"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (+18)  My life is a perfect graveyard of buried hopes // Julenia 2979874845 (+18)  My life is a perfect graveyard of buried hopes // Julenia 1973890357
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(+18) My life is a perfect graveyard of buried hopes // Julenia

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() message posté Ven 12 Juin 2015 - 2:15 par Invité

“I realize now that dying is easy. Living is hard. And that's just it, isn't it?”   Je rattraperais cette nuit sans sommeil le jour suivant. Le matin, je préférais m’évader dans une réalité parallèle et songer que l’existence était plus facile entre les tracés irréguliers de mon stylo. C’était le premier jet de mon nouveau roman. Certes, le contexte était bien plus sombre et morose que le précédant mais je retrouvais les mêmes personnages dans un univers où les astres ne cessaient jamais de briller. Samuel et Berenice se noyaient dans tous les concepts et les allusions que le monde se faisait des plaisirs et des libertinages de l’amour. Ils étaient immortels car les fumées écarlates de la vie remontaient du fin fond des vallées de la terre pour enlacer leurs visages pâles et silencieux. Ils ne ressentaient pas la détresse cruelle ou la folle exubérance d’une vraie relation. Je leur épargnais les spasmes d’appréhension, les doutes incertains et la crainte de l’abandon. Je leur offrais tous mes désirs cachés et les parfums sensuels de l’allégresse car je m’étais fais la promesse qu’ils ne connaitraient jamais la désolation. Je me penchai vers la table basse en chancelant. Je suivais toujours la même routine lorsque j’écrivais. J’étais assis à califourchon sur le sol. Les mégots de cigarettes et les cannettes de bières se mêlaient aux piles de livres et d’encyclopédies alors que je m’acharnais contre le papier, une énorme pince à cheveux rose calée sur ma frange. Les vapeurs du tabac se versaient dans la pièce uniquement éclairée par ma lampe de chevet. Mon esprit était concentré, respirant la lubricité sauvage de mes pensées. Les élans de ma créativité se dévoraient entre eux, se chevauchaient, engendraient des guerres et des réconciliations avant de disparaitre entre les grincements frénétiques de ma plume. La sonnerie de mon téléphone retentissait en rafale mais je ne détournais pas le regard une seule fois. Je n’aimais pas interrompre un travail inachevé. A vrai dire, je n’aimais m’interrompre tout court. Je m’appliquais dans le choix de mes mots afin de rendre hommage aux émotions qui filtraient à travers ma bouche alors que je murmurais mes textes à voix basse, - puis lorsque je finissais, j’allumais une dernière cigarette. Les flammes de mon briquet rampaient, chancelaient et se consumaient en jouissant au bout de ma tige alors que j’inspirais les plaisirs médiocres de la nicotine. Mon téléphone sonna à nouveau mais je ne bougeai pas. Il était vital que j’accomplisse mon rituel jusqu’au bout. Mes yeux étaient vitreux, sans doute, la fatigue était-elle venue à bout de l’étincelle hautaine et rageuse qui effleurait le fond de mon regard. Je posai mes mains sur mes cuisses avant de me relever avec lenteur. Ma tête était lourde et inquiète comme si les flots mouvants de mes réflexions me faisaient perdre l’équilibre. Je saisis mon i-phone en soupirant. Un numéro inconnu. Je pressentais déjà la catastrophe imminente. Ma sollicitude se transformait en espace alors que j’entendais mon interlocuteur. Le corps d’Ewan avait été rapatrié. Ils avaient besoin de ma signature pour le sortir de la douane, mais je ne faisais pas partie de sa putain de famille. Je n’étais personne. Je n’étais qu’un ami. Un simple ami qui avait eu le malheur de baisser sa garde et se laisser submerger par la lumière. Il était enfant unique. Sa mère était décédée depuis quelques mois. Je ne connaissais pas son père mais je savais qu’il avait une cousine en Ecosse. Pourquoi pas elle ? Je secouais mon torse en raccrochant.

Je longeai l’avenue principale du centre-ville sans trop savoir où je me dirigeais. J’avais signé le registre. J’avais regardé l’énorme caisson en bois en devinant que son cadavre déchiqueté devait s’y trouver, et j’avais tourné les talons en silence. Je sombrais dans la folie. Mon cœur n’était plus qu’une nuée de poussière. Une pompe musculeuse et visqueuse qui s’effondrait dans l’angoisse et la volupté exhalées par les souffles du vent. Je regardais en arrière dans l’espoir de retrouver un visage inconnu, mais les rues étaient bordées par une foule d’inconnus. Je pensais détenir le grand secret de la poésie. Je m’étais autoproclamé génie de la douleur et de l’éloquence, mais je réalisais avec effroi et surprise que toutes mes descriptions littéraires ne s’accordaient pas avec la réalité. Je cherchais un endroit pour me réfugier. Je cherchais une trêve entre la vie et la mort mais je voyais tout, je comprenais que je n’avais fais que me leurrer depuis des semaines en pensant qu’il pouvait survivre à un crash d’hélicoptère. Je me renfrognais dans le col de ma veste avant de rentrer dans un bistro au hasard. Je m’écrasai contre un tabouret tel un automate, puis je levai le bras en prononçant un seul mot. Whisky. Je refusais de bouger. La tristesse se faufilait sous ma peau comme un poison avant de s’ancrer sur mes os. Je bus ma boisson d’une traite avant de demander à être servi encore et encore, jusqu’à ce que mes oreilles bourdonnent et que la musique de fond soit plus facile à supporter. Je déglutis en me redressant, prêt à repartir lorsqu’une main s’écrasa contre mon épaule. Je me retournai en sursautant. « Fitzgerald ! Le roi des finances du Times. Que le monde est petit. » Jake Winthrow était là. Le simple fait de le rencontrer me mettait hors de moi. Mon ivresse rendait chacune de mes émotions aussi déchirante qu’un coup de poignard en plein ventre. Je sentais la rage grouiller dans mon système mais je résistais à la tentation de  le frapper. Je résistais pour honorer une promesse ridicule et désuète que j’avais faite à Eugenia. « J’ai vu que tu t’étais reconstruit après que je t’ai fais viré du journal. » J’arquai un sourcil en serrant les dents. Il me provoquait ouvertement. Je savais qu’il allait réussir à éveiller mes instincts brutaux. Je l’attendis donc, adossé au comptoir d’un air sceptique. « J’ai démissionné ducon. » Il haussa les épaules avec désinvolture avant d’éclater de rire. « Oui, mais je t’ai un peu aidé. J’ai lu ton livre. C’est très touchant. Je t’admire, aimer une … » Bingo ! Je fendis l’air en sa direction afin de le plaquer violement contre le mur. Etrangement, il n’omit aucune opposition lorsque mes phalanges s’écrasèrent contre sa mâchoire. Je l’avais sans doute pris de cours. Il ne pensait pas que je tomberais aussi bas, et pourtant je glissais au fond de l’abysse pour embraser les charmes vespérales de la nuit. Je le cognais avec ardeur, sans m’arrêter,  jusqu’à ce que sa peau s’ouvre sous la pression de mes coups et que le sang gicle sur mes vêtements. Il puait comme tous les autres. Son odeur nauséabonde me relevait l’estomac mais je ne m’arrêtais pas, animé par une pulsion incontrôlable. Le gérant du bar s’approcha afin de nous séparer mais il ne parvint pas à me sortir de ma torpeur. Seule, la violence pouvait me calmer. C’était étrange de songer que toutes ces années passées à souffrir à cause de l’agressivité de mon père avaient fini par me forger à son image. Je le détestais et pourtant, je le considérais comme un modèle. J’étais son fils. J’étais ignoble et désabusé. L’alcool me tournait la tête. Deux hommes me prirent par les bras mais je me débattais de toutes mes forces. Toutes les idées qui avaient surgi pendant cet échange me semblaient si profondes et si justes, puis lorsque je me retrouvai à terre, elles finirent par se décliner et redevenir boue. Je voulais appeler Rhys pour qu’il vienne me chercher mais il était inutile de le trainer dehors alors que je pouvais encore tenir debout. Je me redressai avec difficulté, les membres engourdis et douloureux. Ma lèvre inférieure était enflée. Je fis la moue en la frôlant du bout des doigts et je remarquai l’inflexion bizarre de mes articulations bleutées. Super ! Encore une semaine sans écrire.

J’ouvris la porte de mon appartement. Je fis un pas dans l’entrée avant d’apercevoir le fauteuil noir d’Eugenia. Au-dessus d’elle résonnait une infinie douceur céleste, mais je ne pouvais plus faire partie de ce monde là. Je la regardais sans réellement détailler l’expression de son visage. Elle devait être déçue. Je l’étais moi-même. Je tremblais, le front suintant et les cheveux collés sur mes tempes. J’attendis qu’elle me parle mais elle se contenta de m’observer comme un pot de porcelaine qui venait de se briser. Je m’approchai en sentant ma gorge se serrer. Dans un élan de détresse, je cherchais mon paquet de cigarettes dans mes poches mais je devais l’avoir oublié au bar ou dans ma voiture. Je tirai alors mon crayon afin de le caler entre mes lèvres comme une illusion de bonheur. Elle ne pouvait pas comprendre à quel point mes sentiments étaient complexes. Ils avaient atteint l’éther glacé et les frontières interdites de la raison. Les jours, les heures, le temps ne signifiaient plus rien. Je n’étais pas un homme, ni un animal. Je n’étais même plus écrivain. Je n’étais qu’une ombre qui rejoignait les autres voiles de la nuit pour stagner dans le néant. Mes semelles grinçaient alors que je marchais. Je ne savais plus si je pouvais me laisser aller. Je n’étais plus sûr d’avoir une place en ces lieux. J’étais tout simplement épuisé. A l’intérieur de moi, tout était vide. Le silence flottait au gré du doux souvenir d’une personne que j’avais perdue. « Je suis parti. Je l’ai vu … » Balbutiai-je, la tête basse. « Dis le à haute voix s’il te plait. » La suppliai-je. Dis qu’il est mort. Je dois l’entendre. Je dois sentir les vibrations de ta voix au creux de ma conscience. Je ne parvenais pas à me maintenir droit. J’étais hanté par la crainte et la nostalgie. Mon cœur courrait, se ruait et se cabrait comme un bête sauvage qui se précipitait vers une chute fatale. Je déglutis avant de m’agenouiller avec lenteur, les deux mains jointes sur ma poitrine comme pour adresser une ultime prière au désespoir. Achève-moi et j’irais bien. J’étais prêt à accueillir le destin, mais mes muscles continuaient à trembler de peur. Mon corps protestait une dernière fois avant de succomber.
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() message posté Dim 14 Juin 2015 - 21:03 par Invité

Julian & eugenia — the chaos in me is the chaos in you. like the love in you is the love in me. so maybe we’re both a little crazy. enough to believe we’re found where dreams are born and beneath our faults remain a science, where you and i will run away and leave nothing behind. ✻ ✻ ✻ « Et Julian ? Comment il va ? » Je ne répondis pas à la question de ma mère, du moins, pas immédiatement. Je n’étais pas réellement sûre de savoir. Je n’étais pas réellement sûre qu’il le sache lui-même. J’avais l’impression qu’un mur s’était érigé entre nous depuis l’instant où je lui avais admis, à voix haute, que je n’étais pas encore prête à avoir de relations sexuelles avec lui ; par la suite, j’avais continué mes examens, il avait appris la mort d’un de ses amis proches. Il avait appris la mort d’un de ses amis proches et s’en avait été fini. Il m’avait glissé entre les doigts sans que je ne parvienne à le retenir. Il s’était échappé de ma prise comme si j’avais tenté, en vain, d’attraper un écran de fumée. Il y avait eu des hauts et des bas. Il avait passé la plupart de ses journées à se prendre pour un écrivain fou et, pour respecter sa bulle créative, j’avais pris du recul. Cela avait été plus simple pour lui, que je n’avais pas interrompu en plein élan, et pour moi, qui n’avait pas eu à assister au triste spectacle qu’il donnait à voir à chaque fois qu’il pouvait bien avoir un crayon entre les doigts. Je ne supportais que très mal ses excès, après tout. Je ne disais rien quand il fumait comme à son habitude, mais dès qu’il était pris d’une folie créative, les cigarettes se suivaient les unes après les autres sur ses lèvres sèches, accompagnés de joints mal roulés et d’alcool bas de gamme. J’avais l’impression que c’était trop pour moi, trop pour mon coeur, trop pour mes anxiétés maladives. J’avais l’impression que c’était trop pour mon âme, trop pour ma conscience, trop pour ma présence. Alors, je le laissais tranquille. Et, de cette manière, je parvenais à me sauver, moi aussi. « Je… Je n’en sais rien, » finis-je par admettre. A l’autre bout du fil, j’entendis ma mère cesser toutes activités pour se concentrer sur son téléphone. Je pouvais presque visualiser le pli soucieux qui avait sans doute pris place sur son front. « Vous vous êtes disputés ? » demanda-t-elle spontanément. J’esquissai un sourire triste avant de passer une main sur mes yeux. Quelque part, j’aurais aimé que cela soit aussi simple. Quelque part, j’aurais aimé nommer ce qu’il se passait entre nous avec tant de facilités. Mais, la vérité, c’était que je ne savais même pas si nous étions en froid. Mais, la vérité, c’était que je ne savais même pas ce qu’il ressentait, lui, de son côté. « Non, non, on ne s’est pas disputé, » répondis-je finalement. « Mais alors, qu’est ce qu’il y a ? Il y a un problème avec vos fiançailles ? Il travaille beaucoup ? » Ses questions me donnèrent mal à la tête et, si je n’avais pas été si épuisée, j’aurais certainement commencé à pleurer. La gorge nouée, je posai ma main libre sur une de mes roues, jouant avec nerveusement, tournant doucement en rond en donnant de brefs coups dessus.
Puis, finalement, j’entendis la clef dans la serrure, et mes yeux se posèrent sur la porte d’entrée avant même qu’elle ne s’ouvre. « Ecoute, maman, je dois te laisser, » dis-je dans le combiné avant de raccrocher sans même attendre une réponse de sa part. Je posai mon téléphone dans la poche qui se trouvait à l’arrière de mon fauteuil et je levai les yeux vers le visage de Julian quand il finit par entrer dans son appartement.
Je ne sus pas réellement ce que je vis en premier. Sa lèvre enflée. Ses doigts bleus. Son visage fermé. Sa peau moite. Je restai là, silencieuse, à l’observer, attendant qu’il soit le premier à parler. Attendant qu’il soit le premier à s’expliquer.
Après tout, j’étais peut-être innocente, mais je n’étais pas idiote. Je savais ce que sa dégaine signifiait ; je me doutais bien qu’il avait fini par rompre notre marché dans un violent coup de colère, s’impliquant dans des bagarres qu’ils auraient sans doute mieux fait d’ignorer. Ma gorge se serra et je battis plusieurs fois des cils pour empêcher les larmes de s’installer sous mes paupières ; cette vision de lui ne faisait que me confirmer cette incertitude qui planait au dessus de mon crâne. Puis, finalement, il fit quelque pas, laissant une certaine distance entre nos deux corps ; je levai la tête vers lui pour l’observer, quand, finalement, il ouvrit la bouche. « Je suis parti. Je l’ai vu… » dit-il avec difficultés. J’avais du mal à détacher ses syllabes, tout comme je mis du temps à comprendre ce à quoi il pouvait bien faire référence ; puis, finalement, je compris. Je compris qu’il me parlait d’Ewan. Je compris qu’il avait enfin fini de se contenter de mensonges pour affronter la vérité en face. Cette vérité qui faisait mal. Cette vérité qui faisait si mal. « Dis-le à haute voix s’il te plait. » Je restai interdite face à sa demande, incapable de prononcer le moindre mot. Il se mit à terre et je l’observai avec peine, puis, finalement, je m’avançai vers lui avec douceur. De cette manière, je le dominais en hauteur ; il sentait le tabac froid et l’alcool bon marché, son odeur habituelle se mélangeant à ses vices et à celles des personnes il avait bien pu croiser le chemin. J’avais l’impression de pouvoir ressentir l’aura de désespoir qui flottait autour de lui, l’impression de calquer ses propres peines sur mes émotions. J’étais trop sensible à tout ce qui pouvait le toucher ; c’était comme si ses douleurs étaient les miennes, comme si ses souffrances étaient les miennes également. Parfois, j’avais même l’impression que son corps était le mien selon le même schéma, les mêmes principes ; je ne savais pas s’il interprétait cela de la même manière, mais je passais bien plus de temps à ressentir ses émotions à lui plutôt qu’à m’attarder sur mes propres sentiments. J’étais si loin d’être un monstre d’égoïsme. Si loin que je m’oubliais moi-même. Doucement, je posais ma main sur son épaule et je me penchai vers lui, détestant mon fauteuil qui me limitait dans mes mouvements. « Julian… » murmurai-je doucement. Je me demandai s’il se rendait compte à quel point je pouvais ressentir sa propre peine. Je me demandai s’il se rendait compte à quel point j’avais la sensation que ses problèmes étaient mes problèmes, à quel point il était comme le centre de mon monde, le centre de mon univers. Je détestais le voir dans un tel état de détresse. Je détestais le rôle qu’il me donnait, également. Ce rôle de bourreau. « Il est mort. » Oui, il l’était. Je l’avais su à l’instant même où Julian m’avait fait part du coup de fil qu’il avait reçu. Je l’avais su même s’il s’était borné à croire le contraire. Mais je l’avais laissé faire. Je lui avais laissé ce temps de répit comme pour retarder l’échéance. « Je suis si désolée, » dis-je dans un murmure. « Viens par-là, » Je m’attendis presque à essuyer un refus de sa part, mais je tendis tout de même les bras vers lui pour qu’il vienne tout contre moi.
J’avais l’impression qu’il était un merveilleux désastre, qu’il était tourmenté par une magnifique souffrance. Les promesses qu’il pouvait me faire n’avait absolument aucune valeur, et je me sentais presque idiote de m’en rendre compte que maintenant ; il ne savait se maîtriser, il ne savait prendre le dessus sur ce qu’il se passait dans son être. Et, peut-être même que l’amour qu’il me portait n’était pas assez grand. Il se noyait quand même.
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() message posté Sam 27 Juin 2015 - 3:46 par Invité

“I realize now that dying is easy. Living is hard. And that's just it, isn't it?”   Mon pouce vint frotter les rougeurs sur ma main mais je n’avais pas mal sur cette peau, j’avais mal dans mon cœur. Il était échoué, valsant sombrement dans des flots inconnus car c’était ce que je ressentais à cet instant : le néant. L’incapacité de reconnaître. Je levai les yeux vers Eugenia sans la voir, sans l’admirer comme je le faisais d’habitude, comme je l’avais fait depuis tant d’années. J’avais peur de ce vide qui s’ouvrait impunément dans ma poitrine. Je pouvais être l’écrivain novateur ou l’amant romantique mais la réalité me rattrapait aujourd’hui et je n’étais qu’un vulgaire animal échoué sur la plage, le pelage recouvert de pétrole nauséabond, qui n’avait plus que les yeux pour observer les voussures du ciel et pleurer lentement devant cette beauté qu’il ne pouvait plus atteindre. Qu’il n’avait jamais atteint. Les ténèbres enveloppaient tout. Je ne voyais plus Eugenia, je voulais l’entendre pour m’assurer qu’elle était bien là. Je voulais qu’elle me dise la vérité car j’allais croire aveuglément chaque mot qui sortirait de sa bouche. Elle luisait de cette douce lumière cuivrée dont l’éclat se reflétait sur la courbe de ses joues ainsi que sur ses yeux en amande. Mais j’avais peur de ne pas la reconnaître elle non plus. Elle ne put prononcer le moindre mot et plus son silence grandissait, plus mon cœur menaçait d’éclater. Mon regard était suppliant. S’il te plait parle. Je priais à ma déesse et aujourd’hui elle hésitait. J’étais au bord de la falaise, chancelant et blessé, avide de noirceur et d’éternité, mais elle n’osait pas s’approcher trop près de moi car une violence cuisante coulait dans mes veines. J’étais comme la bête furibonde qui semait la mort autour d’elle avant de la rencontrer elle-même ensuite. Cette violence m’avait fait tenir debout ce soir. Cette violence m’avait ramené chez moi. Cette violence m’avait fait rompre mon marché avec Eugenia mais à présent qu’elle surplombait mes membres meurtris, je ne désirais pas qu’elle m’en parle, qu’elle me sermonne à cause de ça. Ce n’était pas ma faute. J’étais un débris de verre qui s’était tout à coup brisé en mille morceaux. Je lui demandais d’accepter le parfum de l’alcool et les relents de cigarettes qui s’échappaient de moi. Je lui implorais une miséricorde que je ne méritais pas. L’odeur de son souffle me parvint et il m’apaisa un instant, tel un antipoison éphémère. Ce n’était pas assez. Ma vue se brouillait et j’arrivais de moins en moins à la discerner dans la pénombre. Je pouvais la sentir, je ne la voyais plus mais je voulais l’entendre et je haïssais son mutisme soudain. Parle Ginny. Ne me laisse pas sans rien. Ne me laisse pas devenir un monstre de douleur. Je l’ai déjà été et c’est trop dur, je ne pourrai pas supporter un deuxième voyage vers les sombres parois de l’enfer, dont les vitraux hideux finissent par engloutir toute la lumière. J’étais sûrement trop égoïste. C’était dur pour elle aussi. Mais je saignais ce soir, j’avais hurlé à la lune dans un élan de désespoir sans qu’elle ne me renvoie un signe satisfaisant, alors je me tournais vers mon soleil. J’attendais son étreinte chaleureuse mais je craignais que mon corps soit trop froid pour le supporter. Je craignais de fondre lorsqu’elle m’enlacerait. Parce que j’étais si fragile à présent. Une caresse et je m’effondrais sans jamais me relever. « Julian… » Murmura-t-elle finalement. Je fermai les yeux à l’écoute de mon prénom. Mes mains tremblaient toujours et je sentis dans sa voix cette vibration fatale. Elle ressentait ce que je vivais à cet instant. Elle était là, logée dans ma poitrine souffrante, adoptant ma douleur, cherchant à la partager en deux pour réduire le poids de cette peine. Mais je ne voulais pas le croire. Je refusais qu’elle m’aide ainsi. La simple idée qu’elle souffre à nouveau pour moi me donnait la nausée, si bien que je restais de marbre, mes yeux plantés dans les siens alors que j’avais tant de mal à l’apercevoir. Pourquoi ma vue est-elle si capricieuse ce soir ? Je suis une ombre maléfique qui se penche sur ton visage angélique. Je passai un doigt sur mes lourdes cernes et y cueillis le bourgeon d’une larme. Je l’empêchai de justesse de couler sur ma joue et mon ongle sécha rapidement ma paupière. Je voulais être sérieux et fort car c’était le dernier rempart qu’il me restait avant que le destin ne s’empare de mon cœur et le fende en deux. Eugenia allait me voir ainsi, saigné à blanc. Mais mon sang ne coulait pas, mes larmes le remplaceraient et cela me ferait encore plus mal.   Achève-moi Ginny. J’en ai assez de cette douleur. Elle ne tarda pas à reprendre la parole, une dureté profonde creusée dans sa voix : « Il est mort. » J’inspirai inconsciemment l’air qui m’entourait comme si j’avais eu, l’espace d’un court instant, peur d’être asphyxié par la vérité. Je baissai la tête immédiatement. Même de sa bouche à elle je refusais d’y croire. Je refusais de le laisser partir comme ça, si bêtement, si abruptement. Cette nouvelle était un talus monstrueux au fond de l’océan de mes souvenirs, la pente mortelle à l’extrémité de la falaise et la chute infinie, celle durant laquelle on vivait tout à nouveau durant quelques secondes. C’était ce que je ressentais à cet instant. Tout avait le visage d’Ewan, tout me rappelait son sourire et l’éclat pétillant qui avait habillé son regard pendant toutes ces années. « Je suis si désolée. » Ajouta Eugenia et je me recroquevillai sur moi-même, incapable de l’accepter. La boule dans mon ventre grandit encore et encore. J’avais du mal à respirer, on pouvait entendre mon souffle saccadé trancher l’air dans sa direction, l’enveloppant de tabac et d’alcool, de ces monstres qui me tenaient éveillés. Je voulais fumer une cigarette. J’en crevais d’envie. Je me moquais des méfaits de la nicotine encore plus que d’habitude. Je refusais ces limites-là aujourd’hui. Elles ne m’avaient pas sauvé du désespoir. « Viens par-là. » Murmura-t-elle à mon adresse mais je restai à ma place, refusant finalement les bras qu’elle me tendait avant tant d’innocence et d’amour. Je ne voulais pas la souiller elle aussi de ma monstruosité. Elle y plongeait déjà courageusement les mains à la recherche d’une lumière, mais sa quête était vouée à l’échec. Elle ne faisait que me suivre dans le désert de mon acharnement. Je refuse d’ y croire. Je n’admettais pas sa mort car je le voyais encore partout. Je ne l’avais jamais autant vu. La lune m’avait souri au beau milieu du ciel et j’y avais reconnu la blancheur de ses dents. Le vent m’avait poussé dans les recoins sombres de la ville et ceux, encore plus noirs, de mon esprit, et j’avais cru y entendre le son mélodieux de sa voix enjouée, comme une gamme étrange venue des abysses terrestres et de la profondeur des cieux nocturnes. Je m’étais laissé bercer si longtemps par ce chant syncopé et apaisant. J’avais suivi le timbre de cette voix mais à présent je n’entendais que le silence et j’étais perdu. Je ne savais plus où aller. Je devenais fou en refusant de me laisser dompter par les douces vibrations de la voix de Ginny. J’avais toujours été fou sans elle. Ne me laisse pas devenir un animal. Ne me laisse pas oublier ta bienveillance.

Je finis par me relever sans combler la distance entre nous. Ma respiration commençait déjà à se broder de sanglots déchirant. Oui, elle me déchirait la poitrine car j’avais l’impression d’inspirer du feu et d’expirer de la glace. Je titubai un instant, encore ivre de whisky et de douleur, mais me rattrapai au dernier moment, manquant de tomber sur le sol. Mon satané genou me lâchait encore une fois. Je passai une main moite dans mes cheveux pleins de sueur et de poussière. Ginny n’était plus qu’une ombre, elle aussi. Sa clarté s’était éteinte lorsqu’elle m’avait annoncé la mort d’Ewan, comme si quelque chose en elle était morte avec lui. C’était probablement le cas. Un fragment d’une blancheur éclatante, comme le morceau sacré d’un miroir, mais qui ne trouvait plus de lumière à refléter. Je fis un pas en arrière. «C’est… » Commençai-je, mais parler me sembla être un profond calvaire. Je me forçai à finir ma phrase dans un souffle terrifiant. «… trop tôt. C’est trop tôt. » Je l’observai longuement sans pouvoir ajouter quoique ce soit à ces mots. J’avais l’impression d’être devant une large page blanche et de ne pas savoir quoi écrire. Je perdais mon essence d’écrivain. Je perdais mon talent et mon envie d’exister différemment. Je voulais m’enfuir mais la silhouette de Ginny me retenait prisonnier entre ces quatre murs. Je m’approchai finalement de nouveau, comme dansant étrangement sur le parquet au rythme d’un chant funeste. « Je ne vais pas y arriver Ginny. Je ne vais pas le supporter. » Affirmai-je doucement en sentant mes jambes commencer à trembler. Je devinai la courbe de ses yeux et ne laissai pas les miens les quitter. «Je ne peux pas… » Et puis, finalement, je laissai ma phrase en suspens et les larmes embuèrent mon regard et jaillirent partout sur mon visage creusé. Je tombai et vins me blottir contre ses jambes froides sans les saisir. Je n’avais pas cette force. Je fermai les yeux pour ne pas avoir à supporter la vision d’Ewan dans chaque recoin de la pièce. Mes doigts douloureux se crispèrent sur le sol et je sentis la vie couler sous la peau de Ginny, sans pour autant la comprendre. Car j’avais perdu un être cher hier et que de son côté, elle pouvait disparaître et m’abandonner à cette vie dès demain. Les gens partaient toujours autour de moi.




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() message posté Dim 5 Juil 2015 - 21:12 par Invité

Julian & eugenia — the chaos in me is the chaos in you. like the love in you is the love in me. so maybe we’re both a little crazy. enough to believe we’re found where dreams are born and beneath our faults remain a science, where you and i will run away and leave nothing behind. ✻ ✻ ✻ J’avais connu une centaine de désillusions différentes. J’étais tombée, encore et encore, m’affalant sur le sol froid, exactement comme Julian venait de le faire. J’avais connu les déceptions et les douleurs. J’avais ressenti des souffrances dans toutes leurs nuances écarlates, dans toutes les teintes qui existaient sur la palette universelle des émotions. A chaque fois, je n’avais pas eu d’autres choix que de me relever. Me relever pas forcément pour moi mais pour les autres. J’avais continué d’avancer malgré mes peines. J’avais continué de vivre malgré mon désespoir. J’avais continué de me réveiller le matin malgré mes douleurs. J’aurais aimé pouvoir affirmer que j’avais fait tous ses efforts pour me sauver de ma misère personnelle mais cela n’était pas le cas ; j’avais uniquement continué d’avancer pour les autres. Pour ma famille. Pour mes proches. Je n’avais pas été courageuse pour moi mais pour eux.
J’avais connu une centaine de désillusions différentes, mais je n’avais jamais perdu quelqu’un. J’avais toujours trouvé des raisons de me relever, mais j’étais bien incapable de savoir comment faire quand on avait plus personne. Finalement, les peines de chacun étaient singulières, se différenciant du reste, entrant dans diverses cases et catégories qu’aucun de nous ne pourrait toutes connaître.
Nous étions trop faibles pour accumuler les échecs. Pour porter les malheurs.
Je voulais être là pour lui. Je voulais le soutenir, l’épauler, compatir. Je voulais qu’il trouve sa force dans ma présence mais je n’étais même pas sûre d’être suffisante, même pas sûre de compter à ce point. Je l’observai avec une certaine distance, refusant de l’importuner dans son espace vital, refusant de m’imposer dans son environnement sans qu’il ne m’y autorise. Je ne prononçai plus le moindre mot, sachant que ce n’était plus à mon tour d’élever la voix et qu’il le ferait quand il serait prêt.
Il finit par se relever avec une lenteur infini, comme s’il portait le poids de la perte sur ses épaules frêles. C’était sans doute le cas, d’ailleurs ; il ne m’adressa pas un regard, comme si je n’étais même plus là, avec lui, et je ne fis rien pour qu’il ne me remarque une nouvelle fois. J’abaissai mes bras qu’il avait ignoré, joignant mes mains sur mes cuisses avec patience. Mon coeur battait douloureusement dans ma poitrine et je me surpris à faire la liste de tout ce que je pouvais faire pour apaiser sa douleur, mais rien de réellement concret ne me vint. J’étais une ombre dans sa douleur, une pâle lueur sombre qui se confondait dans le flot de douleur qu’il ressentait.
J’avais connu une centaine de désillusions différentes, mais je n’avais jamais connu la perte d’un de mes proches. Comme si le destin m’avait épargné. Comme si le destin savait déjà que j’avais été contrainte de faire le deuil de la personne que j’avais un jour été. « C’est… Trop tôt. C’est trop tôt, » finit-il par articuler en relevant les yeux vers moi. Puis, il se mura une nouvelle fois dans ce silence qu’il devait trouver si réconfortant, son regard posé sur mon corps perdu dans la pénombre. J’avais si envie de le serrer contre moi que mon coeur battait douloureusement ma dévotion dans ma poitrine.
Mais je ne m’autorisais aucun écart, apprenant à grandir trop vite, apprenant à conserver mes distances pour ne pas qu’il se sente oppressé. Pourtant, ça me rongeait. Pourtant, ça m’obsédait presque.
Il fit quelques pas vers moi, les jambes flageolantes. Son visage meurtri captait mon attention et je refoulais mes inquiétudes avec le reste. « Je ne vais pas y arriver Ginny. Je ne vais pas le supporter, » reprit-il en me regardant dans les yeux. « Je ne peux pas… » Il ne termina jamais sa phrase. Il laissa l’émotion l’envahir, des larmes coulant sur ses joues sans qu’il ne puisse les retenir. J’eus l’impression de sentir mon coeur se briser cent fois quand il retrouva le sol pour se blottir contre mes jambes immobiles. Sa tête se reposa sur mes cuisses et mes mains se glissèrent dans ses cheveux, caressant doucement son crâne. J’aurais aimé pouvoir absorber sa douleur. J’aurais aimé pouvoir prendre toutes ses peines et les garder en mon sein, loin de lui, loin de ses traumatismes. Il n’était qu’un gamin qu’on avait trop souvent abandonné. Abandonné au moins où même la vie avait fini par s’en aller à son tour. « Mais si, tu peux. » murmurai-je doucement. Je n’avais pas le droit d’affirmer une telle chose. Je n’avais pas le droit de lui promettre du courage, pas le droit de lui affirmer une chose pour laquelle je n’avais aucune assurance. Pourtant, je le faisais. Je le faisais parce que je refusais de le voir dans un tel état. Je le faisais parce que si le mensonge était le prix à payer pour qu’il se sente mieux, j’acceptais d’y avoir recours malgré tous mes principes. « Ca va aller, je te le promets. » C’était ma parole. Ma parole que je sacrifiais pour qu’il aille mieux. Ma parole que je mettait en péril. Et, pourtant, je n’avais absolument aucun regret. Cela valait entièrement la peine. « Tu vas être courageux pour moi. Tu vas supporter ça pour moi, » repris-je avec douceur. Mes doigts caressaient continuellement ses cheveux sales, sans que je ne trouve de temps pour arrêter mes gestes. « On va affronter ça ensemble, d’accord ? Je ne vais nulle part, Julian. Je reste là, avec toi. On reste à deux. » Je voulais qu’il sache. Qu’il sache que je n’allais nulle part. Qu’il sache que je resterai. Que je resterai là, avec lui. Que je resterai quoi qu’il arrive. Je savais que cela ne lui suffirait sans doute pas. Je savais qu’il voulait plus, beaucoup plus. Mais c’était tout ce que j’avais en mon pouvoir. Tout ce que je pouvais lui donner.
Je finis par me baisser pour poser mes lèvres sur sa joue, passant mes bras autour de lui. Et je restai là, l’emprisonnant dans ma prise, le serrant contre moi presque avec désespoir. Cherchant, par tout les moyens, à absorber sa peine, à la contenir dans mon coeur pour qu’il ne connaisse plus l’ombre d’une désillusion.
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() message posté Mar 7 Juil 2015 - 5:07 par Invité

“I realize now that dying is easy. Living is hard. And that's just it, isn't it?”   Les battements de mon cœur se perdaient dans ma poitrine. Ils s'évanouissaient lentement dans le fracas de mes pensées, emportés par un sourire de mélancolie, un sourire de tristesse qu'Ewan m'avait adressé dans mon imagination. Je plissai les yeux afin de contenir mes émotions mais je m'étais déjà aventuré trop loin. Je ne pouvais plus revenir sur mes pas. Je ne pouvais plus trouver un moyen de surmonter la douleur. Mes poings se pressaient contre le sol avec désespoir. Mon âme s'éteignait peu à peu. Elle gardait le silence et pleurais des larmes de rosées sur les cuisses immobiles d'Eugenia. Je me blottissais contre sa peau brûlante mais les roues de son fauteuil limitaient mes mouvements. J'avais l'impression que ses caresses étaient trop fugaces, qu'elles ne faisaient que glisser sur ma peau sans réellement me toucher, et je me maudissais pour ça. Je maudissais mon incapacité à me redresser sur mes deux jambes et de la saisir entièrement dans mes bras. Je maudissais mes faiblesses et mes ratures avant de m'attaquer à son handicap et de le détester à son tour. Je frémis en la fixant d'un air absent. Les lumières du salon se reflétaient suavement sur ses joues creuses, comme l'aube qui s'arrachait péniblement au sein de la nuit. Je savais que Ginny voulait me rejoindre. Je le sentais. Je le voyais dans ses magnifiques yeux ambre, mais les dessins de l'espoir qu'elle m'inspirait se dissolvaient dans l'ambiance morose de la pièce. Ils s'échappaient entre mes doigts tremblants alors que je m'accrochais à la cruauté de la réalité. Je voulais tellement oublier. Je voulais que les voix du passé s'enfuient au loin et qu'autour de nous, la pénombre finisse par tout engloutir. Ma gorge se serra violemment alors que je tentais de me contenir. Mes dents grinçaient avant de déchirer mes gencives et de libérer les saveurs nauséeuses du sang dans ma bouche. Mon souffle glissait dans mes bronches, sans un bruit, sans un soupir et sans aucun signe de vie. Je me laissais presque mourir. Je refusais d'expirer. Je refusais de continuer au milieu de cette terre peuplée d'inconnus. Mes articulations me faisaient toujours mal. Elles vibraient lorsque je bougeais, ou lorsque dans un élan de folie je voulais me redresser et quitter les lieux. Il était mort, putain. Je secouai la tête en sentant les mains de Ginny se faufiler dans mes cheveux. Je ne voulais pas couper court à son geste de compassion. Je désirais simplement lui épargner la vision horrible d'un homme qui tombait immanquablement au fond de l'abîme. Un homme qu'elle aimait mais pour qui elle ne pouvait plus rien. Si un jour tu veux partir, ne le fais. Tu ne peux pas me quitter. Tu dois me le jurer. Je t’enchaînerais à un arbre. Je te serrais tellement fort que les bouillonnements de l'univers finiront par tout détruite autour de nous. Ginny, j'ai l'impression qu'on m'arrache le cœur et que ma chair s'embrase dans l'éclat d'un éternité de malheurs. Je restai immobile dans la pénombre. Je relevai lentement le visage, la bouche serrée, les narines frétillantes et la mâchoire coincée. Mes poumons étaient en apnée depuis plusieurs minutes déjà mais je ne capitulais pas. « Mais si, tu peux.  » Murmura-t-elle avec une douceur infinie, comme si les fluctuations mélodieuses de sa voix possédaient la force d'une tornade et qu'elles pouvaient tout détruire sur leur passage. Je me crispais sous sa prise, suffoquant dans mon propre corps. Libère-moi. Dis-moi que je suis entrain de faire un cauchemar. Je plaquai mes mains contre mes yeux gonflés sans lui répondre, sans oser élever le ton et briser la quiétude de ce moment. J'avais si peur d'affirmer ou de comprendre la vérité. J'avais si peur de lui parler de ce que je ressentais. «  Ca va aller, je te le promets.  » J'hochai la tête presque mécaniquement. J'étais si fatigué. Mon esprit tressait dans ces heures graves et silencieuses, une profonde méditation dans la solitude. Ma petite amie me promettait le monde mais je n'étais pas sûr de pouvoir briller à ses côtés. La mort était une déesse sombre qui me plongeait dans une peine indicible. Elle réveillait en moi un animal sauvage dont la fureur avait éclaté aujourd'hui, contre Jake, contre le gérant du bar et contre toutes les ombres vespérales de la nuit. « Tu vas être courageux pour moi. Tu vas supporter ça pour moi,  » Souffla-t-elle à nouveau. Ses doigts traçaient des cercles contre ma chevelure sale, humide et poussiéreuse. N'en avait-elle pas assez de caresser la carapace goudronneuse du diable ? Je lui avais menti. J'avais trahi sa confiance en m'abandonnant aux instincts brutaux de mon courroux. Elle ne m'avait même pas demandé pourquoi, ni comment. Elle s'était tout simplement penché sur moi, comme une bien aimée, comme un ange drapé de lumière et de bienveillance. « On va affronter ça ensemble, d’accord ? Je ne vais nulle part, Julian. Je reste là, avec toi. On reste à deux.   » J'expirai enfin - presque malgré moi. Les sifflements stridents de ma respiration raisonnaient dans ma gorge comme une longue agonie. Je déglutis avant de lancer une nouvelle plainte. Je ne parvenais pas à articuler le moindre : mot, mais mes yeux imbibés de liquide la suppliaient de me répéter sans cesse cette promesse. Je reste là. Avec toi. A deux. J'imprimais chacune de ses paroles dans ma mémoire mais ce n'était jamais assez. J'avais besoin de plus d'assurance. J'avais besoin de tellement plus. Mes muscles effectuaient une danse légère en se pressant contre son étreinte. Eugenia déposa ses lèvres sur ma joue, puis ses bras entourèrent mon cou, m'emprisonnant dans une trêve éphémère. Je suis un monstre d’égoïsme et tu es une poupée de cire. Quel est cet horizon qui peut nous contenir à deux ? Quel est cet espace miraculeux auquel mon rythme peut se consacrer ? Je finis par me laisser tomber en avant. Mes larmes teintées de sueur et de douleur, se versaient sur ses vêtements. Elles glissaient sur les plis de son col avant de maculer sa chemise. Je soupirai en m'agrippant à son dos. Je n'étais pas ivre, malheureusement. C'était la tristesse qui me faisait vaciller, qui troublait mon équilibre et mes sentiments. Dans un geste las je me levai afin de m'éloigner de son visage. Ma bouche papillotait au gré de mon souffle saccadé. Elle espérait, aspirait et cherchait un contact salvateur. J'hésitai un instant. Je restai en suspens au dessus de son menton en naviguant entre les flots obscurs du chagrin. « Je… » Commençai-je avec lenteur. Les sanglots s'intensifiaient à chaque fois que je remuais les lèvres. J'essayais de tenir bon mais je ne savais plus me calmer. Je ne savais pas exister dans un monde où Ewan n'était plus qu'un tas d'os et de cendres. «… Je ne voulais pas qu'il meure tout seul, la-bas... Je ne voulais pas que tu aies ton accident ce soir-là, sans moi … Toute seule ... » Tous mes souvenirs se chevauchaient dans ma tête. Je croisai son regard et je m'arrêtai tout à coup de pleurer. Je restai passif, complètement éteint.  « Tu as pris une partie de moi quand tu m'as abandonné … Tu as pris une partie de mon cœur et j'ai dû vivre si longtemps sans toi… Pourquoi il faut que toutes les pièces partent en lambeaux, Ginny ? On était enfin heureux. Toi et moi... Et maintenant on m'oblige à faire ce deuil alors que… On me rappelle que je n'ai plus personne ... » Je reniflai en essuyant mon front du revers de la main.  « Ne me regarde pas comme ça … Ne me regarde pas … » Murmurai-je en me détournant brusquement. Parce que j'étais une épave et que je tombais en ruines. Parce que je l'aimais et que la pensée qu'elle puisse disparaître me faisait perdre la raison.




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() message posté Lun 13 Juil 2015 - 23:25 par Invité

Julian & eugenia — the chaos in me is the chaos in you. like the love in you is the love in me. so maybe we’re both a little crazy. enough to believe we’re found where dreams are born and beneath our faults remain a science, where you and i will run away and leave nothing behind. ✻ ✻ ✻ C’était comme si sa douleur était la mienne. Comme si sa souffrance faisait partie de moi. Comme si ses larmes coulaient sur mon propre coeur. Je l’observai doucement lâcher prise et, en laissant le mal s’installer dans son âme, c’était mon corps à moi-aussi qu’il condamnait. Qu’il achevait. Je l’aimais tant que j’étais incapable d’être insensible à ses peines. Je l’aimais tellement que je désirais simplement absorber tout ce qu’il pouvait bien ressentir pour qu’il soit épargné. Pour qu’il soit sain et sauf. Pour qu’il n’ait plus à avoir mal au-delà de la raison. Mais ce n’était pas possible. Mais ce ne serait pas le cas. Je déglutis avec difficulté, continuant de l’entourer avec mes bras, continuant de le serrer contre mon corps, de le serrer fort, si fort, que mes propres bras devinrent douloureux. Mes tentatives pour le réconforter étaient bien minces par rapport à la douleur qu’il connaissait ; cependant, je me retrouvais démunie face à l’étendue de ses plaies. Démunie face à ce qu’il pouvait ressentir. Démunie face aux ravages de son âme. Démunie au point de ne plus savoir quoi faire pour lui venir en aide.
Il avait perdu un ami et j’avais l’impression de le perdre, lui. Il avait perdu un ami mais c’était lui qui se perdait désormais dans la souffrance, dans la colère, dans l’incompréhension, dans toutes ces choses qui parasitaient son esprit, son être, sa personne.
Je lui murmurai des paroles douces, des paroles pleines d’espoir, des paroles réconfortantes, m’en voulant presque d’être contrainte de recourir au mensonge pour lui accorder des instants de répit. Je n’avais pas le choix, après tout. Je me retrouvais face à un stade aussi fatal que la mort. Je me retrouvais face à une étape aussi irrévocable que le décès d’un proche. Quoi que je puisse faire, quoi que je puisse dire, je ne pourrais jamais lui ramener Ewan. Je ne pourrais jamais apaiser son manque. Je ne pourrais jamais lui rendre son meilleur ami. Non, rien de tout cela. Je pouvais simplement lui faire croire en un avenir meilleur, lui donner l’espoir que tout pourrait bien aller. Je pouvais simplement le soutenir, le soutenir sans que cela ne soit suffisant, le soutenir dans cette épreuve et dans sa douleur, le soutenir dans ce deuil, ce deuil que je ne comprendrais même pas. Après tout, je n’avais jamais perdu quelqu’un. Je n’avais jamais vu un de mes proches disparaître.
J’avais toujours été celle à partir. Celle à s’évanouir dans la nature. « Je… » commença-t-il. Il s’était doucement éloigné de moi, écartant nos deux visages tout en restant à proximité. J’avais l’impression de le perdre, de cette manière, mais je ne dis rien, ne désirant pas lui imposer la présence quand il n’en avait sans doute pas besoin. Je savais bien, en cet instant, que je n’étais pas celle qu’il voulait. Que la seule personne qu’il désirait serrer dans ses bras était morte. « … Je ne voulais pas qu'il meure tout seul, la-bas… Je ne voulais pas que tu aies ton accident ce soir-là, sans moi… Toute seule… » Sa voix était hésitante, ses mots, quant à eux, se perdaient dans sa gorge. Je sentis ma mâchoire se crisper quand il évoqua mon propre accident. J’aurais aimé pouvoir lui dire que ce n’était pas grave, d’être seul dans l’instant fatal. J’aurais aimé pouvoir lui dire qu’Ewan ne s’en était même pas rendu compte. Mais c’était faux. Si faux. Quand j’avais cru m’en aller, m’en aller pour toujours, j’avais souffert de l’absence de Julian. J’avais souffert de cette solitude. « Tu as pris une partie de moi quand tu m'as abandonné… Tu as pris une partie de mon cœur et j'ai dû vivre si longtemps sans toi… Pourquoi il faut que toutes les pièces partent en lambeaux, Ginny ? On était enfin heureux. Toi et moi… Et maintenant on m'oblige à faire ce deuil alors que… On me rappelle que je n'ai plus personne… » dit-il et je secouai la tête. « Tu n’es pas seul. Je lui là. Tu n’es pas seul, Julian. Je ne vais nulle part, d’accord ? »  Mes traits étaient peints d’une profonde tristesse. Je refusais qu’il pense qu’il n’avait plus personne. Je refusais qu’il se mette une pareille idée en tête. Je refusais. Je refusais tout simplement.
Julian renifla avant de se détourner de moi, comme s’il était soudainement traversé par la honte. Je sentis mon coeur se serrer douloureusement dans ma poitrine. J’avais espéré, quelque part, que nous avions trop vécu pour qu’il puisse envisager, un jour, que je le juge dans ses peines. J’avais espéré, quelque part, qu’il assumerait, qu’il assumerait tout, absolument tout, devant moi. « Ne me regarde pas comme ça… Ne me regarde pas… » Je posai mes mains sur mes roues pour le contourner et me poster face à lui. Pour imposer ma présence, presque, l’imposer et lui faire comprendre que je me fichais bien de le voir aussi ravagé, que je me fichais bien d’être mêlée à sa douleur. J’étais avec lui. Toujours. « Tu n’as rien à me cacher, Julian. Surtout pas ta douleur, »  lui répondis-je avec douceur. Je ne l’approchai pas, cependant, préférant lui laisser tout l’espace dont il avait besoin, préférant ne pas le brusquer, préférant qu’il soit celui à faire le premier pas. « Que tu sois avec lui ou non n’aurait rien changé, Julian, »  finis-je par reprendre. « Tu n’aurais pas pu le sauver. Moi non plus, tu n’aurais pas pu me sauver. Ce n’est pas de ta faute. »  Ce n’était pas de sa faute, non, même s’il semblait se répéter le contraire, même s’il continuait de croire que s’il avait été là, avec nous, le cours de notre destin aurait été différent.
C’était faux, bien entendu. Parce qu’une fois que le monde voulait notre peau, il était impossible d’y échapper. Impossible de s’en sortir. Impossible de connaître d’autres alternatives. Impossible d’être sauvé.
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() message posté Sam 25 Juil 2015 - 18:57 par Invité

“I realize now that dying is easy. Living is hard. And that's just it, isn't it?”   J'agitai lentement les bras. J'étais fatigué. C'était dans cet état de défaillance que nous mettait l'amour, plus enclin à nous épuiser à qu'à nous satisfaire. Je regrettais tout à coup d'avoir rencontré Ewan. Je souffrais tellement de son absence, de sa mort, que les souvenirs de nos rires enfantins se voilaient subitement d'obscurité. Mon cœur succombait avec lenteur. Sa déchéance n'était jamais violente. Elle commençait dans la tempérance, s'embrouillait dans le vide avec règle et mesure avant de m'emporter complètement. J'étais à bout de souffle. Mes yeux humides perdaient tout l'éclat spirituel qui caractérisait ma personnalité. J'employais toute ma force afin de me conserver mais je perdais absolument toute ma puissance. Je n'étais plus un écrivain. Je n'étais même plus un journaliste éloquent. Je n'avais aucune belle parole pour dresser une barrière entre moi et le monde. Je déglutis en serrant la gorge. Je pleurais un ami dévoyé par le temps. Mes entrailles se crispaient à la vue de son expression désinvolte. Mon corps s'émouvait dans le désert, affligé par la terreur de l'oubli. Je ne pouvais même plus m'accrocher aux jambes d'Eugenia. Ces dernières était trop froides pour me sauver, trop malades pour me porter. Elles représentaient le temple de la douleur qui m'avait transpercé la poitrine la première fois. Notre passion. Notre sérénité. Nos disputes. Nous avions vécu tellement d'épreuves. Nous nous étions perdu dans la distance et le malheur. Je secouai les épaules en me dégageant de sa prise. Je n'étais pas une personne émotive. Je me contenais toujours dans une certaine solitude. Même si je riais ou que je partageais des moments de complicité avec Robin, Walt ou Rhys, je demeurais tapi dans l'ombre. J'avais sans doute toujours l'impression d'être orphelin. D'avoir perdu ma mère et mon père à la suite l'un de l'autre. Mes oncles étaient trop loin et mes grands-parents maternels m'avaient abandonné à la charge des écossais. Je n'étais pas digne de leur culture stricte. Je n'étais pas aussi digne que le premier fils. Je pressai mes poings contre mon crâne en gémissant. Je n'avais plus repensé au passé depuis des années. Mon désarroi me poussait vers la parallèle d'une existence que j'aurais pu mener «  si et seulement si ». Je reniflai bruyamment. Tu vois Ginny, je ne suis pas un jeune seigneur intelligent, malléable et enthousiaste. Je suis désabusé. Je m'ennuie de ma propre destinée. Je suis l'homme incapable d'écrire sa propre histoire parce que ce serait trop douloureux de coucher sur papier tous les secrets qui entourent ma naissance. Je suis né trop tard, puis je suis né trop tôt. A quel point est-ce ironique ? Je suis le second. Je le serais toujours. Elle ne bougea pas. Elle me regardait mais elle ne bougeait, de peur que je me renferme encore. Elle avait raison. J'étais prêt à m'écarter d'avantage. Je pouvais lui glisser entre les doigts si facilement «  Tu n’es pas seul. Je lui là. Tu n’es pas seul, Julian. Je ne vais nulle part, d’accord ?    » Eugenia secouait la tête avec conviction mais je ne parvenais pas à la croire. Les gens partaient toujours. Elle était déjà partie. Je restai immobile dans la pénombre. Les rideaux du salon valsaient au gré d'une mélodie muette, celle d'un instrument invisible que je retrouvais à chaque coin de la pièce. Je le voyais partout, mêlé aux sourires niais d'Ewan, mélangé aux éclats orangers de sa chevelure et aux vapeurs de ses steak au tofu immangeables. Je plissai le front en fixant le fauteuil roulant de ma petite amie. Elle était bien l'unique personne à pouvoir me dédommager de son absence. Et il n'y avait personne pour me consoler de la sienne. Elle était l'âme de mon existence. L'essence même de la violence qui éclatait dans mes veines et qui me faisait rompre tous mes engagements et toutes mes promesses. J'hochai frénétiquement la tête, sans grande certitude. Elle affirmait qu'elle n'allait nulle part et je répondais vaguement. D'accord. Tu ne vas nulle part. Mais peut-être que si. Voilà à quoi correspondait mon geste.

Soudain, je me détournai d'elle. Je désirais me cacher derrière les ombres de la nuit et m'effondrer loin de son regard bienveillant. Je n'avais pas besoin qu'elle assiste à ma condamnation. Alors pourquoi s'imposait-elle devant moi ? J'entendais les grincements de ses roues qui se rapprochaient. J'entendais son levier de protection l'immobiliser devant moi. Pourtant l'idée était banale ; je ne voulais qu'elle me regarde tomber. Je ne voulais pas qu'elle me pousse à me relever. «  Tu n’as rien à me cacher, Julian. Surtout pas ta douleur,  » Souffla-t-elle avec douceur. Je ne relevai pas le visage. Toujours silencieux. Toujours instable dans mes émotions. « Que tu sois avec lui ou non n’aurait rien changé, Julian,  » Elle attisait subitement ma curiosité. Mes dos se redressa sans que mes yeux ne cessent de fixer le sol. J'inspirais le feu. J'humais les brasiers de l'enfer et les cendres de ma propre chair se déposaient sur ma conscience. «Tu n’aurais pas pu le sauver. Moi non plus, tu n’aurais pas pu me sauver. Ce n’est pas de ta faute.» Elle répétait que j'étais innocent de tous mes pêchers mais je m'obstinais dans ma culpabilité. Comment expliquait-elle la mort d'Aïda, son accident et la disparition d'Ewan sinon ? J'étais l’élément perturbateur de toutes ces histoires. J'aurais pu la pousser. J'aurais pu insister pour conduire et la sauver. Elle aurait pu se trouver dans la banquette arrière et contenir sa sœur, tandis que je les ramenais en sécurité à la maison. Elle aurait pu tout simplement entendre le son de ma voix avant de s'évanouir et de se réveiller avec un cicatrice sur le front tandis que j'aurais été contrains à l'immobilité. J'étais habitué aux blessures du corps. J'étais expert dans ce genre de combat et je n'avais pas peur du regard des autres. J'avais la langue aiguisée et je n'avais pas besoin de me déplacer pour réaliser mes rêves. Peut-être que j'aurais plongé dans la dépression. J'avais ce penchant pour le désespoir et cette dévotion envers les forces obscures de l'univers, mais même à genoux, j'étais convaincu d'être plus fort pour elle. Je tendis ma main tremblante vers son visage. Je voulais la toucher mais la chaleur de sa peau me faisait encore plus peur que la solitude. Je traînai mes jambes repliées vers elle. J'attrapai ses poignets avec lenteur.  «Viens. » Murmurai-je à peine en l'invitant à me rejoindre. Viens.   Et une fois qu'elle serait à terre, je l'embrasserais.
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() message posté Sam 1 Aoû 2015 - 19:30 par Invité

Julian & eugenia — the chaos in me is the chaos in you. like the love in you is the love in me. so maybe we’re both a little crazy. enough to believe we’re found where dreams are born and beneath our faults remain a science, where you and i will run away and leave nothing behind. ✻ ✻ ✻ Poupée cassée, poupée brisée, poupée en miettes et en cendres. Poupée en porcelaine, poupée de verre, poupée réduite à néant et en tas de poussières. Mon coeur et mon corps n’avaient pas été épargnés. Je n’étais même plus sûre d’être entière. Mes jambes avaient été brûlées. Ma colonne avait été sectionnée. Mes sentiments avaient été écrasés. Les blessures avaient été nettes. Nettes et précises. Nettes et définitives. Sans espoir. J’avais mis du temps avant de m’en remettre. Plus de temps que nécessaire, peut-être. J’avais pris une éternité pour commencer à aller mieux. Une éternité de plus pour les soigner. Pour me réparer, moi. Chaque chose s’était faite en son temps. J’avais appris à me servir de mon fauteuil roulant. J’avais réappris à vivre sans mes parents. Je m’étais remis au tennis, à cette version étrange, à cette version que j’avais mis tant de temps à accepter. Puis, finalement, la vie avait repris son cours. J’avais encaissé les blessures de mon coeur comme j’avais pu encaisser les blessures de mon corps. J’avais pleuré. Pleuré et hurlé. J’avais laissé la rage s’installer dans mes veines. La colère s’emparer de mon corps. J’avais été désespérée, si désespérée que je n’avais pas songé pouvoir remonter la pente, si désespérée que le monde tout entier m’avait semblé étranger. Mais, au fond, cela avait toujours été un peu le cas. Avant même d’être définitivement différente, je n’avais jamais appartenu à la même réalité que les autres. A la même réalité que l’être humain.
J’étais née pour être malheureuse, sans doute. Née pour me sentir à part. Née pour me sentir exclue. J’avais accumulé les échecs comme si mon corps tout entier avait été fait pour les gérer, pour les encaisser. Comme si j’avais vu le jour pour endurer. Endurer et continuer de vivre malgré tout.
Mais, au fond, si l’on regardait bien, si l’on regardait de plus près, toutes mes blessures n’avaient été que superficielles. Physiques et sentimentales. Une colonne vertébrale, un coeur, une âme. Je n’avais jamais été brisée, moi. L’essence même de ce que j’étais n’avait pas été altérée par les évènements, non. Elle avait simplement été malmenée. Elle avait simplement été maltraitée.
Mais, dans le cas d’un décès, dans le cas de Julian, j’étais bien incapable de savoir si cela était grave ou non. Si l’essence même de ce qu’il était avait été touchée, cette fois-ci.
Il n’existait sans doute pas de réponse. Pas encore. Comme chaque personne dans ce monde, il devait d’abord endurer. Endurer ce fardeau qu’il n’avait jamais demandé. Endurer pour voir s’il entraperçoit le bout du tunnel à un moment ou à un autre, tôt ou tard.
Il esquissa un geste dans ma direction mais ses doigts ne rencontrèrent pas ma joue. Sa chaleur continuait de me paraître lointaine, son être continuait d’être hors d’atteinte. Je paniquais à cause de son semblant d’absence, je paniquais parce que je me rendais doucement compte que je ne pouvais rien, absolument rien, pour lui. « Viens, » finit-il par me dire en attrapant mes poignets. Il avait ramené ses jambes près de moi, attendant que je refasse comme cette fois-là au Times, cette fois-là où je l’avais rejoint dans sa détresse, dans sa douleur, dans son malheur. Je l’observai avec une profonde tristesse avant de finalement retirer mes mains de sa prise avec délicatesse. Je retirai les lanières qui me maintenaient les jambes en place, une boule au fond de ma gorge.
En cet instant, il ne devait pas se rendre compte que je n’étais pas à l’aise avec cela. En cet instant, il ne devait pas comprendre que je ne supportais pas bien le simple fait d’être à terre, à la merci de tous, incapable de me relever. Non. Il ne pensait pas à cela et je ne lui en voulais pas. Il avait toute cette peine dans son coeur, toute cette peine qui prenait trop de place. « Tu me rattrapes, »  murmurai-je doucement avant de me pencher en avant pour passer mes bras autour de son cou. J’attendis que ses mains se logent dans mon dos pour m’agripper à lui et sentir le fauteuil reculer. Puis, finalement, toute en douceur, sans grande délicatesse mais je n’en avais que faire, je m’assis sur le sol, tout contre Julian. Mes bras étaient toujours autour de lui. Mes yeux fixaient toujours les siens. Je sentais son souffle caresser ma peau, j’entendais presque son rythme cardiaque s’accélérer dans sa cage thoracique. « Je t’ai dit que je n’allais nulle part, »  répétai-je encore une fois. Non, je n’irais nulle part, même s’il refusait sans doute de me croire, même si une part de lui s’obstinerait toujours à penser le contraire. Je ne lui en voulais pas pour cela non plus. Après tout, j’étais partie une fois, déjà, pour lui. Après tout, je pouvais très bien le refaire.
Alors, je lui répétais. Je lui répétais cette vérité qu’il avait du mal à assimiler. Je lui répéterais autant de fois qui seront nécessaires.
Je n’osais plus rien ajouter, désormais, plus rien dire. J’attendais qu’il parle, lui, qu’il m’accepte finalement dans sa bulle de douleur, qu’il m’accepte finalement dans ses faiblesses. Je ne voulais pas qu’il se cache lorsqu’il allait mal. Je ne voulais pas qu’il fasse semblant d’aller bien, qu’il fasse semblant d’être plus fort que le reste. Je ne voulais pas assister à sa chute sans même savoir qu’il serait bientôt trop tard. Je voulais être là. Là, avec lui. A chaque instant. Toujours.
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() message posté Jeu 6 Aoû 2015 - 3:46 par Invité

“I realize now that dying is easy. Living is hard. And that's just it, isn't it?”   Je ne parvenais pas à me détacher de la réalité. Mes yeux se posaient sur le visage d'Eugenia, mais je ne savais plus la regarder comme avant. La lutte contre la mort m'avait toujours semblé magnifique, noble et courageuse. Les livres peignaient les couleurs de la désillusion sur des pages reluisantes, mais ce n'était qu'un leurre. La mort venait immanquablement un jour, malgré tous les efforts déployés pour la contrer. Malgré toutes les bonnes paroles et les gestes réconfortants. Je me penchai en avant. Je perdais pied sans pour autant tomber. Montre-moi comment respirer. Ma poitrine tremblait sous ma prise, étouffée par mes sanglots incessants. Ça n'avait pas de sens d'agiter dans mon esprit des idées moralisatrices. Plus rien n'avait de sens. J'avais l'impression d'exister en vain. Mes paupières se fermaient pour éviter de laisser ma conscience s'endormir, pour éviter de m'occuper par des questions de culpabilité à propos de la disparition d'Ewan. Je ne l'avais pas retenu. Je ne l'avais pas appelé. Je l'avais tout simplement rejeté. Je m'étais exclusivement centré sur mes projets professionnels et mes sentiments pour Ginny. Parce que je suis un putain d’égoïste. Depuis toujours. Je me mordis la lèvre inférieure en poussant une longue plainte. J'étais comme un animal en cage, mais ma prison ne pouvait pas être matérielle. C'était mon propre corps qui m’enchaînait dans ses blessures. C'était mon propre cœur qui me retenait dans une profonde tristesse. Je croisai mes jambes sur le sol. Je laissai le silence s'emparer de mes gestes alors que tendais les bras vers le fauteuil roulant de ma petite amie. Je désirais l'avoir à mes côtés après avoir versé toutes ces larmes. J'éprouvais le besoin physique de la tenir contre mon torse, non pas par instinct ou par habitude, mais pas intuition. Parce qu'elle était l'essence de la vie et que je n'étais qu'une note de muscade qui se détachait de ses parfums variés. Je n'étais qu'une infime partie de sa grandeur. Je gardais une expression grave sur le visage. Je courbais la bouche mais seule ma mâchoire semblait se mouvoir sous la pression de mes muscles. «   Tu me rattrapes,  » Murmura-t-elle et j’acquiesçai en venant à sa rencontre. Je passai mes doigts sur son dos avant de l'installer près de moi. Elle agissait bizarrement. Je savais que ce n'était pas une position très confortable pour elle, mais malgré toute la sollicitude et la clairvoyance du monde, je ne parvenais pas à me détacher de mon obsession de la tenir. Ma douleur primait sur toutes les logiques et les raisons. J'imaginais le corps glacé d'Ewan partout autour de moi. J'imaginais la couleur de ses lèvres bleutées, les fracas de ses os et l'odeur pourrissante de ses viscères. Je voyais les reflets sans vie qui envahissaient son regard si compatissant et les entailles béantes qui transperçaient sa chair. Je comprenais ce soir, qu'aucun dompteur, aucun fou, aucun psychopathe ne nourrissait dans son cerveau des images plus répugnantes et mauvaises que celles qui m'habitaient. Je reniflai en réprimant une nouvelle crise de faiblesse. Je déposai ma tête sur l'épaule de Ginny et je soufflai dans son cou, comme pour la rassurer. Je suis encore là. Je réagis toujours. Je sursautai en entendant les battements de son cœur contre mon oreille. Elle aussi, elle était là. Elle réagissait toujours. Je m'approchai avec retenue comme un loup apprivoisé. «  Je t’ai dit que je n’allais nulle part,  » Je ne répondis rien. Je ne pouvais pas la croire. J'étais submergé par l'angoisse et ses mots ne pouvaient plus me redonner la foi. J'allais et venais sans cesse. Je sentais dans ma bouche le goût du sang et celui de l'amertume. Je voulais échapper à cette douleur mais mes sentiments déferlaient sur ma conscience comme une vague déchaînée. Je frottai ma joue du bout des doigts avant de relever la tête. Elle ne va nulle part. Je papillonnai des yeux. Elle ne va nulle part. C'était une promesse insupportable. Je pris une profonde inspiration avant de la serrer contre mon torse avec désespoir. Peut-être que si je m'accrochais assez fort, si je refusais de la lâcher, elle ne partirait pas cette fois.  «Gi- Ginny ... » Je revenais à moi, déconcerté et abattu. La lumière blanche du couloir se reflétait sur sa bouche voluptueuse. Je n'étais pas assez immortel. Eugenia ne l'était pas non plus. Je me trouvais ici, dans un univers morose, chargé de troubles et de souffrances. J'effleurais les délicatesses de la vie sans arriver à m'en délecter. Je touchais Eugenia mais elle n'était pas mienne. Doucement, je déposai mes lèvres contre son menton. Je restai immobile quelques instants. Face à moi, dans la grande glace murale se tenait le reflet de Julian Fitzgerald. Il arborait cet air suffisant qui s'accordait à merveilles avec sa stature vaniteuse et les revers de sa chemise foncée. Il n'était pas très différent de moi. Pourtant, il me méprisait. Il jugeait chacune de mes absences. Il était ambitieux, il avait grandi tandis que j'étais resté figé dans le temps du deuil. J'étais traversé par une gaieté amère et violente, tranchante comme l'acier et dénudée de toute passion. Je ressentais une envie de succomber de manière effrénée et divine. J'arquai un sourcil en faisant glisser ma bouche vers celle de Ginny. Et je l'embrassai avec ardeur, comme si les choses ne pouvaient plus empirer et que ma vie dépendait de cet instant précis. Mes mains remontèrent le long de ses bras et je fixai mes paumes sur ses joues en approfondissant notre étreinte. Toujours plus fort. Toujours plus triste. Mon baiser était nuancé cette vague d’allégresse étrange, cette sensation de flottement si grisante qu'elle en devenait presque douloureuse. Mon cœur était fervent, il animait les caresses de mes doigts tâchés d'encre et de souffrances infinies. Je voulais lui dire que je l'aimais mais chaque fibre de mon corps était préoccupée par une seule pensée. Être avec elle. Sans aucune restriction.
 
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() message posté Mar 11 Aoû 2015 - 3:26 par Invité

Julian & eugenia — the chaos in me is the chaos in you. like the love in you is the love in me. so maybe we’re both a little crazy. enough to believe we’re found where dreams are born and beneath our faults remain a science, where you and i will run away and leave nothing behind. ✻ ✻ ✻ Il était là, contre moi, et pourtant il me paraissait loin, si loin. Il était là, contre moi, et pourtant malgré les jours, malgré le temps, il n’était jamais suffisamment proche de mon corps, de mon coeur. Cet instant reflétait tous les autres, au fond. Il prouvait que ce manque existait. Qu’il était là, au fond de ma poitrine. Que rien ne l’ôterait, que rien ne l’effacerait. Julian m’avait manqué pendant des années et, maintenant que nous étions finalement ensemble, il continuait de me manquer par habitude. C’était sans doute idiot. C’était sans doute puérile. Quand nous étions séparés, je passais mon temps à me demander ce qu’il pouvait bien faire. Quand nous étions à deux, je me surprenais à songer s’il pouvait me tenir encore plus fermement dans ses bras. Il suffisait qu’il soit dans une pièce différente pour que je meurs d’envie de l’avoir dans mon champ de vision. Il suffisait qu’il s’éloigne pendant une fraction de secondes pour que je me rapproche de lui encore plus fort.
Pourtant, malgré nos corps l’un contre l’autre, malgré nos esprits qui se touchaient presque dans cette proximité quasi-constante, il me manquait. Il me manquait de tout mon coeur, de toute mon âme. Il me manquait quand il souriait à mes bêtises, il me manquait quand ses sourcils se fronçaient sous la désapprobation. Il me manquait dans ses regards taquins et dans ses expressions colériques. Il me manquait tout le temps. Il me manquait trop, sans doute, trop pour mon coeur fragile, trop pour mon corps brisé.
Il me rattrapa avant que mes genoux ne touchent le sol. Ses mains me tinrent fermement le dos et je lui fus reconnaissante de ne pas me laisser tomber par terre comme une vulgaire poupée. Il n’y avait peut-être que nous dans la pièce mais je détestais le pauvre spectacle que ma condition pouvait donner dans ces instants ; je n’aimais pas être ainsi, à même le sol, en proie à la dépendance complète vis-à-vis de Julian, mais je m’y conformais parce qu’il avait besoin de moi, là, à ses côtés. Sa tête se nicha contre mon cou et je fermai les paupières en sentant son souffle chaud parcourir mon épiderme. Je passais ma main dans ses cheveux pour caresser ses mèches blondes, lentement, avec une douceur infinie, comme une mère pouvait bien réconforter son enfant. Je me demandai s’il entendait mon coeur battre douloureusement dans ma poitrine pour lui, s’il se rendait compte à quel point sa douleur pouvait déteindre sur mon âme. J’avais l’intime conviction que nous n’étions pas deux mais un seul être, que ses peines étaient les miennes, qu’il n’y avait rien qui puisse le concerner lui sans que cela ne me touche moi. « Gi—Ginny... » Sa voix me serra le coeur, me serra les tripes. Je fermai les paupières avant de prendre plusieurs inspirations. Je n’avais pas les épaules suffisamment larges pour encaisser ses faiblesses et les miennes. Je n’avais pas le coeur suffisamment fort pour me permettre d’être malheureuse pour deux. Pourtant, j’essayais. Pourtant, avec toutes les peines du monde, je tentais. « Oui ? »  demandai-je en rouvrant les paupières. Il me serrait fort, si fort contre lui. Ses lèvres trouvèrent mon menton pour y déposer un baiser léger.
Mes mains, elles, continuaient de doucement caresser ses cheveux, dans un mouvement continu, constant. Je ne savais pas si cela changeait quelque chose, je ne savais pas si cela l’apaisait, mais je ne m’arrêtais pas, considérant qu’il serait bon de le faire seulement s’il me demandait d’y mettre un terme. Puis, sans que je ne m’y attende, ses lèvres remontèrent vers les miennes et les emprisonnèrent dans un baiser fiévreux, plein de détresse, témoignant de toute la douleur qui pouvait bien animer ses gestes. Je fus hésitante avant de finalement glisser mes mains dans son cou, tandis que les siennes encadraient mon visages. Je le laissais me guider dans notre étreinte, goûtant à ses lèvres gercées et serrant son corps tremblant contre le mien. Ma position était inconfortable mais je n’y pris pas garde avant de me rendre compte que Julian n’était pas forcément maître de ses gestes ; avec prudence, je m’écartais doucement de lui, replaçant quelques mèches rebelles sur son front, en vain. Je lui offris un sourire triste, mes yeux plongés dans les siens. « Tu es sûr que c’est une bonne idée ? »  lui demandai-je avec douceur. J’avais peur qu’il interprète mal mes paroles. J’avais peur qu’il se pose les mauvaises questions, qu’il se fasse les mauvaises idées. Je déglutis avant d’hausser doucement les épaules, laissant glisser mes mains jusqu’à ses avant-bras. « Je veux dire, tu es boulversé et je ne veux pas que tu… »  Que tu m’embrasses comme si c’était la dernière fois. Je retins douloureusement ma respiration, comme pour m’empêcher de céder à l’émotion, comme pour me forcer à garder la tête sur les épaules. Je me mordis l’intérieur de la joue avec anxiété, mon visage proche de celui de Julian.
Il n’y avait que quelques centimètres, entre nous. Presque rien. Un vide minuscule. Pourtant, j’avais l’impression qu’il s’agissait d’un fossé. Pourtant, j’avais l’impression qu’il était loin, si loin, hors de ma portée, hors d’atteinte. Ma gorge était serrée par l’émotion, mon coeur battait de manière irrégulière sans qu’aucun de mes efforts pour me calmer ne change quelque chose. Je l’aimais trop, sans doute. Trop pour mon propre bien. Trop pour notre propre bien. Doucement, je posai mes lèvres sur une de ses joues creuses, effleurant sa peau sèche. Je sentais son désespoir, oui. Jusqu’au bout de mes ongles, dans mon corps tout entier. Je sentais sa détresse, oui, presque aussi fort que s’il s’agissait de la mienne.
Et, d’une certaine manière, j’étais persuadée qu’il s’agissait de ma détresse à moi aussi.
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