"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici CALIAS ❝ look at me now, i'm falling, this ground of mine keeps shaking❞ 2979874845 CALIAS ❝ look at me now, i'm falling, this ground of mine keeps shaking❞ 1973890357
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CALIAS ❝ look at me now, i'm falling, this ground of mine keeps shaking❞

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() message posté Mer 13 Aoû 2014 - 21:22 par Invité


❝ look at me now, i'm falling, this ground of
mine keeps shaking❞


Le téléphone sonne une nouvelle fois et je regarde la photo de Selena s'afficher sur mon écran sans pour autant prendre l'appel. Je n'ai qu'une envie, c'est m'engloutir le plus possible dans ce lit et qu'elle cesse : je n'ai rien à lui dire. Pas pour l'instant. Trois. Quatre. Cinquième vois, je suis au bord de la crise de nerfs - un mode silencieux aurait réglé l'affaire mais elle commence à me faire peur. Je décroche. « Elias putin tu fous quoi? J'arrête pas d'appeler. J'ai besoin que tu viennes, y'a un soucis avec Caleb... Il ouvre pas la porte, je suis sure qu'il est là. » Je serre la mâchoire et lève les yeux pour fixer mon plafond. Ce sera rien. Je n'ai pas à accourir, nous ne sommes même plus amis e puis surtout, il n'y a aucune raison de paniquer, ce n'est pas mon grand-père qui a possiblement fait un AVC ou que sais-je. « Tu paniques pour rien Lena, il est peut-être sorti. Rentre chez toi, il a surement oublié que tu passais. » J'ai du mal à paraître naturel,  je suis en mode automatique pour ne rien laissé paraître, pour ne pas lui demander de ne plus jamais me parler de son frère. « Je sais que quelque chose ne tourne pas rond et qu'il est là. Il était pas au top hier. Je crois qu'il avait pris quelque chose... Eli s'il te plait... » Pris quelque chose. Mais non, il n’est pas un junkie qui a besoin d'aide. La voix de Lena est suppliante, je devine les larmes qui perlent au coin de ses yeux et la panique qui l'envahit. « Ne bouge pas, je fais vite. » Pour lui ou pour elle, je n'en sais trop rien. Pourquoi ne pas simplement appeler les pompiers? Il n'a pas besoin d'être sauvé, il a encore moins besoin de me voir. Ce sera rien. Je pousse un long soupire et enfile tant bien que mal un jeans - essayez vous de fermer un bouton et une tirette avec la main cassée - et un pull.

En quelques minutes de panique, Selena a réussi à me convaincre à défoncer la porte. S'il n'est pas à l'intérieur, on est mort. J'en arrive à l'imaginer porter plainte contre moi et honnêtement, qui pourrait lui reprocher? Pas moi. Je demande à Lena d'aller me chercher des outils dans le coffre de la voiture et profite de son absence pour tirer dans la serrure. Hors de question de lui montrer mon arme mais ma main me fait bien trop souffrir que pour m'acharner 4h sur sa porte. Avec un peu de chance, sur le coup de la panique, elle ne va même pas se poser la question. J'ai eut raison, malheureusement, elle n'y a pas pensé. Je l'attends pour entrer, mon cœur s'emballe à chaque pas dans l'appartement, j'ai maintenant peur qu'elle aie raison, bien que convaincu qu'elle se trompe depuis le début et que nous faisons un connerie monumentale. Tout s’enchaîne ensuite très vite, j'ai l'impression de suivre la scène au ralenti. Ou en accélérer, je n'en sais trop rien. Il est là, inconscient. Nous appelons l'ambulance et j'essaye de calmer Selena et de le réveiller en même temps. Échec total. « La famille uniquement dans l'ambulance monsieur. » J'hésite à protester mais je fais signe à Lena que je suis en voiture.


* * *


J'ai l'impression que les secondes sont des minutes et les minutes des heures. On a aucune nouvelles, si ce n'est qu'ils s'occupent de lui. Encore heureux. Lena s'est endormie sur moi, je sens que mes paupières ne demandent qu'à se fermer elles aussi mais je m'interdis de le faire. Elle immerge après une bonne heure qui m'a semblé être une éternité. « Il lui faut des vêtements... tu connais mieux que moi l'appartement. Profites-en pour prendre une douche et manger un truc, promis je t’appelle si y'a du changement. » Je serre légèrement sa main pour l'encourager même si je sais qu'elle n'a aucune envie de partie. Je ne partirais pas non plus s'il s'agissait de ma sœur. Par je ne sais quel miracle, elle se lèvre pourtant, sur le départ. « Tu veux que je te ramène un truc à manger? T'es pas encore livide mais ça arrive. » « Tu as le temps avant de me voir pâlir. Rien, j'ai besoin de rien. Va! » Je la chasse pratiquement mais être avec elle est juste étrange. J'ai besoin d'elle, de son soutient pendant cette attente et ne même temps, j'ai l'impression de lui mentir chaque seconde et je déteste ça.

A peine partie de quelques minutes, un médecin m’appelle et je me mords la joue. Elle va me tuer de l'avoir chassée. Lavage d'estomac, hors de danger. Ce sont les seuls mots qui ont un sens dans le long discours que me fait le médecin, je n'essaye même pas de comprendre, j'attends juste qu'il aie fini son monologue. « Je peux aller le voir ? » Une personne à la fois. Ça ne risque pas de poser problème pour l'instant, si L. ne prévient pas la famille de suite. Je passe la porte et m'appuie contre celle-ci une fois fermée en l'observant dormir. Il aurait tout aussi bien être mort. Petit con. Après un certain temps, je réalise qu'il ne va pas se réveiller miraculeusement parce que je suis là et je prends place sur le siège à côté de son lit. Je passe par 150 positions en l'observant. J'aimerais que Lena soit là, c'est encore plus pénible seul. Je perds patience et me rapproche, entremêlent nos doigts avant de poser ma tête sur ceux-ci. Je suis obligé de garder la main droite posée sur le bord du lit dans une position inconfortable pour mon bras mais qui me certifie que je ne vais pas écraser mes doigts déjà brisés. Je me sens partir à plusieurs moments et m'empêche toujours de le faire, somnolant à moitié en espérant que lui sorte des bras de Morphée au pus vite.
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() message posté Jeu 14 Aoû 2014 - 14:40 par Invité


❝ look at me now, i'm falling, this ground of
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Je cherche mon équilibre sans parvenir à le trouver. Une chaleur insoutenable se répand dans mon corps. J’esquisse quelques pas mais tout danse autour de moi. Le sol, les murs. C’est comme un tourbillon dans mon champs de vision, plus rien n’est véritablement net, tout est juste vague, flou. Je tourne sur moi-même, incapable de m’orienter, perdu dans ce que je ne parviens plus à distinguer. Le cœur au bord des lèvres, je suis incapable de prendre sur moi et de me calmer. Je sens que je panique, le sol bascule à chacun de mes pas. Les murs se rapprochent, mon épaule heurte l’un d’eux. Mes doigts cherchent à tâtons les boutons de l’ascenseur et je dois m’y reprendre à plusieurs reprises. Ma vue se brouille par intermittence, la lumière du hall m’éblouie. Les portes s’ouvrent devant moi, j’esquisse un pas mais je manque de m’écrouler. Tous mes sens sont à vif, le moindre bruit, la moindre lumière sont amplifiés. Tout n’est que flou psychédélique et tourbillon bruyant. Je glisse mon bras entre les portes pour les contraindre à se rouvrir. Une goutte de sueur perle sur mon front, que j’essuie d’une main tremblante. Je suis à la fois euphorique et complètement désorienté. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mon souffle est accéléré comme si je courais depuis une heure. Je suis incapable de respirer calmement. Je me traîne difficilement dans l’ascenseur, la lumière m’éblouie. Je cligne des yeux en grimaçant. Je pose mon front contre une paroi gelée. Je tremble, mes dents claquent. D’une main tremblante, je cherche mon portable à tâtons dans les poches de mon jean, mais la laisse retomber mollement. Je suis seul dans cette merde. Je ne peux pas appeler Selena, je ne peux pas appeler mon père. Si seulement je pouvais appeler Elias. Mais il me laisserait dans mes problèmes. Des problèmes de junkie. Je ne suis pas un junkie. Les miroirs de l’ascenseur me renvoient mon image en plusieurs exemplaires et ma vision troublée la démultiplie encore davantage. Je m’arrache à la paroi, tourne sur moi-même dans le minuscule espace, les parois m’étouffent. Ma respiration se bloque, un arrière-goût métallique se mêle à ma salive. Les portes de l’ascenseur  s’ouvrent et je me traîne à l’extérieur, me retenant aux murs. Je me retrouve dans mon appartement sans savoir comment j’y suis arrivé. Black-out. De l’eau. Du froid. Je pousse la porte de la salle de bain. J’ouvre le robinet à plein régime mais l’eau glacée effleure à peine mes doigts. Mes jambes ne me soutiennent plus, j’essaye d’agripper le lavabo mais il glisse sous mes doigts. Je me sens partir. Je ne suis pas un junkie…

*
La première chose à laquelle je pense, lorsque j’entrouvre les yeux et que je distingue dans une sorte de brouillard le plafond immaculé de la chambre, c’est à l’accident. Dans un éclair fulgurant me revient en mémoire la scène d’apocalypse que j’ai vécu il y a bientôt deux ans, les bruits de taule froissée, les éclats de parebrises, le sang aussi, ce goût métallique dans ma bouche, l’écho des sirènes au loin et enfin le silence et l’obscurité, épuisants, insupportables, uniquement rompu par les bruits électroniques des machines qui m’ont maintenu en vie pendant des semaines entières. Toutes ces sensations que je pensais derrière moi me reviennent en mémoire d’un coup sec et brutal. Ma respiration croche dans ma gorge, mon souffle est rauque. Je sens mon pouls s’accélérer brutalement tandis que ma vue cherche quelque chose de précis à quoi se raccrocher. Je panique. Je panique complètement et en même temps je suis complètement dans le brouillard. Ce n’est qu’en voyant quelqu’un endormi près de moi que je commence à me calmer, difficilement mais progressivement. Elias. Je tourne lentement la tête vers lui, cligne des yeux. Que fait-il ici, que fait-il ici avec moi ? Presque instantanément, l’odeur aseptisée de l’hôpital me soulève le cœur et je serre les lèvres pour ne pas vomir — sur Eli, ça ferait désordre. Je cherche à me souvenir des éléments de la veille, à les reclasser dans un ordre logique. Mais j’ai du mal à me souvenir de tout. Je me souviens seulement d’être sorti et d’avoir un peu chargé la dose. Je ne suis pas un junkie. Et pourtant les sensations que j’ai éprouvées s’en approchent terriblement. Je ferme les yeux un moment pour retenir des larmes d’amertume. J’ai les nerfs en vrac, complètement en vrac. Qui aurait cru  qu’il serait là après tout ça. Je songe à me rendormir sans rien dire, à ne pas réveiller Elias qui a l’air de dormir à côté de moi. Je n’avais jamais imaginé me réveiller un jour auprès de lui mais je suppose quand même que ç’aurait été différent. Mais si ça peut retarder la confrontation qui s’annonce houleuse, autant faire mine de dormir. Lâcheté bonjour. Je n’ai rien à lui dire. A quoi bon parler si c’est pour se disputer encore. Mais j’ai beau fermer les yeux en me disant que c’est pour le mieux, et que je tombe de sommeil, je n’arrive pas à cesser de penser. Je pense à ce que j’ai fait, aux habitudes que j’ai prises. Je pense à la terreur que j’ai ressentie quand je me suis senti partir, à celle que j’ai ressentie quand je me suis réveillé dans un lit d’hôpital. Je pense à nos disputes permanentes chaque fois qu’on s’adresse la parole, aux sentiments que j’ai pour lui. Je pense à cette nuit passée avec Thalia, au(x) baiser(s) échangé(s) avec Elias. Je pense au fait qu’on n’est même plus amis et qu’il est là, en dépit de tout, à attendre que je me réveille. La vérité c’est que je ne sais pas quoi dire. Alors je ne dis rien. Je reste là, immobile, le regard fixé droit devant moi.

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() message posté Jeu 14 Aoû 2014 - 20:37 par Invité


❝ look at me now, i'm falling, this ground of
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Je fais tout pour ne pas sombrer, me concentrant tantôt sur lui, tantôt sur le bruits incessants des machines qui me proviennent des autres chambres. Par miracle, aucune ne lui est reliée. Le son fini par me bercer plus que par m'énerver et j'abandonne la bataille. J'ai des sueurs froides, mon cœur n'a jamais battu aussi vite. Je le secoue, je lui verse de l'eau sur lui, je tente même d'appuyer sur son estomac, comme si cela pouvait le faire vomir et arrêter le processus. Mais rien, il est inerte dans mes bras. Je n'ai jamais eut aussi peur de ma vie, à part peut-être quand je me suis retrouvé avec l'arme du père de Charlie pointé sur la tempe. Je l'insulte, je le secoue mais rien. Ce sera ça ou rien. Alors rien. Non ce n'est pas ce qu'il a voulu dire par rien, pas son corps sans vie. Je me mords les joues en sentant les larmes couler le long de celles-ci. C'est elles qui me sortent de ma torpeur lorsque je les sens couler sur mon visage. J'ouvre péniblement les yeux avec le son des machines qui me ramène à la réalité. Non pas que mon cauchemar était moins réel, mais il s'agit d'hier, aujourd'hui Caleb est dans un lit d’hôpital hors de danger. Si on peut dire ça comme ça. Je me redresse et essuie mes larmes de ma main droite ce qui m'arrache une grimace de douleur. Quelle idée de s'attaquer aux murs, bien sur qu'ils sont plus forts. Je réalise alors qu'il est éveillé et me fige quelques secondes en l'observant. Je rêve de lui mettre des claques, de lui hurler son inconscience mais j'en suis incapable. Il est pâle, faible, la dernière chose dont il a besoin c'est de mes remarques, je finirais en quelques minutes par être mis à la porte de sa chambre. Par l'équipe médicale ou par ses soins. J'ai aussi envie de l'embrasser mais ça aussi je me garde bien de le faire. Je ne délie pas nos mains et soulève légèrement celles-ci pour poser ma joue contre le revers de la sienne. C'est pitoyable. On dirait un mec au chevet de son petit ami alors que nous ne sommes plus rien l'un pour l'autre, selon nos "nouveaux termes". Selena pourrait tout aussi bien entré dans la chambre maintenant, pire - je crois - leurs parents et se poser des questions. Mon attitude n'a rien d'amicale mais je m'en contre fou, j'ai cette maudite impression que je vais le perdre à la minute ou je vais le lâcher. Lèvres pincées, je pousse un long soupire et me décide à briser le silence. « Selena est partie te chercher des vêtements... Je partirai dés qu'elle sera là, promis. » Je fixe nos mains pour ne pas le regarder lui. J'ai peur qu'il me demande de partir sur le champs, ou qu'il confirme simplement qu'il n'aie plus besoin de moi une fois sa sœur arrivée. Mais je refuse de m'imposer à lui alors que je l'ai poussé à me virer de sa vie il y a à peine quelques jours. Je trouve finalement le courage de l'observer et ma respiration s'en retrouve saccadée comme si j'étais en sanglot hors ce n'est pas le cas. « Tu sais la peur que nous a fait? T'aurais pu y rester Caleb... Si Selena n'avait pas appelé, tu ne serais surement pas là aujourd'hui... » Je déglutis à cette pensée et resserre un peu plus l'étreinte de nos doigts. J'ai repoussé cinq de ses appels. Si je n'avais pas pris le dernier, il aurait pu y rester par ma faute, parce je suis égoïste et que je n'ai pas été foutu de décrocher mon téléphone plus tôt. «  Je suis désolé... » Désolé de l'avoir abandonné. De lui avoir reprocher un tas de truc. De l'avoir obligé à s'éloigner de moi. De ne pas avoir répondu plus tôt. De ne pas avoir prêter plus attention à son addiction, même s'il m'a répété encore et encore qu'il n'était pas un junkie. C'est ça oui, et moi je ne suis pas attiré par les mecs. Ma gorge se serre et je retiens mes larmes. Hors de question que je me montre encore plus faible que je ne le suis. Je suis beaucoup trop sensible comme mec, j'ai un débit de larmes comparable à une fille et je déteste ça. « Je ferais bien de l'appeler... Elle va m'étriper si elle sait que j'ai traîné à la prévenir... » Allez vous lui justifier que j'avais besoin d'un moment seul avec son frère alors qu'elle était en pleine crise de panique. Qu'elle est complètement déboussolée, qu'elle a besoin de savoir qu'il va bien. Encore une fois, je ne pense qu'à moi et à ce moment avec lui dont j'ai besoin, il faut croire que l'égoïsme est devenu mon vice préféré.  

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() message posté Jeu 14 Aoû 2014 - 21:46 par Invité


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Je suppose que j’aurais fini par m’endormir à nouveau si Elias ne s’était pas réveillé dans un sursaut — littéralement. Je ne saurais sans doute jamais de quoi il rêvait juste avant de bondir sur son fauteuil mais ça l’a très vraisemblablement mis dans tous ses états. Sans rire, j’ai sursauté autant que lui.  C’est à ce moment que je me rends compte que ses doigts entrelacent les miens depuis le début, mais vu comme je suis réveillé, ça ne m’étonne pas vraiment de ne pas l’avoir remarqué plus tôt. Le contact de sa peau contre la mienne me fait frissonner, mais l’idée de lui retirer des mains m’effleure quand même. N’espère rien, il n’est plus rien pour toi . Ce serait si simple si les mots pouvaient submerger les sentiments. Elias et moi nous regardons dans le blanc des yeux, dans un silence à la fois pesant et gêné. Mon cœur a littéralement raté un battement quand il s’est réveillé. « Selena est partie te chercher des vêtements... Je partirai dés qu'elle sera là, promis. » Sa voix est rauque et mon cœur s’affole comme celui d’une lycéenne amoureuse. Je me sens tellement stupide que je ne pourrais même pas le décrire.  « Tu sais la peur que nous a fait? T'aurais pu y rester Caleb... Si Selena n'avait pas appelé, tu ne serais surement pas là aujourd'hui... » Je détourne obstinément les yeux. Je n’ai pas envie de parler de tout ça. Je me sens déjà suffisamment mal – physiquement mais pas que -, pas besoin de remuer le couteau dans la plaie. Je n’ai même pas envie de parler tout court. Même si je ne devrais pas ressentir ça, il est près de moi et c’est finalement la seule chose qui m’importe. C’est surréaliste. «  Je suis désolé... » Je sursaute et tourne la tête vers lui, les yeux ronds comme des boules de billard. J’ouvre la bouche et la referme. « Eli… ». Qu’est-ce que je peux bien lui dire ? Que c’est moi qui suis désolé ? Que rien n’est sa faute mais tout de la mienne ? C’est le comble de l’évidence. Comment a-t-il pu ne pas le comprendre plus tôt, sincèrement ? C’est moi qui me shoote depuis des mois, c’est moi qui me suis envoyé sa petite sœur, c’est moi qui ait avoué avoir des sentiments pour lui, c’est moi qui ait imposé une réponse franche et directe. Tout est ma faute, alors pourquoi se culpabilise-t-il ? Je n’ajoute rien tellement tout ce que je peux dire me semble ridicule. « Je ferais bien de l'appeler... Elle va m'étriper si elle sait que j'ai traîné à la prévenir... » Je serre la prise de mes doigts sur les siens. J’ai peur qu’il s’en aille. C’est stupide mais j’ai peur qu’il me quitte, qu’il franchisse cette porte. Savoir que Selena attend de mes nouvelles me culpabilise mais je n’ai pas envie que quiconque intervienne. « Non… ». Ma voix n’est plus forte qu’un murmure tellement j’ai honte de moi-même. « S’il-te-plaît ». Tout ça est tellement ridicule que j’en rirais presque. Sauf que comme on peut s’en douter je n’ai pas le cœur à rire. Au contraire, je me sens incroyablement malheureux, comme ça m’arrive très rarement. « Je suis… désolé ». Je respire aussi lentement que je le peux ou je vais fondre en larmes. Littéralement. Il ne manquerait plus que ça pour que ma dignité aille définitivement brûler je-ne-sais-où. J’ai du mal à détacher mon regard du sien, et j’aimerais qu’il puisse lire dans mes pensées tellement je suis incapable de les formuler. Déjà que j’ai un mal de gorge insupportable, mais je serais infichu de le traduire avec des mots même si je le pouvais. « J’ai pas fait attention, c’était juste un accident ». Comme si ça pouvait excuser quoi que ce soit. Lui qui est si à cheval sur ces principes moraux. Ne jamais toucher à la drogue, ne jamais laisser les sœurs approcher elles-aussi. J’avais les mêmes avant. Avant. Sauf que depuis les choses ont changé, que depuis j’ai eu cet accident et qu’il a fallu que je trouve un moyen de survivre à tout ça. Mais je ne peux pas expliquer ça. A personne. Parce que personne ne comprendrait vraiment, tout le monde se demanderait pourquoi, à quoi ça sert, à quoi ça m’avance. Que ça ne m’aide pas à me sentir mieux, mais bien au contraire. C’est tellement facile de penser ça qu’on est pas à la place de celui qui a besoin de se shooter pour aller mieux. « J’ai eu peur tu sais… Je me suis senti partir et ça fait vraiment peur, c’est comme si j’étais au bord d’un ravin et… » Je ne termine pas ma phrase mais sans doute est-ce superflu. Je déglutis péniblement. Je n’ai pas envie de continuer à en parler même si je sais que les gens ne me laisseront pas m’en sortir comme ça. Selena, mes parents, Megara. Tout le monde posera des questions, tout le monde me jugera. Tant qu’Elias n’appelle pas Lena pour lui dire que je suis en vie, le monde entier ignore que je ne suis pas mort. Je ne fais que retarder l’inévitable, parce que les questions finiront par venir quoi qu’il arrive. Mais dès que ma famille sera là il partira. Et pour le moment c’est seulement sa présence qui m’aide à aller mieux.

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() message posté Jeu 14 Aoû 2014 - 23:02 par Invité


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J'ai promis à Selena de l'appeler dés qu'on pourrait le voir, dés qu'il y aurait du changement. Je ne l'ai déjà pas fait dans un premier temps, parce qu'il dormait et que donc, sa présence ne changerait rien. Excuse que je me trouve pour ne pas admettre que je veux juste un moment seul avec lui. « Eli… » Je l'observe en silence. Mon cœur se serre et manque de place, comme toujours quand je suis avec lui depuis quelques temps. Si ce n'est pas de la colère, c'est de la peine. Ou autre chose. Je dois la prévenir. « Non… S’il-te-plaît » Ma tête acquiesce positivement, je n'attendais que ça, qu'il proteste. Juste quelques minutes. Ensuite je l'appellerai, comme j'ai promis de le faire. Je me sens déculpabilise un petit peu en sachant que je ne suis pas le seul à vouloir l'éviter un moment. Ça ne change en rien la promesse que je lui ai faite et mon égoïsme. « Je suis… désolé » Je me mords les joues sans détourner le regard. J'ai l'impression de tout ressentir à travers lui, sa peine, sa panique, il me transmet tout. Pourtant je sais que je ne suis pas capable de comprendre, je n'ai jamais été dans la position dans laquelle il se trouve aujourd'hui. Ça ne m'empêche pas d'essayer et de compatir, en quelques sortes. Je sens que mes jambes tremblent, mes nerfs lâchement complètement et j'appuie fermement mes pieds au sol pour les calmer. « J’ai pas fait attention, c’était juste un accident » C'était tout sauf un accident. « Non... c'était la suite logique des choses, pas un accident... » Ma voix tremble et est faible, je ne monte pas le ton mais je ne peux m'empêcher de le contredire. C'était tout sauf un accident et je le savais. Je savais qu'il prenait ces merdes et je n'ai rien fait de plus pour l'arrêter. Cette histoire entre nous a réussi à accaparer tout mon temps, toutes mes pensées, au point de me faire oublier qu'il y touchait. Qu'il mettait sa vie en danger en jouant avec le feu. Ça ne m'a pas traversé l'esprit une seule seconde depuis qu'il m'a dévoilé ses sentiments. Pas une. « J’ai eu peur tu sais… Je me suis senti partir et ça fait vraiment peur, c’est comme si j’étais au bord d’un ravin et… » J’effleure sa joue de mon pouce valide, seul survivant du choc imposé à m main il y a quelques jours. Je devrais me tenir à l'écart, ne pas lui faire miroiter quoi que ce soit mais j'ai besoin de le toucher et de lui faire savoir que je ne vais nul part. Pas tant qu'il ne m'oblige pas à le quitter. « Je sais... Tu nous as fait peur aussi... » Je déglutis une nouvelle fois. J'ai la gorge aussi nouée que si j'avais une angine, je peine à sortir chaque mot. « C'est Lena qui m'a appelé... Elle est rentrée y'a à peine une heure, elle ne va pas tarder. » Non pas que je cherche absolument à lui parler d'elle mais je ne suis pas certain qu'il ai compris qu'elle sait. Qu'elle l'a vu, impuissante, tout comme moi. Qu'elle a tout fait pour le réveiller sans succès et qu'on a passé la nuit ici à attendre une bonne nouvelle. Que je l’appelle maintenant ou dans une heure ne changera rien car elle sait déjà tout. « J'ai rien fait pour t'arrêter alors que je savais... » Je ne cherche pas à prendre la responsabilité de son accident. Il est celui qui a ingurgité ces pilules et je le maudis pour l'avoir fait. Mais j'ai ignoré ses appels à l'aide, je l'ai laissé se débrouiller avec son addiction sans grands efforts pour le calmer. « Ne croit pas que je me sens seul responsable... t'es un petit con... un petit con d'égoïste inconscient... J'ai cru que je t'avais perdu pour du bon cette nuit. » Je n'essaye même pas de cacher mes larmes, j'ai tenté de les garder beaucoup trop longtemps. Ma tête est prête à exploser, je déborde. J'essayerai de retrouver ma dignité en sortant de cette chambre mais pour l'instant, j'en suis incapable. J'en ai surtout rien à foutre, elle s'est barré tellement loin que je ne suis pas certain de parvenir à la retrouver un jour. « J'ai besoin de toi Caleb. Lena, tes parents aussi... Et j'ai rien fait pour t'aider... J'ai préféré fermer les yeux et te croire quand tu disais ne pas avoir de problème alors que ça crevait les yeux que t'en avait un... Je suis désolé. » Ce n'était pas faute de savoir les dangers de la drogue, de savoir à quel point ma mère avait bataillé pour en sortir. Comment ils s'étaient aidé avec mon père pour sortir la tête de l'eau. La différence était peut-être qu'ils se comprenaient et savaient ce que ressentais l'autre, alors que rien n'avait de logique pour moi. Je n'étais pas apte à le sortir de ça même si je l'avais voulu. Je me rassure comme je peux pour ne pas être rongé par la culpabilité mais le fait est que je n'avais même pas essayé.
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() message posté Ven 15 Aoû 2014 - 10:38 par Invité


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« Ne croit pas que je me sens seul responsable... t'es un petit con... un petit con d'égoïste inconscient... J'ai cru que je t'avais perdu pour de bon cette nuit. » C’était pourtant ce que nous avions convenu l’autre soir. Pas de mourir évidemment, mais d’en finir là entre nous. Plus amis, plus rien. Ca devait s’arrêter là non ? Ca ne devait pas se poursuivre dans une chambre d’hôpital. Et pourtant il est là. Et pourtant je suis là. Ce serait si simple si on pouvait tout effacer. J’en arrive à penser que je pourrais faire une croix sur lui, une croix définitive sur mes sentiments, simplement pour l’avoir encore près de moi en dépit de tout. Même si ce n’est qu’en amis, est-ce que ça ne vaut pas le coup malgré tout ? Les larmes d’Elias me clouent sur place ; alors c’est ça, j’en arrive à le faire pleurer. Je me sens encore plus coupable que jamais. J’ai causé du souci à tout le monde, et j’ai fait souffrir Elias. Je ne sais même pas ce que je pourrais dire qui ne lui filerait pas envie de me frapper. En fait, plus j’y pense et plus je me dis que rien de ce que je pourrais dire ne lui donnerait pas envie de m’en filer une. « Te prends pas la tête pour ça Hanwell… Je suis un dur à cuir, t’as vu ? ». Comme à chaque fois que je ne sais pas quoi dire, il faut que je puise dans ce sens de l’humour bidon dont j’ai hérité depuis ma naissance. Magnifique, Caleb, magnifique. « J'ai besoin de toi Caleb. Lena, tes parents aussi... Et j'ai rien fait pour t'aider... J'ai préféré fermer les yeux et te croire quand tu disais ne pas avoir de problème alors que ça crevait les yeux que t'en avait un... Je suis désolé. » Je détourne le regard et le fixe dans le vague. Il n’avait pas besoin de m’aider, et personne ne pouvait de toute façon. Mais j'ai besoin de lui aussi. Je n'ai pas cherché à me tuer mais il est clair que s'il avait été près de moi - moralement parlant - j'aurais sûrement moins chargé. « Eli, arrête de te flageller… J’ai mes raisons, tu comprends ? ». Bien sûr qu’il ne comprend pas. En même temps ça doit être complètement abstrait. Je dois passer pour le mec qui fait une crise existentielle et qui dit que personne ne fait attention à lui etc etc etc. Sauf que ce n’est pas aussi simple. Tout est toujours tellement compliqué avec moi, je me demande comment les gens font pour me supporter, sincèrement. « Lena… Je pense que Lena savait, ce que je prenais je veux dire… Mais j’ai tout fait pour qu’elle n’y pense plus jamais et je crois qu’elle a fini par l’oublier ». Je serre les mâchoires et continue d’éviter le regard d’Elias. Si je le vois pleurer, je me mets à pleurer aussi, et si qui que ce soit se pointe, notre dignité à tous les deux est morte et enterrée, définitivement. Une boule s’est formée dans ma gorge et j’ai du mal à articuler. Sans compter que je tombe de sommeil, mais que je sais pertinemment que je ne parviendrais pas à dormir, même si je le voulais vraiment, vraiment très fort. Je me rends compte que j’ai serré sa main de plus en plus fort et lentement je desserre mes doigts, gênés. « Ce n’était pas… Ce n’était pas de la défonce facile. Je sais que ça n’excuse rien, ni à tes yeux ni aux yeux des autres. Mais je voulais que tu le saches ». Parce qu’il n’y a que ton opinion qui m’importe. J’inspire un grand coup et tente de chasser mes sentiments. Nous n’avons rien comme avenir ensemble. Je ne suis pas pour lui et il n’est pas pour moi. Ca s’arrête là. Ca devait s’arrêter là. « J’ai essayé de faire sans, vraiment ». Les nuits effrayantes que j’avais passé après mon retour d’hôpital me reviennent en mémoire et je sens mon pouls s’accélérer brutalement. Je panique. Je panique encore. Je ferme les yeux une seconde et les rouvre. Mon pouls ralentie progressivement, mais la peur est toujours là, comme un coup de poing dans le ventre. « Je ne dors plus depuis des mois. Je n’y arrive plus. Alors j’ai essayé de tenir le coup sans dormir, parce qu’il fallait bien que je fasse quelque chose sinon je serais déjà mort ». Il ne connait pas la moitié de l’histoire. A tous les coups il va s’imaginer que c’est une simple histoire d’insomnie. Ca me dérange et ça m’est égal à la fois. Je ne suis pas pudique sur grand-chose, mais sur ça précisément oui. Je me force à croiser son regard. Je voudrais qu’il me pardonne tout ce que j’ai pu faire ou dire. Mais ce serait tellement lui demander.

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() message posté Mar 19 Aoû 2014 - 18:12 par Invité


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« Te prends pas la tête pour ça Hanwell… Je suis un dur à cuir, t’as vu ? » Je le fusille du regard. Son humour à deux balles me fait souvent du bien mais pas là, je n'en ai pas besoin. Il me donne juste envie de lui mettre des baffes encore et encore mais frapper sur Caleb alors qu'il se trouve dans un lit d’hôpital est assez lâche. « Bah non, pourquoi me prendre la tête? T'as JUSTE faillit mourir, y'a pas de quoi s'en faire hum? » Le pire est que je ne dramatise même pas : il aurait pu y rester. Si Lena ne s'était pas pointée chez lui, qui sait s'il se serait réveillé de lui même ou si son corps l'aurait lâché? « Lena… Je pense que Lena savait, ce que je prenais je veux dire… Mais j’ai tout fait pour qu’elle n’y pense plus jamais et je crois qu’elle a fini par l’oublier » Je ne suis pas sur de comprendre ou il veut en venir mais il arrive à m'énerver petit à petit malgré mon envie de rester calme. Je garde un ton posé mais je n'en ai pas moins envie de l'étrangler. Sauf qu'il est hors de question que je quitte cette chambre et le laisse tomber à nouveau. « On a foiré, on a pas vu que t'allait mal... Mais pourquoi tu me dis ça? Ça t'arrange que je la culpabilise elle? Parce que je ne le ferai pas... Personne t'a forcé à quoi que ce soit. » Personne ne lui a donné ses pilules, ne lui les a mise dans la bouche. Il a fait le choix de commencer, peut-être pas celui de continuer mais peu importe son excuse, il a pris la décision de le faire. « J’ai essayé de faire sans, vraiment. Je ne dors plus depuis des mois. Je n’y arrive plus. Alors j’ai essayé de tenir le coup sans dormir, parce qu’il fallait bien que je fasse quelque chose sinon je serais déjà mort » Sa panique m'atteint alors que je ne sais pas d'ou elle vient, j'ignore ce qu'il l'effraie à ce point et ne pas savoir est tout aussi effrayant. Mes doigts se re-serrent encore plus sur les siens. Je ne vais nul part.  J'espère qu'il le sait, qu'il le sent mais il a pris la décision de me virer de sa vie, alors peut-être qu'il est là le soucis. Que je ne devrais même pas être là pour respecter sa décision, qui découle d'un foutu ultimatum que je lui ai posé. « Tu dois parler à quelqu'un Caleb. Tes insomnies elles viennent bien de quelque part... T'as du monde autour de toi à qui en parler, qui tient à toi. Je ne te demande pas de le faire avec moi, j'ai bien compris que tu me voulais loin de toi et j'vais respecter ta décision si c'est toujours ce que tu veux. Je devais juste savoir que t'allais bien avant. » Savoir qu'il allait bien et espérer qu'il change d'avis. Qu'il me laisse être dans sa vie même si je n'y sois pas à la bonne place pour lui. Je ne sais pas vraiment sais à quel point ça peut être dur d'avoir quelqu'un sans qu'on ne le veuille à cette place. Je ne suis jamais passé par là, du moins pas exactement. Mais je ne peux m'empêcher de penser que c'est mieux que rien. C'est égoïste de ma part, mais j'ai besoin de lui et de notre amitié, peu importe les complications autour. peu importe ce qu'il peut ressentir et ce que je ressens, j'ai besoin de lui. Je prends une bonne inspiration et essaye de ne pas y penser pour ne pas dévier du sujet principal. Il ne s'agit pas de lui et moi, mais de lui. Lui et son addiction. « Y'a ta famille, y'a des professionnels...  Tu ne peux pas sortir d'ici et recommencer. Tu ne peux pas continuer à te défoncer pour tenir le coup, parce que ça ne t'aide pas, ça te tue! Je ne veux pas me demander tous les jours si tu seras vivant demain, c'est pas une vie... » Ni pour lui, ni pour les gens qui l'entourent. « Faut que tu te fasses aider. » Par n'importe qui, mais qu'il admette qu'il ne s'en sortira pas seul. J'aimerais pensé que le fait qu'il l'admette est un pas en avant mais allongé sur un lit d'hôpital, Caleb n'a pas vraiment le choix de le faire. Ça ne veut pas dire qu'il est prêt à aller mieux.

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() message posté Mar 19 Aoû 2014 - 18:58 par Invité


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« Tu dois parler à quelqu'un Caleb. Tes insomnies elles viennent bien de quelque part... T'as du monde autour de toi à qui en parler, qui tient à toi. Je ne te demande pas de le faire avec moi, j'ai bien compris que tu me voulais loin de toi et j'vais respecter ta décision si c'est toujours ce que tu veux. Je devais juste savoir que t'allais bien avant. » Je déglutis. Bien entendu qu’elles viennent de quelque part. Je fixe le plafond en me mordant la lèvre. Je pourrais lui parler de l’accident, après tout pourquoi ça aurait besoin de rester secret ? Sauf que je ne peux pas. Je n’ai pas envie de m’étaler. Je n’ai pas envie de lui raconter ma vie dans les moindres détails. Parce que lui parler de tout ça, de ces choses qui m’ont littéralement traumatisé, ça serait lui ouvrir un nouveau chapitre. Ce serait le faire entrer dans une autre phase de ma vie, une phase que je voudrais loin derrière moi. Ce serait l’obliger à m’aider et je ne veux pas. Bien entendu qu’il se sentira obligé de m’aider. C’est Elias après tout. On n’est plus amis, plus rien. J’ai choisi rien, je l’ai choisi, alors j’assume. Sauf que c’est moi aussi qui l’ait ouvert à l’instant. Si je ne voulais pas m’étaler j’aurais dû le laisser croire que c’était de la défonce facile, le laisser croire que je suis un de ces junkies prétendument borderline. Les doigts d’Elias serrés autour des miens m’apaisent. C’est tellement ridicule, tellement pathétique. Il ne devrait pas avoir cet effet-là sur moi. Je ne devrais pas avoir l’impression que sa seule présence dans cette pièce maintient mon rythme cardiaque. « Je ne te veux pas loin de moi ». Ma voix s’élève à peine plus haut qu’un murmure, alors que c’est ce que mon cerveau hurle dans ma tête. Mon cœur se serre et je me mords la lèvre encore plus fort. Je peux encore me taire. Je peux simplement la fermer pour cette fois, ne pas rendre la situation encore plus compliquée qu’elle ne l’est déjà — est-ce que ce serait possible, seulement ? « Je te veux près de moi, je te veux dans ma vie. Mais je voudrais juste que ça s’arrête là. Je voudrais qu’on n’en soit pas arrivé jusque là, à devoir faire un choix entre amis ou rien ». Je garde les yeux rivés sur le plafond tout en me concentrant sur ma respiration. Mes yeux me brûlent, et la fatigue combinée avec toutes les émotions que suscite Elias en moi depuis quelques temps font perler les larmes au coin de mes yeux. Je les ferme un instant en tentant de les refouler du mieux que je le peux. Comment lui expliquer que j’ai déjà vu « quelqu’un » et que ça n’a rien fait ? J’y ai même été contraint et forcé par mes parents, et mon accord pour la thérapie a d’ailleurs été la  seule chose qui m’a permis d’échapper à trois semaines d’hôpital supplémentaires. « Y'a ta famille, y'a des professionnels...  Tu ne peux pas sortir d'ici et recommencer. Tu ne peux pas continuer à te défoncer pour tenir le coup, parce que ça ne t'aide pas, ça te tue! Je ne veux pas me demander tous les jours si tu seras vivant demain, c'est pas une vie... » La seule chose que je retiens de tout ça c’est que manifestement ma survie lui importe, bien que ce n’ait pas été très clair depuis quelques temps. J’ai envie de me gifler moi-même. Je ne suis pas sensé lui causer du soucis à ce point. Je ne suis pas sensé tenir le rôle du gamin turbulent. L’étrangeté de notre relation fonctionne dans les deux sens, visiblement. Je ne devrais pas tenir à lui tant que ça mais lui non plus. « Si j’étais quelqu’un de normal j’aurais pas à me défoncer pour tenir le coup comme tu dis. Mais la plupart des somnifères vendus sans ordonnance s’annulent avec ce que je prends pour mon hyperactivité. Me demande pas pourquoi j’en sais rien, je comprends pas comment ça marche. Mais tu vois, quand je te dis qu’avec moi tout est toujours compliqué ». Amertume, cette vieille amie. Ironie aussi. Parce que je me retrouve à lui déballer ma vie alors que précisément je ne veux pas le faire. Mais peut-être que je devrais. Si je lui expliquais tout ce que j’ai sur le cœur, peut-être qu’il pourrait m’aider là où même les pro n’ont pas réussi. J’inspire brièvement. Il n’est pas psy. Et plus que tout il n’est pas mon petit ami. Il n’est pas supposé devoir écouter tous mes problèmes. Je serre sa main. « Je suis désolé Elias, je voulais pas que ça se passe comme ça ». Ma voix tremble comme si j’allais me mettre à pleurer — ce qui, au fond, n’est pas si loin de la vérité. Je ne sais pas vraiment sur quel sujet se portent mes excuses depuis le début. Sur un peu tous, je suppose. Je tourne la tête vers lui. Je mendie son affection, son attention, sa présence. Je me sens pathétique, ridicule. J’en arrive à lui servir le rôle de celui qui est aux portes de la mort sur son lit d’hôpital. Je glisse ma main hors de sa prise tandis que mon cœur se serre. « C’est à toi de choisir si tu me veux, moi et mes problèmes, près de toi. Je fous le bordel dans ta vie, dans ta tête. J’ai même fichu le bordel dans ta famille. C’est toi qui doit choisir en connaissance de cause. Je suis le copain chiant qui fout le bordel autour de lui et en lui. Je peux pas te promettre que tout ira mieux dès que je serais sorti d’ici parce que j’ai déjà fait cette promesse à plein de monde la dernière fois et que ça n’a pas marché ». Une larme roule sur ma joue et je l’essuie d’un mouvement nerveux. Ce n’est pas tout ce que j’ai sur le cœur. Ca ne sera jamais tout ce que j’ai sur le cœur. Mais ça en exprime au moins certaines.

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() message posté Mer 20 Aoû 2014 - 12:47 par Invité


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« Je te veux près de moi, je te veux dans ma vie. Mais je voudrais juste que ça s’arrête là. Je voudrais qu’on n’en soit pas arrivé jusque là, à devoir faire un choix entre amis ou rien » Je serre les dents et détourne le regard. J'aurais aimé ne jamais lui demander de prendre cette décision mais il m'a en quelques sortes poussé à le faire en exigeant des réponses que je n'avais pas. C'est comme si on s'était posé un double ultimatum ou la seule issue était de s'ignorer sans qu'aucun de nous n'en ai envie. Le problème est que je n'ai pas plus de réponses aujourd'hui qu'il y a une semaine et qu'on ne peut pas entretenir une relation d'amitié ambiguë sans jamais savoir ou nous allons. On en revient donc au même point, amis ou rien. Je ne peux pas lui promettre  autre chose et risquer de faire plus de dégâts entre nous ensuite car c'est ce qui arrivera, indéniablement. Si ce n'est pas juste de l'amitié, c'est quoi? Une amitié améliorée? No way. Je n'ai jamais envisagé ce genre de relation avec qui que ce soit, ce n'est pas aujourd'hui que cela va commencer. Pas avec Caleb, pas avec un mec. Ça ne ferait que détruire le peu d'amitié qu'il reste entre nous. Il n'empêche que je meurs d'envie de l'embrasser depuis dix minutes sans pour autant qu'il ne le prenne comme une réponse positif. Mes yeux se pose sur nos mains qu'ils délient dans un soupire. Je n'aurais pas du la prendre dans un premier temps, j'ai l'impression de jouer avec lui à ne pas savoir ce que je veux, hors c'est précisément la dernière chose que je désire. « C’est à toi de choisir si tu me veux, moi et mes problèmes, près de toi. Je fous le bordel dans ta vie, dans ta tête. J’ai même fichu le bordel dans ta famille. C’est toi qui doit choisir en connaissance de cause. Je suis le copain chiant qui fout le bordel autour de lui et en lui. Je peux pas te promettre que tout ira mieux dès que je serais sorti d’ici parce que j’ai déjà fait cette promesse à plein de monde la dernière fois et que ça n’a pas marché » Je dois choisir pour deux. Encore. Je passe mes sur mes yeux encore un peu embués des larmes versées précédemment et pousse un long soupire en me levant de ma chaise pour m'asseoir sur le bord du lit. Ce n'est pas l'envie qui manque mais je ne le touche pas, je tords nerveusement mes mains entre elles pour ne pas le faire. Il n'a pas rompu ce contact pour rien. Mon cœur se serre en voyant ses larmes, j'aimerais les effacer mais je lutte contre cette envie, ce réflexe. Pas de contact. « Je n'veux pas que tu sortes de ma vie. J'ai besoin de toi et même si je sais que ça te soûle profondément, je veux t'aider. » Je lui adresse un maigre sourire. Je ne sais toujours pas si ces nombreuses reproches étaient l'effet des pilules mais au fond, je suis persuadé qu'elles le rendent juste plus honnête. Parce qu'il perd toute capacité à réfléchir pour ne pas blesser les autres. Puis il me l'a répété à d'autres moments : je me préoccupe trop des autres. Que je le veuille ou non, que ça lui plaise ou pas, je ne changerai pas. « Je ne vais pas te laisser tomber parce que c'est compliqué entre nous Cal'. Ni parce que t'as pu toucher à toutes ces merdes... Je ne suis pas psy ni médecin, j'y connais rien à la désintox et je n'ai pas la moindre idée de comment j'vais pouvoir t'aider... mais j'vais tout faire pour essayer jusqu'à ce que tu ailles mieux. » Mes parents sauront. Parce qu'ils sont passés par là tous les deux et que par amour l'un pour l'autre, ils ont réussi à se sevrer et à tout abandonner. Ca n'a pas été facile, mais ils y sont parvenus avec le temps et beaucoup de travail sur eux-mêmes. Sauf que je ne suis pas certains d'avoir envie de leur parler de lui, je me débrouillerai seul. Avec Caleb. « Peu importe les raisons qui t'ont poussé à le faire, je t'en veux de nous avoir fait si peur. Et je me sens coupable de t'avoir laissé tomber en sachant parfaitement que t'y touchais... Mais t'as pas à t'excuser pour le reste, je ne t'en veux pas pour ça... » Pas pour avoir mis le bordel dans ma vie, dans ma tête te mon cœur. Si je savais qui j'étais et ce que je voulais, aucun mot n'aurait pu changer ça. Si ce n'était pas maintenant, si ce n'était pas lui, ces questionnements seraient surement arrivés tôt ou tard. Au fond je sais parfaitement qu'ils sont là depuis mon retour à Londres avec Roméo mais j'ai réussi à les ignorer. Le fait qu'il quitte la ville pour près de deux mois m'a bien aidé à le faire. Sauf qu'il a fallu que quelqu'un d'autre soit là pour me rappeler cette partie de moi que j'aimerais ignorer à vie.

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() message posté Ven 22 Aoû 2014 - 11:32 par Invité


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« Je n'veux pas que tu sortes de ma vie. J'ai besoin de toi et même si je sais que ça te soûle profondément, je veux t'aider. » Mon cœur se serre dans ma poitrine. Je voudrais pouvoir lui dire que je n’ai pas besoin d’aide, que je me débrouille très bien. Enfin, ça c’est ce que j’aurais pu sortir avant que je perde connaissance et que ce soit mon ex-ami et ma petite sœur qui me retrouvent à moitié mort sur le sol de mon appartement. Elias est pétri de bonne volonté et c’est absolument adorable, impossible de revenir là-dessus. Mais il n’empêche que son aide, aussi bienvenue soit-elle pour moi, ne peut pas aller dans le sens des nouveaux paramètres définis dans notre relation. C’est lui qui a raison depuis le début. Il n’y a pas d’alternative possible pour nous, c’est soit amis, soit rien. Elias finit par se lever de sa place et l’infime seconde qui s’écoule juste avant qu’il ne s’assoit près de moi me fait l’effet d’un choc électrique. J’ai vraiment cru qu’il allait partir. Vraiment. J’ai vraiment cru qu’en le lâchant — au sens physique du terme — il allait partir pour de bon. « Je ne vais pas te laisser tomber parce que c'est compliqué entre nous Cal'. Ni parce que t'as pu toucher à toutes ces merdes... Je ne suis pas psy ni médecin, j'y connais rien à la désintox et je n'ai pas la moindre idée de comment j'vais pouvoir t'aider... mais j'vais tout faire pour essayer jusqu'à ce que tu ailles mieux. » Je ne peux m’empêcher de grimacer. « C’est pourtant ce qui serait le plus simple, tu crois pas ? ». On tourne en rond. Cette conversation n’a aucun but, notre relation aucun avenir. J’exige des réponses qu’il est incapable de me donner, et je ne sais même pas ce que je pourrais répondre s’il me les demandait. A quoi bon continuer à en parler si c’est pour rien ? Je me fais du mal pour rien. Au fond, je devrais simplement arrêter de penser à lui. Arrêter de penser à quelque chose qui n’a pas lieu d’être, et trouver un moyen de me sortir du merdier dans lequel je me suis fourré depuis plus d’un an. « Peu importe les raisons qui t'ont poussé à le faire, je t'en veux de nous avoir fait si peur. Et je me sens coupable de t'avoir laissé tomber en sachant parfaitement que t'y touchais... Mais t'as pas à t'excuser pour le reste, je ne t'en veux pas pour ça... » Si seulement c’était vrai ! Mais je sais que ça ne l’est pas. Bien sûr qu’il m’en veut, seulement il a mis ça de côté provisoirement. « Arrête de te culpabiliser, sérieusement ! Je sais que c’est plus fort que toi, mais tu n’es ni mon père, ni mon mari, ni mon grand-frère. Tu as une vie à toi déjà bien remplie, je ne te demande pas de me materner Eli. J’apprécie que tu veuilles prendre soin de moi, ça me touche à un point que tu n’imagines même pas… Mais ça ne sert à rien de te rendre malade pour des… des conneries que j’ai faites ».  J’ai faillis dire broutilles, mais je crois qu’il m’en aurait filé une, sincèrement. Je plisse les paupières, mais ça n’enlève rien à mon mal de crâne. J’ai toujours autant l’impression que quelqu’un joue de la perceuse sur ma boîte crânienne. Un peu comme une gueule de bois carabinée, mais en pire. A croire que c’est son trait de caractère le plus évident de vouloir porter le poids du monde sur ses épaules. C’est une belle qualité mais ça va le tuer un jour. Je froisse un morceau du drap en tentant vainement de feindre de l’intérêt. A vrai dire je ne vois pas ce qu’on pourrait ajouter d’autre. Il culpabilise, je culpabilise, il me pardonne, je lui pardonne, il s’en veut, il m’en veut, je m’en veux qu’il s’en veuille. Ca peut durer des années comme ça. Je sais que je l’ai déçu, plein de fois. Mais j’ai beau chercher, je ne trouve pas grand-chose qui me fasse remonter dans son estime. A moins que je ne me renseigne sur le don d’organes, peut-être que ça marcherait, allez savoir. Mes yeux me piquent et j’ai les frotte comme un enfant qui ne veut pas aller se coucher. Au fond c’est ça, je ne suis qu’un gamin qui a peur d’aller dormir. Je laisse échapper un léger soupir et me redresse un peu. Bon sang ce que j’ai mal au crâne. « La plupart des gens pensent que je vais bien parce que physiquement je vais bien, et je me donne du mal pour qu’ils y croient. Ils se sentent mal-à-l’aise, ils n’ont pas envie de se mêler des problèmes des autres, ils ont bien assez de soucis avec leur vie à eux. C’est comme ça, c’est con mais c’est comme ça. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent mais ils ne le pensent pas. » C’est une chose que j’ai comprise tout de suite après mon réveil. La façon qu’ils ont de dire « comment ça va ? on a eu si peur pour toi » alors que leur regard glisse sur autre chose, preuve évidente qu’ils n’écoutent pas la réponse. La sollicitude forcée, la pitié parfois. On a tort de croire qu’un handicap physique suffit à susciter tout ça chez les proches et les gens qu’on rencontre. Avoir passé un moment dans le coma et être un genre de miraculé suffit. « Alors oui j’ai été chez un psy, puis deux, puis trois. Au bout d’un moment j’en ai eu marre, parce qu’ils disent tous la même chose, des choses qui n’ont rien à voir avec toi mais des mesures générales, des trucs qui réconfortent ceux qui n’ont pas de vrais problèmes. Mais ça ne m’a rien fait, rien, à chaque fois j’en suis sorti aussi mal qu’en entrant. Parce qu’ils ne savent pas ce que c’est que d’entendre toujours les mêmes choses chaque fois que tu es dans le noir ou que tu fermes les yeux. Ils ne savent pas ce que c’est que d’entendre ton père et ta sœur se disputer pour la première fois à propos de toi, ils ne savent pas ce que c’est que de savoir que tu ne respires pas grâce à tes poumons mais à une putain de machine à laquelle tu es relié. Ils ne savent pas ce que c’est que de se dire que ça y est, tu vas mourir parce qu’ils ont décidé de débrancher la machine. Mais je n’ai jamais cherché à ce que les gens le comprennent, parce que c’est impossible, tout simplement. Ca ne sera jamais la vraie panique, la vraie douleur que tu ressens dans cette situation ». Qu’il apprenne ou pas pour mon accident m’est égal, à présent. Je me fiche de changer d’idée toutes les trois secondes, je me fiche qu’il ait pitié de moi plus encore que maintenant — comme si c’était possible. De toute façon, qu’il le sache ou pas, ça reste un truc que j’ai vécu, et notre relation est déjà incompréhensible. Alors au fond, qu’est-ce que ça change ?

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