"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici we get the world we deserve (theodore + ginny) 2979874845 we get the world we deserve (theodore + ginny) 1973890357
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() message posté Mar 19 Mai 2015 - 13:44 par Invité
J’attendis. J’attendis simplement là, assise sur le seuil de la porte d’entrée car je ne connaissais pas le code. J’attendis, écrasant mon mégot sous la semelle de ma chaussure et écoutant les mélodies de la rue. Londres m’avait manqué, je le savais au fond de moi. Elle m’avait manqué pour ce bruit, cette ambiance, cet air sale et ce ciel froid. Il faisait beau mais je ne le remarquais pas. J’étais bien trop absorbée par tous ces souvenirs qui se plantaient dans ma peau comme des milliards d’aiguilles. J’épuisais les villes jusqu’à ce qu’elles me rejettent et je disparaissais ensuite pour mieux revenir, un jour. Je me sentais en symbiose avec la capitale. Je possédais son excitation et sa chaleur. Son oxygène coulait dans mes poumons et je l’aimais de nouveau. Oui, il y avait ces souvenirs, mais je ressentais aussi l’oubli. J’avais perdu mes repères et la réminiscence me mettait presque mal à l’aise, par moment. J’entendis soudain la porte s’ouvrir et me levai pour me glisser à l’intérieur de l’immeuble, sans un regard pour le voisin qui venait probablement de ruiner la vie de Theodore. Il ne le savait pas. Personne ne le saurait jamais. J’avais déjà des secrets, dites-moi. C’était un beau hall mais je ne m’y attardai pas. Mon frère ne devait pas être présent. Il travaillait. Nous étions tout de même en fin d’après-midi, mais je ne m’inquiétai pas. Et, de toute façon, j’étais là pour lui parler. Pour voir ce qu’il était devenu et trouver rapidement un moyen de rester chez lui. Ou bien je serai obligée de me cacher nuit et jour dans son appartement sans qu’il ne me découvre. Je souris à cette idée en songeant à quel point elle était irréalisable. Theodore remarquerait la présence d’un intrus dans son appartement dès le pallier. Il se méfiait de tout. Il comprenait tout avant les autres. C’en était parfois déroutant. Il sentirait ma sueur pleine d’héroïne sur la poignée de sa porte. Il entendrait ma respiration calme et contrôlée. Je savais ce que je faisais. Il m’intriguait, il ne me faisait pas peur pour autant.

Je fus tout de même prise d’une appréhension inexplicable dans l’ascenseur et déposai mon sac et ma pochette remplie de dessins sur le sol afin d’inspecter mes mains. Elles tremblaient légèrement. Je soufflai lentement pour me rassurer. Il n’allait rien me faire. Au pire, il réussirait à me virer. Mon temps était compté. Trouver un moyen de le forcer à me garder. Je n’avais nulle part où aller. Il savait que je ne pouvais pas retourner à Belfast et de mon côté, je ne voulais pas empoisonner une nouvelle ville. Autant revenir dans une ancienne. Une que je connaissais. Une qui avait fini par m’accepter sans rechigner et m’ignorait car c’était la seule solution. Je me sentais presque en sécurité ici. Je poussai la porte de l’ascenseur et m’avançai vers l’entrée de l’appartement d’une démarche désinvolte. Fermée à clé, bien évidement. Je ne me donnai pas la peine de sonner, cela ne fonctionnerait pas. Je me doutais que le lieu était vide. Après tout, qui aurait bien pu y être sans Theodore ? Je ne le voyais pas laisser quelqu’un à l’intérieur en son absence. On ne faisait pas confiance facilement lorsque l’on était quelqu’un comme lui. Je le comprenais. Des yeux un peu trop curieux et on se retrouvait à fouiller dans ses affaires mystérieuses. Sa fonction de commissaire pouvait expliquer beaucoup, mais pas tout. Ma main glissa sur la poignée et je poussai, sans succès, bien évidemment. Je fouillai dans mon sac puis me tournai finalement vers ma pochette pour en retirer quelques trombones. J’avais toujours été habile de mes mains et Richie m’avait appris à ouvrir n’importe quelle porte très tôt. C’était une bonne technique pour pouvoir tricher facilement. Entrer là où on n’a pas le droit d’entrer. Se tenir là où les autres ne s’attendent pas à nous trouver. Les déstabiliser sans même avoir recours à la parole. Je me penchai vers la serrure après avoir déplié les trombones et commençai la manœuvre, mes mains ayant cessé de trembler. Je réussis sans peine. Cela m’étonna presque, mais peut-être que Theodore s’était adouci. Peut-être qu’il s’était ouvert aux autres. Cela m’arracha un mince sourire, à nouveau. En vérité, je n’appréhendais qu’une seule chose : les changements de mon frère. Ce qu’il était devenu en cinq ans. En huit, si l’on oubliait l’unique conversation que nous avions eue ensemble depuis la mort de Jamie. Je retins la porte avant qu’elle ne grince et me faufilai à pas feutrés sur le parquet interdit.

J’étais silencieuse. Une ombre, vraiment. Quelqu’un pouvait passer dans le salon, il ne m’aurait pas vue si j’étais restée immobile. Les lumières étaient éteintes et les rideaux filtraient celle du soleil. Cette pénombre était agréable et je glissai agilement vers le centre de la pièce pour inspecter les lieux. Tout était rangé avec le plus grand soin. Tout était propre et utile. Tout reflétait Theodore et sa personnalité si spéciale. Tout me rappelait mon frère et je le vis, là, sur ce canapé, tourmenté et immobile, cherchant les solutions à des problèmes qui n’existaient pas encore. Je fermai les yeux. Il avait disparu lorsque je les rouvris. A la place, se tenait une profonde surprise. Quelque chose qui s’empara de mes tripes et les serra dans sa paume invisible. Je fronçai immédiatement les sourcils et mes mains recommencèrent à trembler. C’était un landau. Je m’approchai. Je ne m’y attendais tellement pas. J’avais même un mal fou à le croire, si bien que je fermai de nouveau les yeux. Mais, en les rouvrant, le landau était toujours là. Je le contournai, presque nerveuse. Il pouvait toujours être vide. Cela n’était peut-être pas ce que je croyais. Mais une fois que je posai mes prunelles sombres sur le petit être qui se trouvait à l’intérieur, les doutes se levèrent automatiquement et un sentiment terrible me traversa : Theodore avait un secret. Un secret qu’il avait gardé caché pendant de nombreux mois. Nos parents l’ignoraient. Le monde l’ignorait. Ce bébé n’existait pas. Il n’avait aucune raison d’exister, et pourtant il était là, endormi et calme. Il m’attendrissait énormément, c’en était presque déroutant. Il s’agissait d’une fille et cela me toucha encore plus. Je savais que lorsqu’elle ouvrirait les yeux, je ne pourrai pas m’empêcher d’y reconnaître Theodore. Elle ne le méritait pas et je savais pourquoi Theodore l’avait dissimulée ainsi. C’était même évident. J’aurais probablement fait la même chose à sa place. Une nouvelle Rottenford. Minuscule et déjà incomprise. Peut-être même qu’avant même d’y lire le regard de son père, j’allais retrouver mes propres traits dans sa figure de poupée.
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Theodore A. Rottenford
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() message posté Mer 20 Mai 2015 - 2:08 par Theodore A. Rottenford

“We are all brothers under the skin - and I would be willing to skin you to prove it.” Je marchais lentement au milieu des galeries agonisantes du quartier irlandais. Mon souffle se consumait au fond de ma gorge alors que les souvenirs tombaient sur mon visage voilé de tristesse. Les visions du passé affluaient au rythme de la douce giboulée du printemps. Il me semblait que l’odeur de Jamie flottait aux alentours comme l’esquisse d’un rêve éveillé – Il était tout le temps là, tatoué sur ma peau, infiltré dans mes os. Mon regard ténébreux croisait les silhouettes inconnues qui se fendaient dans mon univers stérile avant que le froid incommensurable ne prenne possession de mon cœur. Je cherchais encore à retrouver mon meilleur ami, et éternellement mon esprit était empoisonné par l’envie tourmentée de le contempler dans toute la splendeur de sa dévotion pour la mafia. Teddy, tu fais désormais partie de la famille. Plus rien n’a plus d’importance à tes yeux. Je suis l’héritier du clan et tu es l’élite. Un jour je te demanderais de tuer ta propre chair, et tu obéiras car les liens de la pègre dépassent les nuances pourrissantes du sang. Toi et moi, nous sommes éternels. Maintenant, montre-moi le doigt qui appuiera sur la gâchette. Montre-moi la direction que prendra la balle de plomb lorsqu’elle fera couler les couleurs de ton désespoir. Je voulais trouver une échappatoire mais mon unique conscience ne suffisait pas à extirper le mal de mon être. J’étais né dans le crépuscule afin de régner parmi les ombres. Je déglutis en rejoignant le grand hangar au fond de la rue. Il y avait un nouvel arrivage d’armes clandestines que je devais contrôler avant de vaquer à mes occupations … plus conventionnelles. Je me faufilais parmi les rayons d’un air impérial, déployant mes ailes noircies vers l’acier glacial qui pointant vers mon visage. Combien d’hommes allaient succomber sous la fatalité des coups de feu ? Combien encore allais-je abattre de mes propres mains afin de nourrir les pulsions meurtrières de ma folie ? Je sombrais doucement dans la charmante frénésie du tueur, lorsque le visage poupin de Jasmine apparu devant mes yeux bleus où l’espoir s’émiettait comme une poussière d’étoiles. Je soupirai en rajustant les plis de ma chemise en dessous de ma veste en cuir. La voix de Jamie raisonnait encore dans ma tête ; Tu es l’élite. Je me penchai avec recueillement sur le registre des marchandises avant de tamponner rapidement le bas de page. Maintenant que toutes ces minutions pouvaient circuler en ville, je pouvais m’endormir au son des canons de guerre. Mon expression se figea pendant quelques instants alors que je feignais l’indolence auprès de mes ouvriers. J’avais vidé la coupe de la vie afin de vivre toujours plus loin. Les poisons de mon propre déshonneur coulaient dans mes veines tandis que mon système pompait une substance gluante et visqueuse vers mon cœur. Ma main chevrotante glissa le long de mon flanc jusqu’à ma ceinture afin de caresser les rebords de mon révolver. J’étais seul et isolé, dépérissant dans l’oubli de toutes mes valeurs humaines. C’était si bon de connaitre la liberté et ses plaisirs interdits. Ma bouche se courba vicieusement alors que je levai le bras afin d’intimer le silence à l’assemblée en effervescence. Mes gestes agiles cendraient l’air avec violence avant que les voiles de la nuit ne couvrent l’entrepôt. La suprématie du pouvoir animait mon désir de voler toujours plus haut. Je m’avançais au centre de la pièce avant de sourire d’un air carnassier. « La police connait déjà le repère. On déménage vers Chinatown avant l’aube. » Sifflai-je sur un ton autoritaire avant de claquer mes semelles contre le sol mouillé.

Le vent s’écrasait contre ma mâchoire crispée alors que je m’enfonçais dans le traffic urbain. Mes pensées cheminaient autour de ma tête comme les volutes d’une fumée maléfique ; opaques et charbonneuses. C’était triste de l’avouer, mais je n’étais toujours pas capable de me contenter de Jasmine. Je ne pouvais pas être père et l’aimer jusqu’à dérision. Je détenais le secret de la douleur sous sa forme sa plus belle et la plus pure. Ma destinée m’apportait les mots graves et je dansais allègrement à chaque note de musique, à chaque fluctuation harmonieuse. Mes doigts se fermèrent sur le volant de mon bolide alors que je me rapprochais de mon immeuble. Croiser l’expression innocente de ma fille était à la fois, attendrissant et effrayant. En vérité, je redoutais l’instant où l’éclat vermeil de l’horreur s’incrusterait dans ses iris vifs. Je croisai mon reflet sur le rétroviseur avant de me détourner rapidement. J’avais encore le temps. Je stationnai d’un air concentré devant les jardins avant de saluer l’un de mes voisins d’un geste courtois. Ma démarche claudicante se perdait dans le long couloir, alors qu’un sentiment étrange se consumait dans ma poitrine. Je pressentais le désastre imminent. Je vis volte-face aux aguets, avant de scruter les lieux avec diligence. Mes muscles se contractèrent subitement alors que je remarquais que la porte de mon appartement était légèrement ouverte. Toutes mes pensées se dirigeaient vers Jasmine – Je me redressai en brandissant mon arme dans les airs puis je me glissai discrètement à travers les pièces désertes. Il n’y avait aucun signe d’Eugenia. Elle était assez futée pour gérer une situation de crise, elle m’aurait certainement appelé ! Je me mordis la lèvre inférieure en me remémorant toutes ses qualités professionnelles, comme pour me conforter dans la détresse grandissante qui envahissait mon corps. Je tremblais légèrement. Mes jambes ne supportaient plus le poids de ma stature athlétique alors que je m’introduisais dans le salon. Je déglutis en remarquant une silhouette fluette se dessiner devant le berceau de Jazz. Ma prise se serra sur la crosse de mon révolver tandis que les chants funestes de Jamie m’accompagnaient dans mes délires. Je finis par distinguer les formes squelettiques d’une femme. « Retournes-toi lentement ! » Grinçai-je avec froideur en me rapprochant. J’observais son profil familier et les creux de ses joues maigres avant de reconnaitre les traits de mon enfance déchue. Je plissai le front en la menaçant avec la même ardeur. « Qu’est-ce que tu fous là Abi ? C’est le clan qui t’envoi ? » Je frôlai dangereusement la détente, prêt à commettre l’irréparable. Teddy, tu fais désormais partie de la famille. Montre-moi le doigt qui appuiera sur la gâchette. Montre-moi la direction que prendra la balle de plomb lorsqu’elle fera se logera dans la poitrine de ta petite sœur. Je secouai frénétiquement la tête, avant de voir Eugenia au coin de la pièce, avachie sur une pouffe avec au moins quatre livres de la constitution ouverts sur ses cuisses serrées. Je levai les yeux au plafond avant de reporter mon attention sur Abi.

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() message posté Sam 23 Mai 2015 - 23:32 par Invité

Theodore, abigail & eugenia — society taught us how to hate. hate taught us violence. violence taught us regret. regret taught us pain. pain taught us love. love taught us how to laugh and laughter makes every moment far more beautiful then we could ever imagine. ✻ ✻ ✻ J’étais incapable de savoir quand est-ce que j’avais fini par céder. Par céder et fermer les paupières. Par céder et me laisser aller, par céder et doucement lâcher prise. Cela avait été plus fort que moi, sans doute. Plus fort que toute la volonté que j’avais pu rassembler pour lutter contre le sommeil. J’avais l’impression de ne pas avoir pu me reposer depuis des jours, des mois, des années, même. Comme si l’angoisse perpétuelle générée par ma période d’examen me maintenait captive, captive loin d’un sommeil réparateur qui aurait pu me rendre l’existence plus facile.
On me répétait que je m’en faisais trop. Ma mère était la première à tenter de me rassurer, à tenter de me dire que tout irait pour le mieux. Mais elle ne savait pas. Elle ne savait pas tout ce qui pouvait bien se passer dans ma tête. Elle n’avait pas connaissance de tout ce stress qui m’habitait les entrailles, de toutes ces angoisses qui prenaient possession de mon corps. Elle ne savait pas que Julian espérait que je réussisse, qu’il espérait sans doute trop fort. Elle ne savait pas que j’étais incapable d’être à la hauteur de ses attentes, à la hauteur de ses propres réussites. Elle ne savait pas que j’avais l’impression d’être une bonne à rien, une bonne à rien incapable de réussir des examens de fin de cycle. Elle ne savait pas que chaque jour je me levais avec l’impression de n’être qu’un parasite, un parasite qui ne pourrait jamais rien apporter à la société. Elle ne savait pas, non plus, que cette impression ne me quittait pas une fois que je me couchais, et que je passais de longues heures à observer le plafond, tout en me répétant que je ne valais pas toute l’attention que Julian pouvait bien m’accorder, alors qu’il dormait paisiblement à mes côtés. Elle ne savait pas, enfin, que malgré tout ce que j’avais bien pu dire, malgré tout ce que je pouvais prétendre, avoir mes examens m’importaient réellement. Réussir m’importait réellement. Comme si, quelque part, je voulais me prouver que j’étais quelqu’un d’importance, une personne qui méritait l’attention des autres.
Mais, après tout, j’étais puérile. Puérile et immature. Puérile et naïve. Tout cela m’importait, oui. Tout cela m’importait sans doute trop parce qu’au fond de moi, malgré mes espoirs, malgré mes envies, je savais que tout ceci était sans doute vain. Avoir un diplôme ne me donnerait pas le métier que j’avais toujours désiré exercé. Avoir un diplôme ne serait qu’un bout de papier dans une vie ponctuée par les ratures.
Dans mon demi-sommeil, je sentis une poussée d’angoisse se répandre dans mes veines, et je poussai un petit gémissement avant de sombrer de nouveau. Mon corps était chez Theodore mais mon esprit, lui, s’était perdu dans les cheminements tortueux de mes désillusions d’enfant ; je savais au fond de moi que j’aurais mieux fait de garder les yeux ouverts pour surveiller Jasmine, mais la voir assoupie m’avait presque encouragée à prendre une pause. Prendre une pause et céder. Céder et fermer les paupières. Céder et me laisser aller, céder et lâcher prise. « Retourne-toi lentement ! » La voix sifflante de Theodore me rappela presque à l’ordre et, pendant une demi-seconde, je crus me retrouver des années en arrière, quand j’étais encore sous sa tutelle. Quand je pouvais encore marcher et qu’il s’appliquait à me former, n’ayant pas peur d’hausser le temps, n’ayant pas peur de me faire recommencer quand je me trompais. Alarmée, je clignai plusieurs fois des paupières avant de pouvoir distinguer dans la pénombre deux silhouettes, celle de Theodore, et celle d’une jeune femme, brune et menue. Je distinguais le revolver pointé sur cette seconde et j’eus un mouvement de recul, manquant de tomber du siège où j’étais installée. Je me rattrapai à la dernière seconde et, presque automatiquement, je tournai la tête vers Jasmine, toujours dans son berceau. « Qu’est-ce que tu fous là Abi ? C’est le clan qui t’envoie ? » demanda-t-il alors. Je sentais les couleurs disparaître de mon visage alors que je distinguai son doigt dangereusement jouer sur la détente ; il me fallut plusieurs secondes avant de finalement me redresser complètement, les livres qui se trouvaient sur mes genoux glissant le long de mes cuisses. Je les rattrapai à temps avant qu’ils ne tombent pour ne pas réveiller Jasmine, puis je levai les bras pour diriger mes paumes vers Theodore. « Doucement, elle n’a rien fait, » lançai-je. Mon cœur battait de manière irrégulière. Une centaine de questions se bousculaient dans mon esprit. Qui était-elle. Pourquoi Theodore mentionnait-il un clan. Comment avait-elle fait pour rentrer dans l’appartement. Pourquoi pointait-il un révolver sur elle alors qu’elle était de toute évidence désarmée. Ma bouche était pâteuse, ma voix enrouée ; j’avais encore du mal à appréhender la situation mais je finis par me réinstaller, non sans peine, sur mon fauteuil roulant pour m’approcher d’eux. Je roulais doucement pour finalement arriver aux côtés de la jeune femme et je levai la tête pour l’observer avant de reporter mon attention sur Theodore. « Vous n’allez pas lui tirer dessus, le bébé est en train de dormir. »  Je le regardai avec insistance. J’avais volontairement éviter de prononcer le prénom de Jasmine ; je connaissais suffisamment Theodore pour me rendre compte que son visage était empreint de méfiance et que, visiblement, il ne faisait pas confiance à l’intruse. Pas confiance du tout, d’ailleurs, car il pointait un révolver droit sur elle. « C’est complètement irrationnel. » Mais au fond, je ne devais pas savoir de quoi je parlais. Je venais du Pays de Galles. J’étais issue d’une famille modeste, de parents tout à fait banaux. Je n’avais pas eu une existence mouvementée comme Theodore. Je ne savais sans doute pas tout de lui mais j’en avais suffisamment appris pour savoir que ce qui était sans doute irrationnel pour moi était parfois tout à fait normal pour lui.
Nous ne venions pas du même monde, après tout.
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() message posté Mer 27 Mai 2015 - 16:43 par Invité
« Retourne-toi lentement ! » Je me figeai, fixant l’enfant comme si elle était mon seul échappatoire. Je sentis la sueur couler le long de mon dos à mesure que je m’exécutais. Un mouvement souple et mesuré. Je ne voulais pas l’affoler encore plus. Je levai les yeux vers lui et distinguai enfin son visage : il avait tant changé. La lumière luisait sur ses joues froides de manière si différente. Il ne ressemblait pas au jeune homme qui m’avait déversé sa haine sur le cœur le jour de l’enterrement de son meilleur ami. A l’époque, sa silhouette était plus fine, ses traits moins prononcés car il n’était qu’un gamin arrogant et sûr de lui, brisé par le destin. Aujourd’hui, je le contemplais enfin sous un jour nouveau. Il était devenu un homme et cela me surprit terriblement. Ce type a neuf ans de plus que toi et ça se voit. Je ne reconnaissais pas mon frère dans le visage de ce Theodore-là. L’avais-je déjà reconnu un jour, en vérité ? La question me semblait idiote. J’écartai mes doigts pour lui signifier que j’étais désarmée et que je ne voulais aucun mal à sa fille mais le canon de l’arme qu’il pointait vers moi me nouait les entrailles. Il peut tirer si ça lui chante. Il peut se débarrasser de moi et du calvaire que je représente. Il le pouvait, je voyais son doigt jouer sur la gâchette, hésitant une seconde en découvrant qui j’étais. « Qu’est-ce que tu fous là Abi ? C’est le clan qui t’envoie ? » Il raffermit sa prise sur le manche de son arme et ne l’abaissa pas le moins du monde. J’étais une menace. Une terrible menace qui le frappait de plein fouet, à l’arrière de la nuque. J’étais l’ombre qui se posait sur son secret et qui lui arrachait sa sécurité. Baisse ton arme, Theodore, putain. Je voulais lui dire cela pour qu’il comprenne que j’avais terriblement peur, mais était-ce vraiment la solution ? Lui avouer ma crainte ? Il n’en serait que plus agacé, que plus sûr de lui. De toute façon, j’étais incapable de décrocher le moindre mot tant l’idée de me retrouver sur ce sol si propre, me vidant de mon sang, abattue par la personne que je me devais d’appeler mon frère me paralysait. Il fallait que je réfléchisse au plus vite. Il n’allait pas supporter mon silence très longtemps.

« Doucement, elle n’a rien fait. » Je me retournai brusquement, oubliant pendant une fraction de seconde le danger qui planait au-dessus de moi et découvris la silhouette d’une jeune femme dans un coin de la pièce. Elle faisait signe à Theodore de se calmer. Je la fixai, perplexe, presque hébétée par la surprise. Je ne l’avais pas vue en arrivant. Je l’aurais remarquée si j’avais eu le temps de lever les yeux du landau avant que Theodore n’entre dans la pièce. Sa voix était celle du diplomate, mais je ressentais sa peur. Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle ne savait pas ce qu’elle avait devant les yeux. Elle ignorait où elle avait échoué. La situation prit instantanément un tournant étrange et déroutant. Elle ne savait pas pour la mafia. Personne ne savait. Personne ne devait savoir. Le dialogue que j’allais avoir avec Theodore en serait forcément biaisé. Elle souleva son corps et s’installa sur un fauteuil roulant se trouvant près d’elle. Je déglutis, sceptique, et reportai mon attention sur mon frère, une lueur interrogative logée au fond des yeux. Il n’allait rien m’expliquer du tout. Il était bien trop concentré, me visant toujours. Un geste suspect de ma part, et c’en était fini de moi. Je fermai les yeux et expirai lentement l’air qui gonflait mes poumons. J’avais une douleur dans la poitrine : l’angoisse, probablement, et l’incompréhension. La jeune femme roula jusqu’à nous et leva son regard brillant vers moi. Je la fixai, les sourcils froncés, puis elle continua à parler : « Vous n’allez pas lui tirer dessus, le bébé est en train de dormir. » Je suivis ses gestes et scrutai à présent Theodore, puis hochai la tête dans sa direction. Elle avait raison, après tout. « C’est complètement irrationnel. » J’affichai un mince sourire que seul Theodore put voir mais qu’il comprit immédiatement. Oh, non, détrompe toi. C’était même attendu que cela arrive. En réalité, ce que je trouvais le plus irrationnel dans l’histoire était la présence d’une femme en fauteuil roulant dans l’appartement vide de mon frère, lui ayant probablement confié la garde d’un bébé dont personne ne connaissait l’existence. Mais je comprenais sa surprise. Elle n’avait sûrement pas l’habitude – pas que je l’avais de mon côté, mais je savais pourquoi Theodore ne cessait pas de me menacer. Je savais ce qu’il pensait de moi. Et je savais également que perdre mes moyens devant tant de pression n’était pas une bonne idée.

Je me redressai donc et inspirai profondément avant de lui adresser, cette fois-ci, un véritable sourire – probablement trop hypocrite pour que cela le détende, mais il ne pourrait pas me reprocher de ne pas avoir été aimable. Ne pas mentionner la mafia. Ne pas laisser courir les soupçons. Jouer la carte de la prudence mais aussi celle de l’avantage. Theodore, je connais ton secret à présent. Je penchai légèrement la tête, enfilant de nouveau la peau dans laquelle il m’avait vu grandir. La gamine qu’il ne supportait pas mais qui avait le dernier mot – même si cette fois-ci, mes paroles me semblaient bien acides sur mon palais. « Elle a raison Theodore, tu devrais me tuer sur le palier plutôt. » Je fis un pas vers lui, très lentement. Je devais bouger, il repèrerait moins mes tremblements. Car mes jambes et mes bras tremblaient, ma voix également : j’avais l’impression de marcher sur du verre brisé, assez agilement pour que celui-ci ne transperce pas ma chair, mais le danger avait ses larges mains posées sur mon cou, prêtes à me le tordre si je faisais la moindre erreur. « Détends-toi, je vais rien lui faire à ta fille. Je suis vexée de ne pas avoir été invitée au baptême, c’est tout. » Ainsi je lui faisais passer le fameux message. Non, le clan ne m’envoyait pas. Il le savait, je n’étais pas franchement le premier choix de mes parents ou de leurs collègues en ce qui concernait la mafia. J’étais juste là, par hasard, à marcher sur ce verre brisé. Et quitte à me retrouver piégée, j’emportais Theodore avec moi. C’était un plan de bataille simple et efficace. Je me tournai alors vers la jeune femme et me présentai, une courtoisie feinte brodée dans ma voix : « Abigail Rottenford. Enchantée. » Elle était le témoin improvisé de notre dialogue assassin. De notre règlement de comptes silencieux. Je n’avais certainement pas envie qu’elle prenne le partie adverse dans l’histoire. Mais Theodore serait forcé de baisser son arme. On ne menaçait pas de mort une fille charmante juste parce qu’elle avait l’audace d’être sarcastique. On ne menaçait pas de mort sa propre sœur alors qu’on la retrouvait après huit ans d’absence, malgré ses erreurs. Même si celles-ci étaient probablement bien trop nombreuses.
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Theodore A. Rottenford
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() message posté Jeu 2 Juil 2015 - 1:06 par Theodore A. Rottenford

“We are all brothers under the skin - and I would be willing to skin you to prove it.”     Très bien. Reste. C'est moi qui m'en vais. C'était les dernières paroles que j'avais prononcé avant de disparaître au milieu du cortège funeste. Il faisait frais. La pluie tombait drue sur le gazon alors que j'enterrais une partie indissociable de mon âme sous la terre mouillée. Les faibles lueurs du soleil me donnaient assez de force pour succomber encore une fois à la haine. Abigail se tenait devant moi comme une ombre immortelle. Ma tristesse était marquée sur son front. Je la voyais partout sur elle. Cette gamine portait bien son nom, elle était aussi cruelle et cristalline que l'éther glacé. Sa déchéance imminente était aussi rayonnante qu'un astre, mais toutes les étoiles finissaient par disparaître dans le ciel. J'aurais tant voulu éclater d'un rire insondable et poser mes mains de meurtrier sur ses épaules pour la secouer avec violence. J'aurais voulu m'approcher et claquer ses joues maculées de larmes, mais je restai là, perdu face au tombeau de mon meilleur ami, ensorcelé par la tragédie de son départ. L'odeur écœurante de l'humidité envahissait mes narines comme un poison. Elle me soulevait le cœur avant de se fixer sur mes entrailles douloureuses. Je fis volte face et marchai d'un rythme ordonné au milieu de la foule. Les fumées écarlates de milles orgies sanguinaires enveloppaient ma silhouette fragile. Je ressentais les spasmes de mes muscles vibrer sans frontières au fond de ma poitrine. J'entendais encore les soupirs agonisants de Jamie. Je le voyais mourir lorsque je fermais les yeux. Et parfois même lorsque je les rouvrait. Les chants de sa respiration qui s'éteignait, berçait mes pensées. Ils me guidaient comme une nuée enchanteresse vers la perte de tout ce qui faisait de moi un être vivant et compatissant. J'inspirais la lubricité sauvage des animaux qui se dévoraient entre eux, se mâchaient et se vomissaient. J'étais dégoûté et blessé. Je n'avais pas retenu mes sanglots. Cette nuit-là, et plusieurs jours après la cérémonie d'enterrement. Les liquides salés qui s'échappaient de mes yeux me vidaient de l'essence même de l'humanité. Je ne pleurais pas. Je sortais de ma coquille. Je muais comme un serpent qui abandonnait ses anciennes blessures de guerre et les parfums putrides de la famille. Regardes ce que tu m'as fait Abigail. Je tombais en lambeaux. Je coulais sur le sol comme un pot de peinture. Vas-y, dessine-moi petite sœur. Je secouai légèrement la tête avant de me pencher vers le berceau de Jasmine. Mes mains se crispaient presque machinalement contre la détente de mon arme. J'observais les reflets de mes traits  pâles et fatigués au fond de son regard innocent. Elle se réveillait peu à peu. Ses petites mains dansaient dans le vide à la recherche d'une présence familière, à la recherche d'un réconfort que je n'arrivais pas à lui offrir. Je soupirai en m'avançant vers le centre de la pièce. La mélancolie étouffait mon cœur comme si la présence d'un autre membre actif du clan irlandais menaçait de briser les plaisirs médiocres de l'univers enfantin que j'avais tenté de lui recréer. Je grinçai des dents en maintenant mon canon rivé sur la cible. Il ne restait plus que des fragments de nos habitudes. J'avais laissé toutes les pièces derrière moi. Abigail avait tout détruit. J'espère que tu gardes encore ta précieuse liste de noms. Aujourd'hui, je voudrais rayer le tien du bout des doigts.

« Doucement, elle n’a rien fait. »Souffla Ginny après s'être positionnée sur son fauteuil. Je la regardais à peine, incapable de me détourner de cette aura mesquine et perverse qui se dégageait de ma propre chair. Ma peau suintait la vice. Ma bouche hurlait du haut de mon désespoir. J'étais repoussé dans mes retranchements. Elle ne savait pas pour la mafia. Elle ne savait pas que j'étais loin d'être le seul monstre Rottenford en liberté dans ce monde. Abigail la regardait, surprise que je puisse partager mon espace vital avec une tierce personne. Mais j'étais un génie de la manipulation. On m'avait conditionné à vivre en communauté. On m'avait ordonné de me noyer dans la masse. C'était mon rôle d'être policier et truand. D'être père et frère. « Vous n’allez pas lui tirer dessus, le bébé est en train de dormir. C’est complètement irrationnel. » Elle avait raison mais je ne parvenais pas à abandonner. Je ne pouvais pas la laisser échapper aussi impunément. Elle pire que moi, Ginny. Elle trahi son propre sang. Elle se rebelle contre les fondements de la loyauté.  Abigail sourit au coin. Bien sûr qu'elle n'était pas étonnée que je la menace de mort. Le son des canons et des coups de feu avait rythmé toute son enfance. Elle était née en dernier. Il était trop tard pour qu'elle puisse s’accommoder aux coutumes familiales et pas assez pour qu'elle se soustrait au destin. J'hochai la tête en baissant ma garde. « Elle ne devrait pas être là. On avait un marché. » Sifflai-je en sentant la colère monter en moi. Je ne voulais pas effrayer Eugenia, mais j'avais l'impression d'être piégé entre le marteau et l'enclume. Je tendis mes bras dans un geste mécanique en analysant la situation. Je connaissais l'arrivisme de ma sœur. Les mêmes venins circulaient dans mon système. La même angoisse bordait mes sens. Je pouvais percevoir l'éclat de la lumière froide au fond de son regard chocolat. Concentre-toi sur tes habilités. J’excelle déjà avec les miennes.

« Elle a raison Theodore, tu devrais me tuer sur le palier plutôt. » Elle souriait. Oui, c'était bien cela. Elle me défiait en dévoilant les vibrations de son éther transparent. Abigail. Indie. Jolene. Tous ses prénoms flottaient autour de ma tête. Elle avait atteint un degré supérieur de gravité. Son visage brillait de mille feux, constellé par les astres radieux d'un univers que je désirais réduire en poussières. Ses jambes dansaient, la guidant vers mes ailes déployées. Vas-y. Rapproche-toi. Le bout de mon canon trembla alors que je comptais secrètement les secondes qui nous séparaient. Puis elle finit par arriver à ma hauteur. Elle se posta en face de moi et je réalisai qu'elle était bien vivante. Je découvrais qu'elle était bien là. Je renonçais au plaisir de la frôler, de la toucher et de respirer toutes les sources de volupté qu'elle dégageait. Je connaissais déjà le goût qu'elle laissait dans ma bouche. Douce-amère.  Je me redressai avec non-nonchalance, mais en réalité, j'étais pris d'horreur face à la beauté trompeuse de son expression. Je ne l'avais pas revu depuis huit longues années. Je recevais ses nouvelles par contacts interposés. Nous avions parlé au téléphone, la fois où elle s'était réveillée dans les bras glacés de son petit ami. Mais ses traits d'adultes m'étaient complètement étrangers. « Détends-toi, je vais rien lui faire à ta fille. Je suis vexée de ne pas avoir été invitée au baptême, c’est tout. » Je ne lui faisais pas confiance. Elle était capable de mentir pour s'en sortir. Abigail était ce genre de fille qui ne connaissait pas les limites et les bienséances. Elle pouvait s'enfoncer dans les pires bassesses pour accéder à la vengeance. Je déglutis en la fixant avec application. Étrangement, je la croyais. Elle était trop stupide pour mener une mission à terme. Je pressai mon revolver contre son torse pendant quelques secondes. Je le pressai tellement fort que mes doigts craquèrent contre la manche en métal, puis je lâchai prise en grognant. « Je ne pensais pas que c'était ton truc. Je me souviens que tu avais une préférence pour des événements plus … particuliers. » Je savais qu'elle avait assisté à l'enterrement d'Ian. Je lui avais formellement interdit de s'exposer inutilement et pourtant, elle n'en faisait qu'à sa tête. Elle s'était mélangé à ses proches, à ses amis, à ses endeuillés alors qu'elle n'en avait plus le droit. Elle n'était personne. Son existence toute entière ne rimait plus à rien. « Je retiendrais pour ta prochaine visite dans huit – dix ans. » J'arquai un sourcil en rangeant mon arme dans ma ceinture. Elle se retourna vers Ginny afin de se présenter.  « Abigail Rottenford. Enchantée. » Je savais exactement ou elle voulait en venir. Elle jouait la comédie. J'émis un rire sarcastique avant de l'empoigner agressivement par le bras, la forçant à s'asseoir sur le canapé. Je restai à ses côtés un instant, feignant une accolade fraternelle. « Ouais. Les soirées arrosées du nouvel an peuvent faire des ravages. Je te présente ma petite sœur préférée. » J'haussai les épaules avant de me diriger vers Eugenia. Je ne voulais pas la mêler à mes histoires de famille, mais elle était déjà là et je ne pouvais pas lui mentir indéfiniment. Je lui murmurais des excuses sommaires en joignant mes mains sur ses cuisses. Jazz s'agitait dans son landau. Elle était attirée par les bruits de notre conversation et le fracas de nos mouvements. « Ne t'inquiète pas, Ginny. Je l'ai simplement prise pour un voleur. » Grinçai-je en me redressant. Je pris la petite à bout de bras avant de la déposer sur les genoux d'Abigail. « Voilà tata Abi. Il ne faut surtout pas devenir comme elle si tu ne veux pas énerver papa. » Murmurai-je en embrassant le front de la petite. Je croisai les bras en épiant les lieux. Je regardais les fenêtre et me demandai comment elle avait bien pu entrer par effraction. Mon regard se dirigea ensuite vers Eugenia. Comment avait-elle pu se laisser aller à la sorte. Elle n'était pas assez vigilante ou peut-être ne mesurait-elle pas l'ampleur du danger qui me guettait. « Tu l'as laissé entrer ? » M'enquis-je tout à coup.
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() message posté Dim 5 Juil 2015 - 20:25 par Invité

Theodore, abigail & eugenia — society taught us how to hate. hate taught us violence. violence taught us regret. regret taught us pain. pain taught us love. love taught us how to laugh and laughter makes every moment far more beautiful then we could ever imagine. ✻ ✻ ✻ Une lueur que je ne lui connaissais pas brillait au fond du regard de Theodore. Je l’observai sans comprendre, l’anxiété parcourant mes veines, mes yeux allant et venant entre ces deux individus qui se faisaient face. J’étais habituée au excès de mon ancien maître de stage mais c’était la première fois que je le voyais réagir de manière irrationnelle en présence de sa fille. Alors qu’il était censé endosser le rôle de père. La petite s’agitait derrière moi mais je refusais de détourner le regard, comme s’il n’aurait fallu que cela pour décider Theodore à coller une balle entre les deux yeux de la jeune femme.
Mais, au fond de moi, je savais que Theodore se fichait bien que je voie ou non. Il n’avait pas besoin que je détourne le regard pour exécuter une personne sans ciller une seule fois.
Je tentais de le calmer mais je savais qu’aucun de mes mots ne serait suffisant ; Theodore était une personne entière, une personne qui voyait le monde en noir ou en blanc sans jamais accepter l’idée qu’il puisse exister différentes nuances de gris. Avec le temps, avec les étapes que nous avions franchies ensemble, avec tous les instants que nous avions partagés, j’avais fini par me construire une image de lui qui se retrouvait à chaque fois remise en question par ses propres actions, par ses propres agissements.
On avait beau connaître Theodore Rottenford. On avait beau savoir qu’il était maniaque et perfectionniste, attaché à sa fille et loin d’être complètement blanc comme neige. Il finissait toujours par agir sans que l’on ne s’y attende. Il finissait toujours par prendre des décisions allant à l’encontre même des principes du bon sens. Il représentait la loi. Il représentait son pays. Pourtant, il était un loup solitaire qui n’agissait que selon son bon vouloir, capable de tout, capable du pire. « Elle ne devrait pas être là. On avait un marché, » me répondit-il, me confirmant qu’il la connaissait. Je ne réagissais pas à ses paroles, le fixant avec intensité, espérant que, de cette manière, il se rendrait compte de lui-même que, malgré toutes les promesses qu’elle avait bien pu lui faire, aucune,  absolument aucune, ne justifiait son comportement. « Elle a raison Theodore, tu devrais me tuer sur le palier plutôt. » Je déglutis, refusant de tourner la tête vers l’intruse comme s’ils étaient tous les deux en train de se livrer au jeu du plus fort. Je me concentrais sur Theodore, tentant, en vain, de le faire revenir à la raison grâce à un simple regard. Comme si ce simple regard allait être plus utile que des paroles. « Détends-toi, je vais rien lui faire à ta fille. Je suis vexée de ne pas avoir été invitée au baptême, c’est tout, »  reprit-elle. Ils étaient proches, réellement proches. Pourtant, malgré les maigres conclusions que je pouvais tirer de leur conversation, je n’en savais que trop peu pour le moment.
C’était comme s’ils faisaient exprès. Exprès de parler en codes pour que je ne remette pas les pièces du puzzle dans le bon ordre. Comme s’il ne s’agissait que d’une mise en scène de Theodore pour me pousser à réfléchir, réfléchir jusqu’à ce que je ne puisse plus en dormir. « Je ne pensais pas que c'était ton truc. Je me souviens que tu avais une préférence pour des événements plus… Particuliers. Je retiendrais pour ta prochaine visite dans huit, dix ans. » J’arquai un sourcil, encore plus perdue par ses allusions que je n’avais bien pu l’être auparavant. Puis, finalement, Theodore rangea son arme. Un poids se souleva de mes épaules, même si les différentes angoisses continuaient de me serrer les entrailles. « Abigail Rottenford. Enchantée, » se présenta finalement la jeune femme. Sa voix était teintée de courtoisie. Ses manières étaient calculés aux centimètres près. Tout ça comme si elle s’était entrainée toute sa vie. « Ouais. Les soirées arrosées du nouvel an peuvent faire des ravages. Je te présente ma petite sœur préférée, » enchaina Theodore en passant un bras autour de l’épaule de sa soeur. Ses gestes paraissaient faux, faux parce qu’ils ne collaient pas à sa personnalité, faux parce qu’il n’allaient pas avec le Theodore que je connaissais.
Je levai les yeux vers lui pour observer son expression, comme si cela allait me permettre d’en savoir plus, comme si cela allait me permettre de découvrir tout ce qui se tramait. Mais rien. Absolument rien. « Eugenia Lancaster, » finis-je par répondre. « Comme je ne peux plus être le larbin de ton frère au sein de la police, je garde son bébé. » De manière très brève, mes yeux se posèrent sur ceux d’Abigail, avant que je ne reporte mon attention sur Theodore. Il se dirigea vers moi et un mélange d’excitation et de crainte se déversa dans mes veines ; je ressentis une pointe de déception quand il se contenta de s’excuser, ses mains jointes ayant pris place sur mes cuisses. « Ne t'inquiète pas, Ginny. Je l'ai simplement prise pour un voleur, » m’expliqua-t-il et j’arquai un sourcil. Je me mordis la lèvre inférieure pour m’empêcher de lui répondre quand il se redressa pour chercher Jasmine ;  il ne m’accorda plus l’ombre d’une seconde d’attention et tendit la petite à sa soeur. « Voilà tata Abi. Il ne faut surtout pas devenir comme elle si tu ne veux pas énerver papa, »  dit-il en la lui confiant. Ses lèvres se posèrent sur son front de bambin, mais ses yeux ne voyaient déjà plus sa fille. Je reconnaissais l’expression qui prenait doucement place sur son visage ; c’était la même qu’il arborait quand il cherchait des indices, quand il cherchait des preuves. « Tu l'as laissé entrer ? » me demanda-t-il finalement. Je fus presque vexée qu’il me pose une question pareille et il me fallut quelques secondes avant de me rendre compte que c’était tout à fait légitime de sa part. Je m’étais endormie. J’avais été censée surveiller Jasmine et je m’étais endormie. « Bien sûr que non, » répondis-je. « Je me suis assoupie. Je suis désolée, Theodore, je t’avais prévenu qu’en ce moment je ne serais pas au meilleur de ma forme. » Il avait fait partie de ceux  me pousser à reprendre mes études pour poursuivre mes objectifs, pour renouer avec mes rêves. J’espérais, au moins, qu’il puisse comprendre cela. « Par contre, j’ai beau être fatiguée, je vois quand même qu’il ne s’agit pas que d’une histoire de cambriolage. Tu savais très bien qu’il s’agissait de ta soeur. » repris-je tout bas, évoquant les explications brèves qu’il m’avait inventées pour expliquer sa réaction. Je l’observai avec insistance, sachant pertinemment que, la dernière fois, c’était exactement en effleurant sa vie privée de trop près que je m’étais moi-même retrouvée menacée par Theodore Rottenford.
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() message posté Mer 22 Juil 2015 - 23:25 par Invité
« Elle ne devrait pas être là. On avait un marché. » Je levai les yeux au ciel avant de reposer mon regard sur Theodore. Un marché. Quelque chose que j’avais sûrement brisé la nuit où j’avais décidé de l’appeler car le cadavre de l’homme que j’aimais s’était brusquement retrouvé devant mes yeux fatigués. Quelque chose que j’avais sûrement brisé la fois où j’avais pris la peine de venir à l’enterrement de son meilleur ami alors que je n’y avais pas été conviée. Theodore me blâmait pour la mort de cet homme. Comme si coucher avec lui, cela revenait à lui voler son âme. J’étais une sorcière à ses yeux. Le pire dans l’histoire, pour lui, ce dont il avait le plus peur, c’était de savoir que j’étais comme lui. Que le même sang coulait dans nos veines et que nous pouvions deviner les pensées de l’autre rien qu’en se regardant assez attentivement. Je ne suis pas une sorcière. Je suis ta petite sœur maudite. On avait un marché, probablement, et je souris finalement en l’entendant prononcer ces mots. Je changeais la donne en découvrant qu’il était père. En découvrant le cœur même de sa plus grande faiblesse, là, à quelques centimètres de mes doigts pâles et pleins d’héroïne. Tu te rends compte qu’elle a le même sang que moi aussi ? Elle va devenir une sorcière, tu le sais. Je fis glisser mes prunelles froides vers l’enfant : elle était si innocente. Elle était comme les galets polis sur la plage, à peine sortis de l’écume maternelle dont regorgeait l’océan. Elle ne recevait que les caresses des vagues et le confort d’un lit de sable, la poésie des histoires que le vent lui racontait. Sa peau crayeuse semblait taillée à la fois dans la pierre blanche, le lait et le cristal. Les Rottenford étaient faits de  cristal : brillant en apparence, attirant les regards mais se brisant au moindre choc. Mon frère n’était pas un roc, il était aussi fragile que sa protégée. Aussi fragile que le corps de cette femme, assise sur son fauteuil roulant. Aussi fragile que mes veines trouées. Il le savait et il savait que je m’en étais rendue compte le jour où il avait décidé de m’imposer ce fameux marché.

Mon sarcasme eut l’effet attendu : Theodore crispa sa main sur le manche de son arme et laissait danser dans sa tête mille et une idées pour ne pas laisser son doigt appuyer sur la gâchette. Je m’approchai, provoquante, jouant avec le feu. Tu ne peux pas faire ça, tu serais obligée de la tuer elle aussi ensuite. Et allait-il vraiment réussir à calmer les cris de sa petite fille suite à deux détonations mortelles ? Elle deviendrait sourde comme lui. Une histoire de famille : on faisait couler le sang sans entendre la douleur. Il m’observa longuement, détaillant mon nouveau visage avec ses pupilles acérées de serpent, redécouvrant cet être qu’il avait rayé de sa mémoire comme j’avais coché son nom sur ma liste noire quelques années auparavant. Je n’ai plus cette liste. Je l’ai confiée à Richie lorsqu’il est parti au Canada. Je ne voulais rien faire sans lui. N’ai pas peur, mon frère. Mais il avait peur. Je le voyais dans la sueur qui commençait à perler le long de ses mains à présent moites. « Je ne pensais pas que c’était ton truc. Je me souviens que tu avais une préférence pour des événements plus … particuliers. Je retiendrai pour la prochaine visite dans huit, dix ans. » Je lui accordai un sourire glacial sans parvenir à répondre. Il le faisait exprès de toute façon. Je ne me gênais pas, il n’allait pas se gêner non plus. Et nos mots étaient empreints d’une telle violence que cela en devenait presque amusant : voir lequel de nous deux irait le plus loin devant cette jeune femme ne connaissant pas la vérité. Quelle serait la plus belle métaphore ? Le clin d’œil le plus évident ? Le sourire le plus déplacé ? Je ne m’étais pas préparée à voir autant de monde chez Theodore et cela m’apparaissait comme une bonne surprise. J’avais envie d’en savoir plus sur la vie de mon frère, ce qu’il était devenu, ce qu’il s’était autorisé à devenir. Theodore était double. Pas simplement pour toute cette histoire de mafia irlandaise, mais juste parce qu’il avait un cœur d’animal dans un corps d’homme et que cette bête se retrouvait trop souvent à l’étroit. Beaucoup ne voyaient que l’homme. Moi je ne voyais que les yeux luisant du fauve. Il rangea son arme une fois qu’il eut prononcé ses paroles acides. Son rire retentit dans la pièce, ponctuant les syllabes douces et pourtant si amères de mon prénom. Il m’attrapa le bras, je tournai la tête pour l’empêcher de faire quoi que ce soit, mais c’était déjà trop tard : il me tira sur le canapé et passa sa main sur mon épaule, mimant une accolade chaleureuse. Pourtant, tout était faux. Sa paume me semblait glacée. Ses ongles plantés dans ma peau me faisaient mal, mais je restai immobile, un sourire de poupée figé sur mes lèvres. J’aurais mille autres occasions de me venger de ce contact dont je ne voulais pas. Pourquoi ne pas commencer dès que ta petite amie handicapée se barrera ? Un fix m’attend dans ce salon, c’est certain. Devant sa fille, ça ne pourrait que faire gronder l’animal. Et c’était ce que je recherchais chez lui : l’enveloppe ne m’intéressait pas, je désirais le cœur. C’était ce que je recherchais chez tout le monde. Mes yeux se relevèrent vers mon interlocutrice.

« Ouais. Les soirées arrosées du nouvel an peuvent faire des ravages. Je te présente ma petite sœur préférée. » s’empressa d’ajouter Theodore. Je soupirai, amusée par la blague, même si elle était redondante. « Je suis la moins pire des trois. » Faux. Le mois pire n’était pas là. Silas volait quelque part dans des cieux que nous ne prenions même pas la peine de regarder. Une créature étrange et belle qu’était mon frère. Mais il ne semblait voir en moi que l’écho du crépitement des flammes d’un enfer auquel je ne croyais pas et le reflet de celles-ci gravitant dans mon esprit troublé. J’avais l’impression d’être haïe par un ange. « Eugenia Lancaster. » J’acquiesçai avec un sourire poli, presque sincère. « Comme je ne peux plus être le larbin de ton frère au sein de la police, je garde son bébé. » Mon sourire s’accentua. J’oubliais parfois qu’il était commissaire. Qu’il y croyait encore, à cette absence d’humanité, à cette absence de réalité, de vérité. Et il accordait sa confiance à une gamine en fauteuil roulant. J’en étais presque vexée. Il se dirigea vers elle, posa ses mains sur ses genoux avant de lui souffler des excuses qui me surprirent. « Ne t’inquiète pas, Ginny. Je l’ai simplement prise pour un voleur. » Je retins une réaction de justesse, déglutissant le plus doucement du monde pour garder mon rire narquois au fond de ma gorge sèche. Theodore se redressa et attrapa sa fille pour venir la déposer entre mes bras. Il l’embrassa sur le front. « Voilà tata Abi. Il ne faut surtout pas devenir comme elle si tu ne veux pas énerver papa. » Cette fois-ci, je ris, mais sans méchanceté. Juste parce que je trouvais sa remarque drôle et juste. Je ne souhaitais à aucun enfant de devenir comme moi, et certainement pas à la fille de mon frère. Nous avions assez d’âmes en peine dans nos rangs. Je levai mes iris noisettes vers Theodore et murmurai : « Elle s’appelle comment ? » Je ne savais même pas s’il avait envie de me répondre. Je comprenais s’il décidait de garder le silence. C’était son droit. C’était notre marché : des mots sous d’autres, voire des mots sous des silences. Il se retourna vers Eugenia. Tout n’était qu’un jeu de regards en vérité. « Tu l’as laissée entrer ? » Je haussai les sourcils et secouai la tête sans qu’il ne puisse me voir, exaspérée de nouveau par sa réaction. Quelle importance ? Je suis là, ai-je eu envie de lui répondre, mais Eugenia me devança : « Bien sûr que non. Je me suis assoupie. Je suis désolée, Theodore, je t’avais prévenu qu’en ce moment je ne serais pas au meilleur de ma forme. » Je battis des paupières avant de glisser une remarque : « Il a l’habitude de trop en demander. » Je penchai la tête pour le toiser avec une malice acide ancrée dans les traits de mon visage. « Tu devrais être un peu plus indulgent, tu sais. Et changer de verrou. » Ce n’était pas à moi d’en décider. J’avais été de ceux qui l’avait rendu si rigide. « Par contre, j’ai beau être fatiguée, je vois quand même qu’il ne s’agit pas que d’une histoire de cambriolage. Tu savais très bien qu’il s’agissait de ta sœur. » Je me levai, le bébé toujours lové contre moi. Je jouai avec ses minuscules mains et lui murmurai quelques mots doux, des mots inaudibles qui marquaient mon entrée dans sa mémoire, puis je la serrai contre moi et laissai son souffle paisible m’envahir. Je sentis son cœur fragile battre avec le mien, animé par le même sang, par le même destin. Ma chevelure sombre retomba sur sa joue alors qu’elle se lovait tranquillement contre ma poitrine. « On ne s’est pas vus depuis longtemps. J’ai passé du temps un peu partout, il ne faut pas lui en vouloir s’il ne me reconnait pas au premier coup d’œil. » J’inspirai avant de poursuivre. « Et nous nous sommes quittés un peu froidement, je dois l’admettre. Mais je suis là pour que l’on arrange tout cela, n’est-ce pas ? » J’adressai cette dernière phrase à Theodore, ignorant s’il s’agissait d’une vérité ou d’un autre sarcasme. Je m’avançai jusqu’à eux, le bébé fermement maintenu. Je ne pouvais rien arranger en le menaçant. Et je sentais cet être vivre près de moi. Je n’avais pas envie qu’on le fasse baigner lui aussi dans la lagune abyssale de nos rancœurs passées.
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Theodore A. Rottenford
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() message posté Lun 7 Sep 2015 - 3:23 par Theodore A. Rottenford

“We are all brothers under the skin - and I would be willing to skin you to prove it.”     Abigail était là. Encore une fois, elle envahissait mon univers sobre, ordonné et sans imperfections. Elle faisait tâche. Son petit air fatigué. La teinte violacée de ses paupières. L'emprunte de ses os fragiles. L'odeur particulière de ses cheveux. Je voyais à travers toutes ses faiblesses. Je sentais la puanteur qui rongeait ses entrailles. Je me souvenais de ses robes du dimanche, de ses pots de peinture et de sa voix aiguë. Pourquoi on t'appelles jamais Teddy ? Mais qu'est-ce qu'elle foutait là ? Dans mes pensées ? Parmi nous ? Dans notre famille ? Les réticences que j'éprouvais à son égard ne diminuaient jamais. Elle avait réussi l'exploit de tuer un homme en l'aimant. J'étais son grand frère et j'évitais de la considérer pour les mêmes raisons. L'amour d'un Rottenford était aussi acéré que l'aiguillon venimeux d'un scorpion. Le poison suintait au bout de mes ongles. Il coulait dans mes veines et se déversait dans ma bouche. Je t'avais dis de t'en aller. De ne plus jamais revenir. Mais elle était trop stupide pour m'obéir. Je serrai les dents en croisant son regard brisé. Le canon de mon arme était rivé sur son abdomen, à l'extrême limite entre sa poitrine et ses jambes. A l'endroit exacte où devait se trouver son diaphragme, mais je ne voyais qu'un trou béant. Celui que j'avais laissé dans son âme le jour où j'avais pris la décision de la rejeter. J'avais envie de tirer. Je le sentais jusqu'aux tréfonds de mon cœur. Mon Dieu, pour empêcher cette scène horrible, il aurait fallu qu'elle disparaisse de mon champ de vision. Je déglutis. Je n'avais pas peur de notre ressemblance. Ce que je craignais réellement, c'était le sentiment mesquin qui se frayait un chemin à travers ma gorge. Celui d'avoir failli à mon devoir de protecteur. Celui de l'avoir abandonné dès le départ. Je percevais tous ses signaux de détresse mais je refusais de descendre de mon perchoir. Je refusais de lui tendre mes griffes goudronneuses parce qu'elle était déjà trop sale. J'apercevais mon reflet dans son regard, ondulant entre les reliefs de ses iris glacés. J'étais un fantôme dans son esprit. L'abysse noir dans lequel elle se jetait désespérément, emportée par une foule d'incertitudes et de peurs. Elle me dégoûtait. Elle me poussait à me retirer. Je rangeais mon arme lorsqu'il aurait fallu que je lui crache au visage. Je baissais la garde lorsqu'il aurait été plus judicieux de la foutre à la porte. Abigail était mauvaise. Elle cachait une nature ensorceleuse derrière son expression de poupée. Ses pensées étaient une cage qui la retenaient dans l'univers de la mafia. Le mal dansait partout autour de sa silhouette. Je tiquai en serrant ma prise sur son épaule. Je la blessais délibérément. Je voulais lui rappeler que j'étais plus fort, malgré toutes mes ratures, malgré la présence d'Eugenia et de Jasmine dans la pièce. Face au danger, je me transformais toujours en bête sauvage. Je ne voyais déjà plus les promesses de ma rédemption. Ce n'était que de blêmes fantômes s'évanouissant au loin. Trop loin. «  Je suis la moins pire des trois.  » Elle souriait. Elle était toujours jolie lorsqu'elle souriait. Je la fixais sans bouger. Trois. Nous étions trois, mais j'avais toujours l'impression d'être seul. Aux yeux de nos parents, je l'étais probablement. Je portais le poids de notre malédiction dans sa pleine dimension. « Eugenia Lancaster. Comme je ne peux plus être le larbin de ton frère au sein de la police, je garde son bébé.  . » Ginny se présenta avec cette naïveté attachante qui la caractérisait tant. Elle n'avait jusqu'à présent commis aucune erreur. Elle n'avait pas prononcé le moindre mot compromettant et n'avait pas divulgué de détails pertinents sur mon bébé. J'étais presque étonné par son pragmatisme. Elle était jeune et brillante, mais sa bienveillance ne pouvait étouffer les visions de l'abîme. C'était un combat perdu d'avance. Je m'approchai lentement de son fauteuil afin de murmurer suavement quelques excuses. Une part de moi, pensait sincèrement qu'elle ne méritait pas d'être prise au milieu de mes histoires de famille. Tandis que ma nature égoïste et arriviste, ne lui accordait aucune attention. Je me redressai lentement. Je la quittai car je n'avais plus rien à ne lui confier. A cet instant, ma vision s'embrouillait complètement. J'avais oublié l'existence de ma fille lorsque je l'avais déposé sur les genoux d'Abigail. Je les avais toutes oubliés, aveuglé par les hurlements de mon courroux. « Elle s’appelle comment ? » Je la fusillai du regard par instinct. Elle n'avait pas à poser les questions. Ce n'était pas son rôle. J'ignorai presque sa demande. Jolene. Jolene. Jolene... Le refrain de la chanson que j'utilisais pour la taquiner lorsqu'elle était enfant, raisonnait en boucle dans la pièce silencieuse. Je me demandais encore pourquoi j'avais choisi ce prénom en particulier. Probablement, parce que je n'avais pas oublié. Un prédateur n'oublie jamais la couleur du sang. Je me tournai vers Ginny. Mes yeux étaient rivés sur ses jambes immobiles. Je la jaugeais froidement. Elle était handicapée. Je réalisais peu à peu que j'avais besoin de renforcer les défenses de ma forteresse et que son intelligence ne suffisait pas à éloigner les vautours irlandais. Je croisai mes brais sur mon torse. « Bien sûr que non. Je me suis assoupie. Je suis désolée, Theodore, je t’avais prévenu qu’en ce moment je ne serais pas au meilleur de ma forme. » J’acquiesçai, en ignorant à nouveau  l'intervention de ma sœur. Ses mots n'étaient pas réellement là. Ils glissaient sur ma peau avant de s'écraser sur le sol. «  Il a l’habitude de trop en demander.  Tu devrais être un peu plus indulgent, tu sais. Et changer de verrou.  » La ferme Abi ! LA FERME ! Je n'étais pas d'humeur à supporter ses sarcasmes. « Par contre, j’ai beau être fatiguée, je vois quand même qu’il ne s’agit pas que d’une histoire de cambriolage. Tu savais très bien qu’il s’agissait de ta sœur.  » Continua Eugenia. Ta sœur ; Sa voix m'écorchait les oreilles. Mais elle avait raison de se méfier. Mon excuse n'était pas plausible. C'était presque une insulte envers ses capacités d'avancer un mensonge aussi peu élaboré. J'avais décidé de laisser notre conversation en suspens, de la congédier poliment, lorsqu'Abigail se leva tout à coup. Elle portait Jasmine à bout de bras, jouant doucement avec ses petites paumes rosées. Je déglutis. C'était une image que je voulais effacer. Physiquement, elles étaient différentes. La chevelure ébène de ma sœur contrastait avec les boucles blondes et les traits enfantins de ma fille. Mais je voyais la même lueur innocente sur leurs visages. Chez Abigail, la drogue avait assombri la lumière. Ses sentiments étaient complètement biaisés par la tristesse. Alors que Jasmine possédait toutes ses qualités à l'état brute. Elles représentaient à elle deux, le cercle infernal du clan Rottenford. Du début jusqu'à la fin. «   On ne s’est pas vus depuis longtemps. J’ai passé du temps un peu partout, il ne faut pas lui en vouloir s’il ne me reconnait pas au premier coup d’œil.   » Elle inspira profondément avant de me diriger ses dernières paroles. «  Et nous nous sommes quittés un peu froidement, je dois l’admettre. Mais je suis là pour que l’on arrange tout cela, n’est-ce pas ? » J'étais obligé de confirmer. J'hochai sommairement la tête. J'étais trop rancunier pour lui pardonner. Certaines de nos blessures étaient trop profondes pour être guéries ou arrangées. Le bébé s'agitait dans ses bras, mais elle restait étrangement calme. Jazz était grincheuse avec les inconnus mais elle semblait avoir reconnu Abigail. Je pris une profonde inspiration avant de m'asseoir sur le canapé. « Je n'aime pas ma sœur. » Claquai-je froidement. « Elle est têtue, insolente, stupide et elle ne respecte rien. Regardes-là, elle est toute petite et maigre. Elle ne prend pas sien de son corps. » Je pinçai les lèvres. « Mais je suppose que la famille c'est la famille. Tu as une jumelle Ginny, n'est-ce pas ? C'est une ancienne alcoolique. » Je jouais à un jeu dangereux. J'essayais de détourner son attention en trouvant des similarités entre nos deux histoires. « Abigail est dépendante à l'héroïne. Elle se pique les orteils pour le cacher mais je l'ai déjà vu à l’œuvre une fois. Je suis sûr qu'elle n'a pas remarqué ma présence. » Son engouement l'avait empêché de se protéger contre la froideur de Belfast. Je l'avais trouvé sur le sol, recroquevillée que elle-même en position fœtale. J'étais résigné à la laisser mais cette fois, mon engoument, m'avait poussé à la porter jusqu'au lit et à éteindre sa lampe de chevet.
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() message posté Sam 17 Oct 2015 - 11:19 par Invité

Theodore, abigail & eugenia — society taught us how to hate. hate taught us violence. violence taught us regret. regret taught us pain. pain taught us love. love taught us how to laugh and laughter makes every moment far more beautiful then we could ever imagine. ✻ ✻ ✻ « Je suis la moins pire des trois. » Il régnait une atmosphère étrange dans la pièce. J’avais l’impression que chacune de leurs paroles était teintée de sous-entendus que je ne parvenais pas à saisir. Que je n’étais pas censée comprendre, de toutes manières. Je les observais tour à tour. Je détaillai leurs expressions sans réussir à en tirer ne serait-ce qu’un seul indice, une seule indication. Quelque chose de malsain émanait des mots d’Abigail Rottenford, comme s’ils voulaient en dire bien plus, comme s’ils masquaient des vérités que seul son frère parvenait à comprendre. De nous trois, j’étais celle à ne pas avoir sa place, ici. De nous trois, j’étais peut-être celle que Theodore ne désirait pas descendre, mais cela ne signifiait en rien que je pouvais me permettre d’être là, en cet instant.
Je n’étais pas une Rottenford. Pourtant, j’étais piégée ici, au beau milieu d’un conflit familial.
Je savais qu’il aurait été plus sage que je prenne congé, que je m’en aille. Je savais que j’aurais mieux fait de passer le seuil de la porte et les laisser tous les deux, les laisser à leurs retrouvailles imparfaites, les laisser à leurs sous-entendus communs. Cependant, je ne parvenais pas à m’y résoudre. Je ne parvenais pas à me dire que cela était la meilleure chose comme si, quelque part, la menace qu’il appuie sur la détente une fois que j’aurais le dos tourné me pesait sur le coeur comme s’il était réellement capable d’abattre sa soeur de sang-froid devant sa fille.
Il avait le regard fou, ce regard qui m’effrayait. Il avait le regard fou, ce regard pourtant profondément froid et saisissant qui ne laissait rien deviner quand on ne le connaissait pas plus que cela. Je tentais d’agir avec naturel comme si la situation était normale mais il me glaçait le sang, les entrailles, le coeur et le corps. « Elle s’appelle comment ? » demanda finalement sa soeur mais il ne se donna pas la peine de répondre. Il la lui confia, oui, pour qu’elle la porte dans ses bras, mais il ne prononça pas une seule fois le prénom de Jasmine. Je ne m’étais pas trompée, au fond. Il ne lui faisait pas confiance. Elle avait beau être sa soeur mais il se méfiait d’elle.
Il s’approcha de moi pour finalement s’excuser et me demander si je l’avais laissé entrer de mon plein gré. Je fus presque vexée par sa question et je me défendis du mieux que je pouvais, sachant que mes raisons ne seraient sans doute pas suffisantes. Je savais qu’à sa manière il m’appréciait mais cela n’empêchait pas Theodore d’être exigeant, surtout avec moi. « Il a l’habitude de trop en demander, » me dit sa soeur, avant de finalement se tourner vers lui. « Tu devrais être un peu plus indulgent, tu sais. Et changer de verrou. » Il était en colère, réellement en colère. Une flamme ardente brûlait au fond de son regard et je déglutis en me rendant compte qu’au delà du fait qu’il ne fasse pas confiance à sa soeur, il ne la portait pas dans son coeur non plus. Alors, je me permis de pointer du doigt les incohérences du discours de Theodore. Alors, je me permis de m’immiscer dans leur jeu pour tenter de faire tomber toutes leurs cartes même si je savais qu’ils étaient des Rottenford, et que les Rottenford n’étaient pas si facile à abattre à leur propre jeu. « On ne s’est pas vus depuis longtemps. J’ai passé du temps un peu partout, il ne faut pas lui en vouloir s’il ne me reconnait pas au premier coup d’œil. Et nous nous sommes quittés un peu froidement, je dois l’admettre. Mais je suis là pour que l’on arrange tout cela, n’est-ce pas ? » répondit Abigail. Theodore hocha la tête à ses paroles. Mais, une fois encore, j’avais l’impression qu’il y avait plus. Qu’il y aurait toujours plus.
C’était souvent ainsi, dans les familles. Il y avait des secrets, des souvenirs oubliés volontairement, des vécus douloureux que l’on préférait ne plus jamais évoqué. Mais je pouvais aisément deviner qu’ils n’étaient pas comme n’importe quelle famille. Qu’ils traînaient derrière eux beaucoup plus de secrets que n’importe qui d’autre. « Je n'aime pas ma sœur. Elle est têtue, insolente, stupide et elle ne respecte rien. Regardes-là, elle est toute petite et maigre. Elle ne prend pas soin de son corps, » enchaîna Theodore. Ses mots me choquaient. Le fluide de ses parole me choquait. Il énonçait chaque chose point par point, comme si ces vérités ne le touchaient pas, comme si Abigail n’était même pas dans la pièce. J’étais désarçonnée mais mon visage demeurait impassible comme il avait bien pu me l’apprendre. Comme il avait bien pu me le montrer. « Mais je suppose que la famille c'est la famille. Tu as une jumelle Ginny, n'est-ce pas ? C'est une ancienne alcoolique. Abigail est dépendante à l'héroïne. Elle se pique les orteils pour le cacher mais je l'ai déjà vu à l’œuvre une fois. Je suis sûr qu'elle n'a pas remarqué ma présence. » Je n’appréciai pas la manière dont il évoqua Scarlet, comme si cela nous comparait, comme si cela nous mettait tous les deux au même niveau. Comme s’il disait que, moi aussi, je n’aimais pas ma soeur parce qu’elle avait eu des périodes creuses dans son existence. Je serrai la mâchoire pour m’empêcher de dire des bêtises mais j’eus beau tenter de me retenir, cela ne changea rien. « Je n’ai jamais accueilli ma soeur alcoolique avec un flingue, »  grinçai-je. « Tu as raison, la famille, c’est la famille. Mais, justement, tu ne la traites pas en tant que telle. »  Je savais que je n’aurais sans doute jamais dû lui répondre de cette manière. Je savais que je n’aurais sans doute pas dû m’attarder sur ses mots. Mais il m’avait blessé. Blessé en parlant de ma soeur. Blessé en se permettant de la prendre en tant qu’exemple pour rendre ses actes justifiables. « Je n’ai absolument rien à faire ici, »  repris-je. J’étouffai, dans cette atmosphère. J’étouffai parmi eux. J’étouffai coincée entre les concepts étranges de leur famille. J’étouffai, tout simplement.
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() message posté Lun 26 Oct 2015 - 16:53 par Invité
Il resta silencieux, marquant bien le fait qu’il avait entendu ma question mais qu’il ne désirait pas y répondre. Eugenia ne réagit pas. Elle n’avait pas non plus révélé l’identité mystère et j’affichai une mine presque frustrée en constatant qu’ils avaient passé comme un commun accord pour ne me donner aucune information. Je plissai des yeux lorsqu’il se tourna vers elle. J’étais en colère. Je savais que je n’allais pas m’empêcher d’être acide, et donc d’être idiote. Il avait toujours la possibilité de me loger une balle dans la tête, et pourtant je le provoquais de plus bel. Sur des choses futiles. Néanmoins, l’étaient-elles vraiment ? Theodore aimait les verrous et méprisait l’indulgence. Theodore était un lion hors de sa cage qui avait mangé ses gardes pour leur ressembler un peu plus, mais je voyais tout ce qui n’était pas humain dans son regard noir. Je voyais la monstruosité redessiner ses cernes et sonner dans sa respiration lente et contrôlée. Je remerciai Eugenia sans lui dire. Je remerciai cette enfant de cristal que mes bras portaient, sans pourtant comprendre comment cela était possible. Un million de questions s’entrechoquaient dans mon esprit et je savais que la plupart ne trouveraient jamais leur réponse. Theodore avait appris à imiter le silence d’un cimetière à force d’en côtoyer. Officiellement, et puis, ces soirs où la lune dessinait un sourire dans le ciel d’encre et qu’il devait enterrer le cadavre d’un homme dont il oubliait le visage à l’instant même où celui-ci disparaissait, six pieds sous terre. Le but n’était pas de se souvenir d’eux. Etait-on moins coupable si l’on oubliait ses meurtres ?

« Je n’aime pas ma sœur. » Son ton était sans appel et il semblait retracer vingt-trois ans de ma vie à travers une poignée de mots. J’avais toujours articulé mon existence à Theodore, sans même le vouloir, sans même en être consciente. Je m’étais efforcée de croire que je le détestais alors qu’au fond, je le savais pertinemment, on ne pouvait pas détester ceux qui tombaient avec nous. Nous étions nés, et tout s’était enclenché autour de nous pour couper nos ailes dès le plus jeune âge et nous forcer à vivre en bas, dans la vase. Je n’avais pas toujours été ainsi. Je me souvenais de quelques éclats de rire lorsque j’étais enfant. Je gardais en mémoire l’échancrure étrange et consolante d’un passé disparu, mais aux relents chaleureux. Theodore ne m’aimait pas, et pourtant je ne pouvais croire que cela n’avait jamais été différent. Il n’avait pas pu détester un bébé qu’on avait appelé sa sœur. Car elle n'était pas comme lui, certes, mais elle était innocente. Je voyais l’attention qu’il avait aujourd’hui envers sa propre fille et je plissai des yeux avec dédain. Ma crispation ne venait pas de sa déclaration, elle venait du mensonge qui voilait celle-ci. « Elle est têtue, insolente, stupide et elle ne respecte rien. Regarde-la, elle est toute petite et maigre. Elle ne prend pas soin de son corps. » Cela n’eut pour effet que de me faire secouer la tête et ricaner doucement. C’était donc ça ? Pourtant il y avait tant d’autres choses à dire. Mais Theodore s’abstiendrait. Il s’abstenait toujours. Il abstenait les autres de vivre, aussi. « Mais je suppose que la famille c’est la famille. Tu as une jumelle Ginny, n’est-ce pas ? C’est une ancienne alcoolique. » Je fronçai les sourcils et perdis mon sourire, lançant à Theodore un regard méprisant. Il n’avait donc aucun respect. Si ce n’était qu’envers lui, ou même envers moi, je n’aurais pas vu de problème. Mais je sentis les muscles d’Eugenia se tendre, son joli visage se crisper et se fermer à l’évocation de cette sœur. Non, il n’avait pas le droit. Mais il inventait ses propres droits comme un voleur, comme un meurtrier. Il se justifiait sur les cendres des corps incinérés et en tendant au juge l’argent de la corruption. Eugenia ne voyait-elle pas qu’il était faux ? Qu’il donnait pour reprendre en double et ne faisait que détruire ce qui se trouvait autour de lui ? Paradoxe étrange, voilà qu’il donnait naissance, pour la première fois, et qu’il voulait me faire croire qu’il pouvait se débrouiller seul, cacher l’enfant et l’éduquer alors qu’il n’avait pas été fichu d’aimer correctement sa propre sœur. « Abigail est dépendante à l’héroïne. Elle se pique les orteils pour le cacher mais je l’ai déjà vue à l’œuvre une fois. Je suis sûr qu’elle n’a pas remarqué ma présence. » Je lui lançai un sourire froid. Tu vois ? Tu ne peux pas t’empêcher de peindre ta fascination en la couleur de ton mépris, mais je vois clair dans ton jeu. Je finis par lever les yeux au ciel et lui souffler quelques mots acides : « C’est le principe de l’héroïne, mon frère. On ne remarque que ce que les autres ne remarquent pas. » Je m’en moquais. Je m’en moquais qu’il m’ait vue, ce n’était pas un drame. Il pensait peut-être me blesser dans ma fierté, mais il ne connaissait ni mon extase, ni ma douleur. Il avait ses propres sentiments aux tons d’asphalte et d’onyx, durs comme des roches sous-marines.  

« Je n’ai jamais accueilli ma sœur alcoolique avec un flingue. Tu as raison, la famille, c’est la famille. Mais, justement, tu ne la traites pas en tant que telle. » J’eus une moue approbatrice. Elle ne savait pas qu’elle se trompait, quelque part. Nous n’étions pas une famille, nous étions un Clan. La différence se faisait dans l’intensité. On s’aimait et on se détestait encore plus. Nos vies dépendaient bien plus de celles des autres. La voix d’Eugenia ne tremblait pas. Elle n’était pas défiante, elle était confiante et c’était rare de voir un visage comme le sien face à celui de Theodore. Je sentais qu’elle ne pouvait pas laisser passer la remarque sur sa sœur. Qu’elle n’acceptait pas de la mêler à cette situation qui la dépassait, dans laquelle elle-même n’aurait jamais dû être. J’imaginai son visage aux traits fins et sauvages, aux lèvres pulpeuses et agressives mais qui devaient avoir le plus beau des sourires, encadré par cette cascade de cheveux bruns rougeoyant sous la lumière dorée du jour, ce visage filtré par l’expression fatiguée et malade d’une alcoolique. Pire, d’une héroïnomane. J’avais vu assez d’êtres brisés pour les dessiner avec précision dans mon esprit. Ma curiosité me donna envie de les comparer, mais c’était une idée folle, ça n’arriverait jamais. J’étais certaine qu’elle ne voulait plus jamais se trouver en ma présence, puisque j’avais ce halo nocif ondulant autour de moi. « Je n’ai absolument rien à faire ici. » Je penchai la tête, amusée. Je comprenais néanmoins son opinion. J’aurais aimé être à sa place. J’aurais aimé être celle qui tenait tête à Theodore et qui s’en allait sans aucun regret car elle n’avait absolument rien à faire ici. Mais non, moi, je faisais partie du Clan et ma place était là, aux côtés de Theodore. Ou, du moins, elle aurait dû y être. « Theodore a toujours été très direct. » lui répondis-je. Je ne défendais pas mon frère. Je disais une vérité simple qui, pour une fois, ne justifiait rien. « Je suis navrée qu’il parle ainsi de votre sœur. » poursuivis-je en secouant la tête avec sincérité. Parce que j’étais cette sœur. Le nombre de fois où on avait dû dire à Theodore : tu as une sœur héroïnomane, n’est-ce pas ? C’est la même chose. On le blessait à travers moi et personne n’en avait le droit. Je n’avais jamais décidé d’être le réceptacle de son malheur, et pourtant il restait impassible et prétendait ne pas m’aimer. « Ne vous en faites pas, il ne me tirera pas dessus si vous partez. » conclus-je avec un sourire malicieux. Elle pouvait partir et, elle l’avait compris, elle devait partir. Rien ne la retenait ici. Ni mon regard saturnien et maussade, plaqué sur mon corps bilieux, ni les traits serrés de Theodore, son ton intransigeant et son manque de gêne. On obtenait le monde que l’on méritait. Pourtant, je n’étais pas certaine que qui que ce soit dans cette pièce méritait de rester piégé dans une atmosphère aussi trouble et funeste que celle-ci.
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