(✰) message posté Ven 21 Nov 2014 - 0:30 par Invité
“We cannot change our past. We can not change the fact that people act in a certain way. We can not change the inevitable. The only thing we can do is play on the one string we have, and that is our attitude.The whole romance was just act. Wasn't it ? " ✻ Un profond silence régnait sur les étendues de sable et de gravier. Mon regard se perdait tout le long du rivage – Jamais encore la mer ne m’avait semblé aussi hostile et froide. Mon cœur agonisait au gré des gémissements des vagues. Je sentais mon corps vaciller, à la dérive, et pourtant j’étais parfaitement droit. Mon équilibre était différent du monde. Tous les sons n’étaient que bourdonnements dans mon esprit sourd. Je baissais lentement les yeux vers mes mains crispées. Je n’avais aucune idée de la réalité des choses. J’étais planté là, au bout de l’avenue principale de Fairbourne, incapable de grands gestes ou de longues enjambées. Les secondes se consumaient à une vitesse vertigineuse. Je n’avais aucun contrôle sur le temps, ni sur les émotions qui troublaient mon âme. J’étais en retard. J’avais 2 foutus mois de retard! Cette pensée me tuait à petit feux. Tour à tour, les douleurs me prenaient par la gorge afin de me faire expérimenter les joies de la strangulation fantôme. L’envie de pleurer semblait encrée sur ma peau – Je louchai des yeux avant de les écarquiller dans le vide. Il y’ avait pas de compromis à faire : J’avais failli à nouveau. Elle avait failli aussi. Cette sensation me détruisait. Le phénix n’était pas une simple légende. L’âme se mourrait en moi, et je m’éveillais de mon enchantement pour retomber dans mes vieux vices. Le vent soufflait le froid et le chaud, mais j’étais complètement dépassé par les événements. Je m’étais rué vers la gare de London Paddington , direction Cardiff sans pousser la réflexion trop loin. Après 3 heures de train, et quelques escales inutiles dont Crewe (sud de Liverpool) lors de laquelle les souvenirs tristes et mitigés coulaient à flot, je pu enfin retracer les sentiers de mon passé. Je pense que la mère d’Eugenia était consciente de ma détresse. Elle m’avait tout de suite expliqué la situation. Je l’avais à peine gratifié d’un regard – Après tout elle m’avait menti elle aussi.
Le soleil apparaissait puis disparaissait derrière une brume de nuages. Le jour avait sombré. Mon regard demeurait fixé sur le crépuscule. Il faisait noir dans mon cœur tandis que je scrutais la petite maison au bord de la plage. J’apercevais les collines verdoyantes me narguer au loin. C’était une folie à part. Cette affliction m’avait entièrement arraché de ma crypte afin de me jeter un niveau plus bas. Elle et moi. Un gouffre nous séparait. Je m’élançais dans la pente en courbant la bouche. Faut-il renoncer à la plus chère ? L’appel de la mort me semblait tout à coup délicieux. Après avoir observé les couleurs se fondre dans l’atmosphère, je m’élançais vers les silhouettes de buissons et le porche désert. Je savais qu’Eugenia avait l’habitude de regarder le soleil se coucher quelque part sur la plage ; alors j’avais suivi les traces de roues en titubant. Ma démarché s’était complètement améliorée, mais je restais incertain. Je n’arrivais pas à assimiler qu’elle se soit fait opéré sans moi. Je n’arrivais à croire qu’elle m’ait poignardé deux fois au même endroit : dans le dos. Je baladais mon regard avant de localiser son fauteuil. Je m’avançais à pas de velours. Je tanguais dans une danse gracieuse, une pompe funèbre morbide et incroyablement belle. Je m’assis à ses côtés en silence. Les mots restaient bloqués dans ma gorge, et à mon tour je contemplais le soleil majestueux se noyer dans les profondeurs de l’eau. Je ramenais mes jambes jusqu’à mon menton afin de serrer ma prise sur quelque chose de matériel. Mon genou claqua sans perturber l’indolence de ce moment.
Peut-être que si je ne parlais pas – les choses resteraient ainsi ; oubliées.
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(✰) message posté Dim 23 Nov 2014 - 15:14 par Invité
i drag myself out of nightmares each morning and find there is no relief in waking. better not give in to it. it takes ten times as long to put yourself together as it does to fall apart. ;; are you coming to the tree, wear a necklace of rope, side by side with me? strange things did happen here, no stranger would it be if we met up at midnight in the hanging tree. ✻✻✻ J’observai les vagues lécher inlassablement le sable humide, dans un doux mouvement de va et vient qui perdait mon âme et mon cœur. Des pensées volatiles vinrent paralyser mon esprit confus et je me perdis dans la contemplation de la mer, le vent balayant mon visage figé par la fatigue. J’avais froid sans être gelée. J’avais mal sans ressentir la douleur. J’étais perdue ailleurs, perdue dans un monde lointain où je me sentais saine et sauve. J’avais trouvé refuge dans les confins de ce que j’étais, heureuse de trouver une forme d’apaisement dans des évènements qui n’existaient même pas. Je m’inventais une vie et un quotidien, je vivais dans ces instants imaginaires qui me permettaient de rester présente dans le vrai univers. Je vivais dans les chimères de mon esprit, refusant de revenir à la réalité. Mon père tentait en vain de me parler afin que je reprenne ma vie. J’observai les personnes qui me visitaient avec un sourire fade, un regard vide, et les pensées pleines de ces différentes réalités que je m’étais construite. Je ne les voyais pas vraiment. J’étais capturée par mon esprit qui me protégeait d’une réalité qui me faisait que trop mal. Des interrogations effleurèrent mes souvenirs et je me vis, dans l’éclat d’un songe, avancer jusqu’à l’eau, jusqu’à ce que les roues de mon fauteuil s’enfoncent dans le sol humide et instable. Je me demandai si je pouvais avoir suffisamment de force dans mes bras pour pousser ma chaise roulante dans les vagues. Sans doute, après tout. Les antidouleurs anesthésiaient mes pensées et mon corps et j’étais bien loin, désormais, de me souvenir de ce que je pouvais faire et ne pas faire. Je ne connaissais plus mes limites, perdue dans le vide de mes univers singuliers. Puis, je me demandai si, en continuant, il serait possible que je ne remonte pas à la surface. Je me demandai si quelqu’un remarquerait un jour mon absence, si je pourrais manquer à quiconque dans cet univers qui n’était plus le mien. La mort, dans son apparition accueillante et chaleureuse, prenait des allures de libération pour mon esprit tourmenté. Je secouai la tête pour revenir sur Terre, loin des vagues, en retrait par rapport à la mer, mais un nouveau flash prit possession de mes pensées. Je crus voir mes enfants hurler d’allégresse en courant sur le sable, se précipitant les uns contre les autres dans leurs jeux espiègles. Je m’entendis rire aux éclats dans un mirage. Mon visage s’illumina d’un sourire lorsque ma vision s’évanouit dans le vent, et je clignai des paupières plusieurs fois avant de frissonner. Rien de tout cela n’était réel. Je délirais. Je me sentais morte. Je me sentais vide. Je me sentais six pieds sous Terre et, pourtant, je continuai de respirer. Dans les visions de mon esprit tourmenté, je revivais des épisodes de mon existence. Je m’attachai à mon passé pour créer de toutes pièces une réalité qui aurait pu être la mienne. Cela faisait écho à des instants futiles et insignifiants ; je me voyais hantée par des routines que j’avais pu avoir par le passé et qui auraient pu continuer si on ne s’était pas acharné à me briser. Destin. Accident. Médecins. Chirurgiens. Ces personnes qui m’étaient chères et qui me blessaient bien plus encore. Je vivais loin de mes déceptions et de mes peines. Je vivais dans un monde où le Julian que j’avais toujours connu n’était pas mort, lui aussi, lors de mon accident de voiture. Je l’avais détruit et il s’était appliqué à me détruire en retour, vengeance d’enfant qui avait eu des allures meurtrière dans le peu de lucidité qu’il m’était resté. Je me surpris une nouvelle fois à me demander si quelqu’un remarquerait mon absence. A me demander si je manquerais à quelqu’un. Et je me rendis compte que ces interrogations n’avaient absolument aucun sens ; afin de pouvoir manquer à quelqu’un, il fallait déjà que cette personne tienne à moi. Et Julian ne tenait pas à moi. Il avait disparu de la même manière que j’avais pu le faire, m’infligeant les douleurs qu’il m’avait reproché de lui avoir fait endurer. Il m’avait oublié. Mais avais-je réellement le droit de clamer qu’il n’avait pas eu le droit de le faire ? Une nouvelle vision voila mon regard, et je sentis des larmes couler le long de mes joues à mesure que mes ongles se cramponnaient sur mes jambes. La douleur que je ressentais était-elle réelle ou le fruit de mon imagination ? Je ne parvenais même plus à demeurer assise sur mon fauteuil sans ressentir de l’inconfort. Mais je ne savais pas si tout ce que je ressentais était vrai ou non. Je ne savais pas si mon esprit délirait ou si mon corps endurait toutes ces souffrances. Et mon cœur ? Mon cœur était-il réellement brisé ou n’était-ce qu’un produit de mon inconscient ? Je ne savais plus ce qui était réel ou pas. On m’avait promis que cette opération serait la dernière. Mais personne ne s’était attendu à ce qu’elle soit celle de trop. Je tremblai, je tremblai de tout mon être. J’étais persuadée d’avoir réussi à bouger mon pied de quelques centimètres mais les larmes brouillaient ma vue et altéraient ma perception de la réalité. Je passai une main sur mes joues, nerveusement, afin d’écraser les larmes qui pouvaient y couler. Une ombre entra dans mon champ de vision et je la vis s’installer à mes côtés. Je ne tournai pas la tête dans sa direction, paralysée par mes propres pensées. Je savais que cela était mon père. Il était venu me ramener à la maison. Il était venu s’occuper de moi parce que, si je venais à mourir, il serait celui qui aurait à disperser mes cendres dans les vagues. Et je recommençai à me poser ces questions. A me demander si quelqu’un remarquerait mon absence. A me demander si je manquerais à quelqu’un. Et, finalement, je tournai la tête vers mon père et je l’observai. Mais cela ne fût pas mon père que je vis. Je sentis mon cœur s’affoler dans ma poitrine. Cela n’était pas la première fois que Julian venait me visiter dans les délires de mon esprit perturbé mais, à chaque fois, je sentais ces mêmes angoisses prendre possession de mes veines. A chaque fois, j’oubliais à quel point je pouvais bien l’aimer et à quel point il pouvait bien me blesser. Je me mordis l’intérieur de ma joue si fort que je sentis le goût du sang prendre possession du bout de ma langue. Je détournai le regard pour observer la mer, attendant patiemment que ma vision s’évanouisse dans la nature. Mais les minutes passèrent et il était toujours là. « Est-ce que tout se passe dans ma tête ? » finis-je par demander la gorge noué et l’intonation faible. J’étais lasse de cette question que je finissais toujours par prononcer à voix haute. Et, à chaque fois, la voix de Julian me répondait que oui, tout se passait dans ma tête. A chaque fois, il me rappelait que rien de tout cela n’était vrai.
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(✰) message posté Lun 24 Nov 2014 - 21:36 par Invité
“We cannot change our past. We can not change the fact that people act in a certain way. We can not change the inevitable. The only thing we can do is play on the one string we have, and that is our attitude.The whole romance was just act. Wasn't it ? " ✻ Soudain, les blessures béantes du cœur se dévoilaient. J’imaginais le sang couler le long de mon visage, mais ce n’était que le vent qui lapait ma peau. Ce n’était qu’une illusion lointaine et insaisissable. Eugenia était une marque indélébile. A jamais écorchée en moi. A jamais inscrite dans ma mémoire. L’oubli était anonyme et interdit. Je fermais lentement les yeux, incapable de songer au passé ou d’embrasser l’instant présent. J’étais prisonnier des sceaux d’une existence que je n’avais vécu qu’à moitié. J’étais torturé par un amour qui ne se mélangeait qu’avec mon souffle. Un jour elle comprendra. Un jour elle verra que je l’ai aimé comme un damné. Un jour, peut-être. Les glissements mélodieux des vagues m’extirpaient peu à peu de la réalité. J’étais incertain, et probablement trop pédant pour admettre mes tords. Je ne voulais pas fouler ces terres oubliées. Je ne voulais pas marcher à sa rencontre après toutes ces déceptions. Je me mordis la lèvre inférieure jusqu’au sang. Les mélanges âpres ponctuaient les saveurs fades de ma salive. Je regardais les lueurs du soleil filtrer à travers les nuages floconneux, sans oser me retourner. Je serrais ma prise sur mes genoux, sans ressentir aucune douleur. Etait-ce là le prix de l’indolence ? Je n’avais pas droit au répit. Pour chaque peine qui disparaissait, il y’ avait un million de tortures. Mon esprit était engourdi, transporté par une ébauche de poésie trop tôt brisée. Les portes s’ouvraient peu à peu, découvrant des halos de lumières brûlantes. Je me redressais sans lui adresser un mot. Je sentais sa respiration transfigurer l’espace – Elle marmonnait. Elle flanchait. Tandis que je restais penaud, paralysé par mes propres inquiétudes. Mes doigts creusaient des trous sur mes cuisses. Je m’amusais à comparer la sensibilité de ma peau – et à chaque fois c’était pareil; je ne ressentais plus rien du côté gauche. C’était vide et froid. Je ne pouvais que réaliser une infime partie du quotidien de Ginny, alors je continuais mes gestes nerveux dans l’espoir vain – qu’un jour je pourrais complètement être à sa place.
« Est-ce que tout se passe dans ma tête ? »
Ma flamme refusait de s’éteindre. Je frôlais doucement son bras afin de lui signifier ma présence réelle. J’étais outré par la fadeur de mes propres gestes. Ma tête se pencha en direction de sa chaise roulante, et je pus toucher le métal glacial avant de me relever. Mon regard ombrageux croisa son visage pendant un bref instant. Je défiais la mer en silence. Je pensais y descendre pour de bon. Je pensais me noyer dans ses faux présages et la peur incommensurable qu’elle m’inspirait. Je songeais aussi à la présence de Ginny à mes côtés, et dans un élan pathétique, je me réjouis – espérant qu’elle allait bientôt sombrer elle aussi. Sans aucune raison, je fis glisser la fermeture éclair de mon jeans. Je retirais mes vêtements un à un avant de rencontrer la froideur de novembre. Mon duvet se hérissait au contact du souffle marin. Je ne m’étais pas complètement trompé ; les essaims des océans me rendaient martyres. Je fis volteface en caleçon. Mon genou fraichement charcuté était orné par deux longues incisions latérales. La chirurgie était peu invasif à la base, mais il y’ avait trop de tissu fibreux et beaucoup dommages à réparer. La visibilité était impossible avec toute l’inflammation qu’avait causée ma chute à Brighton. Je baissais les yeux ; Eugenia était une marque indélébile.
Je fis quelques pas afin de tester la motricité de mes jambes avant de revenir à sa rencontre. Ma main tremblante se posa sur son menton brûlant – je relevais son visage maculé de larmes d’un air réprobateur. Je n’aimais pas les pleurnicheuses, mais je ne supportais pas qu’elle pleure. J’emprisonnai ses bras avant de me pencher à sa hauteur. Dans un geste brusque je la pris à bout de bras afin de l’éloigner de sa zone de confort. Etait-ce déraisonnable de me jouer de ses sentiments ? Etait-ce puériles de réclamer ma vengeance ? La colère s’empara de moi sous l’apparence d’un voile démoniaque. Je serrais son étreinte contre ma poitrine nue afin de renifler les vestiges de son innocence perdue. Je regardais le dossier en cuir de son fauteuil et je le perçais de coups de pieds. Les secousses faisaient trembler ma mâchoire, et j’étais toujours incapable de faire face à son regard olive. Je fis machinalement quelques pas à reculons.
Les sourcils froncés je me dirigeais vers l’eau. Je m’avançais avec entrain jusqu’à perdre pied… Je retins mon souffle avant de plonger – Eugenia dans mes bras. J’étais tremblant et elle grelottait sous ma prise. J’ouvris mon visage enfin, les larmes aux yeux.
« On m’a obligé à nager en physiothérapie. Je sais nager maintenant. » Criai-je comme s’il s’agissait d’un drame. « On m’a obligé à apprendre sans toi – Est-ce que tu comprends ? Est-ce que tu te rends compte ? » Rageai-je sans lâcher prise.
Tout basculait dans ma tête. L'eau ruisselait le long de mes cheveux - tandis que les vagues chahutaient mon équilibre. Je me rapprochais du rivage sans quitter la mer.
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(✰) message posté Mar 25 Nov 2014 - 20:27 par Invité
i drag myself out of nightmares each morning and find there is no relief in waking. better not give in to it. it takes ten times as long to put yourself together as it does to fall apart. ;; are you coming to the tree, wear a necklace of rope, side by side with me? strange things did happen here, no stranger would it be if we met up at midnight in the hanging tree. ✻✻✻ Je n’avais plus aucun contrôle sur mon corps. Plus aucun contrôle sur mon esprit. Plus aucun contrôle sur mon cœur. Je ne cherchais pas à m’accrocher. Je ne cherchais pas à me sauver. Je m’enfermais ailleurs parce que le monde me semblait bien trop hostile, désormais, pour que je puisse supporter d’y vivre ; je fuyais au large, au gré du vent, m’enfonçant dans mes pensées les plus profondes, dans mes songes les plus funèbres. Mon esprit était à la fois volatile et fragile. Mon état était à la fois instable et inquiétant. Je perdais le fil rapidement, disparaissant dans l’univers meilleur de mon esprit dès le réveil et en y restant jusqu’au soir. Je voyais la tristesse dans le regard lointain de mon père, mais je ne parvenais pas à trouver mon chemin jusqu’à la réalité ; je me plaisais dans mes rêveries et dans mes visions. Je n’avais plus mal, dans ce monde. Je ne ressentais plus cette brûlure qui parcourait ma colonne vertébrale. Je ne souffrais plus de savoir que mon destin avait été scellé et qu’aucun résultat n’avait été constaté les lendemains de mon opération. Je n’endurais plus l’absence de Julian puisque, d’une certaine manière, il était sans cesse avec moi. Je le voyais. Je le revoyais. Il hantait mes visions fades et lugubres, et malgré cela, je me sentais entière. Il n’incarnait pas l’être que je n’avais pas reconnu lors de ces derniers mois. Il n’incarnait pas l’être qui m’avait abandonné à son tour. Il était beau et lumineux, il était aussi chaleureux et rayonnant que le Soleil. Mon Soleil. Cet Astre autour duquel je n’avais jamais cessé de graviter, et ceux même lorsqu’il avait fini par oublier de briller. Lorsqu’un Soleil meurt, toutes ses planètes meurent avec elle. Il était leur seul raison de vivre, après tout. Il était le cœur de leur corps, ce cœur qui irriguait chaque veines de leur être et qui nourrissait chaque sentiment de leur esprit. Et personne ne peut vivre très longtemps sans cœur. Peut-être était-ce qui était en train de m’arriver. Peut-être étais-je en train de mourir avec mon Soleil. Mon Astre. Mon Julian. Je ne pouvais pas vivre très longtemps sans cœur. Sans lui. Inlassablement, je venais à me demander si quelqu’un souffrirait de mon absence. De mon départ. Et, parfois, je finissais par me dire que si le Julian d’aujourd’hui s’en ficherait, l’ancienne personne qu’il avait pu être sera quand même en deuil. J’eus un vague sourire, avant qu’il n’effleure mon bras. Je fronçai les sourcils. Lorsqu’il avait pu le faire dans mes précédents songes, je n’avais pas ressenti tant de choses. Chacune de mes réactions avaient été ternies à mesure que mes souvenirs s’étaient effacés de ma mémoire ; mon imagination n’avait jamais été suffisamment développée pour reproduire avec fidélité les sensations que je ressentais à son simple toucher. Je fronçai les sourcils tandis qu’il se redressait. Qu’il se déshabillait. Ce que je voyais n’avait strictement aucun sens et j’en avais conscience ; cependant, je ne dis rien, paralysée par cette terne agonie qui constituait mon quotidien. Peut-être finissais-je par devenir folle. Peut-être étais-je réellement perdue dans cet état qui m’envahissait. Perdue dans la dépression nerveuse, comme les médecins aimaient l’appeler. Il m’attrapa contre lui et ma joue se retrouva contre la peau encore tiède de son corps. Je fermai les yeux en sentant son odeur m’envahir, pensant qu’il s’agissait sans doute d’une belle façon de mourir ; seule, sur la plage, emportée par un songe. J’étais bien dans ses bras protecteurs. Bien dans ses bras réconfortant. Tout me semblait bien plus réel et plus vif qu’auparavant, mais les choses se déroulaient comme dans un de mes songes, alors je ne me posais aucune réelle question. Il s’en prit à mon fauteuil avant de faire demi-tour pour s’avancer vers la mer. Pour me noyer ? Je n’en savais rien. Je n’étais même plus sûre de vouloir savoir. Il plongea dans l’eau, et moi avec. Je fermai les yeux et cessai de respirer tandis que je sentais l’eau gelée prendre possession de mon corps. Puis, je compris. Dans un élan de lucidité, je compris que je ne rêvais pas. La morsure du froid était bien trop réelle. La douleur lancinante dans mon dos me faisait bien trop souffrir. Son étreinte était bien trop désespérée. Je visualisais son corps dévêtue et je notai, trop tard, des cicatrices que je ne lui avais jamais connues ; ce fût à cet instant que je commençais à paniquer et à me débattre. Un cri s’échappa de mes lèvres à mesure que je tentai de lui échapper, mes bras fendant en vain l’air. « On m’a obligé à nager en physiothérapie. Je sais nager maintenant. » me cria-t-il et il ne voulait pas me lâcher. « On m’a obligé à apprendre sans toi. Est-ce que tu comprends ? Est-ce que tu te rends compte ? » Je poussai un nouveau cri pour qu’il me laisse tranquille. Un nouveau cri à cause de la douleur qui semblait irradier ma colonne. Je sentais la douleur se déverser dans mes veines, mais je ne parvenais pas à savoir si mon cœur ou mon corps me faisait le plus mal. Une multitude de questions troubla mon esprit. Je me demandai ce qu’il faisait là. Je me demandai pourquoi il était revenu. Je me demandai de quoi il parlait. Je me demandai s’il se rendait compte du mal qu’il avait pu me faire. Je me demandai s’il me pleurerait un jour si je venais à mourir. Je me demandai s’il remarquerait mon absence si je venais à rendre mon dernier soupir. « En physiothérapie ? De quoi est-ce que tu parles ? » lui demandai-je en continuant de me débattre faiblement. Je n’avais plus aucune force. Tout semblait m’avoir abandonné. Il était mon cœur. Mon cœur qu’on m’avait arraché. Etais-je censée vivre sans lui, maintenant ? Etais-je condamnée à rester vivante ? Etait-ce ma punition d’avoir survécu à toutes ces fois où j’aurais mieux fait de mourir ? « Lâche-moi, Julian. Lâche-moi ! » poursuivis-je. Mais je savais que s’il me lâchait je coulerais. Quelque part, je me disais que cela serait sans doute mieux ainsi. Couler, couler, couler. Sombrer. Et ne jamais revenir. J’avais froid. J’avais mal. J’étais dans cette réalité que je m’étais appliquée à oublier. J’étais tout contre lui mais je ne m’étais jamais sentie aussi loin. J’avais rêvé de son retour mais je me rendais compte qu’il me blessait bien plus que tout ce que j’avais pu songer. Je me mordis les lèvres jusqu’au sang, le sel des vagues brûlant mes petites plaies. Je refusais de toucher son corps avec mes doigts. Je l’observai sans le voir réellement. J’avais mal, mal, mal. Comment pouvais-je continuer d’avoir si mal ? « Pourquoi est-ce que tu es revenu ? Pourquoi, hein ? Pourquoi Julian ? » Ma gorge était si nouée que parler était difficile. J’en venais même à me demander s’il ne s’agissait pas d’un troisième monde que mon esprit avait créé de toutes pièces. Mais j’avais mal, mal, mal, mal dans mon dos et mal dans mon corps. Il n’y avait que la réalité pour me blesser autant.
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(✰) message posté Jeu 27 Nov 2014 - 15:37 par Invité
“We cannot change our past. We can not change the fact that people act in a certain way. We can not change the inevitable. The only thing we can do is play on the one string we have, and that is our attitude.The whole romance was just act. Wasn't it ? " ✻ Je voulais implorer les cieux de m’épargner. Je voulais tellement refouler ces sentiments qui germaient au fond mon cœur, mais j’avais beau faire appel aux divinités pieuses et religieuses, j’avais beau crier au vent mon indignation immense, je ne parvenais pas à y changer grand-chose. C’était fatiguant de ressentir, de vouloir et de se battre pour accomplir les vraies choses de la vie. La douleur se répandait en moi comme le mal incurable, brûlant chaque recoin de mon âme. C’était de plus en plus insupportable de voir Eugenia se meurtrir. Je n’arrivais pas à m’y faire. Tous ces malheurs, toutes ces épreuves et ces … handicaps. Mon esprit sonnait faux comme si je n’existais plus. Il y avait trop de pensées qui s’entrechoquaient dans ma tête ; toutes étrangères à ma personnalité. J’étais un monstre en devenir. Un Homme éploré, destiné à héberger tous les maux de l’humanité. Je me redressai le regard éteint et le front plein de sueur. Que se passait-il ? Mes mains se crispaient autour de mes blessures. Le gout à la fois âpre et ferreux du sang, ne quittait plus ma bouche. J’avais si mal, mais aussi absurde que cela puisse paraître, une part de moi se sentait en sécurité, perdue quelque part sur les étendues de plage et de sel. Mes paupières enflées se fermèrent comme par magie. Mon corps tanguait au gré du vent, dansant, valsant puis s’éloignant à la dérive. Je me noyais dans l’obscurité qui régnait dans mon cœur. Une larme perla au coin de mon œil avant de disparaître. Je levai les yeux vers le ciel oranger. Un sentiment d‘injustice cruel s’empara de moi tandis que je me retournais vers Eugenia. Mon reflet sur son visage fermé me rappelait qui j’étais : Un gosse désabusé et brisé. Un être dépouillé et sans lendemain. Mon âme avait finit par sombrer dans les abîmes de mon corps. Après tout ce temps, j’avais perdu mes espoirs. Je revenais souvent ici par la pensée ; sur le rivage des plages dorées que j’exécrais tant. Bien avant que la tristesse ne détruise toute mes illusions, j’avais su apprécier la vie ici – à ses côtés. Je fronçai les sourcils en sortant une cigarette de ma poche. La fumée qui emplissait ma bouche puis mes poumons apaisait mes souvenirs. Je voulais tout oublier, déchiqueter les photos et les visages de mes parents. J’avais vécu une vie pourrie, vouée à l’errance et à la trahison. Et dire que tout cela avait commencé par un simple rejet. Je soupirai. Mon désir de vengeance n’était pas inné. Il m’était venu avec le temps, quelques années après mon exil. Je le réalisais maintenant. Le mégot se consumait au fur et à mesure que des pensées malsaines fleurissaient dans mon cerveau. Je déglutis en sentant le froid agresser ma peau translucide. Mes mains tremblantes et sèches me faisaient légèrement souffrir. Je lâchai ma prise sur la tige fumante afin de l’écraser sur le sable.
Je me redressai violemment. Ma rage battait à l’unisson avec mon cœur – à présent je ne pouvais plus ressentir Eugenia comme mon âme sœur. Elle s’était confondue avec la colère et l’allégresse de mes émotions. Mes coups de pieds chahutaient son fauteuil sans réellement endommager le métal. J’étais faible, même au summum de ma transcendance. Je serrais ma prise sur elle sans lui adresser un regard. Ma poitrine se soulevait brutalement, cadenassant le rythme de mes mouvements. Je m’abandonnai aux vagues et aux sons de la mer. Elle avait toujours rêvé de se noyer à mes côtés. Mes doigts craquaient dans le froid. Ma gorge serrée prenait le dessus. Je m’effondrais encore à cause d’elle. Ginny était ma plus grande faiblesse.
Je me relevai en reprenant mon souffle. La brise maritime était cruelle. Elle léchait ma peau suintante avant de m’infliger ses morsures mortelles. Eugenia bougeait à peine contre moi.
« En physiothérapie ? De quoi est-ce que tu parles ?» Brailla-t-elle. « Lâche-moi, Julian. Lâche-moi ! Pourquoi est-ce que tu es revenu ? Pourquoi, hein ? Pourquoi Julian ? » Elle se débattait sauvagement, et pour une raison étrange je fini par ployer. Mes paumes s’ouvrirent et je me libérais du poids de mes injustices. Son corps impuissant coulait sous mes yeux. J’étais incapable de grands gestes héroïques ou d’analyse de risques. Je fixais ses jambes paralysées s’agiter, emportées par la force des vagues ; récréant ainsi l’illusion d’un mouvement volontaire. Mon cœur se serra. Je ne l’entendais presque plus. Eugenia toussait, crachotait l’eau en secouant la tête. Ses orteils se crispèrent brusquement. Mon visage s’ouvrit. Les larmes roulaient le long de mes joues creuses. Je ne voulais plus de ces déceptions. Je ne voulais plus de ce monde et de ces sentiments. Je me penchais afin de la repêcher in extremis.
Je fis volteface en la laissant tomber sur le sable sans ménagement. Je tombais à sa suite, à genoux. Ma main fendit l’air en sa direction. Je soutins sa tête pendant qu’elle reprenait ses esprits. Elle avait mal, je pouvais le voir dans ses yeux - mais peu importait. J’avais mal aussi. Je voulais qu’elle sombre et qu’elle meure avec moi. Je voulais qu’elle se sente aussi misérable que moi. Je déglutis, incapable de prononcer les mots justes et réconfortants.
« Tu mens … » Grinçai-je d’une voix brisée en lui caressant la joue. « Tu bouges maintenant, et tu me laisses à l’écart à nouveau. Je ne suis jamais bon à prendre, n’est-ce pas ? » Je marquai un silence. « Tu mens … » Répétai-je comme un automate. « Mais tu avais raison, Eugenia. Tout ce temps j’étais dans le déni. Je suis revenu à Londres pour te détruire. Il a toujours été question de vengeance. N’est-ce pas ? Et tu m’as laissé faire parce que tu as toujours été idiote. »
Je reniflais en me penchant à sa hauteur. Ma main descendait le long de son cou, avant de toucher son cœur effréné. L’eau gouttait sur son visage et ses vêtements trempés. Je souris d’un air démentiel.
« C’est toi ou moi. » Réalisai-je en la fixant avec intensité. « Je choisis, moi. »
Je me détachais afin de prendre de la hauteur.
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(✰) message posté Ven 28 Nov 2014 - 20:47 par Invité
i drag myself out of nightmares each morning and find there is no relief in waking. better not give in to it. it takes ten times as long to put yourself together as it does to fall apart. ;; are you coming to the tree, wear a necklace of rope, side by side with me? strange things did happen here, no stranger would it be if we met up at midnight in the hanging tree. ✻✻✻ Julian, Julian, Julian. Les battements de mon cœur semblaient résonner dans mes pensées entremêlées. Ils étaient en rythme avec mon esprit troublé, perdu dans la répétition inlassable de son prénom. Julian, Julian, Julian. Je n’avais plus que ce mot dans mon vocabulaire. Je ne parvenais pas à songer à autre chose. Malgré tout, il était encore mon univers. Mon tout. Julian, Julian, Julian. Que faisait-il ici ? Je pensais qu’il m’avait oublié. Qu’il était parti à Paris sans se soucier de moi. Sans chercher à m’assurer qu’il allait bien. Julian, Julian, Julian. Souhaitait-il m’achever ? Ou était-il simplement venu me voir parce qu’il se souciait de moi. ? Cette pensée était amère dans ma bouche, amère sous mes paupières. Julian, Julian, Julian. Chaque battement était une agonie. Chaque pulsation blessait mon esprit confus et recommençait, encore et encore, à me faire souffrir encore plus. Julian, Julian, Julian. Lâche-moi. Lâche-moi et tue-moi. Je n’avais plus de vie. Plus d’existence. Le destin m’avait déjà tout pris. Je n’étais qu’une poupée de porcelaine brisée. J’aurais dû mourir, mourir dans cet accident de voiture. Je n’avais plus d’avenir, plus d’espoirs, plus de désirs. Je n’avais plus de cœur. Julian, Julian, Julian. Dans cette douce agonie, mon cœur battait de plus en plus fort, de plus en plus vite. Il refusait de me laisser partir. Il refusait de me laisser mourir. La réalité me faisait si mal que je songeai, durant l’espace d’un instant, à me perdre dans mon imagination une nouvelle fois pour survivre à la douleur. Mais je n’y parvins pas. Mon cœur s’était bien trop affolé pour que je retourne dans les bras apaisants de l’inconscience ; la présence de Julian m’envahissait d’une manière telle que mon esprit ne parvenait qu’à se focaliser sur lui. Et, la panique m’envahissait. Cette panique que je n’avais pas connue depuis des jours, des semaines, bien trop appliquée à me perdre ailleurs. J’avais été en paix avec moi-même durant toute cette période, après tout. J’avais été absente de mon corps, absente de ma vie. Et, maintenant, je me retrouvais submergée par toutes ces émotions que j’avais cherché à ignorer. J’étais folle. Folle de douleur et de rage, folle de colère et de déceptions. Je ne parvenais pas à trouver une cohérence dans mes pensées. Je ne parvenais pas à me tirer de ma transe, de cet état d’hystérie qui se déversait dans mes veines. Je ne me reconnaissais même plus. Peut-être étais-je devenue folle. Peut-être ma dernière opération m’avait-elle ôté le peu de rationalité qui avait réussi à me maintenir en vie. Lâche-moi. Lâche-moi et tue-moi. Et, étrangement, il le fit. L’eau me submergea et, durant une poignée de secondes, je ne bougeais pas. Le froid de l’eau électrifia ma colonne vertébrale et anesthésia mon esprit. Je me sentais chez moi, quelque part. Dans mon élément. Je me sentais à ma place et le silence de la mer engourdissait mon esprit. J’étais sereine. Lâche-moi et tue-moi. J’avais pensé cela et il l’avait fait. Lâche-moi et tue-moi. L’air commençait à me manquer et je me fis violence pour ne pas respirer. Lâche-moi et tue-moi. Je sombrais. Tue-moi. Mais je ne voulais pas mourir. Pas réellement. Mon corps s’affola, animé par cet instinct de survie qui m’avait maintenu en vie à chacune de mes opérations. Je ne voulais pas mourir. Je battais des bras dans l’espoir de remonter à la surface, contractant tous les muscles de mon corps dans un élan de désespoir. Je ne parvins pas à immobiliser mes poumons ; je sentis l’eau salée brûler mes bronches et envahir mon nez, tandis que je peinais à rester à la surface. Je ne voulais pas mourir et pourtant j’avais l’impression que la vie me filait entre les doigts. Je crachotais avec violence, le cœur battant si fort et si vite qu’il me faisait souffrir. Je ne voulais pas mourir. Pas maintenant. Les bras de Julian finirent par m’attraper. Je toussai si fort que je sentis mon corps tout entier se contracter sous les crispations de mon abdomen pour faire pénétrer de l’air dans mes poumons. Je recrachai toute l’eau que je pouvais avoir avalé. Il me fit tomber dans le sable sans ménagement, et je roulai sur le côté en continuant de m’étouffer. Ma gorge était à vif, mes bronches cherchaient avec désespoir de l’air. Julian me tint la tête et les secousses de mon corps se calmèrent. Je tremblai. Je tremblai si fort. « Tu mens… Tu bouges maintenant, et tu me laisses à l’écart à nouveau. Je ne suis jamais bon à prendre, n’est-ce pas ? » me lança-t-il, ses doigts caressant ma joue. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas ce qu’il me disait. Je me sentais si désorientée. Si perdue. Etait-ce la réalité ? Ou étais-je simplement en train de délirer ? Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas ce qu’il me disait. Je ne bougeais pas. J’étais handicapée. L’avait-il oublié ? Je ne l’avais pas mis à l’écart. Je lui avais envoyé des messages pour le prévenir. L’avait-il oublié ? Je cherchai son regard avec désespoir et, perdue dans mes questions et dans mon incompréhension. Ses yeux me semblaient vides. Si vides. Je ne parvenais pas à le reconnaître. Je ne parvenais pas à le voir. Il n’était qu’une figure de cire qui me semblait étrangère. « Tu mens… Mais tu avais raison, Eugenia. Tout ce temps j’étais dans le déni. Je suis revenu à Londres pour te détruire. Il a toujours été question de vengeance. N’est-ce pas ? Et tu m’as laissé faire parce que tu as toujours été idiote. » J’ouvris la bouche et aucun son ne sortit de ma gorge. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas. Mon esprit semblait se perdre dans tous ses mots et toutes ses affirmations. Mes pensées s’embrouillaient sur ces vérités qu’il m’exposait. Ses doigts descendirent jusqu’à mon cœur et je me mis à trembler à ce contact qui me paraissait bien trop déplacé. Je ne savais pas ce qu’il voulait. Je ne savais pas ce qu’il désirait. Voulait-il me détruire ? Se venger ? Il l’avait dit lui-même. Il avait accepté toutes ces choses dont je l’avais accusé. « C’est toi ou moi. » me déclara-t-il. « Je choisis, moi. » Je choisis, moi. Ses mots résonnèrent dans mon esprit. Je choisis, moi. Mais ce qu’il ne savait pas, c’était que je le choisissais moi aussi. Qui pouvait me choisir, moi, après tout. Je demeurai silencieuse en le regardant se lever. Il me dominait de toute sa hauteur et je me sentais faible, faible, faible, si insignifiante et si pathétique. Je me refusai de pleurer mais mes sanglots restaient coincés au bord de mes lèvres. « Idiote de t’aimer. » murmurai-je d’une voix si faible. Ces simples mots ravivèrent le feu qui habitait ma gorge. Je commençai à énumérer les choses qui me faisaient mal dans mon esprit. Mon dos. Mon cœur. Ma tête. Mes poumons. Ma gorge. Lui. Je fermai les paupières avant de les rouvrir quelques secondes plus tard. « Je ne t’ai pas laissé à l’écart. Je t’ai prévenu. Je t’ai envoyé des messages. Je t’ai proposé de venir à mon match… Je t’ai parlé de mon opération, je t’ai dit quand elle allait avoir lieu, je t’ai tout dit. » lançai-je. « Je t’ai tout dit mais je n’ai jamais eu de réponse. » Ma voix se brisa au fond de ma gorge enflammée. Je n’avais jamais eu de réponse. Comme si je n’avais pas compté. Tu mens. Tu bouges maintenant. Ses paroles résonnaient. Résonnaient encore et encore. Elles résonnaient encore et toujours. « Je ne te mens pas. Je ne te mens pas. » continuai-je, répétant sans fin les mêmes paroles d’une voix tourmentée. « J’ai arrêté de t’envoyer des messages après l’opération. J’ai arrêté parce que j’ai arrêté de vivre. C’est tout. Je ne te mens pas. » Je ne te mens pas. Je ne te mens pas. Je ne lui avais jamais menti et je n’avais pas l’intention de le faire. J’avais seulement arrêté de me dire que cela valait la peine de lui envoyer des messages. Il s’était fiché de tout ce que j’avais bien pu avoir à lui dire, après tout. « L’opération n’a pas marché. Elle n’a pas marché. Elle n’a pas marché. » La réalité faisait si mal. Si mal mais pas suffisamment pour que je veuille réellement en finir. J’étais d’un pathétique. D’un pathétique à pleurer.
“We cannot change our past. We can not change the fact that people act in a certain way. We can not change the inevitable. The only thing we can do is play on the one string we have, and that is our attitude.The whole romance was just act. Wasn't it ? " ✻ Mon regard se perdait au loin. Il y’ avait un océan d’eau salée et de mélancolie entre nous. Il y’ avait tout un monde de tristesse et de regrets qui nous séparait. Une caresse du vent, un chant de mouette, et me revoilà à nouveau ici, face contre terre. Peut-être que le Pays de Gale n’était plus le pays que j’avais connu. Peut-être que je n’étais plus le bienvenue sur cette terre d’indifférence. Mon cœur battait en vain. Depuis que j’avais quitté l’adolescence, plus rien n’était pareil. Je peinais à trouver un juste milieu entre la raison et le sentiment. Ginny était devenu un poids sur ma poitrine, un peu plus lourd chaque jour. J’avais un million de raison de la quitter, et pourtant aucune ne semblait venir à bout de ma dévotion éternelle. J’étais comme un gosse qui refusait de lâcher la main qui l’avait nourri. C’était trop dur d’envisager une vie sans elle et son entêtement délicieux. Un soupir m’échappa tandis que je me raccrochais à ses bras maigrichons. Eugenia était comme morte contre mon torse. J’avais l’impression que si je l’emmenais au bout de l’illusion, toute cette souffrance volerait en éclats. Je clignai des yeux. J’imaginais que si nous pouvions toucher l’eau profonde et sombre, tout ce passé ne serait plus qu’un souvenir lointain - mais je réalisais presque instantanément que … Le pire, c’était que je refusais d’oublier. Je ne veux pas t’oublier, même lorsqu’il le faut. Je ne peux pas … Je n’avais jamais déployé assez d’efforts parce qu’au fond de mon âme meurtri, l’espoir ne se mourrait jamais. Je croulais et je rampais dans une éternité d’injustice et d’injures avant de me redresser à sa recherche. Nous étions les deux moitiés d’une histoire inachevée. Je devais la trouver pour exister.
Et si je voulais changer le court des choses ? Qu’il y’avait-il de mal à devenir le héros d’une autre époque, moins romanesque et plus ténébreuse? Je n’étais plus l’homme d’une femme. J’étais devenu l’outil d’un rêve, le fruit empoisonné d’une ambition. Je fermais délicatement les yeux avant de la lâcher. Ma gorge se noua, prise par un spasme de douleur incroyable. Devais-je me sentir coupable ? J’avais déçu mes promesses de jeunesse et la mémoire d’un orphelin battu. Eugenia avait frôlé mon âme, elle avait adouci mes humeurs et remplacé mes peurs. J’avais arrêté de craindre mon père afin de transposer tous mes ressentiments vers elle. Ma plus grande hantise se concrétisait aujourd’hui. Je l’avais perdu – pour toujours. J'avais peur de toi. Je connaissais ses ratures et ses parfums. J’entendais ses rires et ses sanglots. Elle avait été, durant des années, non pas mon premier amour, mais l’éternelle convoitise de mon esprit. Je la repêchai d’un geste brusque et désespéré. Mon cœur s’était arrêté avec le sien pendant une fraction de secondes.
Je fis quelques enjambées dans le sable avant de la lâcher. Elle marmonna quelques mots mais j’étais transporté par la vision de son corps courbé. Ce n’était plus la même personne, et son incapacité de marcher n’y était pour rien. Ma main trembla au contact de sa joue. Si seulement j’avais pu faire quelque chose pour la sauver de ses démons. Il m’avait fallu décennies pour comprendre que j’étais son pire ennemi. C’était moi – le destructeur. Mes yeux me brûlaient. Mes larmes se confondaient avec l’eau de la mer avant de goutter sur sa poitrine. Je me perdais dans son regard olive captivant. J’aimais tellement son regard olive...
« Je ne t’ai pas laissé à l’écart. Je t’ai prévenu. Je t’ai envoyé des messages. Je t’ai proposé de venir à mon match… Je t’ai parlé de mon opération, je t’ai dit quand elle allait avoir lieu, je t’ai tout dit. Je t’ai tout dit mais je n’ai jamais eu de réponse.» Sa voix se brisait contre ma peau suintante. Je la fixai en fronçant les sourcils.
« Je suppose que les dieux ne sont jamais en notre faveur … » Grognai-je en secouant la tête.« Combien de signes divins faut-il encore pour que tu m’abandonnes ? » Je marquai un silence. « Ah. Tu l’as déjà fait, il y' a un an. » Réalisai-je avec une pointe d’ironie. « Je suppose que c’est à mon tour. Je devrais suivre ton conseil et être heureux loin de tous les fardeaux. C’est bien ça ? Tu es un fardeau ? Tu te qualifies comme ça. » Mon cœur rata un enchaînement, il me semblait que ma tête pesait des tonnes. Je pressai son épaule afin de retenir toute son attention. « Vas-y. Dis-le moi encore. Dis-moi que tu es un fardeau. Peut-être que cette fois j’arriverais à te croire et que je pourrais enfin m’en aller. »
J’étais si fatigué de la voir inerte. Je me penchai avant de m’allonger à quelques centimètres d’elle. Nous étions seuls dans le crépuscule, sans soleil ni lumière. Ce n’était qu’une utopie et pourtant mon estomac papillonnait toujours. Je ne pouvais pas fuir indéfiniment – alors cette fois serait la bonne.
« Je ne te mens pas. Je ne te mens pas. J’ai arrêté de t’envoyer des messages après l’opération. J’ai arrêté parce que j’ai arrêté de vivre. C’est tout. Je ne te mens pas. L’opération n’a pas marché. Elle n’a pas marché. Elle n’a pas marché. » Souffla-t-elle avec exaspération. Je me laissais bercer par le son de ses tourments intérieurs. Ma bouche était sous scellée, incapable de prononcer des mots réconfortants. Je fermai les poings sur une poignée de sable.
« Il te faudra beaucoup plus que des gémissements, Eugenia. Je t’ai vu bouger sous mes yeux. L’opération marche maintenant ! » Je me redressai afin de jeter un coup d’œil à ses pieds. Rien. « Tu as bougé et tu m’as abandonné deux fois de suite. Je veux que tu arrêtes de me surprotéger comme si j’étais toujours ton ami. Il est clair que tout n’était qu’une mascarade. Je t’ai toujours aimé plus que je ne devais – Tu m’as brisé et maintenant il n’y a que de la rancune en moi. »
J’étais sincère pour la première fois depuis notre rencontre. La vérité avait un gout d’amertume mais je me sentais libéré. J'essuyais mon visage d'un revers de la main. Mon expression dédaigneuse creusait encore plus le fossé qui nous séparait.
« Je me soigne maintenant - mais tu es une bombe à retardement. Tant que tu es là ... » Je désignai ma tête, puis après un instant d'hésitation mon coeur. « ... Je ne pourrais jamais vaincre ma colère. »
i drag myself out of nightmares each morning and find there is no relief in waking. better not give in to it. it takes ten times as long to put yourself together as it does to fall apart. ;; are you coming to the tree, wear a necklace of rope, side by side with me? strange things did happen here, no stranger would it be if we met up at midnight in the hanging tree. ✻✻✻ Je m’étais toujours sentie à ma place, dans l’eau. Je m’étais toujours sentie chez moi. J’y avais toujours trouvé un certain réconfort. Je m’étais réfugiée dans les vagues dans les instants les plus tendres de ma jeunesse, trouvant une consolation dans cette nature qui m’avait toujours fasciné. Mais, comme le reste, l’océan semblait se retourner contre moi. Comme le reste, je n’y trouvais plus aucun soulagement et je sombrais, inexorablement, vers le fond. La mort faisait mal. La mort me brûlait les poumons. La mort n’était pas accueillante. Pas plus que le destin. Et mon cœur battait, battait encore et encore, malgré toute l’eau qui gorgeait mes bronches et qui m’entrainait dans les profondeurs. J’avais entendu dire que, dans ces instants où l’on frôlait la mort, notre esprit faisait l’inventaire de nos dernières pensées. Lors de mon accident de voiture, j’avais été plongée dans l’inconscience trop vite pour que cela m’arrive. Et, là, je me rendais compte que tout était faux. Je n’eus aucun souvenir. Je ne ressentis aucune émotion. Je ne me souvins d’aucun moment de mon existence. Je ne me rappelai pas du rire de mon père. Je ne me rappelai pas de mes courses sur la plage avec ma sœur. Je ne me rappelai pas du départ de Julian pour Liverpool. Il n’y eut que le néant. Et puis, il n’y eut plus rien. Je ne m’étais pas attendu à ce que Julian me rattrape. Tout comme je ne m’étais pas attendu à ce qu’il réponde à ma demande et qu’il me lâche. Je recrachai l’eau salée avec désespoir lorsque je retrouvais la surface de l’eau, sentant mon abdomen se contracter avec violence pour inspirer l’air pur de la pénombre. Je fus secouée de violents frissons ; mon corps tout entier criait une détresse que j’avais ressentie sous l’eau, dans les profondeurs de la mer qui m’avaient enveloppé avec leurs vagues. Je m’accrochais à Julian avec un désespoir que je ne parvenais pas à masquer ; il me lâcha sur la Terre ferme sans aucun ménagement, et je continuai de tousser, tousser, encore et encore. Mon esprit était confus à cause du manque d’air, mon corps tremblait de froid. Mon dos me lançait et les paroles de Julian n’avaient aucun sens dans mes oreilles. Il me perdait dans ses résonnements, il me perdait dans ses mots, il me perdait dans ce qu’il sous entendait et ce que je comprenais réellement. Pleurer. J’avais tant envie de pleurer. Disparaître. J’avais tant envie de disparaître. En finir. Partir. « Je suppose que les dieux ne sont jamais en notre faveur… Combien de signes divins faut-il encore quand que tu m’abandonnes ? Ah. Tu l’as déjà fait, il y' a un an. Je suppose que c’est à mon tour. Je devrais suivre ton conseil et être heureux loin de tous les fardeaux. C’est bien ça ? Tu es un fardeau ? Tu te qualifies comme ça. » Je fermai les paupières si fort que j’espérais pouvoir retenir mes larmes de cette manière. Je posais mes mains devant mes yeux pour contenir le peu de fierté qui pouvait me rester. Mais il n’y avait plus rien. J’étais vide. Vide. Vide. Vide. « Vas-y. Dis-le moi encore. Dis-moi que tu es un fardeau. Peut-être que cette fois j’arriverais à te croire et que je pourrais enfin m’en aller. » Je le sentis s’allonger contre moi et je ne répondis rien, la gorge trop serrée pour parvenir à prononcer quoi que ce soit sans laisser échapper un sanglot. Je le trouvais injuste. Si injuste. Il n’était pas journaliste pour rien, après tout. Savoir choisir ses mots était un don qu’il avait toujours eu. Et depuis que nous nous étions retrouvés, il s’acharnait à me faire du mal à travers ses simples paroles. Je ne le reconnaissais plus, non. J’étais un fardeau mais il en était devenu un à son tour dans mon cœur. « Il te faudra beaucoup plus que des gémissements, Eugenia. Je t’ai vu bouger sous mes yeux. L’opération marche maintenant ! » me déclara-t-il et mes mains quittèrent mes paupières. Je l’observai se redresser pour observer mes jambes. Pour constater qu’il disait que des insanités. Comment osait-il me dire des choses pareilles. Il n’avait aucune idée de ce que j’avais traversé. Il ne savait pas. Il ne savait pas parce qu’il n’avait pas été là. C’était de sa faute. Il pouvait me blâmer autant qu’il le désirait mais il avait été celui à m’abandonner la deuxième fois. « Tu as bougé et tu m’as abandonné deux fois de suite. Je veux que tu arrêtes de me surprotéger comme si j’étais toujours ton ami. Il est clair que tout n’était qu’une mascarade. Je t’ai toujours aimé plus que je ne devais – Tu m’as brisé et maintenant il n’y a que de la rancune en moi. » Je l’observai du coin de l’œil, luttant, luttant encore et encore pour ne pas pleurer. Il n’avait pas le droit. Il n’avait pas le droit de revenir pour me faire plus de mal encore que son absence avait pu m’en faire. Il n’avait pas le droit de se comporter de cette manière alors que je m’étais acharnée à m’excuser, encore et encore. Mes paroles n’avaient été que demande de pardon durant des mois. Il n’avait pas le droit. Il n’avait pas le droit. Il n’avait pas le droit. « Je ne t’ai abandonné qu’une fois. Une seule et unique fois. Et le pire dans tout ça est que je t’ai abandonné par amour. » marmonnai-je. Ma voix se brisa à la fin de ma phrase et je dus me faire violence pour continuer. « Mais tu le comprendras jamais ça, hein ? C’est tellement plus facile de faire comme si t’avais été la seule putain de personne à souffrir. J’en ai marre que tu m’accuses d’une chose que j’avais pensé bien faire. J’en ai marre que tu me blâmes pour une chose que tu viens de m’infliger à ton tour. Qu’est-ce que je suis à tes yeux, hein ? Pas une amie. Pas une personne que tu aimes. Parce que le Julian que j’ai connu et qui existe encore au fond de toi n’aurait jamais trainé une personne qu’il aime de cette façon. Je ne suis bonne qu’à être brisée, c’est ça ? Je suis ton jouet et tu te bornes à tenter de me faire du mal plutôt qu’essayer de comprendre ne serait-ce qu’une seule seconde ce qu’il s’est passé dans ma tête ces vingt derniers mois. C’est injuste. Et tu sais le plus injuste dans tout ça ? C’est que je sais que tu vas en avoir rien à faire de ce que je viens de dire et que tu vas continuer. Parce que c’est toujours comme ça. Tu te fous de ce que je ressens et tu continues de me piétiner. » Je pris une profonde inspiration. Je manquais d’air. Je manquais d’assurance. Tout ce qu’il me restait était mes sentiments. Ces sentiments dont je ne voulais même plus. Je me demandais pourquoi il était là. Pourquoi il avait fait le déplacement jusqu’au Pays de Galles pour me dire toutes ces choses alors qu’il aurait simplement pu rester dans l’ombre et disparaître pour de bon. Je fermai les paupières, en proie à une migraine, le corps encore tremblant. « Je me soigne maintenant - mais tu es une bombe à retardement. Tant que tu es là... » commença-t-il. « ... Je ne pourrais jamais vaincre ma colère. » Je fermai les paupières encore plus fort, roulant sur le côté. Ma tête toucha son flanc et je plaquai une nouvelle fois mes mains contre mes yeux. Mes inspirations étaient saccadées. Je sentais mon cœur se briser en mille morceaux. « Arrête, Julian. Arrête. Arrête. Arrête. S’il te plait. Arrête. » S’il te plait, tu me fais du mal. S’il te plait, je ne sais même plus quoi faire. Je me mis à pleurer. A pleurer pour de bon, incapable de retenir mes larmes plus longtemps. Je repensais à notre amitié. Je repensais à mon accident. Je repensais à l’échec de mon opération. Je repensais à toutes ces déceptions que j’avais pu accumuler, et je pleurais, je pleurais parce que cela était la seule chose qui m’était encore donné de faire. Je pleurais, pleurais dans de grands sanglots que je ne cherchais même pas à atténuer. Je ne voulais pas de son réconfort. Je ne voulais pas de sa pitié. Je voulais simplement que tout s’arrête, que tout se termine, que je sois finalement tranquille et déchargée de toutes mes peines. Je ne voulais pas m’excuser non plus, parce que je l’avais déjà assez fait, parce que je ne savais même plus pour quoi j’étais censée le faire. Doucement, je bougeai légèrement pour poser ma tête sur son torse et me recroqueviller contre lui. Mes mains essuyèrent mes larmes qui continuaient de couler. « Ramène-moi chez moi. Ramène-moi chez mon père et tu pourras partir. Tu ne veux plus me voir, d’accord. Je ne voudrais plus te voir non plus. » marmonnai-je. « Mais, un soir, lorsque tu repenseras à notre amitié, je veux que tu te souviennes que j’aurais tout fait pour tenter de recoller les morceaux. Tout fait. Absolument tout jusqu’à ce que tu finisses par me montrer que ça ne valait pas la peine. » Arrête, arrête, arrête. Laisse-moi en paix. Laisse-moi seule. Laisse-moi avec mes désillusions et mes douleurs. Abandonne-moi, parce que jusque-là, cela avait été la seule chose que tu avais réussi à faire correctement. Et je pleurais. Je pleurais parce que je retenais ses larmes depuis bien trop longtemps.
“We cannot change our past. We can not change the fact that people act in a certain way. We can not change the inevitable. The only thing we can do is play on the one string we have, and that is our attitude.The whole romance was just act. Wasn't it ? " ✻ Un instant, les vagues se mourraient dans un fracassement divin, puis un autre, le silence grisant s’emparait des lieux. Dans un champ de ruines et de sables, elle rendait les armes. Je regardais Eugenia batailler pour respirer avec un détachement effrayant. Quelque chose s’était brisée en moi. Comme si je n’étais plus maître de mes gestes, mon corps la rejetait avec violence. Mon désespoir était réconfortant, je me plaisais dans l’obscurité ravageuse et ma solitude meurtrière. Je n’avais plus besoin de parler. Je n’avais plus besoin d’exister. Maintenant que mon pays s’était effondré, et que j’avais perdu la personne que je chérissais le plus au monde, la vie me semblait incroyablement fade. Je n’arrivais pas à trouver la force de l’aimer à nouveau, et j’étais tout bonnement incapable de lui pardonner ses erreurs même lorsque celles-ci semblaient légitimes. Ce n’était pas injuste. C’était ma façon de gérer la douleur qui s’immisçait dans mon cœur. Je troquais les vestiges de mon humanité contre l’indolence et l’arrogance. Je fermais les yeux en me laissant aller à l’allégresse du mensonge. J’avais longtemps cru que je me sentirais toujours chez moi au Pays de Gale – là où, mon cœur s’était un jour éveillé de son maléfice afin de battre à l’unisson avec mon âme indivisible. Mon effroi n’avait rien à voir avec le passé. Subitement, toute ma haine était présente. C’était Ginny. C’était la fille que je n’avais jamais eu. Ma destinée inachevée, quel que soit la saison ou l’époque.
Je sentais le sable se coller contre mon dos afin de titiller ma conscience ; mais c’était sans issue. Je ne ressentais plus rien. Eugenia était meurtrie. Elle se tordait de douleur, mais je ne pouvais rien pour elle. Je m’accrochais aux dernières lueurs qui s’échappaient de la voussure du ciel afin de m’en sortir – mais dans mes efforts acharnés pour survivre, je finissais par lâcher prise sur le cœur que je tenais entre les mains. S’il te plait. Vas-t-en … Eugenia me fit face avec rage. Je voyais le phénix revenir à la vie dans ses yeux. Je la vois renaître de ses cendres et clamer la vie qui lui appartenait. Un sourire terne se traça sur mon visage placide– C’était le prix à payer pour qu’elle se relève : Moi.
« Je ne t’ai abandonné qu’une fois. Une seule et unique fois. Et le pire dans tout ça est que je t’ai abandonné par amour. Mais tu le comprendras jamais ça, hein ? C’est tellement plus facile de faire comme si t’avais été la seule putain de personne à souffrir. J’en ai marre que tu m’accuses d’une chose que j’avais pensé bien faire. J’en ai marre que tu me blâmes pour une chose que tu viens de m’infliger à ton tour. Qu’est-ce que je suis à tes yeux, hein ? Pas une amie. Pas une personne que tu aimes. Parce que le Julian que j’ai connu et qui existe encore au fond de toi n’aurait jamais trainé une personne qu’il aime de cette façon. Je ne suis bonne qu’à être brisée, c’est ça ? Je suis ton jouet et tu te bornes à tenter de me faire du mal plutôt qu’essayer de comprendre ne serait-ce qu’une seule seconde ce qu’il s’est passé dans ma tête ces vingt derniers mois. C’est injuste. Et tu sais le plus injuste dans tout ça ? C’est que je sais que tu vas en avoir rien à faire de ce que je viens de dire et que tu vas continuer. Parce que c’est toujours comme ça. Tu te fous de ce que je ressens et tu continues de me piétiner.»
Je me sentais enfin libre. Je pouvais gambader dans les landes verdoyantes de mon enfance, et escalader les sommets enneigés des Highlandes sans me retourner. Mes souvenirs n’étaient que des ombres fluctuantes que je pouvais manier à ma guise. Dans une réalité alternative, il n’y avait plus de Julian Fitzgerald. Je ne voulais pas effacer Ginny ou sa candeur attachante – bien au contraire. Je voulais rayer toutes les peines que j’avais bien pu lui causer et disparaitre dans le ciel, parce que nous étions comme deux étoiles contraires, à jamais condamnées à errer.
« Je suis content que tu ouvres enfin les yeux sur moi … » Soufflai-je avec désinvolture. « Il t’en a fallu du temps pour réaliser. Finalement, tu n’es pas aussi naïve et idiote. » Mes yeux humides se fixèrent sur l’horizon. Je plaquai mes mains contre ma tête avant de grogner de douleur. J’avais tellement mal qu’il me semblait que je tombais en lambeaux; mon âme avait cédé la première puis mon cœur l’avait suivi dans sa décadence.
Eugenia se mit à gigoter à ma droite.« Arrête, Julian. Arrête. Arrête. Arrête. S’il te plait. Arrête. » Supplia-t-elle en roulant en ma direction. Son visage toucha mon flanc puis elle se dressa contre mon torse glacé. Je tremblais comme une feuille sans oser la retenir. Je serrai ma prise sur les sables froids de la plage, jusqu’à en irriter ma peau. Elle éclata en sanglots tandis que je me raccrochais à la réalité. Je fis un mouvement de recul, avant de lui tourner le dos. Je n’avais jamais supporté de la voir pleurer. Et aujourd’hui encore, malgré toute mon aversion mal placée, et mon injustice cuisante, je ne parvenais pas à me délecter de sa souffrance. « Ramène-moi chez moi. Ramène-moi chez mon père et tu pourras partir. Tu ne veux plus me voir, d’accord. Je ne voudrais plus te voir non plus. Mais, un soir, lorsque tu repenseras à notre amitié, je veux que tu te souviennes que j’aurais tout fait pour tenter de recoller les morceaux. Tout fait. Absolument tout jusqu’à ce que tu finisses par me montrer que ça ne valait pas la peine. » Demanda-t-elle d’une voix noyée de pleurs.
Je me relevai avec douceur. Mes gestes étaient presque mécaniques. Je me dirigeais vers mon tas de vêtements afin de me glisser dans le tissu de ma chemise en coton. Je pris mon portefeuille de ma veste avant de la poser sur Eugenia.
« Je ne compte pas repenser à notre amitié … » Cinglai-je contre le vent. « Je ne peux plus rien pour toi, Eugenia. Tu es brisée. Je le suis juste un peu moins, mais ça ne signifie rien du tout. Je t’aime tellement qu’il me semble te détester – tout - le - temps ! » Articulai-je.
J’enfilai mon pantalon d’un geste frénétique. J’étais étranger parmi les miens. Ma gorge se serra alors que je me penchai pour lui embrasser la joue.
« Je dois te laisser. » Je lui lançai un dernier regard. « Et bien sûr, si j’ai traversé le Royaume-Uni, ce n’était que pour piquer une tête avec toi ... Tu n’as jamais rien voulu entendre de toute façon. Les choses ne sont réelles que lorsqu’elles sortent de ta bouche. Pour toi, mes pensées, mes grandes gestes, mes confessions, ne sont que des mensonges que je te miroite. Tu avais tort sur toute la ligne et tu ne le supporte pas. Alors tu remets en question ma sincérité. » Je soupirai. « Blâme moi autant que tu le voudras. C’est le moment où tu m’as laissé partir parce que tu n’as pas pu me courir après. Et tu le pourras jamais. »
Une larme silencieuse roula le long de ma joue. Je fis volteface vers la petite maison devant la colline. Après quelques mètres, et un million de supplices, je cognai contre la porte avec acharnement.
« Mr Lancaster, votre fille est presque inconsciente sur le sable. Il faudrait penser à aller la chercher. » Soufflai-je avec insolence. « Et aussi, dites-lui qu’il ne faut jamais me pardonner. » Je déglutis avant de lui donner un de poing. « Voilà, je pense que ça fera l’affaire … »
Je me retournai en direction de la route de goudron, le laissant à terre lui aussi .