"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Flesh without blood, life in the vivid dream + Julenia  2979874845 Flesh without blood, life in the vivid dream + Julenia  1973890357
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Flesh without blood, life in the vivid dream + Julenia

 :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
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() message posté Dim 31 Jan 2016 - 0:59 par Invité

“Hour after hour I tried to find a compromise. Ignore the painful demise. But we keep on falling, in and out.” J'avais peur. J'imaginais avoir peur. Tout se mélangeait dans mon esprit. Les baisers écrits ne parvenaient jamais à destination, ils se perdaient entre les plis du papier. Je soupirai en m'engouffrant dans la rue déserte. Il était si tôt et déjà, les lumières du soleil se dessinaient derrière les grands arcs de la ville qui ne cessait jamais de faire du bruit. Je me tournai lentement vers l'entrée de l’hôpital. La tonalité du téléphone résonnait encore dans ma tête. Elle me pesait comme l'écho de mes pensées. Eugenia était tombée. Sa tête avait heurté le sol et son corps s'était détaché de sa prison d'acier. J'imaginais les roues de son fauteuil tourner dans le vide. Je visualisais chaque détail de sa chute, sans aucune intermittence, en me laissant border par une sensation oppressante de culpabilité. C'est ma faute. Je crispai la mâchoire en me redressant avec lassitude. Je n'avais pas la force de marcher vers Ginny. Je n'avais pas le courage de l'enlacer et de lui tendre le cœur. C'est ma faute. Ma vision se brouillait entre les parois de la salle d'attente. Je sentais le silence des morts et l'odeur âpre de la désillusion. Les silhouettes chétives des patients bougeaient à folle allure dans l'espace. Elles disparaissaient au détour d'un couloir avant de réapparaître, scintillant comme une étincelle argentée qui avait échappé à la lune. Ma gorge était nouée. Après plusieurs heures d'attente à l'aéroport de Cork, je m'étais précipité dans les toilettes de l'avion. J'avais croisé mon reflet à la surface du miroir et le profil monstrueux de l'homme m'avait percuté de plein fouet. Mon sang était mon héritage. Mon sang était le poison qui roulait dans mes veines translucides. La colère représentait le noyau de chaque cellule, et chaque cellule constituait le firmament de mes pupilles. J'avais pleuré comme un enfant. J'avais pleuré parce qu'à chaque fois que Ginny me faisait du mal, je rejoignais le souvenir du cortège funeste d'Aïda. C'était tellement ridicule ! Je soupirai en ouvrant la bouche. Mon souffle se condensait au bout de ma langue. Il prenait la forme d'un nuage de fumée. Puis à son tour, il s'évanouissait dans l'agitation de la pièce. Je restai immobile au milieu des brancards et des infirmiers. Je restai immobile car j'étais devenu une chimère et que le réceptacle de mon âme avait trouvé racine ici, sur ce siège froid et solitaire. Je reniflai en écrasant mes mains sur mon visage fatigué. Je n'avais pas dormi. Je n'avais pas mangé non plus. J'ignorais dans quelle mesure mon corps pouvait encore résister à mon émoi. L'hiver était partout, dans la fraîcheur insolente de la pluie, sur les reliures des livres abandonnés sous mon lit et dans la douceur d'un prénom que j'avais marmonné mille fois dans la nuit. Eugenia, c'est ma faute. Je me tortillais fébrilement, incapable d'esquisser le moindre mouvement. Je pensais qu'après avoir traversé le pays, je me serais rué à son chevet, les yeux débordant d'émotion, la bouche incurvée en un sourire rassurant. Mais au lieu de cela, j'étais impuissant. Je voulais garder mon calme et agir avec discernement. Et c'était justement ça e problème. Je ne savais pas me maîtriser. La douleur se distillait dans ma poitrine afin de renaître comme une tempête violente. Plus je restai modéré et plus l'impact de mes sentiments était fort. Je relevai la tête après plusieurs minutes. L'horloge murale vibrait sur mes rétines empourprées. Le temps continuait sa marche impériale sans moi. Je fronçai les sourcils en tirant ma jambe boiteuse vers l’ascenseur. Je croisai les blouses blanches des médecins et leurs expressions lointaines. Je flottais sans attaches jusqu'à la chambre de Ginny, puis sans frapper, je me glissai dans la pénombre qui enveloppait sa silhouette flétrie. Je reconnu ses longues mèches de cheveux, semblables à des rubans de satin qui se croisant en jolies tresses. Sa bouche vibrait dans son sommeil, portée par la douceur d'une confession incompréhensible. Elle était sereine, ainsi plongée dans l'inconnu. Je m'assis sur la chaise disposée près de son lit. Je joignis les coudes sur mes cuisses et fermai les yeux afin de la retrouver dans son apathie, où quelle soit, dans n'importe quel songe. Mes doigts tremblaient au contact de mes joues, là où les larmes avaient creusé de longs sillons sur ma peau. Je m'agitai avec ennui, puis je marmonnai dans ma barbe. «Je suis tellement désolé.» Ma main effleura son poignet et là le miracle se produisit. Ginny ouvrit ses grands yeux afin de laisser filtrer toutes les lumières du monde à travers ses prunelles. Je plissai le front en essayant de contenir mon émotion, mais l'éclat terni de ma frange trahissait mon expression inquiète. Elle savait déjà. Ginny savait tout. «Tu ... Tu vas bien ?» M'enquis-je en me redressant. Tu vas bien ? Tu sais qui je suis ?
 
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() message posté Dim 31 Jan 2016 - 13:20 par Invité
julian & eugenia — dead souls don’t belong in living bodies, they only know how to haunt and wander cloudless skies, demons play with their hearts like toys, and fill their blood with despair, yet we kissed and somehow felt ourselves ignite. we may be as old as stardust, but we can shine like newborn star. ✻ ✻ ✻ Il ne m’avait pas rappelé. Au départ, j’avais attendu patiemment, lançant un nouvel épisode de Game of Thrones sur l’écran de mon ordinateur en me disant que cela lui donnerait suffisamment de temps pour sortir de conférence, rentrer et prendre le temps de me téléphoner. Je n’avais pas insisté en l’appelant d’autres fois ; je ne voulais pas être intrusive. Puis, finalement, il s’était terminé et Julian n’avait pas donné de signe de vie. J’en avais remis un autre à charger, anxieuse, vérifiant toutes les deux minutes l’écran de mon téléphone sans que je ne reçoive un seul message. Le même schéma s’était reproduit jusqu’à tard dans la nuit, aux environs de quatre heures du matin, lorsque j’avais fini par me rendre compte que je n’aurais probablement pas de nouvelles. Je m’étais allongée dans mon lit, les yeux grands ouverts, assaillie par des questions et mes craintes. Je m’étais demandé ce qui avait bien pu se produire, s’il était en sécurité, s’il était rentré ou s’il avait eu un problème. J’avais imaginé une centaine de scénarios catastrophes, le voyant allongé sur le sol d’une ruelle, poignardé, le supposant mort malgré moi. Je ne voyais pas d’autres explications, après tout. Je ne voulais pas en concevoir d’autres.
Je refusais de me dire qu’il m’avait simplement oublié. Ces derniers jours, même si j’avais peiné à avoir de ses nouvelles, il m’avait toujours accordé une poignée de minutes pour m’envoyer un message, même bref, même rapide. J’aimais croire que, même s’il n’avait pas voulu de ma compagnie alors que celle de Victoria n’avait pas semblé le déranger, il pensait quand même à moi. A nos filles. A notre famille, peut-être imparfaite mais une famille quand même.
A neuf heures du matin, j’avais compris que je ne dormirais pas. J’étais simplement restée dans nos draps à regarder le plafond, Danny venue me tenir compagnie, et j’avais laissé le temps défiler. Je m’étais sentie ridicule de continuer à attendre un appel ou un message malgré moi. Je me rassurais en me disant que s’il avait été mort, la police aurait sans doute déjà retrouvé son corps et m’aurait appelé pour m’annoncer la nouvelle.
Je m’étais rassuré en me disant qu’il était vivant. Puis cela avait laissé place à de nouvelles angoisses, parce que j’avais toujours eu cette tendance à me remettre en question, moi. Je n’étais pas assez belle, je n’étais pas assez intelligente, j’étais enceinte de gosses dont il ne voulait même pas, en plus. Je n’avais pas voulu, pourtant. Je n’avais pas voulu mais mes pensées avaient été plus fortes que moi.
J’avais eu tellement peur qu’il m’ait abandonné que j’avais fini par envisagé cette possibilité.
J’avais décidé de me lever vers seize heures. Comme à mon habitude, j’avais saisi la poignée de potence au-dessus de ma tête et j’avais passé mes jambes sur le côté du matelas. Je m’étais redressée et avais tenté de m’installer de mon fauteuil.
Et j’étais tombée.
Je m’étais réveillée à l’hôpital. Je m’en étais rendue compte avant même d’ouvrir les yeux ; j’avais reconnu l’odeur et, à cet instant précis, mon corps s’était affolé. Mes mains s’étaient jointes sur mon ventre et j’avais été soulagée en l’espace de quelques secondes. Les filles étaient toujours là, dans mon ventre. Les filles allaient bien, donc j’allais bien.
Plus tard, on m’avait expliqué que j’avais de l’anémie, ce qui était courant lors d’une grossesse, particulièrement double. On m’avait fait la morale, également, parce que je n’avais rien mangé, parce que je ne m’étais pas reposée, et l’on m’avait mis sous perfusion pour la nuit. Robin et Victoria étaient venus pour me tenir compagnie et ils m’avaient assurés que Julian ferait de son possible pour venir. Et, finalement, je m’étais endormie, parce que cela faisait plus de trente heures que j’étais éveillée.
Il ne m’avait pas rappelé. Il ne m’avait pas rappelé et j’étais suffisamment sensible pour que cela me conduise à l’hôpital. Je me sentais idiote, puérile. Pourtant, malgré mes efforts, j’avais très mal supporté ces deux semaines de séparation. J’avais eu l’impression qu’il m’avait abandonné dans ma grossesse, qu’il m’avait fui. Qu’il était parti. « Je suis tellement désolé, » Je reconnus sa voix et j’ouvris les paupières quand je sentis ses doigts effleurer mon poignet. Je m’étais presque dit que j’avais imaginé sa voix ; pourtant, il était réellement là. « Tu... Tu vas bien ? » me demanda-t-il. Il était inquiet, comme j’avais bien pu être inquiète la veille. Il était épuisé, comme j’avais bien pu être épuisée la veille. J’esquissai un sourire, l’esprit légèrement embrumé, et je pris ses doigts entre les miens. Ma libre, quand à elle, vint se loger contre mon ventre, où je retrouvai une nouvelle fois la présence rassurante de nos filles. « Ca va, » répondis-je dans un souffle. Je me sentais un peu confuse mais c’était probablement parce que je n’avais pas autant dormi depuis des mois. « Tu es arrivé il y a longtemps ? » Je voulais lui demander. Lui demander pourquoi il ne m’avait pas rappelé. Lui demander pourquoi il n’avait pas voulu que je vienne en Irlande en prétextant qu’il n’aurait pas le temps alors qu’il avait pu sortir avec Victoria malgré tout. Lui demander pourquoi j’avais eu l’impression qu’il avait été si distant avec moi. Lui demander toutes ces choses qui me travaillaient, qui continuaient de me blesser.
Mais je ne le fis pas. Sans doute parce que je ne voulais pas gâcher ces retrouvailles aussi imparfaites que nous.
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() message posté Mar 2 Fév 2016 - 1:29 par Invité

“Hour after hour I tried to find a compromise. Ignore the painful demise. But we keep on falling, in and out.” Je restai immobile, le cœur perché au bord du lit, le souffle chargé de térébenthine et de détergent. Les murs de l’hôpital me rappelaient mon enfance. La présence de George était en moi. Je ne l'avais jamais quitté car je portais les marques de son affection comme une brèche obscure. Il m'avait conditionné à grandir, à m'ouvrir à la violence et à aimer dans la démesure. Je fermai les yeux en laissant échapper un gémissement inaudible. J'avais mal. Terriblement mal. La douleur épandait ses ailes sur mon esprit afin de me propulser à des kilomètres d'ici. J'étais coupable de tous les tords. J'avais délibérément choisi de partir en Irlande, de fuir la sensation oppressante qui envahissait ma gorge à chaque fois que je posais mon regard sur les courbes arrondies d'Eugenia. Je ne voulais pas de cette grossesse. Je l'avais redouté car elle représentait le dénouement d'un rêve dont l'esquisse était inachevée. J'avais trop de personnes. J'avais pleuré tellement de morts, que l'hypothèse, même improbable que Ginny puisse succomber lors de la délivrance me tordait l'estomac. Je l'avais aimé dès le premier jour. Elle n'avait jamais entendu ce récit. Elle l'avait peut-être deviné dans mes gestes effrénés et mes tirades saugrenues, mais je n'avais jamais articulé ces vérités qui se consumaient au bout de ma langue. Elles me semblaient si fades lorsque je les énonçais à haute voix. Comme si poser une étiquette ou nommer la magie de l'instant qui nous avait connecté, pouvait briser le maléfice. Je soufflai sur sa main avant de déposer un baiser sur sa paume. Combien de fois avait-elle attendu mon retour sans que je ne me présente devant la porte ? J'étais jeune et stupide. Incrédule et trop vaniteux. Je pensais que l'amour pouvait justifier tous les actes. Qu'il suffisait de d'apprécier let de capturer l'essence de cette émotion à l'intérieur, sans jamais la manifester ou partager l'onguent qui faisait tout son charme. Mais aujourd'hui, je ne parvenais plus à me trouver cette excuse. Je ne voulais pas cacher la nature du sentiment car le silence déformait tout. Je relevai mon visage vers le profil d'Eugenia sans laisser transparaître mon inquiétude. Ma sensibilité n'existait pas réellement. Elle était comme le verre pilé qui grésillait sous les pas de la foule ; tranchant sous les semelles des chaussures et brisé après chaque passage. Ma bouche se crispa et je couinai à nouveau. J'entendais les chœurs d'une symphonie céleste chanter le psaume de nos retrouvailles biaisées. Je savais que notre mariage était imparfait. Il s'agissait d'un malheureux concours de circonstances, d'une précipitation crée sous l'impulsion soudaine du désespoir. Mais je ne voulais rien changer à notre histoire. Nous étions la version idéale. La rature qui devenait originale puis originelle.
Eugenia se redressa avec douceur. Elle semblait sortir d'une longue torpeur. Ses doigts bougeaient sous ma prise désespérée. Ils se pressaient contre ma main fébrile afin de me ramener à ses côtés. Encore et toujours. Je répondis à son sourire avant de me redresser en chancelant. Mes lèvres étaient scellées, elles assemblaient les lettres afin de former des agrégats poétiques, des syllabes et des fragments phonétiques. Je voulais lui dire. Je voulais m'excuser au moins une fois. « Ca va, » Murmura-t-elle dans un souffle. Elle était encore fatiguée mais Robin m'avait déjà prévenu. Son corps avait besoin de se ressourcer, de retrouver des forces après plusieurs mois sans sommeil. Elle avait arrêté son traitement trop soudainement, les signes d'anémie étaient très fréquents lors de double grossesse. Je fis la moue en triturant le bout de ses ongles d'un geste nerveux. Je n'avais pas fumé et cela me donnait l'impression d'être démuni de ma force. Où était le charme de l'écrivain sans la cigarette qui pendait au coin de son bouche ? Je haussai les épaules. Je n'en savais rien. Je m'en fichais complètement.  Cela n'avait pas d'importance car à cet instant, je n'étais plus le journaliste ou l'écrivain. J'étais simplement le mari, l'amant et le confident.   « Tu es arrivé il y a longtemps ? » Je hochai la tête sans grande conviction. Mon avion avait atterri avant l'aube. J'avais perdu quelques heures à l'aéroport et dans les embouteillages, puis je m'étais laisser porter par la mélancolie dans le hall d'entrée. Je ne savais pas quelle heure il était. A quel point j'étais en retard. Nous nous étions promis l'éternité mais je l'avais gâché nos chances par vanité. J'avais tout gâché. Je voyais une étincelle triste poindre sous ses prunelles rosées. Je sentais le poids de son amertume et la profondeur de la blessure que j'avais marqué sur son âme. Sa douleur m'appartenait car j'en étais le créateur. Sa douleur existait sous les battants de sa cage thoracique et il me suffisait de la toucher afin d'en extraire le poison. Je tendis lentement la main vers son cou, puis après avoir caressé sa peau je glissai vers son ventre. J'osai à peine le toucher, de peur d'y laisser la marque de mon désarroi. «Tu penses qu'elles savent que c'est moi ? » Demandai-je d'une voix enrouillée. Je pris une profonde inspiration en frémissant. C'était ce couplage entre l'évidence et le sentiment qui me poussait enfin à exprimer mon émotion. « Salut.» Je me penchai à la hauteur de son nombril. Je respirais la vie à travers mes gestes maladroits et mes élans d'affection. «Je … Je m'appelle papa et je suis idiot. Je crois que maman est triste à cause moi.» Je marquai une légère pause sans me redresser, sans me tourner vers Eugenia. Je n'osais pas. Je ne voulais pas soutenir son expression et y découvrir les vestiges du mal que je lui avais infligé depuis l'annonce de sa grossesse. «Vous pouvez lui dire que je suis vraiment désolé ? Et accessoirement oublier que je viens de dire le mot idiot ? Parce que je suis pas supposé jurer en présence d'enfants et que … » Je me tus brusquement. C'était stupide. Elle ne pouvaient pas comprendre. Elles ne savaient pas encore. Je grimaçai en roulant des yeux puis je retombai sur mon siège avec lassitude. Le silence était pesant. Mon manque de courage était pesant, et l'allure maussade de Ginny l'était aussi.
 
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() message posté Mar 2 Fév 2016 - 22:29 par Invité
julian & eugenia — dead souls don’t belong in living bodies, they only know how to haunt and wander cloudless skies, demons play with their hearts like toys, and fill their blood with despair, yet we kissed and somehow felt ourselves ignite. we may be as old as stardust, but we can shine like newborn star. ✻ ✻ ✻ J’avais l’impression que je ne l’avais pas vu depuis une éternité. C’était comme si j’avais passé bien plus qu’une semaine chez ma soeur ; nous avions fait tant d’activités, vu tant de monde, nous nous étions rendus à tant d’endroits, que les évènements s’enchaînaient dans mon esprit par jours complets, faisant de mon séjour à Cardiff un véritable périple. Puis, finalement, lorsque j’étais rentrée chez nous, à Londres, c’était l’ennui qui avait étiré les minutes en heures. Il ne s’était écoulé que deux semaines mais ces deux semaines avaient été longues et solitaires. Longues et pesantes, presque.
Je m’étais rendue compte que j’avais besoin de lui pour me sentir entière. Je m’étais rendue compte que j’avais besoin de sa présence pour respirer correctement, pour sourire avec sincérité. C’était d’un profond ridicule mais son être m’était essentiel. J’avançais grâce à lui. Je continuais grâce à lui. J’étais ce genre de personnes incapables de survivre par elles-mêmes, pour elles-mêmes ; j’étais peut-être un parasite, mais je ne parvenais pas à trouver de véritable objectif à mon existence si j’étais toute seule. Mon manque de confiance en moi était mon pire fléau ; il me refusait bien des opportunités, il me refusait de rencontrer de nouvelles personnes et de prendre de véritables initiatives, mais j’étais persuadée que, d’une certaine manière, il me permettait de me concentrer bien plus sur ceux que j’avais accepté dans mon entourage.
Au lieu de me focaliser sur moi ou sur trop de personnes, je me focalisais sur eux et seulement eux. Au lieu de me perdre dans tous mes contacts et tous mes projets, je me dévouais à eux et seulement eux. Au lieu de passer à autre chose facilement et me disperser, je donnais tout ce que mon coeur pouvait à eux et seulement eux.
Je savais que je ne me trompais sans doute pas quand je disais que Julian était l’amour de ma vie, la personne qui me serait la plus chère de toute mon existence. J’avais concentré tellement d’énergie dans les sentiments que je nourrissais pour lui que je ne serais sans doute pas prête de refaire la même chose.
Puis, je m’étais perdue, également. Perdue dans tout ce que je ressentais. Perdue sans qu’aucune machine arrière ne soit possible.
C’était à double-tranchant, aussi. Il était la personne qui pouvait me faire rougir jusqu’à la racine des cheveux avec un simple sourire. Il était la personne qui pouvait me faire rire pendant des heures avec la moindre bêtise. il était la personne qui pouvait me blesser avec ses faux-pas sans même se rendre compte de l’impact que ça pouvait avoir sur moi.
Ses doigts se glissèrent dans mon cou pour finalement effleurer mon ventre. C’était une des rares fois qu’il le faisait ; la toute première avait été la veille de son départ en Irlande, quand il avait finalement accepté de me toucher pour la première fois depuis l’annonce de ma grossesse. Je l’observai faire, sachant parfaitement qu’il n’était pas à l’aise mais qu’il poursuivait ses efforts malgré tout. « Tu penses qu'elles savent que c'est moi ? » me demanda-t-il. Je ne répondis pas. Ses mots faisaient écho à une conversation que nous avions eue, un soir ; nous savions tous les deux que les enfants pouvaient reconnaître des voix dans le ventre de leur mère, mais nous avions conscience qu’il était sans doute beaucoup trop tôt pour que cela soit le cas avec nos filles. « Je … Je m'appelle papa et je suis idiot. Je crois que maman est triste à cause moi, » reprit-il en se penchant vers mon ventre. « Vous pouvez lui dire que je suis vraiment désolé ? Et accessoirement oublier que je viens de dire le mot idiot ? Parce que je suis pas supposé jurer en présence d'enfants et que… » Il s’arrêta net, sans doute parce qu’il venait de prendre conscience de ce qu’il était en train de faire. Il se rassit dans le fauteuil à côté de mon lit d’hôpital. J’étais touchée par ses gestes, touchée par son élan. Je le connaissais suffisamment pour savoir que c’était une manière détournée de s’excuser. Il avait conscience de ce que j’avais enduré pendant son absence et il était désolé. Désolé pour ça. « Ne t’inquiète pas, elles te tiendront pas rigueur du mot idiot, elles seront surtout occupées à me détester parce que je leur ai spoilé toutes les saisons de Game of Thrones, »  lui dis-je avec douceur. Ma voix était toujours dans un murmure, douce, calme. C’était ma manière, à mon tour, de lui dire que moi aussi je leur parlais et qu’il n’y avait aucun mal à ce qu’il le fasse. « Je ne t’en tiens pas rigueur non plus. Je n’arrive jamais à t’en vouloir très longtemps, de toutes manières. »  Je lui adressai un sourire. J’aurais aimé avoir suffisamment de caractère pour lui en vouloir plus longuement, à chaque fois, mais je n’avais jamais réussi à me refermer complètement.
J’avais beaucoup trop besoin de lui, après tout. Je ne pouvais pas garder des distances et lui en vouloir parce que le faire me blessait bien plus que cela pouvait me satisfaire. J’étais idiote, oui. Mais une idiote amoureuse. Une idiote dépendante.
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() message posté Mer 3 Fév 2016 - 12:24 par Invité

“Hour after hour I tried to find a compromise. Ignore the painful demise. But we keep on falling, in and out.” Je serrais ma prise sur sa main en soupirant. Le temps semblait s'être arrêté entre deux battements de cils. L'image apparaissait de manière fixe. L'expression était rompue par une tristesse fulgurante. Je me sentais meurtri après toutes ces absences. J'avais l'impression que mon départ remontait à beaucoup plus longtemps. Mon esprit avait pris la fuite dès l'annonce de la grossesse. Ginny m'offrait tellement de belles attentions mais j'en voulais toujours plus. Je me perdais dans mes pensées en prétextant que ma peur de l'échec était le seul frein à notre relation. Mais c'était une erreur de jugement. Ma crainte allait au-delà du sentiment. C'était un amalgame entre mes souvenirs et mes perspectives d'avenir. Un appel qui se déchirait dans la nuit avant de prendre possession de mon cœur : Je ne serais pas un bon exemple pour nos filles. Je serais étouffant et colérique. Je me penchai vers le visage d'Eugenia sans oser la toucher. Elle semblait encore si fragile. Le rythme de sa respiration glissait sur mes joues blafardes avant de se transformer en silence. Nous étions une légende. Un phénix qui transcendait dans le noir, dévoré par les flammes d'une passion qui ne s'éteignait jamais. Et au lieu de cramer complètement. Au lieu de tomber, il étendait ses ailes sous le vent afin de voler plus haut. J'avais rêvé de notre destinée dès notre rencontre. Elle était assise à la table des rejetés et je l'avais rejoins en clamant que j'étais moi aussi, un paria. J'avais souris en lui proposant mon amitié  mais la petite galloise au regard troublé m'avait dérobé mon âme. Je ne savais pas quoi lui dire. Je n'avais pas la force de tracer les limites d'un sentiment qui dépassait toutes mes attentes. Je baissai les yeux vers son ventre. Derrière a courbe arrondie, se cachait un secret. Deux fragments de moi qui bataillait pour gagner mon affection. Deux petites créatures que j'avais rejeté parce que j'étais immanquablement attiré par les versants obscurs de ma personnalité. Je crispai la mâchoire en effleurant le tissu de sa robe de chambre. Ma pression était trop légère. Elle ne laissait presque aucun impact sur sa peau. Je la touchais ainsi, dans la retenue de toute ce qui pouvait ébranler sa sensibilité. Bébé un et bébé deux, ces surnoms cheminaient autour de ma tête comme une douce mélodie. Comment apprendre à les aimer sans leur faire de mal ? Je fronçai les sourcils. Mais tu les aime déjà, Julie. Un frisson traversa ma poitrine alors que la voix d'Aïda martelait les parois de ma cage thoracique. Elle était enfin là. Je ne l'avais pas entendu depuis des mois, mais elle m'était revenue. Je me redressai, les mains liées par un souffle incommensurable. J'avais troqué son étreinte contre une éternité. C'était ridicule. J'avais vingt six ans mais j'avais encore besoin d'une maman. Elle me manquait terriblement. Elle me manquait car j'étais incomplet sans ses prismes de lumière et le balancement de ses petits foulards dans le vestibule de notre maison. Un soupir m'échappa. Il ne me restait plus rien de ma famille. Vraiment rien. « Ne t’inquiète pas, elles te tiendront pas rigueur du mot idiot, elles seront surtout occupées à me détester parce que je leur ai spoilé toutes les saisons de Game of Thrones, » Je me tournai vers Eugenia en souriant. Je haussai les épaules en chassant l'ombre maussade qui avait tout à coup, pris possession de mes traits. Je venais de m'excuser de manière détournée et elle avait acceptée. Elle avait simplement balayé ses doutes d'un revers de la main. Elle rendait les choses tellement plus difficiles. Je fis la moue en secouant ma frange. Mes boucles bougeaient tristement sur mon front alors que je me rapprochais du lit. «Du moment que tu ne commences pas avec tes théories, je pense qu'il y a moyen de négocier.» Déclarai-je avec une pointe d'espièglerie. Tyrion un Targaryen ? Le résurrection de Jon Snow ? C'était un peu fou. J'effleurai son coude avant d'emmêler nos doigts avec délicatesse. «Je ne t’en tiens pas rigueur non plus. Je n’arrive jamais à t’en vouloir très longtemps, de toutes manières.  » C'était injuste. J'étais tellement moins indulgent face à ses erreurs. Je claquais trop souvent la porte afin de me mélanger aux vapeurs de l'alcool dans un bar malfamé. J'agissais comme un enfant en me fermant à toutes ses tentatives de réconciliations. J'esquissai un faible rictus. «Tu devrais pourtant.» J'étais si fatigué. J'avais raté ma présentation finale. Je n'avais aucune idée de l'évolution du colloque. Kenzo devait s'en occuper, mais elle n'était pas encore prête. Tout allait de travers. Je déglutis en posant lascivement ma tête sur l'épaule de Ginny. Je restai ainsi, recroquevillé sur sa silhouette parfumée. Je comptais ses inspirations et j'imaginais les détails de sa chute. Le fauteuil incliné, sa tête sur le parquet, ses yeux fermés. «Pourquoi Eugenia ?» Ma gorge se serra douloureusement. J'avais besoin d'entendre la réponse. J'avais besoin qu'elle m'accuse. C'était ma faute. Encore.
 
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() message posté Mer 3 Fév 2016 - 22:58 par Invité
julian & eugenia — dead souls don’t belong in living bodies, they only know how to haunt and wander cloudless skies, demons play with their hearts like toys, and fill their blood with despair, yet we kissed and somehow felt ourselves ignite. we may be as old as stardust, but we can shine like newborn star. ✻ ✻ ✻ Souvent, c’était mon entourage qui s’occupait d’en vouloir à Julian à ma place. Souvent, c’était les autres qui se souvenaient de ce qu’il me faisait alors que j’oubliais au fur et à mesure, au fil du temps, au fil des jours. Je me rappelais encore de la rage de Scarlet après qu’il m’ait jeté à la mer et les mois, les très longs mois, qu’elle avait passé à me répéter, encore et encore, qu’elle le tuerait de ses propres mains si elle le pouvait. Je me rappelais encore des longues discussions que j’avais eu avec Bartholomew, durant lesquelles j’avais narré nos hauts mais surtout nos bas lorsque nous n’étions pas encore en couple, et la manière qu’il avait eu de se rappeler de certains épisodes tout en soulignant qu’il avait été injuste, parfois, avec moi. Je me rappelais encore de Riley et sa façon très directe de me demander si je ne voulais pas qu’elle s’occupe elle-même de ramener Julian à la raison. J’avais refusé, bien entendu.
J’avais refusé parce que je ne voulais pas qu’ils interfèrent, malgré toutes leurs bonnes intentions.
J’adorais mes proches, j’adorais ma famille, j’adorais leurs manières de s’occuper de moi et de s’inquiéter pour mon bien être. Cependant, je considérais que ce qu’il se passait entre Julian et moi ne nous concernait que nous, tous les deux. La seule fois où il avait dépassé les bornes et que cela avait été bien a-delà de mon ressort avait été lorsqu’il avait réellement failli me tuer l’année dernière et j’avais compris leur affolement ; mais, désormais que les choses s’étaient calmées, je ne voulais pas qu’ils se permettent de le juger alors que j’étais passée à autre chose.
Je partais du principe qu’ils ne pouvaient pas comprendre, pas réellement. Ils avaient une vision biaisée de la situation puisqu’ils n’entendaient que ma version des faits.
Et puis, c’était difficile de passer à autre chose lorsque le reste de mon entourage s’appliquait à me rappeler, encore et encore, certains faits. C’était difficile de passer à autre chose et de tenter d’oublier lorsque ma propre soeur me demandait s’il avait encore oublié de m’appeler ou lorsque mon frère notait qu’il était celui à faire les courses, et non pas mon mari, lorsqu’une envie de sucré me prenait. « Du moment que tu nous commences pas avec tes théories, je pense qu'il y a moyen de négocier, » me dit-il, espiègle, presque taquin. Je me mis à sourire avant de me mordre la lèvre inférieure. « Trop tard. »  Je ne savais pas si parler avec autant de légèreté me faisait du bien ou augmentait mon malaise, ma gêne. Je ne savais pas si ignorer le problème était une bonne idée ou si cela ne faisait qu’activer une bombe à retardement ; c’était dans nos habitudes de ne pas réellement nous confronter, de faire comme si. C’était dans nos habitudes de tenter malgré tout, de tenter sans vraiment réussir.
Il enlaça nos doigts et ma main paraissait si sèche contre la sienne. Si froide, égalemet. « Tu devrais pourtant, » me dit-il finalement. Il était comme mon entourage, au fond. Il m’empêchait d’oublier. Il m’empêchait de fermer les yeux sur les problèmes, de fermer les yeux sur les douleurs de mon coeur. Il s’en voulait à son tour, sans doute. Il réalisait peut-être ce qu’il avait fait. « Pourquoi Eugenia ? » me demanda-t-il. Son visage révélait une profonde tristesse. Son visage dénonçait un profond mal-être. C’était toujours ainsi, avec Julian. Il agissait et il se rendait compte de ce qu’il avait fait après coup. Il agissait et ce n’était qu’à la fin qu’il se retournait pour observer les dégâts. D’ordinaire, cela n’était pas si grave. D’ordinaire, je vivais avec facilement. Mais les deux mois qui venaient de s’écouler avaient marqué mon âme d’une profonde solitude.
Je voulais oublier. Je voulais réellement oublier. Mais lui-même me rappelait ce qu’il s’était passé. « Pourquoi quoi ? »  demandai-je finalement. Je ne parvins pas à esquisser un sourire. Mon coeur se serra dans ma poitrine. Non, je ne pouvais pas oublier. Je le pardonnais mais je ne pouvais pas oublier. Son visage même me rappelais les longues heures que j’avais passé à douter. A douter de notre avenir. A douter de ce qu’il allait réellement se passer. « Pourquoi je suis tombée ou pourquoi je ne t’en veux pas ? »  repris-je. « Dans les deux cas, je crois que la réponse est la même. » C’était parce que je l’aimais trop. J’étais tombée parce que mes sentiments avaient créé toutes mes inquiétudes, m’empêchant de dormir, coupant toutes mes envies. Je ne lui en voulais pas parce que je refusais d’être celle à le perdre, je ne lui en voulais pas parce que c’était ma manière à moi de protéger notre relation. Quelque part, c’était comme si je jugeais que souffrir valait la peine.
Et, au fond, c’était sans doute le cas. Ca valait la peine. Parce que tous ces instants où Julian me faisait du mal pesaient bien peu dans la balance.
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() message posté Jeu 4 Fév 2016 - 20:45 par Invité

“Hour after hour I tried to find a compromise. Ignore the painful demise. But we keep on falling, in and out.” Donnes moi la main. Je la regardais en silence. Ma tête s'inclinait vers sa silhouette fragile mais je n'osais pas perturber la quiétude de ses pensées. Je savais que sa famille ne m'aimait pas. Son père n'avait certainement pas oublié la trace de mon poing sur sa mâchoire. Les excuses ne suffisaient pas à justifier mon comportement, et le temps restait figé sur nos blessures, chacun de son côté du monde. Chacun ses ressentiments et ses regrets. Je soufflai sur son menton en souriant. Je voulais essayer de me conformer à l'idéal de son amour. Je voulais de toutes mes yeux, mais je ne parvenais pas à me raccrocher aux murs qui se dressaient entre nous. Ils étaient trop glissants sous mes doigts. Et ses yeux. Son regard larmoyant était un poème, verdoyant, ourlé d'ombre et de tristesse. Ses paupières tremblaient entre ses cils comme enflammées par les souffles du vent. Je me demandais à quel point son cœur était sincère, dans quelle mesure ma colère pouvait-elle ternir sa passion et rogner les parois de sa poitrine chétive. J'étais le mal. Je vivais pour détruire car on m'avait appris à me défendre de cette manière. D'un geste automatique, je me redressai afin de reprendre ma figure transparente. Mes émotions tournoyaient autour de mes joues comme des baisers volés : trop légers, trop fugitifs. «Trop tard. » Je haussai les épaules. Je n'étais pas sûr qu'ignorer l'objet de notre conflit était la meilleure solution. Je m'étais lassé des absences à répétition, des longues heures où je m'isolais sur le pallier pour fumer. J'étais aussi fatigué de lui mentir, de supporter le poids de mes échecs sans partager le fardeau qui pesait si lourd sur ma conscience. Tout m'étouffait. L'air autour de mes boucles tristes. Le parfum des fleurs posées sur sa table de chevet et le cliquetis des chariots à l'extérieur du couloir. J'étais seul. Les fragments tombaient peu à peu, et bientôt, je rejoindrais les éléments à la surface du sol. Je vacillais en m'accrochant au rebord du lit. Je quittai ma chaise afin d’esquisser quelques pas dans la chambre. Sa voix continuaient de résonner dans mon esprit. Je veillais à ne pas trop m'éloigner pour la sentir vibrer contre mes temps. Je veillais à rester là, tel qu'elle me l'avait demandé pendant des mois.   «Pourquoi quoi ?» Je me retournai brusquement. J'attendais une suite, le front plissé, la gorge serré et l'expression ravagée par le chagrin. Je voulais qu'elle m'explique les raisons de son entêtements. Pas seulement à me pardonner, mais aussi à supporter mes excès. L'amour n'était pas supposé faire souffrir de cette manière, et si j'étais assez égoïste pour la retenir à mes côtés, parfois j'espérais secrètement qu'elle soit assez forte pour échapper de ma prise. «Pourquoi je suis tombée ou pourquoi je ne t’en veux pas ? Dans les deux cas, je crois que la réponse est la même.» Je déglutis en haussant les épaules. Il existait deux formes de bêtises humaines. La première était la foi qui nous poussait à trop aimer. Et la seconde, était la peur qui nous empêchait d'avoir la foi. Je ne savais pas me situer entre les deux. J'étais incapable de savoir si je l'aimais trop ou pas assez. Peut-être que ma bêtise allait au delà de ces notions. Peut-être m'étais je détaché de ces limites afin de friser les bordures de la folie. Je me mordis la lèvre inférieure en la regardant d'un air perdu. «Je ne veux pas de ça.» Ma voix était trop basse pour être audible. Je me tenais à la croisée des chemins. Je pouvais lui offrir la plus belle déclaration au monde ou méprisant son attachement malsain. Je pouvais lui confier mes inquiétudes ou capituler. Je crispai les mains sur mes cuisses en grognant. Mon regard avait changé. Mon point de vue était biaisé. Mon corps était épuisé mais il suffisait d'une étincelle pour que j'embrase complètement. Je ne pouvais pas contrôler la fulgurance de mes symptômes. Je ne pouvais pas me débattre contre une force qui dépassait la raison. Je grinçai des dents en me rapprochant de son chevet. «Je peux m’asseoir et parler sans que tu ne te sentes blessée par mes paroles?» Je hochai négativement la tête. «Quoi que je dise tu sembles contrariée. Je me sens malheureux, Eugenia.» Confiai-je dans un râle étouffé. Je me trouvais en Irlande. Je participais aux conférences en me laissant bercer par l'illusion de liberté, tandis qu'à l'autre bout du fil, elle était rongée par le doute. Voilà pourquoi elle s'était évanouie. Parce qu'elle avait peur que je parte. Parce qu'elle imaginait que j'entourais mes bras autour d'une silhouette aguicheuse et bien menue. Elle n'avait plus confiance. «La prochaine fois avant de te retrouver à l’hôpital à cause de moi, souviens toi que tu n'es pus toute seule.» Ma bouche se courba à la fois triste et souriante. Elle était enceinte. Comment pouvait-elle oublier ce détail ? Comment avais-je pu l'oublier moi-même ? Je fis la moue avant de reprendre : «Comment peux-tu t'ennuyer de moi alors que je suis là?» Murmurai-je en désignant son ventre.
 
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() message posté Sam 6 Fév 2016 - 16:20 par Invité
julian & eugenia — dead souls don’t belong in living bodies, they only know how to haunt and wander cloudless skies, demons play with their hearts like toys, and fill their blood with despair, yet we kissed and somehow felt ourselves ignite. we may be as old as stardust, but we can shine like newborn star. ✻ ✻ ✻ J’avais eu mes torts et j’en avais pleinement conscience. Je ne lui avais pas laissé de mots à dire dans ma décision de poursuivre ma grossesse ; je lui avais imposé en décrétant qu’il s’agissait de mon corps. Je lui avais imposé en lui répétant, puis en lui prouvant, que ses inquiétudes, toutes ces inquiétudes que mon médecins lui avaient gravées dans le crâne, n’avaient pas lieu d’être. Je lui avais imposé en partant du principe, également, que si nous avions arrêté de nous protéger cela avait été parce qu’il admettait l’idée d’avoir des enfants un jour, même dans un futur proche. J’avais eu mes torts, oui.
Et il me les avait fait payer pendant des semaines.
C’était souvent ainsi, avec Julian. Mes faux-pas avaient des répercussions sur la durée comme si je n’avais pas le droit de m’égarer. Sa rancune n’avait pas de limite quand il s’agissait de me blesser en retour. Quand il s’agissait de me rendre la monnaie de ma pièce. Puis, finalement, il était même allé jusqu’à accepter de participer à une conférence durant deux semaines, à l’autre bout des Terres britanniques, me laissant toute seule derrière lui, refusant que je l’accompagne sous prétexte qu’il n’aurait pas suffisamment de temps libre à m’accorder. Cela m’avait blessé, oui. Cela m’avait même fait remettre en question la signification de l’alliance qu’il avait passé à mon annuaire. Il m’avait fui, moi, mais de cette manière il avait également fui notre mariage et ses responsabilités.
Il me demandait de lui faire confiance. Il me demandait d’avoir foi en lui. Mais, à mesure des déceptions, à mesure qu’il me prouvait qu’il préférait toujours partir plutôt que me soutenir, je ne savais même plus comment j’étais censée faire pour m’attacher à des paroles en l’air. Il m’avait laissé, après tout. Il m’avait laissé, enceinte et handicapée, alors qu’il avait juré qu’il s’accoutumerait de ma condition et qu’il vivrait avec.
Il n’avait fait que me prouver le contraire.
J’avais eu mes torts et j’en avais pleinement conscience. Cependant, il continuait de me délaisser, il continuait de me traiter comme la plus grande fautive alors que je n’avais même plus de possibilité de faire marche arrière. « Je ne veux pas de ça, » fit-il finalement. Je ne savais même pas de quoi il parlait ; je ne savais pas s’il parlait encore de ma grossesse, s’il rejetait encore les enfants que je portais alors qu’il n’avait absolument plus aucune excuse pour refuser leur existence, ou s’il parlait de ma présence à l’hôpital. Peut-être parlait-il de mon handicap ? Je n’en savais rien. Tout ce que je savais était qu’en cet instant il vivait un ou plusieurs choses qu’il ne voulait pas.
Peut-être ne voulait-il pas de notre mariage. Ma gorge se serra alors que je balayai cette idée de mon esprit sans réellement parvenir à l’oublier. « Je peux m’asseoir et parler sans que tu ne te sentes blessée par mes paroles ? Quoi que je dise tu sembles contrariée. Je me sens malheureux, Eugenia. » Il s’approcha de moi et je fronçai les sourcils sans réellement comprendre. Je ne lui avais pas fait la moindre reproche depuis qu’il était arrivé ; au contraire, j’avais même trouvé la force de sourire à certains de ses mots et plaisanter comme s’il ne s’était rien passé, comme si je n’avais pas mille-et-une pensées qui grouillaient dans mon esprit. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas comment il pouvait encore me présenter comme une éternelle insatisfaite. « Est-ce que j’ai l’air contrariée, là ? Non, »  murmurai-je à voix basse. Je n’avais rien d’autre à ajouter parce que je considérais qu’il n’y avait pas de débat à avoir sur ce point.
Je refusais de le laisser avoir raison. Je refusais de le laisser me mener par le bout du nez comme il savait si bien le faire, parfois. « La prochaine fois avant de te retrouver à l’hôpital à cause de moi, souviens-toi que tu n'es plus toute seule, » me dit-il avec l’ébauche d’un sourire triste aux lèvres. Je pris une profonde inspiration en sentant le désespoir venir se mêler à ma rancune, cette rancune que je ne connaissais pas souvent, pourtant. Mais je ne parvins pas à les retenir. Pas cette fois-ci. « La prochaine fois que tu me fuiras pendant deux semaines, souviens-toi de me donner des nouvelles. Ou d’être franche quand tu ne veux pas me voir, au lieu de me faire croire que tu ne vas pas avoir le temps et qu’à côté tu peux consacrer des heures entières à Victoria, »  dis-je finalement d’une petite voix. Je n’en voulais pas à Victoria, loin de là ; je savais qu’elle avait traversé une mauvaise passe et qu’elle avait eu besoin de soutien. Cependant, ce que je n’avais pas aimé avait été que j’avais eu besoin de lui, moi aussi, et qu’il n’avait pas voulu me soutenir.
Il n’était pas là. Il n’était tout simplement pas là. « Comment peux-tu t'ennuyer de moi alors que je suis là ? » reprit-il en désignant mon ventre. Mes mains se joignirent par réflexe sur mon bedon rebondi. Je pouvais sentir les filles bouger depuis quelques jours, déjà, et même ça Julian l’avait loupé. « Parce que c’est difficile de traverser tout ça sans pouvoir le partager avec toi. La veille de ton départ c’était la première fois que tu touchais mon ventre, Julian. La toute première fois. Quand… Quand je suis arrivée chez Scarlet et que je me suis rendue compte qu’elle était incapable de rester à côté de moi sans s’intéresser aux jumelles et m’en parler, je me suis sentie seule. Si seule. »  Ma gorge était nouée. Je voyais ce qu’il voulait dire. Oui, j’avais un morceau de lui en moi, désormais. Il était là à sa manière.
Mais, lui, ne l’était pas. Même lorsqu’il était dans la même pièce.
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() message posté Sam 6 Fév 2016 - 19:06 par Invité

“Hour after hour I tried to find a compromise. Ignore the painful demise. But we keep on falling, in and out.” La lumière s'amenuisait autour de la chambre. Mes pensées semblaient si inappropriées. Elles s'envolaient au loin, vers un horizon que je ne pouvais pas atteindre. Peu à peu, je commençais à errer dans un vaste espace amorphe. Les minutes se transformaient en éternité. Le temps restait figé entre les paumes de mes mains fatiguées. Il n'y avait donc pas de transition entre le sentiment et son contraire. Mon cœur se révoltait pour se retrouver et exploser au travers de ma gorge. Je me sentais las. Je me sentais inutile. Et pour la première fois, je remettais tout en question. Notre mariage. Mon attitude. La peur. L'angoisse. Eugenia. Je reconnaissais mes tords mais je ne les excusais plus. L'odeur particulière de l’hôpital s'infiltrait sous ma peau afin de rogner les parois de mon âme épuisée. J'entendais le souffle de Ginny se verser dans le silence. Je l'imaginais sur ma bouche mais je n'osais plus esquisser le moindre geste dans sa direction. Elle faisait l'effort de sourire. Mais je ne pouvais pas répondre à ses attentions. Ce n'était pas de sa faute. Mon humeur s'était transformée en nuage de cendres puis elle s'était mêlée aux brumes oppressantes de Londres. J'avais presque grandi dans cette ville et pourtant, je me sentais comme un étranger. Les visages défilaient sous mon regard mais je n'en reconnaissais aucun. Pas même celui Ginny. Pas même le mien. Je me redressai, puis d'un geste désordonné, j'allongeai le bras pour saisir la petite jambe dont je m'étais si passionnément amourachée. Je la touchais et je me demandais encore, avec la même curiosité courroucée, si elle était capable de sentir ma peau frémir contre la sienne. Quel réflexe ridicule! Je savais déjà les réponses. J'avais lu des articles sur la paraplégie et les sections de la moelle épinière. J'avais tenté de comprendre les mécanismes qui emprisonnaient le corps que j'avais épousé. Puis je m'étais laissé porter par l'horreur de ces symptômes dont la gravité semblait au delà des signes physiques. Son fauteuil me l'avait volé. Il l'avait prise dans une étreinte étouffante et il m'empêchait parfois de la rejoindre dans son univers. Je vivais avec ses troubles musculaires et ses douleurs fantômes. Je reconnaissais les brûlures qui parcourraient ses articulations car elles semblaient émaner du plus profond de son être, mais qu'elle n'avait même plus la force de s'en plaindre tant la douleur pouvait être saisissante. J'étais le spectateur de ses chutes quotidiennes et parfois, en raison de mes excès de colère, j'en devenais moi-même responsable. J'avais mal lorsqu'elle ne se doutait même pas de mes pressions contre ses cuisses. Je me sentais biaisé quand nous étions dans la rue et que ma main pendait sur son épaule sans pouvoir enlacer ses doigts, car elle était trop basse et que j'étais perché sur mes jambes d'acier, dévalant l'allée à une vitesse qui ne faisait que nous séparer. Je plissai le front en crispant ma prise sur son genou. Je m'accrochais avec désespoir à sa silhouette fragile puis je relevai la tête vers son visage cristallin. «Est-ce que j’ai l’air contrariée, là ? Non, » Sa voix n'était qu'un murmure. Je me redressai avec effroi puis je battis des cils afin de contenir mon expression. Parfois, je repensais à sa relation avec Lior. Je revoyais sa coiffure distinguée et son maquillage léger. Elle brillait au milieu des décorations du palais et je me tenais à l'autre bout de la pièce, le regard fixé sur sa robe et ses manières. J'avais attendu le décompte et j'en avais oublié d'embrasser ma cavalière. Eugenia semblait si heureuse au bras d'un homme dont le tempérament était plus doux. Il avait plus à offrir. Et c'était précisément pour cette raison que je m'en voulais à cet instant. C'était précisément pour cette raison que je ne supportais pas de prononcer son prénom. Parce que j'avais constamment l'impression de ne pas être conforme à l'idéal charmant qu'elle avait conçue pendant son enfance. « La prochaine fois que tu me fuiras pendant deux semaines, souviens-toi de me donner des nouvelles. Ou d’être franc quand tu ne veux pas me voir, au lieu de me faire croire que tu ne vas pas avoir le temps et qu’à côté tu peux consacrer des heures entières à Victoria, » Je retins ma respiration. Un frisson traversa mon échine alors que je m'éloignais d'un geste brusque vers le rebord de mon siège. Je marmonnai dans ma barbe avant de frotter mon visage. Je n'étais pas amoureux de Victoria. C'était ma meilleure amie. Je pouvais me permettre de la laisser seule, sans surveillance pendant de longues heures et ne la retrouver que le soir pour la traîner dans un bar rustique où l'odeur de la sueur se mêlait aux vapeurs de vins. Il n'y avait pas de comparaison possible. « Tu penses que les attentions que je porte à Victoria sont les mêmes ? Tu crois que je peux me concentrer sur mon travail si je t'enferme dans une chambre d’hôtel toute la journée ? Je ne suis pas parti en vacances, Ginny. Tu n'aurais pas supporté mon rythme ni les thématiques des conférences. Je t'ai fuis le premier jour, puis tu m'as manqué. Pendant deux semaines. Tu m'as horriblement manqué.» Ma voix était rauque et chevrotante. J'avais la sensation d'être jugé sur mes actes manqués, mais je n'avais que de bonnes intentions en partant en Irlande. Je voulais revenir avec plus d'entrain. Je voulais accepter l'idée qu'on puisse fonder une famille et m'approprier de l'essence de ce bonheur utopique auquel Ginny s'accrochait avec autant de véhémence.  J'allongeai le genou afin de garder une position confortable plus je me tournai vers elle. Je notais la légèreté de ses mouvements lorsqu'elle effleurait son ventre. Elle avait déjà adopté tous les gestes d'une mère. «Parce que c’est difficile de traverser tout ça sans pouvoir le partager avec toi. La veille de ton départ c’était la première fois que tu touchais mon ventre, Julian. La toute première fois. Quand… Quand je suis arrivée chez Scarlet et que je me suis rendue compte qu’elle était incapable de rester à côté de moi sans s’intéresser aux jumelles et m’en parler, je me suis sentie seule. Si seule. » Je fronçais les sourcils. Je comprenais mais je ne savais pas réagir. Je passai ma main dans ma frange en soupirant, puis je pinçai les lèvres. Fallait-il réellement que je m'exprime avec regret ? «Je ne sais pas ce que tu attends de moi. Je ne sais pas quoi faire, Ginny. J'ai peur de trop toucher ton ventre. Imagine j'écrase la tête de bébé 1 et elle m'en veut parce que bébé 2 est plus jolie ? » Mon intonation n'avait rien d'agressif. Je voulais réellement qu'elle m'éclaire. J'étais revenu mais cela ne semblait pas suffisant. Je m'étais impliqué dans sa grossesse, même à distance. Je demandais des nouvelles. J'avais surnommé les jumelles. Je me préoccupais de leur arrivée et de l'état de nos économies. Mais, d'après ses reproches, je en m'y prenais pas de la bonne manière. «Je veux te faire sortir d'ici.» Soufflai-je en me redressant. Je me penchai vers son lit puis je me glissai sur le bord afin de m'étendre à ses côtés. Je voulais au moins l'enlacer puisque je ne semblais pas être très efficace avec le reste. Je souris d'un air maussade avant de passer mon bras autour de son cou. «Il n'y a même pas assez de place pour moi. Je vais devoir dormir sur la chaise.» Couinai-je en humant discrètement le parfum de ses cheveux.
 
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() message posté Sam 6 Fév 2016 - 21:01 par Invité
julian & eugenia — dead souls don’t belong in living bodies, they only know how to haunt and wander cloudless skies, demons play with their hearts like toys, and fill their blood with despair, yet we kissed and somehow felt ourselves ignite. we may be as old as stardust, but we can shine like newborn star. ✻ ✻ ✻ J’avais fini par dire ce que j’avais sur le coeur. J’avais finalement laissé les mots passer la barrière de mes lèvres. Cela avait été plus facile que je ne le pensais ; au fond, cela me tenait tellement à coeur que j’aurais sans doute pas réussi à garder mes déceptions pour moi. Je ne réussissais pas à le regarder sans éprouver ce mélange de soulagement d’enfin le retrouver et de colère qu’il m’ait ainsi traitée. Je ne savais pas si cela allait arranger les choses. Je ne savais pas s’il allait me montrer un peu de tolérance ou s’il allait s’emporter après moi.
Mais je l’avais dit. Je l’avais dit et je tentais de me convaincre que c’était suffisant.
Sa main se posa sur une de mes jambes et je le sentis la serrer entre ses doigts. Peut-être pouvait-il percevoir qu’elle s’agitait dans son immobilité. Peut-être pouvait-il sentir mes muscles qui refusaient de me laisser tranquille. J’avais répété une centaine de fois que cette grossesse ne serait pas dangereuse pour moi mais elle était, néanmoins, particulièrement désagréable ; mon traitement ordinaire pour tous les problèmes musculaires ou de circulation sanguine qu’entraînait ma condition avait dû être réduits de moitié et je m’étais retrouvée à rester éveillée durant de longues nuit, en proie à des spasmes, en proie à des douleurs qui refusaient de se taire. C’était pour cela que je m’étais incroyablement affaiblie, si on en croyait les médecins. J’avais tout arrêté du jour au lendemain sans que rien d’autre ne soit prescrit pour compenser. Je faisais l’expérience des symptômes ordinaires d’une grossesse en plus et j’avais été malade pendant plus de deux mois, au final. Deux mois à endurer ce qu’il m’arrivait plutôt qu’à profiter. Deux mois à voir mon corps doucement se rebeller plutôt qu’accepter.
Je ne m’étais pas plaint auprès de Julian, ni même auprès de qui que ce soit d’autre. Pas une seule fois. J’avais gardé mes maux pour moi, comme j’avais toujours eu l’habitude de faire, laissant ma mauvaise humeur prendre le dessus à plusieurs reprises mais je n’avais jamais cherché à m’en excuser. Cela n’avait pas été par courage, mais par fierté. Par entêtement. J’avais voulu prouver que j’étais capable de le faire alors que je n’avais sans doute pas les épaules pour. « Tu penses que les attentions que je porte à Victoria sont les mêmes ? Tu crois que je peux me concentrer sur mon travail si je t'enferme dans une chambre d’hôtel toute la journée ? Je ne suis pas parti en vacances, Ginny. Tu n'aurais pas supporté mon rythme ni les thématiques des conférences. Je t'ai fuie le premier jour, puis tu m'as manqué. Pendant deux semaines. Tu m'as horriblement manqué, » me déclara-t-il. Je trouvais cela presque facile de me fuir pour finalement se rendre compte, trop tard, qu’il n’était pas réellement pour cette solution. J’assumais mes choix—j’assumais ma grossesse, j’assumais mes douleurs, j’assumais tout ce qui se liait à ce choix.
Il pouvait au moins avoir la décence d’assumer les siens. D’assumer d’être parti. D’assumer d’avoir fui. J’étais fatiguée de ses excuses et de ses explications. Alors, je ne lui répondis pas, demeurant silencieuse tout en faisant de mon mieux « Je ne sais pas ce que tu attends de moi. Je ne sais pas quoi faire, Ginny. J'ai peur de trop toucher ton ventre. Imagine j'écrase la tête de bébé 1 et elle m'en veut parce que bébé 2 est plus jolie ? » reprit-il finalement et j’arquai un sourcil en entendant ses paroles. Il disait cela pour m’amuser, sans doute, mais je ne savais pas réellement si j’avais envie de sourire. « Ne dis pas de bêtise, il y a une bonne couche de graisse entre ma peau et elles maintenant, »  répondis-je dans un murmure. Je savais que je m’étais très nettement remplumée ces dernières semaines. J’exagérais très clairement la situation mais je me sentais presque obligée de le souligner. « Je veux te faire sortir d’ici, » reprit-il en se levant. Il vint finalement s’installer à mes côtés, s’allongeant au bord du matelas. « Il n'y a même pas assez de place pour moi. Je vais devoir dormir sur la chaise. » Son bras se passa autour de mon cou et je vins poser la tête sur son épaule. C’était étrange, presque, de le sentir contre moi après deux semaines. Cela m’avait manqué. Beaucoup trop. « Je devrais être déchargée dans la journée si mes analyses sont bonnes, »  lui dis-je. Je jetai un coup d’oeil à la perfusion toujours plantée dans mon bras.
Je voulais partir, moi aussi. J’étais une habituée des hôpitaux mais la manière dont je m’étais retrouvée ici était si idiote que j’avais honte, presque. « Attends je vais te faire de la place, » repris-je. Je me détachai de lui pour prendre la poignée de potence au-dessus de ma tête. Je me décalai légèrement de côté, sur le bord du matelas, pour lui laisser de la place. Je posai mes mains sur le tissu de sa chemise pour l’inciter à se rapprocher. Je blottis mon visage contre lui, contre la chaleur de son corps, et je fermai les yeux. « J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose, Jules. J’étais morte d’inquiétude. »  Mes mots s’étaient échappé de mes lèvres dans un murmure. Il allait bien, les filles allaient bien, j’allais bien ; c’était le plus important, sans doute. Mais je ne savais toujours pas pourquoi il ne m’avait pas donné de signe de vie. Je ne le saurais probablement pas.
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