"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Flesh without blood, life in the vivid dream + Julenia  - Page 2 2979874845 Flesh without blood, life in the vivid dream + Julenia  - Page 2 1973890357
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Flesh without blood, life in the vivid dream + Julenia

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() message posté Dim 7 Fév 2016 - 15:22 par Invité

“Hour after hour I tried to find a compromise. Ignore the painful demise. But we keep on falling, in and out.” Je me demandais souvent ce que Ginny aimait vraiment. Pourquoi m'avoir choisi ? Elle était probablement attachée à l'idée qu'elle se faisait de notre rencontre. Elle repensait au jeune garçon éloquent, celui qui parlait de proses et de poésies avec une expression lumineuse et un air intelligent. Elle imaginait ses yeux bleus, regardant dans le vague alors qu'elle s'élançait sur le sable en agitant les bras comme une mouette. Mais je n'étais plus cette personne. Mon visage avait perdu son allure juvénile et ma voix s'était lassée de répéter les mêmes images littéraires. Aujourd'hui, j'étais un journaliste aigri qui jouait avec les bilans des grandes firmes pétrolières en jugeant d'un œil critique la richesse d'un monde capitaliste qu'il méprisait de toute mes forces. J'étais un être vorace et contentieux, qui se plaisait dans la froideur d'un bureau perché au sommet des nuages. Je travaillais pour oublier. J'écrivais pour exister. Et j'aimais en franchissant toutes les limites raisonnables du sentiment. Mon caractère était trempé dans le feu. Il s'épandait sur mon profil de rapace et contournait les arabesques de mes boucles dorées. Je n'étais pas le meilleur choix. Je n'étais même pas sûr d'être un choix. Je frémis en agitant les épaules, pourtant je n'étais pas prêt à la laisser partir. Je ne pouvais pas me séparer d'Eugenia. Mon cœur s'élevait dans ma poitrine, comme pour diriger mes émotions. Comme pour trouver un sens à mes pensées. Ma colère pouvait-elle combler le vide qui se creusait entre nous ? Il y avait une justification à tout. Notre amour était vaste et compliqué. Il représentait un univers de choses dont l'unique destination était de réunir les deux fragments de nos cœurs manqués, de redonner la vie à un corps handicapé en le dotant de nouveaux organes sensibles à la magie. Je crispai la mâchoire en esquissant une ébauche de sourire. Je remarquais son attitude rigide et la petite veine qui se formait sous ses cernes lorsqu'elle tentait de contrôler ses spasmes musculaires. Je notais toutes les irrégularités de ses positions, de ses mots et de ses humeurs. Mais je ne savais pas encore les embrasser et en définir l'objet. J'étais bien inutile lorsqu'elle devait lutter contre sa condition. Elle voulait simplement que je sois présent pendant ses moments de faiblesses et je ne supportais pas de la voir se tordre sans que ses jambes ne puissent suivre les mouvements de sa poitrine chevrotante. Je ne pouvais pas soulager sa souffrance en l'aimant de manière ordinaire. Parce qu'elle n'était pas ordinaire. Mes mains restèrent figées sur sa jambe. Je la sentais tressaillir sous mes pressions mais ce n'était qu'un réflexe. Eugenia ne bougeait plus. Elle ne bougerait probablement plus jamais. Cette constatation me rendait profondément triste mais je n'avais pas le droit de l'exprimer. Il y avait des chagrins que nous gardions sous silence. Il y avait des déceptions qu'il valait mieux ignorer. C'était ça notre équilibre. «Ne dis pas de bêtise, il y a une bonne couche de graisse entre ma peau et elles maintenant, » Elle ne souriait pas. Je l'avais probablement blasé avec mes tentatives d'humour douteuses et mon comportement versatile. Je hochai la tête sans répondre à sa réflexion. Les jumelles étaient protégées par sa bienveillance. Elles grandissaient au sein de ses entrailles, les membres repliés en position fœtale sous l'étreinte chaleureuse de son ventre. «Je devrais être déchargée dans la journée si mes analyses sont bonnes. Attends je vais te faire de la place. » Déclara-t-elle en appuyant ses bras sur la poignée de potence. Elle se décala afin de m’accueillir et j'étendis mes bras afin de raffermir ma prise contre sa poitrine. Je reconnaissais honteusement mes fautes. Et je savais que je ne lui avais pas menti. J'avais fuis le premier jour avant de réaliser au bout de quelques heures seulement, que l'air glacé d'Irlande ne faisait que me rappeler ma stupidité. Elle m'avait manqué. Horriblement manqué. « J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose, Jules. J’étais morte d’inquiétude.» Murmura-t-elle d'une voix fluette. Je ressentis un pincement douloureux, et sans m'en rendre compte, je soupirai en caressant ses joues. J'embrassai son front en souriant. «Je sais.» Mon regard se fixa sur sa bouche tremblante. Je caressai  le bout de son nez avec délicatesse avant de me retourner pour surplomber son expression triste. «Ma dernière présentation était particulièrement stressante. Je me suis assoupi en préparant mes fiches, puis je me suis réveillé en sursaut et j'ai dû courir partout pour gérer les contraintes logistiques. Je suis désolé. Je ne t'ai pas appelé parce que je me suis laissé prendre à mon propre jeu. Je suis trop compétiteur je voulais... Je suis désolé.» Soufflai-je en faisant la moue. Je devais au moins lui donner une explication. Elle s'était retrouvé à l’hôpital parce qu'elle était douce et avenante. C'était une épouse aimante et sensible. Tandis que de mon côté, j'étais égoïste et lâche. Je prônais les valeurs de la noblesse sans réellement me conformer à l'élégance de leurs significations. Je m'en voulais beaucoup. Je me sentais coupable au point de m'enfermer dans la salle de bain et de m'allonger sur le carrelage froid. Je voulais fermer les yeux et enlacer la silhouette invisible de la seule figure maternelle que je connaissais : le silence. «Tu crois que je mérite un bisou même si je me suis pas lavé depuis deux jours ?» Marmonnai-je en approchant timidement de sa bouche. Je tentais de la retrouver. Toujours.
 
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() message posté Dim 7 Fév 2016 - 19:36 par Invité
julian & eugenia — dead souls don’t belong in living bodies, they only know how to haunt and wander cloudless skies, demons play with their hearts like toys, and fill their blood with despair, yet we kissed and somehow felt ourselves ignite. we may be as old as stardust, but we can shine like newborn star. ✻ ✻ ✻ J’avais un bras autour de lui, l’autre contre mon ventre, comme si je voulais m’assurer que nos filles étaient bien là, comme si elles pouvaient me permettre d’être plus courageuse que je ne l’étais. Julian avait tant remis en question sa paternité à voix haute si bien que je n’avais jamais osé en faire de même avec ma maternité ; cependant, cela ne m’avait pas empêché de me demander si c’était un rôle fait pour moi, si j’étais suffisamment mature pour devenir mère. Après tout, j’étais handicapée. Me lever la nuit lorsqu’elles pleureront sera un véritable calvaire. Les promener en poussette ne sera pas possible dans mon cas. Même les berceaux seront sans doute bien trop hauts pour que je puisse les atteindre ; j’avais pensé à toutes ces choses, anxieuse, rongée par mes angoisses. J’y avais pensé mais je n’avais pas partagé ces craintes parce que j’étais condamnée par mon choix. Puis, également, j’étais âgée de seulement vingt-trois ans. J’étais encore bien jeune. Bien immature. Je passais plus de temps à pleurer qu’à me relever. J’étais trop émotive et sensible, au point d’être incapable de m’occuper de moi lorsque je m’inquiétais tout simplement trop.
Handicapée, jeune. Et la liste était encore bien longue.
Je m’étais rappelée des mots que l’on m’avait craché au nez, au lycée. Les gens comme toi ne doivent pas se reproduire. Les gens comme toi mettent au monde des monstres. Les gens comme moi, oui. Les gens si étranges et si décalés. Les gens si anormaux et si bizarres. Je ne voulais pas que nos filles subissent les horreurs de la société comme j’avais bien pu le faire. Je ne voulais pas qu’elles soient montrées du doigt si elles se montrent tout simplement différentes des normes. Je ne voulais pas qu’elles se lèvent le matin, la boule au ventre, comme j’avais bien pu le faire.
Et si l’objet de leur différence était moi ?
Et si elles refusaient d’aller à l’école par ma faute ?
Je ne voulais pas de tout cela. Je ne voulais pas de ce monde pour elles. Je ne voulais pas continuer de louper tout ce que je pouvais bien entreprendre, surtout si elles étaient concernées, elles.
La solitude ne me convenait pas, au fond. J’étais sans cesse assaillie par la noirceur de mes pensées. Je trouvais toujours de nouveaux sujets pour lesquels m’inquiéter. Pour lesquels me blâmer. Je poussais un soupir, tout contre Julian, l’intégralité du corps apaisé par sa présence malgré ce manque qui continuait de marquer ma poitrine. « Je sais, » dit-il simplement lorsque je lui confessai que je m’étais inquiétée pour lui. Ses lèvres se posèrent sur mon front alors que ses doigts caressaient mes pommettes ; il s’attarda sur le bout de mon nez en m’observant, un sourire aux lèvres. « Ma dernière présentation était particulièrement stressante. Je me suis assoupi en préparant mes fiches, puis je me suis réveillé en sursaut et j'ai dû courir partout pour gérer les contraintes logistiques. Je suis désolé. Je ne t'ai pas appelé parce que je me suis laissé prendre à mon propre jeu. Je suis trop compétiteur je voulais... Je suis désolé, » m’expliqua-t-il. Mon coeur s’était doucement affolé dans ma poitrine. J’hochai doucement la tête, guère étonnée par ses explications. Au fond, je le connaissais. Au fond, je savais qu’il se transformait en véritable rapace quand il s’agissait d’être le meilleur. Celui qui avait dédié sa vie à sa réussite et celle qui voyait seulement sa réussite chez les autres. Nous étions si différents malgré tous nos sentiments. Nous étions si différents et, même si je l’acceptais tel qu’il était, c’était difficile, parfois, de passer en deuxième après le reste. Je ne pouvais pas prétendre de vouloir le changer mais cela ne m’empêchait pas d’être blessée dans le peu d’amour propre que j’avais. « D’accord, »  murmurai-je d’une petite voix. Ce d’accord signifiait à la fois merci et je te crois. Ce d’accord signifiait bien plus. Il le comprendrait sans doute.
Son visage s’approcha du mien et je levai les yeux pour l’observer. « Tu crois que je mérite un bisou même si je me suis pas lavé depuis deux jours ? » me demanda-t-il et j’esquissai un sourire amusé. « Tu sais quoi ? »  dis-je dans un chuchotement, sur le ton de la confession. « Je ne me suis pas lavée non plus. » J’approchai mon visage à mon tour pour capturer ses lèvres avec les miennes, l’embrassant avec douceur. Ma main glissa dans son cou, mes doigts capturant la chaleur de son épiderme et je l’incitai à se presser encore plus contre mon corps, comme s’il existait encore un espace invisible entre nous. Je l’embrassai comme l’embrasser m’avait manqué durant ces deux semaines, je l’embrassai sans doute avec une touche de tristesse. Le moniteur relié à mon rythme cardiaque s’affola, quant à lui, et je me mis à rire. « C’est légèrement embrassant, » dis-je à quelques centimètres de son visage en désignant les bips irréguliers. « Je suis toujours triste, Jules. Mais il faut que je te montre quelque chose quand même. »  Je pris ses doigts pour les poser contre mon ventre, à l’endroit où l’une des deux jumelles avait donné un coup un peu plus tôt. Je ne savais pas s’il allait le sentir. Je ne savais pas s’il allait accepter. J’attendis un petit moment avant que le coup ne se manifeste de nouveau et je levai les yeux vers lui, mordant anxieusement l’intérieur de ma joue.
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() message posté Dim 7 Fév 2016 - 21:46 par Invité

“Hour after hour I tried to find a compromise. Ignore the painful demise. But we keep on falling, in and out.” Je reposai ma tête sur le coussin. J'effleurais son visage et je songeais à toutes ces nuits qui nous avaient séparé auparavant. Lorsque j'étais étudiant à Liverpool, j'avais l'habitude de l'appeler. Je m'endormais sur le combiné alors qu'elle soufflait à l'autre bout du fil. Je me laissais border par la musicalité de son rire et les tonalités de sa voix espiègle. Je ne lui avais jamais confessé mes sentiments. J'avais ressenti une angoisse absolue à chaque fois que je tentais une approche et qu'elle s'esclaffait en dénigrant mes jeux de séduction. J'étais resté son ami, comme si je ne voyais pas d'autre issue. Je m'accrochais aux vestiges d'une étincelle qui s'était transformé en cendre, puis j'en faisais une braise dans mes rêves les plus fous. Même si j'étais prisonnier d'une sensation de dégoût quand je l'imaginais à Londres avec ses camarades, auprès d'Asher ou de n'importe qui d'autre. Même si plus rien n'avait le pouvoir de m'attirer ou de m'inspirer de l'espoir, j'éprouvais encore de l'amour pour elle. Je m'enchantais à la perspective d'un dernier instant, d'une étreinte échangée sur les quais de la gare. Je n'avais jamais su comment me soustraire à notre relation. La lâcheté triomphait toujours. Je n'avais pas la force de l'aimer mais je ne pouvais pas la quitter. J’appartenais à Eugenia. Je lui avais donné mon cœur mais elle m'avait extirpé mon âme. Elle roulait dans les couloirs de notre appartement en souriant, mais plus elle se perdait dans la pénombre, et plus je me sentais démuni. C'était une lutte qui m'opposait constamment au désespoir. Parce que je n'avais jamais l'impression de connaître le bonheur. Je n'agissais pas de la manière convenable. Je réprimais mes élans de spontanéité pour lui jeter le blâme et lui reprocher sa naïveté. Ses décisions conditionnaient ma vie. Ses choix avaient des conséquences. Si je la perdais à nouveau, je n'étais pas sûr le supporter. Je n'étais même pas sûr d'avoir le courage de me laisser mourir. Je serais simplement une enveloppe corporelle qui stagne dans le temps. Une chair putride qui se rompt sous les réfractions du soleil.  Je pinçai les lèvres en gardant Ginny contre ma poitrine. Je touchais les boucles soyeuses qui auréolaient son visage blême et ses yeux pétillants. Je constatais sa douleur. Je vivais son handicap au quotidien. Mais je n'avais pas la prétention de comprendre, de ressentir la difficulté et la lassitude. Je restai là, les poings et les mains liés. Je me contentais de tourner en orbite autour d'une planète qui se décomposait dans le cosmos éteint. «D’accord, » Sa voix vibrait dans la quiétude de la pièce. Elle semblait chargée de compassion et de reconnaissance. Je souris sans obliquer, sans me pencher vers son profil. Quel était ce pouvoir qui lui permettait d'apaiser mon esprit ? Je plissai le front, à la fois amusé et taquin. Je voyais sa main sur son ventre. Elle était déjà si attachée aux jumelles. Elle avait vécu sa grossesse malgré mes silences et mon absence. Elle s'était attachée à chaque fragment de notre histoire, et maintenant, j'osais à peine m'immiscer dans sa petite bulle de perfection. Je retins ma respiration en clignant des yeux. J'attendais qu'elle me donne un signe, que malgré mes erreurs, elle pouvait me pardonner. Ginny m'observa avec malice puis elle tendit le cou dans ma direction. « Tu sais quoi ? Je ne me suis pas lavée non plus. » Elle chuchotait en tirant sur mon col. Je ne pu m'empêcher de rire, mais elle m'embrassa et mon souffle se brisa dans sa bouche. Je gardai les lèvres étirées un instant avant d'approfondir notre étreinte avec véhémence. Je me sentais en manque. Ses gestes avaient un effet étrange sur moi. Tout me captivait. Le goût de ses baisers sucrés. Ses manies adorables et ses attitudes enfantines. Je m'écoulais sur son visage comme un papillon qui sortait lentement de sa chrysalide. Le bip du moniteur cardiaque me tira subitement de mes rêveries. Je me redressai aux aguets, avant de remarquer sa moue gênée. «C’est légèrement embrassant,» Je m'inclinai vers sa bouche en souriant. Elle était si mignonne. Son teint empourpré lui donnait des petits airs de poupée. J'arquai un sourcil en effleurant son menton. «Je suppose qu'on ne pourra pas aller plus loin sans prendre le risque d'alerter tout le service d'urgences. Je suis tellement déçu.» M'amusai-je en lui volant un baiser. Je me sentais flatté par les tonalités stridentes de la machine, mais elle n'était pas la seule à ressentir cette impulsion fougueuse. Je bouillonnais de l'intérieur. «Je suis toujours triste, Jules. Mais il faut que je te montre quelque chose quand même.» Je la laissai prendre mes doigts et les déposer à la surface de son bedon puis je crispai légèrement la main sur le tissu de sa robe. Je me doutais bien de ce qu'elle voulait me montrer. Je le ressentais résonner dans le creux de ma gorge. Ce petit bourdonnement. Cette secousse aussi légère qu'une brise estivale. Mon expression se figea. Elles avaient bougé. Les bébés avaient bougés et j'avais raté ça aussi. Mon bras devint raide, mais je décidai d'assumer les conséquences de mes actes. «Je pense que je suis triste moi aussi.» Couinai-je en m'éloignant. Je me repliai sur le lit puis je tendis l'oreille. Délicatement, je posai ma tête sur son ventre. Je comptais les secondes, puis je m'imprégnais des frétillements de la vie de l'autre côté. Je souris, ému. Puis sans quitter ma position j'allongeais la main afin d'agripper celle de Ginny. «Tu les a senti la première. Et moi j'ai entendu. Elles parlent.» Je remuai le bout du nez, amusé par ma bêtise. «Tu veux savoir ce qu'elles disent ?» M'enquis-je sur le ton de la confidence. Je me relevai lentement, puis je la fixai en souriant. «Tu es infernale quand je ne suis pas là. Tu ronfles et tu regardes une série avec des scènes inappropriées. Elles n'aiment pas ça. Elles ont hâte de changer de colocataire.» Déclarai-je en relevant la tête. J'avais l'air d'un imbécile. Mais soit, je pouvais bien le devenir parfois. Je pouvais transfigurer l'espace et devenir exactement tel qu'elle le désirait. Il lui suffisait de me donner les premiers accords de la chanson.
 
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() message posté Mar 9 Fév 2016 - 20:37 par Invité
julian & eugenia — dead souls don’t belong in living bodies, they only know how to haunt and wander cloudless skies, demons play with their hearts like toys, and fill their blood with despair, yet we kissed and somehow felt ourselves ignite. we may be as old as stardust, but we can shine like newborn star. ✻ ✻ ✻ Julian continuait de me manquer, même si je me trouvais dans ses bras. Ses lèvres venaient tout juste de quitter les miennes mais j’avais encore ce vide qui saisissait ma poitrine à chacune de mes inspirations ; je ne me sentais pas tout à fait entière, pas tout à fait heureuse, pas tout à fait moi, presque. J’avais fini par me dire que c’était sans doute par habitude. C’était sans doute mon corps qui ne savait plus comment cesser de s’en faire après ces longues semaines, perdue dans un nouvelle équilibre qui ne m’avait pas convenue. J’avais besoin de temps pour me faire à l’idée que cette période de tensions était sans doute terminée.
Ou alors, mon inconscient savait qu’il ne s’agissait que d’une trêve et il faisait de son possible pour que je ne tombe pas de haut une nouvelle fois. Il me gardait en sécurité. Il me faisait ressentir ce manque devenu familier pour que je ne perde pas l’habitude de sa présence à côté de mon coeur.
Il m’offrit un sourire lorsque je lui désignai le moniteur qui enregistrait mes pulsations, un mélange d’amusement et d’attendrissement que je n’avais pas vu depuis longtemps ; je ratai un battement, esquissant un sourire à mon tour. Mes joues étaient roses et je me sentais légèrement mal à l’aise mais j’étais presque touchée par ses attentions. Cela me rappelait ce soir que nous avions passé avant qu’il ne parte en Irlande ; ce soir où il avait enfin cessé de me regarder avec colère ou agacement. Ce soir où je m’étais rappelée qu’il m’avait bel et bien prise pour épouse pour une raison et que cette raison avait toujours lieu d’être, malgré tout.
Malgré ses injustices, malgré ses colères, malgré toutes les larmes qu’il avait fait couler sur mes joues, malgré son départ pour l’Irlande, malgré l’absence de ses affections, malgré tout ce qui m’avait blessé depuis le jour où mon médecin nous avait annoncé ma grossesse.
Son doigt effleura mon menton alors qu’il revêtait une expression presque sérieuse. J’haussai les sourcils, surprise. « Je suppose qu'on ne pourra pas aller plus loin sans prendre le risque d'alerter tout le service d'urgences. Je suis tellement déçu, » déclara-t-il avant de déposer un baiser sur mes lèvres et s’écarter presque aussitôt. Je me forçai à ne pas rire, ma bouche tordu en un rictus à demi-amusé, et je poussai un soupir faussement théâtral. « Menteur, je suis sûre que ça te plait de savoir que j’ai des réactions d’adolescente, » répliquai-je d’un ton boudeur. Mais, au fond, j’étais amusée. J’étais amusée parce que j’avais l’impression de le retrouver, lui, et non pas un fantôme de rage et de rancune.
J’étais plus à l’aise, plus en confiance, même si j’étais chargée d’une retenue beaucoup trop familière. Cependant, elle ne m’empêcha pas de finalement saisir les doigts de Julian pour les poser sur mon ventre et attendre que l’une des deux jumelles ne se manifeste une nouvelle fois. La réaction de Julian fut immédiate ; sa main se crispa et je le sentis se raidir en l’espace de quelques secondes. J’eus peur, également, peur comme j’avais eu l’habitude d’avoir peur depuis le début du mois de décembre. « Je pense que je suis triste moi aussi, » dit-il en s’éloignant. Mon coeur se serra lorsque je l’imaginais déjà partir ; cependant, au lieu de quoi, il vint poser sa tête sur mon ventre. Je fus si surprise que je me figeais, incapable de savoir quoi faire, incapable de savoir comment réagir. J’avais cessé de l’imaginer avoir de tels gestes en ma compagnie. J’avais beau être une éternelle optimiste, la réalité du monde m’avait quand même percutée de plein fouet. « Tu les a senti la première. Et moi j'ai entendu. Elles parlent. Tu veux savoir ce qu'elles disent ? » me demanda-t-il après avoir agrippé mes doigts. Il se releva finalement et ses yeux se posèrent sur moi. J’hochai doucement la tête, presque sage, presque docile, émue par son comportement, émue par ce revirement de situation qui me paraissait presque irréel. « Tu es infernale quand je ne suis pas là. Tu ronfles et tu regardes une série avec des scènes inappropriées. Elles n'aiment pas ça. Elles ont hâte de changer de colocataire. » Je ne pus m’empêcher de rire et je secouai la tête. Mon rire était entrecoupé par l’émotion, sans doute ; ma gorge était nouée mais c’était une sensation presque agréable, presque accueillante, presque rassurante. Je serrai sa main fort, très fort, le remerciant du regard. « Dis-leur que si elles sont pas contentes, elles ont qu’à déménager dans ton ventre, »  répondis-je avec cet entrain qui l’avait pris soudainement. Le mien, cependant, était plus calme, plus doux ; cela me faisait presque étrange de parler des jumelles à voix haute avec lui, comme si elles avaient été un sujet interdit pendant beaucoup trop de temps. « Elles commencent déjà à faire des préférences, après tout ce que j’ai fait pour elle je suis vexée. »  La vérité, c’était que je m’en fichais très certainement ; je me doutais que nos filles allaient adorer leur père, presque autant que je pouvais bien adorer le mien, et que je serais sans doute beaucoup trop discrète et peu assurée pour attirer leur admiration. Cela m’importait peu. « J’ai entendu leurs coeurs battre hier soir, quand ils ont voulu s’assurer que tout allait bien. Ils battaient très vite, mais ils m’ont dit que c’était normal, »  ajoutai-je finalement. J’étais réconfortée dans l’idée que j’avais le droit de parler d’elles avec lui ; je ne savais pas à quel point, je ne savais pas où se trouvait sa limite. Pas encore.
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() message posté Mar 9 Fév 2016 - 23:00 par Invité

“Hour after hour I tried to find a compromise. Ignore the painful demise. But we keep on falling, in and out.” Il fallait du temps pour aimer. Tellement de temps que parfois, le temps lui même ne suffisait plus à combler le vide qui se creusait au fond du cœur. J'étais parti pendant deux semaines. J'avais quitté les étreintes chaleureuses d'Eugenia, et même s'il me semblait agir pour son bien, même si je m'éloignais afin de la protéger de mon courroux, je réalisais maintenant que je l'avais profondément blessé. Je tournai la tête afin d'effleurer sa joue. Je me sentais apaisé à ses côtés. J'avais l'impression de retrouver mon havre de paix. La comète ne passe qu'une fois par éternité. Il faut veiller pour la voir, Ginny. Je tenais l'étoile entre mes doigts. Son souffle se mélangeait aux vapeurs maritimes que je lui avais attribué. J'étais tombé amoureux de la petite galloise qui courrait derrière les vagues azurées. Et aujourd'hui, j'enlaçais la silhouette d'une femme entière et lumineuse. Elle portait la vie. Elle la laissait s'épandre entre les parois de l’hôpital. J'en oubliais le sujet de nos conflits. J'en oubliais la peur et l'inquiétude. Toutes ces émotions biaisées par ma colère assourdissante. Ma bouche se crispa, mais ce n'était pas une grimace qui barrait mon expression lointaine. Je souriais. Je la regardais et je souriais avec sincérité. J'étais revenu. Corps et âme. J'avais traversé les espaces cosmiques qui nous avait séparé pendant trois mois. Et j'étais revenu. Mon cœur se penchait sur son ombre. Il l'embrassait voracement, refusant de lâcher prise. Je me jurais de ne plus jamais la laisser. Je maudissais mes démons et je choisissais d'emprunter le chemin qu'elle me pointait à chaque fois qu'elle posait ma main sur son ventre arrondi. Ma famille. Enfin, j'avais une famille. J'en avais rêvé pendant des années. Je m'étais accroché aux vestiges d'un souvenir maternel et j'avais imaginé de longues conversations à propos de littérature avec Aïda. J'avais pardonné toutes les fautes de George. J'avais accepté ses punitions et la violence de ses coups. Mais aujourd'hui, je me détournais du passé. Aujourd'hui, ma famille se créait sous mes regards effarouchés. «Menteur, je suis sûre que ça te plait de savoir que j’ai des réactions d’adolescente,» Je ris avec légèreté. Eugenia avait raison. Ses réactions me confortaient regonflaient mon ego surdimensionné. J'esquissai une moue taquine en papillonnant des yeux. J'étais démasqué mais je ne comptais pas confesser mes tords pour autant. Je haussai les épaules en faisant balancer les boucles de ma frange indisciplinée. «Peut-être.» Marmonnai-je en m'éloignant. Les jeux de séduction ne cessaient jamais. Je lui lançai mon sourire de dragueur, la tête inclinée, l’œil brillant et la bouche incurvée. Je suscitais son intérêt pour que la flamme soit éternelle.
Mes doigts glissaient sur les draps. Je fixai sa poitrine tout en m’imprégnant des vibrations légères des jumelles. Je me demandais quand avait-elle bouger pour la première fois. Pourquoi Ginny ne m'en avait-elle pas parlé au téléphone puisque nous avions veillé à maintenir un certain contact malgré mon absence physique. Elle m'en voulait à ce point ? Toutes ces questions malsaines trottaient dans ma tête mais je refusais d'y prêter attention. Je ne voulais plus d'explications, plus de débats et d'argumentations. Je baissais les armes. Les médecins semblaient optimistes et Robin avait tenté de me raisonner. Je demeurais abîmé dans mes pensées, mais je tentais de canaliser ma peur. Hélas, personne n'avait le pouvoir de me rassurer. Aucun être humain ne détenait les secrets des Cieux. Je devais appréhender en silence. Comme toutes ces nuits où Ginny se réveillait en gémissant, mais qu'elle refusait de s'appuyer sur la poignée de potence pour ne pas m'alarmer. Comme toutes ces douleurs fantômes qu'elle étouffait derrière un sourire terne et bienveillant pour ne pas me contrarier. Je me relevai afin de surplomber son profil. Mes lèvres tremblaient à quelques centimètres de son menton. Et sans l'embrasser, j'effleurai sa peau délicate en soupirant. « Dis-leur que si elles sont pas contentes, elles ont qu’à déménager dans ton ventre. Elles commencent déjà à faire des préférences, après tout ce que j’ai fait pour elle je suis vexée.» Je me redressai d'un geste théâtrale puis j'agitai le poignet en signe de protestation. Hors de question que ces gosses sortent de son ventre après tout ce qu'elle avait enduré pour les garder. Il était trop tard pour revenir sur sa décision. Il était trop tard pour se détacher de cette entité invisible. Je m'étais résigné à l'idée. Bébé un et bébé deux faisaient déjà partie de notre histoire. Mon corps était trop hostile pour les accueillir. Je fumais, je buvais et je veillais le soir. Je n'avais aucune patience pour changer mes mauvaises habitudes. «Tu peux pas les mettre dehors. Papa paye le loyer.» Assurai-je en lui dérobant un baiser furtif. Je m'amusais de la situation mais au fond, j'espérais réellement qu'elle puisse mener sa grossesse à terme sans complications. Sa condition était compliquée. L'accouchement serait certainement programmé à l'avance. Elle ne pouvait pas pousser. Le pouvait-elle ? J'avais un doute. Je me raclai la gorge en me laissant tomber à ses côtés, soucieux de connaître tous les détails. « J’ai entendu leurs coeurs battre hier soir, quand ils ont voulu s’assurer que tout allait bien. Ils battaient très vite, mais ils m’ont dit que c’était normal,» Je me mordis la lèvre inférieure en lui tenant la main. Elle semblait si émue. Je réalisais à quel point elle s'était attachée à nos petites filles. J'apprenais lentement à réagir comme un mari digne de ce nom. Je fis glisser son alliance sur son annulaire en riant. «C'est bien. Je suis sûre qu'elles vont bien. Mais tu penses qu'elles ont bipé aussi fort que toi ?» Je haussai les épaules avec amusement.
 
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() message posté Mer 10 Fév 2016 - 22:03 par Invité
julian & eugenia — dead souls don’t belong in living bodies, they only know how to haunt and wander cloudless skies, demons play with their hearts like toys, and fill their blood with despair, yet we kissed and somehow felt ourselves ignite. we may be as old as stardust, but we can shine like newborn star. ✻ ✻ ✻ J’avais toujours été à l’aise avec les enfants et les bébés. Je ne savais pas réellement pourquoi, d’ailleurs ; j’appréciais tout particulièrement leur candeur et leur façon de voir le monde, leur aura d’innocence et leurs manières qui exaltaient une grande pureté. Je trouvais leur compagnie bien plus agréable que celle du reste du monde. Ils me faisaient rire. Ils me faisaient sourire. Ils m’emportaient dans leur monde d’insouciance sans se demander pourquoi j’étais étrange, sans même remarquer que j’avais été marginale toute ma vie. Ils m’acceptaient telle que j’étais parce que la société n’avait pas encore biaisé leur jugement. Il avait été prouvé que les enfants ne naissaient pas racistes ou homophobes mais qu’il le devenait. Au fond, je devais être comme eux ; une grande enfant, une grande enfant qui était pourtant piégée dans un univers trop oppressant pour elle. Je me retrouvais dans leurs grands yeux et leurs mille-et-une questions ; je n’avais jamais réellement cessé de m’encombrer de toutes ces interrogations qui rythmaient mes pensées et qui continuaient d’influencer la personne que j’étais.
Mais, au-delà d’apprécier le fait d’être avec eux, j’adorais m’en occuper. J’adorais passer du temps avec ces petits êtres qui agaçaient bien souvent les autres. J’adorais avoir des conversations avec eux même s’ils racontaient des absurdités et les prendre dans mes bras lorsqu’ils réclamaient de l’attention ; je ne me laissais pas de leur donner à manger ou de les habiller, de jouer à des jeux puériles en cachant mon visage entre mes mains et faire comme si on ne pouvait plus me voir. J’étais heureuse de garder Jasmine, la fille de Theodore, et j’étais persuadée qu’elle apportait une touche de naïveté dans mon quotidien ; je me détachais de ma vie imparfaite en sa compagnie, comme si elle m’offrait le choix d’une nouvelle perspective sur ma vie. Lorsque j’étais allée chez Scarlet, la semaine passée, j’avais passé des heures et des heures en compagnie de Charles, mon neveu, incapable de le lâcher plus de quelques minutes, incapable de détourner mon attention de lui.
Ils me donnaient l’impression, également, de ne pas être complètement dépendante du monde entier. Pour une fois, je pouvais m’occuper des autres et non pas l’inverse ; je n’avais pas peur de me tromper parce que j’avais cette facilité à les comprendre, à les couver, à vivre dans le même espace-temps qu’eux. C’était peut-être une des seules choses que je savais faire. « Tu peux pas les mettre dehors. Papa paye le loyer, »  déclara-t-il avant de déposer un baiser rapide sur mes lèvres. J’esquissai un sourire avant d’hausser un sourcil, l’incitant presque à oser me répéter la même chose ; de manière détournée, il admettait finalement à voix haute qu’il ne désirait plus se débarrasser de nos enfants et ça me rassurait. « Ah oui ? Et comment il paye le loyer, le papa ? »  demandai-je, presque insolente. Mon esprit, cependant, était focalisé sur le mot papa qu’il avait employé avec tant de naturel.
Il avait eu besoin de temps. De beaucoup de temps pour admettre l’idée. Il s’était focalisé sur l’idée que cela était dangereux mais je m’étais toujours demandé si cela n’était pas une manière détournée de refuser sa paternité. De refuser de vieillir, de franchir le pas, de construire une famille. Il avait exprimé sa peur de devenir comme son père à plusieurs reprises mais j’étais persuadée que cela allait bien au-delà. Il n’avait pas simplement peur, il était également pas prêt, mais il ne me l’avait jamais dit clairement.
Il avait préféré s’entêter plutôt que m’énoncer de manière lucide ce qu’il avait sur le coeur.
Il avait pris part dans notre décision d’arrêter de se protéger. Je revenais toujours au même point. Les derniers mois avaient très peu de sens dans mon esprit parce que je finissais toujours par me rappeler que Julian avait voulu que cela arrive, d’une certaine manière. Il m’avait toujours accusé mais il avait eu un rôle à jouer. Il m’avait toujours accusé mais je n’avais pas été la seule fautive. Nous l’avions désiré. Tous les deux. « C'est bien. Je suis sûre qu'elles vont bien. Mais tu penses qu'elles ont bipé aussi fort que toi ? »  demanda-t-il. Je serrai toujours ses doigts dans les miens. C’était étrange, cette peur que j’avais, cette peur d’être ridicule. J’avais ce réflexe de porter mes mains à mon ventre pour sentir les jumelles sous mes paumes ; ma grossesse avait été un sujet tabou durant des semaines et je n’étais pas encore tout à fait à l’aise avec Julian. « Je crois que je leur ai fait de la concurrence, »  finis-je par admettre en haussant doucement les épaules, une moue presque contrite peinte sur mes traits. Ce n’était même pas des réactions d’adolescentes, que j’avais, mais celle d’embryons encore dans le ventre de leur mère. « On peut peut-être essayer de leur demander si on peut réécouter avant que je sois déchargée, histoire que tu puisses juger par toi-même si c’est moi ou elles. » Mes yeux étaient posés sur Julian. C’était un sous-entendu à peine voilé et j’avais conscience qu’il allait comprendre qu’il s’agissait d’une invitation. Je tâtais le terrain. Je tâtais le terrain pour connaître ses limites, pour savoir jusqu’où j’avais le droit d’aller, pour faire l’état des lieux, en quelque sorte. Je voulais savoir où nous nous trouvions, en cet instant.
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() message posté Jeu 11 Fév 2016 - 20:01 par Invité

“Hour after hour I tried to find a compromise. Ignore the painful demise. But we keep on falling, in and out.” J'esquissai un sourire en allongeant le bras vers Eugenia. J'avais fini par capituler. Je m'imaginais dans la rue avec une poussette. Je rêvais des balades familiales et des longues veillées nocturnes. J'acceptais l'idée de sa grossesse et tout ce que cela impliquait. Au début, je n'étais pas sûr d'avoir le don. Cette facilité qu'avaient les gens avec les enfants. Je n'avais jamais côtoyé de nourrisson. Il m'arrivait d'avoir des conversations platoniques avec des écoliers ou de regarder des vidéos amusantes sur internet. J'étais ému par l'innocence et les réactions juvéniles. Mais je n'avais jamais vécu dans cet univers. Tout me paraissait si étranger. C'était compliqué d'envisager la vie avec deux petits bouts, complètement dépendants de mes choix et de mes réactions. Je pinçai les lèvres en sentant une vague d'appréhension monter en moi. Je ne savais même pas chanter. Je n'étais pas sûr de savoir comment créer des notes de musique à partir de mon corps. Ma peau était mutilée et criblée de cicatrices. Mon profil était déformé et mes côtes fissurées. Je n'étais pas un bon exemple. Je n'étais peut-être pas à la hauteur des attentes. Ginny avait déjà une idée préconçue. Elle connaissait mon vécu mais elle s'obstinait à me trouver des qualités insoupçonnées, une gentillesse et un humour que je trouvais las et éphémères. Je m'agitai sur le bord du lit en serrant ses doigts sous ma prise. Elle semblait si calme et bienveillante. Mes excuses avaient détendu l'atmosphère maussade de nos retrouvailles. Et je me sentais soulagé lorsque je l'étreignais. Je me laissais bercer par le parfum sucré de ses cheveux et je l'embrassais sans aucune retenue. Je l'aimais. Je l'avais choisi. Mais le sentiment pouvait-il suffire à combler la distance ? Je plissai le front en effleurant son ventre. Les jumelles étaient là. Elles existaient déjà. Leurs membres étaient en pleine mutation afin de prendre forme sous une apparence à mi-chemin entre la douceur d'Eugenia et ma hargne légendaire. Je me demandais à quel point nous serions semblables. Auraient-elle mes fossettes ou les pommettes saillantes de leur mère ? Les cheveux bruns ou nuancés de blond ? Les yeux verts ou gris ? La langue pendue ou l'expression réservée ? Je haussai les épaules en souriant. Peu importait en réalité. Quelques soient nos similitudes ou nos différences, nous étions déjà une famille. «Ah oui ? Et comment il paye le loyer, le papa ?» S'enquit-elle d'une voix franche et directe. J'étais amusé par son répondant. Elle était tout à coup plus véhémente dans ses propos. Je fis la moue en roulant les yeux. Je laissai échapper un rire désinvolte puis je lui adressai un regard taquin. Mes gestes étaient chargés de sous-entendus. Je jouais avec le feu qu'elle avait allumé dans mon cœur. Je me brûlais les ailes et je me délectais de la chaleur qui fusait dans mon système. «Je pourrais participer aux frais d'entretien. Massages, caresses, bisous et plus encore. Une âme généreuse ce papa.» Je la fixai avec étrangeté puis je hochai la tête. «Je l'ai répété. Papa.» Je pinçai malicieusement les lèvres comme pour lui signifier que je méritais une récompense. Je calai ma tête sur son épaule en soupirant. Je fermai les yeux et je tentais de parcourir mes souvenirs d'enfance. Je voulais me raccrocher à une entité heureuse et retrouver la foi. Mais seules les images du cortège funeste d'Aïda me revenaient à l'esprit. Je crispai la mâchoire en couinant. «Je veux changer de thérapeute.» Maugréai-je tout à coup. Ce n'était pas une décision impulsive. J'avais beaucoup réfléchi avant d'en venir à la conclusion que je ne parvenais pas à faire des progrès auprès de mon médecin traitant. Je ne lui faisais pas confiance. Je ne pouvais pas lui parler sans me sentir jugé. Je ne voulais pas de lui. Je voulais que Ginny s'occupe de moi.
«Je crois que je leur ai fait de la concurrence.» Murmura-t-elle d'une petite voix. Elle me donnait parfois l'impression d'être gênée par notre proximité. Je souris en suivant le cheminement de son bras vers son ventre et j'entremêlai nos doigts au gré des vibrations des jumelles. Elles n'arrêtaient pas de gigoter. C'était une sensation très intense que de les sentir à portée de main. « On peut peut-être essayer de leur demander si on peut réécouter avant que je sois déchargée, histoire que tu puisses juger par toi-même si c’est moi ou elles.» Je croisai son regard sans émettre la moindre objection. Elle me testait. Je m'en rendais bien compte mais je n'avais pas de réponse adéquate à lui apporter. Je restai silencieux en jouant avec les plis du drap. J'essayais de m'imprégner de la quiétude de la chambre. Et à nouveau, je me posai des questions. Auraient-elles un air désinvolte lorsqu'elles discuteraient le montant de leur argent de poche ? Serais-je le genre de père à imposer un couvre feu ? A critiquer leur style vestimentaire et la longueur de leurs jupes ? Je fronçai les sourcils en remuant le bout du nez. «Tu as un rendez-vous avec le gynécologue bientôt ?» Marmonnai-je en souriant avec espièglerie.
 
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() message posté Ven 12 Fév 2016 - 22:54 par Invité
julian & eugenia — dead souls don’t belong in living bodies, they only know how to haunt and wander cloudless skies, demons play with their hearts like toys, and fill their blood with despair, yet we kissed and somehow felt ourselves ignite. we may be as old as stardust, but we can shine like newborn star. ✻ ✻ ✻ Nous n’étions probablement pas prêts. J’en avais conscience mais je m’étais toujours confortée dans l’idée que nous avions décidé que cela se produise ; je m’étais également persuadée que, par conséquent, cela voulait forcément dire que tout se passerait bien. Je vivais avec un brin d’espoir, un brin de folie, sans doute, je vivais dans une bulle d’innocence et de candeur, sans doute teintés de bêtise. Nous étions jeunes, beaucoup trop. Nous nous étions mariés en novembre dernier sur un coup de tête comme si nous avions été suffisamment arrogants et défié l’avenir à propos de nos destinées. Nous continuions de nous confronter sur des sujets qui n’avaient pas souvent une grande importance ; nous étions différents sur bien des plans, à un point où je me demandais, parfois, comment nous pouvions nous aimer si fort. Nous n’appartenions pas dans le même univers, après tout. Nous ne faisions pas partie de la même constellations et nous étions comme des astres à des milliards d’année lumière l’un de l’autre. Nous nous voyions à l’autre bout du ciel, dans une réalité différente, dans un espace-temps biaisé par notre environnement. Nous nous voyions à l’autre bout du ciel mais nous ne connaissions pas les mêmes règles, les mêmes limites.
Je tentais de penser à ma mère lorsque ces vérités m’apparaissaient. Cela m’était douloureux mais cela me réconfortait de me rappeler qu’elle nous avait eu, avec Scarlet, lorsqu’elle était très jeune ; la vingtaine d’années même pas passée, l’âme enfantine et la vie toute entière encore devant elle. Mon père avait été plus vieux mais n’avait pas dépassé l’âge de Julian. Ils n’étaient pas restés ensemble mais cela ne les avait pas empêché d’être des parents formidables, malgré leur jeunesse, malgré leur inexpérience ; j’espérais réellement que l’on devienne comme eux. Que l’on devienne une version plus soudée mais tout aussi aimante.
Je ne demandais pas à être une mère parfaite, à ce que Julian soit un père exemplaire. Je voulais simplement qu’on s’en sorte sans trop de bavure, sans trop de regrets. Je voulais simplement que le destin nous sourit, pour une fois, et qu’on finisse par enfin réussir quelque chose dans nos existences désoeuvrées. « Je pourrais participer aux frais d'entretien. Massages, caresses, bisous et plus encore. Une âme généreuse ce papa, » énuméra-t-il, amusée par mes réactions. J’eus une expression satisfaite. « Je l'ai répété. Papa. » J’esquissai un sourire, presque attendrie, presque touchée, quelque part. Il vint poser sa tête sur mon épaule et mes doigts se perdirent presque avec automatisme dans ses cheveux. « J’ai entendu. J’ai hâte d’être chouchoutée, »  soufflai-je avec douceur.
C’était presque incroyable la manière dont la chaleur de sa peau m’était familière. Nous faisions partie de ces couples, en temps normal, bien incapable de rester loin l’un de l’autre ; nos doigts étaient toujours entremêlés, la tête de l’un se retrouvait toujours sur l’épaule de l’autre, ses jambes venaient se peloter contre les miennes. C’était pour cela que j’avais tant souffert de la distance qu’il avait instauré entre nous ; j’avais été si habituée à pouvoir me glisser dans ses bras même lorsqu’il travaillait, dans le canapé, que j’avais mal vécu ces semaines à dormir de mon côté du lit sans qu’il ne vienne m’accorder la moindre attention. « Je veux changer de thérapeute. » Ses mots sortirent de nulle part et j’haussai les sourcils, surprise. Ma main glissa de ses cheveux à sa nuque, mes doigts caressant avec douceur sa peau. « D’accord, »  répondis-je, à voix basse, comme si je ne désirais pas troubler la quiétude de la pièce, entrecoupée par les bip des moniteurs. « On en cherchera un nouveau à partir de la semaine prochaine. »  Je ne questionnais pas ses choix. Je ne lui demandais pas d’explications supplémentaires. J’étais peut-être réellement bête, au fond ; je me surpris à espérer que cette fois-ci serait vraiment la bonne. A espérer qu’il prenne son traitement au sérieux. A espérer que cette page se tourne pour de bon.
Bête, oui. Une imbécile heureuse.
Ses doigts se posèrent sur les miens, ceux qui se trouvaient sur mon ventre. Les progrès qu’il avait fait me surprenait et j’avais conscience de vouloir plus, toujours plus, comme si j’avais le droit d’exiger qu’il devienne un mari exemplaire du jour au lendemain. « Tu as un rendez-vous avec le gynécologue bientôt ? » répondit-il à mon sous-entendu. Ses sourcils étaient froncés, comme si cette question l’embêtait réellement. « Dans trois semaines, il y a l’échographie du deuxième trimestre… Et ça va nous permettre de savoir si nos petites filles sont vraiment des petites filles, »  répondis-je en levant les yeux vers le plafond. « Tu sais, il nous l’avait dit, c’était trop tôt pour être sûr mais il semblait que ça soit des filles. »  J’esquissai un sourire. Le gynécologue ne s’était pas réellement avancé ; j’avais été enceinte de seize semaines et il nous avait fait comprendre que cela n’était pas une estimation très sûre. Cependant, Julian et moi nous étions comportés comme s’il s’agissait de la vérité. Comme s’il n’avait rien à questionner dans ses propos. Il avait parlé de filles, alors il s’agissait de filles. « La réponse dans trois semaines. Cecelia serait-elle en réalité Cecil ? »  Je baissai les yeux sur Julian, alors qu’un sourire en coin apparaissait sur mes lèvres. Je ne savais pas réellement comment je réagirais si j’apprenais que nos petites filles étaient en réalité des petits garçons ; je préférais ne pas trop y penser, d’ailleurs, incapable de savoir ce que mes hormones seraient capables de me faire faire.
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() message posté Dim 14 Fév 2016 - 20:32 par Invité

“Hour after hour I tried to find a compromise. Ignore the painful demise. But we keep on falling, in and out.” Les gens nous considéraient toujours comme un couple audacieux. Mais personne ne connaissait la solitude, la déception, la colère et les sacrifices quotidiens que nous devions surmonter pour être simplement vivants. Eugenia ne pouvait pas marcher et j'étais incapable de voler. Nos sentiments brillaient dans l'ombre incertaine d'une éternité qui semblait presque noire. Je me demandais si l'amour avait ses limites. S'il était possible de se détruire à force d'aimer. Peut-être. Je plissai le front en songeant à la silhouette de ma mère. Je n'étais pas sûr de pouvoir la retranscrire de manière authentique après toutes ces années, mais je l'imaginais encore, habillée d'un tablier de cuisine fleuri, les cheveux tressés comme une couronne et le regard luisant sous les faibles éclairages de la pièce. Elle me prenait dans ses bras en murmurant des poèmes intelligibles au creux de ma conscience. Aïda me manquait tellement. Elle existait encore, quelque part entre les volutes brumeuses de Londres et les voussures du ciel. Son fantôme hantait les rebords du pont de Hammersmith. Et à chaque fois que je traversais la chaussée, je sentais un pincement au cœur. Une caresse divine. Un lien invisible et inextricable. Je soupirai en joignant mes mains sous mon menton. Qu'aurait-elle pensé de ma vie aujourd'hui ? De mon mariage précipité ? De ma paternité soudaine ? Elle aurait probablement sourit en acquiesçant gentiment. Elle aurait exigé un prénom à connotation orientale et proposé des infusions relaxantes à Eugenia en louant les vertus des herbes médicinales. La lavande pour la circulation sanguine. Le gingembre pour prévenir les complications et les nausées matinales. La camomille pour faciliter le sommeil. Je la revoyais danser aux rythmes d'une musique improvisée. Elle était pleine de vie et d'entrain. Un peu versatile et étrange, mais je lui avais toujours accordé toute mon affection. Je m'étais promis de suivre ses pas. De devenir un journaliste de terrain, de conter des histoires fantastiques à mes enfants en utilisant des analogies littéraires simplifiées. Puis elle était partie. Elle était morte et je m'étais senti trahi et coupable. George m'avait conditionné à porter ce fardeau. Il avait fait de moi un homme aigri et violent. Un écrivain hargneux qui dépeignait le monde à travers un voile gris et maussade. Je soupirai en calant ma tête sur l'oreiller. La longue attente à l'aéroport, ma course effrénée contre la montre, le malaise de Ginny. Tout cela commençait à me peser. J'enlaçai ses doigts en m'agitant sur le matelas. «J’ai entendu. J’ai hâte d’être chouchoutée,» Je souris en papillonnant des yeux. La chaleur de son étreinte se répandait dans la pièce comme une brise délicate. Je la sentais glisser sur ma peau et traverser mon âme toute entière. Comment avais-je pu survive en Irlande pendant deux semaines? Le travail m'avait enfermé dans mes désillusions. J'avais trop d'ambition pour me rendre compte de la douleur, de l'absence et du manque. «Je ne vais pas être chouchouté  aussi? J'ai participé. Je t'ai embrassé. Je t'ai caressé. Puis ... » Marmonnai-je d'une voix suave. Je lui adressai un clin d’œil coquin avant de plonger mon visage dans son cou. Ses cheveux exhalaient une odeur particulière. Une nuance fruitée qui en devenait presque réelle, comme une émotion, comme une palpation. «Tu penses que les jumelles ont été conçu pendant une occasion spéciale ? Le soir de ton anniversaire ? Si mes calculs sont bon. Tu es tombée enceinte autour du mois d'Octobre.» Soufflai-je en mordillant le lobe de son oreille. Je me redressai légèrement afin de surplomber son profil. Les mots avaient glissé entre mes lèvres sans que je ne puisse les contrôler. Je n'étais pas sûr s'il était correct de poser ce genre de questions ou de chercher l'origine d'une grossesse que je n'avais pas désiré. Je déposai un baiser furtif sur sa bouche en m'éloignant. « D'accord. On en cherchera un nouveau à partir de la semaine prochaine. » Je me raclai la gorge sans répondre. J'avais choisi de me soigner différemment, de suivre un programme plus avancé incluant une thérapie de groupe et une médication plus légère. J'en avais assez des maux de tête, des spasmes musculaires, des pulsions violentes. J'étais fatigué de prononcer les mots, de ternir mon couple et de me perdre dans mes pensées. Je pinçai les lèvres en caressant le ventre d'Eugenia. Il avait tout à coup cessé de bouger. Il n'y avait aucun mouvement, pas de petites pressions. Et pendant une fraction de secondes, je me sentis vidé de toute mon énergie. Cette sensation me manquait sans que je ne puisse comprendre pourquoi. « Dans trois semaines, il y a l’échographie du deuxième trimestre… Et ça va nous permettre de savoir si nos petites filles sont vraiment des petites filles. Tu sais, il nous l’avait dit, c’était trop tôt pour être sûr mais il semblait que ça soit des filles. » Je me tournai vers elle en hochant la tête. Je n'avais pas prêté attention aux discours du gynécologue la première fois. J'avais assumé qu'il s'agissait de filles parce que Ginny affirmait que c'était le cas. Au fond, le sexe de nos futurs enfants n'avait aucune importance à mes yeux. Je voulais simplement que ma famille soit en sécurité. « La réponse dans trois semaines. Cecelia serait-elle en réalité Cecil ? » Je souris. Dans trois semaines. Mon programme n'allait pas aussi loin. J'aurais peut-être une réunion, un meeting ou un déplacement en dehors de la ville. Je pourrais superviser la publication de la section politique ou travailler sur une édition spéciale pour le journal. Je haussai les épaules en me mordant la lèvre inférieure. «Je vais me libérer. Dans trois semaines, on pourra y aller. L'infirmière saura enfin que tu n'as pas épousé l'homme invisible.» Marmonnai-je d'une petite voix. « Cecil. On devrait s'inspirer de Zola. Cecil et Emile. Tu vois, ce serait plus simple des garçons. L'appartement sentirait comme un vestiaire de lycée H 24. Tu seras entouré de garde du corps et si Cecil fait de la muscu et Emile du bricolage on pourra économiser une vraie fortune en travaux d'aménagement. On pourra même les envoyer bosser chez nos amis et se faire payer en retour. Un vrai retour sur investissement.» Déclarai-je sur un ton solennel avant de pouffer de rire. C'était stupide. Vraiment stupide de s'imaginer des choses alors qu'ils n'étaient même pas encore né. Alors que nous n'étions même pas encore rentré à la maison. C'était donc ça l'espoir ? La foi en l'avenir ? Nietzsche devait se retourner dans sa tombe.
 
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() message posté Mer 17 Fév 2016 - 20:10 par Invité
julian & eugenia — dead souls don’t belong in living bodies, they only know how to haunt and wander cloudless skies, demons play with their hearts like toys, and fill their blood with despair, yet we kissed and somehow felt ourselves ignite. we may be as old as stardust, but we can shine like newborn star. ✻ ✻ ✻ Je n’osais pas réellement penser au lendemain. Puis au surlendemain. Puis à ce qui allait bien pouvoir se passer la semaine prochaine. Je n’osais pas et je ne le faisais pas, protégeant mon esprit de mes craintes, me protégeant moi de mes angoisses. Je ne pouvais pas savoir comment Julian allait bien pouvoir se comporter. Je ne pouvais pas deviner ce qu’il allait faire ou dire, s’il allait se conformer à ses promesses ou s’il allait retrouver ses habitudes maintenant qu’il me saurait en sécurité. Je refusais de me permettre de penser qu’il serait à mes côtés, qu’il me prendrait dans mes bras ; c’était comme si la possibilité qu’il décide de repartir en conférence à l’autre bout du pays, une nouvelle fois, existait encore.
Je ne savais pas si je pouvais le croire, je en savais pas si ses mots valaient encore quelque chose tout en sachant qu’il peinait déjà grandement à se contrôler. Peut-être pensait-il tout le bien du monde mais son propre corps ne lui obéissait pas. Peut-être m’aimait-il aussi fort que je pouvais bien l’aimer mais ses actions impulsives était imprévisibles et non préméditées.
Je fermais les yeux contre sa peau chaude, souriant en songeant aux massages et aux attentions qu’il semblait décidé à m’offrir pour les prochains jours. Les mots résonnaient dans mes oreilles mais mon esprit ne se projetait pas dans le futur ; bien au contraire, il préférait le présent, ce présent bien plus confortable, bien plus beau, bien plus sûr. Ce présent où Julian était vraiment là. Ce présent où je me trouvais réellement dans ses bras. « Je ne vais pas être chouchouté aussi ? J'ai participé. Je t'ai embrassé. Je t'ai caressé. Puis... » commença-t-il d’une voix grave et je sentis le désir remonter dans mon bas ventre lorsqu’il logea ses lèvres contre mon cou. J’étouffai un gémissement en posant un baiser sur l’arrière de son crâne, le seul endroit que je pouvais bien atteindre. « Arrête, une infirmière va venir, »  lui glissai-je dans un murmure. Ma pulsation recommençait à s’emballer comme si j’étais une adolescente. Comme si je n’avais pas encore réussi à maîtriser les réactions de mon corps, alors qu’au fond, c’était terriblement vrai. « Ne te donne pas le beau rôle, c’est qui les porte. » J’étais sans doute intraitable à ce sujet. Je trouvais ses paroles presque machistes et j’aurais sans doute eu une réaction bien plus boudeuse si je ne m’étais pas doutée qu’il disait cela pour rire.
Les hommes étaient peut-être indispensable dans la conception d’un enfant mais c’était la femme qui endurait les neuf mois de grossesse, tout particulièrement dans notre cas ; j’avais passé ces premiers mois seule avec mes symptômes, seule avec cette maternité nouvelle. « Tu penses que les jumelles ont été conçu pendant une occasion spéciale ? Le soir de ton anniversaire ? Si mes calculs sont bon, tu es tombée enceinte autour du mois d’octobre, » reprit-il alors que ses lèvres s’attardaient sur mon lobe d’oreille. J’esquissai un sourire. « Oui c’est ça, octobre. Mais c’était avant mon anniversaire, je pense. Plutôt vers le moment où on a adopté Danny, au début du mois, »  lui dis-je. Je m’étais déjà posée cette question. La gynécologue avait déterminé que la conception avait été aux alentours du 2 au 10 octobre mais cela, Julian ne le savait pas. C’était presque étrange d’avoir cette conversation maintenant, à cette avancée de ma grossesse. « Je vais me libérer. Dans trois semaines, on pourra y aller. L'infirmière saura enfin que tu n'as pas épousé l'homme invisible, » finit-il par me dire. Je sentis mon coeur se pincer, mon esprit se sentir partagé. Je voulais l’imaginer venir avec moi pour savoir. Je voulais l’imaginer s’intéresser réellement à ce que nous vivions. Mais mon esprit avait peur. Mon esprit avait peur de ses promesses en l’air, peur du futur, presque.
Ce futur si incertain. « Cecil. On devrait s'inspirer de Zola. Cecil et Emile. Tu vois, ce serait plus simple des garçons. L'appartement sentirait comme un vestiaire de lycée H24. Tu seras entouré de garde du corps et si Cecil fait de la muscu et Emile du bricolage on pourra économiser une vraie fortune en travaux d'aménagement. On pourra même les envoyer bosser chez nos amis et se faire payer en retour. Un vrai retour sur investissement. » J’arquai les sourcils en l’entendant dépeindre notre future vie de famille et je secouai la tête. Je levai les yeux au ciel, également, feignant l’exaspération ; je connaissais suffisamment Julian pour savoir que s’il finissait par accepter nos enfants dans sa vie, et même s’il s’agissait de garçons, il serait probablement le dernier à accepter de les réduire en esclavage. « Tout de suite tu veux bien d’eux si tu peux en tirer profit, tu devrais avoir honte, »  le taquinai-je. J’avais un semblant de rancune dans mes pensées, dans ma tête, dans mon être. Un semblant de rancune que je voulais combattre à tout prix sans vraiment y arriver. « Mais pourquoi pas pour Cecil et Emile s’il s’agit de garçons. On a encore le temps de changer d’avis s’ils découvrent que mes petites filles ont chacun un minuscule zizi. »  J’affichais une moue à moitié contrariée, comme si cette histoire était profondément perturbante. C’était la légèreté qui parlait. Le soulagement, peut-être.
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