Family Portrait • TyNael (ft. Alison && son)

Nous étions le samedi 29 juillet 2017. Londres était quasiment vidé de ses habitants qui, pour la grande majorité d’entre eux, étaient partis depuis quelques semaines déjà en vacances à l’étranger – très certainement Majorque, destination privilégié des estivants Anglais – et grouillait à la place de touristes en tout genre qui emmerdaient ceux qui, comme moi, étaient restés sur place pour travailler. Après avoir passé deux étés de suite à voyager aux quatre coins du monde – ou plutôt dans l’est du monde puisque nous n’étions allés que sur le continent Asiatique (Japon et Corée du Sud) et Océanien (Australie), ce qui était déjà très bien ! –, ma petite bande de potes et moi-même n’avions, cette année, aucun projet d’expédition dans un pays inconnu. Le seul séjour – si l’on pouvait appeler cela ainsi – que j’avais effectué en dehors de la capitale (mais pas en dehors du pays) était ce weekend à Hastings que Nate avait encore une fois organisé, sans que je ne puisse donner mon avis, parce qu’il trouvait apparemment cela cool de fêter le jour où je l’avais baisé pour la première fois…

En tout cas, comme tout début de weekend qui se respectait après une semaine de travail plutôt calme contrairement à ce que j’avais l’habitude – puisque le boulot se faisait plus rare en cette période de l’année –, je me levais tranquillement et dans le calme, la sonnerie de mon réveil étant éteinte. Je me dirigeai ensuite dans la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner qui ne consistait en tout et pour tout que d’une tasse de café et de quelques gâteaux. Puis, après avoir tout nettoyé – non pas que j’étais un obsédé du ménage, mais j’aimais que cela soit propre chez moi –, j’entrai dans la salle de bain pour y prendre ma douche. Ce fut alors en plein rinçage que j’entendis tout à coup la sonnette de mon appartement résonner. Je fermai donc l’arrivée d’eau et pris une serviette dans le but évident de me sécher, sans pour autant me presser, sachant pertinemment que Nate – qui était bien évidemment présent puisque cela faisait un moment qu’il avait élu domicile chez moi – allait se charger d’ouvrir la porte. A travers la porte de la salle de bain, je reconnus la voix d’une femme et d’un enfant et il ne m’en fallut pas plus pour deviner que c’était ma sœur qui était venu me rendre visite avec son môme.

Je soupirai longuement, avant d’enrouler la serviette que je venais d’utiliser autour de ma taille et de sortir de la salle d’eau, me fichant royalement de me montrer presque à poil devant ma sœur et son fils de trois ans.

- Qu’est-ce que tu viens foutre ici ? l’accueillis-je sur un ton peu aimable, ne prenant même pas la peine de la saluer – elle avait l’habitude de toute façon…

- Je viens simplement rendre visite à mon adorable frère qui n’a pas vu son neveu depuis longtemps, me répondit-elle avec un ton rempli de sarcasme – ce dont j’avais également l’habitude. Tu devrais prendre un peu plus exemple sur Nate. Lui, au moins, il est heureux de nous voir ! me reprocha-t-elle gentiment, tout en jetant un rapide coup d’œil au jeune homme en question qui était occupé à donner à boire au môme dans le gobelet Spiderman qu’il avait acheté spécialement pour lui et qui prenait la grande majorité du temps la poussière dans un placard. Je levai les yeux au ciel à cette image qui me donnait la nausée.

- Eh bien, tu n’as qu’à l’adopter ! répliquai-je simplement, légèrement agacé. A peine était-elle arrivé qu’elle commençait déjà avec son numéro de « Nate est meilleur que toi de toute façon » : Nate est plus souriant, Nate est plus avenant, Nate se conduit plus comme un oncle pour Liam que toi. C’était franchement gonflant à force…

Je me dirigeai alors dans ma chambre dans le but de non seulement m’habiller, mais aussi, d’échapper à cette ambiance un peu trop familiale qui se créait dans mon salon chaque fois que ma frangine se pointait avec son gosse. Nate se montrait toujours un peu trop gaga devant Liam et cela me mettait plutôt mal à l’aise...

- Vous n’avez pas décidé de partir cet été avec mon frère ? était en train de demander Alison à Nate lorsque je sortis de la chambre entièrement vêtu.

- En quoi ça te regarde ? lançai-je alors, mais Alison décida de m’ignorer.

Agacé par la présence quelque peu envahissante de ma sœur, je partis me réfugier dans ma chambre dans le but de couvrir mon corps avec quelque chose d’un peu plus décent que la serviette que je portais actuellement autour de ma taille – même si ce n’était, en fait, qu’une excuse pour échapper à l’ambiance un peu trop familiale à mon goût qui régnait en ce moment-même dans mon salon. Après tout, je n’avais jamais eu la moindre honte à me balader à moitié à poil devant les gens et ce n’était certainement pas ma chère et tendre sœur qui allait changer cela. D’ailleurs, si je savais que ce genre de tenue pouvait la faire déguerpir plus vite de chez moi, je me serais habillé de la sorte à chacune de ses visites depuis bien longtemps ! Malheureusement pour moi, elle semblait avoir réussi à développer une résistance quelconque à mes excentricités passagères et surtout, à mes remarques acerbes. Notre relation n’était d’ailleurs basée que sur ces batailles de commentaires désobligeants –batailles dont j’étais, je devais bien l’avouer, responsable puisque je les commençais toujours – et cela était, semblait-il, assez difficile à comprendre pour les gens normalement constitués – ce que je n’étais apparemment pas. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, aucunes des choses que m’avait dites Alison au cours de ses dix dernières années ne m’avaient jamais atteint. Bien évidemment, cela m’agaçait au plus haut point puisqu’elle savait appuyer là où ça faisait mal, mais je faisais exactement la même chose avec elle donc on pouvait dire que l’on était quitte.

- Je suis pas trop sûr que ça soit la meilleure attitude à adopter... se risqua à commenter Nate à l’attention de ma sœur une fois que j’eus quitté la pièce.

- J’ai déjà essayé d’adopter toutes sortes d’attitudes avec lui et crois-moi, aucune n’a fonctionné… lui précisa alors Alison sur un ton qui cachait une profonde tristesse. Seul le sarcasme fonctionne…

Sans surprise, leur conversation s’arrêta pile au moment où je sortais de ma chambre – entièrement habillé, cette fois. Et malgré le fait que je l’avais parfaitement remarqué, je choisis de l’ignorer parce que j’étais parfaitement conscient que leur sujet de discussion préféré était ma petite personne et qu’ils ne manquaient très certainement pas une occasion de parler de moi dès qu’ils étaient hors de portée de mes oreilles indiscrètes. Alison changea alors la conversation pour quelque chose de moins… controversé et nous posa une question – ou plutôt, posa une question à Nate puisqu’elle devait sans le moindre doute savoir que je n’étais pas du tout réceptif à ce genre de bavardage inutile – sur la destination de nos prochaines vacances.

- Nope... Pas tous les ans non plus... répondit-il gentiment après que j’ai moi-même exprimé mon désintérêt pour la question. Ca me laisse le temps de me préparer psychologiquement à un éventuel autre voyage en avion...

- Tu as peur de l’avion ? s’intéressa Alison par curiosité, ou plutôt dans le but d’alimenter la conversation.

- Tu veux un autre café ? demanda ensuite Nate à mon attention cette fois.

- Non, je préférerais une bière, requerrai-je à la place, tout en prenant place sur mon canapé et en allumant la télévision avec la télécommande que j’avais dans la main.

Nate ne sembla pas du tout convaincu par les explications qu’Alison lui donna pour éclairer les raisons qui la poussait à se comporter de la sorte face à son frère – c’est-à-dire moi. La relation fraternelle que nous entretenions actuellement devait totalement lui passer au-dessus de la tête et il était sans le moindre doute en train de penser que ces réactions sarcastiques à la moindre de mes paroles n’étaient sûrement pas la solution à nos problèmes fraternels. Cependant, s’il partageait ma vie et mon lit depuis maintenant trois longues années – ça ne me rajeunissait pas tout ça… –, il n’était apparemment pas encore tout à fait familier avec cette relation – que l’on pouvait presque qualifier de rapport amour-haine – que j’entretenais avec ma sœur. Parce que, comme Alison venait de le lui expliquer à l’instant, elle avait beau se comporter comme une sœur aimante et attentive à mes émois émotionnels, cela ne m’empêchait pas d’agir avec elle comme le pire des salops – ce que j’étais habituellement avec tout le monde dans la vie de tous les jours. Alors mieux valait pour elle qu’elle ne se laisse pas faire, surtout que je préférais la voir répondre avec hargne plutôt que de la voir pleurer à la moindre de mes remarques.

La conversation reprit naturellement une fois que je fus sorti de ma chambre. Une conversation à laquelle je ne participais que pour exprimer mon dédain sur le sujet choisi. Nate, quant à lui, répondit à la question que ma sœur venait de lui poser concernant sa possible peur de l’avion.

- De tout endroit dont je ne puisse pas sortir à ma guise, par mes propres moyens, expliqua-t-il le maux dont il souffrait actuellement, j’ai nommé : la claustrophobie. Autant te dire que je prends plutôt les escaliers...

- Arf… Je connais ça, réagit Alison avec empathie, ce qui me fit lever les yeux au ciel de dégoût. J’évite aussi les ascenseurs, ça me met quelque peu mal à l’aise. J’ai toujours peur de rester coincer dedans.

Nate me proposa un autre café après celui que je venais de boire pour mon petit-déjeuner, mais je refusai, préférant directement passer à ma boisson alcoolisée préférée : la bière.

- Ca marche. Vous voudrez autre chose ? demanda-t-il ensuite, en s’adressant cette fois à nos deux invités. Ou plutôt, un invité et demi…

- Oh ! Eh bien… Je me laisserais bien aussi tenter par une bière, répondit Alison avec un grand sourire après que Liam eut secoué la tête de droite à gauche pour exprimer son refus. Puis, une fois que Nate fut occupé à apporter nos boissons dans la cuisine, Alison s’installa à côté de moi sur le canapé et me chuchota presque à l’oreille, ce qui me surprit énormément : Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble déjà ? Trois ans, c’est ça ? Wow ! Si un jour on m’avait dit que mon frère serait casé, je ne l’aurais jamais cru. Tu l’aimes ? Tu le lui as déjà dit ? Rah, te connaissant, tu dois jouer les blocs de glace… Attention ! T’as pas intérêt à le lâcher, celui-là, je l’aime bien ! Et puis, ça doit être le seul sur cette foutue planète à avoir réussi à te supporter jusque-là – je ne sais franchement pas comment il fait… J’aurais abandonné depuis longtemps à sa place.

Le retour de Nate dans le salon ne me laissa pas le temps de réagir à ce que venait de me déblatérer ma sœur, mais la consternation était clairement visible sur mon visage. Alison prit la bière que Nate lui tendait avec son sourire habituel et je pris la mienne avec un air un peu hagard, sans même quitter ma sœur des yeux.

- Et vous, alors, vous avez des projets pour le reste des vacances scolaires ? reprit Nate, continuant ainsi la conversation qu’ils avaient laissé quelques instants en suspens.

- Pas vraiment. Noah et moi n’avons pas vraiment de vacances, surtout en cette période de l’année. Mais on va passer quelques jours chez ses parents, avant de faire un détour par les miens. On a pas vraiment l’occasion d’y aller très souvent à cause de la route. Liam supporte mal la voiture, il doit avoir le mal des transports.