Dogs are the best ! [Clare]

La réflexion se fait. Le monde est gris, pas seulement les bâtiments et le ciel, sans parler des gens qui déambulent inlassablement dans les rues, mais il y a tellement plus derrière ce mot. Tu vois la fumée des cigarettes qui s’envolent de temps à autres parmi la foule, et tu penses à ce mot, ceux qui fument sont les plus courageux. Ceux qui n’ont pas peur de braver le froid pour pouvoir allumer ce petit tube qui était coincé entre leurs lèvres. Il y a aussi la fumée des voitures, des bus, des motos, et de tout engin à moteur qui passe dans le coin en faisant chauffer leurs moteurs, et en animant un peu plus la capitale de ces bruits vrombissants. Puis il y a la fumée des cheminées, à l’approche de l’hiver, les gens commencent à se chauffer pour ne pas mourir dans leurs petites maisons ou leurs grands appartements. Et tout le monde semblait suivre ce code couleur sombre et quelque peu déprimant.
Puis des fois, parmi cet amas de gens, on pouvait apercevoir une demoiselle aux cheveux noirs corbeau qui marchait avec eux, une écharpe rose et noir autour du cou, un t-shirt à motif coloré et des baskets rose pale. Elle était loin de se fondre dans la masse avec sa peau claire et son rouge à lèvre bordeaux, mais elle le vivait bien.

Clare profitait donc de cette jolie journée grise pour sortir un peu de son appartement où elle venait de finir d’enregistrer ses vidéos pour la journée, histoire de prendre l’air et de voir comment le monde évoluait. Voir si l’apocalypse était arrivée depuis sa dernière sortie en ville, mais il ne semblerait pas. Son cheminement l’emmena donc à un café pour pouvoir prendre en gobelet de chocolat chaud, histoire d’avoir un peu de compagnie et quelque chose de tout chaud pour ne pas se faire mordre trop fort par le froid qui régnait. Puisqu’elle n’avait pas de but précis en sortant le matin, elle pouvait prendre son temps à un coin de rue pour réfléchir à quoi faire. Se poser quelque part et regarder le monde continuer en appréciant les émotions et les contacts humains, ou trouver autre chose à faire, comme les boutiques ou  autre. Ces pensées lui permirent donc de boire un peu de chocolat, se brûlant à peine les lèvres avec. Elle n’avait pas assez de patience pour le laisser refroidir.

Mais ses réflexions ne la menèrent nulle part, puisque la vue d’une petite boule de poil essayant de partir en vain d’une ruelle fit se serrer son pauvre petit cœur, qui ne put résister autrement qu’en la laissant marcher jusqu’au chien, s’accroupissant devant lui pour le caresser avec plein d’amour. Et ayant mis le chocolat hors de portée de n’importe quel coup de la demoiselle, comme du chien. Il était attaché à la benne, et ça révoltait Clare qui crevait d’envie de le détacher et de l’emmener avec elle autre part. Quitte à le garder et à vivre avec, non mais. Elle caressait énergiquement le chiot en souriant largement, et se faisant lécher et mordiller les doigts. Sa journée devenait un peu plus parfaite par ce petit bonhomme. Un bruit de liquide qui tombe, la faisant sursauter en lâchant un petit cri, puis des excuses, elle regarde le jeune homme qui lui parle. Et c’est le bug.  Il aurait pu partir en monologue qu’aucune réaction n’aurait pu arriver sur son visage.
Petite de base, et étant accroupie,  il lui paraissait étonnement grand, mais ce qui la faisait arrêter de fonctionner était autre chose. Il était sacrément mignon. Genre, arh, il était blond quoi, et rien que ça aurait pu suffire à la faire tomber amoureuse, mais là, elle restait accroupie, à le fixer, les lèvres entrouvertes et les joues roses. Non Clare, c’est pas le moment, reprend toi, dis quelque chose au lieu de le fixer ainsi !

« Oui ! Enfin… Non, c’est pas mon chien, non ! » Petit facepalm avant de reprendre, se concentrant plus sur le sujet de la conversation que sur le jeune homme, fixant le chiot du coup. « Mais qui pourrait laisser ce magnifique petit jellybean là, tout seul.. Je veux dire, il est trop adorable ! Puis c’est injuste que les gens soient aussi stupides pour l’abandonner comme ça ! Fallait pas le prendre si on le veut pas et puis-… »

Elle continua donc de râler plus bas, papouillant la petite bête qui ne semblait pas tout comprendre de ce qu’il se passait autour d’elle, mais qui semblait content quand même. Juste de pouvoir voir des gens et de pouvoir recevoir de l’amour. Clare était révoltée face au fait que ce Buzzy soit ainsi attaché à la benne. Et elle ne tarda pas à détacher la laisser, la gardant en main pour éviter qu’il s’échappe. C’était ça la raison qui la faisait détester d’être humaine parfois…

Des fois, il ne suffisait pas de grand-chose. Un petit pas grand-chose qui rendait les choses un peu plus spéciales aux yeux des gens. Pour Clare, il lui suffisait d’avoir vu les cheveux du jeune homme pour s’être déconnectée de la réalité. Elle avait un faible pour les blonds, ce n’était un mystère pour personne, mais la plupart du temps, quand un blond lui parlait, elle tentait de ne pas se fixer seulement sur ses cheveux. Mais là, la surprise s’étant installée, elle n’avait pas pu se retenir, causant ainsi un long moment de flottement où elle l’avait dévisagée. Une fois reprise en main, les choses semblaient un peu plus simples. Et une fois Buzz détaché aussi, ça semblait plus simple.
Le jeune inconnu alterne son regard entre le chiot et la brunette, avant de finalement poser sa question, qui lui semble tout à fait logique quand elle voit à quel point il semble vouloir prendre soin du chien sans vraiment le pouvoir. Alors elle sourit simplement, gratouillant derrière l’oreille de la petite bête.

« Si je ne trouve pas un refuge qui m’inspire confiance dans les environs, je le garderai chez moi avant de le ramener chez mon père. Disons que même si j’ai absolument envie de craquer pour cette fabuleuse petite bouille, je ne pourrai pas le garder éternellement dans mon apart. Puis je pense que la campagne pourrait lui plaire.. »

Elle réfléchissait en même temps que parler. Elle espérait quand même pouvoir le mettre dans un bon refuge, pour espérer le voir dans une bonne famille aimante. Ce qu’elle ne garantissait pas toujours avec son père. Mais avec les domestiques de son père, elle était sûre qu’il aurait tout l’amour qu’il lui fallait. Mais bon, elle ne préférait pas se jeter dans des décisions trop hâtives.
Il lui tendit la main, et elle le regarda en prenant un large sourire blanc, et plein de dents. Le sourire typique de la demoiselle. Mais elle se rendit vite compte que le dénommé Kit la regardait avec ce regard du genre « Je la connais, mais d’où ». Elle était assez habituée à ce regard, à force de monter dans la popularité de Youtube, elle n’était pas totalement inconnue du petit monde Londonien. Et ce n’était pas rare non plus que les gens s’arrêtent pour lui demander un petit selfie en passant. Ce qui fait toujours plaisir en soi. Mais Clare ne se limita pas à ce regard et lui serra doucement la main en souriant, le coupant dans sa tirade.

« Je suis Clare Brett, et j’accepte de te donner mon nom. Donc enchantée Kit, et c’est avec plaisir que je te laisse m’aider à trouver une nouvelle maison à Buzzy »

Toujours de trop bonne humeur, elle lui lâcha rapidement la main pour venir caresser Buzz, gardant quand même la boucle de la laisse attachée autour de son poignet. On était jamais trop sûr qu’il ne se barrerait pas.

Continuant de caresser le chiot, elle sentait le regard de Kit sur elle. Ça ne la dérangeait pas plus que ça, après tout, on avait toujours besoin de regarder les gens pour commencer à se faire une idée sur eux, commencer à s’imaginer des choses sur eux, que ce soit vrai ou faux. C’était aussi pour ça qu’elle tentait de ne pas le regarder fixement, et de se poser ses propres questions de son côté, sans essayer de les deviner en le dévisageant. Puis après tout, elle avait été la première à le dévisager, donc en soi, elle était assez mal placée pour lui faire une réflexion quelconque.
Clare le vit sortir un paquet de cigarettes de sa poche, et avant qu’elle ne lui propose un briquet, il était parti en chercher un au croisement des deux rues. La demoiselle ne fumait pas, mais pourtant, elle gardait toujours un briquet dans son sac à main. Parce que dieu sait que c’est pratique pour plusieurs raisons. Premièrement, elle peut toujours dépanner les gens, et ça en valait le coup. Deuxièmement, c’est pas mal pour engager la discussion avec un beau mec qui fume et qui a besoin d’un briquet. Et dernier point, s’il y a besoin de brûler quelque chose, au moins elle l’avait. Et même si elle doutait que le jeune homme soit célibataire, la situation était un bon mix entre la première et la deuxième situation.

Il revint en s’excusant, et Clare secoua simplement la tête, comme pour lui dire que ce n’était rien, continuant de donner des papouilles au chiot qui semblait bien les apprécier. Elle profita du court silence pendant lequel elle observa le gobelet vide plus loin, et elle eut un petit sourire en lui jetant un regard.
« Une fois la solution pour Buzzy trouvée, tu veux qu’on se prenne un café ensemble. Genre, chez moi ou dans un café, ça peut être cool ? »
Une fois la phrase annoncée, elle se rend compte d’à quel point ça donne l’impression qu’elle le drague. Super subtil ça Clare. C’était pas son premier but en lui proposant ça, alors elle espérait sincèrement qu’il ne le verrait pas comme ça. Ou que ça ne le dérangerait pas d’aborder la chose ainsi. La demoiselle reprit les caresses sur la tête du chiot en l’écoutant parler des refuges et du fait de le ramener chez son père au Canterbury, et elle grimace légèrement. Sortant son téléphone pour voir les refuges de Londres. Ignorant la fumée qui lui était brièvement arrivée au visage.

« Je pense quand même qu’un refuge lui irait mieux. On se connait depuis une demi-heure tout au plus, alors disons qu’on ne s’est pas vraiment adoptés non plus… Mais que je le mette en refuge ou chez mon père, je le verrai tout autant, alors je préfère le confier dans une vraie famille qui l’aime vraiment… Pardon d’aborder le côté personnel comme ça, fiuh, c’était un peu abrupte ahah »

Tap tap tap, ce sont les bruits des ongles de la demoiselle sur l’écran de son téléphone, tapant rapidement des mots ou même des adresses complètes pour chercher un maximum d’information sur le net. L’avantage avec le fait d’être familière avec le net, était qu’elle savait ce qu’elle faisait, qu’elle maîtrisait sa réflexion et que la technologie et les algorithmes de ce petit appareil n’avait plus vraiment de secret pour elle, depuis le temps. Cette aisance lui permettait aussi de pouvoir naviguer rapidement entre les sites, en pouvant néanmoins répondre à Kit, ou à continuer son fil de pensées personnel, à propos de choses parfois bien différentes du sujet de recherches.
Alors elle continuait de rechercher, avec son permanent sourire au visage, et continuant de caresser Buzz avec la main qui tenait la laisse, elle n’avait donc aucune main de libre. Pratique tout ça. Alors elle parle un peu de son père avant de dire que bon, c’était pas super soft comme sujet Et la réponse du blondinet lui accrocha davantage son sourire aux lèvres
« Nah, la famille c’est jamais super simple, un rien peut la faire voler en éclat, comme elle peut très bien la réunir, rien n’est vraiment constant avec les familles de toute façon. Puis c’est vrai que ce sera cool si tu pourras aussi le voir, je suis sûr que Buzz restera toujours un peu attaché à son sauveur. Le premier à l’avoir vu attaché à cette benne. »

Riant doucement à la fin de sa phrase, elle lui fit un clin d’œil. Avant de reprendre à nouveau ses recherches, cherchant vraiment le meilleur refuge du coin, le mieux notés en moyenne, parmi tous les sites qui l’affichaient. Mais son fil de pensées fut brusquement interrompu en se faisant lécher la joue par le chiot, la faisant lâcher quelques « Yuk » un peu dégoûtés. Malgré la bouille adorable de la bestiole, les léchouilles sur le visage n’était pas forcément quelque chose qu’elle affectionnait vraiment, alors elle le caressa un peu plus, le remettant de nouveau à l’écart, alors que Kit parla de prendre un café juste à côté.
« Avec grand plaisir, puis ça nous donnera un peu de temps pour pouvoir un peu discuter, ce serait sympa. Histoire d’en savoir un peu plus sur l’autre ? »

Elle accompagna ses paroles d’un joli sourire pour que ça ne passe pas trop comme une phrase de drague non plus, puis elle se remit debout, lui tendant son téléphone avec l’adresse d’un refuge et l’itinéraire en temps réel affiché juste en-dessous.
« Oui c’est bon, ce n’est pas trop loin non plus. On peut s’estimer heureux de vivre à Londres quand même, là où les choses ne sont pas à des heures interminables de trajets. »