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arly pestait encore. Ils étaient tous les deux dans une arrière-salle du bar et Noah écoutait distraitement la rousse s'énerver sur sa rivale du bout de la rue: son attention toute entière était, en réalité, portée sur son téléphone et sur les SMS qu'ils recevait depuis une vingtaine de minutes. Pas que le discours de sa patronne et amie l'ennui, mais il connaissait par coeur les arguments qu'elle lui balançait à la figure: les mêmes depuis que Maïla Bradshaw avait ouvert son établissement à quelques mètres du TARDIS. Le barman ignorait pourquoi Marly se sentait si menacée: pour lui, un bar était un bar et Londres était suffisamment grand pour en avoir plusieurs, mais la gueguerre entre les deux patronnes battait son plein et, malgré tout ses efforts et ses talents en diplomatie, ne perdait en intensité avec le temps. Le téléphone de la rousse finit par sonner, la jeune fille qui s'occupait de sa fille vraisemblablement. Il vit là une occasion en or de se faire la malle et lui chuchota un bref «
Je vais aller voir ça directement avec elle ...» avant de déguerpir au pas de course. L'air frais du soir contrastait avec sa peau, bouillante d'avoir été au chaud si longtemps. Il frissonna et parcourut lentement les quelques pas le séparant du Ministry of Sound: profitant un peu de la brise. Passant les mains dans ses cheveux légèrement bouclés, il tenta de remettre en place quelques mèches rebelles, en vain. Finalement, il poussa la porte, apercevant, dans un coin, la patronne de l'établissement, il la vit s'éloigner et décida de remettre sa discussion avec elle à plus tard. Un coup d'oeil au bar l'informa de la présence de son acolyte: un employé de Maïla qu'il appréciait particulièrement et avec qui il partageait une activité des plus intéressante dans la guerre entre les deux femmes: l'arbitrage. Leur conflit était devenu si puéril que les deux jeunes hommes s'étaient pris de passion à le commenter comme s'il s'agissait d'un match de poussin. «
Hey Jeff ! » le salua-t-il avec la pognée de main réglementaire. Ils discutèrent deux minutes, profitant que l'établissement soit fermé pour le moment, avant que Maïla ne ré-apparaisse dans son champ de vision. Il ne l'avait pas entendu venir et retint un sursaut.
«
Salut Noah. On est pas encore ouverts… Tu as besoin de quelque chose ? » Il lui fit un sourire et descendit du tabouret haut où il s'était installé pour aller déposer un baiser sur la joue de la jeune femme. «
Je m'en doutais: c'st pour ça que je suis venu maintenant. Histoire de pas faire de scandale devant des clients ... » Même s'il savait que cela ferait plaisir à Marly de voir la réputation de sa rivale être entachée de la sorte, Noah n'était pas d'accord. Il ne prenait pas vraiment parti entre elles: il les appréciait toutes les deux et ignorait s'il devait s'amuser de la situation ou en être désespéré ... «
Il s'est passé quoi cette fois ?» demanda-t-il en soupirant: il savait que Marly était du style à en faire des tonnes et voulait une seconde version de ce soit disant conflit qui les avait opposé la veille. Exceptionnellement, il avait eut sa soirée et, après ce qu'on lui avait raconté aujourd'hui, il regrettait de l'avoir prise. D'ordinaire, il calmait Marly, lui imposant d'aller se reposer dans la salle du personnel, réglant le problème lui même. «
Elle est en train de s'arracher les cheveux et, malheureusement, je suis sur son chemin ... » Ajouta-t-il en riant. Il partagea alors un clin d'oeil complice avec Jeff qui retourna vaquer à ses occupations, laissant Noah seul avec Maïla.