just the way you are- Robin

L'été s'en allait petit à petit. Tristan n'avait jamais aimé les fins d'étés, c'était déprimant, surtout parce qu'il y avait un peu moins de monde dans le bar et que les clients étaient souvent déprimés de devoir reprendre le travail, lui ça l’arrangeait au départ, mais devoir remonter toujours le moral des autres ça l'agaçait. Il avait aussi des moments de doutes, mais jamais il ne s’apitoyait et il préférait aller de l'avant. Il n'aimait pas se prendre comme victime et c'est bien pour ça qu'il n'aimait pas qu'on lui reparler de son «accident». Il détestait l'idée d'appeler ça une agression, certes c'était ce qui était arrivé, mais il préférait largement faire comme si de rien était et faire comme si ça n'avait pas de grande importance alors que ça en avait justement. Robin était là pour le lui rappeler, Robin, son meilleur ami depuis un moment déjà, ils s'étaient rencontrés grâce à leur père et leur amitié n'avait jamais faillie, bien qu'ils aient eu quelques désaccords, ils s'entendaient toujours aussi bien et Tristan avait besoin parfois de parler avec son meilleur ami, de passer simplement une soirée tranquille entre mec, même si le barman avait des relations différentes, sexuellement parlant, il n'y avait rien qui avait changé et ça l’arrangeait beaucoup. Il était admiratif face à Robin qui l'avait supporter jusque là. Et il espérait que ça ne changerait jamais.

Il lui avait d'ailleurs envoyer un sms pas plus tard que la veille, lui demandant s'il voulait bien venir chez lui. Wally serait là, mais Robin connaissait bien son majordome alors il n'y avait vraiment aucun soucis à se faire. Son ami connaissait bien aussi son appartement, du moins son ancien appartement, là où il avait vécu avec ses parents jusqu'à ce qu'il décide d'avoir son propre chez- soit. Il ne parlait plus à ses parents depuis « l'accident. » et n'avait pas envie d'en entendre parler, leur réaction avait été si déplacé aux yeux du jeune homme qu'il ne souhaitait vraiment pas les revoir, ni même savoir s'ils allaient bien, a ses yeux ils n'avaient plus leur place dans son cœur. C'était sans doute cruel, mais c'était comme ça, eux ne faisaient aucuns efforts pour accepter son homosexualité et pour accepter son job.
Il ouvrit à Robin et le laissa entrer. Ce dernier avait l'air plutôt en forme et il était toujours aussi canon, mais ça Tristan se gardait bien de lui dire. Il ne tenait pas à ce que son ami croit des choses qui seraient fausses. Non il n'était pas amoureux de lui, à vrai dire il aimait quelqu'un qui ne pourrait jamais lui donner tout ce qu'il attendait, du moins c'était ce qu'il pensait et leur différences d'âge n’arrangeait pas les choses, bien au contraire.

« Salut vieux, j'aurais pu t'accueillir à coup de béquilles, tu as vu je les ai plus, je suis enfin libre. »

Un grand sourire s'afficha sur le visage de Tristan, il était vraiment heureux d'être enfin débarrasser de ses béquilles qu'il avait tant détester parce qu'elle lui empêcher de faire son job.

Robin avait l’air en forme et c’est toujours appréciable de savoir que son meilleur ami va bien. Je sais donc déjà ce qu’il risque de me demander ensuite, mais je préfère encore ne pas y penser. Il s’inquiète toujours trop de toutes manières. Je m’inquiète aussi lorsqu’il n’est pas en forme, c’est normal après tout, mais quelque part, on devrait surtout dire nous-même ce qu’on a envie de dire. J’ai souris lorsqu’il m’a appelé vieille branche, c’est le genre de petit surnom qu’on aimait bien se donner, surtout moi vis-à-vis de lui, même si on a le même âge et qu’on a toujours grandi ensemble, c’est amusant de se voir évoluer, de se voir grandir et de devenir adulte. Je n’ai sans doute pas encore tout assimilé d’ailleurs, je suis parfois très gamin dans ma tête, mais je ne suis pas immature tout le temps pour autant. J’ai soupiré lorsqu’il m’a demandé si ça allait, j’ai eu le droit à cette question tellement de fois ces temps-ci depuis mon «accident » sans doute parce que je refuse d’en parler, les gens croient que j’ai du mal à l’accepter, ce qui est un peu vrai. Je ne comprends surtout pas que ces types s’en soit pris à moi simplement parce que j’ai une sexualité différente de la leur. Je n’ai pas accepté non plus que les journaux se soient saisis de cette affaire pour montrer mes côtés sombres et tout ce que j’avais cachés à ma famille. Personne n’avait besoin de savoir tout ça. Quelque part, ça m’arrange un peu que ça a été dit, au moins maintenant je n’ai plus à me cacher, mais je regrette d’avoir des parents si peu compréhensible, qui ont carrément voulu m’acheter pour me faire taire. J’avais juste eu besoin d’eux, mais ils n’ont pas étés là.

« Combien de fois tu vas me le demander ? Je t’ai dit que ça allait, tu le vois d’ailleurs ? Je ne suis pas déprimé, je suis en pleine forme et je remonte en scène demain, tu vois, tout va bien. »

C’était à moitié vrai. Tout n’allait pas si bien. Je me mets un masque pour cacher le fait que je sois bouleversé par ce qui est arrivé, je n’ai pas envie qu’on croit que je suis une mauviette, je n’ai pas envie qu’on me voit pleurer, je n’ai pas envie qu’on sache qu’au fond ça m’a touché plus que je ne le dis. J’ai des sentiments, je ne suis pas un monstre, mais je ne suis pas faible non plus. Seulement en parler est beaucoup trop difficile à mes yeux, c’est beaucoup trop récent pour que je l’accepte. Je n’ai jusque-là jamais eu de soucis avec le fait d’aimer les hommes, mais je n’avais pas prévu de payer pour ça et c’est dur d’admettre que tout n’est pas si simple que le monde est cruel et que des salauds avec une vieille morale courent toujours.

« Et toi, ce déménagement ? T’es bien installé ? »

Il m’avait semblé voir un de ses derniers sms, me disant que oui, mais maintenant qu’il était là, j’aurais bien plus de détails, à commencer par savoir comment ça se passait, s’il s’habituait, ce qu’il comptait faire maintenant, ce genre de chose, parce que je suis et j’ai toujours été de nature très curieuse, un peu parfois même, mais c’est surement ce qui fait mon charme.

Je souris à mon ami, il me taquinait comme toujours et je lui donnais un petit coup sur l'épaule. Arrête ton char mon gars, je sais que tu t'inquiète pour moi, mais je n'a pas envie qu'on s'inquiète pour moi. Je vais bien … j'aurais du lui dire pourtant. Il m'aurait sans doute compris, mais j'ai trop de fierté en moi pour avouer que je me sens sali, que j'ai au fond de moi du mal à accepté ce qui est arrivé. Je n'ai pas peur pour autant de me balader dans soho, enfin pas quand je suis accompagné et comme c'est souvent le cas … ce qui me dérange le plus c'est que ça a fait la une des faits-divers. Mes parents n'auraient jamais su que je bossais là sans ces informations. Si jamais je retrouve le petit salaud qui s'est occupé de cette histoire, je crois que je lui ferais bien sa fête, ou que je le ferais virer.

« Ça va, rassure-toi, tu le saurais si ce n'était pas le cas. On s'est toujours tout dit non?»

Toujours alors pourquoi avais-je tant de mal à lui avouer tout ça? Sans doute parce que j'avais honte que ça soit arrivé. J'ai honte que ça soit arrivé, de ne pas avoir su me défendre entièrement, en même temps trois contre un c'est déloyal. En tout cas lui à l'air de s'adapter à sa nouvelle vie, tant mieux. Je suis rassuré aussi que ça se passe bien, on sait jamais avec les filles et toutes les histoires que ça peut créer, non sans blague, les filles c'est chiant. Ne me regardez pas comme ça, vous savez bien qu'une fille à un caractère de merde et les garçons ne sont pas mieux de toute façon, mais on fait moins d'histoires, moins de chichi, je dirais qu'on est moins commère, enfin ça dépend qui au final. On est tous différent.

« Oh mais j'ai tout mon temps pour moi, mon vieux, du moins en journée, parce que maintenant que j'ai repris, je vais être très occupé le soir. »

Je suis réellement content d'être enfant débarrassé de mes béquilles qui m'empêcher de faire mon petit show et d'autres choses aussi qu'il n'a pas besoin de savoir, mais au fond il sait comment je suis. Je passe sans doute pour … eh bien je pourrais presque passé pour un prostitué, mais je n'aime pas ce terme. Je me souviens alors que je devais en effet lui préparer un mojito, on en avait discuté par sms.

« Je vois que tu n'a pas oublié, je te fais ça de suite. Tu connais la maison, fait comme chez toi comme toujours. »

Je lui fis un clin d’œil et me dirigeais vers le bar dans le coin du salon. Un grand bar un teck noir, très moderne, j'avais craqué en le voyant et je me l'étais offert, du moins techniquement c'était le frique de mes parents, mais je ne me souciais plus de savoir à qui il était, pour moi ça revenait au même, pourquoi je me priverais alors que je peux tout m'offrir ? Je m'installais derrière mon bar et  préparait deux verre, et commençait à préparer, deux mojito puis lui demanda :

« Alors et côté cœur ? Tu t'en sors comment toujours célibataire ou tu as enfin conclu ? »

Je sais que pour quelqu'un qui n'est pas habitué ce genre de phrase peut-être choquante, mais lui me connaît bien alors au pire, il me taquinera aussi, après tout, je suis aussi célibataire.

J'ai souris, je ne pourrais pas refuser quand il m'inviterait, mais pourquoi aurais-je refuser de voir mon meilleur ami? Peut-être parce que je lui cachais qu'en réalité je me sentais encore plus humilier que c'était possible, parce que je lui cachais mon réel état qui l'inquiéterait sûrement et c'était la dernière chose que je voulais, tôt où tard je lui parlerais. On s'était toujours tout dit après tout, mais là c'était encore trop tôt pour que j'en parle.

« J'ai hâte de voir ton nouveau chez toi, surtout si y a une jolie à voir en plus, bien que tu sais très bien que ça ne risque rien avec moi.»

Je lui ai fait un clin d’œil, il savait que j'étais gay depuis le départ et depuis le départ je lui avais souvent répéter qu'il n'était pas mon genre, même si c'était surtout pour le mettre plus à l'aise, au fond il était mignon et je n'aurais pas dit non, je ne dirais jamais non à un mec. Quant au filles, c'était quitte ou double, soit elles m'adoraient soit elle me détestaient. Je suis allé derrière le bar pour lui préparer un Mojito, une fois qu'il fût près je le lui ai tendu et m'en suis préparé un. J'ai levé un sourcil curieux de savoir la suite de son histoire. Wouha Robin à rencontré quelqu'un, eh ben dis-donc tout ça s'annonce plutôt bien pour lui. Je me suis installé dans le canapé avec mon verre attendant qu'il fasse de même.

« Wouah, j'espère que tu va tout me raconter, comment elle s'appelle?»

J'ai toujours été très curieux et j'avais très envie de savoir ce qui se passait dans sa vie amoureuse, c'était sans doute plus normal que la mienne. J'ai observé Wally du coin de l'oeil quand il est passé dans la pièce, Robin avait l'habitude de mon majordome, il était là depuis que j'étais tout gamin et c'était occupé de moi tout ce temps. Je me suis senti presque rougir quand il m'a demandé si j'en étais toujours au même point, j'ai attendu que Wally soit sorti pour lui répondre:

« Ça dépend avec qui … J'ai rencontré un gars l'autre jour, tu me diras j'en rencontre presque tous les soirs, mais celui-là était différent, il a l'air gentil et puis y a toujours le même, mais je crois que je suis invisible, ça ne marchera jamais. Je ne pense pas qu'il soit fait pour moi, je le sens et pourtant je ne peux pas m'empêcher d'espérer.»

Être amoureux de quelqu'un qui a vingt ans de plus que soit est un calvaire, c'est douloureux surtout parce qu'on sait qu'il n'y aura jamais rien et même je n'étais même pas sûr du bord de mon homme à tout faire, il était peut-être hétéro qui sait. Il était tant que j'apprenne à tourner la page.

Je me rendais compte que je n'avais pas été beaucoup là pour Robin ses derniers temps, je m'étais concentré sur ma petite personne parce qu'évidement j'ai été blessé et que mon agression me mettait à cœur des dernières nouvelles, mais j'aurais dû savoir tout ça, j'aurais dû être plus à l'écoute, être là pour lui, je n'avais pensé qu'à moi. Je comptais bien me rattraper, les amis sont là pour ça et je sais à quel point il est un excellent ami, toujours là pour moi. Je peux bien lui rendre la pareil alors je me renseigne un peu plus sur sa petite amie, sur sa vie sentimentale, qui doit sans doute être bien plus normale que la mienne.

« Oh, mais tu sais c'est souvent quand on s'y attend le moins que l'amour apparaît et puis si tu me parle d'elle c'est qu'il y a plus que pas grand chose.»

Je lui fais un petit clin d’œil, je vois bien dans ses yeux qu'il a envie qu'il y est plus et j’espère pour lui que ça marchera, il le mérite et son sourire quand il me parle d'elle me montre clairement qu'il est amoureux, je ne peux m'empêcher de sourire et de trouver ça mignon. J'aurais aimé que ça m'arrive aussi, qu'on parle de moi de cette façon, mais pour l'instant ce n'est pas le cas. On parle de moi comme quelqu'un de passager, comme un réconfort d'un soir.

« Ah ah, Annabelle donc et bien elle à l'air de te plaire cette petite, qu'est-ce que tu attends pour le lui dire ? »

Ca paraît si simple comme ça, l'amour et pourtant c'est très compliqué, on ne sait jamais à quoi s'attendre, on ne sait jamais comment ça va se passer, il y a toujours quelque chose qui ne fonctionne pas comme on voudrait alors je peux comprendre qu'il attende un peu, mais c'est dommage, personnellement je n'aurais pas hésité. J'aurais foncé parce qu'on a qu'une vie et qu'elle peut nous réserver des belles surprises parfois, comme les plus mauvaises, mais j'espérais pour lui que ça serait une bonne surpris. Quant à mes amours, je ne suis pas sûr qu'il puisse vraiment se passer quelque chose avec Nate, à ce que j'ai compris il est amoureux de quelqu'un d'autre.

« Je ne sais pas, je crois qu'il aime déjà quelqu'un, c'est un peu bizarre et puis je tombe toujours amoureux de personnes qui ne sont pas faite pour moi ou inaccessibles»

J'ai lancé un regard du côté de la porte ou se trouvait Wally, ça fait des années qu'il me plaît, mais je sais très bien que c'est in envisageable, déjà parce qu’il a vingt de plus que moi et que si ça trouve il n'est pas comme moi. Je n'ai jamais osé lui poser la question.