(✰) message posté Ven 15 Sep 2017 - 23:55 par Invité
❝ln our family portrait we look pretty happy ❞ SHIRAZ & ZOLA
Mon coeur battait à tout rompre. Je peinais à contenir toute la joie que je ressentais à ce moment précis. Oubliées, les problèmes de couple, les problèmes de dépendance, les problèmes avec le travail. Aujourd’hui, seule comptait cette petite tête brune qui marchait à mes côtés. Mon fils, mon sang, enfin, Louis était avec nous. Cela faisait six ans que nous nous battions pour cela, et ces derniers mois, il était devenu la chose la plus importante à mes yeux. Par-dessus tout, l’avoir avec nous m’importait. C’était pour lui que j’avais arrêté mes conneries, ou que du moins je m’étais rangé ; pour lui que j’avais trimé, travaillé, saigné. C’était pour lui que je faisais tout ce que je faisais, désormais. C’était une bien étrange sensation que celle de devenir père du jour au lendemain ; et c’était déjà la deuxième fois que j’en faisais l’expérience… Louis marchait à mes côtés, d’une démarche rapide mais souple. Celle d’un enfant de sept ans, somme toute, un enfant sur qui rien ne pesait encore. Je me rappelais à peine de cette période ma vie, si ce n’était un vague souvenir, lointain, flou, d’un dimanche ensoleillé et heureux. Quel souvenir Louis aurait-il de sa septième année ? Se souviendrait-il, comme moi, de l’année bienheureuse où il revint avec nous ? Je l’ignorais. J’ignorais tout de cette nouvelle responsabilité qui m’incombait, mais que je remplissais avec une joie sans nom. En continuant à avancer, je ne pouvais m’empêcher de le regarder du coin de l’oeil, comme si je ne réalisais pas vraiment. Il était là, avec moi, ce petit être à moitié moi, à moitié Kenzo. On me disait qu'il me ressemblait, qu'il avait mes traits et quelque chose de semblable à mon attitude. J'avais bien du mal à voir cette ressemblance, car je ne lui trouvais que des traits hérités de Kenzo. Peut-être parce qu'au fond je craignais qu'il ne finisse par me ressembler totalement. Je trouvais cette idée qu’il soit né de notre amour formidable. J’avais toujours trouvé cette idée stupide, et pourtant, maintenant que Louis était là… Il était tout. Evidemment, tout n’était pas rose ; il y avait des nuits où je peinais à fermer l’oeil, parce que je craignais de ne pas être à la hauteur. De ne pas savoir comment agir, de ne pas répondre à ses attentes. La peur de le décevoir était toujours présente. La peur de ne pas réussir à devenir père d’un gamin de sept ans, et dont j’avais manqué les premières années. Je ne saurai jamais quel fut son premier mot et ne verrai jamais ses premiers pas. Pourtant, tout cela s’évaporait quand je le voyais.
Nous étions enfin arrivés devant la porte de l’appartement de Shiraz, et cela me sortit brièvement de mes pensées. Je tenais absolument à ce que Louis et ma cousine aient une présentation officielle. Cela me tenait à coeur, et je savais que ça l’était aussi pour elle. Shiraz n’était « que » ma cousine, mais à mes yeux, elle était comme une soeur. Nous avions grandis ensemble et elle avait toujours été là pour moi, dans les bons comme dans les mauvais moments. Elle avait été là quand mes démons devenaient plus forts que ma raison, quand j’avais plongé et frôlé la mort, quand Kenzo avait arraché une partie de moi en tentant de s’ôter la vie, quand ma mère s’est envolée et que mon père me tournait le dos. Elle avait été là quand nous avions perdu Louis et je voulais qu’elle soit une témoin privilégiée de nos retrouvailles. Elle avait été la seule personne de ma famille a avoir été constamment présente dans ma vie ; elle, et ma soeur. C’était peut-être pour cela que je la considérais comme telle. Retenant assez mal mon excitation, je sonnai. Il me tardait de voir sa silhouette longiligne dans l’embrasure de la porte. « C’est quoi son nom, déjà ? » me demanda Louis avec une innocence désarmante. Sa remarque me fit sourire. « Shiraz » répondis-je en le prenant doucement par les épaules. Un geste simple et pourtant si nouveau pour moi. La jeune femme ouvrit rapidement la porte. Louis la regarda, un peu intimidé, mais un sourire curieux sur le bout des lèvres, curieux d’enfin découvrir celle dont je parlais tant à la maison. « Bonjour » dit-il doucement. « Salut » fis-je à mon tour. J’étais plein de fierté ; l’avantage de devenir père d’un enfant si grand était probablement de s’émerveiller devant absolument tout. Je m’émerveillais de sa politesse, et ce même si saluer quelqu’un n’avait rien d’exceptionnel en soi. J’étais fier, tout simplement. « Bon, et bien… Voilà Louis » Je n’arrivais pas à me départir de mon sourire presque béat..