"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici I want you to stay  - Lexie  2979874845 I want you to stay  - Lexie  1973890357
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I want you to stay - Lexie

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() message posté Sam 16 Aoû 2014 - 12:45 par Invité




Quand il avait reçu son invitation pour cette soirée pompeuse, James avait immédiatement tenté de trouver un prétexte pour y échapper. Il avait envie de s’accorder une pause, monter à bord de son jet et parcourir plusieurs centaines de kilomètres dans les airs, juste pour le plaisir de se sentir seul. D’être le maitre du monde. Hélas, il n’y avait rien à faire ; sa présence était indispensable. Tout le monde savait pourtant qu’il détestait les réceptions mondaines ainsi que les simagrées des auteurs en mal de succès, cherchant à capter l’attention des éditeurs et autres critiques littéraires. Il trouvait tout ce beau monde extrêmement futile et cette histoire de remise de prix proprement affligeante. Chaque année, tout le monde connaissait par avance les noms des vainqueurs pour la simple et bonne raison que les auteurs n’étaient pas récompensés pour leur talent ou leur originalité, mais simplement pour l’argent qu’ils avaient apporté aux caisses déjà bien fournies de sa maison d’édition. Ainsi, on laissait de côté les jeunes auteurs talentueux et plein d’avenir pour venir féliciter des écrivains populaires dont les noms étaient à eux seuls de véritables mine d’or. De son côté, James tâchait toujours d’être juste dans son travail. Il ne récompensait jamais le plus populaire, mais celui qui selon lui était le plus méritant. Ainsi, il n’hésitait pas à ruiner la carrière d’un célèbre auteur en diffusant de lamentables critiques à son sujet ou au contraire, à attirer l’attention sur de jeunes écrivains encore dans l’ombre. Dans son domaine, James était extrêmement redouté car en plus d’avoir la main mise sur le monde de l’édition, l’homme n’avait pas sa langue dans sa poche. Il était celui qui avait le pouvoir de lancer une carrière ou au contraire, de l’anéantir, celui qui pouvait faire de vous le nouvel auteur en vogue ou bien ruiner votre carrière en l’espace de quelques semaines. Hélas pour ce soir, tout était différent puisque c’était le public qui votait. Les lecteurs. James se fraya un chemin dans le foule et comme il fallait s’y attendre, quelques auteurs peu scrupuleux ne tardèrent pas à l’aborder, espérant sans doute obtenir ses faveurs dans un avenir proche. Pathétique. Continuant sa progression au milieu de la foule, James ne tarda pas à apercevoir son reflet dans l’immense miroir de la salle de réception. Il avait choisi un smoking des plus raffinés pour l’occasion. Bien qu’il ait des allures de James Bond, l’éditeur poussa un profond soupir en apercevant son reflet. Les sourcils froncés et la mine boudeuse, il se scrutait avec un sérieux inébranlable – et tout à fait adorable soit dit en passant – se blâmant mentalement pour son allure de pingouin endimanché. Mais business is business et il ne pouvait se permettre d’enfiler une tenue décontractée à la va-vite pour ce genre de cérémonie. Quoi qu’il en aurait été capable… Bref.

James était sur le point de continuer son chemin lorsque soudain, il aperçu autre chose dans le miroir. Il avait la berlue ma parole !! Lexie se trouvait là, également. Elle était en train de … non, ce n’était pas elle !! Pas possible ! James se retourna brusquement et observa la scène. Un homme, manifestement l’un de ses auteurs, était en train de lui prendre la main pour y déposer ses lèvres. D’une part, que faisait-elle ici ? D’autre part, c’était quoi ce foutu gentleman des bacs à sable ?? Bon, ce n’était peut-être pas très malin de sa part de réagir avec tant d’amertume, mais il n’y pouvait rien. C’était une réaction parfaitement incontrôlable. James venait de reconnaître l’homme en question. Il s’agissait bien de l’un de ses auteurs. Pas le meilleur en plus. L’importun semblait adopter une attitude des plus charmeuses afin de s’attirer les faveurs de la jolie demoiselle. James aurait dû être habitué à ce genre de chose : ce n’était pas la première fois qu’il voyait Lexie être courtisée de la sorte. Mais cette fois-ci, c’était différent. Différent car elle semblait apprécier la présence de cet imbécile. James s’approcha de quelques pas, suffisamment pour entendre l’accent italien de l’homme. Mouais… cet italien à l’accent chantant parlait aussi bien l’anglais qu’une dinde française qui tenterait d’apprendre le russe à un allemand. C’était insupportable ! Non seulement il jouait au bellâtre sur le retour, mais en plus Lexie semblait se laisser prendre au jeu. Fichu italien de mes deux ! James s’avança vers le bar, sans quitter ces deux-là des yeux. Il soupira nerveusement et tapota ses doigts sur le marbre du buffet, les traits tendus, la bouche crispée et le regard sombre. L’agitation dont il faisait preuve face à l’insolence de cet italien était aisément palpable mais en aucun cas James ne se serait permis de le montrer ouvertement. Rebroussant chemin, James alla à leur rencontre, bien décidé à « ruiner » toute tentative de séduction de la part de cet importun. « Bonsoir. » James les interrompit en plein éclat de rire. Reconnaissant James, l’auteur lui adressa un bonsoir extrêmement chaleureux même si le regard de James ne quittait pas Lexie. Que diable faisait-elle ici ??? « Lexie tu es … ravissante. Quelle surprise de te voir ici.» Le regard pénétrant de James en disait long. Très long. Il voulait comprendre. Comme si elle lui devait des explications, ce qui n’était pourtant pas le cas. Pourtant, il voulait comprendre. Il le voulait vraiment.

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() message posté Sam 16 Aoû 2014 - 20:28 par Invité
Je parcours du regard la salle comble à la recherche du visage familier de mon amie. Cette dernière m’avait abandonnée au premier costume trois pièce qui l’avait abordée et je ne l’avais pas revue depuis. Je ne doutais pas que tout aille bien, elle m’avait eu l’air d’être en charmante compagnie. Cependant, il me paraissait de plus en plus compliqué pour ma part de justifier ma présence à cette remise de prix. J’ignore pourquoi je ne la laissais pas se débrouiller, pourquoi je ne rentrais pas chez moi. Elle m’avait parue angoissée, fébrile, un brin hystérique lorsqu’elle m’avait demandée de l’accompagner à cette soirée, qui ferait peut-être toute la différence dans la suite de ses projets. Cela avait été la seule et unique raison pour laquelle j’avais fini par accepter d’être son plus un. Elle allait m’être redevable pour de nombreuses semaines … Cette soirée peinait à débuter et j’en avais déjà perçu l’essentiel pour me faire ma propre opinion. La façon dont les hommes retirent vite leur main quand ils se la donnent pour dire bonjour. Ou cette femme qui vous demande comment vous allez tout en cherchant dans l’assemblée quelqu’un de mieux à approcher. J’aurais pu trouver tout cela triste si je n’étais pas plus occupée à m’en amuser. « Vous l’avez définitivement perdue, n’est-ce pas ? » Je reporte un regard interrogatif sur mon compagnon. « Votre amie. J’aurais aimé la remercier de vous avoir amené jusqu’à nous. » Je m’attarde sur ses yeux marron foncé, presque noirs, tellement que j’ai l’impression qu’ils essayent de me transpercer lorsqu’il me fixe de la sorte. Ses lèvres sont pleines et ne se sont pas départies d’un adorable sourire depuis qu’il m’a abordée. Mais ce sont ses mains qui me plaisent le plus. Elles sont grandes. Soignées. Mais rugueuses, je l’ai remarqué tout à l’heure lorsqu’il a attrapé la mienne pour y déposer un baiser. « Croyez-moi, j’ai également beaucoup de choses à lui dire. » Il rit et je ne peux m’empêcher de lui sourire également. Ses yeux sont pétillants, et je ne sais pas si son accent chantant y joue pour beaucoup, mais il me paraît être la personne la plus chaleureuse qu’il m’ait été donné de rencontrer ce soir. « Ne sois pas si dure avec elle. Elle a pu faire la rencontre d’un charmant inconnu, vous, plus que les autres, pouvez comprendre cela. » Manuel alterne le vouvoiement et le tutoiement avec un naturel plaisant. Cependant, il a beau s’être excusé plus tôt pour son anglais approximatif, je ne suis pas naïve. Ses intonations mélodieuses et la manière qu’il a quelques fois de buter sur les mots ou de déformer un verbe ont du en aveugler plus d’une. Je ne le nie pas, c’était tout à fait séduisant. Je reste cependant consciente des cartes qu’il déroule devant moi depuis quelques minutes. « Vraiment ? Et pourquoi ça ? » « Oh Alexandra, ne me faites pas ça, pas maintenant, pas comme ça. » Je le laisse faire lorsqu’il dirige ma main vers son cœur dans un geste dramatique et je ris à mon tour. « Tu es … Vous êtes absolument délicieuse. Les filles anglaises ont pourtant la réputation d’être plus … burbere ? Comment tu dis ? » Je plante mon regard dans le sien, véritablement amusée. Je devrais peut-être lui dire que l’italien était l’une des trois langues que je parlais couramment, un peu grâce à l’université, beaucoup grâce à mon ex. Mais cela enlèverait beaucoup du charme de notre échange. Je retire ma main et le confronte avec un sourire. « Alors dites-moi, Manuel, pourquoi êtes-vous ici ? Mon cas est établi, je suis victime d’une trahison, je viens de perdre une amie. Mais vous, est-ce que je passe la soirée avec un éventuel futur lauréat ? » Il prend un air fier mais est soudainement interrompu. « Bonsoir. » Je me détache de Manuel et un sourire sincère vient se dessiner au creux de mes lèvres tandis que j’aperçois James. Je ne suis pas surprise de le voir, comment le pourrais-je lors d’occasions comme celles-ci. À vrai dire, je l’avais aperçu un peu plus tôt, conversant avec les uns et les autres, je n’avais pas voulu m’immiscer, tant il avait l'air pris dans son univers. « James, bonsoir. » Je ne reçois en retour qu’un regard un brin troublant. Je ne m’attarde pas dessus, décidée à ne pas montrer impolie envers mon compagnon pour cette soirée. À en croire le regard admiratif que porte Manuel à James, je ne peux qu’en déduire que sa réputation le précède. James ne semble pourtant pas décidé à lui accorder son attention et je me tourne vers lui. « Vous vous connaissez peut-être ? Voici Manuel … Cortesi ? Manuel Cortesi », confirmais-je alors. J’ignore encore pourquoi mais je sens une certaine tension dans l’attitude de James. « J’attendais le bon moment pour venir te dire bonsoir, tu m’avais l’air très demandé. Et puis Manuel a eu la gentillesse de me tenir compagnie et le temps a passé. » Je laisse mon regard s’attarder sur James, un peu plus que ce que la décence imposait. J’ai appris au fil de nos rendez-vous qu’il n’affectionnait pas particulièrement ce genre de cérémonies et tout le protocole qui en découlait, il avait tord, il portait le smoking à merveille. Il m’en ferait presque oublier les yeux ténébreux du bel italien à mes côtés. Manuel qui engage d’ailleurs la conversation à son tour, tout en laissant s'attarder une main sur ma taille.
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() message posté Sam 16 Aoû 2014 - 23:49 par Invité




La tension était palpable, à l’instar de l’impatience dont James commençait à faire preuve. Son regard passa de Lexie à Manuel, et inversement. Sans blague ! Il l’intéressait vraiment ? Bon d’accord, l’homme - bel homme, soyons honnête ! – était un beau parleur et un séducteur de la pire espèce. Mais Lexie n’était pas naïve au point de tomber dans le panneau tout de même ! James ne sembla pas écouter les explications de la jeune femme, ou alors de manière distraite tandis que son attention était focalisée sur la main de son rival. Un rival ? Oui, c’est un peu comme ça que James percevait la situation. L’italien avait habilement manœuvré jusqu’ici et avait même l’intention de lui murmurer son envie de l’emmener promener au clair de lune. La galante compagnie de Lexie lui paraissait bien plus attrayante que cette soirée mondaine. En temps normal, James se serait fait une joie de partager la bonne humeur contagieuse de la demoiselle mais en l’occurrence, les regards insistants que Manuel portait à Lexie étaient en train de mettre ses nerfs à rude épreuve. Qu’attendait-il d’elle au juste ? C’était évident. Du moins, ça l’était pour James et c’est précisément ce qui le dérangeait autant. « Vous êtes décidément un homme très demandé, James. Nous nous sommes croisés au buffet tout à l’heure, mais vous sembliez en grande conversation avec notre hôte. Je n’ai pas osé vous déranger.» Cause toujours. James esquissa un sourire poli et acquiesça doucement. En réalité, il n’en avait strictement rien à faire de savoir que ce clown voulait le saluer. Son regard passa de nouveau de Lexie à cette main bien trop pressante qui se glissait subrepticement sur sa taille. Allait-elle finir par réagir ou bien appréciait-elle l’audace dont il faisait preuve ? « Lexie, je peux te parler une petite minute ? » Rien ne trahissait l’amertume éprouvée par James. D’ailleurs Manuel acquiesça, comme s’il donnait à Lexie son aval. C’était la meilleure celle-là !! L’éditeur observa l’intrus retirer sa main d’Alexandra et fit quelques pas un peu à l’écart de manière à ce qu’ils aient un peu d’intimité et qu’ils soient tout deux cachés des yeux de cet énergumène. Cette conversation n’avait probablement pas lieu d’être aux yeux de Lexie mais pour James, elle était indispensable. Attentivement, il fixa ses prunelles et plissa légèrement les yeux. Par où commencer ? Et surtout, comment s’assurer qu’elle ne le prenne pas mal ou ne mette cela sur le compte d’une jalousie soudaine ? Car non, James n’était pas un homme jaloux. Possessif, sans doute mais certainement pas jaloux. Il ne l’avait jamais été et ça n’allait pas commencer de sitôt. Il resta silencieux un instant puis ouvrit la bouche et attendit quelques secondes avant de se lancer. « Cortesi ? T’es sérieuse là, Lexie ? Ce type est l’être le plus abject qui puisse exister sur cette planète. Je ne voudrais pas t’alarmer mais j’ai bel et bien l’impression que ton nouvel ami cherche bien plus que te tenir compagnie si tu vois ce que je veux dire. Franchement Alexandra, je ne le sens pas ce type-là. As-tu vu ses manières ? Tout ceci me déplait beaucoup. J’irais même jusqu’à dire que ça me dérange.» Il n’appréciait pas le caractère présomptueux de cet individu aux manières bien trop douteuses pour être honnêtes. Pas besoin d’être fin psychologue pour deviner comment tout ceci allait tourner. « Je n’aime pas ses manières à ton égard.» Fidèle à ses habitudes, James n’avait nullement laissé paraître la colère qui était en train de le ronger. Il parlait avec un calme déconcertant, cherchant simplement à avoir une discussion constructive avec Lexie. Il tenait à lui ouvrit les yeux afin qu’elle ne se retrouve pas dans la pire des situations. Et puis, personne ne sait ce qu’il serait capable de faire si ce bouffeur de spaghettis s’approchait un peu trop près de Lexie. Sa Lexie. « J’aimerais que tu me fasses confiance. »

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() message posté Dim 17 Aoû 2014 - 1:59 par Invité
« Lexie, je peux te parler une petite minute ? » Si je n’étais pas si intriguée par son attitude, je me surprendrais presque à me sentir mal à l’aise pour la façon dont James s’évertuait à ignorer consciencieusement Manuel. Ce dernier retire alors sa main de ma taille non sans y avoir exercé une légère pression auparavant, comme pour me dire qu’il m’attendrait ici. Cet homme me faisait décidément beaucoup rire. Too much, compliments ostentatoires, beau parleur avéré, il avait l’air de tout assumer avec une aisance sans pareil. Quoiqu’il en soit, je n’ai guère le temps de m’attarder une nouvelle fois sur le signe qu’il me lance et je me laisse attirée par James un peu plus loin. Cette soirée devenait enfin intéressante, même si je n’avais pas encore tout à fait réussi à déchiffrer les pensées qui semblaient le perturber. Lire en James n’était pas chose aisée, disons même quasi impossible tant celui-ci se donnait un mal fou pour tout contenir en lui. Tout ce que j’arrivais à faire cependant était simplement de le laisser venir à moi, me parler. « Est-ce que tout va bien ? » Ses yeux balaient mon visage, j’ai l’impression qu’il cherche ses mots pour ne pas me brusquer et je commence à m’impatienter. « Cortesi ? T’es sérieuse là, Lexie ? Ce type est l’être le plus abject qui puisse exister sur cette planète. Je ne voudrais pas t’alarmer mais j’ai bel et bien l’impression que ton nouvel ami cherche bien plus que te tenir compagnie si tu vois ce que je veux dire. Franchement Alexandra, je ne le sens pas ce type-là. As-tu vu ses manières ? Tout ceci me déplait beaucoup. J’irais même jusqu’à dire que ça me dérange. » J’ai haussé les sourcils au début de sa phrase avant de reprendre une expression plutôt neutre, bien qu’honnêtement surprise par la tournure de notre échange. Je ne l’avais pas vu venir. Ainsi donc, James tenait à … me mettre en garde ? Face à quoi ? Contre qui, plus exactement ? Je n’avais pas tout de suite compris ce qui semblait le mettre en colère, mais je m’étais imaginé qu’il n’était pas des plus ravi de me retrouver ici, par surprise, dans son environnement professionnel. Pas qu’il n’était pas satisfait de mes fréquentations. Je l'écoute attentivement jusqu'à la fin avant de prendre à mon tour la parole, sans hésitation. « Excuse-moi James mais je ne comprends pas tout. Ai-je donné l’impression à un moment ou à un autre, sans m’en apercevoir, d’être une demoiselle en détresse attendant d’être sauvée ? Je ne subis rien. Si Manuel a ces manières envers moi, c’est parce que je l’autorise à les avoir envers moi. Pour qui me prends-tu ? Je ne suis pas naïve, je me doute de ce qu’il veut. Ou peut-être pas d’ailleurs. Peut-être est-ce juste une manière pour lui comme pour moi de rendre notre soirée un peu plus agréable. Et peut-être aussi que je saurais m’arrêter où je désire m’arrêter, accorde moi au moins ça. » Je garde un ton tout aussi calme et posé que le sien. Cependant, je laisse mes yeux s’ancrer dans les siens, il pourra aisément y lire l’assurance prendre la place de l’étonnement. « Je veux bien te faire confiance James, si tu as peur pour mon honneur, dis-le moi. Si tu préfères que je m’en aille pour que tu ne sois plus dérangé », insistais-je en reprenant ses termes, « dis-le moi. Si tu sais quelque chose sur cet homme que j’ignore et que tout ceci est personnel, dis-le moi aussi. » Je m’arrête un instant, me laissant ainsi le temps d’analyser une nouvelle fois l’expression de James. Venant de n’importe qui d’autre, j’aurais sûrement très mal pris ce genre de réflexions. Je ne suis pas du genre à accepter que l’on me dise quoi faire, ou avec qui. Cela m’avait déjà plusieurs fois joué de sales tours. Cependant, James restait James. Il avait ce je ne sais quoi qui me gardait près de lui, m’empêchait de m’éclipser comme d’ordinaire, changeait une possible contrariété en un véritable amusement. Aussi, je n’étais pas sur la défensive en lui répondant, je cherchais simplement à comprendre. James n’était pas jaloux, du moins je ne le pensais pas. Quant bien même, il pouvait l’être avec d’autres, et il ne me l’avait jamais confié, il n’avait pas à l’être en ce qui me concernait. Mais l’occasion est trop belle et je poursuis innocemment. « Est-ce réellement Manuel en particulier qui te dérange ? Ou adopterais-tu le même discours avec n’importe lequel des hommes de cette assemblée ? Parce que si c’est le cas, tu me semblais bien proche tout à l’heure de cette blonde ridiculement sublime, et je ne suis pas venue vous déranger pour autant, je t’ai même envoyé tous mes encouragements », finis-je sur un sourire, et en exagérant un brin le trait. Ce n’était bien sûr pas tout à fait vrai. Cette femme était en effet d’une beauté absurde. Mais sa manière de battre des cils effrontément à chaque phrase de James m’avait agacé plus qu’autre chose. Nous étions bien loin des encouragements. Il n’avait pas besoin de le savoir.
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() message posté Dim 17 Aoû 2014 - 11:52 par Invité




Certes Lexie était une grande fille, capable de se tirer d’une situation hasardeuse sans l’aide de quiconque. Pourtant, James ne pouvait se résoudre à la laisser seule avec Manuel. Il n’aimait pas ce type. Ses manières, son humour foireux, son accent chantant … soit autant de détails qui irritaient l’éditeur sans aucune raison apparente. Avec un sérieux inébranlable, il écouta l’argumentation de la jeune femme, soupirant de temps à autre pour marquer son désaccord. « Est-ce réellement Manuel en particulier qui te dérange ? Ou adopterais-tu le même discours avec n’importe lequel des hommes de cette assemblée ? Parce que si c’est le cas, tu me semblais bien proche tout à l’heure de cette blonde ridiculement sublime, et je ne suis pas venue vous déranger pour autant, je t’ai même envoyé tous mes encouragements » Une lueur indescriptible passa dans le regard de James à l’entente de ses premières questions et un sourire à peine perceptible se dessina sur ses lèvres. Il avait beau prendre Manuel pour cible, il était pourtant évident que James réagirait de la même façon avec n’importe quel homme ici présent. Pour une raison qui lui échappait encore, il n’avait pas la moindre envie de voir Alexandra en galante compagnie. Fort heureusement, il n’eut pas à répondre à cela tant il fut surpris par sa remarque concernant Amy, la fameuse blonde avec laquelle il discutait précédemment. « La différence étant que nous parlions affaires et que quelles que soient ses intentions, elles sont vouées à l’échec. » Elle était ravissante. Séduisante. Intelligente. Mais une proie trop facile, ce qui ne semblait revêtir aucun intérêt aux yeux de James. Quoi qu’il en soit, Amy n’était pas le problème du moment. James passa deux doigts sur son front puis agita doucement la tête de droite à gauche. « Très bien, puisque tu sembles savoir ce que tu fais je n’insiste pas. A quoi bon ? Tu es une grande fille. Si toutefois tu te lassais de la présence ô combien désagréable de notre ami, fais-moi signe.» A aucun moment son regard n’avait quitté celui de Lexie. Sans hésitation, James se détourna de la jeune femme pour aller vaquer à ses occupations. De toute évidence, une sensation des plus désagréables était en train de le ronger intérieurement. Une sensation nouvelle qu’il n’était pas capable de s’expliquer. Rejoignant un groupe d’hommes d’affaires, James s’immisça dans une conversation sur laquelle il ne parvenait pourtant pas  à se concentrer. Il écoutait l’échange d’une oreille distraite, tandis qu’il observait discrètement Lexie et son paon. Leur proximité devenait plus évidente de minute en minute et sans surprise, Manuel ne tarda pas à attirer Lexie sur la piste de danse en plein slow. Tandis que l’un de ses interlocuteurs se gaussait de sa toute dernière acquisition littéraire, James ne manqua pas de jeter un œil attentif en direction de Lexie et de son cavalier d’un soir dont l’attitude commençait sérieusement à lui chauffer les écoutilles. Il observait la scène et bientôt, les mains de l’italien descendirent bien au-delà du seuil acceptable ce qui ne manqua pas d’interpeller l’éditeur. Fort heureusement, les aptitudes de James à faire preuve de tact et de diplomatie n’étaient plus à démontrer. Son flegme légendaire était un gage de confiance et de sureté pour son entourage. Il était une force tranquille. De ceux qui peuvent se montrer extrêmement dangereux mais qui savent se contenir. Mais ne dit-on pas qu’il faut toujours se méfier de l’eau qui dort ? Car même s’il avait l’art et la manière de manipuler son entourage, James n’était pas infaillible et par conséquent, il ne fallait pas lui demander de rester de marbre lorsque la situation commençait à prendre vilaine tournure. S’il pouvait aisément concevoir qu’un autre homme puisse se délecter de la charmante compagnie d’Alexandra, James tolérait beaucoup moins que l’on puisse se montrer aussi entreprenant à son égard. C’était une question de principe et de bienséance. Lui qui ne rechignait jamais sur les bonne manières ne pouvait accepter le manque évident de courtoisie dont Manuel faisait preuve. Qu’il l’apprécie était un fait. Mais qu’il l’envisage comme une conquête potentielle n’était nullement acceptable. Fallait-il qu’il ait un sacré toupet pour croire le contraire. « Excusez-moi.» lança-t-il à ses confrères avant de se diriger à son tour sur la piste. En moins d’une fraction de seconde, James se matérialisa près de Lexie et se chargea lui-même d’ôter la main de Manuel. Toucher ainsi à Lexie était une grave, très très grave erreur. Manuel se tourna brusquement vers James qui de son côté, ne sembla pas perturbé outre mesure. Perturbé par quoi au juste ? Par le regard menaçant d’un homme pitoyable ? « Vous tenez vraiment à faire ça ? » L’homme était au bord du précipice. Un pas de plus, un geste de plus et c’était toute la fureur de James qui s’abattrait sur ses épaules. Calme en apparence, l’éditeur n’en demeurait pas moins prêt à agir en conséquence. La terre meuble était sur le point de céder et il suffisait d’un faux pas de la part de cet italien présomptueux pour se voir précipité dans les ténèbres. Involontairement, Manuel recula d’un pas. Sans ciller, il fixa les prunelles de son adversaire avec froideur. S’il pensait impressionner James d’une manière quelconque, il faisait une grossière erreur. A croire que chez les Westlake, on a ça dans le sang. Rien n’impressionnait. Rien ne faisait peur. Rien n’était insurmontable. S’il répugnait songer à ses ancêtres, James se devait pourtant d’admettre qu’il était de la même espèce que son géniteur. Un air de défi dans le regard, le jeune homme haussa un sourcil, attendant la moindre réflexion de la part de l’italien. Réflexion qui ne vint pas même si la tension entre les deux hommes était particulièrement palpable. « Ah mon cher Cortesi, vous voilà enfin !!! » Un autre invité venait de s’approcher de Manuel, un large sourire aux lèvres. Il n’avait rien perçu des minutes précédentes et semblait ravi de pouvoir échanger avec ce lamentable auteur. Après un regard noir lancé à James, Manuel se tourna pour saluer la personne en question. James en profita pour croiser le regard de Lexie. « S’il s’amuse à ça, je risque de ne plus répondre de mes actes. Présomptueux et d’une audace sans pareille, permets-moi d’être consterné. Je savais bien que ton galant était loin d’être irréprochable. »

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() message posté Dim 17 Aoû 2014 - 14:46 par Invité
« La différence étant que nous parlions affaires et que quelles que soient ses intentions, elles sont vouées à l’échec. » Cette dernière précision me satisfait un peu plus que ce que j’aurais cru. Que James puisse repousser les avances de cette femme absolument splendide m’intriguait légèrement tant elle m’avait paru entreprenante à son contact, j’aurais presque pu y voir les lueurs d’une ancienne histoire. Mais soit, si il me l’affirmait. Cependant, j’y perçois une nuance qui m’interpelle. Que pensait-il alors ? Que si les approches de cette femme étaient peine perdue à son égard, je me laisserais plus facilement attirer dans les filets de Manuel ? Après tout, si j’avais toujours eu un faible pour les italiens, j’étais également passée experte dans l’analyse de leurs tactiques de séduction. « Très bien, puisque tu sembles savoir ce que tu fais je n’insiste pas. A quoi bon ? Tu es une grande fille. Si toutefois tu te lassais de la présence ô combien désagréable de notre ami, fais-moi signe. » « Je prends note. » J’observe James s’éloigner aussitôt et évoluer parmi les invités pendant quelques secondes. Loin de moi l’idée de réellement l’agacer, le fait qu’il ne prenne pas ça à la légère, comme je le faisais, m’interpellait. Je n’ai pas le temps de m’attarder sur la question, Manuel me rejoignant, le sourire aux lèvres. Il ne s’est pas départi de son assurance, je dirais même que celle-ci s’est renforcée suite au départ de James, comme s’il percevait cela comme un signe de ma part que je l’avais préféré. Il me fait rire. Peu m’importe ses intentions, je ne cherche pas à concrétiser quoique ce soit avec lui. J’ai fini par reconnaître les hommes à femmes au premier coup d’œil. Je connais leur attitude et leur regard. Qu’ils ne pensent pas que nous sommes aveugles. Quand ils séduisent toutes ces femmes, en réalité, il s’agit toujours de la même. On change seulement de prénom, de peau, de taille, de voix. La couleur de nos cheveux, de nos yeux ou la longueur de nos jambes évoluent sans doute, ça ils en sont conscients. Mais quoiqu’il en soit, ils nous disent toujours les mêmes phrases, ont toujours les mêmes gestes, nous font toujours les mêmes choses. Les don juan sont, finalement, sans grande imagination. Les hommes timides ou courtois font preuve de plus de courage et de créativité. Cependant, ils ne me débectent pas, tant qu’ils ne me prennent pas également pour une cible innocente et inconsciente. J’ai tendance à croire que vous recevez le respect que vous imposez. En ce qui concernait Manuel, il réussissait simplement à transformer cette soirée jusque là décevante en un véritable divertissement. Il me cherche, faisant mine de ne pas se douter de l’effet qu’il peut produire. Je ne réagis pas toujours, me dégage même lorsqu’il tente certains contacts. Je pense que cela l’agace, alors il change ses approches, et tente de simple petits effleurements, subtiles, presque par accident. Faussement timides. Ses yeux rieurs et sa voix enjôleuse comblent enfin la superficialité de nos échanges, point que j’accorde sans mal à James dans un coin de mon esprit. « Est-ce que tu veux danser ? » J’accepte de me laisser entrainer sur la piste. Autour de nous, les couples de danseurs se forment également. Manuel place l’une de ses mains sous mon omoplate et souligne la distance raisonnable qu’il entreprend de garder entre nous. Au fil des minutes cependant, cette distance diminue et Manuel n’a plus qu’à pencher sa tête pour me murmurer ses réponses au creux de mon oreille. Je lui reconnais un certain talent. En effet, tout ceci reste tout à fait acceptable et respectable pour le lieu dans lequel nous nous trouvons. Manuel manie la séduction intrusive et les bonnes manières apparentes comme un véritable professionnel. À croire qu’il s’est exercé toute sa vie. Mais très vite, je sens une pression s’exercer entre Manuel et moi-même. Une main se pose sur son épaule et nous sépare fermement. Je pose mes yeux sur James qui vient de faire son apparition à nos côtés. S’il était parvenu plus tôt à parfaitement cacher son échauffement, celui-ci est désormais plus que palpable. Ainsi que celui de Manuel qui ne parvient plus à réprimer son agacement face à ses tentatives sabordées. « Vous tenez vraiment à faire ça ? » Je fronce les sourcils en me dégageant définitivement de l’étreinte de Manuel qui frémit d’irritation. « Allez, tout ça est ridicule maintenant. » C’est à peine si les deux hommes me jettent un regard. Ce qui finit de m’agacer. « Ah mon cher Cortesi, vous voilà enfin !!! » Je remercierais presque le nouveau venu qui attire l’attention de Manuel et qui nous empêche à tous de subir l’humiliation d’une scène publique. Scène qui allait sans aucun doute se produire vu l’expression de Manuel, prêt à en découdre. Et James ne me semblait pas plus disposé à garder son sang froid à la moindre réflexion. « S’il s’amuse à ça, je risque de ne plus répondre de mes actes. Présomptueux et d’une audace sans pareille, permets-moi d’être consterné. Je savais bien que ton galant était loin d’être irréprochable. » Il me regarde enfin. Quant à moi je ne l’ai pas quitté des yeux depuis son arrivée. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Sa mâchoire est contractée et ses bras tendus. « Tu n’étais pas en reste. J’ai failli vous laisser entre vous pour que vous puissiez jauger votre virilité en paix. Je me sentais de trop. » Je tente de réprimer l’agacement qui m’avait envahi durant cette scène et que je ne souhaitais absolument pas ressentir, pas envers James et surtout pas pour quelque chose d’aussi insignifiant que Manuel et ses belles paroles le temps d’une soirée. Cependant James ne dessert pas les dents, et je dégage distraitement une mèche de cheveux en levant les yeux au ciel. « Excuse-moi, mais s’il s’amuse à quoi ? Et que comptes-tu lui faire au juste ? » Je pose une main sur son bras droit et un éclair de malice traverse mes yeux, finissant de chasser ma contrariété. « Si je ne te connaissais pas mieux, je dirais que tu es … jaloux. Tu l’es ? Jaloux ? », demandais-je tandis qu’un sourire refaisait son apparition sur mes lèvres.
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() message posté Dim 17 Aoû 2014 - 16:42 par Invité




Aussi impulsif soit-il, James était loin d’être un imbécile. Fidèle à ses habitudes, il avait agi en toute discrétion, tant et si bien que la réception battait son plein et que personne n’avait remarqué ce petit dérapage. L’éditeur lança un regard par dessus son épaule afin de s’assurer que Manuel s’était bel et bien éloigné avant de focaliser toute son attention sur Lexie. « Excuse-moi, mais s’il s’amuse à quoi ? Et que comptes-tu lui faire au juste ? » Comme si elle n’avait pas remarqué le manège de cet imbécile ! Quand à savoir ce qu’il comptait lui faire … James était doté d’une imagination débordante. Il était sur le point de l’en informer lorsqu’il sentit la main de la jeune femme se poser sur son bras.« Si je ne te connaissais pas mieux, je dirais que tu es … jaloux. Tu l’es ? Jaloux ? » Jaloux ? Non mais elle délirait là ! Lui, jaloux ? Bien sur que non ! Disons juste qu’il n’appréciait pas les manières de Manuel et encore moins l’audace dont il faisait preuve à l’égard de Lexie. Admettre qu’il s’agissait de jalousie pure et simple n’était pas envisageable un seul instant. D’ailleurs, James n’était même pas certain que ce soit le cas. A vrai dire, l’éditeur n’était pas en mesure de donner un sens à ses propres réactions. Aussi loin que puissent remonter ses souvenirs, c’était bien la première fois qu’il sentait une telle tension s’instaurer entre lui et l’un des nombreux admirateurs de Lexie. D’ordinaire, il ne se préoccupait guère des fréquentations de la demoiselle, partant du principe que ça ne le concernait pas le moins du monde. Mais ce soir, la donne était sensiblement différente. « Allons Lexie, ne dis pas n’importe quoi. Il s’agit simplement d’une question de principes. Crois-tu vraiment que cet endroit soit propice à un tel comportement ? Son attitude désinvolte ne me plait guère et je n’apprécie pas non plus qu’il ait pu jeter son dévolu sur toi. Je te l’ai déjà dit, Cortesi est sans aucun doute l’homme le moins fréquentable de cette assemblée. Puis d’abord, qu’est-ce que tu peux bien lui trouver à cet énergumène ? » James avait prononcé ces derniers mots avec un dégoût évident et sans nulle crainte que quelqu’un puisse surprendre leur échange. Pas même le principal intéressé qui conversait à quelques mètres d’eux. Vraiment, James ne comprenait pas comment il avait pu attirer l’attention d’Alexandra. « Je pensais que tu aimais les hommes un peu plus distingués que ça. » James soupira doucement. Il savait parfaitement pour quelles raisons Alexandra faisait tout cela. Ils avaient eu l’occasion d’en parler à mille et une reprises. Elle lui avait déjà confié ses souffrances et la manière dont elle parvenait à se détacher de la douleur le temps d’un instant. James savait qu’il ne devrait sans doute pas s’engager sur ce terrain glissant et pourtant, il ne résista pas à l’envie de lui dire ce qu’il avait sur le cœur. « Tu n’es obligée de rien. Ni avec lui, ni avec un autre. Crois-moi, si je pouvais t’ôter toute cette douleur qui semble te paralyser… je le ferai. Tu sais pourquoi ? Parce-que ça me fait mal. Ca me fait mal de savoir que cela te torture, et que tu veuilles te perdre à ce point chaque fois que tes pensées vacillent. » Il savait très bien tout ce qu’elle faisait pour ne pas penser à ce qui la torturait autant. Mais il n’avait pas envie d’assister à cela. Pas ce soir. Pas avec Manuel. James soupira avant de s’approcher d’elle et de s’emparer doucement de son visage entre ses mains, caressant ainsi ses joues à l’aide de ses pouces tandis qu’il lui souriait tendrement. Dans ces moments-là, James avait toujours l’impression de redessiner le contour d’une œuvre d’art. Il osait à peine la frôler de peur de la briser en mille morceaux. « Je pourrais te dire que je suis désolé d’avoir interrompu votre échange, mais je ne le suis pas. Je n’ai pas envie de te voir avec lui. Je n’ai envie de te voir avec personne ici présent. » Jalousie, possessivité, appelez-ça comme vous le souhaitez. Toujours est-il que James n’avait pas envie de passer la soirée à observer Lexie passer d’un homme à l’autre. « Est-ce là ce que tu souhaites ? Que je m’en aille et vous laisse ensemble ?  Si tel est ton désir, je m’exécuterai. Mais je veux te l’entendre dire.»

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() message posté Dim 17 Aoû 2014 - 19:08 par Invité
« Allons Lexie, ne dis pas n’importe quoi. » J’ôte ma main de son bras en plongeant un regard rieur dans le sien. James était bien loin d’être prévisible. Il était même tout le contraire, et il me fallait sans cesse user de toutes mes ressources pour découvrir ce qu’il cachait si bien derrière son flegme à toute épreuve. Cette caractéristique avait plutôt tendance à me plaire. Mais sa réponse à ma question était pourtant si attendue que j’aurais pu la prononcer mot pour mot en même temps que lui. Le contraire m’aurait étonné. Que James soit jaloux ou non, il ne me l’aurait jamais avoué. Et même, il ne le se serait jamais avoué. Mais il avait beau argumenter, je ne comprenais toujours pas ce qu’il reprochait concrètement à Manuel. C’était un charmeur, un bourreau des cœurs qui jouait de ses atouts. Soit, c’était un fait établi même pour moi qui venais de faire sa connaissance. Et alors ? « Puis d’abord, qu’est-ce que tu peux bien lui trouver à cet énergumène ? » Je hausse les épaules distraitement, consciente que je ne le convaincrais pas. « Il est distrayant. Et solaire, ça doit être son accent », plaisantais-je légèrement. « Je pensais que tu aimais les hommes un peu plus distingués que ça », lâcha-t-il avec un soupir. J’ai envie de lui répliquer que ça ne court pas les rues mais je réprime ce réflexe, ne voulant pas en rajouter. Après tout, que répondre à ça ? Je ne leur demande pas grand chose d’autre que de me redonner un certain sens du possible. C’était déjà énorme. Je ne demande en général pas plus. Simplement ressentir que c’était encore plausible, que ça ne se résumait pas à ce que j’avais perdu et à ce que je perdais un peu plus chaque jour. C’est ce que je recherchais et c’était déjà une grande avancée lorsque cela s’avérait possible. James était sorti du lot et j’en avais été la première surprise. Qu’il ne croit pas qu’ils étaient tous comme lui. « Tu n’es obligée de rien. Ni avec lui, ni avec un autre. » Mon cœur rate un battement lorsque je réalise le chemin qu’il emprunte. Je détourne les yeux, décidée à ne pas laisser paraître quoique ce soit, à ne pas soutenir son regard, à ne pas l’encourager à continuer. Pourtant, James poursuit et malgré ce que je montre, je l’écoute attentivement, j’essaye de comprendre et ne rien perdre du sens de ses mots. Qu’est-ce qui lui fait mal ? Qu’est-ce qui pouvait bien émaner de moi à ce point que je n’arrivais pas à cacher, à enfouir ? Et en quoi cela pouvait-il bien le toucher au point qu’il me le dise ? Au fur et à mesure qu’il parle, ce qu’il insinue ressurgit, avec les blessures et le reste. Il m’avait fallu un effort considérable pour lui confier ce que je ressentais, pour essayer de lui expliquer ce que j’avais été incapable d’expliquer à de nombreux avant et après lui. Et ça m’avait tué de lui dire car c’était comme lui donner les armes pour m’achever ou me faire interner. Ce n’était qu’un énième moyen de lui prouver que je n’allais pas si bien que je voulais le faire croire, que j’avais cette manie de repousser tout ce qui pourrait être bien pour moi. De lui montrer que je ne croyais pas au bonheur accessible. Que j'en faisais une analogie avec l'eau, qui glisse entre les doigts d'une main étonnée de ne rien retenir. Je le lui avais dit. Et il ne voulait apparemment pas l'entendre. Je ne suis obligée à rien. Peut-être que si. Peut-être que c’était le seul moyen pour moi et pour l’instant. Il y a forcément des passages à vide, on ne peut pas être heureux tout le temps. C’est bien triste car le temps m’est compté et file à toute allure en ce qui me concerne, alors je fais comme je peux. Je ne réponds pas, par peur que ma voix souligne une sorte de mélancolie ou de blessure que je cherchais à cacher. Cependant, ça ne prend pas. Je suis consciente que c’est cette manière d’être évasive qui aiguise souvent l’attention. Que ce sont les non-dits qui renseignent le plus, les silences qui trahissent une vérité et mes yeux détournés qui le conduisent à regarder exactement où je ne voulais pas. Ça n’y manque pas, James s’approche et mon regard croise alors le sien lorsqu’il s’empare de mon visage. Je m’efforce de retrouver mon aplomb ordinaire. J'essaie de ne rien montrer mais mon cœur veut les choses autrement. Je me tue à essayer de faire croire qu’il n’avait pas visé juste, que je n’étais en rien décontenancée. Je voudrais bien, mais lorsque mes yeux brillent et que mon cœur s'accélère, une chose est sûre, c'est fichu. Certains de mes regards mettent mon cœur à nu et il me faut une fraction de seconde avant de redevenir moi-même, soit avant de retrouver une contenance. « Je veux … Je veux qu’on arrête de se comporter envers moi comme si j’étais une chose fragile prête à se briser. Je me fiche de cet homme, s’il t’irrite à ce point, d’accord. Je ne cherche pas à t’agacer. Mais Manuel joue et s’importe peu de savoir ce que ça implique, c’est tout ce qui m’intéressait. » Je porte une main sur son avant-bras, je ne sais pas si c’est pour éloigner sa main de ma joue et l’empêcher de rebondir ou s’il s’agit au contraire de le remercier de sa présence.
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() message posté Dim 17 Aoû 2014 - 19:55 par Invité




Parfois, James allait beaucoup trop loin. C’est à croire qu’il prenait un véritable plaisir à outrepasser les limites. C’était dans son tempérament d’agir ainsi et de constamment jouer avec le feu. C’est aussi ce qui faisait de lui un homme audacieux et manifestement prêt à contourner les dictats de la société. Pas de sentiment. Pas d’implication. Partant de ce constat, il n’était pas bien difficile de faire preuve d’un franc-parler redoutable. Y compris avec Lexie. « Je veux … Je veux qu’on arrête de se comporter envers moi comme si j’étais une chose fragile prête à se briser. Je me fiche de cet homme, s’il t’irrite à ce point, d’accord. Je ne cherche pas à t’agacer. Mais Manuel joue et s’importe peu de savoir ce que ça implique, c’est tout ce qui m’intéressait. » Interprétant un peu trop hâtivement la présence de sa main sur son avant bras, James mit un terme à ce contact terriblement agréable entre eux. Que pouvait-il répondre à cela ? « Très bien. Je suis néanmoins surpris par l’ardeur avec laquelle tu refuses de me laisser franchir cette barrière que tu dresses constamment entre toi et le reste du monde. Les règles de notre accord restent pourtant inchangées, il n’est pas question de s’impliquer. Ce qui ne veut pourtant pas dire que je n’ai pas le droit de te donner quelques conseils. En ami. Et en tant que tel, je t’assure que je ne ferai jamais rien qui puisse te nuire d’une manière quelconque. Bien au contraire. » La réputation de Manuel Cortesi le précédait amplement. James commençait à bien connaître le personnage et au-delà de son visage angélique, se cachait un homme qu’il fallait impérativement éviter pour peu que l’on soit une femme. Y compris une femme forte et indépendante comme Lexie. Malgré tout, les mauvaises manières de l’italien n’étaient pas la seule et unique raison pour laquelle James ne souhaitait pas le voir tourner autour d’Alexandra. Il n’avait tout simplement pas envie d’assister à cela. Entre ce qu’elle lui racontait de ses péripéties galantes et le fait d’en être témoin, il y avait tout un monde. James avait beau être le premier à se comporter comme un véritable goujat envers Lexie, il ne supportait pas de voir un autre en faire autant. Parce qu’en dépit des apparences, James savait parfaitement ce qu’il pouvait se permettre et ce qu’il devait à tout prix éviter. Pour elle. Pour lui. Même sur une situation qui semblait totalement incontrôlable, il parvenait à tout maîtriser. Fichue manie !! Mais hélas, les autres ne s’embarrassait pas de toutes ces choses. Il avait simplement peur qu’elle finisse par en payer le prix un beau jour. « Tu n’es pas une chose fragile prête à se briser. Du moins, je n’ai jamais perçu les choses de cette manière. Tu as simplement toujours été la plus forte car tu étais obligée de l’être… Un peu comme si les autres avaient quelqu’un sur qui se reposer alors que tu ne pouvais compter que sur toi-même. » James avait toujours eu beaucoup d’admiration pour elle. C’est aussi ce qui lui plaisait chez Lexie. Ce mélange de force et de fragilité qu’elle tentait tant bien que mal de dissimuler. Mais il n’était pas dupe. James était même extrêmement fin dans ses analyses. Soupirant doucement, il ne tarda pas à acquiescer de nouveau. Il n’avait rien de plus à ajouter. Son regard se posa sur Manuel qui conversait toujours avec quelques admirateurs de sa médiocrité littéraire. De temps à autre, il souriait à Lexie ou bien lançait un regard noir à James. Regard qui lui était instantanément rendu. « Je sais ce que ça fait. Moi même, je n’ai pas envie d’avoir besoin de toi, parce que c’est dangereux. Parce-que je sais que ce n’est pas bien. C’est pour ça que je n’ai appris à compter que sur moi-même. Comme tu l’as fait. Alors oui, je comprends parfaitement ce que tu essaies de faire. Tu joues, sans te soucier de ce que ça implique. Moi je respecte les règles. Manuel ne le fera pas.» C’était une ultime mise en garde. D’un pas assuré, l’éditeur s’avança vers la jeune femme et déposa un baiser sur son front. Au même instant, il croisa le regard de Manuel et sembla se réjouir de la réaction que ce simple baiser engendra chez lui. James esquissa un léger sourire, à peine perceptible. Manuel ne faisait pas le poids à ce jeu-là. « Si tu as besoin de moi … pour lui casser la gueule par exemple, appelle-moi.» Cette fois-ci, ses lèvres s’étirèrent en un sourire franc tandis qu’il amorçait quelques pas en arrière afin de la laisser seule. Seule avec un autre que lui.

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() message posté Dim 17 Aoû 2014 - 23:44 par Invité
« Je sais ce que ça fait. Moi même, je n’ai pas envie d’avoir besoin de toi, parce que c’est dangereux. Parce-que je sais que ce n’est pas bien. C’est pour ça que je n’ai appris à compter que sur moi-même. Comme tu l’as fait. Alors oui, je comprends parfaitement ce que tu essaies de faire. Tu joues, sans te soucier de ce que ça implique. Moi je respecte les règles. Manuel ne le fera pas. » Décidément. Cet homme n’arrivera pas à s’attirer les faveurs de James. Je dois dire que ça me peinait presque pour lui. Car j’avais bien vu l’engouement sur ses traits tout à l’heure lorsque James nous avait abordés. Vu la tournure des évènements, j’avais presque envie d’aller le prévenir que s’il espérait un quelconque appui professionnel de la part de James, c’était voué à l’échec. Le voilà qui m’adresse d’ailleurs un sourire entendu non loin de là, et j’intercepte un regard noir de James à son encontre. Je me mords l’intérieur de la joue, à moitié amusée par ce petit jeu que les deux hommes n’avaient pas l’air de vouloir abandonner. Je ne suis d’ailleurs pas dupe, et lorsque James s’approche à nouveau de moi pour me déposer un baiser sur le front, je ferme les yeux une seconde pour tenter de réfréner un sourire en coin. J’observe ensuite James faire quelques pas en arrière. Peut-être que je devrais le retenir maintenant, au lieu de faire durer les choses. Je ne saisissais pas trop ce que chacun attendait de moi au cours de cette soirée. Et en parlant de ça, une silhouette familière passe à côté de moi et j’attrape sa main au passage pour attirer son attention. « Anna enfin. Dis, est-ce que tu as vraiment besoin de moi ? Je peux partir, tout va bien, et tu me raconteras demain ? » Mon amie se retourne pour me faire face et fait les gros yeux comme si je venais de lui annoncer la pire de mes pensées. « Oh non, Lexie ! Reste, prends un verre, j’ai besoin de toi, ça ne fait que commencer. Et puis je suis ton chauffeur, tu ne peux pas partir ! » Je m’apprête à riposter mais elle me fait taire avec un s’il te plait silencieux et sa façon de joindre les deux mains comme pour me supplier finit de me clouer le bec tandis qu’elle disparaît déjà dans l’assemblée visiblement à la poursuite d’un homme d’un certain âge. J’ai envie de la tuer. Subitement. Je me fraye un passage, retourne un sourire à ceux et celles qui me saluent sans trop savoir qui je suis et me voici quelques secondes plus tard à l’extérieur. Je m’approche de la rambarde sur laquelle j’appuie mes deux mains et respire profondément l’air frais qui s’était installé au cours de la soirée. La terrasse donne vue sur le jardin du propriétaire, ou devrais-je dire un véritable parc. C’était absolument magnifique et j’avais du mal à comprendre pourquoi cet endroit n’était-il pas plus investi par les autres invités. « J’ai eu un mal fou à vous retrouver », entendis-je dans mon dos. J’incline la tête en reconnaissant les intonations profondes de mon ancien compagnon mais ne me tourne pas pour autant pour lui faire face. « Tout le monde est à l’intérieur, quelqu’un s’est enfin décidé à prendre la parole, ils sont tous captivés. » « Mais vous non ? » Il hausse les épaules et je sens sa main se poser dans le creux de mon dos tandis qu’il fait à son tour face à la vue. Et nous voilà repartis. Je pouvais au moins lui reconnaître une certaine constance. Certains hommes se seraient déjà lassés, n’auraient pas voulu s’encombrer des soucis d’une compétition et se seraient déjà détournés vers une autre proie. Je persiste à rester aimable. Après tout, malgré les avertissements de James, il ne s’était pas montré discourtois à mon égard. Je m’efforce de sourire lorsqu’il s’adresse à moi dans sa langue maternelle, feignant une nouvelle fois de ne plus trouver les mots. Mais lorsque Manuel incline sa tête et approche ses lèvres près des miennes, je ne peux m’empêcher de détourner le visage au dernier moment, en m’excusant poliment. Manuel acquiesce, fait mine de comprendre mais paraît soulagé lorsqu’une des serveuses de la soirée nous rejoint sur la terrasse pour nous proposer une coupe et nous signifier que notre hôte allait à son tour prendre la parole. Il m’adresse un sourire et s’éclipse. Je lève les yeux au ciel et le regarde se fondre parmi l’assemblée réunie au centre de la pièce. J’apprécie assez l’obscurité dans laquelle je me trouve, qui contraste à la lumière vive et chaude qui se dégage de l’intérieur. Je dispose ici d’une vue parfaite sur les convives qui, eux, doivent avoir du mal à me distinguer, à moins de réellement le vouloir. J’aperçois d’ailleurs James près du comptoir et retiens l’hôtesse au dernier moment. « Tout compte fait, pouvez-vous adresser cette coupe à James Westlake ? » Je lui indique sa position, remarque une lueur de doute dans ses yeux et ai envie de lui demander si elle pensait qu’il arriverait à déchiffrer mon message ou si je devais y ajouter un décodeur. Envie que je retiens une nouvelle fois, inutile d’alimenter une tension qui n’existait que de mon côté. Quelques minutes plus tard, j’aperçois James qui me rejoint. Je le regarde un instant, puis laisse échapper. « Tu as rompu le charme, c’est exaspérant. » Il prend place à mes côtés, face aux convives et je demande, taquine. « Alors dis-moi, qu’est-ce que tu as d’autres à m’apprendre de juteux sur les gens ici présents ? D’autres goujats que je devrais éviter, des anecdotes intéressantes sur un écrivain reconnu que je pourrais négocier demain, quoique ce soit ? » Je lui lance un regard et ajoute plus doucement, avant qu’il ne me réponde. « Merci d’être mon ami. À notre façon. Je n’essaye pas de te mettre à l’écart, crois moi. Du moins, pas volontairement. Un peu comme toi en somme », finis-je en esquissant un sourire.
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