(✰) message posté Mer 2 Déc 2015 - 21:52 par Invité
Sleep is not my friend
Cecil & Wesley
Les lumières blanches et clignotantes qui arrivaient à intervalles réguliers l’agressaient. D’habitude, elles ne faisaient que l’irriter, mais avec beaucoup trop d’alcool dans le sang elles devenaient intolérables. C’était probablement la seule chose qui le devenait, en fait. En général, il était très, très, trop, passif. Il se passa une main un peu tremblante au visage et s’affaissa sur le comptoir comme une décoration de Noël gonflable qu’on avait transpercée. Il aurait préféré continuer à danser, mais il titubait tellement que ce n’était plus du tout drôle. Du moins, pour les autres. Si ça ne s’en tenait qu’à lui, il se serait laissé tomber au sol, plié de rire ( il l’avait déjà fait, une fois – et plusieurs autres fois, aussi – , durant une virée McDo post-soulage de gueule, au grand désespoir des gens l’accompagnant). Merde. Ses yeux s’ouvrirent grands, d’un coup. Il avait oublié qu’il bossait demain. Oh. Tant pis. Il hoqueta, un petit rire bizarre et stressé s’évadant de sa gorge. Il se dira malade. Ce n’était pas comme s’il le faisait toutes les semaines, au moins… De toute façon, si ce n’était pas de la paie, le travail serait le dernier de ses soucis. En effet, trop de choses arrivaient en ce moment. Ses parents qui voulaient le mettre dehors. Horrible. Les parents-rois qui l’engueulaient parce que les professeurs de leur enfant-tout-aussi-roi ne voulaient pas devancer les examens et qu’à cause de ça, ils ne pourraient pas aller se prélasser au soleil comme d’habitude pour Noël ( on dirait qu’ils n’avaient pas compris qu’il n’était qu’un simple secrétaire ). Énervant. Hannukah qui commençait bientôt et ces huit soirées à passer avec cette même famille qui voulait le mettre dehors. Au moins, il y aurait des beignets et il gagnait souvent aux toupies. Qu’il était gamin… Il soupira. S’il pouvait mettre sa vie sur off, ce serait génial. Mais au moins, l’alcool était là pour lui remonter le moral. Mauvaises habitudes, quand vous nous tenez.
Cecil tenta de jeter un œil à sa montre. Il aurait très bien pu sortir son portable, c’aurait été beaucoup plus simple, mais il était trop loin pour ses bras étendus de tout leur long sur le bar. C’était peu pratique, il n’y voyait rien. Il jugea, avec toute la perspicacité du monde, qu’il devait être très tard et qu’il serait judicieux de partir – le club n’offrait pas encore d’option chambre à coucher, c’était bien malheureux. Il était pourtant convaincu qu’ils ferraient beaucoup d’argent avec un concept comme celui-ci . Le jeune homme se leva lentement. Vous savez ce sentiment que vous avez après avoir pris une Benadryl de trop ? Quand vos yeux ne s’enlignent plus dans le bon trou, que le sol est un matelas gonflable sur lequel vous ne pouvez pas garder l’équilibre et qu’un voile semble tapisser le monde ? Ce sentiment que vous avez fait une grosse erreur ? Il avait l’impression de ne plus savoir tenir son propre corps et c’était bizarre. Pas désagréable, mais assez bizarre et embêtant pour lui faire craindre de tomber violemment s’il tentait d’enchaîner quelques pas. La fatigue générale n’aidait pas son cas, en fait.
Sans hésiter, il se laissa retomber sur son tabouret. Il posa son menton sur le comptoir et prit son verre. Le jeune homme le secoua un peu, il n’y avait plus rien. C’était dommage. Il lança un regard de chiot battu en direction du barman, mais il savait que dans son état, on refuserait probablement de le resservir ( il était saoul, pas tout à fait stupide, hein ). Mais il tenta sa chance. Ceux qui n’essaient pas n’ont jamais rien. « Pense qu’suis mort, t’m’en verse un autre ? », qu’il demanda non sans hoqueter et un peu riant. Si Cecil se voyait, il trouverait que son attitude avait peut-être quelque chose d’un peu tragique.