(✰) message posté Dim 7 Déc 2014 - 21:16 par Invité
Prunille ∞ Killian
Qu'importe, demain nous courrons plus vite, nous tendrons les bras plus loin et un beau matin... C'est ainsi que nous avançons, barque à contre courant, sans cesse ramenés vers le passé.
Je n'aurais pas pu, si on me l'avait demandé, prédire que j'allais rencontrer une jeune femme aussi adorable que Prunille ce soir. Non seulement j'avais assisté à une reprise d'un classique au piano magnifique, mais en plus j'avais eu la chance de connaître l'artiste, la pianiste qui se cachait derrière ses touches. Je commençais à faire sa connaissance, et je n'étais pas prêt à m'arrêter là. J'avais envie de la connaître, d'en savoir beaucoup sur elle. En plus de tout ça, elle était une de mes lectrices, ce qui ne pouvait que me ravir, forcément. Je cherchais à en connaître plus et je lui parlais de la ville, celle dans laquelle je venais tout juste d'arriver et de découvrir. « J'ai emménagé en octobre. Je viens pour retrouver mon cousin, je viens de Glasgow et j'ai vécu deux ans à Paris. Cardiff doit être une jolie ville aussi. Je dois dire que je suis tombé sous le charme de Londres. Après Paris, je pense qu'elle rentre dans le palmarès des plus belles villes. Je n'ai pas non plus pu la découvrir totalement, et je pense que même en dix ans on ne peut pas tout voir. Ce n'est pas ce que je pensais mais je vais sûrement rester un petit moment. » Je lui souriais en lui apprenant cela de moi. J'étais un peu quelqu'un qui aime l'aventure, voir de nouvelles choses, décrire de nouveaux paysages, analyser différentes civilisations. Je veux pouvoir faire partager ces merveilles du monde par mes écrits.
Je lui souriais. J'aurais le droit à un nouveau morceau, elle a deux calepins. Elle a l'air plus que ravie à cette nouvelle. Elle déposa ensuite son verre sur la table près de nous. Elle ne devait pas avoir l'habitude de cette boisson. Elle mettait un petit moment avant de prononcer les prochains mots. Elle souriait en croisant mon regard à nouveau. Elle avait failli me vouvoyer à nouveau, j'avais d'ailleurs un peu froncer les sourcils avant qu'elle ne se reprenne. Je souriais. « Justement, à propos de cela, je suis ravi d'être ta première rencontre "connue" pourrait-on dire. Mais je suis réellement charmé par ton talent de pianiste, alors j'aimerais ne pas être qu'un auteur que tu apprécies, j'aimerais que tu connaisses autre chose de moi que ce que tu connais déjà. » avouais-je alors en souriant avant qu'elle ne m'affiche son plus beau des sourires, qui me comme un gros coup dans le coeur. Elle était tellement ravie par notre deal précédent qu'elle se mit à poser trois questions de suite. Je riais. Je pense que le champagne en était pour quelque chose. « J'habite à Hammersmith. J'ai un piano à queue chez moi, oui. Si tu le souhaites, on peut aller chez moi. Tu lis mes calepins et moi je te regarde jouer ce que tu souhaiteras sur mon piano. Et puis je t'offrirais un verre de jus de fruit parce que, je pense que tu en as besoin. » dis-je en souriant tendrement. Il fallait que ça descende. Je ne la laisserais pas rentrer chez elle dans cet état, de toute manière. « Enfin, si tu as peur de te retrouver chez un auteur que tu connais à peine je comprendrais, on peut aller dans cet endroit que tu connais. Je risque de ne pas être le seul public. » ajoutais-je quand même, histoire de ne pas lui faire peur, puisque ce n'était pas du tout mon intention. J'avais une soudaine envie de la protéger, de l'écouter, d'être là pour elle. C'était étrange mais, cela accompagnait mon envie de la connaître.
Tout comme la musicienne, la belle ville de Londres était quasi méconnu pour l’auteur. Il y résidait depuis peu, mais ce qui percuta bien plus l’esprit de la jeune Prunille, c’était qu’il avait vécu deux ans à Paris. LA ville. Il avait pourtant dit plutôt y avoir déjà été mais elle ne pensait pas qu’il y avait vécu. Elle l’enviait encore plus, à présent. Elle étira un sourire, hochant de la tête lorsqu’il mentionna la beauté de Cardiff. A ses yeux, cette ville l’était. Et même si de mauvais souvenirs pouvaient parfois y faire surface, ils n’enlevaient rien à l’amour qu’elle ressentait pour cet endroit. Elle eut un petit rire lorsqu’il mentionna qu’après des années, on ne connaitrait pas aussi bien Londres qu’on le voudrait et elle n’allait pas le contredire. Car même en grandissant à Cardiff, elle se surprenait parfois à découvrir un quartier, un lieu. Prunille fut d’autant plus enchantée, charmée ou troublée par Killian lorsqu’il annonça vouloir être plus qu’un auteur à ses yeux, quelqu’un qu’elle connaissait. Un ami ? Par Mozart, voilà quelque chose qui la ravissait. « Je suppose que wikipédia ne dit pas tout sur toi.. » Ses joues s’empourprèrent, comme tous les auteurs ou musiciens qu’elle appréciait, la jeune pianiste s’informait sur eux. Curiosité maladive ou intérêt réel… Il proposa d’aller chez lui, car il possédait un piano à queue et elle se demanda un instant s’il en jouait, pour l’avoir chez lui ? Ou peut-être un frère, un colocataire ou une petite amie. La dernière solution ne fut pas la plus percutante, ni la plus plaisante. Car elle ne voulait pas débarquer dans le logement de l’auteur et qu’on pense des choses. Hammersmith… « J’habite aussi dans le quartier d’Hammersmith. Un jus de fruit sera très bien… Le champagne est monté trop vite. » Elle glissa une main sur sa bouche, cachant un rire. « Non, je préfère chez toi… » Elle avait eu suffisamment de public pour la soirée, elle n’était pas de nature farouche ni craintive. Et puis, que pourrait-il bien lui faire ?
La musicienne se redressa et d’un commun accord, ils décidèrent de partir immédiatement. Elle se dirigea vers son professeur pour lui annoncer qu’elle quittait la soirée et il voulut la raccompagner mais elle indiqua qu’elle avait déjà un ami pour cela. Son professeur ne s’en inquiéta pas plus et la remercia pour son morceau. Prunille rejoignit l’auteur à l’entrée de la salle et tout en quittant le lieu, elle se conforta dans l’idée qu’au final, elle n’aimait pas beaucoup le bruit des conversations, des verres qui tintent. L’air frais extérieur lui apparut salvateur, elle ferma un instant les paupières pour l’apprécier. Elle retira les épingles qui retenaient ses cheveux dans un chignon relâché, laissant les ondulations blés coulés dans son dos. Elle tourna un regard vers Killian avec un sourire, le suivant dans les rues londoniennes. « Merci de me faire confiance, m'inviter chez toi... » Marcher allait lui permettre de faire évacuer les vapeurs alcoolisées et de se reprendre. L’idée de jouer une seule fausse note lui serait fatale. Elle essuya ses mains moites sur sa jupe, comme si elle stressait soudainement. C’était bien la première fois qu’elle se retrouvait dans cette situation et la jeune Prunille avait l’impression de se rendre à son premier rendez-vous. Il n’en était pas question ici, mais être avec un auteur qu’on apprécie, c’est d’autant plus intimidant que face à son premier amour.
Qu'importe, demain nous courrons plus vite, nous tendrons les bras plus loin et un beau matin... C'est ainsi que nous avançons, barque à contre courant, sans cesse ramenés vers le passé.
Le champagne était monté trop vite chez la jeune femme qui m'accompagnait. Pourtant, ce petit taux d'alcool ne suffisait pas à l'inquiétait quant au fait de venir chez moi. En réalité, j'avais l'habitude que les gens ait rapidement confiance en moi. Je n'avais pas la tête d'un tueur en série et par dessus tout, je suis sûrement l'homme le plus protecteur qui existe dans ce monde. Je ne l'aurais de toute façon pas laissée rentrer chez elle seule, si nous n'avions pas fait ce deal. Sa référence à Wikipédia me fit vraiment rire. « Oh non, Wikipédia est loin de me connaître vraiment. » dis-je en riant. En plus de ça, elle me faisait rire. Il y a des rencontres, vous savez, qui sont évidentes. Des gens que vous croisez, à qui vous parlez et tout de suite, vous savez que ça ne se limitera pas à cette conversation mais qu'une toile se tisse, que quelque chose se construit. J'en avais l'impression avec Prunille, qui avec son talent et ce magnifique prénom, m'avait sans attendre conquis.
Elle m'apprit qu'elle habitait elle aussi Hammersmith, ce qui serait parfait pour qu'elle rentre sans difficulté de chez moi. Je l'invitais sans soucis parce que de toute façon, j'habitais seul. Nous pourrions juste embêter mon husky, qui lui devait déjà dormir au pied de mon lit bien profondément. Il adorait la musique, alors il n'en voudrait pas à Prunille en la rencontrant si tard. Elle était un peu joyeuse, il fallait faire redescendre tout cela. Après avoir prévenu son professeur qu'elle rentrait avec moi, nous allions marcher doucement. Nous quittions le brouhaha de la soirée, que je n'avais même plus remarqué jusqu'alors, je m'en rendais compte, pour sortir dans le silence et l'air frais de Londres. Elle détachait les épingles et les boucles de sa magnifique chevelure dorée lâchèrent, comme libérée. Si j'avais mon calepin là, je crois même que j'en ferais une scène. Je la regardais, tendrement, enfin ça je ne m'en rendais pas compte alors qu'elle se retourna pour me remercier de l'inviter chez moi, et de lu faire confiance. « Dans le pire des scénarios tu es une folle qui me piqueras mes calepins pour les vendre sur eBay. Enfin, de toute façon je ne pense pas avoir affaire à une folle. » dis-je pour rire alors que nous approchions du quartier où nous habitions tous deux.
Je lui indiquais ma porte que je lui ouvrais pour l'inviter à entrer. A peine rentrée, Hook, mon husky couru vers Prunille, lui réclamant des câlins. « C'est pas vrai.. Un vrai tombeur celui-là. Prunille, je te présente Hook, mon colocataire. Hook, c'est Prunille, ne la charme pas trop, elle est venue pour me jouer un morceau à moi pas à toi. » dis-je avec humour caressant mon chien qui m'envoya une lèche dans le vide. Je rangeais nos manteaux et allait chercher deux de mes calepins dans mon bureau, pendant qu'Hook profitait de Prunille. En revenant, je lui en tendis un premier. « Comme promis. Fais comme chez toi. » lui dis-je en lui indiquant le salon. J'avais une décoration très moderne et peu personnalisée. J'ai toujours été quelqu'un d'un peu maniaque et tout est toujours très bien rangé. Je vivais seul, mais peu d'indices le laissait apercevoir. Il n'y avait pas de photos de couple qui puisse faire croire que j'étais accompagné. Il y avait une photo de moi et mes parents à Paris. Une peut-être de moi et Athénaïs. Ainsi qu'une de moi et Julian, lorsqu'on était enfant. C'était tout ce qu'il y avait d'un peu personnel, avec mon énorme bureau pleins de papiers, d'encre plume, une énorme imprimante et une bibliothèque impressionnante. S'il y avait une chose à remarquer, c'est que je n'avais pas de télé mais plutôt une belle chaîne hifi et une mur blanc pour projeter quand j'en avais envie. Au fond du salon, le piano à queue blanc dont j'avais parlé à Prunille, près de la baie vitrée. Alors qu'elle s'installait pour lire ce fameux calepin, je nous amenais deux jus de fruits et je m'installais près d'elle.
Le calepin que j'avais choisis de lui céder en premier n'était pas des moindres. C'était celui que j'avais lors de mon année à Paris. J'y décrivais des scènes sur le pont de l'art, près de Notre Dame, devant la Durée, la Comédie Française, tout ce qu'on peut trouver sous la Tour Eiffel, des mariages au bord de la Seine, le Trocadéro la nuit, les grands magasins en hiver, illuminés. Des scènes d'enfants à Disneyland Paris, le marché de noël, le Père Lachaise, les différents lieux des plus grands romans de la littérature française comme ceux de Zola, de Maupassant. Tout cela, je le décrivais dans ce premier calepin. Je savais pertinement qu'il lui plairait.
Une folle. Prunille ne put s’empêcher de rire légèrement. Elle aurait pu l’être, une fan hystérique qui jouait à la douce demoiselle fragile, afin d’amadouer l’auteur. Mais elle était loin d’être ainsi, elle n’avait peut-être pas un caractère parfait, mais la folie, elle en était encore loin. Le trajet jusqu’à son appartement fut rapide, mais l’air frais lui permit de remettre ses idées en place. Elle aimait les températures froides, sentir son nez rougir et ses doigts s’engourdir. La pianiste n’était pas amatrice de la chaleur, des maillots de bain sur la plage ou à la piscine. Killian l’invita à entrer et un magnifique chien vint lui souhaiter la bienvenue à coup de langue et de frottement de museau. Prunille, qui aimait beaucoup les animaux, se pencha pour caresser sa tête, gratter derrière ses oreilles. « Il est beau et j’adore son nom ! » Son nez se retroussa lorsqu’elle se retourna vers Killian, avant de revenir sur le canidé qu’elle congratula de caresses et de petits mots. L’écrivain s’éloigna, la laissant avec pour seule compagnie le husky câlin et amateur de léchouille sur ses mains. Elle releva la tête vers lui lorsqu’il revint, lui tendant un petit calepin. Prunille le remercia tout en le prenant et se dirigea vers le salon. Elle s’installa sur un fauteuil en cuir, ne pouvant se retenir de déjà l’ouvrir pour commencer sa lecture. Impatiente ? Pas du tout. Elle n’avait même pas observé la décoration de l’appartement, chose qu’elle fera une fois sa lecture terminée. Killian revint s’installer près d’elle, déposant des verres qu’elle mira un court instant avant de tourner une page. Il avait une jolie écriture, fine et soignée. Déjà, elle imaginait les endroits qu’il décrivait et s’imaginait là-bas. Les petits bouquinistes près des quais, la magnifique cathédrale de Notre-Dame, la dame de fer et ses petits commerçants ambulants, les illuminations. Elle rêvait, à nouveau. Ses prunelles brillaient doucement, un petit sourire s’étirait parfois à une lecture appréciée. C’était un beau cadeau qu’il lui offrait, même si de vision extérieur, ça pouvait paraître futile. Lorsqu’elle redressa le visage, elle s’arrêta un instant sur la décoration du salon avant de se tourner vers Killian. « C’est… wouah ! J’ai envie d’aller à Paris maintenant ! »
Elle lui redonna avec un sourire, ne quittant pas du regard cette petite merveille qui venait de lui offrir un voyage fabuleux. « J’aurai aimé être à ta place, pour contempler ce que tu as vu, être témoin de certaines scènes comme les mariages, les enfants devant les boutiques animés ou à Disneyland. Là, je suis jalouse… Je rêve d’y aller ! » Elle mordilla sa lèvre inférieure, prenant le jus de fruit pour en boire une gorgée avant de le reposer, glissant une main vers le pelage du chien installé entre eux, sur le sol. « Cette ville t’a inspirée, ça se sent. Merci, pour ce voyage pas cher ! » Elle eut un petit rire. Et durant un fugace instant, elle se rapprocha de sa mère. Elle glissa une main dans ses cheveux, les plaçant sur une épaule avant de tourner le visage vers le piano. « Ça va être mon tour, donc… » Ses incisives se plantèrent dans sa lèvre inférieure, cherchant quelle mélodie elle pourrait bien jouer. « Je pourrais jouer une sonate, mais je pense que ça serait dommage d’assombrir la soirée. » Même si pour elle, la tristesse était un sentiment récurrent, rassurant même. Une fois son choix fait, la jeune musicienne se leva en enjambant le canidé et se dirigea vers le piano. Il était beau. Elle souleva le couvercle, frôlant du bout des doigts les touches. Elle prit place sur le fauteuil, glissant ses mains dans sa nuque pour replacer sa chevelure en arrière. Elle inspira, ferma les paupières et commença à jouer. Ses pieds martelaient les pédales, ses doigts virevoltaient avec douceur et élégance sur les touches. Parfois durement, parfois à peine un frôlement. Elle était bien, à sa place devant l’instrument et elle faisait abstraction de ce qui l’entourait. Elle n’était plus dans l’appartement d’un auteur apprécié ; mais au cœur d’une forêt, sous le souffle d’une brise fraîche et le clignement incessant des étoiles accrochées sur la voute céleste, qu’elle pouvait apercevoir à la cime des arbres.
Qu'importe, demain nous courrons plus vite, nous tendrons les bras plus loin et un beau matin... C'est ainsi que nous avançons, barque à contre courant, sans cesse ramenés vers le passé.
Nous entrions chez moi et c'est sans attendre que mon jeune chien, Hook, sautait sur Prunille. Il adorait faire ça d'habitude, mais alors quand de nouvelles personnes entrent, c'est encore plus la fête. Je me rassurais car elle avait l'air d'aimer les animaux et Hook en particulier, de qui elle aimait le nom. Je souriais. « J'assume ma référence enfantine. » me défendais-je sans attendre, non sans une pointe d'humour. Je lui souriais, riais et lui apportais le calepin avant de retourner à la cuisine chercher les verres de jus de fruits. En revenant, je la voyais absorbée dans mes écrits, pourtant ce n'était que des traits fait sur le bord de rues, de maisons. Ils n'étaient pas du tout travaillés et pourtant, ils semblaient fortement lui plaire. Je souriais en la voyant, tandis que je l'observais. De temps en temps, elle souriait, elle devait imaginer ces scènes à travers mon écriture. A la fin de sa lecture de ce premier calepin, elle leva la tête pour observer autour d'elle et puis me regarda en me remerciant. Cela lui avait donné envie d'aller et Paris et plus encore, elle était jalouse de mon voyage, ce qui me fit rire. « Je suis sûr que tu iras un jour, et j'espère que tu verras les mêmes merveilles que moi. » lui dis-je très sincèrement en reprenant le calepin pour le poser près du deuxième, que je réserve pour plus tard.
Elle trempait ses lèvres dans le jus de fruit que je venais de lui servir. Elle passa sa main dans ses cheveux, sûrement pour se concentrer car elle avait le regard posé sur le piano maintenant. Elle annonça son tour. Je souris. Il faut dire que j'avais vraiment hâte de la revoir, et ré-entendre jouer. Elle eut un petit temps pour chercher ce qu'elle allait jouer, et voulu éviter les sonates. C'est vrai que ce n'était pas ce qu'il y avait de plus joyeux, enfin. « Joue ce que tu veux. Vraiment, et oublies-moi. » dis-je en la suivant plus près du piano alors qu'elle avait enfin fait son choix. Elle passa au dessus du chien, dans le passage comme toujours. Je le renvoyais à son panier. Un véritable charmeur celui-là. Je m'asseyais sur le canapé le plus proche d'elle alors qu'elle relevait le couvercle et caressait les touches. Elle se concentrait, fermant les yeux un moment, mit sa belle chevelure en arrière. Puis, après une inspiration elle commença à jouer. Encore une fois, ses doigts effleurèrent mon piano de notes exquises et connues, qu'elle exécutait de manière tout à fait originale et personnelle. C'était à la fois fort, caractérielle, doux et mélancolique. C'était tout à fait sublime. Moi, je ne clignais pas une seconde des yeux. Je la regardais, ébahi, alors qu'elle semblait presque avoir quitté la pièce. C'était une scène magique. Je n'arrivais encore pas une fois à y croire. Quand le morceau fut fini, il me fallait un temps pour revenir à la réalité. C'était elle qui venait de m'offrir un voyage musical des plus beaux. Il fallait le temps que je revienne à la réalité. Même Hook la regardait sans bouger. « wow » trouvais-je seulement à dire, après un long silence de notre part à tous les deux. « Pour un comble je dois te dire que tu m'as fais perdre mes mots. » rajoutais-je avec une pointe d'humour. Je regardais autour de moi pour me rappeler que j'étais bien chez moi. J'étais complètement ailleurs sur le coup. Je reposais le regard sur elle. « Je ne vais pas te répéter ce que je t'ai déjà dis tout à l'heure, quoique je le pense encore plus maintenant. Le plus beau dans tout cela, c'est que toi aussi, tu pars ailleurs, tu n'es plus vraiment ici et c'est comme si tu nous emmenais enfin... Tu m'as emmené. Merci pour ce cadeau. » lui dis-je à mon tour. Je trouvais cela magique parce qu'on s'offrait tous les deux notre monde. Chacun son tour, on invitait l'autre à rejoindre notre petite bulle construite et on l'appréciait. Et là, j'avais envie de lui parler de quelque chose... « J'ai quelque chose à t'avouer sur mon livre, qui t'apprendra quelque chose de moi, personnellement que tu ne trouveras pas sur Wikiwiki. Je parle de la recherche incessante d'un membre familiale proche, perdu. Eh bien, c'est un fait réel. En fait, si je suis ici c'est parce que je cherche mon cousin. Enfin, je veux retrouver le cousin avec qui j'étais si proche étant petit, qui était comme mon frère et qui un jour est parti. Je l'ai retrouvé ici mais... Disons qu'il ne veut plus me voir. Il s'est éloigné de la famille et j'ignore pourquoi. Je suis là pour le savoir et arranger ça. » Je ne savais pas pourquoi je lui en parlais. Je sentais que je pouvais lui révéler des choses, lui faire confiance. Elle m'avait ouvert sa bulle et moi, la mienne. Et je voulais qu'elle me connaisse vraiment, qu'elle enlève le post-it auteur de mon front.
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(✰) message posté Mer 10 Déc 2014 - 8:59 par Invité
Elle a le don de tout rendre splendide
Les notes résonnaient dans le salon créant un climat doux, Prunille gardait les paupières fermées tout en terminant la mélodie qui tambourinait au même rythme que son cœur. Ses doigts restèrent un moment en suspension, elle n’osait plus bouger de peur de briser les résonances des dernières notes. Elle relâcha un soupir, sa poitrine se dégonfla et son corps s’apaisa. Elle se retourna lentement vers Killian, le regard sur elle. Elle eut un petit sourire timide à son phonème concis. Un mot, mais qui pourtant l’enveloppait de tiédeur. Elle ne put qu’esquisser un sourire amusé lorsqu’il avoua qu’il en avait perdu les mots. Il la remercia pour un cadeau, elle ne pensait pas qu’elle parviendrait à l’emporter dans le voyage qu’elle s’offrait, mais c’était un compliment important pour la musicienne. Elle n’était pas que douée pour reproduire les sons, elle pouvait aussi emporter les âmes avec elle. Elle s’empourpra en baissant le regard, observant ses mains se tortiller l’une avec l’autre. Elle redressa pourtant le regard lorsqu’il voulut lui faire part d’une vérité sur lui. D’un fait qu’elle ne trouverait nulle part ailleurs que par lui-même, pas sa révélation. La jeune curieuse se fit sérieuse et attentive pour l’écouter. Son ventre se nouait, il se confiait à elle. Elle hocha doucement de la tête à ses mots, comprenant son besoin de renouer des liens. Elle rentra sa lèvre pour la mordiller, le regardant différemment. Il n’était pas qu’un auteur, qu’un écrivain ; il était aussi un homme avec une certaine souffrance qu’il voulait effacer, combler un vide. Elle le trouvait encore plus charmant et intéressant. « Je comprends et je te souhaite d’y parvenir. La famille c’est… sacré. » Ses sourcils se froncèrent, cette phrase perturbant un instant ses propres sentiments. Sacré, mais pas pour elle ? Pourquoi traitait-elle sa belle-mère ainsi ? Elle était un membre de la famille pourtant. Voilà des paroles bien hypocrites pour la musicienne.
« Je devrai le prendre en compte moi-même, je rejette ma belle-mère depuis que mon père est avec. Elle est de la famille puisqu’ils se sont mariés mais… c’est différent. » Un instant, son visage s’assombrit et elle s’enlise dans cette torture amicale qui ne la quitte plus. Elle complique la simplicité et elle s’adonne à la difficulté. Elle glissa un regard vers le chien couché plus loin, la tête redressée vers eux. « Confidence pour confidence… Ma mère est partie quand j’avais cinq ans. On ne sait pas pourquoi, on ne sait pas où elle est. Même sa propre famille l’ignore. Elle est juste… partie. » La jeune fille croisa les prunelles de l’auteur avant de lever des épaules, n’aimant pas la morosité qui s’invite cordialement en son sein. « C’était il y a longtemps, mais parfois… quand je vois une femme, j’ai l’espoir que ce soit elle. » Soupire. « Si elle avait voulu nous retrouver, elle aurait redonné des nouvelles. Mon père est acteur, il a une petite notoriété et nous n’avons pas quitté la maison où elle vivait. Elle a surement refait sa vie, ailleurs… » Comme elle pensait être proche de la vérité et combien elle pouvait se tromper. Elle se releva, quittant le piano pour revenir s’installer près de lui avec un sourire, changeant de conversation. « Puis-je lire le deuxième calepin ? Il concerne quel livre ? »
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(✰) message posté Mer 10 Déc 2014 - 9:47 par Invité
Prunille ∞ Killian
Qu'importe, demain nous courrons plus vite, nous tendrons les bras plus loin et un beau matin... C'est ainsi que nous avançons, barque à contre courant, sans cesse ramenés vers le passé.
Elle venait de finir son morceau promis au piano. De la manière la plus belle et la plus délicate, elle laissa les dernière note résonner dans la pièce et le silence s'installa. Celui-ci, je le laissais durer un moment avant de m'exprimer sur ce que je venais d'entendre. Avec Prunille, je faisais preuve d'une grande sincérité et d'une grande admiration. En même temps, je ne pouvais pas faire autrement : elle me fascinait. Que ce soit par sa façon de jouer que par ce que j'apprenais d'elle, ou sa façon de l'incarner physiquement. Vraiment, je me sentais totalement sous le charme de la jeune femme. Du coup, je voulais qu'elle me connaisse vraiment. Que cette page Wikipédia qu'elle a en tête se fausse et que je devienne vraiment Killian à ses yeux, et non plus l'auteur dont elle aime les écrits. Je lui avouais donc la vraie raison de ma venue à Londres, quelque chose qui m'était cher et très personnel, pour le coup. Peut-être ce qu'il y a de plus personnel dans ma vie. Mon cousin. Elle m'écoutait d'une oreille attentive alors que je finissais mon histoire, hochant la tête à certains endroits. Finalement, elle se mordillait la lèvre. Je devais avoir touché quelque chose de sensible chez elle aussi. Elle me souhaita d'y arriver. Je lui souriais alors, trouvant cela adorable de sa part et même presque encourageant. Même si finalement, cela ne dépendait plus de moi mais de Julian. Il me sembla qu'à ses propres mots, Prunille fronça les sourcils. Comme si elle avait dit quelque chose malgré elle ou, qu'elle n'avait pas prononcé les bons mots. A son tour, son visage si lumineux s'assombrit pour me raconter sa propre histoire de famille. Je l'écoutais à mon tour très attentivement. Mon visage prenait un peu son expression. Je trouvais cette histoire tout à fait tragique. Je pense que j'aurais réagi de la même manière qu'elle, finalement, dans le même cas et peut-être pire. Je voyais soudainement quelque chose qui souffrait devant moi, un secret, un lourd passé qui la hantait sans cesse. Je commençais à comprendre son amour pour les airs plutôt sombres. Comment imaginer qu'une jeune femme au visage si clair, vif et doux pouvait avoir une valise familiale si lourde et pleine de souffrances. L'imaginer en train de chercher sa mère à travers chaque femme mature qui pourrait être elle me fendait le coeur. Je fronçais les sourcils. Elle tournait le regard vers Hook, qui lui aussi semblait touché de sa confidence. « Tu sais, je pense que n'importe qui réagirait comme toi. Tu as besoin de l'image de ta mère, que tu aimes même si elle est partie loin de toi, que tu es prête à comprendre et à accepter dans ta vie. Finalement, tu refuses que ta belle-mère prenne sa place alors qu'elle est quelque part là dehors... C'est tout à fait compréhensible... J'espère que tu auras l'explication un jour. Mais, ne sois pas trop dure avec elle... En fin de compte, elle tente juste de combler un trou et une blessure béante dans le coeur de ton père, qu'elle aime, et elle tente sûrement de le faire dans la famille entière... Et je ne pense pas qu'elle t'en veuille pour cela. » J'essayais de lui donner des conseils, d'être là pour elle, parce que j'avais envie d'être là pour elle. J'avais envie de la protéger, envie d'être la bulle protectrice qui l'empêche d'avoir si mal. Elle en avait besoin, il me semble. Souffrir tant en étant si jeune, il n'y a rien de plus dur. Finalement, ça nous prive d'une certaine naïveté précieuse de la jeunesse.
Elle voulu tout à coup changer de sujet, ce que je comprenais aisément et elle reprit un sourire que j'adoptais à mon tour alors qu'elle revenait s'installer près de moi. Elle avait déjà hâte de lire le second calepin. Je ris presque à sa demande. Je prenais entre mes doigts le deuxième calepin que j'étais allé lui chercher, et je le tournais entre mes doigts. Il m'était très précieux, celui-là. Je le regardais un moment puis je relevais les yeux vers Prunille à qui j'allais partager des souvenirs enfouis. « Celui-là, c'est le plus précieux d'entre tous. Je l'ai rempli vers l'âge de quinze ans. Il y a quelques scènes, ou situations disons de mon tout premier roman, à Glasgow. » Je ne lui en disais pas plus, lui donnais et je m'éloignais pour reprendre du jus de fruits. Dans ce calepin, je racontais les deux choses les plus précieuses de ma vie : il y avait des scènes de fraternité, d'amour, de partage avec Julian. L'explication de nos deux prénoms qui rimait : c'était voulu pour nous unir. Des bêtises monstres qu'on avait pu faire, de nos promesses que l'un serait le parrain des enfants de l'autre, le témoin du mariage de l'autre et toutes ces promesses d'adultes futiles qu'on fait étant adolescents. Et deuxièmement, il y avait la scène la plus traumatisante de ma vie : la perte d'un petit frère. Il y avait d'abord des scènes où je caressais son ventre, où je décrivais des scènes de couples de mes parents quand elle était enceinte, ma grand mère faire des chaussons de bébé, moi et mon père peignant un berceau ensemble. Et puis l'accident : c'était arrivé un soir, alors que maman et moi passions une soirée tous les deux, elle avait commencé à perdre du sang. Beaucoup de sang. J'avais réussi à appeler les pompiers, les urgences et papa m'y rejoignit là-bas. Tu as fais ce qu'il fallait. me répétait d'infirmière alors que par la vitre, je voyais mes parents pleurer. Maman était stérile. Je l'ai entendu de la bouche du médecin. J'avais perdu mon seul petit frère, alors je l'identifiais en Julian. Julian, qui ignorait toute cette histoire et qui aujourd'hui, m'ignorait. Ensuite je décrivais l'amour de mes parents pour moi, et inversement. Leurs envies que je continue d'écrire, de réaliser mes rêves et la phrase qui changea tout « Après le lycée, on te paiera un an à Paris, Killian. » Cette dernière phrase était celle qui finissait le calepin, avec un dessin médiocre de la Tour Eiffel. J'attendais qu'elle ferme le calepin pour briser doucement le silence « En réalité, c'est le plus triste que j'ai pu écrire. Néanmoins, c'est ce qui fait ce que je suis aujourd'hui. » dis-je avec une pointe de positivisme, parce que même si je pouvais encore en souffrir aujourd'hui, j'avais appris à l'accepter et à aller de l'avant. Je souriais donc à Prunille, pour ne pas tomber dans le mélodrame non plus. Mais cela expliquait quelques scènes à Glasgow avec deux petits garçons inséparables puis la perte d'un être cher, dans une scène tragique de mon premier roman.
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(✰) message posté Dim 14 Déc 2014 - 12:44 par Invité
Elle a le don de tout rendre splendide
La jeune Prunille se confiait rarement, il existait peu de personnes qui connaissaient les tourments dont elle était victime. Elle s’en infligeait beaucoup volontairement, mais d’autres, bien plus gangréné par les souffrances passées, prenaient racine dans son esprit. Les mots de Killian furent bons à entendre, bons au profond de son cœur et sa seule réponse fut un léger sourire, une petite brillance dans ses pupilles. Elle était touchée, mais il était plus difficile encore pour la musicienne d’exprimer ses émotions que d’y mettre un mot. Aussi, elle garda le silence et préféra enchaîner sur le second calepin de l’auteur. Il ne sembla pas s’en offusquer et le prit dans ses mains, le serrant comme un objet précieux. La jeune musicienne ressentit immédiatement un trouble, un lien particulier avec ces écrits. Il lui confia que c’était le plus précieux d’entre tous. Elle eut un sourire, touchée à la fois qu’il veuille ainsi ouvrir les pages d’un livre intime pour elle, pour l’inconnue qu’elle était. Elle le prit, non sans un regard, comme l’attente d’un accord pour le lire. Et elle s’y plongea. Le temps s’allongea, le silence était présent, quelques fois perturbé par les grattouilles que Hook se faisait ou le craquement d’un meuble. Prunille tremblait. Elle était complètement imprégnée par sa lecture, ensevelie sous une vague de sentiments et d’émotions. Sous la souffrance, sous les souvenirs aussi bons que douloureux. De l’homme, elle n’en voyait que le jeune garçon encore triste de la perte d’un frère, de la perte d’un cousin. Elle le voyait en jeune adulte à prendre en main une situation délicate, elle sentait dans son cœur secoué sa souffrance. Les larmes glissèrent d’elle-même sur ses joues, la jeune fille était une sensible à l’extrême et ce petit calepin gravitait jusqu’à son cœur pour le tourmenter. La pulpe de son index glissa sur le dessin de la tour Eiffel avant qu’elle ne le referme en redressant ses yeux sur Killian. Elle esquissa un sourire à ses mots, hochant de la tête. Elle reposa le calepin sur la table : « C’est triste, mais aussi beau… Du rire aux larmes, on ressent tout. Il est précieux, comme tu le dis et je suis honorée, touchée de l’avoir lue. Je n’en parlerai jamais, je te le promets ! » Prunille lui offrit un sourire sincère, scellant ainsi la promesse qu’elle venait de faire. Son regard sur lui changeait. Il n’était pas qu’un homme sûr de lui, débordant de qualité et de perfection. Il était aussi ce jeune homme encore troublé par son passé. « Tout s’arrangera avec ton cousin, je l’espère de tout cœur. »
Elle porta une main à sa gorge dans une caresse douce, détournant son regard de celui troublant de Killian. Il venait, par ses écrits, de provoquer un nouveau sentiment chez la jeune fille qu’elle n’était pas certaine d’identifier encore. Ce n’était pas que de la compassion, il y avait autre chose derrière. Elle fronça des sourcils, prenant son verre pour se donner contenance et en vida le reste. Ses mains se reposèrent sur ses genoux et elle leva un regard vers lui. « Je pourrai t’offrir une composition un jour, je ne les ai jamais fait écouter parce que je ne les trouve pas terribles. Mais… j’ai quelque chose là, dans l’esprit qui me vient après la lecture de ton calepin et… lorsque je l’aurai mis en note, je te l’offrirai… » La musique semblait lui plaire, voilà la seule chose dont elle serait capable de lui offrir. Les mots ne seraient jamais suffisants et bien futiles. Le passé est le passé. Sans doute qu’il n’apprécierait pas non plus qu’elle s’en mêle, elle n’était après tout qu’une musicienne rencontrée dans un théâtre. Elle replaça une mèche rebelle derrière son oreille, observant la décoration de l’appartement dans le but d’éviter son regard à lui. Son ventre était douloureux, ses mains moites. Une myriade d’émotions se bousculait en elle, depuis peu, et la jeune curieuse en était quelque peu perturbée, perdue. « Je vais peut-être y aller, il est tard… » En vérité, elle ne voulait pas partir, mais elle ne pouvait pas rester indéfiniment chez Killian. Elle se leva, pour imager sa phrase.
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(✰) message posté Dim 14 Déc 2014 - 17:08 par Invité
Prunille ∞ Killian
Qu'importe, demain nous courrons plus vite, nous tendrons les bras plus loin et un beau matin... C'est ainsi que nous avançons, barque à contre courant, sans cesse ramenés vers le passé.
Elle avait voulu lire mon deuxième calepin. Celui-ci, que j'avais choisi alors qu'elle s'installait et caressait Hook, était le plus important pour moi. Mon but était de la toucher, mais pas l'écrivain, moi. Qu'elle me voit moi et plus l'écrivain qu'elle aime tant. Non pas que je lui en veuille parce qu'elle le voit plus pour l'instant, parce que c'est tout à fait normal. Elle a toujours imaginé Killian Fitzgerald comme l'écrivain, celui des romans qui l'emmène à Paris ou à Glasgow. Elle prit le calepin de mes mains, si impatiente de le lire. Je ne montrais pas de réaction mauvaise parce qu'au contraire, elle le prenait comme s'il s'agissait d'un trésor, ce qui me touchait. Je la laissais le lire, posant un coude sur mon genoux et une main sous le coude. Elle tournait les pages, complètement dans mon histoire. Elle avait l'air de découvrir quelque chose, de l'imaginer. Enfin, comme s'il s'agissait de sa propre histoire, elle laissa couler une larme. Je souriais. J'ai toujours pensé qu'une larme était pleine de sens, et que l'effacer n'était pas une bonne solution. De toute façon je n'aurais pas osé. Mon attention se tourna vers ses doigts qui caressèrent mon stupide dessin de tour Eiffel. Comme si la lecture lui faisait voir le monument. Puis elle ferma le calepin, le posa sur la table et releva les yeux vers moi, tout scintillants. Elle me touchait profondément. « Ta réaction était aussi très touchante, je te fais confiance ne t'inquiètes pas. Je suis ravi que ça t'ai plu. » Elle me souriait, c'était un sourire différent et un regard différent. Mais encore plus charmant. Je ne sais pas comment l'expliquer. « C'est gentil, merci, sincèrement. » Cela me touchait qu'elle l'espérait, même si ça ne changeait pas le comportement de Julian envers moi. Ca me donnait comme du courage, l'envie de m'entêter.
Elle tourna le visage, portant sa main à son cou. Elle fronça les sourcils et prit une gorgée de son verre. Elle semblait troublée. Je ne voulais pas t'avoir trop perturber non plus. Avant que je ne prenne la parole, elle s'adressa à moi, cassant ce silence. Elle me dit que je lui avais inspiré une composition. J'avais baissé mon sourire à son trouble mais je le retrouvais. Une composition. Ce serait un magnifique cadeau, d'une valeur incroyable pour moi. Je ne savais pas trop quoi dire, étrangement pour moi. Encore. « Wow. Je serais plus que ravi que tu le fasses et que tu le joues ensuite pour moi. C'est adorable. Pour être tout à fait sincère avec toi, je pense que cette rencontre va se retrouver dans mon nouveau calepin. Et peut-être dans le roman qui se passera ici, que j'ai déjà commencé. » avouais-je en souriant. Une composition, un roman. Nous nous inspirions l'un l'autre. C'était très étrange mais très agréable. Ça me faisait quelque chose, au fond de moi. Je n'aurais aucuns mots pour décrire sa façon de jouer, sa façon de sourire, sa façon juste d'être. Ses gestes étaient doux, comme sa voix, comme son prénom simplement. Elle était époustouflante et je me sentais vraiment étrange. Je ne me posais pas trop de question car je n'avais jamais été aussi bien depuis un certain moment... Elle tourna son regard vers mon appartement puis elle annonça qu'elle devait partir. Mon sourire s'abaissa un peu, parce que je ne voulais pas qu'elle parte. Je me levais avec elle en regardant l'heure. C'est vrai qu'il commençait à se faire vraiment tard. Je me râclai la gorge pour reprendre mes esprits. Je n'allais pas l'empêcher de partir. « Je vais te raccompagner, je profite pour sortir Hook. » pris-je comme... excuse. Oui c'était une excuse au fond de moi. Pour être un peu plus avec elle. Je pris ma veste, la laisse de Hook qui me sauta dessus pour que je l'accroche pendant que Prunille mettait son manteau. Je ris à la réaction de Hook. « Calme toi tu vas réveiller tout le quartier. » dis-je alors qu'il commençait à jouer avec sa laisse en aboyant doucement. Nous sortions avec Hook. Je restais près d'elle, pas trop non plus. Hook nous arrêta pas avant d'être chez elle, malheureusement. « Je vais te donner mon numéro. » dis-je avant qu'elle ne rentre ou ne dise quoique ce soit. On s'échangea nos numéros. « Tu pourras me faire écouter ça quand tu veux. On habite à cinq minutes de toute façon. A bientôt. » dis-je amusé. Je souriais. Je n'avais pas envie de faire un pas en arrière, et de m'éloigner d'elle. Mais il le fallait. Je lui souriais alors et baissa la tête pour me donner la force de me retourner et faire un mouvement de tête comme un au revoir et mes pieds réussirent enfin à s'éloigner d'elle. J'attendis d'entendre sa porte se fermer pour regarder à nouveau derrière moi. Puis je rentrais chez moi.