Do you want a coffee? [libre]

Do you want coffee

"Samuel, tu me gonfles ! " Dans la cuisine, je balance mes céréales dans le fond du placard. Mon père et moi, on ne s'entend pas, c'est indéniable. Il me regarde longuement tandis que je range mon bol sans aucune délicatesse. "T'es même pas capable d'acheter du lait pour mes céréales et tu veux que j't'appelle papa ?!" Je sais que c'est mal de parler ainsi aux personnes qui devraient être les personnes les plus importantes pour moi, mais je n'y peux rien. Je lui en veux. Et c'est pas comme si un jour, il avait vraiment essayé. Sans arrêter de l'observer, je laissais mon corps se mouvoir dans l'espace tandis que j'attrapais mon sac, il était temps pour moi de partir, de commencer à explorer l'univers nouveau dans lequel j'allais devoir évoluer. J'attrapais les clés du loft puis me retourna afin de regarder l'homme qui m'avait donné la vie. "Tu sais quoi Samuel. T'es une putain de grosse blague." Je refermais la porte derrière moi.

Sur le chemin de ma prison éducative, je réfléchissais. Je pensais à ma mère à sa vie solitaire, à mon père, un peu à côté d'la plaque, coureur de jupon avec un mioche qu'il connaît pas sur les bras. Je pense à moi, jeune adulte en devenir, en pleine période de crise existentielle, allant en cours pour devenir une vieille adulte aigrie sans rêves, en tailleur serré, et cravate autour du cou. Je n'ai pas envie de grandir, ni de vieillir d'ailleurs. Je n'ai pas envie de m'enfermer dans le train train quotidien londonien. J'ai envie de rester bloquer. J'ai attrapé une cigarette de mon sac et la porta à mes lèvres, mordant le filtre entre mes dents avec délicatesse tandis que de mes doigts, j'allumais la flamme d'un briquet. Le parfum de la cigarette dans la bouche, c'était comme une renaissance, comme si tout à coup, les petits soucis s'envolaient et s'évaporaient dans la nature. Ma vie était polluée.

Le ciel gris annonçait la pluie en cette matinée, et arrivée en face de mon école qui semblait de plus en plus petite, oppressante, je faisais demi tour, me laissant porter par le hasard, comme si je ne voulais plus réfléchir de mon destin. J'ai marché probablement longtemps, mais pour tout dire, je ne sais pas, je n'ai pas fait attention. Emportée par mes pensées, j'ai juste marché. Observant les silhouettes subtiles des habitants de Londres, les anglais si étranges, et si rafraichissants. Mon estomac cri famine alors que je passe devant un petit café du quartier de Camden. Mais alors que je m'engage vers le comptoir, mon téléphone sonne, c'est la marche impériale, qui résonne dans la petite poche de mon jean. "Samuel ?" Il hurle, il sait que je ne suis pas en cours. Je continue d'avancer. J'essaie de me défendre, de lui parler, mais à présent, je ne l'écoute plus. J'ai hurlé, c'est chaud ! Je raccroche. Mon chemisier blanc recouvert de café, mes chaussures aspergées. Je pose mon regard sur la personne que je viens de percuter. "Bordel !" Il s'excuse, platement. Je me calme un peu, il n'y est sans doute pour rien, c'est peut-être moi, qui n'est pas regardé. J'en sais rien. Autant éviter les conflits. C'est bien. "Oui, j'ai remarqué. Mais, ça fait rien, j'vais juste acheter un autre tee shirt. Et heu, ça va. Et toi ?" Je range mon téléphone dans mon jean avant de me concentrer sur le garçon. Il a un visage juvénile, peut-être un peu fétiche, malgré le fait qu'il paraisse plus âgé. Je ne lui donnerais pas plus de vingt cinq ans. Je croise les bras, attendant.