait à avancer.
Comme si nous ne faisions qu’un. Comme si ses jambes étaient les miennes. Comme si ses bras, qui me serraient fort contre sa poitrine, étaient une partie intégrante de mon être.
Nous descendîmes du bateau, rejoignant le rivage et le reste du monde. Avec précaution, la personne qui me portait regagna le ponton, et je me tournai vers Julian, une expression enthousiaste peint sur le visage. J’étais animée par la bonne humeur, animée par toutes les choses que j’avais bien pu voir ; j’avais encore tous mes souvenirs qui se pressaient dans ma boîte crânienne et j’avais du mal à me contrôler, à me contenir. « J’ai le droit de faire le charmeur alors ? » me demanda-t-il et je me mis à rire comme une enfant. « Seulement si c’est pour la bonne cause, » lui répliquai-je avec bonne humeur. En temps normal, je lui aurais probablement dit non. En temps normal, je lui aurais probablement fait comprendre que cela n’aurait fait que me rendre jalouse. Mais je ne parvenais pas à être jalouse, ni même morose ; il y avait tout cet entrain en moi, tout cet entrain que je peinais à contenir. « Je pense que si elle vend le brevet de son engin, on pourra un jour avoir notre propre fauteuil magique. Mais j’en parlerais à son manager pour une nouvelle expérience. Elle voyage beaucoup, tu peux t’adresser à la page de son fan club il me semble. Je ne sais pas si j’ai le droit de te donner son numéro en tout cas je lui transmettrais. On l’appellera le soir si tu veux. » J’hochai la tête avec avidité tandis qu’il marchait à côté de l’homme qui me tenait dans ses bras ; enfin, il finit par me récupérer dans son étreinte, et j’adressai un sourire au membre de l’équipage. « Merci énormément pour la balade en mer, en tout cas, » lui adressai-je alors que Julian le remerciait également de son côté. « C’était incroyable. » Mon sourire ne quitta pas mes lèvres, même quand l’équipage s’éloigna, même quand Julian m’emmena sur la plage. Je notai certains regards dirigés vers moi, mais j’étais enveloppée dans ma bulle. Ailleurs. A des kilomètres, même, de la réalité, loin, si loin que je n’étais même pas sûre que l’on puisse me retrouver.
Doucement, Julian me posa à terre, dans un endroit légèrement reculé, avant de s’installer à mes côtés. J’étais morte de froid ; mes dents claquaient au rythme auquel le vent pouvait bien me mordre le visage. Mes yeux se posèrent sur le rivage, et mon coeur se serra doucement quand je me rappelai que, il y avait à peine une poignée de minutes, je me trouvais là-bas. « Viens-là, ma chérie, » me confia Julian en enroulant son bras autour de moi, ses lèvres se posant sur ma tempe. Je me blottis contre lui, cherchant en vain à me réchauffer. « Tu veux aller à l’hôtel ? » Je levai les yeux vers lui, un sourire sur les lèvres. « Ca dépend, c’est la suite de ce que tu avais prévu ? » lui demandai-je, espiègle. Je pris une profonde inspiration, me délectant de sa chaleur corporelle, avant de finalement resserrer ma serviette sur mes épaules. « Il faut que je me change d’abord, par contre. Tu peux me donner mes vêtements ? » lui demandai-je en me redressant. Je tendis la main pour qu’il me les confie, et je récupérai l’étoffe de ma robe entre mes doigts. « Dézippe la combinaison et regarde ailleurs, » murmurai-je à son oreille avant de me détacher complètement de sa prise pour lui montrer mon dos. J’attendis qu’il s’exécute pour la retirer de mes épaules, séchant ma peau avec la serviette. J’enfilai ma robe quand je finis par abaisser ma combinaison au niveau de mon bassin ; après cela, j’étalai la serviette sur le sol pour m’asseoir au milieu. Finalement, je retirai le vêtement imbibé d’eau, les pans de ma robe cachant la majorité des choses qu’il y avait à voir. Enfin changée, je me tournai vers Julian, lui faisant signe de se rapprocher de moi. Je glissai mon visage dans son cou, ignorant ma peau encore poisseuse et les grains de sable qui étaient venus se coller à mon épiderme ; j’embrassai le creux de son cou avant de remonter mes lèvres jusqu’à son oreilles. « On peut y aller, » lui murmurai-je. « Tu crois que c’est grave si je n’ai pas mis de sous-vêtements ? » Je souris, tout contre lui, presque étonnée par ma propre audace, presque étonnée par mes propres paroles.
Je me plaisais à croire que c’était lui. Lui qui me donnait le courage s’assumer. D’assumer celle que j’étais.
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