Cela faisait plus d’une demi-heure que je me tordais les mains, assise à une double table du starbucks du coin de la rue. Aujourd’hui était une journée importante, mais stressante. J’allais passer ma journée entière en compagnie d’Owen Turner, LE producteur que j’avais réussi à approcher à la fac quelques semaines auparavant….. et comble du bonheur (de la folie, de l’irréalité de la situation) il m’avait élue, moi, Salvina Masterson, 23 ans, comme assistante. Bon, qu’est-ce qu’une assistante d’un producteur ? Rien, mais maman en avait entendu parler à chaque heure du jour et de la nuit depuis que j’avais reçu le coup de fil de l’homme me proposant de l’aider pour l’adaptation d’un roman policier. Pour la toute première fois de ma vie, j’allais approcher la réalisation d’un film avec un expert en la matière qui m’avait choisie comme assistante ! Pourquoi moi, quel ange gardien m’avait aidé à décrocher ce petit job qui n’était pas qu’un simple job, mais quelque chose que je prenais pour une chance inouïe.
La première approche que j’avais eu avec Owen Turner avait été spéciale car non seulement, j’avais halluciné quand j’avais compris que j’allais pouvoir lui parler, lui poser des questions, mais en plus de ça, j’avais complètement craqué sur l’homme sexy qu’il était ! Bon ça, c’était annexe et il allait falloir que je calme mes ardeurs pour faire mon job et cartonner. Il fallait que je sois une assistante exemplaire et pour cela, je comptais bien bosser. Owen m’avait demandé de lire le roman, d’en prendre bien connaissance avant le début de notre collaboration et je ne l’avais pas lu une fois…. Mais bien trois fois ! Me demanderait-il d’organiser un casting pour trouver le rôle principal de l’adaptation ? Me demanderait-il de partir à la recherche des lieux idéaux pour les scènes capitales du futur film ? Je n’en savais rien, mais j’étais prête à le suivre à l’autre bout du monde, prête également à toujours penser à ne pas garder la bouche ouverte en le regardant.
Je préférais largement attendre l’heure du rendez-vous ici que de tourner en rond à la maison ou à la fac. Non, ici, il y avait du passage, des gens et j’avais emporté mon ordinateur pour me détendre un peu tout en profitant de la connexion du Starbucks.
Au bout d’un moment, mon téléphone sonna, affichant le nom d’Owen Turner. En écarquillant les yeux, je décrochais tout de suite, entendant immédiatement sa voix alors qu’il me disait qu’il était en avance et qu’il était prêt à me rencontrer tout de suite si tout était bon de mon côté. Bêtement, je lui répondis :
« Euh… oui, je suis au Starbucks, près de la station Oxford, depuis une heure. J’arrive tout de suite ! » La discussion téléphonique n’avait pas duré puisque le but était de se rejoindre, mais je m’exclamais toute seule, provoquant un regard interrogateur des gens présents dans le café :
« Mais pourquoi tu lui as dit que tu étais là depuis plus d’une heure Salvina ?! No life… » J’attrapais mon sac avant de sortir en trombe, direction le Cavendish Square Garden. Il me fallait environ cinq minutes pour y arriver, cinq minutes pour faire taire mon stress et me préparer à l’entrevue. J’étais pressée tout en me demandant s’il allait me garder comme assistante. Il fallait que je fasse bonne impression, lui montrer que je n’étais pas une gamine mais bien une femme, quelqu’un de pro.
Une fois à bon port, je tournais en rond dans le parc, ne remarquant pas le producteur. Il ne m’avait quand même pas fait une blague ? Ou alors, j’avais été tellement pressée que j’étais arrivée avant lui.. ? Me sentant bête, je pris place sur un banc, scrutant les environs pour voir s’il n’était pas lui aussi assis quelque part ou sur les chemins du Square.
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