Je n'en revenais pas d'avoir osé frapper mon meilleur ami. Ma main était venue s'écraser sur sa joue de manière si violente... Je ne me reconnaissais plus. Ce n'était pas moi toute cette colère qui grandissait de minutes en minutes... surtout pas envers le jeune homme. Cette dispute était tout simplement horrible et n'aurait jamais du se produire. J'avais à présent la pressante envie de me réveiller et de constater qu'en fait il ne s'agissait là que d'un mauvais rêve. Mais non, malgré tous mes efforts pour ouvrir les yeux et sortir de cet univers digne de l'enfer, cela ne fonctionnait pas. J'étais prisonnière de la situation. J'en avais mal au cœur. Toute cette colère dirigée l'un envers l'autre, ce n'était pas nous. Cela ne l'avait jamais été. Oui, nous avions déjà eu des différents par le passé, mais jamais de la sorte. J'avais l'impression qu'une tornade était passée dans la pièce. Elle nous avait déchiqueté avec les débris qu'elle contenait. Et je ne savais absolument pas si les morceaux pourraient se recoller un jour. Quelque chose d'invisible s'était déchirée entre nous deux. Alors que nous faisions un tout, nous étions à présent deux parties bien distinctes. Oh que je n'aimais pas cela! Cette idée que notre amitié soit possiblement brisée me donnait l'envie de vomir. Mais Galahad m'avait blessé. Il avait dit des paroles horribles. Je ne savais pas si un jour je pourrais les lui pardonner.... Alors oui, je l'avais frappé. Le geste s'était fait si rapidement. Sur le coup, je ne le regrettai pas, mais dans les jours à venir, ce geste allait me peser. Cela ne faisait aucun doute. L'Australien, trop surpris sûrement, ne réagit pas sur le moment. Il se contenta de me regarder, me fusillant du regard. Je lui débitai mon discours, mentionnant de manière plutôt franche et crue ma façon de penser sur ce qu'il venait tout juste de me cracher au visage. Je ne mâchai pas mes mots pour lui faire comprendre qu'il m'avait profondément blessé. Les larmes coulaient toujours sur mes joues. Je ne le remarquais même pas. Je m'en rendis compte uniquement lorsqu'il me tendit un kleenex après l'avoir arraché brutalement de son socle. Tout dans ses gestes laissaient transparaître une froideur qui me laissa étonnamment de glace. Il était évident de dire que j'étais encore sous l'effet de la colère. Elle ne semblait pas vouloir s'estomper cette fois-ci. Cela guidait chacune de mes réactions face à ses gestes ou ses paroles.
Contre toute attente, Galahad commença à prononcer des mots d'excuses. Je levai la tête dans sa direction. Je ne le croyais pas. Comment aurait-il pu mal s'exprimer? Ses paroles étaient pourtant très claires. J'étais fausse et hypocrite, comme Jodie, cette peste que j'avais envie d'écraser entre mes doigts, lui avait si souvent répété. Je ne pouvais pas avoir mal entendu... Il ne pouvait pas avoir prononcé les mauvais mots. Je n'étais ni idiote ni sourde. « Delilah, t’as juste pas idée à quel point je tiens à toi, au contraire. Je m’y suis pris de la pire des façons pour te le montrer, je suis d’accord là-dessus, mais la simple idée qu’on te fasse du mal m’est insupportable, je te jure. » ajouta-t-il finalement à ses excuses précédentes. « Et regarde qui joue les hypocrites, là. » dit-il, visiblement nerveux. « T'as de belles façons de le montrer.... » commençais-je à dire à mon tour. Je ne savais pas si ses excuses allaient faire l'affaire. J'avais besoin de réfléchir à ce qu'il m'avait dit. Il m'avait terriblement déçu. Et j'étais toujours terriblement en colère contre lui.
« Écoute, je suis désolé. Je ne sais pas comment m’excuser comme il faut. Ça me tue de te voir dans cet état. Ça me tue littéralement. Et c’est à cause de moi que c’est arrivé. À cause de moi. » répéta-t-il, un dégoût de lui-même dans la voix. Je restai là, silencieuse, tandis qu'il me faisait dos. Il marcha jusqu’à la table, prit mon assiette vide pour aller la porter dans le lavabo, dans la cuisine. Les larmes maintenant épongés, j'étais désormais sans émotion. Lorsque Galahad prononça ces derniers mots, ils firent seulement écho au bruit de la porte qui se refermait derrière moi. Aussitôt arrivée dans mon appartement, je m'effondrai derrière la porte, en sanglots. Ces derniers n'allaient pas cesser de la nuit et allaient même s'étendre jusqu'au lendemain. J'étais brisée. C'était comme si une partie de moi était morte en quittant le logis de mon meilleur ami. Pouvais-je continuer désormais à lui donner cette appellation? Je ne savais plus... Nous étions brisés tous les deux et je ne savais pas si j'allais m'en remettre.... Parce qu'il était mon âme sœur... L'homme de ma vie.... Et je ne savais pas si cela avait une autre signification désormais.... Parce que il s'agissait là de plus qu'une rupture dans notre amitié....