"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici each night we fell deeper without control, into this strange space called love. / julian 2979874845 each night we fell deeper without control, into this strange space called love. / julian 1973890357
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each night we fell deeper without control, into this strange space called love. / julian

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() message posté Sam 11 Juil 2015 - 21:39 par Invité

Julian & eugenia — he had more of me then i had of myself. we were both wild birds chasing the stars. we’d lose our way and find new places, close our eyes and fall back towards a constellation of dreams. we wrapped ourselves in a blanket of passion and each night we fell deeper without control, into this strange space called love. ✻ ✻ ✻   « Vous avez fait votre choix ? » Je redescendis sur Terre, pour finalement relever la tête vers la serveuse et doucement hocher la tête. Mon doigt se posa sur le menu de The Wren Coffee pour désigner avec précision ce que je désirais commander, et je me raclai la gorge, presque mal à l’aise de me retrouver dans un endroit si grand toute seule. Comme si j’étais trop insignifiante pour me retrouver ici. Comme si je n’étais pas assez bien pour avoir ma place entre ces murs. « Je vais prendre un chocolat chaud avec supplément cannelle et chantilly. »  Un pli barrait mon front, comme s’il s’agissait d’un choix crucial, comme si cela avait bien plus d’enjeu que le plaisir de mon estomac. Faisant échos à mes pensées, celui-ci gronda, et je sentis mes joues s’empourprer à cause de la gêne.  « Une pâtisserie avec ceci ? » Son comportement était animé d’un automatisme affligeant mais personne ne pouvait lui reprocher cela. Elle faisait simplement son travail. Elle répétait seulement sans cesse, encore et encore, les mêmes phrases, du matin au soir. J’hochai doucement la tête. « Une part de cheesecake au chocolat noir et à la framboise, s’il vous plait, » répondis-je d’une petite voix. La serveuse acquiesça en notant ma commande dans son calepin avant de récupérer le menu et repartir, se hâtant pour aller prendre une autre commande.
Mon regard se posa sur les murs de l’église dans laquelle s’était établi ce café ; je détaillai chaque brique, chaque recoin, attentive à chaque détail. Julian m’avait prévenu de son retard, m’autorisant à commander en l’attendant, me laissant seule dans cette immensité presque oppressante. Je jouai avec les lanières de mon sac à main, posé sur mes genoux, jetant de temps en temps un coup d’oeil à mon téléphone portable pour m’assurer que je ne ratais pas de message de sa part. Je me sentais presque incomplète sans sa présence, comme s’il me manquait alors que je ne l’avais quitté que quelques heures auparavant ; son absence me marquait au fer rouge, encrait ma peau, se déversait dans mes veines comme du verre brisé. J’avais l’impression que, désormais, nous n’étions plus deux mais une seule et même âme ; nous évoluions dans la même dimension, nous suivions le même chemin, nous fusionnions nos vies après avoir passé des semaines et des mois à nous déchirer. J’esquissai un vague sourire avant de relever les yeux vers la serveuse qui revenait avec ma commande, déposant ma large tasse de chocolat chaud et l’assiette contenant ma part de cheesecake devant moi.
Je remuai doucement la cuillère dans le chocolat onctueux pour finalement plonger mon doigt dans la chantilly et le porter à ma bouche. J’étais en train de me demander si j’attendais l’arrivée de Julian pour entamer mon gâteau quand je sentis quelqu’un s’arrêter devant moi. Je relevai la tête vers lui, mon coeur ratant un battement sous la surprise. « Eugenia ? Eugenia Lancaster ? »  Je fronçai les sourcils en l’entendant prononcer mon prénom, ne parvenant pas, pendant une fraction de secondes, à mettre un nom sur ses traits. Puis, finalement cela me revint. Puis, finalement, je fus projetée plusieurs années en arrière quand j’étais encore lycée. Quand j’étais encore jeune. Jeune et innocente. « Matthew ! »  m’exclamai-je. Il m’adressa un sourire rayonnant, me confirmant que je ne m’étais pas trompée. Je pus voir ses yeux s’attarder sur mon fauteuil avant qu’il ne se reprenne et recroiser mon regard. Les années avaient passé et il semblait bien loin de l’adolescent boutonneux que j’avais connu plus jeune ; je ne savais pas si l’on pouvait qualifier cela de miracle de la puberté ou bien de coup de chance du destin. « Ca fait plusieurs minutes que je t’ai vu et que me disais, mince alors, elle ressemble à Eugenia Lancaster ! Je ne m’attendais pas à te trouver aussi loin de Cardiff ! » Il avait beau avoir la décence de ne pas évoquer mon fauteuil roulant, je pouvais sentir sa curiosité presque morbide dans la voix. Néanmoins, je gardais un sourire aux lèvres, me rappelant qu’il avait été l’un des seuls, si l’on ne comptait pas Julian, à ponctuer mon quotidien morne quand j’étais encore au lycée. « Ca fait un moment que je suis dans le coin, pourtant, » répondis-je avec un entrain feint. Je me souvenais de ses lunettes, je me souvenais de ses t-shirts qu’il rentrait dans le pantalon, je me souvenais de son appareil dentaire et de son air perdu. Ce temps-là semblait bien derrière lui ; il paraissait bien plus confiant, bien plus mature, ses traits s’étaient affinés et il avait sans doute pris sa forme physique au sérieux. « Sans doute, mais ça faisait un moment que plus personne n’avait de nouvelle de toi, »  reprit-il. « Même sur le net, plus rien ! »  J’esquissai un sourire avant d’hausser les épaules, continuant de distraitement remuer mon chocolat chaud. « Je suis allée à la bonne école. Quand je ne veux pas être retrouvée, je ne suis pas retrouvée. »  Matthew éclata de rire comme si mes paroles étaient absolument hilarantes, comme s’il n’avait jamais rien entendu d’aussi drôle. Enfin, il finit par désigner une des deux chaises se trouvant à ma table. « Ah, ce bon vieux club informatique… Je peux m’asseoir ? »  me demanda-t-il, et j’acquiesçai. Il ne se fit pas attendre pour aller récupérer sa propre tasse de café à sa table. « Super, on va pouvoir discuter avant que je ne retourne travailler… Tu attendais quelqu’un ? »  Instinctivement, je jetai un coup d’oeil à mon écran de téléphone, ne voyant absolument aucun message de la part de Julian. Je ne savais pas où il était, ni même combien de temps il lui fallait encore pour arriver. Alors, je finis par hausser les épaules en relevant la tête vers Matthew. « J’attends Julian, tu sais c’était… Et il est en train de passer la porte. »  Je levai la main pour lui adresser un signe. Je ne sus pas très bien ce que je vis dans le regard de Matthew. De la déception ou de l’embarras. De l’incompréhension ou de la surprise. Mais, à vrai dire, je m’en fichais pas mal ; je ne parvenais pas à détacher mon regard de Julian et le monde entier autour de moi n’avait absolument plus aucune importance.
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() message posté Dim 26 Juil 2015 - 1:55 par Invité

“And I got out of there without punching anyone, kicking anyone, or breaking down in tears. Some days the small victories are all you achieve.”    Mes doigts se fermèrent sur le stylo à bile que je tenais dans la main. Je levai les yeux au ciel avant de pousser un long soupir. Ces conneries de démarches administratives avaient complètement bouffé ma matinée. Je secouai mes jambes engourdies avant de jeter un rapide coup d’œil à mon téléphone. Aucun message d'alerte. Je n'étais pas trop en retard. Je fis la moue avant de me pencher vers la secrétaire. Levant le bras au ciel, je déposai les documents à certifier conforme et ma carte d'identité sur le bureau. Mon regard se posa sur son visage et je souris d'un air charmeur. D'abord parce qu'il fallait que je me sorte de cette interminable attente, et ensuite parce qu'elle m'avait fait un signe de la main lorsque j'étais entré dans la pièce. «  Bonjour, vous. » Déclarai-je d'une voix mielleuse avant de me redresser avec nonchalance. Mon expression était désinvolte, mais j'avais assez d'esprit pour la regarder avec intensité, pour lui faire croire qu'elle était le centre de mes pensées. «  J'ai un rendez-vous très important à l'autre bout de la ville. Vous pouvez gardez mon dossier quand il sera prêt. Je reviens le chercher dans quelques heures. » Ses joues s’empourprèrent. Elle hocha brièvement la tête alors que je dévoilais l'éclat scintillant de mes crocs acérés. « Julian Fitzgerald. Vous avez mon numéro de sécurité social et mon adresse juste là. On se connaît non ? » Déclarai-je en me mordant la lèvre inférieure. Phrase de pecno. Torse bombé. Cheveux en brousaille. C'était la combinaison parfaite. Elle rit à ma remarque. Bien sûr qu'on se connaissait pas. Ce n'était qu'une approche basique que j'avais relevé dans le manuel du connard signé Walt Fowler. La jeune demoiselle se tortilla sur son siège. « Non. Mais on s'est peut-être croisé dans le voisinage. J'habite aussi Shoreditch. » J'en doutais. Je ne me souvenais pas de son visage en tout cas. J’acquiesçai vaguement, toujours hanté par les cadrans de l'horloge murale. « Je pense que vous avez écrit un livre aussi. Je l'ai pas encore fini mais j'ai assisté à votre première lecture en librairie. » Tout à coup, elle attisa ma curiosité. Ma mâchoire s'étira et je devins subitement plus réceptif à ses paroles. Je ne la considérais plus comme une secrétaire, mais comme une admiratrice de mon travail. Je posai mes coudes sur les rebords de son boxe. « On en reparlera plus en détails à mon retour … Susan Miller ... » Déclarai-je en déchiffrant les lettres inscrites sur son badge. Je fis volte face en la gratifiant d'un énième sourire. Puis je me faufilai dans le couloir menant à la sortie. L'air frais fouettait mon visage alors que je me dirigeais vers le parking. Quelle idée de donner rendez-vous à Ginny au centre-ville alors que je devais sillonner l'East London pour des raisons de circonscriptions débiles. Je m'élançai dans le trafic en actionnant la commande Bluetooth reliée à mon téléphone. La tonalité raisonnait dans le vide et je craignais l'avoir trop fait attendre. Je pestai intérieurement contre le temps, le destin, les administrations, les fonctionnaires et l'humanité en général avant de prendre un raccourci.

Le Wren coffee se trouvait à quelques rues. J'y étais presque. Je sentais mes genoux vibrer sous la pression de mes mouvements rapides, pressés et désordonnés. Mon cœur s’essoufflait dans ma poitrine, incapable de soutenir la distance qui me séparait d'Eugenia. Je serrais les poings en passant la porte où une petite cloche annonça mon entrée fracassante dans l'établissement. Je souris avec douceur en apercevant la silhouette fluette de la jeune brune. Je me glissai allègrement vers sa table sans remarquer la présence de Matt à ses côtés. Pas de toute de suite. Son profil saillant, sa stature vaniteuse, sa chevelure en boucle et son air suffisant … Je ne l'aurais pas reconnu de toute façon. Je me raclai la gorge, comme pour marquer mon territoire, comme pour montrer que je pouvais rugir plus fort – que j'étais le roi ici. La jalousie s'infiltrait peu à peu sous ma peau alors que je reconnaissais ses traits cachés derrière une masse musculaire et attitude fière qui lui étaient étrangères. Je le fixais longuement, perdu dans mes souvenirs, incapable de me détacher de notre ancienne flamme pour la même fille.  « Ginny. » Murmurai-je sur la défensive avant de me pencher vers sa joue. Je l'embrassai furtivement, laissant à peine mes lèvres frôler ses pommettes rosées. Puis je m'installai à ses côtés. Je joignis mes mains sur la table.  «  Tu ne me présentes pas ?  » M'enquis-je en riant jaune.  «  Ça alors vous ressemblez trop à un gars … Tu sais Ginny le … Nerd là … Celui de ton club pour intello … Ma-Marty … Mads ... Matthew … Un truc comme ça …   » Sifflai-je en plongeant sa petite cuillère dans la tasse de chocolat chaud. Je remuais la mousse avant de boire une gorgée, montrant ainsi à notre visiteur à quel point nous étions intimes dans notre relation. « Très drôle Julian. Je vois que tu n'as pas changé. Tu es devenu comique depuis le lycée ? »  Je fronçai les sourcils en entendant le son de sa voix. Il avait gardé la même résonance, ce même timbre désagréable qui me hérissait les poils. Je ne m'étais jamais attaqué à lui physiquement, mais il y avait toujours une certaine tension dans nos regards. Lui, dévorant ma meilleure amie des yeux et moi, faisant barrage à toutes ses tentatives. Je m'étais incrusté dans leurs sorties extra-scolaires quelques fois, pas trop longtemps, le temps de convaincre Eugenia de me suivre sur la plage ou de lui faire découvrir l'une de mes nouvelles lubies littéraires. Je lui souris avec arrogance. « Non, je suis chasseur de vampire. » Je déposai la tasse avant de faire signe à la serveuse. «  Je prendrais la même chose que ma copine. Merci.  » Lui signifiai-je avant de me retourner vers Matt. Je ne qualifiais jamais Ginny de cette façon. J'utilisais son surnom, parfois son prénom complet et très rarement son nom de famille. C'était puérile de ma part. Mais je me pavanais comme un coq de basse-court, aspirant à lui montrer les limites entre ses rêves et ma réalité. Un silence gênant s'installa entre nous. Je croisai les bras.  « Vous disiez quoi sinon ? Ne me dis pas que tu lui a encore parlé d'un programme de codage inédit ou d'un logiciel qui permet de coller la tête de Lady gaga sur une citrouille. » Je pinçai les lèvres, l'air de ne pas y toucher. Ginny allait certainement me gronder ou me pincer la cuisse. Mais qu'à cela ne tienne. Je n'étais plus maître de moi-même.
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() message posté Dim 26 Juil 2015 - 20:42 par Invité

Julian & eugenia — he had more of me then i had of myself. we were both wild birds chasing the stars. we’d lose our way and find new places, close our eyes and fall back towards a constellation of dreams. we wrapped ourselves in a blanket of passion and each night we fell deeper without control, into this strange space called love. ✻ ✻ ✻  J’avais passé la majorité de mon temps, au lycée, en la compagnie de Julian. Les rares fois où nous avions été séparés avaient été contraintes par nos emplois du temps respectifs ou nos clubs extra-scolaires. Je n’avais jamais pu rejoindre l’équipe de littérature. Pas avec mon niveau. Pas avec cet esprit abandonné de toute spiritualité dont mes parents m’avaient dotée. Les confrontations des mots m’avaient paru inaccessible. Les débats philosophiques avaient été hors de ma portée. J’avais toujours été quelqu’un de trop terre-à-terre pour accepter les vagabondages de l’esprit. J’avais toujours attaché trop d’importance à la justice et aux faits réels pour me perdre dans les méandres des pensées, pour me perdre dans les tourbillons de lignes s’étalant sous mes yeux. Alors, au lieu de me ridiculiser en suivant Julian à toutes les rencontres qu’ils avaient eues entre littéraires et apprentis philosophes, j’avais rejoint le club d’informatique. J’avais été la seule fille parmi une poignée de garçons étranges, décalés avec la réalité. De tous les élèves scolarisés dans notre lycée, nous avions été seulement huit à rejoindre les rangs de cette équipe souvent délaissée, souvent montré du doigt, souvent objet de moqueries perpétuelles. Nous nous étions soutenus dans nos différences et ils avaient été tous très gentils avec moi mais je n’avais jamais ressenti un quelconque attachement envers eux. Ils avaient été des figurants dans mon existence. Des étrangers que je côtoyais deux fois par semaine et qui me ressemblaient dans mon anormalité.
Mais ils n’avaient jamais été à la cheville de Julian. Ils n’avaient jamais pu rivaliser avec mon meilleur ami que je retrouvai dès que j’en avais l’occasion. J’avais tout donné dans ce club d’informatique mais il n’avait pas fait le poids face à mes sentiments.
J’avais oublié Matthew et les autres. J’avais rangé mes souvenirs dans un coin de mon esprit, j’avais abandonné toutes les inventions que nous avions eu et toutes les discussions qui nous avaient enflammé à propos d’un tout nouveau logiciel. En leur compagnie, j’avais eu l’impression de compter, j’avais eu l’impression de pouvoir être acceptée, mais appartenir au même cercle qu’eux m’avait également valu d’être bien plus rejetée qu’avant cela. Alors, oui. J’avais tout rangé dans mon esprit. J’avais tout classé pour ne garder que des souvenirs de Julian et moi. Des souvenirs de nous.
Comme si le reste n’avait pas d’importance. Et je savais que c’était le cas, même si j’étais trop douce pour l’avouer à voix haute.
Julian se pencha vers moi pour déposer un baiser presque timide sur ma pommette et je fronçai les sourcils, guère habituée. Il prononça vaguement mon surnom et je me rendis compte que toute son attention était portée sur Matthew qu’il observait presque avec méfiance. « Tu ne me présentes pas ? » me demanda-t-il et son ton m’interpella. Je n’eus pas le temps de répondre, non. Il fut parcouru d’un rire sans amusement ni joie, avant qu’il ne reporte son regard glacial sur mon ancien camarade du club d’informatique. « Ça alors vous ressemblez trop à un gars… Tu sais Ginny le… Nerd là… Celui de ton club pour intello… Ma-Marty… Mads... Matthew… Un truc comme ça… » Son ton était grinçant, faussement surjoué, alors qu’il s’amusait à remuer mon chocolat chaud avec la petite cuillère. Il porta la tasse à ses lèvres et je lui donnai un petit coup dans le bras quand il la reposa. « Commande-toi ta propre tasse, »  lui lançai-je, à moitié amusée, à moitié agacée. En temps normal, je lui aurais fait la même remarque, oui, avec un grand sourire sur les lèvres, le ton plein d’entrain, le rire pas très loin. Mais, là, j’étais déroutée. Déroutée par son comportement. Si déroutée que je ne parvenais même pas à agir correctement. « Très drôle Julian. Je vois que tu n'as pas changé. Tu es devenu comique depuis le lycée ? » Je tournai la tête vers Matthew, reconnaissant très mal cette expression sur son visage. Il avait gagné en assurance depuis la dernière fois que nous avions bien pu nous croiser. Il semblait plus à l’aise, moins effacé, comme si le temps lui avait finalement appris à se comporter correctement en société. Et je n’aimais pas la façon dont il observait Julian. « Non, je suis chasseur de vampire, » répliqua ce dernier, faisant un signe à la serveuse pour passer sa propre commande. « Je prendrais la même chose que ma copine. Merci. » Je fronçai les sourcils. Ma copine. Jamais je n’avais entendu ce mot dans sa bouche. Jamais je ne l’avais entendu le prononcer. J’avais toujours été Ginny. Eugenia, à la limite, quand il adoptait un ton sérieux. Jamais ma copine parce que cela semblait presque être une évidence.
Je n’étais pas très douée, pour ça. Je vivais dans un monde différent, trop innocent, sans doute. Mais l’évidence ne m’échappait pas. Il était jaloux. Jaloux de Matthew qui avait commis la faute de s’asseoir à la même table que moi. « Vous disiez quoi sinon ? Ne me dis pas que tu lui a encore parlé d'un programme de codage inédit ou d'un logiciel qui permet de coller la tête de Lady Gaga sur une citrouille. » Son ton était désobligeant, comme s’il se moquait de ce que nous avions bien pu faire au cours de nos heures perdues au lycée, comme s’il était comme tous les autres, ces autres qui nous avaient montré du doigt durant toute notre scolarité. Je me mordis l’intérieur de la joue avant de finalement prendre une profonde inspiration. « On vient juste de se croiser, en réalité, »  répondis-je avec un sourire. « Matthew était en train de dire à quel point le lycée pouvait paraître loin, maintenant, n’est-ce pas, Matthew ? »  Je tournai la tête vers lui comme pour qu’il enchaine sur mes paroles, comme pour l’inciter à continuer dans cette voie. Je voulais prouver à Julian qu’il était irrationnel. Qu’il n’avait absolument aucune raison d’être jaloux. « Si loin qu’ils ont déjà fait une réunion des anciens élèves. Vous n’y étiez pas, d’ailleurs, c’est ça ? C’est dommage, Ginny, Sean est venu avec un logiciel qu’il a dégoté je-ne-sais-où pour désactiver les pare-feux à distance, une vraie petite merveille… Mais, bien entendu, ce sont le genre de choses que les personnes qui croient que l’on ne faisait que s’amuser à coller la tête de Lady Gaga sur une citrouille ne peuvent pas comprendre. »  Mes yeux s’écarquillèrent quand Matthew fit son sous-entendu à peine voiler. En cet instant même, la serveuse vint apporter la commande de Julian, déposant la tasse et l’assiette contenant le cheesecake juste devant lui. Avec excessivement d’entrain, je posai ma main sur sa cuisse, attrapant avec mes doigts libres son chocolat chaud pour y tremper mes lèvres. « Tu me dois une gorgée, Jules, » lui dis-je avec innocence, battant plusieurs fois des cils pour lui demander de ne rien faire. De ne pas réagir. « Tu sais quoi, Matthew, tout ça est un peu derrière moi. Je viens de décrocher mon LLB en droit. »  Je lui adressai un sourire, espérant au fond de moi qu’ils cesseraient leurs jeux d’enfants. Leurs jeux d’adolescents.
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() message posté Ven 7 Aoû 2015 - 18:18 par Invité

“And I got out of there without punching anyone, kicking anyone, or breaking down in tears. Some days the small victories are all you achieve.”   Je regardais la tasse de chocolat avec intensité. Je m'évadais au gré de ses vapeurs fumantes et des vagues qui secouaient la surface tranquille du liquide. Je venais d'un monde différent, peut-être de contrées situées au delà des mers et de l'humanité. Je soupirai. Ici, l'intrus c'était moi. Matt était indéniablement poli. Eugenia était douce et gentille. Mais je ne pouvais pas faire l'effort de sourire avec amabilité à un rival. Je crispai mes poings sur mes cuisses. Il émanait de ma personnalité une certaine étrangeté, quelque chose qui me paraissait inquiétant, hostile et que je ne parvenais pas à expliquer. Mes pensées étaient figées dans une attente interminable. Et c'était ce qui me rendait fragile en cet instant : mon incapacité à réfléchir avec lucidité. Il s'agissait des variations de mon esprit, de mes mauvais souvenirs. Je mis mes mains dans mes poches en tendant les jambes sous la table. Mon visage prit une expression lointaine. J'avais abandonné toute tentative de sociabilisation au lycée à la minute où j'avais rencontré Ginny. Bien sûr, j'étais un paria. Mes vêtements usés, mon accent panaché, mes chaussettes dépareillées et mon allure négligée faisaient de moi un rejeté de la société, mais je me démarquais toujours par ma désinvolture et mon répondant. Je ne me laissais pas faire contrairement à ma meilleure amie. En réalité, je me taisais uniquement pour la suivre dans son antre silencieux. Pour m'enfermer dans son univers et briller sous les reflets de sa lumière. Je crispai la mâchoire en repensant aux remarques déplacées des autres élèves à notre sujet, aux rumeurs sur les violences de sa mère et la disparition de la mienne. Ma gorge se serra. J'avais passé des heures à l'attendre à la sortie de son club d'informatique, à guetter ses pauses et ses horaires tardifs avec son groupe d'intello. Et lorsqu'elle venait à ma rencontre, lorsqu'elle détachait son chignon et qu'elle rajustait ses lunettes sur son nez, le monde s'arrêtait de tourner. Je me souvenais d'une fois où j'avais eu l'occasion de l'observer durant toute une soirée. C'était lors d'un concert local. Elle était assise juste à côté de moi, les yeux rivés sur la scène. Elle écoutait les mélodies médiévales qui se versaient dans la pièce tandis que je n'avais aucune idée de l'espace où l'on se trouvait. Mon cœur battait à contre-sens, emporté par une sensation de frénésie, de douleur et de manque atroce. Je demeurais abîmé dans mes sentiments, ne percevant ni la musique ni la présence du public autour de moi. Je l'aimais depuis si longtemps qu'il me semblait presque injuste de devoir partager son attention avec Matt. Je connaissais ses réelles intentions. Je remarquais son regard qui s'attardait sur sa bouche, sur les jointures de sa mâchoire où sur l'éclat de son regard innocent. Je connaissais toutes ses pensées. J'étais lui et Eugenia ne se rendait même pas compte de son béguin pour elle. Je me redressai avec lenteur. Je repoussai la tasse, alors qu'elle me répondait nerveusement. Je me doutais que mon attitude était trop crispée mais je ne pouvais plus agir autrement. « Commande-toi ta propre tasse, »  J’acquiesçai de la tête en m'exécutant sans un mot. Sa présence comme la mienne nous rassurait mutuellement. Parce que nous étions amis avant d'être amoureux. Parce que nous étions un avant d'être deux. Je la regardai pendant un bref moment. Pouvait-elle percevoir l'étendue de mes troubles ? De mon malaise ? Je me sentais sec à l'intérieur. J'avais pleuré pour elle pendant une éternité, et maintenant il ne restait plus qu'un vide béant au fond de mon âme. « On vient juste de se croiser, en réalité. Matthew était en train de dire à quel point le lycée pouvait paraître loin, maintenant, n’est-ce pas, Matthew ?»  Elle me sourit mais toute mon attention était dirigée vers lui. Je guettais la moindre remarque, le moindre faux pas. Mon sang boulonnait dans mon système tandis que la colère s'épandait dans mes muscles fiévreux. Je voulais me lever et cogner sa tête contre le mur. Et je le ferais probablement s'il ne quittait pas les lieux avant d'avoir réveillé mon courroux. « Si loin qu’ils ont déjà fait une réunion des anciens élèves. Vous n’y étiez pas, d’ailleurs, c’est ça ? C’est dommage, Ginny, Sean est venu avec un logiciel qu’il a dégoté je-ne-sais-où pour désactiver les pare-feux à distance, une vraie petite merveille… Mais, bien entendu, ce sont le genre de choses que les personnes qui croient que l’on ne faisait que s’amuser à coller la tête de Lady Gaga sur une citrouille ne peuvent pas comprendre. »  J'étais pris de panique dès qu'il ouvrait la bouche. Mon penchant pour la folie remontait indubitablement à mon enfance, aux maltraitances de mon père. Je fronçai les sourcils en me penchant vers la table, prêt à attaquer à mon tour. C'est ce moment là que choisi la serveuse pour ramener ma commande. Un chocolat chaud et une part de gâteau, un cheesecake ou une mousse, je n'y prêtais pas réellement attention. Ginny posa sa main sur ma cuisse. Elle pressa ses doigts contre mon jeans en sirotant ma boisson. « Tu me dois une gorgée, Jules, »  Elle désirait que je calme mes ardeurs, que je concentre mon énergie sur autre chose. Je me mordis l'intérieur de la joue en prenant une profonde inspiration. Je m'éloignai légèrement avant de lui sourire au coin. Je choisissais de lui accorder ce vœu. De ne pas réagir. «Tu sais quoi, Matthew, tout ça est un peu derrière moi. Je viens de décrocher mon LLB en droit.»  Je me raclai la gorge en roulant des yeux. Matt se raidit sur son siège. Ses doigts s'accrochaient fébrilement à son gobelet alors qu'il hochait la tête, apparemment ravi d'entendre une aussi bonne nouvelle. Sa sollicitude était presque aussi dérangeante que son arrogance. Il fallait que je stoppe dans son élan. « Alors que deviens-tu ? » M'enquis-je avec sévérité. «  Laisse-moi deviner, tu travailles dans une grande multinationale ? Tu gères l'argent des autres ?  » J'enfonçai ma petite cuillère dans ma pâtisserie en haussant les épaules. « Je suis chef de projet chez Microsoft. » Siffla-t-il avec froideur. « Et toi ? Tu es expert des finances pour un journal capitaliste après avoir clamé haut et fort que tu étais un libéral ?  »   Je le défiais du regard. Il trichait. Il avait fait des recherches sur moi. Il connaissait déjà mon orientation, alors que sa carrière n'était qu'un trou noir à mes yeux. Je ne m'étais jamais intéressé à lui jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à ce que je découvre les zones d'ombre qui tapissaient les détails de son expression mauvaise. Matt n'était plus un fantôme du passé. Il se matérialisait enfin devant moi. Il devenait un prédateur, un arriviste sans scrupule, exactement tel que je l'étais. « Tu devrais boire ton café au lieu de dire des bêtises. Je n'ai jamais clamé être un libéral. A l'époque du lycée, j'ai clamé que j'étais mieux que toi. Ne mélangeons pas les choses.  » Je pinçai les lèvres. Je ne me souvenais même plus de la raison de mon rendez-vous avec Eugenia. J'avais insisté pour la voir pendant la pause afin de lui parler d'un éventuel projet de cohabitation. Ellie n'était presque jamais à l'appartement mais l'espace ne convenait pas aux besoins d'une personne handicapée. Il fallait installer des protections et ajuster les meubles à la hauteur parfaite. Alors, j'avais pensé qu'on pouvait commencer les recherches avant le retour de ma colocataire. Je me tournai vers son profil. Je touchai le bras de Ginny avant de poser ma tête sur son épaule. « Tu m'as attendu longtemps ? J'ai dû soudoyer la secrétaire pour faire vite. Je suis désolé.  » J'agissais comme un enfant ennuyé. Un gosse capricieux et impoli qui désirait quitter la table au bras de sa copine pour aller se cacher dans la salle de jeux.
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() message posté Lun 7 Sep 2015 - 15:52 par Invité

Julian & eugenia — he had more of me then i had of myself. we were both wild birds chasing the stars. we’d lose our way and find new places, close our eyes and fall back towards a constellation of dreams. we wrapped ourselves in a blanket of passion and each night we fell deeper without control, into this strange space called love. ✻ ✻ ✻  J’étais trop innocente, trop naïve, trop idiote, sans doute. Je ne comprenais pas pourquoi ils s’affrontaient du regard de cette manière, pourquoi leurs paroles l’un envers l’autre étaient teintés de colère et de rage sourde. J’étais là, à les observer, incapable d’arranger les choses, incapable de trouver les mots appropriés, incapable de mener la conversation à bien parce que, de toutes manières, je n’avais jamais été à l’aise en société de cette façon. C’était comme s’ils ne parlaient pas le même langage que moi. Comme si je n’appartenais pas au même monde qu’eux. Il était rare que je me sente ainsi en la présence de Julian mais j’avais l’impression de ne plus le comprendre, de ne plus partager ses émotions, de ne plus partager le même univers ou le même espace-temps. Je ressentais sa détresse mêlée à de l’exaspération et l’envie de se défendre, de renchérir, de se lever pour user de ses poings, mais j’étais incapable de déterminer en quoi la présence de Matthew pouvait tant le déranger.
Il était jaloux. Jaloux d’un inconnu de mon existence. Jaloux d’une personne que je n’avais jamais vraiment vu, qui ne m’avait jamais vraiment importé en dehors de notre point commun. Il était jaloux d’une chimère, d’une créature qu’il avait inventé de toutes pièces. Il était jaloux sans qu’il n’y ait de raison. Jaloux, jaloux, jaloux. Jaloux alors qu’il n’avait rien, absolument rien à lui envier. Jaloux alors que j’étais bien incapable de voir d’autres visages que le sien. Jaloux comme s’il risquait de me perdre, jaloux comme si Matthieu était une menace.
Jaloux. Jaloux sans que je ne comprenne pourquoi.
Mes lèvres étaient étirées en un sourire qui me paraissait faux. Ma main se trouvait toujours sur la cuisse de Julian et je lui lançai un regard de temps à autre, comme pour le soutenir, comme pour lui montrer que j’étais encore là. Je l’étais, oui. Je l’étais sans savoir à quoi cela pouvait bien m’engager réellement. Je l’étais alors que je ne savais absolument quoi faire pour lui. « Alors que deviens-tu ? Laisse-moi deviner, tu travailles dans une grande multinationale ? Tu gères l'argent des autres ? » finit-il par reprendre à l’intention de Matthieu. Je pris une profonde inspiration silencieuse, comme pour m’inciter au calme à mon tour. Sa colère était contagieuse. Je la sentais se déverser dans mes veines et parcourir les pores de ma peau. D’un geste précis, il prit un morceau de gâteau dans sa petite cuillère et cela me rappela que j’avais une part identique devant moi. Je me redressai légèrement, me détachant de Julian, consacrant beaucoup trop de mon attention à la nourriture devant moi. C’était ma manière de fuir, quelque part. Fuir le conflit qui avait lieu autour de moi. Fuir leurs réactions que je ne comprenais qu’à moitié et qui me dépassaient. « Je suis chef de projet chez Microsoft, » répondit-il et je relevai la tête avec une lueur curieuse dans les prunelles, intriguée par ce qui pouvait bien faire de ses journées. J’aurais pu lui poser des questions, oui. Une dizaine. Une centaine, même. Mais ce n’était pas sur moi que Matthieu avait porté son attention, non. Mais sur Julian. Comme si, lui aussi, cherchait à faire ses preuves et à achever l’autre. « Et toi ? Tu es expert des finances pour un journal capitaliste après avoir clamé haut et fort que tu étais un libéral ? » Je me figeai avant de finalement baisser une nouvelle voir les yeux ; mes doigts se posèrent sur ma tasse chaude et je la portai à mes lèvres pour boire deux petites gorgées de chocolat chaud. Si le liquide avait un goût presque réconfortant, cela ne m’aida pas à étouffer l’anxiété qui paralysait mon corps ; je sentais Julian s’agiter à mes côtés, mais je ne savais même plus quoi dire, quoi faire, pour tenter, en vain, d’apaiser les tensions. « Tu devrais boire ton café au lieu de dire des bêtises. Je n'ai jamais clamé être un libéral. A l'époque du lycée, j'ai clamé que j'étais mieux que toi. Ne mélangeons pas les choses, » répondit-il et je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire. Il avait toujours été insolent, insolent à sa manière. Cette répartie m’avait toujours plu, quelque part, même lors de nos disputes, quand il me piégeait avec cet art qu’il semblait avoir pour manier les mots et les vérités. « Enfin, peu importe, vous avez tous les deux réussi dans votre domaine, »  finis-je par dire en voyant que Matthieu s’apprêtait à renchérir sur le sujet. « Et pourtant, on partait de très loin. » Je tournai la tête vers Julian pour lui adresser un sourire.
J’aurais aimé qu’il sache jouer la comédie, comme moi. J’aurais aimé qu’il puisse canaliser ses ardeurs, enfermer la colère qui ébranlait son âme. Cela aurait été sans doute plus facile. Plus simple. Pour nous deux.
Mais peu importait.
Il finit par venir poser sa tête sur mon épaule, comme pour demander mon attention. « Tu m'as attendu longtemps ? J'ai dû soudoyer la secrétaire pour faire vite. Je suis désolé, » me dit-il comme un petit garçon en manque d’affection. Je ne savais pas réellement comment réagir face à ses sautes d’humeur, non, ni même à ses démonstrations puériles destinées à marquer son territoire face à l’ennemi envahisseur. « Non, ça va, »  lui répondis-je en haussant doucement les épaules. « Je suis une grande fille, tu sais. »  Si Matthieu n’avait pas été là, j’aurais sans doute demandé à Julian comment il s’y était pris pour soudoyer la secrétaire, selon ses mots, mais mes paroles restèrent coincées au fond de ma gorge. Je ne voulais pas lui donner de nouvelles raisons d’enflammer Julian. « Mais toi aussi tu as réussi, Ginny ! »  reprit-il finalement, ignorant avec superbe Julian venu se blottir contre moi. « Un LLB en droit, c’est vraiment bien. Au King’s College, j’imagine ? Ton père doit être vraiment fier. »  Il parlait sans doute trop, mais je ne voyais pas de mal dans ses paroles. Au contraire. Le fait qu’il se souvienne de l’attachement de mon père au King’s College me fit sourire et je finis par hocher la tête. « Très fier. Je crois que c’était comme s’il apprenait une nouvelle fois qu’il avait eu ses examens. »  Discrètement, sous la table, mes doigts vinrent chercher ceux de Julian et je les caressai avec douceur, trouvant un certain réconfort dans ce contact pourtant devenu si naturel.
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() message posté Mar 8 Sep 2015 - 14:37 par Invité

“And I got out of there without punching anyone, kicking anyone, or breaking down in tears. Some days the small victories are all you achieve.”   J'agitais frénétiquement la jambe sous la table. Je n'aimais pas cette situation. Je n'aimais pas cette confrontation silencieuse et son putain d'air arrogant. Matt me défiait du regard, il se tenait devant moi en arborant une expression désinvolte et détachée, mais je notais toute la subtilité de ses sous-entendus. Il était là pour se venger. Il voulait prouver que nous étions identiques, nourrissant le même engouement pour la même fille depuis des années. Son apparence avait changé. Ses traits s'allongeaient afin de dévoiler une nature cruelle de prédateur. Je fis la moue. Ma vie avait été assez pénible, chaotique et malheureuse. J'étais indestructible dans mes valeurs. Je me souvenais de mes expériences cristallisées, devenues des étoiles filantes dont l'éclat astral conférait une qualité inaltérable à mon destin. Je refusais de lâcher prise. Il s'agissait de ma dignité, de ma vie et de ma vision. Je sentais les doigts de Ginny se crisper autour de ma cuisse, s'accrochant de plus en plus fermement à mes muscles tremblotants. Mais plus elle me retenait et plus je m'éloignais. Dans mon esprit, j'étais invincible.  J'avais toujours l'impression de pouvoir battre n'importe quel homme, quelque soi son gabarit, même lorsque j'étais en désavantage. Mais ce n'était qu'une illusion. Une tromperie de mon courroux, destinée à m'encourager dans ma folie. Je redressai les épaules avec nonchalance. Je regardais Matt avec la même pointe de mépris que j'accordais aux personnes lamentables que je croisais tous les jours. Mes pupilles brillaient comme les pointes acérées d'une dague meurtrière. Je savais que sans la présence d'Eugenia, je lui aurais déjà sauté au cou. Je visionnais mentalement la scène. Je sentais presque ses os se briser contre mes phalanges tendues. Je ne ressentais pas la jalousie de manière ordinaire. Mes émotions étaient toujours teintés par une violence et une agressivité détonantes. Il s'agissait de mon grand amour, de la personne la plus importante à mes yeux. Pas d'une simple conquête ou d'une fille dérisoire que je venais de rencontrer au détour d'une ruelle. C'était toute ma jeunesse, toutes ces années gâchées par l'attente d'un espoir qui était venu trop tard. Elle m'avait conduit au renoncement et à la négation de moi-même, avant de me tendre les bras à nouveau et de me sauver de mes propres démons. J'essayais de réduire ma consommation de cigarettes pour elle. Je voulais me conformer à ses exigences, rentrer dans le moule du prince charmant qu'elle méritait. Mais c'était si dur de batailler contre un rêve, contre un idéal qui n'existait pas. La présence de Matt était un bon compromis. C'était ma façon de me démarquer et d'être à la hauteur, même si je doutais qu'Eugenia apprécie une démonstration de violence publique. Je soupirai en balançant le bassin. Je me demandais vraiment ce qu'il foutait encore là. Il aurait dû prendre congé à la seconde où j'étais apparu. Nous n'étions clairement pas amis. L'ambiance était pompeuse et lourde. Il n'y avait rien a partager à par quelques piques qui finiraient immanquablement en dispute. Ginny l'avait senti. Elle tentait tant bien que mal d'adoucir nos humeurs. Elle intervint au moment où je voulu renchérir. «  Non, ça va,  je suis une grande fille, tu sais.   »  Je remuai le bout du nez. Elle n'était pas aussi grande que ça à mes yeux. Je pinçai les lèvres. J'avais l'impression de me faire gronder. Comme si la présence d'une tierce personne dressait un mur de glace entre nous et que mon âme agonisante refusait cette séparation. «  Mais toi aussi tu as réussi, Ginny ! »  S'exclama le grand chef de projet de Microsoft. Enfin, peu importe. Je grimaçai en me relevant. D'où se permettait-il de la féliciter ?  « Un LLB en droit, c’est vraiment bien. Au King’s College, j’imagine ? Ton père doit être vraiment fier. »  Mon expression se figea. Son père. Il se souvenait de détails. Il était assurément attiré par elle. J'en étais sûr. Je reniflai en sortant mon paquet de cigarette. Il était interdit de fumer dans la salle, mais le manque grondait violemment dans ma poitrine. Mon cœur était pris au piège, emprisonné dans une masse de chair brûlante et fébrile. Ma jambe s'agitait de plus en plus rapidement sous la table. Je suffoquais dans mon propre corps. Elle m'en demandait trop. Rester calmer. C'était trop me demander. Je serrai les poings. «Très fier. Je crois que c’était comme s’il apprenait une nouvelle fois qu’il avait eu ses examens.»  Je me raclai la gorge. Elle caressait encore ma cuisse mais je me débattis afin de me dérober de sa prise. Mon attitude était étrange. Doucement je me penchai vers son oreille. « Dis lui de partir. » Murmurai-je. C'était un caprice idiot. Mais je me sentais trop vulnérable. Je ne voulais pas la décevoir en le frappant. Il fallait qu'il disparaisse. C'était la seule solution. Je ne parvenais pas à en trouver une autre. « Je n'ai pas pris mes comprimés ce matin. S'il ne part pas, je vais devoir m'en aller.  » Mon médecin m'avait clairement expliqué, que dans mon état, il fallait éviter toutes sources d’énervement. Je devais éviter les conflits. Et en cet instant, je sentais ma colère transcender dans mon système comme jamais encore. Il me suffisait d'une demie mesure, d'un instant d'égarement pour succomber. Eugenia le savait. Il lui suffisait de me regarder. Il lui suffisait de me regarder, uniquement.
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() message posté Dim 13 Sep 2015 - 12:38 par Invité

Julian & eugenia — he had more of me then i had of myself. we were both wild birds chasing the stars. we’d lose our way and find new places, close our eyes and fall back towards a constellation of dreams. we wrapped ourselves in a blanket of passion and each night we fell deeper without control, into this strange space called love. ✻ ✻ ✻  La tension montait autour de moi sans que je ne la comprenne. Sans qu’elle ne m’atteigne. Sans qu’elle ne fasse partie de moi, sans qu’elle n’ait de sens à mes yeux. Julian se dégageait doucement de ma prise et je dus prendre sur moi pour ne pas lui lancer un regard interrogateur ; j’avais peur de la réponse que je pourrais trouver dans ses prunelles, peur de ce que je pourrais en déduire, peur d’affronter la vérité en face. Parce que c’était cela, mon problème. J’avais la vérité juste devant moi. J’avais la vérité juste sous les yeux. Pourtant, par caprice puérile, par envie dérisoire de gamine, je n’avais pas envie de l’affronter. Je n’avais pas envie de la voir. C’était trop difficile, sans doute. Trop difficile de me rendre compte que les choses ne seraient jamais réellement différentes. Trop difficile de me rendre compte que malgré tous mes efforts, malgré tous mes espoirs, certaines choses ne changeraient jamais.
Certaines choses comme les colères de Julian. Certaines choses comme sa jalousie irrationnelles. Certaines choses comme sa possessivité. J’étais persuadée qu’il voyait le mal là où il n’y était pas, mais j’avais conscience, également, que j’étais légèrement trop optimiste. Au fond, nos deux visions étaient erronées. Nos deux perceptions ne correspondaient pas à la réalité.
Et je me demandais si des extrêmes pouvaient réellement s’attirer de cette manière.
Si nous avions notre chance, une réelle chance, d’y arriver.
Ma gorge était serrée alors que je me souvenais de tout ce qui pouvait nous opposer. Cela me blessait, oui, de constater qu’il avait du mal à prendre sur lui de cette manière alors que c’était la seule et unique fois, depuis que nous étions ensemble, que je lui demandais de faire des efforts. Je ne l’avais jamais poussé au-delà de ses limites. Je l’avais encouragé dans son traitement, encouragé dans sa thérapie, tenté de lui rendre la vie plus facile même si, parfois, nos conversations s’étaient terminées en disputes. Je n’avais pas été une petite-amie parfaite mais j’avais fait de mon mieux pour l’aider et, maintenant que je lui demandais de faire quelque chose pour moi, il se désistait.
Il se désistait sans le moindre remord. Sans même se dire que cela pouvait me blesser. Sans même imaginer, ne serait-ce qu’une seule seconde, que cela puisse m’attrister. Je déglutis avec difficulté, mal à l’aise à cause du silence, mal à l’aise à cause du rejet de Julian. Finalement, il se pencha vers moi pour coller ses lèvres à mon oreille. « Dis lui de partir, » me murmura-t-il et, avec automatisme, je levai les yeux vers Matthieu, qui avait détourné le regard comme pour nous laisser un instant d’intimité. « Je n'ai pas pris mes comprimés ce matin. S'il ne part pas, je vais devoir m'en aller. » Je fronçai les sourcils sans le vouloir, tournant la tête vers lui pour le détailler du regard. Je pouvais facilement deviner qu’il ne me mentait pas. Je pouvais facilement deviner qu’il s’agissait de la vérité.
Et, quelque part, cela me rendait moi aussi en colère. Comme s’il se fichait ouvertement de moi. Comme s’il n’en avait rien à faire de notre promesse, comme s’il se croyait au-dessus de nous, au-dessus de tout ça. Je pris une profonde inspiration pour ne pas relever ses paroles et, après un instant d’hésitation, je me retournai vers Matthieu avec un immense sourire sur les lèvres. « Je suis désolée, Matthew, nous avions prévu avec Julian de… De discuter de choses importantes, donc je me demandais si tu… »  commençai-je et, presque aussitôt, il fronça les sourcils. « Mais je… »  me coupa-t-il et je l’arrêtai, continuant comme s’il n’était pas intervenu. « Pouvais nous laisser. C’était vraiment super de se recroiser, on devrait aller boire un verre avec toute l’équipe un de ces jours. »  Je continuai de sourire, comme si cela était tout à fait normal, comme si je n’en voulais pas à Julian en ce moment même. Parce que, même s’il me mettait hors de moi, je continuais d’exécuter ses moindres désirs. J’étais trop bête. Trop bête et stupide. Trop bête et idiote.
Matthieu hocha la tête comme si ce qui se passait avait du sens. Il poussa sa chaise de la table pour se donner de la place pour se relever. « Je peux prendre ton numéro de téléphone ? »  me demanda-t-il et je glissai un regard vers Julian avant de détourner la tête et lui sourire. « Si tu cherches assez bien sur le net, tu devrais facilement le trouver, je pense. On va voir combien de te ça va te prendre. Je mise sur trois heures, »  dis-je avant de laisser échapper un petit rire. Je vis une lueur dans ses yeux qui me réconforta, d’une certaine manière ; si j’avais cruellement manqué de délicatesse, au moins, j’avais réussi à l’amuser, comme si cela était réellement nécessaire pour que je puisse me faire pardonner. « Ca marche. Comme au bon vieux temps. Je devais y aller, de toutes manières, » me répondit-il en se levant. « Au revoir, Ginny. Julian. »  Je lui fis un signe de la main alors qu’il s’éloignait, son café dans une main, sa sacoche dans l’autre. Je me sentais incroyablement mal à l’aise et, même lorsqu’il passa le seuil du café pour rejoindre les rues de Londres, la boule qui avait pris place dans mon estomac n’avait pas disparu.
Je mis quelques minutes avant de prendre ma petite cuillère et découper une part de Cheesecake. Je n’adressai pas un regard à Julian, laissant mon visage parler pour moi ; mes joues étaient recouvertes de plaques rouges qui signifiaient très clairement que j’étais passablement agacée par son comportement ; j’étais blessée dans mon amour propre et triste, aussi, d’une certaine façon. « Alors comme ça j’ai pas le droit d’avoir d’ami homme alors que monsieur peut se permettre non seulement de vivre avec une amie mais aussi de soudoyer la secrétaire ? »  finis-je par laisser échapper. Je levai la tête vers Julian, les yeux légèrement humides. J’avais l’impression d’être humiliée, aussi. Humiliée comme s’il me faisait comprendre que je ne pouvais pas et n’avais pas le droit d’avoir d’amis. « C’est injuste, Julian. »  Mes derniers mots avaient été prononcés dans un murmure alors que ma voix était rauque, cassé. Je baissais les yeux sur ma pâtisserie, me trouvant soudainement profondément idiote, profondément sans intérêt, profondément bête, profondément étrange.
Parce que c’était ce que m’inspirait cette situation. Elle m’avait retiré toute confiance en moi, comme si j’étais une paria, une perdue, une rejetée de la société.
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() message posté Lun 5 Oct 2015 - 23:32 par Invité

“And I got out of there without punching anyone, kicking anyone, or breaking down in tears. Some days the small victories are all you achieve.”    C'était au dessus de mes forces, je ne pouvais plus supporter la présence de Matt à notre table. En politique, les gouvernements punissaient toujours par degrés, infligeant des sentences plus au moins grandes à des crimes plus au moins grands. Mais mon imagination se pliait uniquement vers un revers ; la violence. Je me mordis la lèvre inférieure en réprimant mes pensées. Ce qui rendait le sang si beau, c'était l'agilité liquide avec laquelle il coulait après un coup de poing et les gouttes agglutinées qu'il dessinait sur le sol. Je fermai lentement les yeux. George Fitzgerald s'était blessé une fois en me frappant au visage. Je me souvenais de son rire démentielle lorsqu'il avait secoué ses phalanges écarlates dans la pénombre de la pièce. Il m'avait observé avec une lueur étrange dans les yeux, une forme malsaine d'affection et de sollicitude, puis ils s'était subitement écarté. Sa démarche claudicante avait résonné dans le couloir pendant de longues minutes avant que je n'entende les ressorts de son fauteuil grincer. Je m'étais hissé  sur mes jambes tremblantes, puis j'avais traîné mon genou engourdi jusqu'au salon afin de le rejoindre. Il était assis, un verre de scotch à la main. Il ne faut jamais mettre de glaçons dans une bonne bouteille . M'avait-il dit en hochant la tête. Mon père était un homme sombre que je n'avais jamais réussi à comprendre. Pourquoi me parler d'alcool ? Pourquoi me parler tout simplement ? Nous avions vécu sous le même toit depuis des années, mais il ne m'avait jamais porté la moindre attention. Lentement, je m'étais avancé vers la cheminée. Le silence des murs accompagnait les gémissements du parquet sous mes pas. Tu es grand maintenant. Je te donne un bon conseil. Quand tu la perdras tu deviendras exactement comme moi, fils. Souviens-toi, pas de glaçons. Sa bouche avait claqué contre les rebords du verre avant de retrouver le réconfort dans l'ivresse.  J'avais arqué un sourcil avec désinvolture, puis lorsque la fatigue avait eu raison de ses délires d'ivrogne, j'avais quitté la maison en emportant avec moi une petite valise, un recueil d'articles usés et une vieille photo de ma mère. J'avais dix-neuf ans et une chance d'obtenir une bourse d'études. A l'époque, je ne me rendais pas compte que je traînais avec moi, l’héritage d'une famille brisée par le deuil. Je grimaçai en marmonnant les mots de mon père dans ma barbe. Il avait raison. Lorsque je perdais Eugenia, je devenais exactement comme lui. Mes yeux se fixèrent sur le sol alors qu'elle demandait à Matt de quitter les lieux. Elle ne voyait pas que j'avais déjà atteint ma limite. Mes sentiments demeuraient intactes, mais il n'y avait rien de plus affligeant que les consolations tirées de la nécessité du mal – la nécessité de détruire quelqu'un d'autre. Je soupirai alors qu'il s'éloignait. Je regardais Ginny au coin. Je remarquais sa posture gênée, les plaques rouges sur ses pommettes et ses gestes frénétiques. Je ne réagissais pas. Je voulais lui donner du temps pour s'apercevoir de ma tristesse, de mes tentatives vaines de la protéger. Elle tritura son cheesecake avant de se tourner brusquement vers moi. « Alors comme ça j’ai pas le droit d’avoir d’ami homme alors que monsieur peut se permettre non seulement de vivre avec une amie mais aussi de soudoyer la secrétaire ? »  Je la fusillai du regard sans répondre. Je me sentais presque agressé et le pire, c'était son argumentation complètement creuse et infondée. Je connaissais Elliana bien avant d'emménager avec elle, il s'agissait d'une amitié basée sur le respect et la confiance. Je n'avais  jamais eu de mauvaises pensées à son égard. Comment pouvait-elle pointer notre cohabitation du doigt ? Je balayai ma frange d'un geste nerveux. Mon expression était froide et réprobatrice.   Je gardais les traits étirés, les lèvres pincées et le menton crispé. «C’est injuste, Julian.»  Couina-t-elle à demie-voix. Je fermai le poing avant de donner un coup sec contre la surface de la table. Toutes ses allusions m'animaient comme un feu ardent. Je grimaçai en humectant le coin de ma bouche. « Non, c'est puérile. Ta réaction est puérile, Eugenia.  » Sifflai-je  en m'éloignant volontairement de sa chaise. Je n'entretenais pas ce genre de conversations avec mes petites amies d'habitude. En général, je me levais de table et je disparaissais pendant des mois en feignant une charge de travail importante. Puis au bout de quelques temps, je demandais des nouvelles sommaires afin de me donner bonne conscience. C'est simple et clair. Mais je me trouvais en face de Ginny, et la situation était bien différente. « J'ai proposé à une fan de lui accorder deux secondes d'attention. Je me vends. C'est mon job. Je ne peux pas m'excuser, j'ai toujours été beau parleur. Et je ne vais même pas soulever ta remarque sur Ellie parce que je refuse de m'engager dans un débat stérile. Tu compares l'incomparable. Matt est amoureux de toi depuis le lycée. Je le sais. Tu devrais le savoir aussi. » Déclarai-je en la fixant avec férocité. Je me trouvais très calme mine de rien. Dans mon esprit, voilà comment je me présentais les choses : les tentations nous suivaient toujours, nos passions, nos illusions, nos déceptions et nos colères figurées. Ces monstres du cœur étaient des fantômes redoutables, et Eugenia devait accepter d'en supporter le fardeau puisqu'elle avait décidé de m'épouser. Je ne lui demandais pas de me sauver. Je voulais uniquement qu'elle comprenne mon point de vue au lieu de tout mélanger.
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() message posté Mer 11 Nov 2015 - 20:50 par Invité

Julian & eugenia — he had more of me then i had of myself. we were both wild birds chasing the stars. we’d lose our way and find new places, close our eyes and fall back towards a constellation of dreams. we wrapped ourselves in a blanket of passion and each night we fell deeper without control, into this strange space called love. ✻ ✻ ✻  J’étais en colère, en colère contre lui. J’étais en colère contre sa manière de me juger comme si j’avais commis une faute grave alors que je n’étais pas celle en faute en cet instant. J’étais en colère contre sa façon de faire comme si ses réactions étaient normales alors qu’elles ne l’étaient pas. Il me blessait et j’avais presque l’impression que c’était volontaire ; il voulait me prouver quelque chose, me prouver qu’il avait raison, sans doute, et il n’avait absolument aucune considération pour ce que je pouvais bien ressentir en cet instant.
Me prouver que c’était lui, le plus important. Lui, lui, lui.
Il m’avait fait une scène. Une scène parce qu’il n’avait pas eu mon attention complète. Une scène parce qu’il s’était sans doute rendu compte qu’il n’était pas tout seul dans mon existence et qu’il devait partager mon temps avec d’autres personnes. Une scène parce que je n’étais pas nécessairement son jouet et que j’avais le droit de connaître le monde, de revoir mes anciennes connaissances. Il m’avait fait une scène et cela me reflétait la manière dont il pouvait bien me voir. J’étais sa possession, j’étais sa copine, j’étais sa chose, peut-être. J’étais une jeune femme solitaire et seule qui ne devait pas exister sans sa présence. J’étais une personne fragile et faible qui n’avait pas d’ami, qui n’avait pas d’entourage, et c’était sans doute le mieux.
Il ne s’en rendait probablement pas compte mais il alimentait toutes les pensées dépréciatives que je pouvais nourrir à mon égard. Il donnait raison à mon esprit qui me trouvait misérable, pathétique. J’avais la gorge nouée ; je ne parvenais pas à avaler ma bouchée de cheesecake et j’étais si abattue que j’étais incapable de pleurer ces larmes qui menaçaient au coin de mes paupières. Il était injuste avec moi. Il me traitait comme si j’étais celle qui devait m’adapter à lui et non pas l’inverse. Il me traitait avec un dédain palpable et des manières machistes. J’étais choquée par son comportement, également, comme si je ne m’étais pas attendue à ce qu’il fonctionne ainsi ; mais, au fond, j’avais simplement était trop candide de penser qu’il pouvait me voire autrement que comme une imbécile trop heureuse d’être en couple avec quelqu’un pour s’opposer à ses caprices. « Non, c'est puérile. Ta réaction est puérile, Eugenia, » déclara-t-il et je pris cela comme un coup bas. Il savait que je l’avais toujours admiré, que je l’avais toujours admiré, en partie parce qu’il avait été plus vieux. Je n’avais jamais compris comment il pouvait s’intéresser à une gamine comme moi. L’entendre le souligner de sa propre bouche me touchait particulièrement. « J'ai proposé à une fan de lui accorder deux secondes d'attention. Je me vends. C'est mon job. Je ne peux pas m'excuser, j'ai toujours été beau parleur. Et je ne vais même pas soulever ta remarque sur Ellie parce que je refuse de m'engager dans un débat stérile. Tu compares l'incomparable. Matt est amoureux de toi depuis le lycée. Je le sais. Tu devrais le savoir aussi. » Ses yeux était froid, son regard me faisait presque peur. Je secouai la tête. « Bien sûr que non il n’est pas amoureux de moi, »  le contredis-je avec fermeté. Le fait qu’il s’appuie sur cela pour argumenter m’exaspérait. Le fait qu’il me regarde avec tant de méchanceté me donnait envie de disparaître.
J’aurais pu rendre les armes, dire qu’il avait raison, le laisser s’en tirer avec son argumentation incomplète et biaisée. D’ordinaire, c’était ce que j’aurais fait ; je n’aimais pas particulièrement me disputer avec lui et j’évitais de le faire dès que j’en avais l’occasion. Mais, en cet instant, j’avais trop mal pour le laisser s’en tirer. J’étais trop vexée, sans doute. J’étais trop touchée. « Ma remarque sur Ellie est légitime. C’est ton amie, tu vis avec, je ne t’ai jamais rien dit là-dessus. En revanche, Matthew qui est mon ami, lui, n’a pas le droit de me parler plus de cinq minutes sans que tu ne te permettes de me ridiculiser, »  poursuivis-je.  « Ce n’est pas moi qui suis puérile, mais toi. Tu te permets des choses que je n’ai pas le droit de faire. Et c’est quoi ton excuse ? Je ne peux pas m’excuser j’ai toujours été un beau parleur ? Wow. Merci. »  Mes yeux brillaient sous l’émotion de la tristesse, de la colère, sous ce mélange qui irradiait mes veines. Il me blessait. Son comportement me blessait. J’avais toujours accusé ses façons de faire, son comportement, j’avais toujours fait de mon mieux pour fermer les yeux et pour éviter de me faire des idées sur les raisons, mais me rendre compte que ce n’était pas quelque chose d’équitable dans notre couple réveillait mes instincts.
Il était injuste, oui. Et le pire, c’était que soit il ne s’en rendait pas compte, soit il le faisait exprès. « Tout comme je te remercie de ne pas prendre notre marché au sérieux, »  ajoutai-je finalement. « Tu dis que Matthew est amoureux de moi mais ça se trouve tu parles tous les jours avec des personnes qui ont le béguin pour toi et pourtant je ne dis rien, absolument rien. Je ne suis pas bête, Julian. Je le vois. Ce n’est pas parce que je ne dis rien que ça ne me fait rien. »  Je m’arrêtai. Je reposai ma cuillère, incapable de continuer de manger, l’estomac noué. J’hésitais un instant à m’en aller mais j’avais peur de ce que cela pourrait signifier dans son esprit ; j’avais peur que, si je passais le seuil de ce café pour m’en aller, il tirerait un trait sur moi aussi aisément qu’il semblait me tirer vers le bas.
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() message posté Lun 16 Nov 2015 - 16:57 par Invité

“And I got out of there without punching anyone, kicking anyone, or breaking down in tears. Some days the small victories are all you achieve.”   Eugenia ne comprenait pas. Son point de vue était complètement biaisé par sa naïveté et ses penchants presque ridicules pour l'innocence. Matt était venu aujourd'hui. Il m'avait défié sous ses yeux mais elle n'avait pas remarqué ses sous-entendus. Elle n'avait pas relevé. Tout ce qu'elle voyait, c'était mon attitude ardue et mon air renfrogné. Elle avait peut-être raison de se sentir indignée. Peut-être que j'étais trop sévère et intransigeant à son égard. Mais on m'avait appris à protéger mes valeurs à coups de poings, et en cet instant précis, la colère filtrait à travers ma peau brûlante afin de verser les relents de ma haine sur notre couple. Je crispai la mâchoire en secouant les épaules. Je ne pouvais plus capituler. Je refusais de revenir en arrière. D'un geste fébrile, je levai ma tasse afin de boire une lampée de ce liquide froid dont je ne reconnaissais plus les saveurs. Ma gorge était nouée. Mon cœur était serré. Cet espace confiné m'oppressait et je n'avais qu'une hâte : quitter ces lieux sombres et obscures qui alimentaient mes mauvaises pulsions. J'étais malade. Les gens autour de moi ne s'en rendaient pas compte la plus part du temps. Mais je souffrais de manière continue de troubles que je ne savais plus nommer. Il y avait plusieurs origines à la douleur. Parfois ma thérapeute soulignait ma culpabilité et le décès de ma mère. Elle parlait aussi des violences de mon père, de son alcoolisme et du départ de Ginny. Il y avait tant d'événements pour agrémenter mon obsession de la violence, qu'elle avait fini par me diagnostiquer une forme versatile de trouble comportementale. Je pouvais perdre le contrôle de manière imprévue. C'était aussi simple que ça. Je pressai les poings contre mes cuisses en me redressant. Ma respiration était devenue sifflante, glissant entre mes lèvres pincées comme un râle agonisant. «Bien sûr que non il n’est pas amoureux de moi, »  Annonça-t-elle fermement. Je plissai le front d'un air mécontent. Un frisson de dégoût traversa mon échine alors que j'enfonçais mes coudes dans le dossier de mon siège. Elle me contredisait. Elle m'ôtait toute crédibilité, en faisant de ma réaction un geste possessif et dénudé de sens. Je grinçai des dents avant de donner un coup sec contre le rebord de la table. Les assiettes se mirent à vibrer et la serveuse se retourna brusquement vers nous. « Je t'ai dit qu'il était amoureux de toi. » Sifflai-je en tremblant. J'aurais voulu me cacher derrières de faux prétextes afin de me justifier, ou tout simplement rester désinvolte et ne plus lui répondre. Mais j'étais malheureusement incapable de me contenir. J'étais perdu dans mes ressentiments. Plus elle s’acharnait et plus je m'enfonçais dans la folie. Je savais que j'exagérais parfois, mais mon état d'esprit à cet instant était rémissible. J'étais presque lucide. Presque convaincu par la situation. « Ma remarque sur Ellie est légitime. C’est ton amie, tu vis avec, je ne t’ai jamais rien dit là-dessus. En revanche, Matthew qui est mon ami, lui, n’a pas le droit de me parler plus de cinq minutes sans que tu ne te permettes de me ridiculiser. Ce n’est pas moi qui suis puérile, mais toi. Tu te permets des choses que je n’ai pas le droit de faire. Et c’est quoi ton excuse ? Je ne peux pas m’excuser j’ai toujours été un beau parleur ? Wow. Merci.  »  Je ne l'écoutais qu'à moitié. Ces piques acérés, sa façon peu expressive de diriger les armes contre moi. Tout cela me dépassait. Dans mon univers, les voiles de la désillusion avaient fini par recouvrir les bruits de fond. J'avais mal à la tête. Mes muscles se comprimaient sous ma posture tendue. Alors, oui. J'étais puérile. Et comme un enfant, je lui tournais le dos en grimaçant. Je fermai les yeux en haussant les épaules. «  Tout comme je te remercie de ne pas prendre notre marché au sérieux. Tu dis que Matthew est amoureux de moi mais ça se trouve tu parles tous les jours avec des personnes qui ont le béguin pour toi et pourtant je ne dis rien, absolument rien. Je ne suis pas bête, Julian. Je le vois. Ce n’est pas parce que je ne dis rien que ça ne me fait rien.  » Le débat était clos. Je me levai dans un élan impulsif sans prendre la peine de lui répondre. Les gestes suspendus au dessus de la table, je me mordis la lèvre inférieure d'un air boudeur. J'écarquillai les yeux un instant avant de sortir mon porte feuille et de poser quelques billets sur la note. Je soupirai en m'avançant de quelques pas vers la sortie avant de m'apercevoir qu'elle ne me suivait pas. Notre stupide marché. Elle savait que je l'avais arrêté à cause de la mort d'Ewan. Elle se rendait bien compte du poids de ses paroles mais je ne l'accusais pas. Je voulais tout simplement partir, car la bataille qui faisait rage dans mon esprit menaçait d'exploser à n'importe quel moment. « Tu viens pas ? » Marmonnai-je d'une petite voix. J'essayais de restreindre mes émotions, mais le monstre égoïste qui sommeillait en moi, poussa un hurlement dans mon cœur, laissant ainsi éclater sa colère maligne. Il n'y avait pas de rupture définitive entre nous. J'étais le monstre et il était l'homme. Nous étions tous les deux amoureux de la même fille et nous étions prêt à bondir sur l'ennemi.« Viens, Eugenia. Rentrons. Je ne te parle plus ici.  » Soufflai-je dans ma barbe en l'attendant près de la porte.
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