"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici how could this be? (robin) 2979874845 how could this be? (robin) 1973890357
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Anonymous
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() message posté Jeu 23 Avr 2015 - 12:28 par Invité
L’affaire d’une nuit
luna & robin

Elle était en retard, comme toujours. Ce n’avait rien d’étonnant puisqu’elle n’avait jamais été à l’heure depuis qu’elle était en âge de porter une montre, à croire que l’heure, elle-même, avait été inventée pour qu’elle puisse dire « désolée, je suis en retard. » avec le souffle court et la mèche en bataille. C’était LA phrase récurrente de Luna. Tant et si bien que lorsqu’on la connaissait un peu, on mentait sur l’heure de rendez-vous, y rajoutant une bonne demi-heure pour être sûr de ne pas avoir à poireauter comme un con. Stratagème inventé par son meilleur ami et qui la mettait hors d’elle, parce que « si j’avais su que c’était 16h30 et non 16h, j’aurais pas :
[ ] couru comme une tarée.
[ ] garé ma caisse en double file.
[ ] écrasé un écureuil.
[ ] survolé le dernier chapitre d’un bouquin passionnant qui méritait une lecture plus attentive.
[ ] vernis que les ongles de ma main droite en laissant la main gauche en friche.
[ ] manqué la rediff de Derrick à la téloche.
[ ] coiffé qu’un seul côté de ma tête.
[ ] renversé les 7 nains et manqué le strike de justesse en ratant Blanche-Neige.
[X] ressemblé à une échappée des J.O pour asthmatiques. » au choix, selon l’humeur du jour et le degré d’irritabilité. Et là, aujourd’hui, c’était vraisemblablement le J.O pour asthmatiques qu’elle allait lui servir, parce qu’elle avait réellement couru en s’apercevant, au travers de sa rêverie enfumée par la fenêtre, des couleurs déclinantes dans le ciel londonien. Un ciel qui annonçait la fin de la journée, et le début des emmerdes pour la jeune femme qui avait juste totalement zappé son pote. Elle s’était laissé emporter par sa passion, comme d’habitude, son exutoire, son échappée belle. Et maintenant elle courait dans les ruelles, slidait sur les ponts, et sautait par-dessus les pigeons pour rejoindre ce rendez-vous qu’elle n’aurait manqué pour rien au monde. Il souhaitait qu’ils passent la soirée ensemble. Mais une vraie soirée, pas une de celles qu’ils passaient à broyer du noir ensemble pendant des heures. Il avait voulu une sortie, il avait voulu un vrai moment avec elle, hors de la maison, loin de toutes responsabilités qu’elle n’aurait pas dû avoir à supporter à son âge. Et elle était en retard. Elle se sentait si coupable qu’elle aurait été capable de se prosterner à ses pieds, et de prendre toutes les consos de la soirée à ses frais. Sauf qu’en passant la porte et en le voyant siroter tranquillement son verre au bar aux côtés d’un jeune blond à la conversation très « sommaire », elle comprit qu’il l’avait encore volontairement mal rencardée sur l’horaire. Pas de conso à l’œil, Achille, dommage ! Et si elle espérait une soirée rien que pour eux, son meilleur ami se consacrant corps et âme à sa petite personne, elle fut vite remise dans l’axe en constatant qu’au lieu d’envoyer bouler le blond, il le lui présentait sommairement, avant de retourner à son observation intensive dès ses atouts.
« Achille… » Appela-t-elle en tirant sur la manche de son pote, espérant attirer à elle un peu de son attention... Pas de réponse. « Achille ! » Insista-t-elle en tirant plus fort sur la manche… toujours pas de réponse. « PUTAIN ! ACHILLE !! » Finit-elle par hurler en couvrant les basses projetée par les enceintes au-dessus du bar. Cette fois elle attira son attention, et celle de pas mal de monde d’ailleurs, ainsi que celle du blond qui la fusilla du regard. Sombre idiot !
« Quoi ? Ca va pas ? » Lui demanda-t-il en se retournant à moitié pour lui jeter un regard perplexe, à elle, ses mains libres, son manteau toujours sur ses épaules, et son air farouche. Interprétant mal son malaise, il se tourna vers le barman, et lui fit signe de servir un verre à sa meilleure amie. « Détends-toi, Moon, et installe-toi, on est là pour un moment. » L’informa-t-il, avant de lui présenter, à nouveau, son dos pour reprendre sa conversation avec Mister pas-de-cerveau. Peut-être était-ce le trop plein d’émotion ou de fatigue accumulée depuis quelques temps, peut-être était-ce l’expression d’un ras-le-bol général, ou alors de sa frustration et de son impuissance face aux comportements de son entourage, toujours est-il qu’elle explosa. La bombe Luna venait d’exploser, le Volcan éteint venait de se réveiller pour tout ravager sur son chemin. Elle avait bondi si rapidement de son siège que le tabouret avait valdingué sur le sol, et dans une version glauque de domino’s day avait fait trébucher un client, dont le verre se renversa sur le jean aux attributs tant convoités. « Hey ! » S’indigna le Chichille en s’emparant de serviettes en papier pour éponger le pantalon de sa proie sans vraiment y prêter attention. Il avait les yeux rivés sur Luna. « Il te prend quoi, là ? »
« Je me casse ! » L’informa-t-elle en déposant un billet de cinq euros sur le bar pour payer une consommation à laquelle elle n’avait même pas touché.
« Pour où ? » Lui demanda-t-il sans comprendre. Peut-être s’attendait-il à ce que ce regain d’énergie soit dû à une envie brusque de rejoindre Roxane, et ça, il aurait pu le comprendre.
« Pour la maison, Ducon ! » Son agacement n’avait d’égal que cette rage qui montait en elle.
« Mais… Je croyais qu’on devait passer la soirée ensemble. » Lâcha-t-il sur le ton du reproche. Il se foutait de sa gueule, là ? Il tentait d’inverser la situation ou bien il était trop accaparé par sa propre personne pour se rendre compte du spectacle affligeant qu’il offrait ?
« Je le croyais aussi, mais visiblement t’as mieux à faire, donc… je me casse ! » Conclut-elle, théâtrale, en mimant une révérence.
« Attends, c’est bon, je fais rien de mal. » Riposta-t-il, nonchalant, sans même se rendre compte du cataclysme qui se préparait à l’intérieur même de son amie. « Je discute un peu, je fais de nouvelles connaissances, je profite quoi. On est là pour se détendre pas vrai ? » Oh putain ! Voilà, il avait été trop loin ! Il avait appuyé sur le bouton qu’il ne fallait pas, et le compte à rebours était lancé.
« Te détendre ? » Beugla-t-elle, incrédule. « Mais tu ne fais que ça ! Tu te détends toutes les nuits et tu dors tout le jour ! Moi, moi je suis là pour me détendre en passant un moment avec toi ! Je suis pas un de tes potes, Achille, je suis ta meilleure amie ! A moi tu peux pas me faire le coup du « j’ai perdu ma mère, j’ai besoin de soutien et d’affection » parce que moi aussi j’ai perdu ma mère, et je culpabilise pas du tout en te disant que tu déconnes à plein tube ! » Tous les regards étaient tournés vers elle, mais elle s’en foutait, elle ne les voyait pas, et continuait. « Tu crois quoi ? Que c’est des cons comme celui-ci qui vont te faire oublier ta mère ? Que c’est de te retourner la tête jusqu’à être incapable de retrouver ta chambre qui va te permettre d’assourdir ta douleur ? Et la mienne de douleur ? T’y penses un peu ? Tu crois pas que j’ai besoin de toi en ce moment ? Tu crois pas que j’avais vraiment besoin d’une soirée, une vraie soirée avec toi afin de recharger mes batteries avant de recommencer à laver ton linge, repasser ton linge, faire ton ménage, te préparer à bouffer et accessoirement te faire un câlin devant la téloche parce que t’es en mal de tendresse ? Mais non, monsieur me présente son dos ! Je n’ai vu que ton dos, parce que t’en as rien à foutre de moi ! Alors, ouais, je me casse ! Parce que j’ai encore du boulot à la baraque, et pas de temps à perdre avec un crétin qui réfléchit avec sa queue et vit une histoire d’amour avec une bouteille de bourbon. Va le sauter ton blond, t’as ma bénédiction, et profites-en pour lui demander l’hospitalité pour la nuit, parce qu’en rentrant tu trouveras porte close, j’ai pas envie que tu viennes te répandre dans ma salle de bain, cette nuit. » Il n’y avait plus eu un bruit dans le bar lorsqu’elle en avait claqué la porte. Tous semblaient attendre une réaction de la part de l’objet de sa colère. Mais elle était partie trop vite, sans même lui offrir le temps de se remettre de sa tirade. Et puis, de toute manière, elle voulait pas qu’il lui réponde, elle voulait pas l’entendre, parce que déjà, elle culpabilisait de lui avoir reproché un deuil qu’elle était toute aussi incapable de faire. Chacun sa façon de gérer la douleur, ce n’était pas vraiment le problème. Achille buvait et enchainait les conquêtes, mais ça n’avait rien de très méchant. En vrai, ce qu’elle n’avait supporté c’est qu’il ne lui accorde pas la moindre attention, elle avait été vexée et se sentait mise à l’index. Elle avait idéalisé une soirée avec son meilleur ami, et la réalité n’avait pas été à la hauteur de ses espérances, alors elle avait craqué. Elle était encore et toujours furax, mais elle savait que dans quelques minutes ça lui serait passé, que d’ici à la maison, elle aurait troqué son énervement contre de la culpabilité. D’un geste rageur, elle essuya ses yeux où perlaient des larmes de colère. Et il arriva ce qui arrivait toujours quand elle regardait à peine devant elle : elle rentra dans quelqu’un. Levant les yeux pour marmonner des excuses qu’elle ne pensait pas, les mots restèrent coincés dans sa gorge. « Robin ? »

Ils n’étaient pas si proches que ça, Luna et Robin. Pourtant le futur chirurgien avait toujours représenté sa bouée de secours, une bouffée d’oxygène. Peut-être parce qu’il savait pour ses crises d’angoisses et qu’il l’avait aidée à les gérer dans le passé. Peut-être parce qu’avec lui, elle savait qu’elle ne serait pas jugée pour ses problèmes. Alors c’était assez naturellement qu’elle l’avait suivi quand il lui avait proposé de lui payer un verre, et c’était encore plus naturellement qu’elle lui avait parlé de la dispute qu’elle venait d’avoir avec son meilleur ami, ou des sentiments qui l’habitaient depuis qu’elle était revenue en Grande-Bretagne. Pourquoi est-ce que tout devait être si compliqué ici, alors qu’en Italie, elle était sur le point de s’en sortir ? Et voilà qu’elle se replongeait dans son comportement nombriliste, à ne parler que d’elle, alors elle avait demandé à Robin ce qu’il devenait. Et visiblement, il s’en sortait pas mieux qu’elle. Allez, trinquons à cette garce de vie mon pote, de toute façon on est mieux seul que mal accompagné, pas vrai ? Elle savait que son discours sentait l’amertume et la rancœur, mais pour ce qu’elle en avait à faire. Et puis son téléphone avait sonné, et c’était Achille au bord du coma éthylique qui l’appelait à l’aide parce qu’il était mal. Luna, qui se sentait toujours coupable de tout ce qu’elle lui avait dit quelques heures plus tôt, avait demandé un coup de main à Robin. Tous les deux ils étaient retournés au premier bar, et ils avaient foutu Achille dans un taxi pour qu’il rentre chez lui. Ensuite, Luna ne savait pas trop comment ça avait dégénéré. Ils avaient juste eu besoin l’un de l’autre. Attablés à une table dans un bar près de Leicester Square Garden, Luna se tenait la tête à deux mains, les coudes posés sur la table. Elle tentait de faire le tri dans ses idées, de penser clairement et de chasser cette douleur dans son cœur. Toute sa vie venait soudainement de basculer, de prendre un tout nouveau tournant. Depuis deux ans rien ne semblait atteindre les oreilles de la jeune femme toujours accablée par sa douleur, par son « deuil » et par ses souvenirs. En deux ans elle était devenue insensible à ce monde, elle avait appris à vivre autrement, à se déplacer avec précaution, à n'être que l'ombre d’elle-même. Elle ne vivait plus, se contentant de survivre, elle avait l’impression de ne plus être elle-même mais juste une pâle copie de la Luna qu’elle avait pu être autre fois. Elle avait dans l’idée, à force de retourner la question dans son esprit, que les derniers mots que Cayden avait prononcés à son encontre avaient brisé ce qui faisait sa personnalité alors. C’était étrange de penser cela, cela semblait aussi complètement absurde mais pourtant, tous s’accordaient à dire que le point de départ de la descente aux enfers de Luna avait commencé avec cette dispute. Elle s’était punie durant deux années. Et aujourd'hui elle était perdue. Assise à la table de ce bar elle se demandait comment elle allait pouvoir avancer maintenant. Après deux ans passés à se flageller. Ce qu'elle voulait à présent c'était oublier. Oublier. Oublier. Elle voulait juste oublier. Elle voulait oublier ce qu’elle avait vécu, vu, entendu. Oublier, rien qu’oublier. Car, c'était plus facile ainsi. L’espace d’un instant, elle voulait oublier cette étrange journée. Elle voulait oublier que tout redevienne comme avant. Vivre avec la douleur, la culpabilité était devenu sa vie, sa routine. Et pour oublier tous les moyens étaient bons. Un verre puis deux. Une bouteille puis deux. Oublier. Robin était assis en face d’elle et la regardait faire, elle alternait les phases durant lesquelles elle buvait et celles où elle le regardait, comme pour s'accrocher à la réalité. Parfois, leurs mains se liaient, comme s’il sentait qu'elle avait besoin de lui, parce qu'il était une constante depuis des années. Lui, il n'avait pas changé. Avait-elle rêvé ? Allait-elle se réveiller ? Allait-elle retrouver sa vie d’avant ? Etait-ce un cauchemar ? Ou bien tout ceci n’était-il que la réalité ? Voilà pourquoi elle se noyait dans un verre, ou tout un carton de bouteilles de bourbon, parce qu’elle savait que tout ceci était réel, un rêve ne durait pas aussi longtemps, ce ne pouvait être que la réalité, mais boire l’aidait à croire que ce n’était pas le cas, boire lui permettait de croire qu’elle pouvait encore être victime d’un cauchemar. Parce que pour elle, c'était un cauchemar, toute personne saine d'esprit aurait pourtant été soulagée à sa place mais, pas elle. Sa vie n'avait plus aucun sens. Ces deux dernières années n'avaient plus aucun sens ! Et c’était la raison pour laquelle elle se trouvait dans ce bar alors qu'ils auraient dû être rentrés depuis des heures déjà. Elle restait. Elle espérait secrètement dans son brouillard d'étourdissement alcoolisé et de torpeur mâtinée de chagrin que ce n'était pas seulement parce qu'elle ne pourrait pas rentrer en voiture sans lui. Elle espérait qu'il restait pour elle. Elle devait avoir l'air pathétique. Alors ils s’étaient raccrochés l’un à l’autre.

Elle dormait d’un sommeil lourd et profond. Il aurait fallu une attaque nucléaire pour la faire sortir de son repos. Depuis quand n’avait-elle pas dormi aussi profondément ? Aussi sereinement ? Elle n’avait jamais dormi ainsi. Son sommeil avait toujours été agité, par des rêves ou des cauchemars. Même du temps où elle vivait encore avec sa famille. Il l’apaisait. Elle avait sombré dans ce profond sommeil lorsqu’elle s’était allongée près de lui, dans son sommeil il avait probablement enlacé la taille de la jeune femme car lorsqu’elle s’était réveillée en pleine nuit, inquiète de ce bras qui l’encerclait, elle s’était découverte allongée contre son flanc, la tête posée contre son cœur. Un sourire sur les lèvres elle s’était rendormie aussitôt. Elle dormait si paisiblement que son inconscient lui envoyait des signaux d’alarmes. Elle était d’un naturel méfiant, les cauchemars ne restaient jamais très longtemps éloignés d’elle. Elle ne baissait jamais réellement la garde pour se préserver de ces rêves. Elle ne laissait jamais son esprit se reposer complètement, elle restait toujours en surface, laissant sa conscience se reposer tout en luttant contre son inconscient. Elle était vulnérable aujourd’hui. Elle avait abaissé les défenses de son esprit, sombrant dans l’inconscient le plus total. Elle savait que près de lui elle ne risquait rien à se laisser happer par le sommeil. Elle ne risquait rien auprès de lui. Les souvenirs étaient moins douloureux, les rêves moins agressifs. Elle dormait, et pour la première fois depuis dix ans, aucun rêve ou aucun cauchemar ne vint troubler son sommeil. Quand enfin Luna ouvrit les yeux, quelques heures plus tard, la chaleur du corps de Robin avait disparu. Elle tourna la tête et le vit, assis sur le bord du lit, la tête entre ses mains. Elle-même se redressa, gardant le drap bien enroulé autour de son corps frêle d’une main, l’autre fourrageant dans sa chevelure brune et indisciplinée. « Ecoute… » Lui signaler qu’elle était réveillée déjà lui semblait une bonne idée. « Si… si tu regrettes, on peut faire comme si ça n’était jamais arrivé. » Et peut-être que ce serait pour le mieux au final.
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Robin T. Lawford
Robin T. Lawford
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() message posté Dim 26 Avr 2015 - 4:04 par Robin T. Lawford

Un sentiment de bien-être m’envahissait alors que j’enfilais ma blouse bleu ciel et que je m’apprêtais à traverser les longs couloirs de l’hôpital, ce lieu autrefois si sûr, que je pouvais qualifier de deuxième maison au vue du nombre incalculable d’heures que j’y avais passé depuis ce début d’année. Me réfugier dans le travail avait été la solution à tous mes problèmes. Lorsque j’enfilais ma blouse le reste ne comptait plus, il n’y avait plus que moi et mes patients. Annabelle n’avait pas sa place dans mes pensées lorsque j’avais une vie entre les mains. J’avais conscience d’avoir abusé de ce système pour régler mes problèmes, ou devrais-je dire les fuir et même si mon obstination avait eut raison de moi et m’avais totalement épuisé, je pouvais dire avec  certitude que si je n’avais pas eu ça, si je n’avais pas eu ce boulot pour me sortir de mes sombres idées, il y avait bien longtemps que j’aurais craqué et tout envoyé balader. L’hôpital m’avait d’une certaine façon sauvé. Et malgré l’horreur qui s’était abattu quelques semaines plus tôt entre les murs blancs du Great Ormond Street Hospital, cet endroit restait ma maison. J’avais eu de la chance de me sortir de cette fusillade avec une simple côte cassée et une légère commotion cérébrale. Mais la dizaine de jours de repos que l’on m’avait imposé commençait à me rendre dingue. J’avais l’impression d’être un hamster en cage. Julian s’était proposé pour jouer les infirmiers et m’héberger le temps que je récupère entièrement. J’avais aussitôt sauté sur l’occasion. Quitte à devoir rester enfermé, autant que ce soit avec mes amis. Je n’avais jamais été casanier et ce serait mentir de dire que mon appartement n’était rien d’autre qu’un point de chute, un endroit où dormir et manger, vu le peu de temps que j’y passais.

J’avais dû insister un peu trop à mon goût pour que l’on me laisse reprendre le travail plus tôt que prévu. Ma côte cassée se remettait plutôt bien et mis à part quelques douleurs qui survenaient de temps en temps, j’allais mieux. Mon titulaire ne m’avait cependant programmé que de petites opérations pour ne pas trop me fatiguer. Je n’avais pas trop insisté pour le faire changer d’avis, je savais par expérience que c’était peine perdu et je considérais déjà comme une victoire de l’avoir convaincu de me laisser entrer dans un bloc. Cette première journée de travail après la fusillade s’était passée assez calmement, mais j’étais content d’avoir enfin pu réenfiler ma blouse et recommencer à travailler. J’étais rentré rapidement à l’appartement et après une rapide douche je m’étais préparé pour me rendre chez Ethan qui avait insisté pour que je vienne manger chez lui en appuyant le fait que j’étais un frère et un oncle indigne. Sa remarque m’avait amusé, mais je ne pouvais nier que je n’avais pas été très présent pour mon frère ces derniers mois. J’avais passé les premiers mois de l’année à fuir le reste du monde et à inventer toutes sortes d’excuses pour éviter les réunions de familles et autres soirées. Ethan et moi avions toujours été proches. Il était mon frère et il savait quand quelques chose n’allait pas, mais il avait eu la décence de ne pas poser de questions. Il me connaissait par cœur, il savait que lorsque que lorsque quelque chose n’allait pas je changeais totalement de comportement et l’homme sociable et plein de vie que j’étais se renfermait sur lui-même et gardait tout pour lui. Je n’étais pas parti tard de chez mon frère. Il m’avait proposé de me ramener chez moi, mais j’avais refusé et m’apprêtais à rejoindre le métro le plus proche.

Je marchais dans les rues de Londres et comme chaque que je me retrouvais seul, mon esprit vagabondait entre différentes pensées et mes souvenirs avec Annabelle refaisaient surface. Une part de moi semblait guérie alors que je savais pertinemment qu’une autre part ne cessait de penser à elle. Ça faisait quatre mois et je n’arrivais toujours pas à l’oublier. J’évitais d’en parler, prétextant aller mieux et commencer à l’oublier, mais la vérité était qu’elle continuait de hanter mon esprit et même si la douleur semblait s’atténuer, elle était toujours présente. Avoir pardonné à Julian et Elliana de m’avoir caché la vérité m’avait aidé à aller de l’avant. Ça avait nécessité un peu de temps, mais entre nous tout était redevenu à la normale. Je devais avoir besoin de ça pour commencer à me sentir mieux. Ces deux petites têtes blondes étaient ma famille et la distance qui s’était installée entre eux et moi m’avait fait prendre conscience que je n’étais rien sans eux. Ils faisaient parti de moi et sans mes meilleurs amis, sans cette famille que j’avais choisie, je n’étais rien d’autre qu’une coquille vide. Perdu dans mes pensées, je ne regardais pas vraiment devant moi et je ne vu pas la jeune femme fonçait droit sur moi. « Oh là, est-ce que ça va ? » demandais-je à la jeune femme qui semblait un peu perdu. Sur le coup je ne l’avais pas reconnu, mais lorsque mon regard croisa le sien, un sourire commença à se dessiner sur mon visage. « Robin ? » Luna. Il y avait un long moment que je n’avais pas vu la jeune femme. Mon sourire s’élargie alors que je lui demandais comment elle allait et ce qu’elle devenait depuis le temps. J’avais toujours été un peu protecteur envers Luna. Je l’avais surprise il y a de cela plusieurs années en pleine crise d’angoisse et lui avait promis de garder ça pour moi si elle me promettait en retour de m’appeler si elle ne se sentait pas bien ou avait simplement besoin de parler à quelqu’un. Et elle avait tenue promesse. Après un échange de quelques banalités, je lui avais proposé d’aller boire un verre et nous nous étions retrouvés dans un bar à quelques pas de là. Assis à une table je lui avais demandé si tout allait bien. Elle semblait bouleversée lorsqu’elle m’était rentrée dedans quelques minutes plus tôt. Elle me raconta sa dispute avec son meilleur ami et de ce qui la tourmentait depuis son retour. Lorsqu’elle m’avait retournée la question j’avais hésité un instant, puis j’avais fini par déballer toute l’histoire. Annabelle et son mariage arrangé. Comment je l’avais découvert par l’intermédiaire de Julian le soir du nouvel an. Le fait que j’avais eu énormément de mal à lui pardonner à lui et à Elliana de m’avoir caché la vérité. La fusillade à l’hôpital et mes dernières semaines passées en convalescence. J’ignorais ce qui m’avait poussé à me confier à elle ce soir alors que je m’évertuais à ne plus parler de cette histoire, mais d’une certaine façon je me sentais plus léger maintenant que je m’étais confié à quelqu’un qui n’était pas impliqué de près ou de loin à ma relation avec Anna. Le téléphone de Luna s’était mis à sonner et je n’avais pas songé un instant à refuser de l’accompagner lorsqu’elle m’avait demandée mon aide pour retourner chercher son meilleur ami avec qui elle s’était disputée en début de soirée. Nous nous étions rendus dans le bar où elle l’avait laissé et après plusieurs tentatives nous avions réussi à le faire entrer dans un taxi pour qu’il rentre chez lui sans trop de dégâts. Lorsque le taxi eut quitté notre champ de vision, je m’étais retourné vers la jeune femme qui n’avait toujours pas l’air d’être au mieux de sa forme. Je lui avais proposé de retourner boire un verre ou deux avant de rentrer, je n’avais le cœur de la laisser ainsi et pour être honnête je n’étais pas certain d’en avoir envie. Nous étions retournés dans un bar et sans que je ne m’en rende vraiment compte le temps passait et les verres s’enchainaient. Peut-être aurais-je dû essayer de la freiner un peu, mais au lieu de ça je l’avais accompagné. Je savais que l’alcool ne résolvait rien. Tout comme ma soudaine addiction au travail ces derniers temps, ce n’était pas des solutions, mais c’était tellement plus simple de raccrocher à quelque chose qui d’une manière ou d’une autre pouvait nous faire oublier tous nos problème. Même si la solution n’était pas durable, oublier ne serait-ce que pour un instant tout le merdier qui s’installait dans nos vies n’était pas quelque chose de négociable. Les verres s’accumulaient encore et encore et je sentais l’effet de l’alcool prendre peu à peu possession de mon être et commencer à m’embrumer l’esprit. Nos doigts s’entremêlèrent à plusieurs reprises et nos gestes devinrent de plus en plus proches au fur et à mesure que la soirée s’écoulait.


Le contact de la peau nue de la jeune femme contre moi me sorti de mon sommeil et un sentiment de bien-être m’envahis alors que je l’observais dormir paisiblement. J’avais l’impression de ne m’être senti aussi bien depuis bien trop longtemps. Sa tête posée sur mon torse, je laissai mes doigts glisser brièvement dans sa chevelure brune avant de me rendormir pour quelques heures.

Les premiers rayons du soleil commençaient à filtrer entre les volets de ma chambre et virent cette fois-ci me réveiller pour de bon. Mon regard se posa sur Luna. Je me sentais bien. Enfin je me sentais bien, mais cette sensation commença à s’atténuer petit à petit au fur et à mesure que je réalisais ce qu’il venait de se passer. Julian. Je glissai discrètement vers la sortie du lit pour ne pas réveiller la belle endormie. J’attrapais mon caleçon égaré par terre au milieu de la chambre avant de l’enfiler et de m’asseoir au bord du lit. Le visage entre les mains, je fermais les yeux. Mes pensées se mélangeaient dans un tourbillon de sentiments contradictoires. J’étais tiraillé entre cette sensation de bien-être et ce sentiment de réconfort que j’avais trouvé dans les bras de Luna et un sentiment de culpabilité vis-à-vis de Julian. Luna et lui avait un passé commun. Je savais que leur histoire avait été brève, mais ils étaient restés très proches et je ne cessais de me sentir coupable. J’ignorais quelle serait sa réaction s’il venait à l’apprendre. On ne touche pas aux ex de ses potes. C’était le genre de promesses stupide que l’on faisait étant adolescent, mais qui malgré le temps qui passait, restait gravé en nous. Le genre de promesse qu’on ne voulait pas rompre, même si une fois adulte on se rendait compte que ça pouvait être stupide. « Ecoute… » Un léger sursaut me fit relever la tête. Je ne l’avais pas entendu se réveiller. Je tournai la tête vers elle. « Si… si tu regrettes, on peut faire comme si ça n’était jamais arrivé. » Et voilà, ce qui devait arriver, arriva. Je ne voulais pas qu’elle se sente mal à l’aise pour cette nuit, mais mon attitude lui avait laissé penser que je regrettais ce qui était arrivé. « Hey… Non, je… je ne regrette pas… Ce n’est pas ça, c’est juste que… » Je n’arrivais à trouver les mots pour lui faire comprendre ce que je ressentais. Je ne regrettais pas notre nuit passée ensemble. Elle était la première depuis Annabelle. J’avais réussi à me confier à elle et j’avais cette impression que tout était naturel et simple avec elle. Simple. C’était exactement ce qu’il me fallait en ce moment, mais la simple idée de faire ça à Jules me faisait penser qu’elle avait peut-être raison et qu’il valait peut-être mieux tout oublier. Je me levai doucement et ramassai mon jeans avant de l’enfiler. « … C’est juste que…Julian. C’est mon meilleur ami et… » Je passai une main dans mes cheveux en bataille avant de venir me rasseoir sur le bord du lit près de Luna. « Je sais que ça peut paraître stupide, mais… c’est mon meilleur ami et vous deux… Je sais que vous êtes restés proches et je ne sais pas comment il réagirait s’il l’apprenait… » Je voulais éviter de la mettre mal à l’aise, mais j’avais l’impression de m’enfoncer de plus en plus.



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() message posté Mer 29 Avr 2015 - 13:34 par Invité
L’affaire d’une nuit
luna & robin

Avant même que Robin ne la rejoigne de son côté du lit, Luna avait extirpé une de ses jambes dudit lit et observa le sol à la recherche de ses vêtements. Elle grogna de mécontentement en sentant poindre une gueule de bois dont elle se souviendrait pendant quelques temps. L’esprit peut-être encore un peu embrumé, elle écouta sans rien dire les balbutiements de Robin, avec l’envie croissante de s’enterrer vivante. Julian. Si l’alcool avait réussi à occulter l’existence de celui-là la nuit dernière, maintenant elle sentait vivement le dard de la culpabilité lui transpercer le cœur. Alors que Robin venait de s’assoir à côté d’elle, elle fixa le mur en face d’elle. « C’était une erreur, et ça ne se reproduira plus jamais. » Annonça-t-elle en levant un index moralisateur, comme sa mère adoptive l’avait fait bien avant elle lorsqu’il était question de la naissance supposée du Christ un 25 décembre alors que les évangiles démontraient qu’il était né en mars ou en avril, tout en insistant bien sur les deux derniers mots. Plus jamais. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris. Elle avait totalement perdu le contrôle de la situation. Elle avait été attendrie. Qu’est-ce que c’était con, ce foutu instinct maternel couplé à un complexe de l’infirmière et une dose massive d’alcool. Elle n’était qu’une conne sentimentale qui ferait mieux d’utiliser ses neurones à autre chose, franchement. Et merde ! Pourquoi fallait-il qu’elle soit si faible quant à ses décisions supposées fermes et définitives ? Elle n’avait pas le sentiment d’avoir fait preuve de luxure, mais plutôt de faiblesse devant sa vulnérabilité à lui. Elle ne se faisait pas l’effet d’une femme frivole, juste d’une pauvre fille incapable de s’en tenir au strict nécessaire. Car ce n’était pas nécessaire, vraiment pas. Sur le coup, la culpabilité d’avoir remué trop de choses en lui l’avait poussée à lui offrir un anesthésiant. L’alcool l’avait passablement aidée à obtenir ce genre d’idée lumineuse, mais maintenant qu’elle avait dessaoulé, elle avait parfaitement conscience d’avoir fait une belle et grosse boulette. Déjà parce que l’anesthésiant n’était que temporaire et n’avait aucun pouvoir guérisseur sur le cœur du patient, et parce qu’en plus ça ne risquait que de les plonger dans un nouveau drame, et merci bien, Luna trouvait qu’elle avait déjà bien assez de son lot de drames à gérer comme ça. Donc la traduction de sa phrase était simple : « oublie ce qu’il vient de se passer, et retrouvons des rapports strictement amicaux, voire même ceux de simples connaissances, je te prie ». Elle tenta une nouvelle fois de s’extirper du lit. « Disons qu’il s’agissait d’un moment de faiblesse visant à m’excuser de t’avoir fait du mal, et à soigner un tant soit peu le traumatisme infligé. » Elle se releva, et tenta de remettre ses sous-vêtements en lui en montrant le moins possible. Certes, il l’avait vue complètement nue, mais puisqu’il s’agissait d’un moment qu’elle avait décidé de rayer de sa vie et de sa mémoire, elle ne voyait aucune raison valable pour lui offrir ce genre de spectacle maintenant.

Alors que le silence semblait vouloir s’installer, Luna sentit son agacement monter lentement mais sûrement. « Je suis sérieuse, Robin ! » S’énerva-t-elle en se retournant vers lui, jean sur les fesses, boutons entre les doigts. « C’était réellement une erreur, et je ne dis pas ça pour me la jouer vierge effarouchée et que tu me rattrapes, je le dis parce que je le pense vraiment. T’es paumé parce que t’es encore amoureux de ton ex, et crois-moi je suis encore plus paumée que toi. Quelle personne saine de corps et d’esprit pourrait y voir un terrain propice pour une relation ? Même s’il s’agit d’une relation purement sexuelle. Parce que tu veux que je t’apprenne un truc ? Il n’y a jamais de relation purement sexuelle, soit on espère plus en se disant que l’autre finira par se rendre compte qu’il est absolument dingue de nous et qu’on est la femme de sa vie, soit on tente de s’oublier dans le corps d’un ou d’une autre, on tente de s’effacer, ou d’effacer le souvenir de quelqu’un. » Comme si ces derniers mots, peut-être prononcés un peu trop vivement, avaient eu le pouvoir de la calmer, elle resta debout là, à le regarder toujours assis sur le lit. Puis elle reprit, plus doucement, presqu’en murmurant. « C’est nul comme solution. C’est nul parce que ça marche pas. »

Elle foutait quoi là ? C’était quoi son putain de problème ? Pourquoi elle était juste incapable de se foutre de tout, de tourner les talons et le dos, et retourner à sa vie en autofocus sur son propre nombril, qu’elle avait de très joli par ailleurs ? Mais non, non, elle la petite orpheline élevée dans un couvent à l’autoritarisme proche du stalinisme, elle et son enfance pourrie, elle la gamine en manque de repère et en manque de tendresse, elle la sale miette sans parent, sans famille, sans nom, sans histoire, elle le prénom simple, elle et son identité et sa vie volée, elle et ses organes atrophiés, elle, fallait qu’elle ramasse tous les animaux blessés, qu’ils aient la gale, la peste, la petite, moyenne ou grosse variole, fallait qu’elle les prenne entre ses doigts, dans ses mains en coupe, et qu’elle leur promette un avenir sans nuage, un avenir dans lequel elle voulait croire pour elle, et qu’elle leur vendait à coup de belles paroles et de caresses qui vont avec. Elle était le cliché même de la fille à l’âme d’infirmière, celle qui s’amourache toujours des salauds pour peu qu’ils laissent apparaître une faille, aussi petite soit-elle. Oh oui chéri, trompe-moi ! Mais oui, mon amour, meurtris-moi l’échine sous tes coups ! Mais non, mon cœur, jamais je ne te quitterais, jamais ! Porter plainte ? Mais pourquoi ? Ce ne sont que quelques bleus, mon bébé, juste quelques bleus, les marques visibles sur ma peau, du mal qui te ronge, toi, de l’intérieur. Je sais que tu as mal, mon amour, et la douleur physique n’est rien comparée à ce que tu ressens en dedans, bien sûr que je le sais. Oh oui, frappe-moi encore ! Oh oui, trompe-moi encore ! Dès que tu as mal, j’oublie tout. Et elle, elle, elle était comme ça aussi. Ok, à une moindre mesure, et heureusement. Mais quand même. Putain mais qu’est-ce qui lui avait pris ? Elle était une victime collatérale de son cerveau ankylosé, son cerveau intoxiqué à ces conneries catholiques dont l’avaient gavé les sœurs, comme on gavait une oie. Aime ton prochain, tend l’autre joue, ne fais pas ce que tu n’aimerais qu’on te fasse. C’est ça ouais, bande de soumis ! Tout un troupeau de mouton qui donnent, donnent, sans jamais rien recevoir, à part des coups, et là encore, ils en redemandent parce qu’il faut tendre l’autre joue. Elle, tout ce qu’elle avait retenu de tout ça, c’était que Jésus était mort pour leurs pêchés. Alors elle pêchait pour qu’il ne soit pas mort pour rien. C’était une façon de voir les choses, c’était la sienne.  

Son débardeur lui arrivait à mi-cuisse, elle avait les cheveux en vrac et les traits fatigués. Malgré ça, elle était belle. D’une beauté dont elle doutait chaque instant, dont elle se contrefoutait un peu, peut-être pour compenser tout le reste. « On est pas amis Robin. Il me faut plusieurs années, et un parcours du combattant jonché de tests et d’épreuves en tout genre pour l’apprenti ami pour commencer à considérer quelqu’un comme tel. Alors non, non, on n’est pas amis, on n’est même pas amants parce que j’ai décidé d’éjecter toutes traces de ce qu’on vient de faire de mon esprit et de ma mémoire. Donc en gros, on est quoi ? On est absolument rien. Je ne suis rien, je ne suis personne. » Elle ramassa sa veste et l’enfila sans plus se préoccuper de lui. Il ne partirait pas, elle le savait. Comment elle le savait ? Simplement parce qu’ils étaient dans SON appart à lui, et qu’à un moment il finirait bien par s’en souvenir et éviterait de claquer la porte de chez lui en laissant ‘’personne’’ à l’intérieur. Elle était non seulement vexée par son comportement, mais peut-être aussi par cette tendance débile qu’avaient les hommes de ne pas toucher aux ex de leurs potes. Elle releva la tête tout en enfilant ses chaussures, une main sur la commode pour prendre appui. Putain si ça continuait elle allait se mettre à chialer, comme une petite fille, et là elle avait juste pas du tout envie qu’il la voit encore plus faible que ce qu’elle ne lui avait déjà montré.
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() message posté Jeu 30 Avr 2015 - 4:31 par Robin T. Lawford

Qu’est-ce que je pouvais être nul par moment. Pour la première fois depuis des mois je m’étais enfin senti bien, détendu, loin de toutes ces pensées négatives qui me torturés l’esprit sans arrêt chaque fois que je me retrouvais seul. J’étais parvenu à effacer ne serait-ce que pour une nuit tout le bordel qui s’était installé dans ma vie ces derniers mois. J’avais arrêté de penser et m’étais laissé aller au plaisir charnel d’une nuit sans prise de tête. Mais c’était sans comptait ma culpabilité naissante qui commençait peu à peu à me faire face alors que mon esprit rassemblait toutes les pièces du puzzle. De toutes les personnes qu’il y avait sur terre il avait fallu que celle avec qui je couche soit Luna. Même si hier ça m’étais totalement passé au dessus, à présent je ne pouvais regarder Luna sans penser à Julian. Je savais qu’il ne serait pas d’accord avec ça. Notre amitié avait été mise à rude épreuve, je l’avais rejeté après qu’il m’ait appris pour Annabelle. Je m’étais éloigné de lui et l’avais blessé plus que je ne pensais pouvoir le faire. Je m’en voulais encore d’avoir été si froid envers lui qui m’avait toujours soutenu, lui que je considérais comme un membre à part entière de ma famille, lui que je m’évertuais à toujours protégé, parce qu’après tout c’était mon devoir en tant qu’aîné de veiller sur lui. Il était plus qu’un simple ami, il faisait partie intégrante de moi et sans lui j’avais l’impression qu’on m’arrachait une part de mon être. Toute cette histoire avec Anna avait failli foutre notre amitié en l’air et je n’étais pas prêt à prendre le risque de recommencer. Je ne pouvais pas laisser une nouvelle fois quelqu’un se mettre entre nous. C’était égoïste de penser ainsi, j’en avais conscience, mais j’avais déjà failli le perdre une fois et je ne voulais pas avoir à revivre ça. Mon regard croisa celui de Luna et les seules choses qui sortirent de ma bouche furent ces plates excuses sur ma culpabilités et mes remords vis-à-vis de Julian. Il y avait mieux pour commencer la journée, mais mon air renfrogné n’était pas passé inaperçu et elle avait ouvert cette issu de secours que je m’étais empressé de suivre lorsqu’elle avait proposé de faire comme-ci tout ça n’était jamais arrivé. Je passai une main sur mon visage en secouant brièvement la tête. Faire comme rien ne s’était passé. L’idée était tentante et tellement plus simple. Toujours cette bonne rengaine. J’avais l’impression de toujours chercher la simplicité. Personne ne pouvait m’en blâmer pour ça, j’avais eu mon lot de relations compliquées et je commençais à en avoir ma claque. Un peu de simplicité et de relations sans prise de tête ne faisait de mal à personne. Ouais, c’était ce que je pensais, mais il fallait que je gâche ça avec mes satanés remords qui n’allaient pas me lâcher. Une part de moi était d’accord avec elle, une part de moi voulait effacer cette nuit de ma mémoire et ne plus y penser alors que l’autre voulait au contraire garder le souvenir de cette nuit si agréable, cette nuit où rien d’autre que le moment présent n’avait compté et où pour la première fois j’avais vraiment eu l’impression de passer à autre chose, d’avancer enfin et d’aller bien. Je ne cessai de répéter autour de moi que j’allais bien, que je commençais à tourner la page, mais je n’allais pas bien, j’allais mieux et c’était là toute la différence, allait mieux ne signifiait pas forcément aller bien. Je prétendais aller bien, j’essayais de faire bonne figure, parce que j’en avais marre qu’on me pose sans cesse les mêmes questions et je ne voulais pas passer le restant de mes jours à m’apitoyer sur mon sort. Mon regard se porta une nouvelle fois sur elle alors qu’elle glissait hors du lit et je me demandais ce qui avait bien pu nous pousser l’un vers l’autre. Était-ce notre détresse à tous les deux ou les afflux de l’alcool dans notre sang ?  J’aimais à penser que notre taux d'alcoolémie n’était pas la seule raison de ce rapprochement. Je m’étais confié à elle plus qu’à n’importe qui dernièrement et ce d’une facilité déconcertante quand l’on sait à quel point je préfère ne rien dévoiler de mes problèmes et tout garder pour moi. Luna avait ce truc en plus qui me poussais à me dévoiler face à elle. J’ignorais d’où venait cette attraction, peut-être de cette relation de confiance qui s’était installée entre nous lorsqu’elle m’avait demandé il y a de cela plusieurs années de garder ce que je savais de ses crises pour moi. « Je suis sérieuse, Robin ! » Le ton de sa voix se voulait plus grave et je levai les yeux étonné vers elle, la laissant déballer ce qu’elle avait à dire. Je l’écoutais sans broncher, pensant qu’elle avait sans doute raison, ce genre de relation n’apportait rien de bon et ni elle ni moi ne voulions nous engager dans ça. Je me levai et contournais le lit pour venir récupérer mon tee-shirt qui trainait au sol. « Crois-moi je ne risque pas de tomber amoureux, j’ai mis vingt-huit ans avant de tomber vraiment amoureux de quelqu’un et quand on voit le résultat, franchement je préférer laisser ça aux autres. T’as raison, on devrait simplement essayer d’oublier cette nuit. On s’est égarés parce que, ben, comme tu l’as dit on est tous les deux paumés et… on s’est trouvé au même endroit au même moment et c’est arrivé. Mais c’est fini, on oublie, on passe à autre chose et personne n’a besoin de savoir ce qui s’est passé entre nous. » J’enfilais mon tee-shirt et ramassais le reste de mes affaires qui trainait encore au sol. J’étais prêt à en rester là puisque nous étions tous les deux d’accord là-dessus et qu’encore une fois la solution de facilité prenait le dessus, mais la suite de ses paroles me fit réagir. Je laissai échapper un rire amer. On est absolument rien ? Je jetai mes affaires en boule sur mon lit et vins croiser les bras sur mon torse. « Whoua, t’as une vision des choses assez particulière. On n’est pas amis ? On n’est rien ? Ok, si tu veux : on n’est pas amis. Je suis d’accord avec toi. Avant hier soir ça faisait une éternité qu’on ne s’était pas vu. Mais de là à dire qu’on n’est absolument rien, c’est un peu extrême non ? » Je m’emportais, elle avait raison, on n’était pas si proche que ça, mais j’avais toujours eu cet instinct protecteur envers elle depuis que je l’avais trouvé vulnérable face à ses crises d’angoisses. Je n’y pouvais rien, j’étais d’un naturel protecteur et même si comme elle le disait on n’était pas amis, j’avais le sentiment qu’un lien s’était tout de même créée dans le passé. Peut importe ce que ça pouvait être. Mais si elle voulait faire comme-ci tout ça n’avait jamais existé alors ok, ça serait comme ça à présent. Je vins m’adosser au bureau derrière moi et l’observa enfiler ses chaussures. Mon regard se perdit dans le vide et je passai une main sur mon visage fatigué. Je ne voulais pas me disputer avec elle, on pouvait passer au dessus de ça sans en venir à se détester pour cette nuit passé ensemble. « Ecoute… Je suis désolé si je t’ai blessé ou quoi que ce soit, c’était pas mon intension. Je ne voulais pas te donner l’impression que j’avais regrettée cette nuit. C’est juste qu’entre Julian et moi ça n’a pas été facile et maintenant que j’ai retrouvé mon meilleur ami j’ai pas envie d’ajouter un nouveau drame à la liste. » Je levai les yeux au ciel comme si mes propres paroles n’arrivaient pas à me convaincre moi-même. « Et visiblement je ne suis pas doué pour les excuses… » lançai-je dans un soupir.

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() message posté Jeu 14 Mai 2015 - 21:28 par Invité
L’affaire d’une nuit
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« Et visiblement je ne suis pas doué pour les excuses… »
Luna le fixa avec un regard toujours noir alors qu’il prononçait ces derniers mots  tout en soupirant. Nerveusement, et surtout inconsciemment, elle avait commencé à gratter son avant-bras gauche, celui qu’elle avait couvert de cicatrices diverses. Brûlures, coupures, ratures, elle grattait la peau à travers le tissu de sa veste, et elle aurait pu s’arracher l’épiderme jusqu’au sang si ça l’avait aidé. Des cicatrices qu’elle avait provoquées elle-même, cherchant alors à évacuer de son corps une douleur qui ne voulait pas la laisser en paix. Et d’un coup elle comprit que ces marques dans sa chair, Robin les avait, sinon pas vues, du moins senties quand il avait posé ses mains sur elle, quand ses doigts avaient parcouru son corps durant la nuit. Elle déglutit, sentant la boule d’angoisse lourde et pesante qu’elle ne connaissait que trop bien se former dans sa gorge : son ventre se nouait au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient. Comme si un monstre menaçant, une obscurité terrifiante lui déchirait les entrailles pour mieux s’extraire de son habitacle. Ses mains commençaient déjà à trembler aussi elle les cacha dans les poches de sa veste. Probablement en vain. Ce n’était pas comme si Robin ignorait quoi que ce soit de ses crises d’angoisse, il en avait été jusque-là le seul témoin, le seul remède. Lui connaissait la part d’ombre qu’elle souhaitait cacher à tout le monde, sa part de ténèbres enfouie au plus profond de son être. La partie invisible de l’iceberg, ou plutôt de l’épave qu’elle était. Les poings serrés dans les poches, à en faire blanchir les jointures de ses doigts tant elle essayait de contrôler les tremblements qui allaient grandissant, Luna décidé d’opter pour la fuite. Aujourd’hui, elle ne voulait pas compter sur Robin. Elle avait le sentiment de ne plus pouvoir compter que sur elle-même pour s’en sortir, et encore, elle n’était pas vraiment sûre de le vouloir. Parfois il lui semblait qu’il aurait tellement plus simple de se laisser sombrer. Elle se rappelait les fois où elle avait fait le saut de l’ange mentalement, du haut du Tower Bridge, et elle se demandait si elle allait finalement céder à cette pulsion. Un saut dans le vide, et puis plus rien. Juste le froid, et le sommeil. Un sommeil sans rêves qu’elle désirait tant. Oui, Luna n’aspirait plus à grand-chose que la simplicité, et l’absence de douleur. Moqueusement, elle fit une révérence avant de tourner le dos à Robin. « C’est bon, oublie. Le drame s’en va. » Elle sortit de la chambre sans plus de cérémonie, bien décidée à ne surtout pas lui laisser en prime le loisir de la voir s’effondrer devant lui. C’était tellement ironique, qu’il soit le seul à savoir comment la calmer, et en cet instant que ce soit par sa faute que la crise se soit déclenchée. Elle lui en voulait, mais elle savait qu’elle regretterait chaque mot qu’elle lui avait dit plus tard. Plus tard, quand elle aurait réussi à sortir à nouveau la tête de l’eau pendant quelques heures. Luna traversa l’appartement avec hâte, elle ne faisait attention à rien de ce qui pouvait l’entourer, juste la porte de sortie, cette issue de secours qui lui indiquait qu’elle pourrait commencer à laisser la faille s’ouvrir une fois qu’elle se refermerait sur elle et sur une nuit qui, bien qu’elle ait eu un effet apaisant jusqu’au réveil, s’était rapidement transformée en cauchemar.

Ce fut involontairement que la jeune Italienne fit claquer la fameuse porte derrière elle alors qu’elle se retrouvait dans le couloir. Et ce fut uniquement une fois certaine que personne ne pouvait la voir que Luna sortit ses mains tremblotantes de ses poches.  Les spasmes n’avaient pas cessé, au contraire, elle avait l’impression qu’ils n’avaient fait qu’empirer. Elle en lâcha un flot de jurons en italien, en murmure seulement parce que le but n’était pas non plus de réveiller tout l’immeuble. Il était encore relativement tôt après tout. Elle chercha dans son sac – qu’elle avait tout de même pris le temps de récupérer avant de se sauver – son paquet de cigarettes et en porta une automatiquement à sa bouche. Comme si le petit cylindre n’était qu’une extension d’elle, une part d’elle dont elle ne pouvait plus se passer. Et dieu seul savait qu’elle ne pourrait pas s’en passer. Et avec tout son corps qui tremblait, c’était un exploit qu’elle arrive encore à tenir debout, alors à s’enfiler son paquet de cigarettes… La brunette choisit de descendre par l’escalier plutôt que par l’ascenseur, descente qu’elle jugeait peut-être malavisée du fait de son état, mais cependant plus rapide. Elle avait besoin d’air frais, paradoxalement au clou de cercueil qu’elle avait entre les lèvres et qu’elle n’avait pas encore allumé. Elle dévala les marches des trois étages, manquant de se casser la figure à plusieurs reprises, sa main droite accrochée à la rambarde comme si sa survie en dépendait, et peut-être bien que sa survie en dépendait. Que se passerait-il si elle la lâchait et que son corps s’échouait en bas des marches ? Peut-être qu’elle devrait se laisser faire… Trop tard, elle était déjà arrivée au rez-de-chaussée. Elle croisa un vieux monsieur, très certainement un voisin, qui lui jeta un regard courroucé. Oh c’est bon, sa cigarette n’était même pas allumée, et puis avec ce qu’elle traversait, on pouvait bien lui foutre un peu la paix, non ? Elle ne répondit rien mais ses yeux parlaient pour elle, et pour ce qu’elle en avait à faire de l’avis de ce vieux croulant. Pas sûr qu’elle soit à nouveau la bienvenue dans l’immeuble. Mais après tout, elle n’avait aucune intention d’y revenir, alors ce n’était pas plus mal, si ? Reléguant l’ancêtre dans un coin oublié de sa pensée, Luna poussa la porte pour accéder à la rue. Elle n’avait pas pris le temps de remarquer le parapluie dans la main du voisin, et encore moins comment la lumière avait baissé dans la chambre au fur et à mesure que la conversation s’envenimait dans la chambre de Robin, et il pleuvait à présent. Elle fit quelques pas sous les gouttes, mais sa crise n’allait qu’en empirant, et sa jambe gauche commença à se contracter sous l’effet du stress, alors elle préféra s’asseoir sur le bord du trottoir. La pluie ne la dérangeait pas, elle était de ces personnes qui aimaient la pluie plus que le soleil. Peut-être parce que la pluie lui était plus familière, plus naturelle, plus en accord avec ses sentiments les plus profonds. Maladroitement, elle parvint à allumer sa cigarette avant que celle-ci ne prenne totalement la flotte, et malgré sa respiration qui ne tarderait pas à manquer sous le coup de l’angoisse, elle inspira la fumée et la recracha avec un naturel inquiétant.

Une plaie béante. C’était ce qu’elle était devenue en fait. Cette pensée la fit rire, amèrement. Putain ce qu’elle était tombée bas. Complètement pathétique. Elle ne s’était même pas rendue compte des larmes de rage qui coulaient le long de ses joues depuis quelques minutes déjà. Sa respiration était devenue complètement anarchique et douloureuse, et elle en était venue à se mordre l’intérieur des joues pour retenir les hurlements de souffrance qu’elle aurait pu laisser échapper autrement. Ses doigts meurtrissaient sa chair, tentant de vaincre le mal par le mal, d’oublier une douleur en s’en infligeant une autre, elle enfonçait ses ongles dans la peau tendre et déjà marquée de ses bras. Elle étouffait. Elle souffrait. Elle aurait dû y être habituée, et pourtant chaque crise la surprenait à chaque fois, comme une vieille connaissance dont on n’attendait pas la visite. Elle était juste contente qu’il n’y ait personne dans la rue, elle n’aurait pas pu supporter de devoir en plus se donner en spectacle. La cendre pendait au bout de ses lèvres sans qu’elle ne fasse un geste pour écraser son mégot sur le bitume mouillé. L’obscurité était toujours là, un peu moins tapie dans l’ombre, un peu plus prête à l’engloutir dans des pensées sombres et suicidaires. Il ne se passait presque plus une minute sans que l’idée de la mort ne la frôle avec insistance, son esprit s’y déversant tout doucement, mais chaque fois un peu plus. Sauf pendant cette nuit avec Robin. La réalité de ce fait la frappa de plein fouet, comme si elle s’était pris une semi-remorque. Elle avait été tellement bien durant cette nuit qu’il n’en était que plus difficile de se réveiller et de faire face. Le regard de Luna se perdit dans le néant tandis qu’elle laissait le monstre en elle la bouffer un peu plus. A quoi bon après tout ?
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() message posté Lun 25 Mai 2015 - 2:27 par Robin T. Lawford

Au fond je ne savais pas vraiment pourquoi je culpabilisais autant. Je ne savais pas si c’était plus par rapport à Julian et à cette nuit passée dans les bras d’une jeune femme qu’il avait aimé et dont il était resté très proche ou si c’était dû à une insoupçonnable peur d’aller de l’avant. J’avais envie d’avancer, de retrouver cette insouciance et cette joie de vivre qui m’habitait jusqu’à mon histoire avec Anna. J’essayais de me convaincre que je voulais tourner la page et l’oublier une bonne fois pour toute, mais maintenant que j’avais une chance de le faire je laissais le doute m’envahir et me cherchais des excuses. Au fond je n’étais pas sûr de vouloir l’oublier. Ça serait pourtant tellement plus simple. Si seulement il existait un bouton off qui permettrait de tout effacer ; les souvenirs, les bons comme les mauvais car au final les bons souvenirs ne servaient qu’à envenimer les choses et à nous rappeler que tout, absolument tout pouvait s’écrouler en un instant, réduisant ces instants de bonheur en doux souvenirs amer. Alors oui, si un tel bouton existait je n’hésiterais pas un seul instant à le presser et à effacer de ma mémoire ce qui transformait mes instants de bonheur en une rancune inébranlable. « C’est bon, oublie. Le drame s’en va. » Je tournai subitement la tête vers Luna. Elle avait quitté ma chambre avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit. C’était peut-être mieux ainsi. A chacune des paroles que je prononçais j’avais l’impression de m’enfoncer de plus en plus et de la blesser un peu plus encore. J’avais été con et maladroit sur ce coup là. Je l’avais blessé bien malgré moi. Je me trouvais pathétique de culpabiliser pour m’être enfin senti bien et à ma place, mais surtout je m’en voulais d’avoir réagit comme un parfait enfoiré en la rejetant ainsi et ce immédiatement après son réveil. Un bruit sourd résonna dans l’appartement. Le son d’une porte qui claque et d’un problème qui s’éloigne aussi rapidement qu’il est arrivé. Tournant la tête vers la fenêtre mon regard se perdit dans le vide. Dehors le ciel s’était assombri à l’image de l’ambiance qui régnait dans cette pièce. Je restais un instant perdu dans mes penser avant de  faire quelques pas jusqu’à la fenêtre. Elle avait une vue directe sur la rue du devant de l’immeuble et alors que mon regard se perdait sur l’horizon grisonnant je l’aperçu. Luna. Elle n’était pas partie, elle était là, assise sur la bordure d’un trottoir. L'observant, je passai nerveusement une main dans mes cheveux avant de revenir sur mes pas et d’attraper une paire de chaussures que je mis rapidement. Je pris une veste dans mon armoire et l’enfila en quittant la chambre et en traversant le couloir et le salon jusqu’à arriver à la porte d’enter. Je sortis, refermant la porte derrière moi et détala les escaliers de l’immeuble. Je ne savais ce que je pouvais dire ou faire d’autre, mais je ne voulais pas la laisser partir comme ça. En traversant le hall d'entrée je ne pris pas la peine de saluer la voisine du deuxième étage venue chercher son courrier. Je poussa la porte et me retrouva aussitôt dehors, sentant les gouttes de pluie tomber sur moi. Je fis quelques pas avant de l’apercevoir. Elle était de dos et presque recroquevillée sur elle-même, mais il ne me fallu que quelques secondes avant de me rendre contre de ce qu’il se passait. Elle faisait une crise d’angoisse. Je m’avançai vers elle d’un pas peu assuré. Je m’en voulais tellement, j’étais celui qui était censé l’aider à gérer la violence de ses crises, mais aujourd’hui j’avais surtout l’impression d’être celui qui l’avait poussé brutalement du bord du précipice sans lui laisser aucune chance de se raccrocher à quoi que ce soit. Je m’approchai et m’accroupis face à elle. Je vis les larmes couler le long de son visage et une image me traversa l’esprit, je la revoyais quelques heures plus tôt endormi contre moi, elle semblait alors si paisible, si calme et il ne m’avait fallu que quelques minutes pour faire disparaitre ça et laisser place à la colère. D’un geste lent je vins retirer de sa bouche la cigarette qui menaçait de laisser s’effondrer la cendre qui continuait de brûler et vins l’écraser au sol. « Luna… je suis vraiment désolé. » soufflais-je doucement alors que je croisai son regard vide. Je l’avais déjà vu à plusieurs reprises dans cet état, mais c’était à chaque fois impressionnant. Elle semblait être dans un état second et pour la première fois je me sentais démuni face à elle. J’avais l’impression de ne pas pouvoir l’aider cette fois-ci. Comme si le fait d’avoir été l’élément déclencheur m’empêchait d’agir. Comme si je craignais que cette fois-ci elle refuse mon aide, elle avait d’ailleurs toutes les raisons de le faire. Mais je ne voulais pas la laisser affronter ça seule. Je ne le pouvais pas. Je posai mes mains sur ses épaules et les laissais glisser le long de ses bras jusqu’à atteindre ses mains crispées sur ses avant-bras. Sa respiration était irrégulière et semblait douloureuse. « Ça va aller Luna. » Doucement j’attrapai ses mains pour éviter qu’elle ne se fasse plus de mal. Je me sentais impuissant face à la situation, elle semblait d’un coup si vulnérable et fragile. « Ça va aller… » Je tenais toujours ses mains et mes pouces faisaient des allers-retours sur le dos de celles-ci alors que j’essayais de capter son attention en plongeant mon regard dans le sien.

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() message posté Lun 15 Juin 2015 - 13:23 par Invité
L’affaire d’une nuit
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« C’était comme si je me noyais, une énorme vague se déversant sur moi sans me laisser aucune échappatoire, le poids de l’eau m’écrasant, m’enfonçant plus profondément encore dans les abîmes. Malgré tous mes efforts pour remonter à la surface, je n’y arrivais pas, je ne faisais que sombrer toujours un peu plus dans les ténèbres glacées des profondeurs abyssales. C’était comme si le soleil avait cessé à jamais de briller pour moi, m’empêchant de recevoir les bienfaits de sa chaleur, me privant de sa lumière salvatrice. J’errais dans l’obscurité et le froid, perdue dans cette plaine immense et déserte, perdue comme une enfant qui appellerait en vain, désespérément à l’aide, pour qu’on vienne la chercher, sans jamais personne qui n’apparaisse pour la sauver. J’aurais voulu crier mon angoisse mais aucun mot ne passait la barrière de mes lèvres. Je cherchais en vain une main tendue qui me porterait secours, mais rien ne venait. Rien ne venait jamais. Rien ni personne ne viendra jamais à mon secours. »

Elle ne voyait rien. Ce n’était pas qu’elle était devenue subitement aveugle, c’était plus qu’elle était incapable de distinguer quoi que ce soit. Ses yeux s’étaient focalisés sur un point invisible, une sorte d’ancre dans son naufrage d’angoisse, si bien qu’elle ne voyait même pas Robin qui s’était positionné devant elle. C’était comme si elle était dans une bulle. Sauf que d’habitude, une bulle servait plutôt de protection contre une agression extérieure. Et là, Luna se retrouvait enfermée dans une bulle de panique et d’angoisse qui lui faisait du mal plus qu’elle ne la protégeait. Elle était sourde à tout bruit extérieur, elle n’entendait que la petite voix perfide dans sa tête, celle qui lui disait, lui répétait sans arrêt qu’elle n’était bonne à rien, enfant rejeté, sans parent, que personne ne voulait. Et puis c’était normal, non ? Elle n’était qu’une boule vivante d’angoisse et d’idées noires, personne n’avait envie de rester avec quelqu’un comme ça. Et ça continuait comme ça, tout le temps, sans jamais aucune interruption. C’était un enfer, c’était son enfer dont elle savait qu’elle ne pouvait pas sortir. « Ça va aller Luna. » Elle ne l’entendait pas, elle ne sentait pas les mains de Robin qui lui attrapaient ses propres mains pour l’empêcher de martyriser un peu plus son corps, de s’autodétruire. C’était la seule chose qu’elle savait faire à la perfection. Et puis Robin avait eu les gestes habituels, les gestes qui la sauvaient de cet état catastrophique et incontrôlable. Le mouvement circulaire sur le dos de ses mains la ramena petit à petit dans le monde des mortels, la tirant doucement de sa bulle d’angoisse terrifiante. Cependant, sa respiration ne se calma pas pour autant : la panique la contraignant encore, Luna ne faisait que prendre de grandes inspirations, sans jamais expirer le dioxyde de carbone qui lui obstruait les poumons et l’étouffait lentement. C’était une agonie douloureuse, car plus elle manquait d’air, plus elle essayait de respirer sans y parvenir. Encore une fois, Robin avait rapidement compris la situation, et avait placé la main de la jeune Italienne sur son torse, l’amenant à caler sa respiration sur la sienne.

Il ne s’était écoulé que quelques minutes entre le moment où il était arrivé et le moment présent où elle commençait à se calmer, mais cela ressemblait à des heures interminables. La main toujours posée contre le torse de Robin, Luna se recroquevilla un peu plus sur elle-même. Le front posé contre ses genoux, son bras libre passé autour de ses jambes, en position défensive. Le léger tressautement de ses épaules de temps à autre était le seul signe qu’elle pleurait encore. Elle aurait voulu retirer sa main de la poigne de Robin, mais elle ne s’en sentait pas la force. Même si elle se doutait bien que d’un seul mouvement de sa part, il l’aurait lâchée. Elle savait qu’elle aurait dû le repousser, non pas parce qu’il était l’instigateur de la crise, non pas parce qu’elle lui en voulait pour la réaction de rejet qu’il avait eue à son encontre. Juste pour ne pas devenir encore plus dépendante de lui qu’elle ne l’était déjà. « Pourquoi ? » Elle demanda, sa voix étouffée par ses sanglots. Ils étaient tous les deux trempés jusqu’aux os, et ils risquaient d’attraper la mort à rester là sous la pluie, mais aucun ne semblait prêt à bouger. Comme si le temps s’arrêtait sur cette scène. « Pourquoi t’es là ? » Elle ne comprenait pas. Elle lui avait offert une porte de sortie à cette situation délicate dans laquelle ils s’étaient plongés tous les deux inconsciemment, elle avait essayé de mettre fin au problème avant qu’il n’en devienne un réellement en partant, en essayant de créer un froid entre eux qui aurait évité toute ambiguïté. « Pourquoi tu fais ça Robin ? Pourquoi tu penses pas d’abord à toi ? »

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Robin T. Lawford
Robin T. Lawford
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() message posté Lun 22 Juin 2015 - 12:32 par Robin T. Lawford

Mon regard avait croisé le sien, j’essayais de capter son attention, mais c’était peine perdue. C’était comme si elle n’était déjà plus là. Comme si un mur invisible c’était positionné juste devant elle et l’empêchait de voir ou d’entendre ce qu’il se passait tout autour d’elle. Et c’était de ma faute. Je l’avais involontairement poussé à se refermer sur elle-même en la rejetant ainsi. Je connaissais l’existence de ses crises depuis plusieurs années, j’étais d’ailleurs une des rares personnes à en connaitre l’existence, mais l’espace d’un moment je les avais complètement oubliées. Je n’avais pas mesuré l’impact que mes paroles et mon rejet auraient sur elle. À vrai dire je n’avais pas songé un seul instant être l’élément déclencheur et pourtant… Si elle était recroquevillait sur elle-même en cet instant, j’étais à quatre-vingt-dix-neuf pourcent sûr que c’était dû à la réaction que j’avais eue tout à l’heure dans la chambre. Dernièrement j’avais l’impression de toujours tout compliquer, quoi que je dise et quoi que je fasse. Où était passé mon insouciance et mon goût à vivre au jour le jour ? C’était comme si j’étais entré dans une espèce de spirale infernale où je cherchais à compliquer ce qui n’avait pas à l’être.  

Mes pouces continuaient de dessiner des mouvements lents et doux sur le dos de sa main et je perçu une petite lueur dans son regard, comme si elle revenait petit à petit à la réalité. Mais la crise était loin d’être finie, je le savais et sa respiration toujours irrégulière ne faisait que me le confirmer. Depuis le temps j’avais appris les bons gestes à faire pour gérer ses crises, je savais ce qui fonctionnait et ce qui n’avait aucun effet sur elle, alors c’était presque machinalement que j’avais porté sa main sur mon torse pour qu’elle prenne exemple sur ma respiration. En général c’était ce qui réussissait à la calmer. Elle n’avait qu’à caler sa respiration sur la mienne pour se calmer et sortir de sa torpeur. Je m’efforçais de respirer calmement, de contrôler ma respiration, mais au fond j’étais paniqué. Paniqué à l’idée que cette fois-ci ça ne marcherait pas, paniqué à l’idée qu’une fois qu’elle aurait repris le contrôle et se serait rendu compte de ma présence près d’elle, elle me rejette et retombe dans l’une de ses crises sans que je ne puisse rien faire d’autre pour l’aider.

Au bout de seulement quelques minutes sa respiration semblait commencer à retrouver son rythme, elle était plus calme et plus lente, seuls ses sanglots gênaient encore le rythme régulier de celle-ci. La pluie continuait de tomber sur nous et lorsqu’elle releva le visage vers moi je constatai que des gouttes de pluie perlaient sur les mèches de ses cheveux, certaines allant même jusqu’à s’écouler le long de son visage, se mélangeant aux larmes qui coulaient encore sur ses fines joues. Je fronçai les sourcils en entendant sa question. Je ne comprenais pas où elle voulait en venir jusqu’à ce qu’elle reformule celle-ci. Pourquoi j’étais là ? Mon regard glissa sur ma main qui tenait toujours la sienne, plaquée contre mon torse. « Pourquoi tu fais ça Robin ? Pourquoi tu penses pas d’abord à toi ? » Relevant la tête vers Luna, je restai silencieux quelques longues secondes avant de secouer la tête en haussant les épaules. C’était une excellente question à laquelle je n’avais pas de réponse concrète. C’était simple, je ne pouvais pas m’en empêcher. J’avais cet instinct protecteur qui s’était mis en place il y a quelques années, alors que je n’étais encore qu’un ado. Sans raison apparente. J’avais simplement besoin de protéger les personnes qui se trouvaient autour de moi, de m’assurer qu’elle aille bien. Peut-être avais-je une sorte de complexe du super-héros ou une connerie dans le genre que les psys aiment nommer, mais honnêtement je m’en moquais, je ne pouvais pas changer ce que j’étais et je n’en avais pas envie. Doucement je retirai sa main de mon torse sans toute fois la lâcher. « Je suis comme ça… » dis-je en haussant brièvement les épaules avant de reposer sa main sur sa cuisse. « Mais je t’assure, je pense à moi. Tout le temps. Ça ne se voit pas, mais je suis hyper égoïste comme mec ! » lançai-je sur un ton moqueur en lui souriant. Ce n’était peut-être pas le moment de plaisanter, mais ça aussi ça faisait partie de ma personnalité. Il fallait toujours que je prenne tout à la rigolade, c’était sans doute une façon comme une autre de gérer les situations sans se prendre trop la tête. Je passai une main dans mes cheveux, trempés par la pluie. « C’est pas que je n’aime pas la pluie, mais on va finir par mourir de froid si on reste ici. Tu ne veux pas rentrer ? » Je me relevai en lui tendant la main pour l’inviter à en faire de même, espérant qu’elle ne refuserait pas de m’accompagner. Pas seulement parce que je voulais garder un œil sur elle pour m’assurer qu’elle aille bien, mais parce que malgré ma réaction je m’étais senti bien près d’elle et je n’avais pas envie de la voir partir, pas tout de suite, pas alors qu’elle était encore fâchée contre moi.


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() message posté Mar 30 Juin 2015 - 11:46 par Invité
L’affaire d’une nuit
luna & robin

« Je suis comme ça… » Qu’il avait répondu, en lui rendant sa main. Luna avait resserré son poing sur sa cuisse, juste pour éviter de se raccrocher au jeune homme dans un geste de désespoir qu’elle ne voulait pas afficher. Et il avait ensuite ajouté, sur le ton de l’humour : « Mais je t’assure, je pense à moi. Tout le temps. Ça ne se voit pas, mais je suis hyper égoïste comme mec ! » Ca avait eu le mérite de la faire rire un peu, à travers ses larmes. Elle avait pris la main qu’il lui tendait pour l’aider à se relever, et elle lui avait souri. Le premier vrai sourire de la journée. « C’est pas que je n’aime pas la pluie, mais on va finir par mourir de froid si on reste ici. Tu ne veux pas rentrer ? » Inconsciemment, elle leva les yeux vers la fenêtre de la chambre de Robin. Non, elle ne voulait pas y retourner. Elle avait besoin d’un peu de temps avant de pouvoir remettre les pieds là-haut, parce qu’elle n’était pas sûre que cela ne le lui déclencherait pas à nouveau une crise de panique. « Je… » Elle secoua doucement la tête de gauche à droite. « Je crois qu’il vaut mieux que je rentre chez moi. » Justement, un taxi libre passait par là. Elle fit un signe au chauffeur qui s’arrêta à leur niveau. « Ecoute, je… C’était l’erreur d’une fois. Julian n’a pas besoin d’être au courant. C’est… mieux comme ça. Je t’appelle. » Le premier pas en arrière qu’elle fit était hésitant, mais c’était comme pour les pansements, il valait mieux le faire vite sinon ça faisait trop mal. Alors c’est ce que Luna fit, elle s’engouffra dans le taxi et donna son adresse, sans un regard en arrière pour Robin. Ou presque.

Il ne lui avait fallu que quelques minutes pour rejoindre son quartier, mais malgré ça, elle avait eu l’impression que le taxi traînait, que les feux rouges s’enchaînaient, que les autres automobilistes lui en voulaient personnellement en faisant exprès de rouler à deux à l’heure juste devant son taxi. Elle avait le pressentiment, très certainement infondé, que Robin avait décidé de la prendre en filature, comme s’il avait besoin de ça pour connaître son adresse, alors qu’elle la lui avait donnée la veille. Le billet à peine claqué dans la main d’un chauffeur persuadé d’avoir eu une fugitive poursuivie par toutes les polices du pays dans son taxi et, de ce fait, affichant un sourire béat, elle s’éjecta du véhicule pour s’engouffrer, tout aussi rapidement, après une vieille dame, un yorkshire sous le bras, qui venait d’ouvrir la porte cochère de l’immeuble. Celle-ci eu un sursaut d’indignation, ouvrit la bouche pour crier « au viol » ou « au voleur » avant de reconnaître la gamine Di Brolese et pousser un profond soupir blasé. Non, Luna ne faisait pas l’unanimité dans l’immeuble, mais personne n’osait se plaindre… ou presque. La mort aux trousses, la jeune femme tambourina sur le bouton d’appel de l’ascenseur, persuadée que, doté d’une certaine forme d’intelligence ce dernier comprendrait l’urgence de la demande, et bougerait ses câbles un peu plus vite pour Madame. Dans un tintement snob, les portes s’ouvrirent, et dans un tintement tout aussi snob, elles se refermèrent au nez de la madame au Yorkshire qui n’était décidément pas assez rapide, et à qui l’Italienne fit un petit signe d’au revoir plein de politesse. C’est important d’entretenir de bonnes relations avec son voisinage. Ce ne fut qu’une fois la porte de l’appartement claquée derrière elle, et Luna laissant son dos glisser tout contre pour finir par se retrouver les fesses sur le sol, ses jambes maigrelettes perdues devant elle, qu’elle se sentie finalement en sécurité. D’une main tremblante de nervosité plus que de colère, elle tira son paquet de cigarette de son sac, et après avoir eu un mal fou à l’allumer à cause d’une flamme de briquet semblant vouloir aller partout sauf sur le bout de cigarette, elle inhala la fumée cancéreuse avec délectation. Là, ici, dans cet espace réduit –tout est relatif-, elle pouvait enfin calmer son cœur et sa respiration, et tenter de mieux oxygéner un cerveau qui n’avait pas fourni son maximum tout à l’heure. Elle avait beau retourner la scène dans tous les sens, jamais elle n’était à son avantage. Une furie qui hurle sur le mec avec qui elle vient de coucher, puis qui se tape une crise de panique en pleine rue ? Non, mais à quoi tu pensais, Luna, sérieusement ? A quoi ?
« A RIEN !! BORDEL DE MERDE ! A RIEN ! JE NE PENSAIS À RIEN ! » Hurla-t-elle à son cerveau à voix haute en tapant ses talons contre le sol où elle était toujours. Et immanquablement ce fut le manche à balais de l’étage du dessous qui lui répondit à grand renfort de coups donnés au plafond, et donc à son plancher. Réaction de la jeune femme ? Un gémissement de désespoir qu’elle voulait discret, en se tapant l’arrière du crâne contre la porte. Instantanément, le voisin du dessous reprit son ballet de manche à balais contre le plafond, comme si un petit gémissement en plein milieu de la matinée pouvait provoquer pareil dérangement. « ET SI J’ÉTAIS EN TRAIN DE ME FAIRE ASSASSINER, HEIN ? EN TRAIN DE ME FAIRE ÉGORGER PAR UN DANGEREUX PSYCHOPATHE, AVANT DE ME VIDER DE MON SANG EN GÉMISSANT CONTRE LA MOQUETTE, HEIN ? » S’énerva-t-elle en hurlant de plus belle afin de couvrir le son des coups de balais.
« CRÈVE EN SILENCE, CONNASSE ! » Lui répondit l’étage du dessous avec une amabilité et une politesse rarement égalée. Voilà qui concluait fort sympathiquement cette conversation singulière entre voisins, et c’est sur ces paroles bienveillantes de son copropriétaire qu’elle se redressa et s’en alla caresser les touches de son clavier avant de lancer dans une explosion de croches et de double-croches en mettant la chaîne hi-fi en route. Voilà, maintenant il avait une raison de se plaindre, et au moins, pendant qu’elle écrivait, elle ne pensait pas, elle ne pensait plus à rien, toutes les zones de son cerveau se consacrant corps et âme à la danse des mots, corvéables à merci. Demain, peut-être, elle repenserait à tout ça, demain ou jamais. Jamais c’est mieux. L’oublier, aussi.

***

Deux heures à bailler devant un navet d’art et d’essai dans une salle obscure franchement parsemée, c’était sa punition pour avoir déserté le sacro-saint cocon familial sans prévenir « Papa et Maman » au préalable. Deux heures à observer un type absolument ordinaire poursuivant sur un fond vert, un lapin en lâchant des « cui-cui » censés attirer la bestiole - la métaphore devait être archi subtile parce que Luna, malgré ses cinq années d’études et trois langues à son actif, ne saisissait pas l’intention de l’auteur -, c’était la façon qu’avaient trouvé ses paranos et tortionnaires de parents pour lui faire payer sa fugue. A peine ses pieds avaient-ils foulé le sol londonien que son portable entamait une danse frénétique dans sa poche de jean, comme si Rossella ou James avaient des sbires postés absolument partout, l’informant du moindre déplacement de leur fille chérie et surprotégée. Ils étaient bien du genre à lui coller un espion au cul pour s’assurer qu’elle ne risquait pas de se casser un ongle en ouvrant son soda. C’est la pensée qui lui avait effleuré l’esprit lorsqu’en s’emparant de son portable d’une main, elle s’était vu privée de la canette de coca zéro qui parasitait l’autre par son chevalier servant en titre (aka son cousin), s’empressant de l’ouvrir pour elle tandis qu’elle lui lançait un regard perplexe auquel il répondit par un haussement d’épaule. C’était donc très exactement cinq minutes après son atterrissage à l’aéroport Heathrow qu’elle avait appris que le surlendemain elle devrait baby-sitter et téléguider une illustre inconnue à une réception mondaine et lui éviter le suicide social lors de cette grande première pour elle. Le lendemain, comme dans un vieux polar en noir et blanc, dans l’immense et impressionnant bureau de son père, alors qu’elle avait le cul posé dans un de ces ostentatoires fauteuils en cuir vieilli, il lui avait remis un dossier contenant le nom, le prénom, et une photo récente de la demoiselle concernée. Une photo prise à son insu, ça va de soi. Le dossier recelait d’autres détails sur sa vie privée et publique, que James jugeait probablement utiles à sa fille. Norma Powell, fille illégitime d’un éminent écrivain-cinéaste britannique dont on lui taisait le nom puisqu’il ne souhaitait pas reconnaître l’enfant. Mais puisque la soirée mondaine n’était autre qu’une projection de film suivie d’un cocktail dinatoire, Luna n’avait pas besoin de sortir de l’ENA pour faire le rapprochement entre le film projeté et le père indigne. James lui avait également appris que la jeune femme en question n’était au courant de rien, et pensait ne faire qu’assister à la projection. C’était la grand-mère qui avait orchestré ce plan machiavélique visant à réunir le père et la fille dans le même cocktail pour démontrer au père que la place de la fille se trouvait à ses côtés. Mouais... La mission de Luna ? Repérer la rouquine, l’aborder, lui faire la conversation, et l’entrainer contre son gré dans ce cocktail où même elle n’avait pas envie de foutre les pieds. Finger in the nose !

Ginger avait été la dernière à quitter la salle, s’attardant au premier rang, les yeux fixés sur l’écran où défilait à présent le générique. « Personne ne reste jamais pour le générique. » avait alors annoncé Luna en s’approchant de sa proie, se laissant tomber sur un siège de la rangée derrière elle, les coudes appuyés sur le dossier devant elle. « Faut se ruer dehors dès les premières notes, sinon la grosse Vriginia nous aura devancé au bar et il ne restera plus ni champagne, ni petits fours. » lui avait-elle glissé sur le ton de la confidence, une moue blasée aux lèvres. « Oh, mais... Je ne vais pas au cocktail. » lui avait alors répondu la rouquine, presque en s’excusant que ce ne soit le cas. « Et t’as envie d’y aller ? » N’importe qui aurait dit oui, joint les mains en prière et remercié le ciel en expliquant que ce serait la chose la plus merveilleuse au monde, l’accomplissement de toute une vie - ouais, au moins. Sauf que non. Ginger avait froncé le nez et secoué la tête vivement. C’était à ce moment-là que Luna avait décidé qu’elle appréciait cette fille. Toutefois elle avait une mission à mener à bien, et pour ce faire elle devait entraîner de gré ou de force la rouquine dans cette réception qui ressemblait plus à une campagne publicitaire démontrant les méfaits du botox et autres ravages esthético-audacieux, comme cette femme qui se retrouvait à devoir souffrir d’une affiliation indéniable avec Daffy Duck. « Et rater tout ce que Londres compte de fringants vieux papys et leurs nièces à fort accent russes ? Tu n’y penses pas. Allez, suis-moi ! » Sans lui laisser le choix, elle s’était emparée de son poignet et l’avait trainé à sa suite entre les rangées de sièges en velours rouge pour regagner la sortie depuis laquelle on entendait déjà le bruit des coupes qu’on entrechoque et les rires gras qui vont avec. Virginia étalait déjà sa gracieuse graisse dans un fauteuil Louis XV et séquestrait un pauvre serveur qu’elle maintenait captif auprès d’elle, une main accrochée à sa cravate, l’autre piochant allègrement sur le plateau de petit-four dont il manquait déjà la moitié. « Virginia. » avait-elle indiqué d’un mouvement de menton, tout en se faufilant dans la foule de nœud pap’ bruyant, direction le bar, la rouquine sur ses talons. Puis elle s’était immobilisée à quelques mètres de leur destination préprogrammée, s’était retournée vers sa « mission » et lui avait ordonné de prendre une profonde respiration, le reste de la route devant se faire en apnée. Sans trop comprendre pourquoi, Ginger s’était exécutée, suivant l’exemple de son aînée, et remplissant ses joues d’oxygène façon hamster. Quelques secondes plus tard, son poignet se trouvait de nouveau entre les doigts de la brune qui fonçait, tête basse, au travers d’une nuée de femmes ayant passé la date de péremption depuis près d’un quart de siècle. « Les cocues joyeuses. » Avait annoncé Luna en posant une main sur la nappe écru du bar, en jetant un regard sur le banc de cougars qu’elles venaient de traverser. « Elles mettent un point d’honneur à utiliser en simultané tous les parfums que leur époux leurs offrent pour compenser les adultères quasi publiques qu’elles subissent au quotidien. Vu qu’elles se parfument à hauteur des cornes qu’elles se payent, l’air se retrouve très vite saturés de Shalimar, et autres merdes hors de prix. »

« Moi c’est Luna. » Avait-elle fini par se présenter au bout d’un bon quart d’heure tant elle avait perdu l’habitude qu’on ne connaisse pas déjà tout d’elle avant même le premier « bonjour ». « Norma.» avait répondu la rouquine en acceptant la coupe qu’elle lui tendait. « Pas de bol. Personne n’est parfait. » Ginger n’avait certainement pas saisi sa réflexion envers un prénom qu’habituellement les gens trouvaient charmant, mais il lui suffirait de fréquenter l’Italienne un tant soit peu pour comprendre la réaction allergique de Luna à un prénom qu’elle associerait éternellement à celle qui avait fait du mal à Milo. Elles avaient trinqué, avalés des petits fours lorsqu’un serveur chanceux échappait à Virginia, et discuté. Enfin Luna avait beaucoup discuté avec elle-même, vu que Ginger semblait fonctionner par monosyllabes. Alors elle avait fait la conversation, parlant de tout et de rien, surtout de rien, jusqu’au moment où l’idée de se procurer une arme, de se la coller dans la bouche et d’appuyer sur la détente était passée de parasitaire à totalement obsédante. Alors elle avait prétexté une envie pressante pour se rendre aux toilettes, s’enfermer dans une cabine, refermer la cuvette, s’asseoir dessus, ramener ses jambes contre elle, composer un numéro sur son portable, et plaquer le téléphone contre son oreille avec la fébrilité d’une camée en manque. Ces crises d’angoisse lui arrivaient de plus en plus souvent, sans raison apparente si ce n’est une foule oppressante, des idées noires et l’impression de n’avoir aucun but dans la vie. La seule chose qui lui permettait de tenir c’était le déni pur et simple, le refus de se pencher plus que ça sur les raisons de ce mal-être, et son unique calmant : Robin. Enfin « calmant » c’est l’appellation qu’elle lui donnait dans sa tête pour ne surtout pas lui donner trop d’importance et ne pas accepter l’évidence. Son calmant, son jouet. C’était plutôt elle le jouet dans l’histoire, recroquevillée sur une cuvette de toilette à compter les tonalités qui la séparait de cette voix qui lui rappellerait qu’elle n’était pas totalement seule et qu’il y avait peut-être une infime possibilité qu’elle compte pour quelqu’un, même un petit peu. Évidemment, il ne répondit jamais. Évidemment il devait encore être en train de sauver la vie de Dieu sait qui à l’hôpital, puisque c’était boulot. Alors elle avait quitté sa planque, remonté sa robe bustier d’un mouvement preste, l’avait remontée aussi sur ses jambes puis avait daigné quitter les toilettes dame et retourner à sa mission du soir.

Ginger n’avait pas bougé de sa place, comme si elle avait peur de faire le moindre mouvement et de provoquer une catastrophe genre réaction en chaîne, à moins que ce ne soit dû au simple besoin de passer inaperçue et de se fondre dans la masse. Oui, sûrement. Mais elle n’était plus seule. Évidemment. Une jeune femme ne reste que rarement seule dans ce genre d’endroit, y a toujours un pseudo-DSK pour tenter une ouverture, ou en l'occurrence, un ex de Luna un peu trop encombrant. C’était aussi pour ça qu’elle n’avait pas du tout éprouvé le désir de se rendre à cette projection. Depuis qu’elle était de retour à Londres, chaque soirée mondaine était un risque potentiel de croiser d’anciennes – et indésirables - connaissances. Un risque élevé à dire vrai. Et Luna, en pleine overdose de sociabilité, n’avait plus qu’une envie : se procurer une arme, la coller dans la bouche de l’opportun et d’appuyer sur le détente pour repeindre les murs tapissés d’un tissu écru aux reflets dorés avec sa cervelle. Elle le voyait lui offrir son plus beau sourire et jouer avec une de ses mèches rouquines l’entortillant autour de son index, avant que Ginger ne la récupère pour la ranger derrière son oreille. Décidément, Rouquine allait devenir sa nouvelle meilleure amie... À condition de changer de prénom. Jamais Luna n’avait encore traversé une salle de réception aussi rapidement. Elle avait écrasé quelques escarpins au passage, et récupéré une coupe sur un plateau, qu’elle s’était enfilé cul sec avant de reposer le verre vide sur le plateau du serveur qui se trouvait être en train de proposer sa drogue alcoolisé au merdique petit universitaire présent. Elle avait frappé tellement fort le verre contre le plateau d’argent que tout le monde avait sursauté, même Virginia - c’est pour dire -, puis en avait récupéré un autre, qu’elle avait sifflé aussi rapidement. « Alors lui, tu vois... » avait-elle commencé en passant un bras autour des épaules de la rouquine, marquant ainsi son territoire. « c’est l’exemple même du genre de personne que tu dois absolument éviter. » La mine sérieuse, elle lui faisait un topo sous le nez même de son ex, ne se souciant pas le moins du monde de heurter sa sensibilité, c’était justement le but, la heurter, la mettre à terre et sauter à pieds joints dessus. « Lui tu peux. » L’autorisa-t-elle en désignant un brun sur leur droite. « Lui aussi. » son index désignait un trentenaire tout sourire qui leur répondit d’un petit signe de main absolument ridicule. « Lui tu peux. » Un autre brun à quelques mètres. « Lui tu peux. » Le serveur qui leur présentait toujours son plateau de coupettes. « Mais lui tu peux pas. » Sa main venait de s’abattre sans une once de délicatesse sur l’épaule d’un ex qui continuait tant bien que mal d’afficher un sourire aussi faux que son attitude pseudo décontractée. Sa main repoussa l’épaule du jeune homme dont l’impulsion l’obligea à un mouvement de recul tandis que son ex compagne attrapait Ginger par les épaules et le regardait avec tout le sérieux dont elle était capable. « Londres est une jungle hostile, et y a parfois, des phacochères qui se prennent pour des lions. Tu me diras, c'est pas dangereux un phacochère, mais détrompe-toi, t'as vu Pumba ? Ses gaz sont mortels ! » Elle secoua la tête comme si cette affirmation la consternait, puis jeta un regard faussement triste en direction de son ex. « Allez, on se casse avant que ça ne chlingue pour de bon. » C’est cet instant que choisi le DJ pour renvoyer Vivaldi à son XVIIème siècle pour le remplacer sans transition par une Rihanna proclamant son amour pour le sexe SM. Luna jeta un coup d’œil à son poignet débarrassé de bijou mais pas de sa montre. Minuit. Ca expliquait le changement musical. Elle afficha, alors, un sourire à damner un saint, et se retourna vers sa partenaire du soir. « Voilà de quoi faire une sortie à notre hauteur ! » annonça-t-elle en lui faisant signe de s’approcher le tout ponctué des « Nanana come on ! Nanana come on ! » Et sans plus prêter un regard à son parasitaire et douloureux ex, elle entraina sa mission en direction de la sortie, prenant son temps en traversant la foule, s’amusant à s’arrêter en plein milieu pour s’approprier les paroles de la barbadienne en ondulant sur ses talons hauts, allumant tout ce qui se trouvait sur son passage, du serveur jusqu’au papy cardiaque rougissant jusqu’à ses favoris en se tenant le cœur. Sa jeune protégée qui avait tout de la provinciale timide se retrouva embarquée par une héritière qui semblait déterminée à réveiller les morts en instaurant une ambiance de luxure avant de vider les lieux. Bientôt la salle fut séparée en deux, une partie s’offusquant du manque de retenue de l’héritière Di Brolese se donnant en spectacle, et l’autre partie, plus vaste, se prêtant volontiers au jeu en montrant des signes certains d’amusements.

Lorsqu’elles atteignirent finalement le vestiaire, tout au bout de la salle, le jeune anglais s’y trouvant la gratifia d’un « Nanana come on ! » auquel elle répondit par une grimace en secouant la tête. « Pas lui non plus. » Informa-t-elle Ginger en désignant le vestiaire d’un signe de tête. La mine déçue il rendit son sac et sa veste à Luna avant de s’occuper des affaires de Norma. En attendant que cette dernière enfile sa composition florale - bordel c’était quoi cette veste-tapisserie ? Mission 2 : refaire sa garde-robe - Luna hasarda un regard en direction de la foule qui continuait à s’agiter sur les vibes de Rihanna. Elle ne tarda pas à croiser son regard, ce regard-là qu’elle cherchait sans même le vouloir, ce regard qu’elle aimait et détestait en même temps, celui de Cayden qu’elle avait su présent à la soirée mais qu’elle avait miraculeusement évité jusque-là. Alors, muettement ses lèvres se calquèrent sur les paroles de la métisse, sans lâcher son frère des yeux : « 'Cause I may be bad, but I'm perfectly good at it. Sex in the air, I don't care, I love the smell of it. Sticks and stones may break my bones. But chains and whips excite me. » Puis Norma finalement engoncée dans son rideau de mamie, elle forma un dernier « Nanana come on ! » avant de lui envoyer un salut militaire, deux doigts partant de son front, et pressa le pas en direction d’une sortie ferme et définitive. « Faut vraiment qu’on te trouve un nouveau prénom. » annonça-t-elle en resserrant le col de sa veste contre son cou dans la fraîcheur de la nuit. « Et accessoirement qu’on te trouve un nouveau manteau. » acheva-t-elle dans une grimace en pinçant entre deux doigts le tissu en overdose florale. Oui, mais d’abord, une glace !!

***
Elle ne savait plus trop bien l’heure qu’il était quand elle était arrivée devant l’immeuble. Si James lui demandait comme sa mission s’était déroulée, elle lui répondrait qu’elle avait fait ce qu’il lui avait demandé, et point barre. Même si au final, Ginger s’avérait être une brave petite, quoi qu’un peu perdue pour une grande ville comme Londres. L’Italienne estimait qu’après les quinze jours assez spéciaux qu’elle avait vécus, il ne fallait pas trop lui en demander non plus. Son cerveau fonctionnait à toute allure, lui interdisant un repos cérébral qu’elle se serait vue quémander à genoux s’il l’avait fallu, les idées sombres pointant le bout de leur nez à présent qu’elle était seule. Et seule elle le serait encore jusqu’au lendemain, puisque ni Roxane ni Milo ne serait là pour occuper son angoissante solitude. Dans l’ascenseur qui menait à son étage, Luna malmenait l’ongle de son pouce déjà bien rongé, s’efforçant de penser à tout plutôt qu’au vide et au silence qui l’attendaient. Et comme si ses prières avaient été entendues, lorsque les portes s’ouvrirent et qu’elle se retrouva dans le couloir, elle le vit. Robin était là, et instantanément, la douleur sembla plus lointaine, moins forte. Malgré les quinze jours sans nouvelles, il ne l’avait pas abandonnée à son sort. Elle avait eu envie de fondre en larmes de soulagement en le voyant, mais elle s’était retenue. Passant devant lui pour ouvrir la porte, ce n’est qu’une fois à l’intérieur qu’elle se retourna vers lui pour lui lancer un « Bah alors, tu entres ? ».
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Robin T. Lawford
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() message posté Mer 29 Juil 2015 - 23:55 par Robin T. Lawford

Son léger rire me fit sourire et alors que je me relevai, lui tendant la main pour l’aider à en faire de même, je ne la quitta pas des yeux. Finalement elle glissa sa main dans la mienne et se redressa à son tour. Je lui avais proposé de rester, mais elle avait décliné mon invitation. « Je crois qu’il vaut mieux que je rentre chez moi. » Doucement je hochai la tête avec approbation. Elle avait sans doute raison, c’était surement mieux ainsi. Elle hala un taxi qui passait et mon regard suivit ce dernier jusqu’à ce qu’il se gare près de nous.  « Ecoute, je… C’était l’erreur d’une fois. Julian n’a pas besoin d’être au courant. C’est… mieux comme ça. Je t’appelle. » Je tournai la tête vers Luna. L’erreur d’une fois. C’était exactement ça, on s’était laissé aller sans penser aux conséquences, sans penser à rien. Personne n’avait besoin d’être courant. Cette nuit aussi agréable fut-elle n’était qu’un moment d’égarement qui ne donnerait suite à rien. Un simple moment d’égarement. Du moins essayais-je de m’en convaincre. « Merci… » articulais-je doucement. Elle avait raison Julian n’avait pas besoin d’être mis au courant. Même si cette simple affirmation me mettait mal à l’aise, je tentai de me persuader que c’était mieux ainsi, il était inutile de défendre le fait d’avoir fait une chose qui ne se reproduirait plus. Ma réaction avait peut-être été exagérée, mais je refusais de mettre une fois encore notre amitié en danger. « Ok, n’hésite pas à le faire et si jamais ça ne va pas tu sais que tu peux m’appeler, ce qui s’est passé cette nuit ne change rien, tu sais que tu peux compter sur moi. » Ça changeait au contraire tout et sa récente crise en était la preuve, mais je voulais qu’elle sache que quoi qu’il arrive je serais toujours là pour l’aider à gérer ses crises, que si elle avait besoin de moi je n’hésiterai pas à venir. Ça avait toujours été comme ça et c’était justement ça qui ne changerait pas. Mon regard suivit le sien quelques secondes jusqu’à ce qu’elle se détourne et entre dans le taxi. Ce dernier ne tarda pas à se remettre en route et devint de plus en plus petit au fur et à mesure qu’il s’éloignait de moi jusqu’à finir par disparaitre au bout de la rue. Le regard toujours rivé sur le long de la route je passai une main dans mes cheveux de plus en plus mouillés par la pluie en laissant échapper un long soupir. La laisser partir ainsi, immédiatement après sa crise ne me rassurais pas vraiment, mais avais-je le choix ? Je n’allais tout de même pas la forcer à rester si elle n’en avait pas envie. Et puis elle appellerait, elle l’avait dit. Doucement je fis demi-tour et poussa la porte de l’immeuble, croisant une voisine et sa fille qui me sourirent poliment avant de sortir. Je remontais une à une les marches des trois étages pour rejoindre mon appartement. Lorsque j’eus franchi la porte je restai un moment à me demander dans quoi j’avais bien pu me fourrer encore. J’étais comme vidé de toute force alors que j’avais passé la nuit la plus agréable depuis ce qui me semblait être des lustres. Je ne cessai de penser que j’avais agis comme un parfait connard avec Luna, mais je ne pouvais pas revenir en arrière alors il allait bien falloir vivre avec. Poussant la porte de la salle de bain, je retirai mes vêtements et vins me glisser sous la douche laissant couler l’eau chaude sur mon corps comme si ça pouvait effacer le sentiment de mal-être que je ressentais à présent.

***

J’étais patient même plus que patient par moment, mais j’avais mes limites et cette bonne femme commençait sérieusement à me rendre dingue. Elle ne supportait pas sa convalescence ? Ok, je pouvais le comprendre. Plus qu’elle ne l’imagine. J’avais moi-même été un très mauvais patient lorsque j’avais été forcé d’arrêter le travail après la fusillade, mais bordel de merde, ce n’était pas pour ça que j’emmerdais toutes les personnes qui m’entouraient à l’instar de madame Cordell qui visiblement n’avait rien trouvait d’autre pour passer le temps que de se comporter comme une vraie emmerdeuse avec tout le personnel médical de l’hôpital. Et puisque apparemment la chance ne semblait pas tourner en ma faveur c’était moi qui étais chargé de m’occuper d’elle, ce qui semblait amuser certains de mes collègues bien heureux de ne pas avoir à faire à elle. Mais je n’étais pas le plus à plaindre, ses aides-soignants semblaient en baver beaucoup plus que moi et malgré une lueur de compassion à leur égard j’étais content de ne pas être à leur place. En début de soirée j’avais eu la chance de me retrouver enfermé au bloc pendant trois bonnes longues heures et avoir pu éviter ses réflexions toute aussi désagréables les unes que les autres. Après l’opération on m’avait informé qu’elle m’avait demandé une heure plus tôt. Je me demandais bien pourquoi, elle devait sans doute aimer me torturer. Toujours est-il que je n’avais pas été mécontent de constater qu’elle dormait déjà lorsque j’avais franchi le pas de sa chambre. J’avais terminé le reste de la soirée à aider aux urgences avant de rejoindre enfin le vestiaire des internes où je pris le temps de me changer avant d’attraper mes affaires et de sortir. Il était déjà tard lorsque je traversa le hall pour sortir de l’hôpital et rejoindre la station de métro la plus proche. Dehors la nuit était tombée depuis un moment déjà. Je sorti mon portable de la poche de ma veste en m’élançant dans la rue et répondis à mes messages avant de constater que j’avais deux appels en absence, l’un venait de ma mère qui avait laissée un message vocal me rappelant de ne pas oublier de souhaiter son anniversaire à mon grand-père. Amusé je levai les yeux au ciel, je me demandais si un jour elle arrêterait de nous rappeler constamment des choses à faire à mes frères et moi. Honnêtement j’en doutais fortement. Quoi qu’il en soit l’anniversaire de grand-père lui avait été souhaité un peu après midi et ce sans le rappel de ma chère maman, ce que je ne manquerais surement pas de lui faire savoir par simple plaisir de l’embêter un peu. Le deuxième nom qui s’afficha sur l’écran de mon téléphone me fit retrouver un peu de mon sérieux. Luna. Je t’appelle, avait-elle dit, mais je ne pensais pas qu’elle mettrait autant de temps pour le faire. Deux semaines sans nouvelles. Et je n’avais pas cherché à en avoir. J’avais continué mon petit train de vie, essayant de retrouver un peu de stabilité et de calme après les derniers événements plutôt chaotique de mon existence. Mes doigts glissèrent sur l’écran de mon téléphone et je vins appuyer sur la touche de rappel. La tonalité se fit entendre au bout du fil, encore et encore jusqu’à tomber sur la boite vocale. Je raccrocha sans laisser de message et réessaya une nouvelle fois de l’appeler immédiatement après, mais évidemment elle ne décrocha pas. Mon téléphone affichait une heure moins le quart alors que j’arrivais près de la station de métro. Machinalement je me dirigeai vers la ligne que je prenais habituellement et alors que je m’apprêtais à monter à l’intérieur de la rame je stoppai mon élan. Et puis merdre. Je reculai de quelques pas avant de faire demi-tour et de me diriger vers la ligne qui menait jusqu’à Camden Town. Ce n’était peut-être pas une bonne idée, mais je voulais m’assurer qu’elle aillait bien. Après tout elle avait eu plusieurs occasions pour m’appeler et elle avait laissé passer plusieurs jours après cette fameuse nuit avant de le faire. Peut-être étais-je un peu parano ou bien trop protecteur, après tout il était tard, elle dormait peut-être, mais le fait est qu’elle ne réponde pas à mes appels m’inquiétais plus que je n’osais me l’avouer. Le trajet dura une vingtaine de minutes pendant lesquelles je me demandais si je faisais le bon choix de me rendre chez elle, après tout elle n’avait laissé aucun message, elle avait juste tenté de me joindre. Un appel, pas plus. Il n’y avait peut-être rien d’important. De toute façon il était trop tard pour faire marche arrière, le métro s’arrêta à la station proche de l’immeuble où vivait Luna et je ne réfléchis pas plus avant de descendre et de me diriger vers celui-ci. J’eus la chance d’arriver en même temps qu’un couple de jeune qui rentrèrent et me laissèrent la porte ouverte, m’accompagnant même jusqu’à l’ascenseur.  Visiblement ils avaient l’air d’avoir déjà bien abusé de la bouteille et se montrèrent légèrement collant, essayant de connaitre tout de ma vie en me posant dix questions à la seconde. Pourquoi ils ne m’avaient jamais vu ici. Est-ce que j’étais nouveau dans l’immeuble. Ce que je faisais dans la vie. Et tout un tas d’autres questions avant de m’expliquer que certains de leurs amis allaient venir les rejoindre pour finir la soirée chez eux et de m’inviter à les y rejoindre si l'envie m'en prenait. Je réussi à me débarrasser d’eux lorsqu’ils sortir de l’ascenseur un peu avant moi. L’ascenseur repris du service et je ne mis pas longtemps avant de me retrouver à l’étage où se trouvait l’appartement de Luna. Traversant le couloir je vins sonner à la porte. Une fois, puis une deuxième fois, mais pas de réponse. Evidemment, il n’y avait personne. Je sorti mon téléphone de ma poche, hésitant à tenter de la joindre une dernière fois lorsque j’entendis les porte de l’ascenseur s’ouvrirent dans le couloir. Machinalement je tourna la tête et mon regard vint croiser le sien. Un sentiment de soulagement m’emplis alors que mes inquiétudes disparaissaient peu à peu. Pour une fois le timing n’aurait pas pu être plus parfait. Sans un mot je suivis du regard sa fine silhouette se diriger vers la porte de son appartement, introduire la clé dans la serrure et entrer sans même m’adresser un regard. Ce ne fut qu’une fois la porte franchi que le son de sa voix parvint à mes oreilles. « Bah alors, tu entres ? » Un léger sourire s’afficha sur mon visage. Bien sûr que j’entre, je ne suis pas venu pour faire le guet devant ta porte. Je fis tourner mon téléphone dans ma main avant de le remettre dans ma poche et de rentrer. « Si tu étais arrivé cinq minutes plus tard tu m’aurais surement trouvé en train de faire la fête avec tes voisins du deuxième. A propos ils sont légèrement pot-de-colle ces deux là. » plaisantais-je avant de reprendre plus sérieusement. « Tu vas bien ? » En apparence, oui elle semblait aller bien, mais je savais qu’elle était douée pour cacher ses états d’âme, alors je voulais l’entendre de sa propre bouche et elle savait qu’avec moi elle n’avait pas à prétendre aller bien si ce n’était pas le cas.

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