La demie de cinq heures était passée depuis quelques minutes à peine que j’emballai déjà mes affaires et que je pris la direction de la sortie aussi discrètement que rapidement, ma journée de travail se terminant pour ma part. J’avais encore techniquement une demie heure de boulot avant de pouvoir profiter pleinement de ma liberté et de rentrer chez moi, mais au vu de ce qu’il s’était passé la dernière fois avec le stagiaire maladroit – pour rester poli –, j’avais décidé de rattraper mes heures perdues en quittant le boulot un peu plus tôt chaque journée de cette semaine. Personne ne pouvait m’en vouloir pour cela, et si c’était le cas, mon supérieur n’avait de toute façon aucune bonne raison pour m’en empêcher puisque j’étais dans mon droit le plus total. Par contre, si je me faisais discret et rapide à la sortie, ce n’était pas pour éviter que mon supérieur ne me remarque et qu’il ne m’arrête afin de me rappeler mes horaires de travail, mais plutôt pour éviter qu’il ne me remarque et qu’il ne m’arrête pour aider la boîte au cas où un autre problème venait à survenir avant même que je ne franchisse la porte de sortie. Je n’avais pas tellement envie que l’histoire se répète…
Habillé comme une journée de boulot ordinaire – c’est-à-dire un T-shirt noir avec l’emblème en blanc du groupe de rock Queen sur le devant, un jean bleu ciel quelque peu délavé, des bottines en cuir marron légèrement usées et une veste en cuir de la même couleur que les chaussures (parce qu’il faisait particulièrement frisquet pour un mois d’août, même pour notre pays pourtant réputé pour ses températures assez basses et ses journées pluvieuses – l’avantage était qu’aujourd’hui, il ne pleuvait pas), je m’enfonçai dans les petites rues du centre de Londres, ces rues qui étaient généralement désertées par les touristes, voire les Londoniens eux-mêmes, sauf ceux qui souhaitaient s’éloigner un peu de la foule provoquée par cette fin de journée. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle je restais parfois plus tard au boulot dans le but intentionnel d’éviter la folie des heures de pointe – bien qu’il y avait encore toujours beaucoup trop de monde à mon goût lorsque je sortais du travail vers 19 heures…
J’entrai dans le pub dans lequel j’avais donné rendez-vous avec Arthur, l’une des rares personnes de ce monde qui arrivait à me supporter (et qui avait donc la chance de faire partie de ma petit bande restreinte d’amis) – bien qu’il ne sera tout de même jamais aussi tenace que Rafael, mon meilleur ami, qui avait ce don incroyable de pouvoir passer une journée entière avec moi sans avoir envie de me tuer à la fin. Ce qui nous rapprochait, Arthur et moi, était que nous avions beaucoup de choses en commun. Nous n’avions pas forcément la même vision des choses, mais nous avions des réactions similaires et deux forts caractères comme le nôtre ne pouvaient que bien s’entendre – même s’il arrivait parfois que nous nous disputions, comme tous bons amis qui se respectent.
- T’es en retard, lui reprochai-je gentiment, alors que cela faisait à peine cinq minutes que je m’étais installé dans ce pub dans lequel nous traînions parfois. Tiens, pendant que t’es debout, tu peux aller nous chercher à boire ! Ça sera une bière pression pour moi, commandai-je sans aucune honte, en lui tendant tout de même un billet de 10. Avant de rajouter avec un clin d’œil : Ça te paiera ta boisson en même temps.
C’était, certes, peut-être salaud de l’obliger à aller chercher tout seul les boissons au bar, mais il avait l’habitude à force. Et puis, je lui payais son verre, il n’avait pas le droit de se plaindre !
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(✰) message posté Ven 22 Aoû 2014 - 20:40 par Invité
Je raccrochai à peine la conversation terminée. Ce soir, j'allais devoir passer chez ma plus fidèle cliente : une dame riche à la cinquantaine passée dont le mari passait les trois quart de sa vie en Amérique. Lors de nos entrevues, elle m'avait confié qu'elle l'avait surpris plus d'une fois en train de la tromper avec de jeune mannequin puisqu'il s'occupait d'une agence spécialisée dans cela. Il s'occupait lui même du recrutement des jeune femme et souvent, elles passaient sous le bureau pour avoir leur place. Un fort avantage pour lui, évidement et elle avait décidé de prendre sa revanche. Ca, et le fait de devoir rester seule à la maison la plupart du temps. Elle était avec lui uniquement lors de cérémonie officielle. Elle servait "de femme de Monsieur Untel" puis délaissée quelques minutes après. La triste histoire d'une bourgeoise un peu trop rêveuse. Je me mis à chercher comment j'allais pouvoir faire garder Lucy, le problème général et source de conflit entre ma soeur et moi. Elle n'aimait pas quand "j'allais travailler" parce qu'elle ne pouvait donc pas passer la soirée à regarder un film avec moi. A chaque fois que je le lui annonçai, elle croisait les bras et allait dans sa chambre pour bouder. Tous les jours en allant la chercher à l'école, c'était la première question qu'elle me posait juste après m'avoir salué "tu travailles ce soir?" et lorsque la réponse était négative, c'était comme si je lui annonçais que Noël serait pour ce soir. Je ne pouvais pas lui en vouloir, après la mort de nos parents, elle n'avait que moi et dieu savait à quel point nous nous entendions bien tous les deux. J'avais fait la promesse sur la tombe de mes parents que je m'occuperais coûte que coûte d'elle et qu'ils n'avaient donc rien à craindre. Cette petite partie de moi que je dévoilais à si peu de personne...
J'avais rendez vous avec Tyler, un très bon pote au fort caractère comme je les aimais. Nous avions pas mal de point communs tous les deux, mais aussi de nombreuses différences. Toutefois, je le trouvais génial. C'était quelqu'un de direct et qui n'avait pas froid aux yeux quand il s'agissait d'annoncer les quatre vérités de quelqu'un. Nous avions rendez vous dans un pub, sans doute histoire de boire un verre pour faire passer le temps. En règle général, je ne m'autorisais pas ce genre de "folie" mais une fois de temps en temps n'allait pas me faire de mal, d'autant plus que j'allais avoir "une paye" ce soir et plutôt gâtée connaissant déjà la personne.
J'arrivais à peine quelques minutes après l'heure donnée et Tyler occupait déjà les lieux. A peine me vit-il qu'il me fit la remarque comme quoi j'étais en retard, chose qui me fit doucement sourire. "Que veux tu, j'aime me faire désirer" répliquai-je. Sur ces mots, il profita que je ne fusses pas installer pour me tendre un billet et m'envoyer aller chercher les boissons. "Okay, j'arrive de suite!" Cinq minutes après, je réapparus avec les bières décapsulées et fit tomber une à une la monnaie sur la table pour la lui rendre. "La prochaine fois, c'est moi qui t'invite." promis-je en prenant mes aises sur la chaise en face de lui. "Alors... quoi d'neuf?"
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(✰) message posté Mar 26 Aoû 2014 - 18:42 par Invité
« Qui aime bien, châtie bien. », c’était bien ce que le proverbe disait, n’est-ce pas ? Eh bien, je l’appliquai avec rigueur à tous mes amis – qui pouvait se compter sur les doigts d’une main puisque je n’en avais que trois –, et à certaines autres personnes qui avaient la chance d’acquérir mon appréciation – comme c’était parfois le cas avec quelques-unes de mes conquêtes. En tout cas, je m’amusais très souvent – pour ne pas dire tout le temps – à me moquer gentiment des rares personnes qui comptaient pour moi et ils avaient généralement tendance à me le rendre bien – ce qui ne me posait aucun problème, bien au contraire. Il était vrai que j’y allais certes quelquefois un peu fort, mais mes amis me connaissaient assez pour ne pas prendre la mouche facilement – même si je devais bien avouer que j’abusais parfois tellement que je ne leur en aurais pas voulu si cela avait été réellement le cas. En tout cas, Arthur n’était pas de ce genre là et il ne m’offrit qu’un petit sourire amusé lorsque je lui reprochai honteusement d’être en retard alors que cela faisait quelques minutes à peine que je m’étais installé à la table de ce pub.
- Que veux-tu, j'aime me faire désirer, répliqua-t-il à ma petite plaisanterie, ce qui me fit sourire à mon tour. Okay, j'arrive de suite! s’exclama-t-il ensuite, alors que je venais presque de lui ordonner d’aller nous chercher à boire au bar – quel ami serviable j’avais ! Il revint d’ailleurs quelques minutes plus tard avec les bières commandées : une pression pour moi et une bouteille pour lui, et je ne me fis pas prier pour commencer à y boire une gorgée. La prochaine fois, c'est moi qui t'invite. Alors... quoi d'neuf?
- Oh, bah… Pas grand-chose… Au boulot, c’est redevenu calme après qu’on ait frôlé la catastrophe, commençai-je à expliquer, avant de lui jeter un petit coup d’œil et de faire un petit signe rapide de la tête comme pour lui demander silencieusement de ne pas poser de questions. Il allait de toute façon savoir bien assez tôt ce qu’il s’était passé avec le stagiaire maudit qui avait complètement gâché le temps libre que je m’étais offert la semaine dernière. Et au lit, eh bien… Ça se passe toujours bien, tu me connais, appuyai-je mes propos avec un clin d’œil. Et toi ? retournai-je la question.
Certes, je n’avais pas donné beaucoup de mes nouvelles, mais c’était surtout parce que je n’en avais pas énormément à donner. J’avais le regret d’avouer que ma vie n’était pas très passionnante. Je passais la plupart de mon temps au boulot, et lorsque j’avais un peu de temps libre, je le passais dans les bars à draguer tous les mecs à ma disposition. Et tout cela, Arthur le savait déjà…
En règle générale, je ne me permettais pas les pubs ou ce genre de chose. Si j'en avais les moyens, si je pouvais me le permettre, on m'y verrais souvent. Mais j'essayais de ne pas trop y trainer, à moins d'y être invité. C'était une folie que je m'autorisais que rarement, parce que j'aimais bien boire, mine de rien.
Voir Tyler me faisait plaisir parce que ça allait me changer de ma vie morne et quotidienne. Je n'aimais pas l'ennui et voir des gens me permettait de penser un peu à autre chose qu'à ma misérable vie. Aussi, quand je le vis au loin en entrant dans le pub, je fus en quelque sorte rassuré. C'était idiot, mais s'il n'avait pas été là en premier, je me serais senti mal à l'aise. Quitte à être un peu en retard, tant pis. Je n'étais au meilleur de ma forme ce jour là, mais ce n'était que passager.
Tyler m'avait envoyé chercher les boissons et avait décidé de payer ma consommation. Je mentirais si je disais que ça ne me faisait pas plaisir et que ça m'arrangeait, en quelques sortes. Mais les cadeaux, chez moi, ça se redevait. Je savais qu'il ne me prenait pas en pitié en faisant cela, que c'était un acte... amical mais je fonctionnais tellement différemment que, sur le coup, je me sentais redevable.
En revenant, je lui posais quelques questions basiques. Je n'avais pas grand chose à raconter, du moins pas grand chose de passionnant et il fallait bien commencer quelque part. Tyler me répondit qu'il y avait pas grand chose que "c'était" redevenu calme après avoir frôlé la catastrophe et me fit comprendre qu'il n'avait pas envie de s'étendre sur le sujet, aussi je n'insistai pas. Il ajouta ensuite qu'au lit ça se passait toujours aussi bien, chose qui ne m'étonnais guère venant de sa part puis il me retourna la question. Et là... que dire? Je me frottai l'arrière de la tête en cherchant une réponse à lui fournir. Tyler n'était pas au courant de mes activités professionnelles, j'en avais parlé à personne. J'en avais tellement honte que je ne comptais le dévoiler à personne. Je ne savais pas vraiment si je le cachais, ou du moins si on pouvait considérer les choses telles quelles. J'évitais juste d'en parler.
"Oh... eum... moi ça... va. Je gagne pas beaucoup ces temps ci, il faudrait que je rattrape ça. Ce soir j'ai d'ailleurs à faire à un client plutôt... difficile en négociation. Quant au lit... ça va, aussi."
J'étais mal à l'aise et je ne pouvais m'en empêcher quand je parlais de ça. J'aurais beau être le meilleur acteur du monde, ça m'affectait tellement que ça me rendait vaporeux, distant.
"Qu'est ce qu'il fait moche aujourd'hui..."
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(✰) message posté Dim 7 Sep 2014 - 2:24 par Invité
Cela faisait à présent quelques années qu’Arthur faisait partie de mon entourage. Je ne me souvenais plus exactement des détails de notre rencontre, mais cela n’avait pas réellement d’importance à vrai dire. Le plus important était que l’on s’était rencontré et que l’on ne s’était en quelque sorte plus quitté depuis. Bien sûr, je n’avais pas la même relation avec lui que celle que je pouvais avoir avec Rafael, mais les circonstances dans lesquelles j’avais rencontré chacun d’entre eux étaient également passablement différentes. J’avais fait la connaissance de Rafael lors de ma première année à l’université d’Oxford – j’allais donc sur mes dix-huit ans – et cela pouvait peut-être difficile à croire pour certains, mais j’étais une personne radicalement différente de celle que j’étais aujourd’hui. J’étais un garçon encore naïf qui venait de perdre tout espoir en la bonté humaine et cela me rendait quelque peu fragile et vulnérable. Alors que lorsque j’avais fait la rencontre d’Arthur – il n’y avait tout de même pas si longtemps que cela si l’on comparait avec Rafael –, je m’étais déjà transformé en l’être cynique et exécrable qui ne croyait en rien d’autre que lui-même et que tout le monde – ou presque – détestait. Et si Arthur était l’une des rares personnes à pouvoir miraculeusement supporter ce comportement difficilement tolérable, c’était parce que nous avions à peu de choses près le même caractère, partageant beaucoup de points communs.
- Oh... eum... moi ça... va, répondit-il à mon retour de question sur ce qu’il y avait de nouveau dans sa vie. Et le fait qu’il hésite de la sorte ne fit que titiller un peu plus ma curiosité sur ce malaise tout ce qu’il y avait de plus flagrant. Je gagne pas beaucoup ces temps ci, il faudrait que je rattrape ça. C’était donc ça : un problème financier… Il paraissait que les temps étaient durs en ce moment, mais je devais bien avouer que j’avais la chance de ne sentir aucune différence de salaire ni de niveau de vie. Il fallait dire aussi que le milieu de l’informatique ne connaissait pas la crise, bien au contraire ! C’était un marché toujours aussi florissant que ce soit à l’échelle de la production, mais également, de l’emploi. Je ne pouvais donc pas me plaindre à ce niveau-là. Par contre, si Arthur avait besoin d’argent et qu’il osait me le demander, je n’aurais aucun problème à le lui prêter. Cependant, ce dernier me ressemblant sur beaucoup de points (et celui-ci en était un), je savais qu’il aurait trop de fierté pour me poser la question et je n’étais pas du genre à jouer les bons samaritains en lui offrant moi-même une somme alléchante sans même qu’il ne l’ait réclamé – surtout que je savais aussi qu’il la refuserait direct, donc bon… Ce soir j'ai d'ailleurs à faire à un client plutôt... difficile en négociation. Quant au lit... ça va, aussi, finit-il de me préciser, avant de rajouter comme pour changer rapidement de conversation : Qu'est ce qu'il fait moche aujourd'hui...
- Parfois, les clients ne méritent qu’un bon gros poing dans leur petite gueule… le soutins-je tel un encouragement avant d’affronter les horribles monstres qu’étaient parfois les clients. Mais bon, ce sont eux qui nous payent, malheureusement… On doit donc se plier à leurs désirs de roi, puisqu’apparemment ils le sont. Après tout, ne dit-on pas « le client est roi » ? Des fois, je regrette un peu de vivre dans une monarchie et je m’imagine chez les Français juste pour avoir le plaisir de les décapiter, imaginairement parlant bien sûr. Enfin, tout ça pour dire : te laisse pas abattre ! Faut être plus rusé qu’eux ! Et sur ces bonnes paroles, je bus une longue gorgée de ma bière. Et bien sûr qu'il fait moche ! On habite à Londres, après tout.
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(✰) message posté Dim 14 Sep 2014 - 21:25 par Invité
- Parfois, les clients ne méritent qu’un bon gros poing dans leur petite gueule…
Je ne pus m'empêcher d'ouvrir grand les yeux tout en portant la boisson à ma bouche rien que pour confirmer cette affirmation. Je ne pouvais pas ne pas être aussi d'accord qu'à ce moment ci. S'il savait le nombre de client et de cliente que j'aurais volontiers frappé pour leur insolence et leur exigence parfois complètement délirante... certains essayaient même de ne pas payer, utilisant tous les prétexte pour que je partes sans prendre les sous en sortant. Soit je n'avais pas été assez bon, assez performant, assez long, assez PARFAIT pour qu'ils assouvissent leur fantasme comme il se devait. Je les détestais tellement ces gens là, qu'il n'y avait pas de mot pour décrire avec exactitude le niveau de haine que je leur portais. Toutefois, je ne démordais pas une seule seconde et repartais avec tout le fric quitte à ne jamais les revoir.
"Ce n'est pas l'envie qui me manquerait, en effet." avais-je répondu en commençant à boire. - Mais bon, ce sont eux qui nous payent, malheureusement… On doit donc se plier à leurs désirs de roi, puisqu’apparemment ils le sont. Après tout, ne dit-on pas « le client est roi » ? Des fois, je regrette un peu de vivre dans une monarchie et je m’imagine chez les Français juste pour avoir le plaisir de les décapiter, imaginairement parlant bien sûr. Enfin, tout ça pour dire : te laisse pas abattre ! Faut être plus rusé qu’eux ! Ouais... imaginairement parlant ou littéralement parlant, des envies de meurtres me prenaient à moi aussi, sauf que la raison m'interdisait de passer à l'acte. Déjà d'une, parce que mes parents seraient énormément déçu de moi, et de deux, parce qu'il y avait encore ma sœur et que si jamais il m'arrivait une merde à cause de ça, j’encourrais la prison ferme pour une durée extrêmement longue et il y aurait rien contre moi. Il m'arrivait même d'avoir "peur" de laisser certains clients défoncés de peur que quelque chose comme crise cardiaque ou une merde dans ce genre leur arrive. Pas pour leur santé, mais pour ma pomme. Je ne désirais être en aucun cas le dernier gars à avoir vu un mort quand il était encore en vie. - Merci gars, t'es vraiment un pote! J'espère juste ne pas mal tomber ce soir... La dernière fois, ça a été chaud...
et lorsque j'avais fait une allusion sur le temps qu'il fallait pour essayer de passer à autre chose, la réaction de Tyler ne put m'empêcher d'échapper un rire. "Et bien sûr qu'il fait moche ! On habite à Londres, après tout." A des moments, j'enviais sa façon simple de penser. Je lui ressemblais pas mal dans le fond, sauf que moi, j'avais l'impression d'être dix fois milles plus compliqué que lui. Il me donnait la sensation d'être beaucoup plus énergique que je ne l'étais et surtout beaucoup plus fort. Mais tant mieux, j'aimais cela. J'avais besoin de personne comme lui dans ma vie pour me faire avancer et me remettre dans le droit chemin, en quelques sortes. "Londres...." répétai-je d'un air perdu en fixant le fond de ma bière. "Ouais... quand j'aurais une situation plus stable, j'irais peut être ailleurs..." J'avais songé tout haut tout en pensant à d'autres villes, qu'elles soient anglaises ou étrangères. A des moments j'adorais cette ville, à d'autres je la détestais. Des fois, l'envie me prenait de partir loin et de tout laisser de côté, mais c'était impossible à faire bien entendu. Je me penchai sur la table, retenant ma tête sur une de mes mains tout en regardant mon rare ami d'un air blasé. "Ouais, t'as p'tet remarqué que je suis pas au meilleur de ma forme. En fait, j'en ai un peu marre de tout en ce moment là." Il fallait dire que ma vie était constituée de regret alors forcément, ça aidait pas!
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(✰) message posté Jeu 18 Sep 2014 - 23:53 par Invité
- Ce n'est pas l'envie qui me manquerait, en effet, m’approuva-t-il sans la moindre hésitation. En même temps, je me demandais bien qui pourrait ne pas être d’accord avec ce que je venais de dire – sauf peut-être ceux qui n’avaient justement pas à gérer de clients intenables toute la journée. Parce que j’avais beau être quelqu’un de totalement imbuvable pour beaucoup de monde, je travaillais parfois avec des clients qui avaient un comportement pire que le mien – et ce n’était pas peu dire, croyez-moi ! Par contre, j’avais tout de même la chance de ne pas être en contact permanent avec ce genre de personnes ! Non seulement, parce que la plus grosse partie de mon travail consistait à créer ou améliorer des logiciels ou des systèmes informatiques pour des grosses boîtes d’entreprise ou des clients suffisamment riches pour pouvoir payer nos frais de service, mais aussi parce que les clients avec lesquels nous faisions affaire n’étaient pas non plus tous insupportables – bien qu’il y en avait tout de même pas mal, l’argent faisant bien souvent augmenter l’ego déjà quelque peu surdimensionné de ces personnes… Merci gars, t'es vraiment un pote! me remercia-t-il de mon soutien – ce qui était plutôt inutile puisque c’était justement pour cela que les amis étaient faits, après tout. J'espère juste ne pas mal tomber ce soir... La dernière fois, ça a été chaud...
- Qu’est-ce qui s’est passé ? demandai-je curieux, sans même me soucier du fait que cela pouvait faire partie du privé ou non. De toute façon, s’il n’avait vraiment pas voulu me raconter sa petite mésaventure avec l’un de ses clients, il n’y aurait très certainement jamais fait allusion. Le fait qu’il en parle m’autorisait donc à poser des questions pour en savoir plus. Et puis, cela m’intriguait réellement. Je n’avais jamais vraiment su ce qu’Arthur faisait dans la vie puisqu’il évitait de manière très adroite toutes questions ou sujets de conversation en rapport avec son activité professionnelle. Cela était d’ailleurs peut-être étrange pour un ami d’ignorer ce genre de choses, mais je n’étais pas le genre de personne à forcer les autres à parler lorsqu’ils n’en avaient pas envie – pas mes amis, tout du moins…
- Londres... Ouais... quand j'aurais une situation plus stable, j'irais peut être ailleurs... m’annonça-t-il tout à coup, et je faillis m’étouffer avec la gorgée de bière que je venais d’avaler tellement je fus surpris par cette nouvelle. Certes, il n’avait pas l’intention de partir de la capitale anglaise pour le moment, mais rien que le fait qu’il y pense ne me plaisait pas vraiment. Après tout, je devais être une raison suffisante pour tous mes amis pour qu’ils ne veuillent pas déménager loin de Londres sans moi… Ouais, t'as p'tet remarqué que je suis pas au meilleur de ma forme. En fait, j'en ai un peu marre de tout en ce moment là.
- Oh ? Comme quoi ? Vas-y raconte ? l’incitai-je à me raconter ses problèmes, en me plaçant confortablement sur mon siège et surtout en fermant ma bouche qui pouvait parfois être grande.