ft. nava eaton & abigaïl reynolds
Abigaïl n'était pas du genre à garder le contact avec ses amies mannequin. Depuis neuf années consécutives qu'elle exerçait ce métier difficile, elle n'avait eu que quelques amis réels, quelques uns qui avaient su se montrer dignes d'elle, et de sa froideur légendaire. Même en amitié, elle restait froide et distante, sauf quand les personnes en question en valaient la peine, ce qui s'était révélé, finalement, assez rare. Il n'y avait qu'avec la gente masculine que la belle Abigaïl réussissait à se lâcher rapidement, surtout lorsqu'il s'agissait d'entrer dans un jeu de séduction. Mais pour l'heure, il n'y avait personne qui daignait l'intéresser.
Ce jour-là, elle avait reçu un message privé d'une vieille connaissance à elle. Il s'agissait d'une amie qu'elle s'était faite à ses tous débuts dans le mannequinat, qui avait presque été son mentor sans trop s'imposer. Elle avait un peu plus d'ancienneté qu'Abigaïl, et avait reçu de sa part quelques conseils qu'elle n'avait toujours pas oubliés et qui rythmaient toujours son travail. En effet, Amy était restée très importante dans la vie d'Abigaïl, jusqu'à ce qu'elle sorte complètement du milieu, en ayant assez de mener une vie trop irrégulière pour elle. Sa blondeur platine ne suffisaient plus à la faire reconnaître, et les contrats ne se bousculaient plus : elle pensait être devenue trop âgée et avait arrêté les frais avant que le métier ne la dégoûte complètement de son physique. Abigaïl avait été plutôt triste de perdre le contact avec cette amie si chère à ses yeux. Elle faisait partie des rares qui avaient su toucher le coeur d'Abigaïl par leur sympathie, et elle avait réussi à rendre Abigaïl plutôt aimante, ce qui était un exploit.
C'est pour cela que des années après s'être presque oubliées, Abigaïl fut enchantée de recevoir un message privé d'Amy. Bien sûr, la culpabilité lié à son manque de prise de nouvelles la fit hésiter à donner suite, mais elle finit par se décider à lui répondre. Amy lui donna rendez-vous à Greenwich afin qu'elles puissent se parler et échanger sur toutes les années qu'elles avaient passées sans s'adresser la parole. Ce n'était pas pour autant qu'il ne fallait pas reprendre contact !
Abigaïl avait hâte d'entendre les récits d'Amy sur sa nouvelle vie, loin du mannequinat. Elle avait sûrement dû faire face à une reconversion professionnelle, ce qu'Abigaïl devrait certainement faire elle aussi d'ici quelques années, lorsqu'elle sera devenue obsolète dans le métier. Pour ce rendez-vous, elle s'habilla le plus simplement du monde : une jupe assez courte sur des collants noirs transparents avec une paire de bottines à talons, et un chemisier blanc. Elle enfila par-dessus l'une de ses vestes en cuir et laissa ses cheveux lâchés. Elle se maquilla à peine, de toute façon elle se rendait dans un endroit où elle ne risquait pas de croiser les paparazzis habituels donc elle n'avait pas à être plus que présentable. "Pourquoi Greenwich ?" se demanda-t-elle en montant dans sa voiture personnelle. Elle aurait amplement préféré qu'Amy lui donne rendez-vous dans un café chic en plein centre, ou bien lui propose d'aller déjeuner, voire même boire un verre en soirée.
Dimitri, le chauffeur personnel d'Abigaïl, la conduisit bien vite à l'endroit énoncé par Amy. Elle descendit en le remerciant, le priant de l'attendre et précisant qu'elle n'en aurait que pour une heure ou deux. Du moins, elle l'espérait, car elle avait un gala le soir-même et il lui faudrait deux bonnes heures pour se préparer. Elle ne voudrait pas rentrer trop tard.
Abigaïl pénétra dans le parc, son sac à main sur l'épaule. Elle avait gardé son smartphone en main au cas où Amy lui écrive, ou au cas où elle se perde dans le parc.
Elle suivit le chemin, comme énoncé le matin-même par sa vieille amie, et parvint sur l'une des hauteurs du parc. Elle vit, droit devant elle, un banc libre sous un grand chêne, à côté duquel se tenait également une crinière blond platine qui lui était familière. D'humeur joueuse, et voulant marquer le coup, Abigaïl se rapprocha le plus silencieusement du monde de la jeune femme qui lui tournait le dos, admirant certainement la vue sur la ville. Elle leva les mains et les plaqua sur les yeux de celle qu'elle avait reconnue comme étant son amie.
- Hey, devine qui c'est ? La personne se débattit et se retourna, et Abigaïl fut partagée entre l'étonnement et la honte. Ce n'était pas Amy du tout.
@Nava Eaton