C’était un vendredi soir des plus banals. Après avoir passé sa dernière journée au boulot de la semaine (et après avoir passé deux heures à se chamailler avec Cece sur la couleur de l’entête d’un article, oui, les problèmes des journalistes étaient parfois existentiels voyez-vous), c’est chaleureusement que Rhys accueillit l’invitation de l’un de ses amis pour se rendre dans un bar au nord de Londres. Il fut déçu que Naël ne puisse pas être présent ce soir-là ; ‘urgence à l’hôpital’, avait-il prétexté. Rhys avait parfois du mal à se rentrer définitivement dans la tête que son meilleur ami travaillait dans le service de réanimation et qu’éventuellement, on pouvait l’appeler en cas d’urgence. Paradoxalement, il était le premier à envahir Naël de textos à la moindre coupure après avoir manipulé d’un peu trop près les couteaux aiguisés de sa cuisine – et encore, c’était rare puisqu’il ne savait tout bonnement pas cuisiner –, paranoïaque à l’idée que la blessure de guerre s’infecte. Peut-être avait-il regardé trop de reportages sur les conditions sanitaires en Afrique, qui avaient alors fini par lui monter à la tête. Bref. Installés à une table à la manière d’une bande de collègues qui prenaient un verre à la sortie du bureau, rapidement, la discussion embrayait sur des blagues concernant la petite vie professionnelle et personnelle de chacun, le tout dans une ambiance bonne enfant. Au bout de vingt minutes, toujours aussi hilare, Rhys se décida à se lever afin d’aller commander une autre tournée de bière. Il se rendit jusqu’au comptoir, et alors qu’il attendait qu’un barman le remarque, son regard s’arrêta sur une chevelure blonde qu’il ne reconnaissait que trop aisément. Remy Baldwin, sa voisine de palier et accessoirement, plus grosse emmerdeuse que la terre n’ait jamais portée. Étrangement, ils ne s’étaient pas croisés depuis quelques temps, et même si ça lui brûlait la langue de l’avouer, il fallait reconnaître qu’elle lui manquait. Enfin, un tout petit peu, quoi. La voyant en grande conversation avec un homme, l’idée de venir gâcher sa soirée lui vint à l’esprit. Sans plus réfléchir, le journaliste s’approcha de Remy, posant ses mains à la chute de ses reins. Un sourire en coin ourla ses lèvres quand il la sentit frissonner sous l’effet de la surprise. « Mon amour ? Je viens d’appeler la mairie, ils ont confirmé pour la date du mariage, c’est bon. » L’espace de quelques secondes, il avait hésité à jouer le rôle du copain transi d’amour ou celui du mec excessivement possessif, mais quand il vit la carrure du type en face de lui, il en conclut que proliférer des menaces pour si peu n’allait pas l’aider à terminer son vendredi sur une note positive. Dans tous les cas, aucun de ces rôles ne lui allait, pour la simple et bonne raison qu’au naturel, Rhys n’était pas comme cela, pas même avec ses vraies petites amies. « Pardon, je ne voulais pas vous interrompre. » Menteur. Là était tout le but de la manœuvre. « Non-- non, y’a pas de mal. Je-- j’allais justement m’en aller. Bonne soirée. » répondit l’autre homme, visiblement perturbé par l’introduction d’un prétendu fiancé dans la vie de Remy. Oups, avait-elle omis de lui préciser ce détail ? Il l’observa se lever et sortir du bar sans rien dire, se contenant de lui sourire comme un enfant. Une fois assuré qu’il avait quitté les lieux, Rhys retira ses mains de la jolie blonde et se décala, de sorte à prendre la place du fuyard. « Tu crois que j’en ai trop fait ? » demanda-t-il d’un ton doucereux, une grimace sur son visage comme s’il était désolé. La vérité étant qu’il était tout sauf désolé, il pouvait s’estimer satisfait d’avoir réussi son petit numéro, mais ce n’était pas pour autant qu’il allait arrêter de se montrer taquin envers Remy. Sa main se leva en direction du barman pour qu’on lui ramène une bouteille de bière, et directement, ses yeux se reposèrent sur la jeune femme. « Ne me dis pas que tu avais prévu de finir sous ses draps. Qu’est-ce qu’il te racontait comme baratin ? Je m’appelle Jeff, je suis un américain, étudiant en médecine qui vient finir sa thèse à Londres ? » Sérieusement, où allait-elle chercher des mecs au physique aussi policé ?
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(✰) message posté Jeu 5 Mar 2015 - 10:47 par Invité
Assise au bar depuis quinze minutes, Remy enchaine les cocktails et les conversations sans fond avec Oscar, un agent immobilier. (Information à confirmer pour le prénom, Remy n'a pas réellement écouté.) Il blague, lui parle de sa vie de l'autre côté de l'Atlantique et s'amuse un peu trop à lui caresser la jambe. A ce moment-là, Remy n'a ni le courage, ni l'envie de le repousser. En y réfléchissant, elle tente sûrement d'oublier sa soirée. Naël l'avait délibérément évité en milieu d'après-midi, prétextant une énième urgence aux bureaux de l'entreprise familiale. Elle n'y croyait plus mais sa fierté l'avait poussé à le laisser tranquille. Seconde ombre au tableau, l'arrivée fracassante de miss England à une réunion pour organiser le prochain concours de miss de la ville. Ou comment rendre Remy jalouse en seize secondes puisque inévitablement, ses pensées lui avaient renvoyé l'image de cette prétendue miss en compagnie de Walt. Dernier point négatif, elle tenait dans son sac, ses derniers résultats médicaux qu'elle refusait catégoriquement de lire. L'australienne prévoyait d'ailleurs de brûler l'enveloppe à son retour à l'appartement. A côté de ça, la compagnie de cet agent immobilier est donc une distraction à ne pas négliger. Elle l'écoute et joue l'intéressée à chaque fois qu'il évoque un nouveau sujet. Après avoir saisi un nouveau cocktail – le genre de boisson à avoir trop de fruits et pas d'alcool – l'australienne commence alors à s'ennuyer. Elle essaie, pour une fois, d'être raisonnable. Sa dernière soirée alcoolisée l'avait conduite à se jeter, à moitié nue, dans le lac de Hyde Park. Réitérer l'expérience n'est pas dans ses projets. Encore moins avec ce type ennuyeux qui lui fait la conversation. Surtout qu'il doit bien sentir que l'australienne n'est pas réceptive à ses avances puisque, par deux fois, il lui a demandé si tout allait bien. La vérité, c'est qu'elle s'ennuie et son cocktail est dégueulasse. Lasse, elle envisage même de s'éclipser maintenant, d'abandonner l'américain ici pour finir sa soirée chez un ami. Pourtant un frisson lui parcourt l'échine au contact des mains d'un inconnu sur ses hanches. La voix grave de son voisin parvient jusqu'à ses oreilles alors qu'elle se fait la réflexion qu'il ne manquait que lui pour que sa soirée se finisse en beauté. Les sourcils froncés, elle se calme en un instant quand elle aperçoit ce visage familier à ses côtés, qui, en dépit de ce qu'elle peut dire à chaque fois, ne manque jamais de lui plaire. Sa réplique sur le mariage lui tire une jolie grimace avant qu'elle ne lui offre le sourire le plus faux du monde. « C'est génial. » Rhys Cartairs venait d'interrompre sa soirée et elle cherchait encore si c'était une bonne ou mauvaise chose. Une bonne, sans aucun doute parce que c'est sûrement à son appartement qu'elle serait venue frapper s'il n'avait pas été ici. « Pardon, je ne voulais pas vous interrompre. » Elle lève les yeux au ciel. Ce n'est certainement pas avec Remy que ce mensonge allait prendre. Et peut-être est-elle, pendant une brève seconde, soulagée de voir que l'inconnu ait décidé de partir suite à ça. Il y a vraiment cru ? Quel boulet. En réponse à son départ, Rhys s'installe sur le tabouret à ses côtés. Remy aurait aimé le virer mais sa passion à embêter le monde prend le dessus aussi vite. Et d'une certaine manière, elle le remercie de l'avoir débarrassé de l'agent immobilier. Bien sûr, pas question de lui avouer. « Tu crois que j’en ai trop fait ? » Elle émet un léger rire. « En vérité, t'es pas très bon comédien mais tout le monde peut pas avoir mon talent, je comprends. » Et finalement, quand le barman dépose une bière devant Rhys, Remy réclame à son tour une boisson plus alcoolisée. Un verre, un seul, qu'elle se convainc, persuadée qu'il réduira à néant sa jalousie. « Ne me dis pas que tu avais prévu de finir sous ses draps. Qu’est-ce qu’il te racontait comme baratin ? Je m’appelle Jeff, je suis un américain, étudiant en médecine qui vient finir sa thèse à Londres ? » Elle daigne lui accorder un regard amusé, suivi d'un léger haussement d'épaules. « Blablabla. C'est toujours mieux que journaliste, j'imagine. Et depuis quand ça t'intéresse dans quel lit je termine mes soirées ? » Bonjour la réputation qu'elle a auprès du voisin. Elle secoue la tête à cette pensée parce que finalement, elle ne fréquente pas autant d'hommes qu'il peut croire. Son regard océan se pose alors sur la coupe qui est déposée devant elle. L'australienne saisit le verre avec un sourire conquit. Sa lubie étrange pour l'alcool semble refaire surface. Hypnotisée par les bulles qui remontent dans son verre, elle n'écoute Rhys que d'une oreille. Comme si elle n'avait jamais vu plus beau spectacle que ces minuscules bulles qui grimpent à la surface. « Cela dit, comme toujours, je constate qu'aucune femme n'a voulu de toi. C'est ton baratin de journaliste, tu vois, ça ne séduit personne. » Elle devrait lui présenter Milan, ils formeraient un club entre hommes qui ne savent pas séduire. Cette idée la fait rire alors qu'elle imagine rapidement la scène. « Ou alors t'es incapable de te passer de moi. On s'ennuie sans Remy. » Vrai, elle est tellement géniale. Et puis, en y réfléchissant, ils ne s'étaient ni vus, ni parlés depuis des semaines. Pour des voisins qui passent pratiquement pour des colocataires, la donne avait terriblement changé. Tout comme le fait que pour la première fois, elle ne tente pas de le séduire. Bizarre.
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(✰) message posté Mar 17 Mar 2015 - 16:38 par Invité
Un sourire vainqueur illumina son visage tandis qu'il s'installait aux côtés de Remy. La voir aussi blasée à l'idée qu'il l'ait interrompue ne faisait que l'amuser davantage, à moins que ce soit le discours de son ancien prétendant qui l'avait assommée au point de tirer la tronche de cette façon. Quoiqu'il en soit, tant mieux, pour une fois, ce serait Rhys qui mènerait la danse. Portant le goulot de sa bouteille à ses lèvres pour sentir l'alcool dévaler sa gorge, le journaliste lâcha un rire sonore en la regardant d'un air désabusé. « De quel talent tu veux parler ? Tu n'as aucun talent, Remy, t'es juste bonn— belle. C'est ça, ta chance dans la vie. » En soi, il insinuait surtout qu'hormis sa beauté, elle n'avait aucune autre qualité, mais la connaissant un minimum, Rhys se demandait sérieusement si la blondinette n'allait pas sauter sur l'occasion pour s'envoyer des fleurs. Il ne le pensait pas réellement, à vrai dire, si Remy n'était intéressante pour que son physique, il ne se serait jamais attardée sur elle — parce que oui, il avait d'autres critères, sans aller jusqu'à parler de la beauté intérieure et toutes ces conneries. Ça le faisait juste terriblement marrer de la provoquer. Son petit sourire s'évanouit à la seconde où elle s'attaqua à sa profession. Certes, son poste actuel ne figurait pas au panthéon des meilleurs jobs à exercer, mais tout de même, elle le vexait à le dénigrer de la sorte. Et puis, quand bien même il haïssait de tout son être aller à son bureau pour être sous les ordres de sa boss tyrannique, Rhys préférait de loin son petit ordinateur et ses articles plutôt que le bureau d'un médecin ou un hôpital. Annoncer à un patient qu'il était atteint d'une chose incurable, ou devoir inspecter des varices, un seul mot résumait ses pensées à l'idée de toutes les métiers touchant de près ou de loin la médecine ; ugh. C'était à se demander pourquoi son meilleur ami bossait dans le service réanimation et pourquoi il traînait encore avec une nana qui était infirmière. Accusant le coup en buvant avec rapidité des gorgées de bière, le brunet laissa la jeune femme finir, se retenant de répondre à chacune de ses piques. Puis finalement, il releva ses prunelles vers elle. « Dis-moi, c'est quoi cette manie de toujours parler de toi à la troisième personne ? Lors de ton adolescence, tu étais une fille bouboule complexée et c'est ton moyen de retrouver un peu d'assurance, ou alors ça vient de plus loin ? » La question à dix millions. Lorsque Rhys se laissait à faire un peu de psychologie, ça devenait rapidement chaotique. Encore une fois, c'était une façon de la taquiner, ni plus ni moins. Il ne pouvait s'en empêcher, ce soir, le jeune homme se sentait d'une humeur absolument rayonnante et rien ne semblait pouvoir interrompre son élan d'humour poussé au maximum. « Pour te répondre, je fais un top 50 des femmes que j'irai voir quand la terre aura été envahie par des zombies et que celles qui me plaisent actuellement auront été touchées par le virus. Tu viens justement de passer de la 14ème à la 42ème place en dénigrant les journalistes et en admettant que tu aurais pu finir dans le lit de ce loser. Too bad. » Emmerder Remy en faisant ce truc horrible qu'était les classements de filles, c'était tordu, mais bel et bien efficace. Heureusement, du haut de ses vingt-sept ans, Rhys n’en était plus à ce stade. Cependant, il y a une dizaine années, il devait admettre qu’il lui était arrivé de dresser des listes de ses futures conquêtes en riant stupidement, entouré de ses amis. L’âge bête, dira-t-on. L'excuse de l'attaque des zombies était aussi très risible mais c'était surtout la première chose qui lui était venue à l'esprit, sûrement la conséquence d'avoir récemment regardé World War Z à la télévision. Profitant du fait d'être à côté d'elle, il s'approcha d'avantage, s'autorisant même à poser sa main sur la cuisse de la jolie blonde. Entreprenant, mais surtout désireux de voir si leur innocent jeu de séduction allait reprendre lorsque c'était lui (pour une fois) qui l'initiait, Rhys se pencha légèrement vers son oreille : « Mais ne t'en fais pas, tu peux encore te rattraper. On a toute la nuit devant nous. » L'espace d'une seconde, il eut peur qu'elle le baffe ou quelque chose du genre, alors par précaution, le brunet se recula rapidement avec un sourire en coin, reposant sagement sa main sur le comptoir. Il ne voulait pas qu'elle se sente trop fière de ce petit geste qui pourtant, suggérait déjà assez. « Quant au fait de me passer de toi, well, personne n'est irremplaçable, tu sais. » déclara-t-il d'un ton détaché, suivi d'un petit haussement d'épaules. « Rassure-toi, j'ai largement trouvé de quoi m'occuper. » Et par là, il voulait dire des filles, bien évidemment. Bon, en réalité, ce n'était pas aussi fou que ce qu'il tentait de montrer. Il avait vaguement flirté avec une, avait récupéré le numéro de deux autres... Rien de très concret en fait, à sa grande déception. « Bon, assez parlé de moi. Quoi de nouveau dans ta petite vie trépignante ? Trois mariages, deux enfants, un labrador ? Racooonte. » Pas qu'il s'intéressait vraiment, c'était surtout histoire de changer de sujet pour ne pas qu’elle pense qu’il venait juste se pavaner. De plus, étant donné que cela faisait quelques temps qu'il ne l'avait pas vue traîner dans son appart' ou dans l'immeuble tout simplement, Rhys avait le droit de poser quelques questions, tout de même.