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(✰) message posté Dim 3 Aoû 2014 - 2:17 par Kenzo A. Armanskij
Fall, fall, fall so hard
Alexandra & Julian & Kenzo
La mort. Brutale, froide, douloureuse. Pour la plupart des gens. Mais la mienne aurait dû être dans ce bain chaud, où mon sang se serait écoulé jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une goutte dans mes veines. J'aurai du m'épuiser jusqu'à cesser de respirer, en grimaçant néanmoins sous les picotements de mes veines entaillées. J'aurai pu choisir ma mort et m'évanouir sans que personne ne puisse me retenir. Mais les choses ne s'étaient pas passées comme prévu, et à moins de recommencer, je devrais alors mourir dans la douleur, à un moment où ma seule volonté sera de vivre. J'étais là, allongée, les yeux fermés. J'entendais ce qui se passait. Je sentais qu'on me prenait dans ses bras pour me déposer sur quelque chose de plat et de froid. Entre temps, on avait recouvert mon corps d'un tissu, froid sur ma peau encore chaude du bain. Mais à mesure que le temps passait, je sentais mes poils se hérisser sous l'air frais qui caressait ma peau. J'entendais la voix d'une femme. Celle de ma meilleure amie Lexie qui m'ordonnait de me battre. Je voulais sourire et lui dire que je m'étais assez battue, mais rien ne vint. Puis elle toucha ma main alors que je sentais le sol trembler sous moi. A travers ce geste, je sentis sa détresse, et à ce moment là, je voulus me battre. Mais c'était désormais trop tard, et je mourrais. J'essayai de me battre quelques instants, ouvrant les yeux pour regarder les néons au dessus de moi tandis que plusieurs personnes me bougeait dans tous les sens dans le but de me sauver. Pourquoi tant d'acharnement pour sauver un être aussi minable. Je voulus protester et leur dire que j'allais m'en sortir seule après m'être mise dans une telle affaire, mais je poussais un long soupir avant de fermer les yeux, et de m'évanouir. Tant de noir, tant de désespoir, je ne pouvais plus rien faire hormis attendre. Bip. Bip. Bip. Un bruit régulier, aigu, qui me réveilla alors. J'ouvrais les yeux, Lexie était là, accompagnée de Julian. Je regardais ma meilleure amie, et je vis alors qu'elle avait pleuré. Son visage était marqué par la tristesse et la douleur. Devant cette vision d'horreur, je me mis à pleurer et tendis mes bras avec douleur pour qu'elle vienne s'y réfugier dedans. « Je suis désolée... Pardonne-moi Lexie... » Je caressais ses cheveux, le visage enfoui dans son cou. Je finis par me dégager et regardais Julian. Je me redressais avec difficultés et caressais la joue de mon ami avec douceur. Je regardais autour de moi. J'avais mal. Mal aux poignets que j'avais stupidement entaillé, mais aussi mal au coeur. J'avais mal d'avoir abandonné si vite dans un moment de désespoir total, j'avais mal de voir mes deux amis réunis autour de mon lit d'hôpital. Et j'avais aussi mal de me sentir pourtant si seule car Zola n'était pas là. Mais je savais que son absence était volontaire, car Lexie savait que je lui en aurai voulu d'avoir infligé ça à l'amour de ma vie. « Dans l'ambulance, j'ai regretté Lexie, quand j'ai senti ta détresse. J'aurai du mourir, et je ne comprends pas pourquoi m'a-t-on épargné alors que je ne le méritais pas. » Cette sensation de se sentir partir, de se sentir quitter son propre corps n'avait été qu'une stupide prévention pour me donner un avant-goût de ce qu'était réellement la mort? J'aurai du en vouloir à Lexie pour s'être opposée à moi, mais je n'y parvenais pas. Car en voyant leur visage, je me rendis alors compte que j'aurai fais bien plus de mal que de bien en mourant. Et c'était justement en pensant faire le bien que je m'étais décidée à me suicider. Et je compris alors une chose qui allait sûrement m'aider à partir d'aujourd'hui. Je n'avais rien compris à la vie.
Hospital room w/ Kenzo & Lexie -] “and he suddenly knew that if she killed herself, he would die. Maybe not immediately, maybe not with the same blinding rush of pain, but it would happen. You couldn't live for very long without a heart.” ✻ Je n’avais pas répondu tout de suite au message de Lexie. Peut-être une ou deux heures après. Peut-être aurais-je pu être présent plus tôt. Peut-être aurais-je pu la sauver de ses démons. Je serrais les poings en laissant mes yeux meurtris se balader le long du couloir livide. Il n’y avait pas de lumière entre ces murs de glace. Il n’y avait aucun espoir de salvation pour une âme perdue comme la mienne. Je connaissais les hôpitaux par cœur. J’y avais passé quelques années à soigner mes blessures physiques. Pour le reste, je l’avais trainé avec moi à tout jamais. Mes cicatrices grouillaient partout sur ma peau rugueuse, attisant des douleurs que j’avais crues mortes. Ma main moite se crispa dans la poche de mon jeans. Je n’avais pas le droit de fumer ici. C’était horriblement discourtois, mais mon corps suppliait pour un souffle de liberté. Je soupirai en fixant le plafond. Peut-être qu’à force de regarder dans le vide, j’arriverais à distraire mes addictions.
L’infirmière rentrait et sortait de la chambre de Kenzo mais je n’osais pas aller la voir. Je n’osais pas poser mon regard éteint sur son visage placide, ni la toiser de mon air abattu. Quel genre de souffrance pouvait bien guider une personne vers un choix aussi radical ? C’était un acte partagé entre le courage de plonger dans l’inconnu et la lâcheté de ne plus supporter le poids de la vie. C’était un acte stupide et égoïste que je n’arrivais pas à cautionner. J’avais perdu Eugenia et ma mère avant elle. Je n’avais pas besoin de voir une nouvelle figure féminine se dérober entre mes doigts. Je n’avais pas besoin de m’attacher plus que nécessaire. Alors pourquoi les sons dans ma tête s’étaient tout à coup tut ? Où étaient passé mes démons et leurs souffles maléfiques ? La froideur qui m’avait accompagné tout le long de ma solitude, et de la perte d’Eugenia, s’était dissipée, laissant place à un homme faible et malheureux. Je déglutis en faisant un pas vers la porte close. Lexie se trouvait au chevet de sa meilleure amie. Les bips des machines, et le son des ventilateurs n’étaient que bruit à mes oreilles. Je restais silencieux dans un coin de la pièce. Mes yeux se posaient doucement sur Kenzo, mais je n’osais pas l’approcher. Je me refusais de le faire. Elle ouvrit délicatement les yeux, marmonnant des excuses et des mots que je ne comprenais pas. J’étais loin. A mille lieux de son monde et de ses crimes. Je relevai doucement la tête.
« Tu es réveillée. » Remarquai-je dubitatif.
J’avais espéré qu’elle reste endormie tout le long de ma visite. J’avais espéré qu’elle sente mon odeur sans que je n’aie à me lancer dans des débats moralisateurs. Je n'avais pas envie de parler. Je n’avais envie de rien. J’haussais les épaules en m’approchant de sa table de chevet. J’y déposai un ours en peluche minuscule.
« Il est petit parce que je t’aime moins aujourd’hui. » Boudai-je.
J’avais imaginé notre première rencontre à Londres, autrement que dans une chambre froide. J’avais imaginé notre première balade amicale ailleurs que dans les couloirs sans fin de l’hopital. Je fis la moue en la fixant.
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(✰) message posté Mar 5 Aoû 2014 - 1:18 par Invité
Je fixe les néons blancs, espérant être prise d’une soudaine crise d’épilepsie à force d’observer leur vacillement. J’ai déjà compté et recompté les dalles du plafond. Je m’y force. Les hôpitaux me donnent des bouffées d’angoisse qui m’empêchent brusquement de respirer lorsque je les laisse prendre le dessus. Cet endroit fait resurgir en moi d’affreux souvenirs et un présent guère plus glorieux. Je devrais être habituée avec le temps, me sentir comme chez moi. Mais ce n’est pas le cas. J'en ressors, un peu plus dégoutée à chaque fois, emmenant avec moi une angoisse de plus. J’aimerais pouvoir les canaliser mais en vain. Ce soir, je ressortirais d’ici avec une raison de plus de détester cet endroit. Et pas des moindres. L'agonie de Josh, son décès, ma maladie, ma greffe avortée … La tentative de ma meilleure amie de mettre fin à ses jours. Une infirmière est plantée devant moi. Je suis au fond de mon siège, je l’écoute qui tente de m’expliquer en détails les démarches à suivre à présent, ce qui se passera pour elle, ce que je devrais lui dire. Que mon rôle serait de l’aider, de l’amener à accepter. Kenzo, dans quel pétrin t’es-tu mise ? J’aimerais stupidement lui expliquer en retour qu’elle ne la connaît pas, qu’elle ne nous connaît pas. Qu’elle avait lâché prise à un moment mais qu’elle n’était pas du genre à rentrer dans ce genre de programme, qu’elle n’y verrait pas l’intérêt. Mais je n’ai franchement pas envie de me battre. Je la connais cette infirmière. Elle me connaît aussi, je vois bien qu’elle ne me porte pas dans son cœur, je suis une patiente difficile. Elle doit véritablement se dire aujourd’hui que je n’attire que des ennuis, à moi et aux personnes qui m’entourent. Elle disparaît, une autre se pointe. Je lève un œil vers elle. Puis je replonge vite dans ma bulle lorsque je comprends qu’elle ne m’apporte aucune nouvelle complémentaire. Je hoche distraitement la tête en attrapant les affaires qu’elle me tend. Lorsqu’elle me demande de la suivre dans le couloir pour me parler, mon acquiescement va à l’encontre de mes actes. Je reste enfoncée dans la chaise, j’ai l’impression d’y être soudée. J’attends qu’elle se réveille. Je jette un coup d’œil à Julian de l’autre côté de la pièce. Il ne me regarde pas, je vois qu'il essaye de garder bonne figure. J'aimerais pouvoir dire que je le connaissais par coeur, cependant je lis dans ses yeux quelque chose que je ne crois pas avoir déjà vu en lui et je m’abstiens de lui poser la moindre question. Deux âmes en peine dans une chambre d'hôpital, leur soirée ayant soudain pris un tournant épouvantable. Il était venu. Je n’avais pas réussi à mettre par écrit, noir sur blanc, précisément ce qui s’était passé. Je ne me voyais pas l’annoncer par message, je ne voulais pas le mettre en forme, l’inscrire dans ma boite personnelle. Il était tout de même venu et ça signifiait énormément. Je n’en étais pas surprise. Je savais ce qu’il se passait entre eux deux même si je n’en avais jamais été témoin. Néanmoins, même sans tout cela, Julian avait toujours répondu présent pour moi. J’imaginais que c’était ce qu’un grand frère ferait. Ce qu’il était.
Je reporte mon regard sur Kenzo, si frêle au fond de son lit. J’ai l’impression de me regarder. Je suis choquée de le voir dans cet état mais cacher mes émotions, je le fais plutôt bien. Elle se réveillera et je ne trouverais rien à dire. Elle non plus, je le sais. Elle ne pourrait pas expliquer son acte, pas comme je le souhaitais. Je suis prête à accepter des explications complexes, des raisonnements subtils, je ne m'attends pas à ce qu'on me délivre une vérité bétonnée. Il n'y en aurait pas, ce n'était pas un acte rationnel. Je veux comprendre. Éclairer les actes, les refus, les contradictions. Donner un sens à l'insensé. Trouver ce qui cloche, ce qui bloque, ce qui empêche, ce qui tue. Je n’ai toujours pas craqué aujourd’hui. J’en ai mal à la gorge à force de refouler et de bloquer tout ce que j’ai envie de hurler, de pleurer. Je me redresse attentive du fond de mon dossier en apercevant un mouvement du dessous des draps. Elle se réveille et me regarde tandis que je me lève aussitôt pour être à ses côtés. Je ne sais pas si elle arrive à distinguer l'inquiétude de la colère qui prend place peu à peu dans mes yeux. L'inquiétude, car oui, elle vient sûrement de me causer une des pires peurs de ma vie. La colère car malgré tout, je lui en veux. Je lui en veux plus que tout, d’avoir abandonné, d’avoir voulu m’abandonner. Sans même m'en rendre compte, ma main s'est avancée jusqu'à sa tempe et je dégage doucement quelques mèches de cheveux collées sur son front. « Je suis désolée... Pardonne-moi Lexie... » Je prends une profonde inspiration. Je respire mieux en l’entendant, comme si j'avais vraiment eu besoin de cette preuve pour me persuader qu'elle allait bien, qu’elle s’en était sortie. Elle tend le bras et je l’attrape, en me penchant sur elle pour la serrer contre moi, les yeux férocement fermés une seconde. Je l’embrasse sur le front, ma main sur sa joue, sans rien dire. Je m'assois sur le rebord du lit, près d’elle. « Il est petit parce que je t’aime moins aujourd’hui. » Je regarde Julian qui s’était approché et je laisse échapper un petit rire nerveux, soupape d’une certaine pression que j’avais accumulée depuis quelques heures. « Tu nous a fait une peur bleue », ce n’est pas un reproche mais une constatation. « Excuse moi … excuse moi de t’avoir laissée, de ne pas m’être rendue compte. »
Kenzo A. Armanskij
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(✰) message posté Mer 6 Aoû 2014 - 4:21 par Kenzo A. Armanskij
Alexander Supertramp, autrefois connu sous le nom de Chris McCandless a fait l'erreur de croire qu'il n'avait besoin de personne pour vivre heureux. Du jour au lendemain, il a tout quitté, famille, amis, et s'est débarrassé de son argent. Il a vécu comme il le pouvait, se tuant à la tache pour se faire un peu d'argent. Il a changé de nom et s'est tout simplement contenté d'écrire dans un bouquin ses dernières aventures. Sur sa route, il a rencontré un homme qui l'a aimé, qui aurait voulu qu'il devienne son fils, mais Chris l'a repoussé et a quitté l'homme pour un voyage en Alaska. Tout le monde savait qu'il ne s'en sortirait pas, et c'est sur son lit de mort qu'il a écrit "Happiness only real when shared". Il s'est ainsi rendu compte que la clef du bonheur c'était d'aimer, de partager, et il est mort malheureux et seul. Contrairement à cet homme, qui était pour moi un héros, j'aurai pu mourir heureuse, en compagnie de ma meilleure amie. Mais il fallait croire que cela ne me suffisait pas, que j'avais besoin de Zola, de Julian, de Suzon et de Lexie à mes côtés pour pouvoir partir en paix. J'avais décidé de me battre après avoir lâchement renoncé à la vie. Et en voyant les visages crispés et durs de mes amis, je compris que j'avais fais le bon choix de m'accrocher. Mais je sentis mon coeur se briser lorsque je perçus leur regard. Je baissais les yeux, honteuse de ma propre connerie et soupirais. J'entendis alors la voix de Julian et je levais deux yeux mouillés vers lui et regardais l'ours en peluche qu'il venait de poser sur la table de chevet. En effet, il n'était pas très grand. « Je m'en fous de ton ours, je te veux dans mes bras... » Je tendis la main vers lui et l'attirais à moi lorsque Lexie s'était éloignée. Je fermais les yeux et avec douceur j'embrassais son cou avant de le regarder. Je lui souris et caressais sa joue, puis je m'adossais de nouveau à mon lit. « Tu n'as pas à t'excuser... Tu n'y es pour rien... Je pensais... Je me disais que sans moi, vous seriez mieux, alors... Voilà... » Honteuse, je baissais la tête tandis que ma meilleure amie me baisait le front avec douceur. Je me mis à jouer avec mes fils, en me mordant la lèvre, et je m'arrêtai alors, soudainement paniquée avant de lancer précipitamment, presque en criant : « Tu as appelé Zola?! » Intérieurement, je priais pour que ce ne soit pas le cas. Instinctivement, je me redressais et tendis le cou paniquée pour voir s'il n'attendait pas patiemment en dehors de la chambre. Mais à mon grand soulagement, il n'était pas là, il n'y avait que Julian et Lexie. Comment avais-je pu croire que les choses deviendraient plus facile si je quittais cette terre, si je leur arrachais une personne qu'ils aimaient, à qui il tenait? Car je savais que je comptais à leurs yeux, autrement, ils ne seraient pas là. Je tendis la main et attrapais l'ours en peluche que Julian m'avait offert. Je le regardais et sans réfléchir, ma main se posa sur mon ventre. Mais me rendant alors compte de mon geste, je la retirais et reposais l'ours en peluche. Au final, tout revenait à cette perte qui avait causé le malheur de deux âmes soeurs. J'aurai aimé que Zola soit là, pour pouvoir m'excuser, lui expliquer, l'embrasser. Mais à la simple pensée de son regard apeuré et désespéré posé sur moi, mon coeur eut un raté et je sentis la sueur perler sur mon front. Je fermais les yeux et tentais de penser à autre chose.
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(✰) message posté Ven 22 Aoû 2014 - 0:17 par Invité
Hospital room w/ Kenzo & Lexie -] “and he suddenly knew that if she killed herself, he would die. Maybe not immediately, maybe not with the same blinding rush of pain, but it would happen. You couldn't live for very long without a heart.” ✻ Je sentais mon cœur se briser un peu plus à chaque fois que mon regard se posait sur elle. L’air me manquait dans cette chambre d’hôpital livide et bien trop froide pour être réconfortante. Je serrais la mâchoire en scrutant les lieux. Je détestais définitivement cet endroit. Je détestais son odeur, ses murs et sa peinture blanche. Je détestais le moment où le médecin annonçait que je ne pourrais plus jamais courir à perte d’haleine, ou entamer une carrière dans le monde du sport. Je n’avais jamais songé à être athlète, mais c’était une limitation qui m’agaçait. Juste par principe. Je retins mon souffle en replongeant dans le passé. Mon genou me titilla doucement, ravivant mes cicatrices. J’avais passé trop de temps à soigner des blessures trop béantes pour être physiques. J’étais un super héros sans pouvoirs, sans vitesse supersonique et sans aucun atout autre que mon arrogance. Je regardais Alexandra puis Kenzo d’un air absent. Mon visage était incapable de grandes expressions, ou de sourires compatissants. A dire vrai, je me sentais engourdi. La peur tétanisait chacun de mes sens. La peur de perdre une personne de plus. Une personne de trop. Je baissai les yeux en me dirigeant vers le lit. J’étais un automate qu’elle empoignait, qu’elle serrait et qu’elle embrassait sur le cou. J’étais un robot qu’elle avait un peu trop bousculé. Je pouvais me redresser et la regarder avec un éclat suffisant. Je pouvais me mordre les lèvres et retenir mes pulsions de violence. Mais je ne pouvais pas contrôler ce cœur meurtri qui battait dans le vide. Je ne pouvais pas consoler cette âme qui avait déjà trop perdu. Je n’étais qu’un démon déchu ; qu’on blessait, qu’on lynchait puis qu’on relâchait dans la nature. Kenzo lâcha prise, mais je n’entendais ses mots qu’à moitié. Sa voix me paraissait si lointaine, si hors de portée. Je déglutis avec amertume.
« Zola … » Murmurai-je à voix basse.
Elle venait de commettre l’irréparable et la seule personne à laquelle elle pensait était Zola. J’haussai les épaules avec désinvolture. Je voulais prendre de la hauteur par rapport à cette situation. Je voulais prendre mon envol et arborer ce masque de monstre égoïste que j'adorais, mais mon esprit restait focalisé sur Kenzo et les fils qui la reliaient à ses machines bien trop sophistiqués.
« Je doute que ton petit ami vienne sans invitation. » Lançai-je en la regardant caresser son enfant hypothétique. « Si tu le veux à tes cotés. Appelle-le. C’est tout simple. »
Je fis volte face afin de me diriger vers la porte de sortie. Je m’accoudai lentement au mur en croisant les bras. C’était presque libérateur d’être proche de la sortie. Kenzo ne se doutait probablement pas du genre de souvenirs que sa tentative de suicide m’inspirait. Elle ne se rendait pas aussi compte du nombre de dépositions mensongères que j’ai dû faire pour éviter à mon père la prison ou qu’on me retire de mon foyer plein de violences. Je lançai un regard au coin à Alexandra. Elle avait le teint pâle, presque cadavérique. Je me demandais si cela était dû au stress qu’elle avait dû subir où à sa condition de santé. Ratait-elle toujours ses dialyses ? Refusait-elle toujours l’aide qu’on voulait bien lui donner ? Mes pensées rejoignirent Sam. Mon cœur se serra.
« Alexandra … » Soufflai-je. « Je ne pensais pas que nos retrouvailles se feraient de cette façon. »
Je souris en faisant quelques pas vers elle. Mes doigts engourdis frôlèrent son épaule avant de se crisper sur le tissu de sa chemise.
« Merci de m’avoir appelé. »
Voilà les seules mots que j'étais capable de prononcer avec sincérité.
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(✰) message posté Ven 22 Aoû 2014 - 19:31 par Invité
À chaque minute qui passe, il reste de moins en moins de moi-même. Je ne peux pas détourner les yeux du corps gracile de ma meilleure amie. Je ne peux pas les fermer non plus. Alors que c’est tout ce que j’aimerais maintenant. M’allonger, peut-être à ses côtés, fermer les yeux et laisser le temps opérer, effacer, faire son travail. Mais je sais que cela me sera impossible pendant quelques temps. Que de nouveaux cauchemars allaient se mettre à parsemer mon sommeil déjà fortement entaché. Je revois Kenzo inconsciente, je revois ses poignets effilés, je revois mes mains appuyées sur les siennes, impuissantes. Je ne peux pas fermer les yeux et je suis donc condamnée à observer Kenzo se débattre avec son chagrin et ses remords. Je crois que je lui en veux à présent. À présent que la peur a laissé la place pour que d’autres sentiments puissent s’exprimer. Je lui en veux d’avoir voulu me laisser, de l’avoir pensé puis d’être passée à l’action. C’est égoïste n’est-ce pas ? D’être à ce point désespérée, tellement ingrat de penser que ma meilleure amie aurait pu penser à moi au moment de son passage à l’acte, aurait pu se rappeler, au milieu de sa détresse, que je comptais sur elle moi aussi, que j’avais besoin d’elle. Que si elle ne s’accrochait pas pour elle, qu’elle le fasse au moins pour moi. Oui ça l’était, égoïste. Mais j’aurais pensé que … Je ravale mon ressentiment. Encore une fois. Une autre plaie sur laquelle je balancerais de la colle à foison, plus tard, et dont je m’acharnerais à oublier la douleur. Par tous les moyens. La débauche est devenue un fléau sans lequel les âmes en peine ne semblaient pas pouvoir subsister. En voilà trois réunies dans une même chambre d’hôpital. Je n’avais pas intérêt à me laisser aller, ça ne ferait du bien à personne. « Tu as appelé Zola?! » Je l’observe lorsque ce cri sort de sa gorge. Son regard est loin et intense, toujours le même, à la fois chargé d’espoir et de peur. Je fais signe que non. D’un mouvement de tête nonchalant, tandis que Julian se charge de prendre la parole. Qu’aurais-je pu dire à Zola ? Je n’aurais pas su trouver les mots, et surtout, je ne le voulais pas ici pour le moment. Je lui sauterais à la gorge s’il passait cette porte à la seconde. C’était bien la seule chose dont j’étais certaine, la seule action que je ferais sans hésiter, sans réfléchir. Pour le reste, j’étais comme anesthésiée. Je garde le silence pour ne pas envenimer les choses, elle sait qu’elle m’a démolit, j’ai beau faire semblant, elle me connaît. Elle doit ressentir également ma violente envie de faire éclater ma colère. Ce que je fais d’ordinaire. Pour la brusquer, pour la forcer au bonheur. Mais elle n’avait jamais failli mourir dans mes bras les fois d’avant. Peut-être que je ressentais là pour la première fois ce qu’elle ressentait face à mon déni de la maladie. « Je ne pensais pas que nos retrouvailles se feraient de cette façon. » Je lève un regard sur Julian. Sa présence m’apaise. Il en rirait sûrement si je le lui confiais. Je vois à sa mâchoire contractée que lui aussi lutte contre ses démons, se débat contre lui-même mais c’était ainsi. Je le trouve plus grand, plus digne que moi. « Merci de m’avoir appelé. » Je l’ai appelé pour toutes les raisons que je viens d’énoncer. Mais ça aussi, c’était peut-être égoïste de ma part de le reconnaître. J’ai juste envie de poser ma tête contre son épaule lorsqu’il s’empare de la mienne, lâcher prise juste quelques secondes et cesser de faire semblant. « Merci d’être venu. Je n’aurais pas pu … Kenzo avait besoin de toi. » Je lâche une inspiration, je ne suis pas allée au bout de ma phrase car ce n’est pas moi qui suis supposée souffrir en ce moment. J’enchaîne d’ailleurs en observant mon amie. « Elle a besoin de nous pour se rappeler qu’elle n’est pas seule, qu’elle ne peut pas agir de la sorte et penser qu’elle s’en sortira à chaque fois. Pour qu’elle arrête de penser qu’elle nous rend un service lorsqu’elle se fait du mal. » Ma voix est assurée, je serre les poings pour tenter de la rendre moins ferme qu’elle ne l’est. Peut-être que le détachement n’avait pas sa place dans cette chambre finalement. « Je fais tout ce que je peux pour être là pour toi Kenzo, j’étais dans l’autre pièce … Julian est là aussi maintenant. Qu’est-ce qui t’a fait pensé que tu pouvais faire ça et qu’on serait mieux sans toi ? », je glisse entre mes dents en reprenant ses termes.
Kenzo A. Armanskij
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(✰) message posté Lun 25 Aoû 2014 - 23:08 par Kenzo A. Armanskij
[justify] Avoir mon "petit-ami" avec moi? A ces mots, je jetais un regard noir à Julian et balançais l'ours en peluche sur lui. Je ne voulais pas de lui ici, je ne voulais pas voir la douleur et la peur dans ses yeux. Je ne voulais pas revivre ce moment à l'hôpital, où il s'emporte et explose tout ce qu'il trouve. Non, Julian et Lexie me suffisaient amplement et rien ne m'importait plus que d'être avec lui. Mais Julian ne me comprenait pas. Mon Julian avait mal interprété mes mots et je le regardais alors et lançais alors : « C'est pas parce que je suis branchée à une machine que je suis devenue folle! Je veux pas voir Zola. L'idée même qu'il soit au courant me... » Je baissais alors la tête et fronçais les sourcils. Me tue. Comment leur dire que le fait de me retrouver dans la même pièce que Zola me détruisait. Mais de toute manière, Lexie le savait. Elle savait tout et c'était bien là le soucis. Je fermais alors les yeux et secouais la tête. Je ne devais pas repenser à Zola, il était la cause de ma perte, de cette tentative de suicide, qui bien heureusement, avait échouée. Je n'avais jamais abandonné jusqu'ici, mais j'étais arrivée à un point de non retour où je devais tomber pour mieux me relever. Je relevais enfin la tête sur ces deux personnes que j'aimais le plus au monde. Je voyais leurs visages. Je voyais la détresse sur chacun d'eux. Je voyais la douleur et la manière dont tous les deux essayaient de se contenir péniblement. Je voyais tout. Et j'avais alors l'impression de n'être qu'une petite chose fragile et inconsciente, qui égoïstement avait choisit de mettre fin à ses jours. Ils se remerciaient, enfin du moins ils parlaient, et je ne voulais pas en savoir plus. Tous deux connaissaient les hôpitaux, y avaient soufferts et je les obligeais à y revenir, dans une telle tristesse. J'entendis alors les mots d'Alexandra et chacun d'eux me marqua au fer. Je soupirais et je voulus alors me lever mais je poussais un cri. Je remettais alors la couverture correctement et je regardais mes amis avant de dire. « Je suis nue en dessous. » Je souriais timidement, essayant de changer de sujet mais j'avais entendu la réponse de Lexie. Je ne savais juste pas comment répondre. C'est alors qu'une idée me vint, et j'affichais un air de défi. « Une personne en moins à gérer dans votre vie. » Je répondis alors en soupirant, simplement. Et puis j'ajoutais : « Lexie. Maintenant que tu sais ce que c'est d'avoir peur de perdre sa meilleure amie. Est-ce que tu vas aller à tes putains de dialyses? » Je la fixais alors, le regard dur et sombre. Car en effet, j'étais plutôt mal placée pour dire quoique ce soit. Néanmoins, j'avais abandonné par peur de perdre encore quelqu'un d'autre, et perdre Lexie faisait partie de mes plus grandes peurs. De plus, Julian était là et j'espérai un appuie de sa part, alors je le fixais, d'un air sombre et je cherchais autour de moi. Je fis alors attention et me levais de mon lit, sans difficultés mais avec délicatesse, et je piquais la veste de Julian qu'il avait posé sur une chaise avant de l'enfiler, histoire que personne ne voit mes fesses laissés à découverts avec la robe d'hôpital. Je me tournais alors vers mes amis. « Je vais fumer. Je tiens pas à ce qu'on me mate. » Je leur souriais, jetais un regard coquin à Julian et déposais un baiser au coin de sa bouche avant d'avancer doucement vers la sortie, mes amis sur mes talons. J'entendis une infirmière crier que je ne pouvais pas sortir et je grommelais en mettant une cigarette dans ma bouche : « Va te faire foutre. » Je lâchais un petit rire satisfait et entrais dans l’ascenseur.
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(✰) message posté Dim 14 Sep 2014 - 16:04 par Invité
Hospital room w/ Kenzo & Lexie -] “and he suddenly knew that if she killed herself, he would die. Maybe not immediately, maybe not with the same blinding rush of pain, but it would happen. You couldn't live for very long without a heart.” ✻ J’avais passé une grande partie de mon enfance confiné dans des espaces clos et délabrés. A cet instant précis, la peur et l’incertitude que je ressentais me renvoyaient des années en arrière. Au-delà des cloisons noires de ma maison, des violences injustifiées de mon père et de son inévitable crise financière … Il y’ avait une douleur que je ne pouvais plus surmonter. Je serrais les poings en recevant ma petite peluche en plein visage. Mes sourcils se froncèrent et je lui lançai un regard plein de colère. Je n’étais pas très conciliant dans ce genre de situation. Ma raison était troublée par les pulsions enragées qui déferlaient sur mon cerveau. Je me mordis la lèvre inférieure jusqu’au sang.
« Tu fais ce que tu veux de toute façon. » Lançai-je d’un ton sec en ravalant mon amertume. « Je ne devrais probablement pas me donner la peine d’exprimer mon opinion. »
Je lançai un regard en biais à mon cadeau, sans prendre la peine de le ramasser. Tanpis … Je connaissais le tempérament chaud de Kenzo, et j’étais le mieux placé pour comprendre ses réactions abusives, mais je devais avouer qu’aujourd’hui c’était de trop. Elle avait tout de même essayé de mettre fin à ses jours. C’était une tentative sans retour, réalisait-elle à quel point je pouvais lui en vouloir d’être partie sans me donner une chance de la sauver? Je soupirai en faisant face à Alexandra. Malgré toutes les angoisses qu’elle ressentait, son visage restait une beauté tranquille. Je la connaissais depuis quelques années, et même si notre relation restait platonique sur certains aspects, j’avais toujours considéré la jeune femme comme la petite sœur que je n’avais jamais eu. Je pressai ma paume contre son bras, avant de me résigner à la prendre dans mes bras. Un élan d’affection qui m’était étranger, mais qui m’avait semblé presque légitime. Je la regardai dans les yeux, un maigre sourire tatoué sur la bouche.
« Toi aussi, tu as besoin de moi. » Murmurai-je d’une voix calme et posée. Lexie n’était peut-être pas allongée sur ce lit d’hôpital, mais je savais ce que représentait Kenzo à ses yeux. Je ne pouvais que me rendre compte du mélange de peur et de colère qui rongeait son esprit. Je soupirai. « On ne rend jamais service à ses amis en se laissant mourir. Tu devrais prendre exemple. » Ce n’était pas un reproche, juste une constatation.
Kenzo se tortillait dans son lit. Elle tira sur sa couverture afin de se rendre compte qu’elle ne portait aucun vêtement. Je la regardais en silence, incapable de prononcer les mots qu’il fallait ou qu’il ne fallait pas. Je déglutis. Elle lança un regard noir à Lexie. Je partageais son avis mais je refusais de m’allier avec elle pour cette fois. Je crois que je nourrissais pour elle une pointe de déception amère. Elle se leva afin de prendre ma veste. Etait-ce une idée brillante qu’elle se lève ? Aller fumer ? Je soupirai exaspéré, mais je me retins de commenter. Elle s’approcha de moi afin de déposer un baiser furtif au coin de ma bouche. Ma main tremblait, avide de contact physique. Je voulais la retenir. Je voulais l’embrasser correctement. Je pense que mon corps ne s’était pas encore habitué à la fin de notre idylle.
Elle disparut derrière la porte et je me retournai vers Alexandra.
« Tu me sembles fatiguée. » Soufflai-je. « Depuis quand rates-tu tes dialyses. Parce que de toute évidence tu les rates encore. »
« On ne rend jamais service à ses amis en se laissant mourir. Tu devrais prendre exemple. » Je suis parvenue à me détendre quelques secondes dans ces bras. Et cette remarque me saisit comme le ferait une secousse électrique. Je reste cependant impassible. Mes doigts s’engourdissent et je dévisage Julian à la recherche d’une explication. Je tente de sonder ses traits, je tente de comprendre si il s’agit d’un reproche auquel je devrais répliquer ou d’une inquiétude qu’il exprime que je devais effacer. Mais en réalité, je n’ai pas envie de répondre quoique ce soit, ce ne sera jamais la bonne chose à dire de toute façon. C’est trop tôt. Kenzo me fournit un échappatoire lorsque je l’entends s’agiter dans son lit. Mais tout ceci n’est que de courte durée puisque, déjà, elle rebondit sur ses dires. « Lexie. Maintenant que tu sais ce que c'est d'avoir peur de perdre sa meilleure amie. Est-ce que tu vas aller à tes putains de dialyses? » Cette fois, je ne réprime pas un froncement de sourcil et mes bras se croisent sur ma poitrine, m’emmurant dans ma dénégation. « Alors c’est de ça dont il s’agit ? Une leçon que tu souhaitais me donner ? L’espace d’un instant, j’ai vraiment cru qu’on devrait se concentrer sur toi et essayer de chercher des causes bien plus profondes. » Je me fais seulement à l’idée de ce que Kenzo a réellement tenté de faire. Et voilà que je devrais être capable dès à présent d’effectuer un parallèle apparemment évident avec ma propre situation ? Il ne s’agit pas de moi. Ça n’a aucun sens, elle cherche à s’en sortir, elle cherche une issue, une échappatoire, une nouvelle manière de biaiser, de ne pas affronter l’obstacle. Elle a voulu mettre fin à ses jours. Est-ce une confession trop difficile ? Je l’ai tenu dans mes bras tandis qu’elle se vidait de son sang. Elle ne peut comparer le chaos de cette scène à une maladie que je tente de gérer le mieux possible. Je la fixe durement tandis que je prononce ces mots. Je suis en colère, une colère intense, peut-être injuste mais que je juge nécessaire. Heureusement, Kenzo met un terme à notre confrontation silencieuse en s’extirpant de ses draps. Je la suis du regard, interdite, lorsqu’elle nous affirme avoir besoin d’une cigarette. « Ce n’est sûrement pas une bonne idée », soupirais-je. Je sais d’avance que c’est peine perdue. Un bruit assourdissant résonne dans mes oreilles, une désagréable impression que mes jambes n’arriveront bientôt plus à me porter, le cœur au bord des lèvres et voilà que Kenzo ne pensait plus qu’à aller s’en griller une à l’extérieur. Je porte une main à mon visage tandis qu’elle disparaît dans le couloir. Je décide d’attendre quelques secondes avant de la rejoindre, il me semblait évident qu’elle ne parviendrait pas à atteindre l’ascenseur avant que quelqu’un ici fasse son travail et la ramène de gré ou de force. « Tu me sembles fatiguée. Depuis quand rates-tu tes dialyses. Parce que de toute évidence tu les rates encore. » Je me tourne vers Julian, un instant reconnaissante de le savoir toujours à mes côtés. Il est sans aucun doute la raison pour laquelle je n’ai pas déjà explosé dans cette chambre. Je le regarde un instant en entendant ses mots. De toute évidence ? À qui a-t-il parlé ? « Ne rentre pas dans son jeu, elle essaye de changer de sujet. Comment peut-elle être aussi … » J’accompagne ma phrase en montrant, d’une main lasse, la porte par laquelle Kenzo venait de disparaître. Détachée. Je la trouve détachée. « On est tous fatigués, non ? » Je lui adresse un maigre sourire. « Je veux bien te passer les détails morbides mais cette journée n’a pas été de tout repos et j’ai l’impression qu’on n’en verra jamais la fin. » J’ai l’air fatiguée également parce que je suis malade tout simplement, dialyses ou non. Ça m’énerve de le savoir, ça m’énerve de ne plus réussir à le cacher, plus aussi bien. Je me résigne à lui fournir une réponse. Julian n’est pas n’importe qui. Il ne m’a jamais épargnée ou manipulée avec des pincettes, mais il ne m’a jamais laissée tomber non plus … « Essaye, toi, de passer plus de trente heures par semaine branché à une machine dans ce bâtiment. Tu deviendrais fou avant moi », glissais-je avec un semblant de sourire. « J’en rate certaines. La plupart du temps, ce n’est pas intentionnel, je n’ai juste … pas le temps, autre chose à faire. » Je lève une nouvelle fois les yeux dans les siens. Je pouvais bien le lui dire à lui. Que j’ai la sensation de ne profiter que des bribes d’une vie que je ne connaitrais pas. Je suis sur une liste d’attente, littéralement. Je n’ai aucune place réservée, aucune certitude. J’ai une vie qui se tient en équilibre, et je ne compte pas la passer dans l’enceinte de ces murs. « Tout se résume à ça », confessais-je enfin doucement en désignant la chambre d’hôpital distraitement. « Je ne veux pas être résumée à ça. Je vais aux dialyses dont j’ai besoin. » Ou plutôt à celles qui me permettent de tenir debout lorsque je sens que je n’en serais bientôt plus capable. Je joue avec le feu mais au moins, je vis. « On devrait la rejoindre. Les infirmières n’ont apparemment pas réussi à la ramener. »
Kenzo A. Armanskij
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(✰) message posté Mar 16 Sep 2014 - 22:44 par Kenzo A. Armanskij
La mort semble être une chose tellement abstraite. On pense qu'elle ne nous atteindra jamais, qu'on peut lui échapper à n'importe quel moment et décider quand partir. J'aimerai vous dire que c'est possible, que j'ai pu lui échapper parce que je l'ai voulu. Mais non, ce n'était tout simplement pas mon heure, je dois encore souffrir avant de mourir. Ma punition pour avoir perdu mon enfant. Je suis convaincue que j'ai tué mon enfant, que j'ai décidé de sa mort, mais en réalité, je n'y peux rien. Les choses devaient être ainsi, et je n'ai tout simplement pas pu empêcher cet événement qui nous a détruit, Zola et moi. J'aimerai vous dire qu'on peut tout réparer, mais c'est impossible. Alors comment savoir quand notre moment de mourir est venu? Lexie joue avec la vie comme je joue avec mon corps. Elle défie la vie, la nature, le destin en loupant ses dialyses, tandis que Julian joue avec ses sentiments comme il joue avec mon corps. Malgré notre facilité à passer des nuits torrides et pleines de confessions, cette réalité n'est qu'une vulgaire image de ce que c'est réellement. Ce que c'est réellement d'avoir à faire un choix, et ce que c'est réellement de prendre les choses à la légère. Car derrière toutes nos paroles salaces, se cache cette douleur qui nous rapproche et nous rend plus unis que jamais. Cette plaie pansée se réouvre à la seconde où je passe le pas de la porte. En réalité, l'illusion est éphémère. Elle nous fait espérer comme abandonner. Et c'est cette illusion qui a guidé ma main dans cette volonté d'en finir avec la vie. Chaque parole de Julian et de ma meilleure amie ouvrait une autre plaie, et me faisait regretter de m'être loupée. Je préférais donc ignorer leurs remarques et quittais la pièce, l'air désinvolte. Mais arrivée dans l’ascenseur, j'éclatais en sanglots. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais destinée à souffrir et à faire souffrir. Pourquoi chacun de mes gestes avait l'effet d'un coup de couteau alors que je ne tentais que péniblement d'alléger la souffrance. Julian m'en voulait, Lexie m'en voulait, et Zola, lorsque les choses lui viendront à l'oreille, ne pensera plus qu'à venir pleurer au pas de ma porte de le reprendre, qu'on puisse être à nouveau heureux ensembles. Mais le bonheur n'existe pas dans tant de souffrance. Des âmes soeurs sont destinés à souffrir. Roméo et Juliette, Pâris et Hélène, Pocahontas et John... On a beau dire, le véritable amour n'apporte que douleur et mort. Cette mort inévitable et incontrôlable qui semble me frôler, me toucher, m'attirant inlassablement vers ses bords vertigineux. J'aimerai pouvoir me laisser tomber, sentir mon coeur s'arrêter, la vie s'éteindre dans mon coeur et me dire que plus jamais je n'aurais mal. Mais il y a les autres. Ceux qui auront mal par ma faute, ceux qui ont déjà mal. Et plus rien ne compte qu'eux. Je passe la main dans mes cheveux et je parvins enfin à appuyer sur le bon étage. En sanglotant, j'essaye de reprendre ma respiration, mais je n'y parvins pas. Et si je mourrais maintenant? Dans l'ascenseur? Personne ne me verrait, personne ne me sauverait, et je priais alors pour qu'il en soit ainsi. Mais rien ne se passa, et passais les portes métalliques en silence, la respiration calme mais les larmes roulant encore sur mes joues. Je sors de l'hôpital et m’assois sur un banc avant d'allumer ma clope. Le vent qui s'engouffre dans mes cheveux me fait me sentir vivante. Je n'aime pas, je ne veux pas. Je veux m'abandonner. Mais je ne peux pas, et à cet instant, je sens la présence de mes deux amis dans mon dos. Je ne prends pas la peine de me retourner. Je continue de pleurer, mais ma voix se fait calme. Comme je sais le faire. « Je ne voulais pas vous faire de mal. Vous savez à quel point je vous aime. Mais je ne sais plus quoi faire, je n'ai plus aucune solution. Je suis une pute, Lexie. Une pute. Tu te souviens de cette fille innocente et si prude qui lisait des romans d'amour? Elle a disparue. Je sais que ce n'est pas de ma faute, mais j'ai tué l'enfant de Zola car je n'en voulais pas. J'ai détesté mon propre enfant. Alors ouais j'ai abandonné, mais on sait tous les trois ce que c'est de souffrir, et de nous trois, je suis la moins forte. Je détruis tout ce que je touche, tous ceux que j'aime souffrent à cause de moi. » Je marque une longue pause, pendant laquelle personne ne dit rien, pendant laquelle on digère tous mes paroles. J'apporte ma cigarette à mes lèvres, et mes yeux bleus fixent le quartier d'Hammersmith avec douceur. Ces gens pressés, sont-ils heureux? Qu'est-ce que le bonheur au fond? Lorsque l'on sourit, lorsqu'on peut penser à tout et n'importe quoi sans sentir notre coeur se serrer? Je soupire. Je ne sais plus ce que c'est, car quand j'étais heureuse, rien d'autre ne comptait. Sous mon visage d'ange déchu se trouvait un véritable monstre. « Si vous avez la solution, je vous écoute. Autrement, cessez de me faire une leçon de morale. Je sais très bien quelle connerie je viens de faire, mais aucun de vous n'a ma vie. On a chacun nos putains de problèmes, mais tous différents. J'en ai assez de me justifier, d'avoir des comptes à rendre. Foutez moi la paix et je pourrai mourir en paix sans manquer à personne. » J'éclatais alors en sanglots, car je savais que telle était la solution. Il n'y avait rien d'autre que la mort, et la solitude pour souffrir, sans faire de mal autour de moi. Ils ne pouvaient pas comprendre ce que c'était d'être moi, d'être Kenzo. De ne voir qu'un monstre, qu'un vulgaire sourire dans le miroir. Je suis imprévisible, dangereuse et destructrice. On a beau m'aimer, il ne faut pas s'attacher à moi. Car je détruis tout, car j'aime tellement que l'amour se transforme en douleur. « Je suis un monstre, je sais. Mais désormais, je vis pour Zola, et vous. Quelle horreur, hein. » Je me retourne, et je les regarde avec haine et colère. Je les déteste. Je leur en veux de m'en vouloir d'avoir abandonné. Qui sont-ils pour décider si je dois vivre ou mourir? Ont-ils le droit de m'emprisonner dans cette existence insupportable, pénible et noire? Je jette ma clope, terminée, et je cris alors : « Cassez-vous! Dégagez! Je ne veux plus vous voir! » Et je continue d'observer autour de moi, le visage dur.