(dom) only fools fall for you

en vrac ; il ne supporte pas les pièces closes. depuis la prison, il se découvre incapable de travailler dans un bureau étriqué, de se cloîtrer dans un ascenseur, de dormir dans une chambre aux volets clos... son réflexe en entrant dans une pièce est de repérer les sorties de secours et les ouvertures. quand il n'en trouve pas, ou qu'elles sont barricadées, l'angoisse s'intensifie de façon progressive. pouce qui tape sur sa jambe à intervalles réguliers, talon qui bat silencieusement la cadence, mains moites, regard fuyant, agressivité croissante, impossibilité de rester cloué à son siège, et puis il finit par tourner comme un lion en cage, jusqu'à péter les plombs. (+) il fume. pour se détendre après des efforts physiques, pour masquer les tremblements occasionnels de ses mains, pour extérioriser sa nervosité... très souvent, donc. (+) il tient très bien l'alcool, sans doute trop d'ailleurs puisqu'il tend à repousser les limites. depuis sa sortie de prison, il évite autant que possible de boire et ne conserve aucune réserve chez lui. mais les soirs où les cauchemars le tiennent éveillé, il finit attablé à un bar, à claquer le fond du verre sur le bois poisseux en marmonnant « munition » pour être resservi. (+) pour épuiser l'énergie nerveuse qui l'empêche de tenir en place, il fait du sport. jogging matinal à des heures indues, couché à minuit puis cauchemarder et levé à 4h, invariablement, pour se défouler. son corps refuse la grasse-matinée. Le soir, en sortant du boulot, c'est à la boxe qu'il dédie la colère mal ravalée tout au long de la journée. ceci dit il ne frappe que dans les punching ball ; pas d'adversaire pour lui. (+) il ne s'imaginait pas père avant de se retrouver devant le fait accompli. à présent ça l'obsède, et l'idée de ne pas connaître sa fille le rend dingue . (+) il ne parle jamais de sa famille et ne voit ses proches qu'à l'occasion des fêtes annuelles. il fait toujours tâche à table, habillé trop simplement parmi ces gens tirés à quatre épingles.  

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001. adopté à la naissance, il n'a jamais cherché à retrouver sa famille biologique. lorsqu'on lui demande s'il n'en a jamais éprouvé, il dit en baver déjà suffisamment avec une paire de parents adoptifs, thankyouverymuch. en fait, il est surtout conscient que toute vérité n'est pas bonne à entendre. tout ce qu'il sait, c'est qu'il a trinqué avec sa génitrice alors même qu'il n'était qu'un fœtus ; qu'elle a eu un parcours chaotique avant de lui donner naissance et qu'elle était très jeune à l'époque. en ont résulté des troubles de la concentration et du comportement, heureusement légers, mais qui ont tout de même compliqué sa scolarité et nécessité un suivi. Dom considère qu'elle lui a fait le meilleur cadeau possible en l'abandonnant et n'éprouve pas l'envie de revenir sur le passé. cependant, les médecins estiment qu'il risque d'être plus résistant à l’alcool et, éventuellement, d'y développer plus facilement une dépendance.
002. jusqu'à ses 6 ans, il a eu une enfance idéale, fils unique couvert d'attentions en dépit du quotidien très prenant avec lequel jonglaient Lowell et Harmony et des troubles légers qui s'étaient manifestés chez lui, requérant une vigilance constante. c'est lorsque le cabinet du patriarche a gagné en essor que Lowell s'est montré plus distant, préoccupé, absent, accro du travail ; puis les choses se sont gâtées quand, en dépit de l'"infertilité sans cause connue" déclarée par les médecins des années auparavant, Harmony s'est retrouvée enceinte alors qu'elle avait fait le deuil de cette possibilité. Le psychologue ayant insisté sur l'importance d'inclure Grey dans l'attente de ce bébé surprise, il s'est retrouvé embarqué dans les visites médicales à répétition pendant et après les grossesses et sa mère, de plus en plus fatiguée, a peu à peu perdu patience face à son incapacité à se plier à long terme à un ordre, ou à se tenir tranquille quand elle l'exigeait.
003. en grandissant il a mal vécu le fait de devoir partager l'attention de ses parents et s'est rapidement senti différent. en ont résulté des relations compliquées avec ses frères et sœurs – alors qu'ils l'admiraient simplement comme un aîné, Grey s'est persuadé qu'ils le jugeaient, initiant des sentiments ambivalents, entre rancoeur et affection. à vrai dire, par crainte d'être rejeté, il les a repoussés.
004. adolescent rebelle, il a été mis en pension à la Duke of York's Royal Military School à l'âge de 14 ans, à un peu plus de deux heures du domicile familiale. mesure que ses parents considéraient comme une marque de leur amour – l'environnement était privilégié et la distance supposée atténuer les tentions entre parents et enfants. Grey, lui, l'a simplement vécu comme une façon de se débarrasser de lui, obnubilé qu'il l'était par les remarques déplacées telles que vous pouvez le rendre, non, maintenant que vous avez des enfants à vous ? qui ont suivi la naissance de ses cadets. les premiers mois ont été infernaux, la rigueur de l'établissement lui a rapidement couru sur les nerfs et peinait terriblement à s'y plier. il y a pourtant peu à peu pris goût, en partie grâce à la large part consacrée au sport et à la musique, mais aussi à cause de la façon dont étaient gérés les rapports de force qu'il ne cessait de provoquer. il considère que contrairement à ses parents, les enseignants, bien que parfois plus durs que nécessaire, n'ont pas baissé les bras en estimant qu'il était une cause perdue. ils lui ont imposé une structure qui l'a forcé à devenir meilleur ; mais au fur et à mesure qu'il s'intégrait, il s'est volontairement détaché de sa famille.
005. Grey s'est engagé dans l'armée à 18 ans, avec la certitude d'agir pour le bien. certitude qui l'a accompagné en Irak en 2006. il y est resté 3 ans et en garde aujourd'hui des stigmates. honte. regrets. addiction. à vrai dire, il défierait quiconque a conduit un tank Challenger 2 parmi une vingtaine de véhicules armés foulant à vive allure un tapis de sable, drapé du vent brûlant d'un désert s'étendant à perte de vue et de la certitude de venir en sauveur, d'affirmer n'y avoir pris aucun plaisir. l'enthousiasme ne s'est pas immédiatement brisé sur les rouages d'une guerre cruelle ; non, l'adrénaline a d'abord banni les élans de confiance. mais peu à peu, l'horreur l'a rattrapé. on le qualifie de vétéran. on l'a décoré, on l'acclame. on loue les morts, les soldats courageux. lui, il a la salle impression que l'Irak ne le quittera jamais, qu'elle le talonnera et le hantera sans cesse, du dégoût des actes commis au manque lancinant qui pulse parfois dans ses veines, désir déplacé de revivre une époque révolue. c'est plus fort que lui et ça l’écœure, tout à la fois, alors il n'en parle jamais, mord l'oreiller pour évacuer sa rage quand à la faveur de la nuit les réminiscences l'obsèdent.
006. à son retour en Angleterre en 2009, Grey a hésité à déposer définitivement les armes, avant d'opter pour devenir maître-chien. sa relation de couple s'est concrétisée par un pacs, au grand damne de ses parents, qui l'auraient voulu marié. il a finalement renoncé à l'armée en 2011, formulant dans son cœur le vœu de ne plus jamais voir couler le sang, qu'il soit animal ou humain. promesse rompue seulement quelques semaines plus tard. désœuvré et en pleine errance, rongé par ses sentiments contradictoires, il s'était mis à côtoyer d'anciennes connaissances – de petites frappes de son adolescence, des sales gosses dont il ne pouvait se passer de la compagnie avant son départ pour la Royal Military School. ils étaient adultes à présent, mais leurs conneries semblaient n'être rien comparé à ce que Grey avait vu et fait en Irak. bagarres, beuveries, règlements de comptes, tout cela semblait futile et sans importance, sans gravité, tout en nourrissant les élans violents qui couraient tacitement le long de ses membres, les pulsions qu'il essayait de passer sous silence. et puis il y a eu ce type un peu désespéré qui les a menacés à l'arme blanche, à la sortie d'une boîte de nuit. qui s'est emporté lorsqu'il ne l'ont pas pris au sérieux. Grey, sévèrement imbibé d'alcool, l'a désarmé sans mal, et a cogné pour lui apprendre, sans s'attendre à ce que l'un de ses comparses récupère la lame et la plante une fois, deux fois, trois fois dans la chair. c'est ce qui l'a ramené sur terre – la vue du sang. la suite est confuse. il a arrêté le massacre, les autres ont pris la fuite, mais il s'est retrouvé incapable de partir sans se retourner. appeler les secours et rester sur la scène de crime lui a valu d'être accusé du délit ; la victime dans le coma, aucun témoin apte à plaider pour lui, son refus de dénoncer les autres et les traces de coups sur ses poings correspondants aux ecchymoses de l'homme ont joué contre lui, si bien que le procès n'a pas traîné : perdu d'avance.
007. sa compagne l'a quitté 2 mois après son incarcération, coupant les ponts sans explication.
008. c'est en avril 2015 qu'il est sorti de prison. la victime, sortie du coma, a levé le voile sur les zones d'ombre de l'histoire après plusieurs mois de convalescence, de rééducation et de lutte avec ses souvenirs défaillants. Grey a eu du mal à se réhabituer au monde extérieur.
009. il a cherché à rattraper les bribes de son existence, tout en essayant de l'enterrer, allant jusqu'à troquer son prénom contre son nom caché – Dom. quelques semaines après sa sortie, l'impression de suffoqué l'a poussé à rassembler tout ce que contenait son compte en banque pour partir voir le monde. il a voyagé 6 mois avant de rentrer, prêt à faire face à la réalité.
010. éprouvant le besoin de faire le deuil de ce qu'il a perdu et de comprendre les non-dits, Dom a rendu visite à son ex, fuyante, vu la nouvelle vie qu'elle s'était construite. son mari, ses... enfants. dont l'âge de l'aînée correspond à l'époque où ils étaient ensemble. il tente de comprendre pourquoi elle lui a caché l'existence de leur fille, vit cette distance forcée comme une injustice sans se douter qu'en réalité, il y avait deux enfants, des faux-jumeaux. elle a perdu l'un des deux en grande partie à cause du stress et de la pression de l'époque du procès. elle lui en veut pour ça.