Guess what ? Another game over ! [April]

Chandler était vexée et en colère. Son échange de texto avec Fred Cordwell avait eut raison de sa patience et elle s'apprêtait à mettre sa chambre en charpie lorsque son téléphone sonna de nouveau. Hésitant entre l'envoyer à l'autre bout de Londres, via un magnifique jet depuis la fenêtre, la blonde se dit qu'il s'agissait peut être d'une personne bienveillante ou du moins plus agréable que l'autre crétin qui doutait de sa féminité ! Grand bien lui prit puisque son téléphone afficha Princesse Poussin, de bien meilleur compagnie que ce vieux macchiato au poulet pané qui lui servait d'ami et de collègue. Depuis quelques minutes, les deux jeunes femmes s'étaient engagées dans un fervent échange de SMS contre la gente masculine et se fut avec un sourire que Chandler lut l'invitation à poursuivre la conversation en face-à-face. Elle aller prendre sa veste, qui d'habitude trônait sur le dossier de sa chaise lorsqu'elle remarqua qu'il ne s'agissait pas de la sienne, mais de celle de Fred, qu'il lui avait prêté quelques soirs plus tôt lorsqu'elle s'était réfugié chez lui. Son coeur se serra un peu et elle tourna le dos à l'objet de son soudain malaise pour attraper la sienne sur le lit et quitta son appartement.
En chemin, la jeune femme décida de faire un arrêt pour prendre de quoi ravitailler: le point faible des soirées conspiration était bien souvent l'absence de nourriture sucré qui permettait à leur cerveau de s'alimenter en sucre rapide - et vicieux - pour forger des plans foireux visant à l'extermination totale des hommes de la surface de la planète. Chandler n'était pas une habituée des soirées conspirations: elle avait eut sa première au lycée, avec Lottie lorsque cette dernière désespérait que Raven ne la regarde ... Aujourd'hui, elle avait l'impression que cela risquait de devenir une habitude si Fred continuait de la faire tourner en bourrique. Elle ne parvenait à comprendre où il voulait en venir: un jour il lui proposait un rencard et le lendemain il se moquait de son attitude qui, parfois, était digne d'un garçon manqué. Elle arriva rapidement dans le quartier Est de la capitale et sonna chez April. A peine la porte ouverte, elle se précipita à l'intérieur. « Coucou poulette ! » dit-elle en tentant une grosse boite remplie de délicieux gateaux multicolores. « J'espère que tu as sortie la panoplie vaudou car je me sens d'humeur vengeresse ce soir ! J'ai tellement de chose à te raconter !! » April lui faisait penser à Lottie parfois, c'était peut être la raison pour laquelle elle avait tant de facilité à se confier à elle.

Dans le monde parfait imaginé par ses parents, Chandler aurait certainement ressemblé à April: elle était, dans un sens, tout ce que l'américaine aurait voulu être si le dieu de la féminité l'avait un peu plus touché durant sa jeunesse. Mais au lieu de jouer avec des poupées et de se prendre pour une princesse, Chandler préparait des plans de conquête de l'univers et d'exploration des forets amazonienne avec son meilleur ami. Autant dire que le côté robe et paillette en avait prit un sacré coup. Pourtant, depuis quelques semaines, Chandler éprouvait le besoin d'être un peu plus perçue comme une femme, et un peu moins, comme le bon pote de service. C'était sans doute la raison pour laquelle l'appartement d'April était devenue son lieu de refuge ... Avec elle, Chandler n'avait pas peur de dire ce qu'elle ressentait, de se maquiller un peu ou même de mettre des robes - choses qu'elle ne faisait jamais ô grand jamais en présence de Kaspar et Fred car elle était persuadée qu'ils se seraient moqués d'elle. Même si elle n'avait trouvé le temps de s'apprêter réellement, trop agacée pour faire attention à ce détail. Voir April, c'était un peu le rayon de soleil de sa journée et lorsque cette dernière lui avoua qu'elle avait pensé à une autre sorte de ravitaillement, Chandler ne put s'empêcher de partager, avec elle, une oeillade complice. « Tu sais que tu gères, Princesse Poussin ? » Si Kaspar se plaisait à parler d'elle comme d'une maman poule, la blonde préférait nettement son propre surnom qu'elle trouvait coller bien mieux au tempérament de son amie. Elles finirent par s'installer sur le canapé d'April, verre en main et gâteaux sur la table: elles étaient prêtes pour une TRES longue soirée de médisance sur les hommes. L'américaine soupira lorsque sa Princesse à plumes lui posa la question fatidique: ce qui avait put la mettre dans un tel état. C'était un amas de chose qu'elle n'arrivait pas à démêler mais dont un seul mot aurait put tout expliquer. « C'est Fred. » Tout était dit et elle ne donnait pas cinq minutes à son amie pour sortir son sourire victorieux. Pour une raison obscure, tout le monde semblait voir quelque chose entre elle et le jeune homme et, même si elle aurait bien aimé qu'il y ait en effet quelque chose, elle ne cessait de nier tous les fantasmes de ses amis. Certes Fred était hyper craquant, plutôt sympa et elle s'entendait super bien avec lui. Mais ils avaient cinq ans d'écart et elle doutait qu'il s'intéresse à une gamine dans son genre. Et puis, il y avait eut ces SMS.

Constatant qu'elle ne pouvait expliquer sa soudaine frustration avec un seul prénom, Chandler soupira et se lança dans une explication plus détaillée. « L'autre soir, j'étais en flippe total. Ma coloc était sortie faire la fête et moi ... J'avais un devoir sur lequel je devais bosser. » Une soirée banal si on y repensait. Elle se frappa mentalement en repensant à ce qu'il s'était passé ensuite. « J'ai appelé Kaspar mais ça sonnait occupé alors ... D'instinct j'ai appelé quelqu'un d'autre. Et le destin a voulu que ce soit Fred. » Relevant l'ambiguité de sa phrase, elle s'empressa d'ajouter « Mais ça ne veut rien dire ! Je l'ai appelé ... Parce que ... Il était le suivant sur la liste ! » Elle avait l'impression qu'un panneau pleins d'ampoules s'illuminaient au dessus de sa tête, inscrivant le mot MENTEUSE en lettres capitales. « Bref, je suis allée chez lui, on a passé la soirée devant la télé et ... Tu ris pas hein ? En rigolant, je lui ai proposé un rendez vous ... Et il a dit oui. » Elle se mit à rougir en repensant à cela et tenta de cacher cet état de fait en plonger le nez dans son verre. Lorsqu'elle le releva, elle était un peu moins cramoisie mais de légères rougeurs demeuraient. « Je sais pas à quoi j'ai pensé à ce moment là ... Du coup, aujourd'hui, j'ai voulu voir s'il était vraiment sérieux ... Et il a éluder la question ! Il a commencé à faire l'idiot et il s'est même moqué de moi. » Ses yeux devinrent sombres alors que les messages de Fred lui revenaient en mémoire. « Il a même dit que je n'étais pas féminine ! Tu me trouves pas féminine toi ? » lui demanda-t-elle sans vraiment attendre de réponse. Grognant dans sa barbe, Chandler attrapa un gâteau et mordit rageusement dedans.

D'aussi loin qu'elle se souvienne, on l'avait toujours qualifié de sanguine et elle devait avouer ne pas avoir un caractère facile: elle s'énervait rapidement, répondait au quart de tour et n'hésitait jamais à se jeter sur un mec se moquant de son prénom pour lui montrer qu'elle n'avait pas qu'hériter d'un nom à tendance masculine. Néanmoins, à cet instant, Chandler était dans une rage folle. Plus que le fait que Fred se soit moqué de sa féminité invisible, c'était le fait qu'il détourne sa question principale qui l'avait blessé. Elle ne savait plus vraiment à quoi s'en tenir avec lui, si elle devait ou non, tenter un truc. Au vu du sourire qu'affichait April, Chandler se sentit rougir: en venant ici pour parler, soyons honnête, exclusivement de Fred, elle signait une forme de confession. Après tout, Fred n'était pas le seul à la titiller et, même si elle doutait que Kaspar s'aventure sur cette pente savonneuse, elle n'avait jamais été réellement en colère contre son meilleur ami. Non admettre que Fred avait réussit à la toucher ainsi revenait à admettre qu'il ne la laissait pas indifférente et que son avis avait de l'importance ce qui ne faisait que renforcer la colère de la blonde à son égard. Sale petit crétin pensait-elle avec amertume ... Il faisait bien ce qu'il voulait d'elle en y pensant. Car après tout, si leur rendez vous semblait tenir toujours, détail qu'elle n'avait pas encore révélé à son amie, elle lui avait promis de lui faire ravaler ses paroles en étant époustouflante. Avec du recul, Chandler était terrorisée: elle aurait surtout l'air ridicule ! Elle eut un sourire tout plein de gratitude lorsqu'elle fut, un peu, consolée par une April compatissante et, visiblement, remontée contre Fred. Ce dernier devait avoir les oreilles qui sifflaient, et pas qu'un peu ! « Et puis, sur quoi il se base pour dire ça d'abord ! » renchérit-elle soudainement, oubliant les paroles de la blonde assise en face d'elle. « Nan parce que, ok, je suis pas une bimbo ... Mais ça m'arrive de mettre des robes ! J'en mets pas habituellement parce qu'ils se moqueraient de moi mais ... » Elle recommence à parler toute seule, énumérant tout ce qui l'agaçait dans le discours de Fred sans même remarquer qu'on avait put lui dire bien pire sans qu'elle ne bronche. Quand, finalement, elle finit par se calmer, à bout de force, elle lâcha d'une toute petite voix. « Et maintenant je vais mourir ... » L'aspect théâtrale de sa phrase fut amplifié par la gorgé de vin qu'elle but d'un air désespéré. « J'ai l'impression qu'il m'a posé une sorte de défi ... Après qu'il se soit moqué de moi ... Enfin ... Il m'avait provoqué alors ... J'ai dis que ... Jeseraitellementbellequ'ils'enremettraitpas. » lâcha-t-elle d'un coup et à voix basse si bien qu'elle n'était pas sure que son amie ait compris.

Après quelques secondes, elle reprit, frottant nerveusement son arrête nasale d'un geste ennuyé « Poulette ... J'ai pas mis de robe depuis mon bal de promo ... Je vais avoir l'air ridicule ! » Elle cacha son visage dans ses mains, n'osant imaginer l'horreur. Finalement, elle ne le voulait pas ce rendez-vous ! Elle pourrait toujours l'annuler en prétextant que c'était une blague ? Oui mais maintenant qu'April était dans la confidence, elle ne doutait pas que Kaspar le serait aussi. Et si les deux se rendaient compte qu'elle se dégonflait ... Elle en prendrait pour des années de vannes et de reproches masqués. Et il n'y avait rien de pire qu'un Kaspar vous collant avec une idée en tête que vous aviez déçue. « Qu'est-ce que je vais devenir ? » se mit-elle à geindre subitement. Elle ne pouvait pas se transformer en Paris Hilton en quelques jours !! Et puis, il ne lui avait même pas donné de date ! Il pouvait venir n'importe quand ... Abattue, l'américaine lança un regard digne d'un petit chien abandonné « Tu crois que ... Je peux retourner ma veste ? »Elle pouvait toujours tenté ! Peut être que, dans sa bonne humeur, April la dispenserait de rencard avec Fred ? Ou alors elle la ligoterait et la déposerait devant chez lui avec un petit ruban dans les cheveux tel un oeuf de Pâques.

Elle ne pouvait nier ce qu'April lui expliquait. Evidemment qu'il faisait ça pour la faire tourner en bourrique ! Et le pire, c'est qu'il réussissait à chaque fois et il obtenait ce qu'il voulait: que cela soit la mettre en colère ou obtenir d'elle un rencard. Elle avait la sensation de se faire avoir sur toute la ligne, et elle n'aimait pas ça. Avouer à April qu'elle n'avait pas porté de robe depuis la fin de lycée avait été une épreuve: elle trouvait que cela ne lui allait pas mais l'admettre devant une tierce personne était difficile. Pour être honnête, lors de ce fameux bal, c'était la première fois depuis la fin du collège qu'elle portait quelque chose de pas "passe-partout". Depuis qu'elle avait quitté Londres, elle avait mis un point d'honneur à ne porter que des pantalons et autres vêtement plus pratique mais ô combien moins féminin. Si d'habitude, elle répondait aux interrogations des autres concernant sa capacité à séduire par un "Au moins je suis sure qu'on ne me choisit pas pour mon physique" elle était totalement perdue face à son envie irrépressible que Fred la trouve jolie. Lorsqu'April lui proposa un coup de main pour ce jour qu'elle nommerait dorénavant "l'Apocalypse" elle ne put s'empêcher de lui lancer un un regard implorant. « Tu es sérieuse ? » Elle posa son verre sur la table. Alors que la blonde ne lui laissait pas d'autre choix que de se rendre à ce rendez-vous. Ce n'était pas que l'idée de passer une soirée avec Fred la dérange, mais elle ignorait si elle se faisait de fausses idées sur ce qu'il se passait entre eux. « Je sais que ce serait ... Mal avisée de changer d'avis. » finit-elle par dire, les yeux rivés sur le sol. « Mais je me suis tellement habituée à être la Chandler que tout le monde connait que je me vois mal ... Me transformer du jour au lendemain. Et puis ... Je veux pas qu'il pense que je fais des efforts pour lui ! » se renfrogna-t-elle en imaginant le sourire victorieux de Fred Cordwell. Plutôt mourir que de le laisser s'attribuer les mérites de ce changement chez elle !

Finissant pas se calmer un peu - elle remettrait le sujet Cordwell sur le tapis plus tard - Chandler reprit son verre et regarder son amie avec un petit sourire: l'heure était venue d'inverser les rôles. Bien qu'elle ne doute pas de la capacité d'April à organiser une soirée anti-mec, la façon qu'elle avait eut d'accepter si rapidement sa proposition la poussait à se poser des questions. « Alors dis moi ... Si je rêve d'étrangler Fred, qui est celui qui mérite cette soirée de ton côté ? »

Spoiler:

Savoir qu'elle pouvait compter sur April était réconfortant. C'était agréable d'avoir une personne qui partageait, à peu près, le même avis sur la gente masculine. Chandler n'était pas foncièrement contre les hommes mais elle avait l'impression que Fred allait la rendre folle et elle n'arrivait pas à penser à autre chose. Malgré tout, le soutien d'April était important à ses yeux: elle savait qu'elle aurait put aller râler auprès de son meilleur ami, mais la blonde était bien meilleure quand il s'agissait de l'aider à pester après tous ces mecs qui les faisaient souffrir et surtout, elle ne cherchait pas à le défendre, ce que Chandler appréciait énormément. La proposition de la jeune femme l'avait surprise, mais l'américaine se surprit à apprécier l'idée d'avoir enfin des activités de fille avec des filles. Bon ce n'était pas comme si elle n'en avait pas non plus, mais sa rencontre avec Fred avait sonné comme une prise de conscience: elle ne pouvait plus se comporter comme une ado, agir comme un garçon avec l'excuse de ne trainer qu'avec des garçons.  « Je pense que ... » Elle avait l'impression d'être une petite fille en faute, honteuse d'avouer que, finalement, elle aimait bien jouer à la Barbie. « Je crois que ça peut être sympa. » glissa-t-elle tout bas tout en jouant avec ses doigts distraitement. « Et je te promets que ce sera pour moi. Après tout, si l'autre idiot ne succombe pas à mon charme ... je rencontrerais peut être un Brad Pitt qui me kidnappera loin de cette ville de malheur où il pleut tout le temps ... » ajouta-t-elle avant de se mettre à rire. Elle se plaignait souvent de la météo difficile de Londres mais elle aurait nettement préféré que ce soir Fred plutôt que Brad ... Même si elle ne l'avouerai jamais. « Je m'en remets à toi ô ma reine plumée. » ajouta-t-elle avait de baisser la tête en une fausse révérence théâtrale. De toute façon, April était la mieux placée pour faire ressortir son coté fille, il ne servait à rien de discuter sur la chose pendant des mois: elle aurait ce qu'elle voulait et, pour une fois, elle allait dans son sens. Et puis, elle ne serait peut être pas obligée de porter des jupes tout le temps ? La situation était drôle, dans un sens, elle n'avait jamais imaginé en arriver à supplier une copine de la transformer en princesse. Non pas en princesse ... En vraie fille. ce serait déjà suffisant.

La façon qu'eut April de lever les yeux au ciel étaient significative et Chandler sut que c'était à son tour de passer un bon moment. Bien sur, se plaindre de son crétin était une chose habituel qui les faisait tous bien rire: après tout c'était la preuve qu'il ne la laissait pas indifférente. Reprenant son verre, Chandler écouta le récit de la blonde avec attention: elle adorait les ragots et elle était contente d'être dans la confidence. Hochant la tête par moment, comprenant la situation. Elle détestait ce genre de gars: ils ne comprenaient pas le mal que cela pouvait faire de se sentir utiliser de la sorte. Elle était déçue pour April, se doutant de ce qu'elle avait dut ressentir lorsque son Don Juan lui avait annoncé qu'il partait. Minute. Un américain ? La blonde afficha une grimacent se rendant compte que les mecs de son pays ne valaient vraiment pas mieux que les autres ... Minute. New York ? Vu l'âge d'April, elle ne l'imaginait pas se laisser embarquer par n'importe qui et Chandler connaissait une grande partie des jeunes de la communauté américaine à Londres. « Ah ouais ? » dit-elle un peu nerveuse « Et t'es sur qu'il t'a donné son vrai nom ? Les mecs sont cons parfois mais il a peut être chercher à voir si tu allais t'accrocher ou pas ? » Ne jamais sous-estimer un mec qui n'a pas envie d'une relation stable: ils pouvaient avoir des excuses pourries parfois ... Mais Chandler voulait être sure que ce ne soit pas quelqu'un qu'elle connaissait.