La famille passe avant le reste. ft. Charles A. Edwards.

La famille passe avant le reste.

Nicole Carmichael & Charlie A. Edwards

Une boule au ventre et le coeur lourd, Nicole faisait les cent pas devant la voiture sous l'oeil du chauffeur qui restait silencieux, attendant qu'elle termine sa petite crise d'angoisse. Elle était rentrée la vieille à Londres avec son père et avait bien évidemment prévenu Charlie de son retour. C'était son parrain, mais elle le considérait aussi comme un second père et également comme son meilleur ami, étant le seul qu'elle ait jamais eu par ailleurs. Elle ne l'avait pas vu depuis ses onze ans, date où elle était partie avec son père pour le suivre partout dans le monde, abandonnant la maison familiale et ainsi donc son parrain. Celà lui avait brisée le coeur de le faire à l'époque car il avait toujours été présent quand son père ne l'était pas, il l'avait toujours réconfortée quand elle était triste et surtout, il avait prit soin d'elle comme un véritable père en compagnie de la gouvernante qui elle, tenait le rôle de seconde mère. Mais même si elle l'adorait plus que tout, son père lui manquait énormément à ce moment-là et le rejoindre lui semblait la meilleure chose à faire. Mais à présent, alors qu'elle était devant la voiture qui la mènerait au lieu où ils s'étaient donnés rendez-vous pour rattraper le temps perdu, elle était prise d'une furieuse envie de se cacher sous son lit et de ne plus sortir de sa cachette.

Elle se demandait avec angoisse si il lui en voulait énormément d'être partie, si il lui en voulait de ne pas avoir prit de nouvelle de lui mis-à-part en de rares moments, et si il lui en voulait de revenir comme une fleur en l'appelant juste la veille de son arrivée pour le prévenir. Elle était morte de peur à l'idée qu'il lui en veuille énormément et qu'il soit froid avec elle. Car la seule raison pour laquelle elle ne l'avait pas contacté durant ces cinq dernières années, c'était par peur de vouloir prendre le premier avion pour rentrer chez elle. Elle aimait énormément Charlie, et l'avoir au téléphone alors qu'elle était à des milliers de kilomètres l'aurait anéantie. Elle s'était alors contentée de lui envoyer un mail tous les deux-trois mois, en restant brève et détachée, comme si elle ne souffrait pas de cette séparation alors que c'était tout l'inverse. La première année, elle avait beaucoup pleurer le soir quand elle allait se coucher et qu'elle ne pouvait pas lui dire bonne nuit. La deuxième année, elle avait été dans une sorte de coma en permanence, elle voyait et entendait mais ne pouvait ni ne voulait répondre. Pendant la troisième année, elle était un peu plus heureuse que d'habitude, mais elle avait encore du mal à sourire réellement ou à passer une journée sans se demander ce que faisais son parrain. Et enfin, durant les deux années suivantes, elle avait réussie à se faire à l'idée qu'elle ne le verrait peut-être plus jamais et avait alors arrêté de lui écrire, espérant pouvoir oublier ce deuxième père comme si il n'était rien de plus qu'une connaissance.

Mais quand elle était descendue de l'avion et avait reposé les pieds sur sa terre natale, elle avait tout de suite pensé à Charlie et au fait qu'il lui manquait énormément. Elle l'avait alors appelé et, à sa plus grande joie, il avait l'air content et l'avait même invitée au restaurant. Au départ, elle n'était pas stressée, elle se disait qu'après tout il ne pouvait pas lui en vouloir car ce n'était qu'une petite fille à l'époque et qu'elle avait besoin de son papa chéri. Mais maintenant, alors qu'elle grimpait à contre-coeur dans l'Audi noire et que le chauffeur prenait place derrière le volant, elle se demandait si elle ne s'était pas trompée et si ce dîné allait virer au règlement de compte. Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir bien longtemps car en une dizaine de minutes, la voiture atteignit sa destination et Nicole n'eut d'autre choix que de sortir du véhicule, enserrant fortement la bandoulière de son sac à main à cause du trac. Elle finit néanmoins par entrer dans l'établissement, ses talons claquant sur le sol à chacun de ses pas. Il y avait pas mal de monde en ce dimanche soir mais ce n'était pas étonnant, les gens profitaient de leur week-end pour passer du temps avec leur proches. La jeune fille regarda timidement autour d'elle, espérant reconnaître rapidement son parrain car l'idée de rester plantée là lui faisait froid dans le dos.

La famille passe avant le reste.

Nicole Carmichael & Charlie A. Edwards

Nicole, assez mal à l'aise de rester sans bouger, jetait des coups d’œil de part et d'autre du restaurant, sans laisser son regard fixer quelqu'un ou quelque chose trop longtemps. Elle n'avait jamais vraiment été à l'aise dans la foule, et cela avait empiré au fil des années étant donné qu'elle ne parlait à presque personne. Non pas qu'elle n'avait jamais essayée, mais à cause de l'attitude surprotectrice de son père, elle avait commencée très tôt à craindre les gens qu'elle ne connaissait pas et à être méfiante à leur égards. Cela lui avait d'ailleurs valut plusieurs moments de gêne quand des jeunes de son âge venaient l'aborder dans la rue et qu'elle ne pouvait faire autre chose que s'enfuir à toutes jambes sans leur répondre. Mais au bout de plusieurs années de pratique assidue, la jeune fille avait finit par comprendre comment disparaître, se fondre dans la foule ou se rendre invisible tout simplement. Elle n'osait même plus regarder quelqu'un d'inconnu trop longtemps dans les yeux même si cette personne se tenait très loin d'elle. Elle était morte de trouille à l'idée que quelqu'un puisse vouloir lui parler. 

Bien sûr, cette "peur" inquiétait très sérieusement son père qui se sentait fautif de l'état de sa fille chérie. Nicole l'avait rassuré de nombreuses fois à ce sujet, lui assurant qu'il n'était en rien coupable mais qu'elle n'arrivait juste pas à ce faire d'amis. Et bien entendu, il avait fait la sourde oreille et s'excusait assez souvent de l'avoir privée d'une adolescence normale et de devoir déménager aussi souvent. L'adolescente avait fini par arrêter d'essayer de le rassurer. Tout d'abord car cela était une entreprise vaine, mais aussi car au plus profond d'elle-même, elle voulait qu'il s'en veuille de l'avoir rendue aussi craintive de l'espèce humaine. Cela avait été son choix de partir avec lui durant l'année de ses onze ans, mais elle ne pouvait s'empêcher de se dire que si son géniteur avait refusé de l'emmener avec lui, elle aurait peut-être pu se construire une vraie vie à Londres, se faire des amis et peut-être même intégrer une école.  Au lieu de ça, elle avait passée la plupart de son temps dans des aéroports et avait habitée dans tellement de villes différentes qu'elle ne pouvait même plus dire avec exactitude où elles étaient. Elle avait à peine le temps de défaire ses valises qu'elle repartait aussitôt, et au fil du temps, cela l'avait brisée d'une certaine manière.

Nicole sortit de ses pensées lugubres en sentant une main frôler son dos. Elle savait qu'il ne pouvait y avoir qu'une seule personne pour la toucher comme ça, mais elle ne put s'empêcher d'avoir un petit sursaut. Elle se tourna vers le propriétaire de la main et sentit ses yeux s'embuer de larmes. Enfin elle le revoyait, après tant d'années sans avoir de contact visuel avec lui. Il n'avait pas vraiment changé depuis tout ce temps, mais il semblait tout de même différent. L'âge commençait à marquer ses traits même si il n'était pas vieux du tout à ses yeux. La jeune fille s'était demandée durant tout le trajet jusqu'au restaurant comment elle allait saluer son parrain, ce qu'elle dirait en premier.. mais en croisant son regard et son sourire, elle n'y perçut aucune colère. Il ne lui en voulait pas. Un grand sourire étira alors ses lèvres et elle se jeta presque dans les bras de son parrain, glissant ses bras autour de sa taille pour le serrer fort. Nicole se mordit fortement l'intérieur de la joue, sentant un sanglot monter dans sa gorge, et dut s'éclaircir la voir une ou deux fois avant de pouvoir parler d'une voix enrouée par l'émotion.

-Tu m'a tellement manqué..

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Nicole Carmichael & Charlie A. Edwards

Cette étreinte rappella de nombreux souvenirs à la jeune fille. Comme les nuits d'orage quand elle était petite et qu'elle courrait voir son parrain pour qu'il la prenne dans ses bras et la protéges des éclairs. Ou encore quand son père lui manquait atrocément et qu'il la serrait contre lui jusqu'à que ses sanglots de tarissent et qu'elle finissent par s'endormir tout contre lui. Nicole s'était toujours sentie protéger dans ses bras, comme si le monde extérieur ne pouvait plus l'atteindre et comme si son amour la protégeait à tout jamais de ses peurs et de ses angoisses. Elle finit néanmoins par se détacher de lui, un sourire gêné aux lèvres tandis qu'il essuyait le début de larme qui perlait au coin de sa paupière. Docilement, elle passa son bras autour du sien et le suivit jusqu'au gichet, puis jusqu'à leur table, ne le quittant pas des yeux par peur qu'il disparaisse comme par magie et qu'elle se retrouve toute seule. Ce fut seulement quand ils furent assis à leur table qu'elle se détendit enfin et sourit vraiment. Elle sera sa main dans la sienne avec force avant de la reposer sur la table, ses doigts se triturant entre eux, montrant son stress palpable.

- Et moi je n'arrive pas à croire que tu ne m'en veuille pas d'être partie comme ça.. Je m'en suis tellement voulue de t'abandonner et de partir du jour en lendemain. Et je m'en suis encore plus voulue au fil du temps pour ne pas t'avoir véritablement contactée. Je.. je savais que ça ferait trop mal si je te parlais, que j'aurais envie de rentrer à la maison avec toi même si j'avais envie de rester avec papa. Quand je t'ai appelée, je m'attendais presque à ce que tu me raccroche au nez à vrai dire. elle lâcha un petit rire triste avant de continuer. Je pensais que tu serais en colère ou même blessé, et même si je ne l'aurais pas supporté, j'aurais parfaitement compris car je pense que je t'en aurais voulu un tout petit peu si tu m'avais abandonné de cette manière...
Oui, Nicole lui en aurait très certainement voulu.. mais pas bien longtemps. Cette constatation lui fit comprendre pourquoi son parrain lui-même ne lui en tenait pas rigueur. Il avait dû très certainement être déçu de son départ et peut-être même triste, mais les retrouvailles sont toujours quelque chose de merveilleux et à sa place, la jeune fille lui aurait pardonnée à la seconde où elle l'aurait retrouvé.

Son père aurait fait également la même chose. Celui-ci avait été d'ailleurs plus qu'heureux en apprenant qu'ils pouvaient retourner à Londres. Nicole n'avait pas été la seule à souffrir de la séparation avec Charlie. Il avait été assez déçu en apprenant qu'il ne pourrait pas se joindre à eux pendant ce dîner à cause du travail, mais la jeune fille devait avouer que cela l'arrangeait. Même si elle aimait son père plus que tout au monde, elle avait besoin de ces retrouvailles en face à face. Elle aurait été mal-à-l'aise si elle avait été en compagnie des deux hommes, comme si elle tenait la chandelle en quelque sorte même si il n'y avait absolument aucuns sentiments amoureux entre eux-deux. Cette idée lui tira un sourire amusé tandis qu'elle revenait dans le présent, abandonnant ses pensées pour plus tard. Elle ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Elle avait tellement de choses à raconter à son parrain, elle voulait lui dire tout ce qu'elle avait vu durant ses voyages, lui montrer des photos souvenirs, l'impressionner en lui parlant dans une langue étrangère et pleins d'autres choses du même genre.

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Nicole Carmichael & Charlie A. Edwards

- Si tu savais, j'ai tellement de choses à te raconter ! commença-t-elle avant de chercher par quoi commencer. Papa a dû aller au Japon pendant quelques semaines il y a quatre mois et je l'ai accompagné bien évidemment. C'est tellement grand là-bas et tellement différent de Londres, à croire qu'on est sur une autre planète ou même dans un autre univers. On a logés dans un appartement en plein Tokyo pas loin de la Tokyo Tower.. d'ailleurs elle ressemble énormément à la Tour Eiffel de Paris mais elle est rouge et blanche. Enfin bref. J'aurais bien aimé rester plus longtemps là-bas, leur culture est tellement inédite et intéressante, et leur langue est magnifique.. mais papa avait du travail ailleurs donc on n'a pas pu rester.. elle se tût brusquement, mettant ses mains sur sa bouche. Je parle un peu trop non ? Désolée.. elle partit d'un rire gêné.

Pour se donner contenance, Nicole tapota ses doigts sur la carte que le serveur avait apporté quelques minutes plus tôt. Elle n'y avait pas encore jeté un œil, se fichant un peu de la nourriture pour tout dire. Elle voulait tellement rattraper le temps perdu avec son parrain qu'elle serait capable de ne pas manger pour ne pas perdre une seconde de cette soirée. De toute façon, elle pourrait toujours grignoter un truc en rentrant à la maison si jamais elle mourrait de faim. A vrai dire, elle n'avait même pas faim pour le moment, le stress lui tordait le ventre et elle aurait très certainement été incapable de manger une bouchée de quoique ce soit pour le moment. Même si son parrain lui avait assuré qu'il ne lui en voulait pas, la jeune fille ne pouvait s'empêcher de penser qu'il mentait ou qu'il jouait la comédie pour ne pas la blesser. Nicole passa une énième fois la main dans ses cheveux avant de reporter son attention sur Charlie.

- Et toi ? Raconte-moi tout ce que j'ai manquée !

Nicole préférait laisser la parole à son parrain si non elle risquait de passer des heures à raconter tout ce qu'il lui était arrivé durant toutes ces années d'absence. Enfin globalement, il ne lui était pas arrivé grand chose. Elle avait surtout fait de la visite, des photos, des achats.. mais pas de rencontres et donc pas de sorties entre amies ni d'amourette de vacances. Ça ne lui avait pas manqué, elle n'aimait pas vraiment l'idée de rencontrer des gens dans un pays dans lequel elle ne vivrait pas longtemps. S'attacher pour mieux s'en aller plus tard, c'était stupide et Nicole le savait. Elle n'avait pas besoin de se faire du mal elle-même en tombant amoureuse ou en se liant d'amitié tout en sachant que ces relations ne dureraient pas à distance.

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Nicole Carmichael & Charlie A. Edwards

La jeune fille se sentait plus bas que terre tout d'un coup. Elle n'avait pas été présente pour le divorce de Charlie, n'avait pas pu l'aider à surmonter cela. Elle n'avait pas non plus assisté à la naissance de sa petite cousine, si elle pouvait l'appeler comme ça étant donnée qu'elle n'avait pas été non plus présente pour elle. Elle n'avait pas vu ses premiers pas, n'avait pas entendue ses premiers mots, n'avait pas eu l'occasion de l'accompagnée à son premier jour d'école avec son parrain. Elle se détestait pour ça. Elle s'était toujours promis d'être la première présente pour aider son deuxième papa à s'occuper de son enfant si il venait à en avoir un, et elle n'avait pas tenu promesse. Elle masqua de justesse son visage triste par un grand sourire qui sonnait faux, même pour elle.

-Mon dieu.. elle a déjà six-ans ? Que le temps passe vite.. Il faudra que tu me présentes ta petite-amie un de ces jours, j'adorerais la rencontrer, surtout si elle te rend vraiment heureux. elle était sincère, mais elle avait aussi deux trois choses à lui dire, comme par exemple de ne pas faire de mal à son parrain au risque de mourir dans d'atroces souffrances. Wow, PDG de l'hotêl Hilton ?! Et bien et bien, c'est la grande classe ça parrain.

En entendant la question de son parrain, Nicole sentit son sourire se fâner quelque peu. Elle aurait bien aimée avoir quelque chose à lui raconter de ce côté-là, mais elle n'avait rien à dire. Elle se contenta alors d'hocher les épaules en lui répondant de manière évasive. Je ne suis pas très douée pour faire des rencontres parrain.. Elle ouvrit finalement la carte du menu et plongea son regard dedans, feignant d'être follement intéressée par ce qu'il y avait d'écrit. Elle cligna des yeux rapidement pour chasser le début de larmes qui menaçaient de couler. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait envie de pleurer, elle n'avait jamais été réellement affecter par la solitude qu'elle ressentait, elle en avait prit l'habitude. Elle posa la carte quand le sourire lui fut revenu.

- Ils servent du poulet au curry ici, c'est génial ! J'aime tellement ce plat que je crois que je pourrais en manger toute ma vie.

Elle espérait que Charlie ne chercherait pas à en savoir plus, elle n'avait pas vraiment envie de gâcher la soirée avec son incapacité génétique à se lier d'amitié ou d'amour avec quique ce soit, elle n'avait pas envie de le décevoir. Son père était déjà assez inquiet et déçu par son comportement, elle n'avait pas besoin que son parrain devienne inquiet lui aussi.