"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Let's Get It Started ¤ Nate&TJ 2979874845 Let's Get It Started ¤ Nate&TJ 1973890357
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() message posté Dim 6 Juil 2014 - 23:40 par Invité


Petit T-shirt moulant noir. Veste en cuir noire. Jean noir assez serré afin de bien mouler mes fesses. Baskets de marque noires. Ce n’était peut-être pas la tenue la plus gaie qui existait, mais elle était assez gay pour moi. Elle mettait parfaitement en valeur mon corps mince et légèrement musclé, ce qui était une bonne chose si je voulais attirer les regards. Car – et je n’avais pas honte de l’avouer – j’adorais être le centre d’attention ! Je pouvais même me targuer d’avoir une certaine réputation dans le milieu de la nuit gay. Une réputation de bâtard sans cœur, mais une réputation quand même. Et puis, j’étais peut-être un bâtard sans cœur, mais j’étais un bon coup au lit, et cela aussi était répandu dans le milieu gay. J’avais donc autant de conquêtes que n’importe quel séducteur lambda, si ce n’était plus ! Parce qu’entre les personnes terre-à-terre qui venaient me voir juste pour le sexe et les illuminés qui attendaient un peu plus de moi (pourtant, ils savaient très bien que j’étais aussi réputé pour ne jamais me mettre en couple), ça en faisait du beau monde qui passait dans mes draps.

Il était déjà 22 heures lorsque je sortis de chez moi en direction du métro. Heureusement, je n’avais pas de changements à faire, mais j’avais tout de même pas mal d’arrêts avant d’arriver à destination. Et lorsque je fus enfin sur place, la demie était déjà passée, ce qui ne m’inquiétait pas plus que cela puisque la nuit ne faisait que commencer. Une fois au Barfly, mon regard fit rapidement le tour du bar à la recherche de mes amis, mais personne ne semblait être encore arrivé. Je râlai un peu dans mon coin, n’aimant pas être celui qui attend les autres, avant de poser mes jolies fesses sur l’un des tabourets hauts du bar. Si je devais attendre mes retardataires de potes, ce n’était pas en me tournant les pouces à ne rien faire – je n’étais pas un mec désespéré en manque d’amis. J’allais donc commencer cette soirée tout seul et tant pis si les gars me retrouvaient bourré lorsqu’ils arriveraient enfin ! Je vérifiai d’ailleurs rapidement si l’un d’entre eux avait essayé de me contacter durant cette petite demi-heure de trajet, avant de héler l’un des barmans afin de me commander un verre.

- Une bière, demandai-je alors. Ce n’était pas la boisson la plus glorieuse ou la plus fêtarde qui était, mais au moins, c’était une classique qui me permettait d’attendre patiemment mes amis. Et puis, je n’allais tout de même pas me bourrer la gueule tout de suite. Dis-moi quand tu prends ta pause qu’on puisse aller faire un tour aux toilettes afin que je glisse ma langue sur ton corps, beau gosse, répliquai-je sans honte aucune au barman qui venait de déposer le verre de bière remplit à ras-bord devant moi.
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Lun 7 Juil 2014 - 8:07 par Nathanael E. Keynes
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Vendredi 11.07.2014 • le Barfly
Ce soir est un soir comme les autres pour moi, et comme je ne suis pas passé par la case « journal », je me retrouve à porter des vêtements qui me conviennent un peu plus que la chemise et le caban... Jean slim assez foncé au bas retroussé, sacro-saintes converses aux pieds, c'est un T-shirt rouge à col V que je porte à la place des chemises de « boulot » avec quelques gribouillis censément rock imprimés dessus. Un bracelet de force en cuir au poignet droit, et une gourmette d'argent mêlée à ma montre à gauche, j'aurais pas détonné sur scène ce soir, mais pourtant, on joue pas. J'aimerais bien, mais la programmation a pas voulu que ce soit notre tour et sincèrement, vu le niveau pourri du groupe qui joue, je suis pas vraiment ravi du choix des patrons. Je crois que j'ai dû dire douze fois qu'on valait quand même douze comme eux... Au moins.

Il est encore tôt et on m'a déjà offert trois ou quatre verres qui s'alignent derrière le comptoir et dont je n'ai bu qu'une gorgée pour faire genre devant les charmantes - ou pas - demoiselles qui me les ont offerts, mais pour l'heure, aucune n'a vraiment attiré mon attention. Ni aucun mec d'ailleurs... Ce qui ne veut rien dire, la nuit ne fait que commencer et j'ai bien envie de ne pas rentrer tout seul ce soir... Et c'est pas comme si j'avais beaucoup de mal à trouver mon bonheur, en général. Et pour le coup, je dois bien avouer que c'est au moment où je pense que c'est pas vraiment trop mon genre ce soir - sans doute parce que ces gens sont venus écouter un groupe pourri, on n'a pas les mêmes valeurs musicales, donc... - que ce type entre dans mon champ de vision. Ok... Là on commence à parler.

« Une bière...
- Tout de suite. »


Bon bah les salutations, ça sera pour plus tard, donc. Je suis en train de remplir son verre quand il reprend la parole, et j'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire en lui déposant sa bière devant le nez.

« Dis-moi quand tu prends ta pause qu’on puisse aller faire un tour aux toilettes afin que je glisse ma langue sur ton corps, beau gosse...
- Même pas un bonsoir, d'abord ? Tu vas vite en besogne, Playboy, mets-y un peu les formes quoi... »


J'ai pas l'air choqué une demi-seconde, pour la simple et bonne raison que je le suis pas le moins du monde. Au moins, les choses sont claires... Ce qui ne me déplaît pas vraiment. L'idée de faire ça à l'arrache dans les toilettes... un peu plus en revanche. Pas que ça soit pas excitant l'idée de faire ça dans un lieu public, mais je tiens à ce taff, et j'ai pas envie de me faire virer pour une partie de jambe en l'air éphémère...

« Va te falloir être un peu plus patient par contre avant de profiter de mon corps... Je finis à 2h du mat' et j'ai pas l'intention de me faire lourder pour faute professionnelle, vois-tu... Tes beaux yeux paieront pas mon loyer... »

Un clin d'oeil pour ponctuer ma phrase et je suis reparti m'occuper d'autres clients... Bon, c'est pas vraiment mon loyer qui est à payer, mais on se comprend, je gère quand même la vie de tous les jours, les charges, tout ça, et j'ai encore quelques mois à verser à l'école, même si les exams viennent de se terminer. On m'a offert une bière après que j'ai servi à une rouquine un cocktail en faisant un minimum de show - quoi, je peux bien me payer le luxe de me la péter un peu aussi, ça a pas mal marché pour Tom Cruise ce genre de conneries et faut bien avouer que ça fonctionne plutôt pas mal - et j'ai bu une gorgée dedans, avant de, l'air de rien, la déposer près du type dont j'ignore encore le nom.

« Compliments de la maison... »

Et de la rouquine qu'a sans doute aucune idée qu'elle a de la concurrence déloyale ce soir, mais je garde sa trogne en tête quand même, sait-on jamais, Playboy pourrait ne pas être très patient après tout... Et le plus naturellement du monde, je suis reparti m'occuper d'autres clients... Le groupe a merdé grave, juste à ce moment, basse décalée, une belle fausse note à la gratte et je parle même pas du trou de mémoire du chanteur, j'ai levé la tête vers la scène, et grimacé.

« Non seulement c'est mauvais mais en plus ils sont mauvais... »

Ca doit avoir l'air assez déconstruit c'te phrase, pourtant je fais bien la distinction entre le mauvais style musical et le mauvais niveau des « artistes », même si j'essaie de pas le dire trop fort, parce que ça le fait pas... Définitivement, on aurait été mille fois mieux, nous, là-haut... Je suis blasé.
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() message posté Lun 7 Juil 2014 - 22:54 par Invité


Il était presque 23 heures et j’étais au comptoir d’un bar dans lequel je n’avais jamais mis les pieds, sur les conseils d’un de mes amis qui n’était même pas encore arrivé. J’étais mentalement en train de préparer une vengeance digne de ce nom afin qu’il n’ose plus jamais me faire patienter inutilement dans un endroit inconnu – bien que je n’étais plus un gosse et que je savais parfaitement me débrouiller seul – que mes yeux se posèrent sur le barman. Un sourire vint alors étirer mes lèvres à l’idée que j’allais passer le temps d’une autre façon qu’à ruminer dans mon coin. Je commandai donc une bière afin d’occuper mes mains et ma bouche en attendant la venue de mes potes, tout en imaginant ce que je pourrais bien faire de ces trois organes une fois ce canon de barman dans mon lit. Mais pour le moment, il fallait encore que je le séduise et cela s’annonçait extrêmement intéressant au vu de sa réaction à ma petite invitation dans les toilettes de l’établissement. Bien sûr, je n’étais qu’à moitié sérieux quand je disais que je voulais me le faire vite fait bien fait dans les toilettes du bar. Pas que j’en étais totalement incapable, mais avec un gars aussi sexy, j’étais plutôt du genre à prendre mon temps dans un lit…

- Même pas un bonsoir, d'abord ? répondit-il, semblant presque vexé que je ne l’ai pas salué avant de lui faire ma proposition indécente. Mais s’il ne me connaissait pas encore, il allait rapidement savoir que je n’étais pas le genre à tourner trois heures autour du pot. Quand je voulais quelque chose, je le disais, c’était tout et cela plaisait ou non. Lui n’avait pas l’air de s’en formaliser, ce qui était un très bon début. Tu vas vite en besogne, Playboy, mets-y un peu les formes quoi...

- Tu t’attendais à quoi ? A ce que je t’offre des fleurs, que je mette un genou à terre et que je déclare au monde entier que je te trouve diablement sexy et que j’aimerais beaucoup te mettre dans mon lit ? Désolé, mais t’es tombé sur le mauvais numéro. Par contre, je te promets que mes performances au lit sont plus qu’honorables, ajoutai-je avec un petit sourire amusé. J’étais peut-être le mec le moins romantique de tous l’univers – de toute façon, le romantisme, c’était pour les fiottes –, mais je savais au moins me servir de ma queue. Et puis, c’était pas avec des fleurs et de belles déclarations qu’on faisait jouir.

- Va te falloir être un peu plus patient par contre avant de profiter de mon corps... déclara-t-il, laissant donc sous-entendre qu’il était intéressé. Je finis à 2h du mat' et j'ai pas l'intention de me faire lourder pour faute professionnelle, vois-tu... Tes beaux yeux paieront pas mon loyer...

Et après un petit clin d’œil, le jeune homme me laissa seul avec ma bière dans le but de s’occuper d’autres clients – et particulièrement des clientes dont le charme du barman ne laissaient pas non plus indifférentes. Il avait beau ne plus faire attention à moi, je ne le quittai pas des yeux. Même lorsqu’il fit son petit show version Cocktail devant une rouquine aux yeux de merlan frit, ce qui m’amusa véritablement. Puis, sans vraiment que je m’y attende – même si j’étais sûr que je lui avais fait de l’effet –, il revint vers moi et déposa une nouvelle bière sur le comptoir juste à côté de celle que j’avais déjà commandée.

- Compliments de la maison... m’annonça-t-il, et, sourire aux lèvres, je jetai un regard en direction de plusieurs femmes, accoudées au bar, le regard scotché sur lui.

- Merci, dis-je, me montrant pour une fois poli. Elle a été offerte par qui ? La brune aux dents de travers ou la blonde au nez de cochon ? L’une des choses que l’on apprenait rapidement chez moi était que j’étais misogyne. Je ne voyais aucun intérêt dans les femmes et ne comprenais pas qu’on puisse s’y intéresser de près ou de loin. Mais bon, paraît qu’il faut de tout pour faire un monde…

- Non seulement c'est mauvais mais en plus ils sont mauvais... fit-il ensuite remarquer en parlant du groupe qui jouait actuellement sur scène et dont je me fichais royalement.

- Parce que tu peux faire mieux ? le provoquai-je légèrement avec un petit sourire taquin. Moi, je peux en tout cas. Je n’étais peut-être pas musicien, mais en plus de savoir jouer de trois instruments, j’avais également une très belle voix. Peut-être avais-je loupé ma voie finalement…
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Mar 8 Juil 2014 - 8:19 par Nathanael E. Keynes
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Vendredi 11.07.2014 • le Barfly
Ce type me faisait d'ores et déjà bien marrer avec son franc parler, et la proposition indécente en question n'était pas vraiment pour me déplaire. Au moins, il savait ce qu'il voulait, et pour la peine, ça non plus, ça n'était pas pour me déplaire, d'autant moins qu'on était bien partis pour vouloir la même chose, mais... plus tard. La soirée ne fait que commencer après tout - mon service aussi, surtout - et je crois qu'on a tout le temps de s'amuser un peu d'ici à ce que j'ai terminé... et qu'on passe aux choses sérieuses, s'il est toujours d'humeur. Ce qui a l'air d'être le cas vu comme il me dévore des yeux. Et ça aussi, c'est assez réciproque d'ailleurs. Bah quoi, un aussi beau corps, dans des fringues aussi moulées, c'est un crime de les cacher derrière ce comptoir ! J’ai pas trop le choix, cela dit, alors je me contente de son visage - charmant - et de son torse manifestement musclé - davantage que le mien soit dit en passant, mais autant j'ai la bougeotte, autant m'enfermer dans une salle de sports... Sans façon. Bref. Ma remarque faussement offusquée le fait réagir, c'est parfait, c'est tout ce que je souhaitais - mais à vrai dire, je n'en attendais pas moins de lui, qui sans le connaître, montrait déjà qu'il n'avait pas la langue dans sa poche...

« Tu t’attendais à quoi ? A ce que je t’offre des fleurs, que je mette un genou à terre et que je déclare au monde entier que je te trouve diablement sexy et que j’aimerais beaucoup te mettre dans mon lit ? Désolé, mais t’es tombé sur le mauvais numéro. Par contre, je te promets que mes performances au lit sont plus qu’honorables...
- Et modeste avec ça. Tout de suite les extrêmes... Tout n'est pas blanc ou noir, tu sais, les nuances de gris ça existe aussi. »


Et je ne parle pas d'un bouquin pourri pour ménagères frustrées fans de bit-lit, merci.

« Le monde entier peut rester où il est, les fleurs et le reste aussi d'ailleurs, mais va falloir prendre sur toi Playboy, il reste quelques heures avant que je sois à ta disposition... »

Je me répète, mais autant que les choses soient claires après tout... Et pour l'heure, justement, j'étais tout autant à la disposition des autres clients, donc je faisais des allers-retours derrière le comptoir, à servir un peu tout le monde avec cet air un peu charmeur que je quittais rarement en service. Après tout, ça avait tendance à faire gonfler les chiffres, c'était un peu pour ça que j'étais là, non ? Quand je lui ai déposé la bière de la nana du bout du comptoir, après l'avoir censément posée de son côté à elle, servi d'autres verres, puis ramenée vers lui, histoire de pas me faire gifler non plus dans la seconde qui suit, j'ai eu droit à un remerciement - première marque de politesse wouhou ! - et à d'autres manifestations de son débit verbal acéré.

« Merci.
- Tu vois, c'est pas si difficile à dire...
- Elle a été offerte par qui ? La brune aux dents de travers ou la blonde au nez de cochon ?
- Je me disais aussi. T'es vache, elles sont pas aussi laides. Bon la blonde, je dirais pas qu'elle pourrait me plaire, mais la brune a plutôt de jolis yeux... et d'autres atouts contre lesquels tu peux pas rivaliser, désolé... »


Au moins, comme ça, c'est clair, j'ai bien compris que les nanas t'intéressaient pas, mais c'est pas mon cas. A aucun moment, je me suis départi de mon sourire et tout ça est dit sur un ton bon enfant parce que, réellement, je me formalise pas une seconde. Mieux, même, je fais des allers-retours entre lui et les autres, mais clairement, je sens que ça va être drôle. Je serais peut-être moins fan le jour où il se décidera à attaquer de la sorte quelqu'un que j'apprécie vraiment mais pour l'heure, tout ça m'amuse plutôt. La qualité musicale de la soirée, beaucoup moins.

« Parce que tu peux faire mieux ? Moi, je peux en tout cas.
- Si je peux faire mieux ? »


J'ai ri, croisé le regard en coin d'un collègue qui a hoché la tête à mon grand sourire de vainqueur et est parti trente secondes dans le bureau derrière. Clairement, tu viens pas souvent là, gars. Et t'inquiète, tu vas vite comprendre... et moi je suis curieux de savoir si c'est que de la gueule ou si tu peux vraiment faire mieux.

« Ils jouent encore une demi-heure en théorie, mais c'est rare que les groupes dépassent pas un peu. Sauf quand on leur jette des bouteilles, ce qui pourrait finir par arriver là... Bref. Tu verras. »

Je joue jamais tout seul d'habitude, mais les gars sont pas là ce soir, et je vais pas m'abstenir de relever un tel défi, bien loin de là. T'es vraiment sérieux mec ? Il est temps de reculer encore, tu sais...

Une demi-heure, ça passe vite, quand on s'amuse... On qu'on s'occupe. A cette heure-là, ça commence un peu à se remplir, il faut avouer et j'ai pas vraiment chômé. Je suis assez conscient du regard de Playboy sur moi quasi en permanence, et loin de me déranger, ça ne fait que flatter mon ego... Et quand les mecs ont fini, sans vraiment beaucoup d'applaudissements à part ceux de leurs trois potes devant la scène, j'ai quitté le comptoir pour m'emparer d'un micro et le placer dans un des pieds à dispo.

« Un grand merci à RedDeath pour être venus ce soir... On les applaudit une fois encore... »

Ou pas. Qu'est-ce qu'il faut pas dire, franchement... Le pire, c'est que j'ai sans doute l'air assez convainquant alors pourtant que j'en pense pas un mot. Passons. Mon collègue m'a tendu une guitare - une des miennes, en réalité, mais tout le monde est pas censé le savoir - dont je passe la bandoulière par-dessus mon épaule avec l'habitude évidente de quelqu'un qui en a déjà manipulées.

« Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je me présente, je m'appelle Nate, et dans cinq minutes, je serais de nouveau derrière le comptoir à vous servir vos boissons. Paraît que c'est pour ça que je suis payé, alors je vais essayer de pas me faire virer tout de suite pour absence au poste de travail, hein... »

Et un petit regard vers Playboy quand je me présente - ça, c'est fait - avant de faire le tour de la salle, parce qu'après tout, je m'adresse à tout le monde, là. En théorie. Même si au fond, c'est surtout lui qui doit m'entendre... Je suis un petit comique en vrai, on vous l'avait pas dit ? En fait je raconte n'imp', mais la façon de faire et mon sourire fait la blague, la preuve, y a eu quelques rires dans l'assistance. Trop balèze. Et oui, mes chevilles vont bien merci.

« Anyway... Y a des habitués dans la salle ?... »

Quelques « Ouiiiiii » ont fusé, et j'ai entendu un « Lucky Strike ! » quelque part, plutôt masculin d'ailleurs. Y a des habitués donc, et moi je souris largement.

« Bon, certains d'entre vous m'ont manifestement déjà vu par ici, mais vous savez aussi que je suis pas là tout seul, d'ordinaire, pas plus qu'on accueille douze groupe dans la soirée. C'est un cas un peu exceptionnel, parce que... »

Je me suis frotté le menton, l'air faussement songeur.

« En fait on vient de me lancer un défi que je me voyais vraiment pas ne pas relever. Ca vous dérange pas trop si je vous joue un petit quelque chose, histoire de... disons faire mes preuves ?... »

Nouvelles réactions dans l'assistance, nouveau sourire de ma part, et je rajoute, presque sur le ton de la confidence.

« D'habitude je suis plutôt en back-up, c'est très étrange d'être en première ligne, tiens... »

J’aurais dû faire du théâtre, plutôt que du journalisme, tiens. Et j'arrête mes conneries, et je commence à jouer. Pas un de nos morceaux, parce que je les jouerai pas sans les autres, mais au contraire un titre que d'autres ici doivent connaître. D'ailleurs certains reprennent un peu des bouts de refrain, et sont accueillis avec un grand sourire de ma part comme je regarde dans la direction des voix. Putain ce que j'aime être là ! Dommage que les gars soient pas avec moi, mais c'est pas comme si c'était vraiment prévu.



J'ai fini mon morceau, tranquillement, eu droit à une salve d'applaudissements quelque peu - notez l'euphémisme - supérieure à l'accueil réservé aux morts rouges, et puis j'ai reposé une main sur le micro.

« Vous en pensez quoi, alors ? Je sais jouer ou pas ? »

Un instant de silence pour laisser les gens réagir, et j'ai repris encore une fois la parole.

« La personne qui m'a lancé ce défi est censée pouvoir faire au moins aussi bien, vous voulez vérifier ? »

Ouais c'est peut-être pas super loyal de mettre l'assistance dans sa poche dès le départ, mais hé, Playboy, tu vas pas te dégonfler hein ? J'ai plongé mon regard dans le sien du bout de la pièce, un sourire en coin sur les lèvres.

« Je crois que ça veut dire oui... A toi de jouer maintenant... »

Et d'un geste de la main, je désigne la scène autour de moi. Alors quoi, tu viens me rejoindre ?
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() message posté Mer 9 Juil 2014 - 3:38 par Invité


Ce type me plaisait de plus en plus. Il était non seulement canon, mais il n’avait pas non plus sa langue dans sa poche et c’était une qualité que j’appréciais tout particulièrement – que ce soit chez une future conquête ou chez n’importe quelle personne qui pourrait être la cible de mes remarques acerbes. J’aimais surtout ce genre de répartie chez les hommes qui avaient éveillé mon intérêt – comme c’était le cas avec le barman, ce soir – puisque cela n’en rendait le jeu de séduction que plus intéressant. Et il était rare de tomber sur des personnes qui ne s’offusquaient pas dès que j’avais le malheur d’être un peu vulgaire dans mes propositions indécentes ou qui n’avaient pas déjà le pantalon aux chevilles dès que je les invitais à une partie de jambes en l’air. Cette soirée allait donc être particulièrement intéressante…

- Et modeste avec ça, s’amusa-t-il de ma réplique. On pouvait facilement remarquer qu’il ne me connaissait pas et qu’il n’avait même jamais entendu parler de moi (n’allait-il jamais faire un tour dans le quartier gay ?) car, dans le cas contraire, il aurait su que TJ Lewis n’était pas modeste. Je le l’avais jamais été, d’ailleurs. Ou peut-être lors de mes jeunes années durant lesquels je n’étais encore qu’un idiot naïf et innocent. Tout de suite les extrêmes... Tout n'est pas blanc ou noir, tu sais, les nuances de gris ça existe aussi.

Tiens ! Cela me rappelait le discours des bisexuels qui tentaient de me convaincre que coucher avec les deux sexes et aimer ça était possible. Et le fait que cela sorte de la bouche de ce jeune homme ne m’étonna qu’à moitié. Après tout, il travaillait dans un bar qui n’était pas catalogué comme étant gay : il n’y avait donc le choix qu’entre hétérosexuel et bisexuel. Si je prenais en compte les nombreux regards indiscrets qu’il me jetait et qui glissaient parfois sur mon torse moulé dans ce T-shirt, je pouvais facilement affirmer qu’il n’était pas hétéro. Il n’y avait donc plus qu’une seule option : la bisexualité. Et son attitude envers les femmes au comptoir de ce bar me le prouvait à chaque seconde passée. Bien sûr, il pouvait très bien jouer le jeu de la séduction dans le simple but de récolter plus de pourboires, mais il était beaucoup trop convaincant pour n’être que gay...

- Le monde entier peut rester où il est, les fleurs et le reste aussi d'ailleurs, mais va falloir prendre sur toi Playboy, il reste quelques heures avant que je sois à ta disposition... me rappela-t-il à l’ordre, comme si j’étais sur le point de le violer devant tout le monde sur la surface du comptoir – ce qui ne me déplaira pas. Mais bon, j’avais beau être sans limites, les ébats en pleine foule n’étaient quand même pas ce que je préférais…

- J’ai bien compris, le rassurai-je sur le fait que j’étais quelqu’un de patient. T'inquiètes pas pour moi. Je saurai très bien m’occuper en attendant, dis-je ensuite tout en scannant la salle à la recherche d’un autre beau gosse avec qui passer la soirée en attendant que celui-là se libère.

Après l’avoir remercié pour la bière – ce qui l’encouragea à me faire une remarque sur ma politesse soudaine –, je lui demandai par quelle fille elle avait été offerte. Parce que s’il croyait que j’étais aveugle et con, il se foutait le doigt dans l’œil – ce qui ne m’empêcherait pas de boire quand même cette bière… Même le goût aurait été bien meilleur si elle m’avait été offerte directement par le concerné.

- Je me disais aussi. T'es vache, elles sont pas aussi laides. Bon la blonde, je dirais pas qu'elle pourrait me plaire, mais la brune a plutôt de jolis yeux... et d'autres atouts contre lesquels tu peux pas rivaliser, désolé...

- J’ai trois beaux atouts qui t’attendent dans mon boxer. Elle, n’en a que deux et tu les vois déjà à moitié, surtout quand elle se penche, répliquai-je avec une grimace à la vue de ses roberts qui semblaient n’avoir qu’une seule envie : sortir de son décolleté.

En tout cas, la remarque que je fis en rapport avec ses talents musicaux sembla le vexer beaucoup plus que je ne l’aurais imaginé. Son visage afficha même un air de défi que je me fis un plaisir d’admirer – j’adorais les défis ! Il me fit ensuite bien comprendre que, lorsque le groupe actuellement sur scène aurait fini son show minable dans la demi-heure qui suit, il me montrerait de quoi il était vraiment capable. Cela promettait donc d’être très intéressant et j’avais hâte de le voir se tortiller autre part que derrière un comptoir. En attendant cette demi-heure qui me parut une éternité, je mis en action ce que j’avais déjà prévu de faire jusqu’à la fin du service de Monsieur le Barman : c’est-à-dire m’amuser avec les autres mecs de ce bar. J’en avais d’ailleurs repéré un qui avait l’air plus que ravi que je m’intéresse à lui. Enfin, « intéresser » était un bien grand mot puisqu’il n’était qu’un petit passe-temps en attendant ma cible principale pour laquelle je continuais de jeter régulièrement des petits coups d’œil très intéressés, pour le coup.

- Un grand merci à RedDeath pour être venus ce soir... annonça-t-il alors une fois sur scène, lorsque la demi-heure fut enfin passée. On les applaudit une fois encore... On lui tendit alors une guitare qu’il semblait manier avec une telle aisance que je ne doutais pas une seule seconde qu’il savait en jouer. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je me présente, je m'appelle Nate, et dans cinq minutes, je serais de nouveau derrière le comptoir à vous servir vos boissons. Paraît que c'est pour ça que je suis payé, alors je vais essayer de pas me faire virer tout de suite pour absence au poste de travail, hein... se présenta-t-il, et un sourire amusé vint effleurer mes lèvres. Il ne manquait décidemment pas d’humour… Et puis, j’étais également heureux d’avoir enfin un nom à mettre sur ce visage. Anyway... Y a des habitués dans la salle ?... demanda-t-il, alors que quelques « oui » se faisaient entendre. Bon, certains d'entre vous m'ont manifestement déjà vu par ici, mais vous savez aussi que je suis pas là tout seul, d'ordinaire, pas plus qu'on accueille douze groupe dans la soirée. C'est un cas un peu exceptionnel, parce que... En fait on vient de me lancer un défi que je me voyais vraiment pas ne pas relever, révéla-t-il à l’assistance, me faisant pour la toute première fois rire. Ça vous dérange pas trop si je vous joue un petit quelque chose, histoire de... disons faire mes preuves ?... D'habitude je suis plutôt en back-up, c'est très étrange d'être en première ligne, tiens...

Lui ? En back-up ? J’étais sincèrement étonné de l’apprendre. Il devrait être en première position rien que pour son physique d’Apollon. Et puis, j’en étais de plus en plus convaincu au fur et à mesure que la chanson avançait : ce type savait chanter. Je ne comprenais vraiment pas comment les membres de son soi-disant groupe ne s’en était pas rendu compte avant. Sans compter ses talents de guitariste qui pourrait presque rivaliser avec les miens.

- Vous en pensez quoi, alors ? Je sais jouer ou pas ? prit-il à partie l’assistance qui semblait plus qu’enthousiaste par sa performance. Mais si les gens étaient conquis par les talents musicaux sans conteste du barman… de Nate – puisque c’était comme cela qu’il se prénommait –, ils allaient être alors totalement bluffés par mon passage sur scène. Le temps de trouver la chanson que j’allais bien pouvoir chanter et ce n’était plus qu’une question de secondes pour me les mettre dans la poche. La personne qui m'a lancé ce défi est censée pouvoir faire au moins aussi bien, vous voulez vérifier ? Je crois que ça veut dire oui... A toi de jouer maintenant... fit-il alors à mon adresse en me désignant la scène d’une main. C’était donc à moi de jouer. Il n’allait vraiment pas être déçu…

Je montai sur scène comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. C’était pourtant la toute première fois que j’allais chanter sur une scène devant une foule attentive à la moindre fausse note. D’habitude, mon public se résumait à mon gel douche et shampoing et mon pommeau de douche faisait office de micro. Cette situation-là était quelque peu différente… Mais je n’étais pas stressé pour autant. J’avais confiance en mes talents de chanteur et musicien amateur, et puis, si je ne plaisais pas, je pourrais toujours me rattraper avec mes performances au lit. Je chuchotai à l’oreille des musiciens le titre de la chanson que j’allais interpréter, avant de m’installer confortablement sur le petit banc du piano à queue qui traînait un peu à l’écart du centre de la scène, comme s’il était laissé à l’abandon par ses groupes qui croyaient faire du rock. Mes doigts touchèrent alors délicatement les premières notes de la chanson et je commençai mon show, sans me soucier plus que ça de la foule qui m’observait attentivement. Seule une personne comptait : Nate.



Après avoir démontré à l’assistance mes talents de pianiste, de guitariste (puisque j’avais rapidement effectué le solo guitare) et de chanteur, je me tournai vers celui à l’origine de tout ça.

- On passe au vote ? En tout cas, je suis vraiment désolé, j’avais vraiment pas l’intention de te ridiculiser, osai-je dire avec un grand sourire prétentieux.

Cadeau :hihi::
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Mer 9 Juil 2014 - 8:16 par Nathanael E. Keynes
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Vendredi 11.07.2014 • le Barfly
On a des surprises, parfois. Ce soir, je pensais clairement pas que je me retrouverais sur scène, ni que je découvrirais ce genre de talent caché. Tout au moins pour quelqu'un qui ne prenait pas spécialement le temps de fréquenter le quartier gay, donc. Parce que non, ce n'est pas franchement le genre d'endroit où je mets les pieds, d'abord parce que la nuit, généralement, je bosse ici, et puis parce que j'ai toujours trouvé ça un peu con de cantonner les gens dans un genre particulier. Et quoi, j'aime (aussi) les hommes et je dois traîner qu'avec mes semblables ? Je peux pas passer du temps avec des gens différents de moi ? J'ai jamais compris ce besoin de poser des étiquettes comme ça sur les gens, et le fait que j'aime (aussi) les femmes, donc, n'y est pas pour grand chose. Gay, bi, hétéro, qu'est-ce qu'on en a à foutre, sérieusement ? Et quoi les gays peuvent bosser que dans le milieu gay et les hétéros que dans les milieux hétéro et les autres on sait pas trop ? J'ai jamais trop aimé les portes fermées, j'ai toujours plutôt été du genre à les enfoncer et en l'occurrence si demain je devais bosser dans un bar gay - parce que je reste persuadé qu'on devrait pas m'y refuser juste parce que j'apprécie aussi la gente féminine, ça s'appelle de la discrimination, sinon, et c'est puni par la loi aussi dans ce sens-là -, ça m'échauderait pas plus que ça de m'y pointer avec une nana. Tout comme ça me ferait ni chaud ni froid de me ramener avec un mec devant des gens homophobes, d'ailleurs, au contraire, je crois que ça me ferait profondément marrer... Sauf si c'est ma famille, là je crois que ce serait beaucoup moins drôle et d'ailleurs, ils savent pas grand chose de mes histoires et c'est peut-être pas plus mal. Un jour, ça sortira sans doute, mais on y est pas encore, et je suis pas trop pressé. On fait déjà bien assez de conneries avec Tiger à leurs yeux, je crois, j'ai pas trop envie de me faire haïr tout de suite...

Ni virer donc, donc Playboy attendra, ce que je me fais un plaisir de lui rappeler.

« J’ai bien compris. T'inquiète pas pour moi. Je saurai très bien m’occuper en attendant.
- Je n'en doute pas une seconde. Et les toilettes sont au fond à gauche à l'opposé de la scène... »


Parce que je te vois bien faire le tour de la salle à la recherche de ta prochaine cible, va. Y a pas que toi qui mates d'ailleurs, j'ai pas vraiment les yeux dans ma poche non plus. Plutôt dans le décolleté de la brune qui - manifestement - n'attend que ça, ouais, qu'on la dévore des yeux. Ca tombe bien, j'ai pas trop prévu de me priver, même si je m'aviserai jamais de toucher sans autorisation préalable. Paraît que ça se fait pas, et que j'ai reçu une certaine éducation quand même. Ou une éducation certaine, au choix. Je me suis pas privé de lui faire remarquer que la demoiselle en question n'était quand même pas si désagréable à regarder qu'il voulait bien le dire, et sa réplique n'a pas tardé - j'aurais été déçu du contraire à vrai dire.

« J’ai trois beaux atouts qui t’attendent dans mon boxer. Elle, n’en a que deux et tu les vois déjà à moitié, surtout quand elle se penche.
- Et tu trouves ça dérangeant, donc. Dommage. Personnellement, j'ai pas pour habitude de pas profiter du spectacle qui m'est offert... »


Quel qu'il soit. Enfin pas celui sur scène, par contre, parce qu'il est réellement pitoyable, et c'était aussi bien que je me concentre sur mon boulot. Et lui sur sa chasse donc.

Et puis les minables sont descendus de scène, et j'ai pris le relai, avec la complicité de mon collègue qui me tendait ma guitare électro-acoustique et se mettait derrière la table de mixage, histoire d'être sûr que j'ai un peu de son, ça serait con qu'on m'entende pas. Ni lui après. Il s'est pas dégonflé le moins du monde, et j'en suis ravi, ç'aurait été trop décevant de le voir reculer maintenant. Non, non, il est monté sur scène, toujours aussi sûr de lui, et s'est installé derrière le piano. Ok, là tu m'intrigues Playboy...

Cet instrument, j'y ai posé mes doigts un certain nombre de fois à l'arrache, et comme j'apprends plutôt vite en général, je me débrouille pour en sortir des sons corrects. Les accords sont les mêmes partout et une fois qu'on a compris comment ça fonctionnait, ça se gère, mais... C'est pas du grand art, j'en suis tout à fait conscient. Playboy en revanche, c'est une autre histoire... Plus du genre comme moi avec ma guitare. Et pendant son show - manisfetement dédié à ma personne vu ses regards, accueillis par un grand sourire une fois encore - je me suis approché, ai fait un signe d'approbation au public qui a l'air pas mal réceptif - mais j'espère pas autant que moi, ça me ferait chier d'avoir un peu trop de concurrence, il pourrait se lasser d'attendre, et partir avec un autre avant la fin de mon service... J'ai tiqué quand il a lâché le clavier, pourtant, pour choper ma guitare électrique derrière et effectuer son solo tout seul, mais je me suis pas démonté pour autant, et ai repris les accords plaqués pendant qu'il jouait, en jetant quand même de fréquents coups d'oeil parce que... zut, c'est ma stratocaster quoi. Et puis je lui ai laissé sa place à nouveau pour le dernier refrain... Et j'ai applaudi, beau joueur, ne serait-ce que parce que ça m'éclatera toujours de jouer avec quelqu'un, même trois accords, de rencontrer d'autres musiciens, pro ou non. Et puis parce que je m'attendais pas à un résultat aussi probant, je dois avouer et... ça me plaît bien. Un peu trop peut-être, et va vraiment falloir calmer le jeu, j'ai deux heures à tirer, encore, moi... Evidemment, pour le fairplay, je crois qu'il repassera, lui, mais ça n'a rien de très surprenant finalement, ça va avec le personnage après tout.

« On passe au vote ? En tout cas, je suis vraiment désolé, j’avais vraiment pas l’intention de te ridiculiser. »

J'ai éclaté de rire.

« Not a chance. »

Je ne suis pas une seconde inquiet, confiant de ma prestation. Je dis pas que je suis obligé de gagner, mais... Clairement, le ridicule n'est pas d'actualité, quoi qu'il en dise. Si bien que c'est tout aussi sûr de moi que je me suis donc à nouveau adressé à la salle, l'air de rien.

« Alors ? Vos avis ? »

Un brouhaha guère disctinct a fusé et j'ai hoché la tête, l'air compréhensif. Et puis je me suis rapproché de lui, et ai nonchalamment appuyé un coude sur son épaule, l'air de rien.

« Ouais... C'est compliqué de voter quand on a le nom que d'un des participants. Ils votent comment, Barman contre Playboy ou... ? »

C'est sympa comme surnom Playboy et ça te va bien, mais c'est pas très équitable, tu vois, tu sais mon nom et j'ai aucune idée du tien. Rétablis l'équilibre un peu, veux-tu ?
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() message posté Mer 9 Juil 2014 - 17:58 par Invité


Un rapide coup d’œil à l’heure affichée sur mon téléphone portable m’indiquait qu’il restait un peu moins de trois heures avant que je ne puisse enfin profiter du corps du barman. Cela m’indiquait aussi que mes amis n’en avaient absolument rien à foutre de moi puisqu’aucun d’eux ne semblait s’inquiéter de mon absence et n’avait daigné prendre de mes nouvelles afin de vérifier que je n’étais pas en train d’agoniser, seul, dans une rue déserte d’un quartier mal famé de Londres… J’envoyai d’ailleurs un SMS bien senti à mon meilleur ami dans le but de lui faire part de ma façon de penser. Comment osait-il m’oublier alors que j’étais l’essence même de ce groupe ? Celui autour duquel on se réunissait lors de soirées et qui était le berger parmi ces moutons. C’était clairement un manque de savoir-vivre…

En tout cas, sa réponse ne se fit pas attendre et je pus lire avec une pointe d’amusement toutes les excuses bidons qu’il osait me faire avaler (il savait pourtant que j’étais loin d’être stupide !). Il tenta donc de me faire croire qu’un imprévu urgent allait le bloquer une bonne partie de la nuit à son boulot. Concernant l’autre pote qui devait nous rejoindre ici, il était apparemment bloqué à l’entrée de l’Eurotunnel en France à cause d’un problème de caténaire à l’intérieur du tunnel, je crois (je n’avais pas vraiment compris et je n’en avais pas grand-chose à faire non plus), rallongeant ainsi un peu ses vacances. Quant au dernier, cet « ami » pour lequel j’étais actuellement assis dans un bar dans lequel je n’avais jamais mis les pieds, il semblait avoir décidé de ne finalement pas venir après avoir appris qu’il se retrouverait tout seul e ma compagnie. Au moins, il était le seul gars honnête de la bande, je ne pouvais donc pas lui en vouloir pour ça !

J’étais à présent libre de profiter de cette soirée comme il se devait, sans me soucier de mes traitres d’amis qui n’avaient vraiment aucun sens de l’amitié ! Et sans me soucier non plus du barman avec lequel je ne pourrais pleinement m’amuser qu’à partir de 2 heures du matin… Il était donc urgent que je me trouve un autre jouet en attendant les coups de deux heures. Après tout, il fallait bien que je m’occupe et je ne pouvais pas rester éternellement au bar à mélanger les alcools dans mon organisme auquel cas je n’allais pas passer du bon temps dans un lit avec le barman, mais plutôt tout seul, complètement bourré, en train de ronfler comme un porc dans mon lit (si j’arrivais encore à rentrer chez moi par mes propres moyens…).

- Je n'en doute pas une seconde, répondit alors le jeune homme en question. Et les toilettes sont au fond à gauche à l'opposé de la scène... se sentit-il obligé de préciser avec un petit sourire, semblant avoir parfaitement deviné mes intentions – bien qu’il se méprenait tout de même sur une chose puisque je n’avais aucune envie de baiser un autre type que lui ce soir.

- Je te rassure : ça n’ira pas plus loin qu’un corps à corps sensuel habillé et peut-être quelques baisers, le tranquillisai-je, comme si je le croyais jaloux de ne plus être le centre de mon attention pendant quelques heures. Je savais bien évidemment que ce n’était pas le cas, surtout qu’il semblait lui-même très intéressé par deux énormes choses qui me filait habituellement la gerbe : la poitrine de la brune dont il avait complimenté les yeux une minute avant (oui, j’étais absolument persuadé que c’était des yeux dont il parlait !).

Une demi-heure plus tard, nous passions sur scène chacun notre tour afin de démontrer à tous nos talents de musicien-chanteur, mais en particulier à nous-mêmes puisque c’était à la base un défi entre moi et ce barman dont je connaissais à présent le prénom : Nate. Et mes performances au piano, à la guitare et au chant ne passèrent pas inaperçues. Je n’étais pourtant ni chanteur, ni musicien (mon boulot consistant à rester toute la journée devant un ordinateur à bidouiller des chiffres et algorithmes), mais dans mon malheur, j’avais eu pour certains la chance de grandir dans une famille avec un don pour la musique. En bon Texan, mon père avait l’habitude de jouer de la guitare dans des bars country et il m’avait bien évidemment appris sa passion dans l’espoir de me la transmettre, ce qui avait foiré complètement. Quant à ma mère, elle était professeur de piano à ses heures perdues, il aurait été donc honteux pour elle que ses enfants ne sachent pas jouer de cet instrument. Par contre, j’avais appris la batterie tout seul lors de mes longs séjours dans les « summer » camps auquel mes parents me forçaient à aller tous les ans. C’était à l’époque un défouloir très efficace qui me permettait de survivre à ce calvaire de « guérison ». Je n’avais malheureusement pas eu l’occasion de lui montrer ce talent qui relevait d’un exploit personnel, mais je n’allais pas non plus dévoiler mes dons en une soirée, c’était impossible.

- Not a chance, répliqua alors Nate, en éclatant de rire face à ma prétention. Alors ? Vos avis ? interrogea-t-il ensuite la salle qui hurla tout un tas de choses incompréhensibles. Ouais... C'est compliqué de voter quand on a le nom que d'un des participants. Ils votent comment, Barman contre Playboy ou... ?

Un sourire vint élargir mes lèvres et je tournai un regard amusé vers Nate. Amusé par la façon dont il me demandait mon prénom, comme si cela ne l’intéressait pas vraiment, mais qu’il en avait juste besoin pour les votes. Je savais très bien qu’il n’avait pas besoin de mon prénom pour récolter les votes (il pouvait très bien me désigner d’une main et attendre la réaction du public). Il souhaitait juste mettre un nom sur mon visage, comme j’avais pu le faire avec le sien.

- TJ, me présentai-je alors, révélant le plus grand mystère de cette soirée (en dehors de ce qu’il y avait dans mon boxer). Mais Nate ne pourrait se vanter que d’avoir un surnom puisque mon véritable prénom été Tyler. TJ n’était que les initiales de Tyler Jayden, mes deux prénoms. Mais beaucoup de gens aimait m’appeler de la sorte – paraît-il que ça faisait plus « classe ». Mais j'aime bien Playboy, finis-je par dire avec une grand sourire. Ça me correspond mieux, tu ne trouves pas ?
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() message posté Mer 9 Juil 2014 - 19:49 par Nathanael E. Keynes
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Vendredi 11.04.2014 • le Barfly
Je crois que ce type est encore plus affamé que moi. Je veux dire, je crache clairement pas dessus quand je vois que je peux repartir accompagné, mais je suis quand même pas à ce point tout le temps en chasse. Bon, faut admettre que mon boulot me permet quand même d'avoir pas mal l'embarras du choix... et de voir un certain nombre d'intéressés venir directement à moi aussi, faut avouer. Marrant cet espècec de fantasme sur le type derrière son bar, j'ai pas souvenir d'avoir été comme ça quand j'étais encore que de l'autre côté... Enfin je m'en plains clairement pas, et là, je suis plutôt amusé du comportement de "Playboy". Faut croire que l'euphorie de la soirée fait passer sa visible misogynie au second plan. Quant à ses occupations pendant ces quelques heures d'attente, elles ne regardaient finalement que lui, et j'étais loin de m'en formaliser quoi qu'il en pense.

« Je te rassure : ça n’ira pas plus loin qu’un corps à corps sensuel habillé et peut-être quelques baisers.
- Bah tu fais bien ce que tu veux, hein, te prive pas pour moi voyons... »


C'est pas comme si moi, j'allais me priver non plus. Bon, je suis en service, alors effectivement, je risque pas de passer à l'acte même avec la brunette du bout du bar dont je croise d'ailleurs le regard ici, et à moins qu'il me fasse faux-bond, j'admets que c'est plutôt avec lui que j'ai envie de repartir. Question d'alchimie du moment, faut croire, si ça se trouve, un autre jour, elle aurait eu plus de chance que lui.

On a fini par monter sur scène, chacun notre tour et je dois bien avouer que je suis plutôt bluffé par sa maîtrise du piano - même si je n'en démordrais pas, j'ai rien à lui envier niveau guitare. Quant à nos qualités vocales respectives... Je crois que je serais bien incapable de me prononcer. Ca risque d'être tendu, tiens, pour nous départager ; agréable surprise.

« TJ. »

Roh t'es pas drôle... Je sais bien que Nate est un diminutif de Nathanael, mais à part avec quelques autres coquetteries orthographiques ou avec le prénom Nathan, y a pas trop de doute à avoir. Et moi j'ai droit qu'à deux initiales ? Mmmh... Je peux pas m'empêcher de jouer aux devinettes mentalement, bien que je sache pertinemment qu'il n'y a absolument aucune chance pour que je tombe juste, mais j'en montre rien, garde mon sourire tout comme il me le rend bien d'ailleurs, et me tourne à nouveau vers notre public, juste quand il rajoute.

« Mais j'aime bien Playboy. Ça me correspond mieux, tu ne trouves pas ? »

Sourire en coin de ma part, et un petit geste de la main qui veut tout dire, malgré l'absence de mots. Ouais, mec, ça te correspond pas mal, à ton avis, pourquoi je t'appelle comme ça depuis près d'une heure ? Je m'adresse donc finalement à nos juges du soir, sans jamais me départir de mon sourire et de ma bonne humeur. Y avait aucune raison pour que cette soirée ne se passe pas comme les autres, à la base, et je pensais pas qu'elle me laisserait un souvenir impérissable, mais je dois bien avouer que maintenant, j'en suis plus aussi convaincu.

« Alors qu'est-ce que vous en dîtes ? TJ ? »

Une salve d'applaudissements et de cris - notamment féminins, dommage les filles, vous n'avez aucune chance là... - assez impressionnante - et les RedDeath doivent être dégoûtés pour la peine - retentit, et moi je hoche la tête, une moue approbatrice sur le visage. Je laisse les réactions du public s'affadir un tout petit peu, et puis je me désigne simplement de la main, attendant leurs réactions... assez similaires. Je ne doute pas une seconde qu'il va affirmer avoir gagné, mais j'en suis objectivement pas aussi sûr. Je partirais bien sur quelque chose d'assez proche du ex aequo, mais je suis, là encore tout à fait conscient que l'ego de Playboy l'admettra pas vraiment. Je me tourne d'ailleurs vers lui, hausse les épaules et les mains, manifestant que clairement, je suis pas trop sûr de pouvoir nous départager, et attends tranquillement sa réaction. Zero chance qu'il se la pète pas un peu à présent, et je me demande à quel point il pourrait faire preuve de mauvaise foi...

Et puis je remercie les clients de s'être pliés à ce petit jeu, et je m'apprête à regagner mon comptoir. Paraît qu'il faut que j'y retourne à un moment... Pour quelques heures, donc, encore, et s'il est toujours aussi chaud que maintenant, je compte bien l'embarquer chez moi... Sauf que j'ai l'impression qu'ils sont pas mal à pas être trop d'accord pour que le show en reste là, et je pose un regard interrogateur vers TJ, donc. Et maintenant ?
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() message posté Jeu 10 Juil 2014 - 1:58 par Invité


Le jeune homme semblait se foutre totalement que j’aille m’amuser avec quelqu’un d’autre en attendant qu’il finisse son service. Il m’incitait même presque à le faire en m’indiquant de bonne grâce où étaient situées les toilettes du bar – comme si j’étais capable de baiser vite fait bien fait un autre gars avant de m’occuper des fesses qui m’intéressaient réellement. J’étais peut-être un salop sans cœur, ce genre de comportement ne me correspondait tout de même pas vraiment. En plus, à quoi bon me satisfaire déjà sexuellement avec un gars de passage – aussi beau et bon était-il –, alors qu’un canon de beauté m’attendait bien sagement, ravi de pouvoir rassasier mon appétit sexuel cette nuit ? Non, franchement, ce n’était vraiment pas mon genre de faire ça. Par contre, fricoter sur la piste de danse avec des hommes plus que consentants, absolument ! Bien sûr, je gardais toujours un œil sur ma véritable proie qui était en train de s’amuser avec ses bouteilles tout en offrant regards et sourires charmeurs à ses demoiselles décidemment trop stupides pour remarquer qu’il n’avait d’yeux que pour moi. Parce qu’il avait beau être très occupé, je savais parfaitement qu’il me regardait dès qu’il en avait l’occasion et cela ne me donnait que plus d’ardeur dans les bras de ses autres hommes pour lesquels j’aurais pu avoir un réel intérêt en une autre occasion.

- Alors qu'est-ce que vous en dîtes ? demanda Nate à l’assistance après que nous ayons tous les deux démontrés nos talents de musicien-chanteur devant une foule d’inconnus dont la moitié devait très certainement se foutre complètement de notre défi personnel. TJ ?

Des cris stridents résonnèrent alors de toute part dans la salle, et je ne pus m’empêcher de grimacer : non seulement, parce que cela faisait mal aux oreilles (j’avais d’ailleurs une théorie là-dessus : elles utilisaient leur cri pour ramollir le cerveau des hommes hétéros – qui était déjà gravement atteint par leur hétérosexualité – dans le but de les rendre encore plus gaga d’elles, sauf que cela ne fonctionnait pas sur un cerveau d’hommes gays et ne faisait alors que nous agacer…), mais aussi et surtout, parce qu’elles s’imaginaient très certainement en train de poser leurs mains dégueulasses sur mon corps d’Apollon et que la seule idée qu’un corps de femme – même habillé – puisse être en contact avec le mien me filait la gerbe… En tout cas, les réactions et encouragements du public semblèrent plus ou moins équivalents entre la performance de Nate et la mienne – même si la mienne était évidemment de loin la meilleure ! Et ce dernier ne savait d’ailleurs pas trop quoi en penser. Il remercia alors le public de s’être prêté au jeu et, pressé de quitter la scène pour se cacher derrière son bar – avait-il peur de rester trop longtemps sur scène avec moi ? Je savais que je l’avais quelque peu ridiculisé, mais quand même ! –, il fit un pas en direction de la sortie. Je pris alors la situation en main, ne souhaitant pas rester sur une égalité. C’était comme la finale d’une Coupe du Monde : après la fin du match, il y avait encore les prolongations (et puis, les tirs au but si aucune des deux équipes n’avait marqué, mais je préférais les tirs au lit, personnellement).

- Bon, eh bien… Il est difficile de nous départager, annonçai-je alors dans le micro. Même si je pense que vous n’osez pas me déclarer vainqueur parce que vous êtes des habitués de ce bar. Je comprends, fis-je avec un petit geste de la main pour montrer que ce n’était pas grave. Par contre, on peut peut-être prolonger ce défi avec un duo… Qu’est-ce que t’en dis ? me tournai-je alors vers Nate qui était déjà à mi-chemin du bar. Je pense que tes fans du bar peuvent patienter encore une petite chanson. Tu as d’autres fans ici qui n’attendent que toi. Et les cris de la foule confirmèrent mes propos. Je lui tendis alors un deuxième micro, l’incitant à le prendre du regard. Puis, je me tournai une nouvelle fois vers les musiciens afin de leur préciser la chanson que je souhaitais que l’on interprète, avant de me mettre en position. Tu vas adorer, j’en suis sûr, précisai-je à Nate avec un grand sourire tout fier. Et la chanson démarra.



J’avais commencé la chanson en changeant tout de même quelques paroles au passage (le « waitress » en « barman ») dans le but que cela corresponde mieux à notre situation. Quant à ma prestation sur scène, elle était tout à fait explicite : j’avais envie de ce type dans mon lit et il allait être dur d’attendre encore une heure et demie… Mais je pensais ne pas être en reste au vu des regards dévorants dont il m’infligeait. J’avais rendez-vous avec qui dans ce bar, déjà ?...
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Jeu 10 Juil 2014 - 8:06 par Nathanael E. Keynes
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Vendredi 11.04.2014 • le Barfly
Il pouvait bien se trémousser avec qui il voulait, je n'avais rien à en dire. Ca, c'était absolument sincère parce que l'un comme l'autre, on n'attendait rien d'autre que du bon temps ce soir, mais je n'avais peut-être pas été complètement honnête dans tout ça parce qu'au fond, qu'il aille satisfaire son appétit sexuel avec un autre gars en attendant que je sois dispo avait plutôt tendance à me reléguer à un statut de lot de consolation, en quelque sorte, et je n'avais pas vraiment très envie de passer juste derrière quelqu'un d'autre. Cela dit, là encore, je n'avais absolument rien le droit d'en dire, et je ne me le permettais d'ailleurs pas. N'empêche que je suivais assez bien ses allées et venues du coin de l'oeil, et que, donc, j'étais plutôt satisfait de ne le voir que flirter avec ces gars avec lesquels il passait le temps. Certes, un peu plus ardemment que moi avec mes clientes, mais ça aussi, c'était juste logique. Il n'avait aucune raison de se priver, et moi j'avais droit à un aperçu de son déhanché, plutôt très encourageant.

Ce qu'il faut savoir, c'est que outre jouer sur scène, j'adore danser. Et que là, très sincèrement, je ne pouvais pas m'empêcher de penser que j'aurais eu un partenaire de choix. C'est peut-être un peu étrange parfois pour ceux qui ne me connaissent pas encore de me voir autant jouer du rock, parfois assez hard, même, sur scène, autant que je peux me défouler à mon tour sur la piste et de la vieille pop à la rythmique plus que répétitive, sur des morceaux entendus douze millions de fois aux qualités musicales limitées... mais sur lesquels on a tous pu bouger à un moment, même s'il s'agit souvent d'un plaisir coupable, ou presque. Personnellement, je pense qu'il y a pas de mal à se faire du bien, et je m'en prive pas un instant. La preuve...

On est sur scène, et les cris qui retentissent pour chacun d'entre nous restent sans équivoque, le niveau est clairement monté d'un cran... enfin de plusieurs, mêmes, depuis que les morts rouges ont cessé de faire du bruit. Et sa grimace m'intrigue. Quoi, tu supportes pas une foule en délire Playboy ? Pourtant ils n'ont d'yeux (presque) que pour toi, là, profite... J'ai pas compris tout de suite que c'était à cause des doubles chromosomes X de la salle, il faudra plus tard qu'une fille essaie de le toucher pour ça. Non pour l'heure, c'est mon tour de profiter de l'acclamation du public, et clairement, je savoure. Comment on peut se passer de ça, une fois qu'on y a goûté, sérieusement ? A un moment, pourtant, il faut bien que je descende de scène, et reprenne mon job quoi... Même si oui, je préférerais clairement rester là, mais bon, on fait pas toujours ce qu'on veut.

« Bon, eh bien… Il est difficile de nous départager. Même si je pense que vous n’osez pas me déclarer vainqueur parce que vous êtes des habitués de ce bar. Je comprends... »

Je me disais bien qu'il pouvait pas le prendre de façon aussi fairplay, évidemment ! Et je me suis arrêté donc, pour me tourner à nouveau vers lui.

« Par contre, on peut peut-être prolonger ce défi avec un duo… Qu’est-ce que t’en dis ? Je pense que tes fans du bar peuvent patienter encore une petite chanson. Tu as d’autres fans ici qui n’attendent que toi. »

Immense sourire. Si je me fais virer Playboy, je t'en tiens pour entièrement responsable. Bon. J'argumenterai d'abord comme quoi la foule qui kiffe une prestation sur scène a tendance à consommer davantage que lorsque la scène est vide ou que c'est mauvais, mais tout de même... J'ai pas envie de me retrouver sans rien – les piges suffisent pas vraiment au quotidien encore. Mais je peux décemment pas refuser non plus, pas alors que la moitié de la salle hurle pour que je remonte sur scène voyons...

Y a un des types des RedDeath qu'est remonté avec lui, tout à l'heure, et qu'a accompagné son morceau avec une espèce de boîte à rythmes et une platine avec quelques sons sortis d'un clavier pas forcément moins ridicule que ceux typiques des années 80. Le seul peut-être vraiment intéressé par ce qu'il faisait sur scène, faut croire, et pour le coup, il est toujours là, dans l'attente, manifestement, si bien que quand je prends le micro, c'est vers lui que TJ s'est retourné pour lui indiquer un morceau, et quand la musique démarre, je me dis que je peux laisser ma gratte où elle est, j'en aurais pas vraiment besoin.

« Tu vas adorer, j’en suis sûr. »

Pas de commentaire de ma part, je l'écoute commencer à s'adresser très explicitement à moi en chanson... et pas que. Ses mouvements, parfaitement explicites aussi, ne trompent personne. Et moi je joue sur les paroles, réagis comme s'il me parlait vraiment. Un couplet, un pré-refrain, je le laisse faire, me contente de danser - ça aussi, c'est trop bon, putain ! - et donc de montrer ce dont je suis moi aussi capable avec mon corps d'éphèbe tout en jouant légèrement avec ses propres mouvements... Hum, discrétion zéro mais... A ce moment-là, ça m'importe peu... Et puis, je l'accompagne au chant sur la fin du pré-refrain et le refrain. C'est pas comme si j'avais pas l'habitude de faire les choeurs, en même temps. Un couplet à mon tour où je suis plus qu'expressif - après tout, je travaille vraiment dans un bar à cocktails, et il faut bien admettre que ces paroles me correspondent plutôt bien, à part que cinq ans avec la même personne, à l'heure actuelle, c'est juste absolument pas d'actualité, même cinq jours, je crois pas que ce soit près d'arriver - et on a repris le reste ensemble, jusqu'au bout. Et quand la musique s'arrête, que nos deux voix mêlées retentissent encore une fois avant que le silence retombe - et soit coupé par de nouveaux cris -, je lui tends la main pour la serrer, avant de le re-présenter à la foule, genre il est tout seul sur scène, vas-y gars, savoure ton heure de gloire. J'ai beau avoir un certain ego, je crois que je suis assez fairplay quand même, et surtout, j'ai pas spécialement besoin de le flatter davantage, mon ego, ce qui n'a pas l'air d'être son cas à lui, et puis... Si ça lui fait plaisir de croire qu'il est le meilleur. Moi je sais ce que je vaux, et je me suis éclaté, c'est tout ce qui m'importe.

« TJ ! »

Grand sourire de ma part comme je repose le micro, et puis sans rien dire, mes doigts se replient pour que ma main ne forme que le chiffre deux. Deux heures du mat', ouais. Te sauve pas Playboy, parce que tu connais déjà très bien la réponse à la question qu'on vient de poser en boucle pendant trois minutes, et je serais très déçu que tu me fasses faux bond au dernier moment. Et toi aussi, j'en suis sûr.

Cela étant, le bar m'appelle, et mes collègues surtout.

« Et la rockstar, maintenant que t'as fini de te la péter, tu viens faire un cosmo à la dame, s'teuplaît ?
- Avec le plus grand des plaisirs, Milady... »


Euphorique. Y a pas d'autre mot : dès que je descends de scène, je le suis. Milady a l'air songeuse un instant tandis que je lui prépare son cocktail, et elle finit par lâcher le morceau. Et pour le coup, par légèrement faire redescendre ma bonne humeur...

« Il vous veut vraiment, hein ?
- Ca a l'air...
- Et ça vous dérange pas ?
- Ca devrait ? Je crois pas qu'il soit le seul dans cette salle, tous sexes confondus...
- Certes, mais... Les gens risquent de croire...
- ...que je suis un type très tolérant, ouais. »


A aucun moment, je me suis départi de mon sourire, et tout est dit sur le ton de la conversation la plus banale et bon enfant, mais avouons-le, ce genre de réflexion me saoûle profondément. Déjà, je fais bien ce que je veux avec qui je veux, ça regarde personne. Ce petit jeu, en plus, ne fait de mal à personne, alors de quoi se mêle-t-on ? Et puis surtout... Ce qu'il en ressort, ça reste encore une homophobie latente, et merde, on est plus au Moyen-Âge quoi ! La fille a pris son cocktail, m'a remercié avec un sourire un peu contrit, et est retournée à sa table de copines. Est-ce que je lui demande si elle finit la nuit dans les draps de la rouquine qui l'accompagne et la dévore des yeux, moi, hein ? Non, même si ça pourrait très certainement me faire fantasmer, mais passons. J'ai une autre cible pour la soirée, il paraît... que je peux pas m'empêcher de chercher du regard à ce moment-là, comme si j'avais besoin de m'assurer de sa patience, encore. Manquerait définitivement plus qu'il se barre à présent, ça serait le bouquet...
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