"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (austin) l'un part, l'autre reste. 2979874845 (austin) l'un part, l'autre reste. 1973890357
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(austin) l'un part, l'autre reste.

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() message posté Sam 30 Mai 2015 - 16:08 par Invité
austin, eleanor. l'un part, l'autre reste. ✻✻✻ Assise sur mon lit, j’écoute la mère de mon ex petit-ami me supplier. Le mot n’est pas fort tant elle a l’air désespérée. Du moins, c’est ce que je crois comprendre au son de sa voix mais les reniflements ne me contredisent pas. Elle pleure. La savoir dans un tel état au bout du fil me met mal à l’aise. La mère de Théo est presque devenue une seconde mère à mes yeux. Je suis restée quasiment quatre ans avec son fils alors forcément, j’ai passé beaucoup de temps avec elle. Elle est si douce et gentille. Clairement, cette femme ne méritait pas de perdre son fils tout comme lui ne méritait pas de perdre la vie. J’ai une telle affection pour Margaret que je n’ose pas lui dire non. « Je sais que c’est beaucoup te demander, Eleanor mais je ne peux pas y aller. C’est au-dessus de mes forces. » La vérité, c’est que j’ignore si, de mon côté, j’aurai la force d’y aller. Margaret veut que j’aille récupérer les affaires de Théo à l’hôpital. Il est décédé depuis presque trois mois mais de toute évidence, personne ne s'est encore déplacé. Elle ne se sent pas la force d’y aller mais rien ne dit que, moi, j’en serais capable. Pourtant, je ne peux pas lui dire non. Margaret s’est toujours débrouillée seule. La pauvre a perdu son mari lors d’un accident de voiture il y a bien des années. Aujourd’hui, elle perd son fils unique. La seule chose qu’elle me demande, c’est me rendre à l’hôpital récupérer ses effets personnels à sa place. Comment dire non ? Je lui dois au moins ce petit service même si je sais que la tâche ne sera pas aisée. « Je vais y aller, Margaret. » Ma réponse est simple mais elle ne laisse place à aucun doute. Je l’entends soupirer de soulagement. « Oh merci, Eleanor. Je me doute que ça ne sera pas facile, c’est vraiment adorable de ta part. » Je hoche simplement la tête avant de me rappeler qu’elle ne peut pas me voir. Evidemment que ça ne sera pas facile. Rien qui touche de près ou de loin au décès de Théo n’est simple. « Si je peux vous rendre service, je le fais » J’entends la porte d’entrée s’ouvrir puis se refermer bruyamment : Edwin rentre des courses, les bras chargés. Les grosses courses, ça n’arrive qu’une fois par mois chez nous, on en profite. « Je vais devoir vous laisser, Margaret. » J’apprécie toujours lorsque Edwin me donne un coup de main pour ranger les courses alors je vais en faire autant. Je ne vais pas non plus cacher qu’il s’agit de l’excuse parfaite pour mettre fin à cette conversation téléphonique plus qu’embarrassante. Ma conscience s’en sortira très bien avec ça. « Une dernière chose Eleanor… Fais ce que tu veux des affaires de Théo : garde-les si tu veux ou donne-les. J’ai déjà suffisamment de souvenirs de lui. Je sais que Théo voudrait que tu gardes quelque chose de lui, il t’aimait tellement. » Sa dernière remarque m’achève. Je ferme mes yeux humides. Ils le sont souvent lorsque Théo fait l’objet d’une conversation mais jamais les larmes n’ont coulé. La voix brisée tout comme le cœur, je mets fin à la conversation. « D’accord, Margaret. Au revoir. Prenez soin de vous surtout. » Théo vous aimait tellement.
Je descends du métro et marche en direction de la sortie. Je n’ai pas pu prendre mon fidèle vélo puisque j’aurai eu du mal à transporter les affaires de Théo avec. Lorsque je sors des souterrains londoniens, je tombe directement face à l’hôpital, un bâtiment imposant. Je croise mes bras sous ma poitrine et les sers contre moi, essayant de lutter contre le vent. Il ne fait pas franchement beau aujourd’hui. Je pénètre dans le hall de l’hôpital. Je n’ai pas besoin de demander mon chemin, je le connais que trop bien. Je prends l’ascenseur qui m’emmène au quatrième étage. Les souvenirs me submergent dès lors où je sors de la cabine. Je connais ces couloirs par cœur. Je ne pensais pas que les arpenter à nouveau me ferait autant d’effet. Il ne s’agit que de couloirs après tout. Cependant, cet endroit fait automatiquement remonter de mauvais souvenirs. Je prends sur moi et me dirige vers le bureau des infirmières de l’étage. Sur le chemin, je rencontre certains patients que j’ai déjà croisés par le passé, je les salue. Ils m’adressent leurs plus sincères condoléances. Je veux sortir d’ici. J’arrive au bureau des infirmières où plusieurs sont regroupées. Je prends la parole pour qu’elles remarquent ma présence. « Bonjour. » Les têtes se relèvent les unes après les autres, toutes n’ont qu’une seule expression : la peine. Elles me connaissent. Elles savent que j’ai perdu l’unique amour de ma courte vie. Je ne veux plus entendre de « je suis désolée » ou « toutes mes condoléances, Eleanor » alors j’ajoute rapidement. « Je viens chercher les effets personnels de Théo. Sa mère me l’a demandé et m’a dit qu’elle vous tiendrait au courant. » Inès est la première infirmière qui réagit. Je hoche la tête positivement puis se lève de sa chaise. Elle ouvre un placard et en sort une boite où est inscrit Théo Bowman. Elle se dirige vers moi et me tend la boite. « Tout est là, Elea. Bon courage, vraiment. Tu veux que je te raccompagne ? » Elle aussi est réellement peinée. Je secoue doucement la tête. « Ça va aller, je connais le chemin. Bonne journée. » Je n’ai pas le cœur à sourire mais je m’y force. Je tourne les talons et prends la direction des ascenseurs. Sur le chemin, je rencontre un jeune homme que je connais. Austin, lui aussi atteint d’une insuffisance rénale mais qui a eu la chance de trouver un donneur à temps. Son frère. Théo avait sympathisé avec Austin durant leurs dialyses ce qui fait que moi aussi. Je l’interpelle. « Austin. » Il se retourne automatiquement, c’est bien lui. J’arrive à sa hauteur et lui fais la bise. Notre dernière conversation remonte à plusieurs semaines. Evidemment, après sa greffe, Austin n’a plus besoin de venir aussi souvent qu’avant. Du coup, sait-il pour Théo ? Je l’ignore.
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() message posté Mar 2 Juin 2015 - 15:12 par Invité
(austin) l'un part, l'autre reste. Tumblr_mwvzhiC1851rs8kb5o1_250 Un signe amical de la main à la secrétaire de la réception, un sourire aux infirmières. Voilà à quoi se résumaient désormais mes visites à l'hôpital. Il ne s'agissait plus d'arriver le cœur lourd et l'esprit tourmenté par les heures de dialyse qui m'attendaient. Je pouvais détester Roméo autant que je le voulais, mais je ne pourrais jamais nier qu'il m'a sauvé la vie. Lorsqu'il m'a donné ce rein, c'est comme s'il avait enfin accepté d'être mon frère à part entière, pourtant, cela ne l'avait pas empêché d'agir comme un incroyable connard alors que j'étais au plus bas. Il connaissait mon addiction pour l'alcool, il savait que parfois je pouvais être un vrai enfoiré, égoïste et superficiel. Je ne pouvais pas mettre tout ça sur le compte de mon éducation uniquement, non je m'étais rendu comme ça au fur et à mesure du temps. Je prenais un malin plaisir à étaler mon argent, le jeter littéralement par les fenêtres, le dépenser dans l'alcool, la drogue, les fêtes… tout cela me paraissait tellement loin maintenant que j'y repensais. Comme si j'avais vécu deux vies, pré et post désintoxication. Je m'asseyais dans la salle d'attente comme si je venais pour une simple visite à un patient, alors qu'en réalité j'étais encore un patient. Oui je devais venir ici plusieurs fois par mois pour vérifier que tout allait bien, que mon corps n'était pas détraqué des suites de ma greffe. Un calvaire que j'acceptais simplement pour le plaisir de réaliser une fois sur place que j'étais sorti d'affaire. Cela pouvait paraître malsain, mais le fait de voir cette ambiance pesante me calmait et me rappelait à quel point j'avais eu de la chance. Regardant les gens qui passaient dans le couloir, j'attendais avec impatience mon rendez-vous. Lorsqu4on vint me chercher, je suivis l'infirmière jusqu'au bureau de mon médecin sans broncher. Une fois assis devant le bureau, je me surpris à voir ma jambe bouger toute seule, signe de stress. Je savais bien que rien ne clochait mais en même temps me trouver dans le lieu où l'on m'avait annoncé que j'allais peut être mourir me donnait des sueurs froides. Elle m'invita à m'asseoir et m'allonger sur le fauteuil de la salle d'examen. Une fois ma chemise déboutonnée, je regardais négligemment l'endroit où se trouvait encore ma cicatrice qui resterait d'ailleurs surement pour un moment. Fixant le plafond je la laissais faire son boulot tranquillement. Vous savez d'habitude lorsqu'une femme me touche de cette façon, je lui paye au moins un verre d'abord. dis-je comme pour oublier que j'étais en plein examen médical. Toujours aussi drôle monsieur Jenkins, on dirait que tout est en ordre, mais évitez tout de même de faire trop d'efforts pour le moment, vous avez été opéré il y a un peu plus d'un mois seulement. Je fis une petite moue tout en remettant les boutons de ma chemise en ordre. Justement j'avais prévu d'aller escalader le mont Everest la semaine prochaine. Enfin si vous m'invitez à dîner je pourrais éventuellement repousser mon voyage. Dis-je un sourire aux lèvres. Je la voyais lever les yeux au ciel, elle avait l'habitude de mes petites réflexions, je pouvais me le permettre après l'avoir côtoyé presque non-stop pendant mes deux semaines de soins post-op. Après l'avoir salué une dernière fois, je pris le chemin de la sortie, cherchant mes clés dans ma poche. Tandis que je relevais la tête, j'entendis soudain quelqu'un prononcer mon prénom. Je me retournais, voyant devant moi Eleanor, elle me ramenait quelques semaines en arrière, sur un siège dans une salle, une perfusion plantée dans le bras. Moi et son copain Théo avions pris l'habitude de faire nos dialyses le même jour, plaisantant et discutant, ce qui aidait largement à passer le temps incalculable que nous y passions. Il devait avoir eu lui aussi une greffe, je la voyais avec un carton contenant les affaires de celui-ci, certainement parce qu'il ne pouvait pas venir les chercher lui-même. Tiens comment tu vas depuis tout ce temps ? Désolé de ne pas avoir pris de nouvelles de Théo, j'avoue que j'ai un peu de mal à revenir ici depuis que j'en suis sorti… il est sorti de l'hôpital ? Tu es venue avec lui ? Voyant son visage se décomposer je compris non sans peine que quelque chose été arrivé. Quelque chose d'horrible. Elle ne venait sans doute pas à sa place, mais simplement récupérer les affaires de son défunt copain. Je me dirigeais immédiatement vers elle, lui prenant la boite des mains pour la poser sur un siège près de nous avant de la prendre dans mes bras. J'avais presque envie de chialer tant la vie était injuste. Un mec en or ce Théo. Je ne pouvais simplement pas imaginer qu'il soit parti, même sans qu'elle le dise, je sentais qu'il n'avait pas été aussi chanceux que moi niveau greffe. Je suis vraiment désolé Eleanor… vraiment. Si tu as besoin de quelqu'un à qui parler je suis là. Théo était… il était vraiment génial. Elle devait surement me détester pour m'en être sorti aussi "facilement". Mais en même temps, je savais ce qu'il avait ressenti à cause de tous ces traitements.
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() message posté Mer 3 Juin 2015 - 15:05 par Invité
austin, eleanor. l'un part, l'autre reste. ✻✻✻ Clairement, je ne suis pas à l’aise entre ces murs. Qui aime les hôpitaux franchement ? Surtout que de mon côté, j’ai une bonne raison de ne pas les apprécier. Mon premier amour y est décédé, à l’étage même où je me trouve. A peine sortie de l’ascenseur, je reçois déjà les condoléances de certains patients. Je m’y attendais. Théo était devenu un habitué du service et avec son caractère festif et optimiste, il était impossible de ne pas l’apprécier. Au contraire, il s’était fait un nombre fou d’amis ou même de connaissances. C’est malheureux à dire mais l’hôpital était devenu sa deuxième maison. A la fin, il y vivait complètement alors automatiquement, il passait le temps qu’il avait avec d’autres patients. Lorsque personne ne pouvait lui rendre visite, lorsque j’étais à l’université ou au travail et lorsque sa mère était également sur son lieu de travail, il faisait en sorte de ne pas rester seul. Être seul, Théo détestait ça. Il faisait toujours en sorte d’être entouré. Au fond de moi, j’avais toujours su la raison : il voulait simplement éviter de penser. Malade, il l’était et il en avait conscience mais il avait toujours refusé que ça lui bouffe le cerveau. Alors, il s’entourait afin de ne pas y penser plus que nécessaire. Puis, je ne vais pas mentir, le savoir entouré, ça me rassurait lorsque je ne pouvais pas être auprès de lui. Moi non plus, je n’aimais pas qu’il soit seul.
J’apprécie les premières condoléances mais plus elles s’enchaînent et moins elles sont faciles à encaisser. Cependant, je fais bonne figure. Je sais que cela part d’une bonne intention. Les gens ne savent pas quoi faire lorsqu’ils apprennent un décès, les condoléances, c’est la base. On présente nos condoléances par respect et aussi, parce qu’on ne sait pas quoi faire d’autre. Du moins, c’est ainsi que je vois les choses. Enfin bref. J’atteins enfin le bureau des infirmières où Margaret, la mère de Théo, m’a dit de me rendre. C’est là que sont rangées les affaires des défunts patients. Ici, les regards tristes ne s’arrêtent pas et redoublent même d’intensité. La grosse majorité de ces infirmières a eu à s’occuper de Théo, elles le voyaient plusieurs fois par jour. On a beau dire ce qu’on veut, les infirmières sont obligées de s’attacher surtout lorsqu’il s’agit de gosses qui ont la vie devant eux. En effet, Théo est décédé à l’âge de vingt et un ans, pour beaucoup, il était un gosse. Je récupère la boite en carton où sont entreposés les effets personnels de Théo. Voilà tout ce qu’il me reste de lui, cette boîte, des souvenirs qui font plus mal qu’autre chose et des photos. Des photos sur lesquelles il ne cesse de sourire et ça aussi, ça fait mal. Il avait un si beau sourire, un sourire communicatif.
Je ne perds pas une minute et prends de suite la direction des ascenseurs afin de quitter les lieux. C’est déjà très pénible et douloureux d’être ici, je n’ai aucune envie de traîner. De toute évidence, mes plans vont être changés puisque j’aperçois devant moi une connaissance. Austin. Je ne peux pas tracer ma route comme si de rien n’était. Je me dois de lui demander de ses nouvelles, lui qui a subi une greffe il n’y a pas si longtemps que ça. J’en ai même envie. Je l’interpelle donc et il se retourne. Je parcoure la courte distance qui nous sépare alors qu’il prend la parole. « Tiens comment tu vas depuis tout ce temps ? Désolé de ne pas avoir pris de nouvelles de Théo, j'avoue que j'ai un peu de mal à revenir ici depuis que j'en suis sorti… il est sorti de l'hôpital ? Tu es venue avec lui ? » Sans que je ne puisse rien y faire, mon visage trahit la gravité de la situation. Mon regard se recouvre d’un voile de tristesse et je ne peux même pas tenter de le cacher tant c’est si soudain. Austin a abordé le sujet si… naturellement qu’il m’a désarmé. Je ne peux pas lui en avoir, il prend seulement des nouvelles de son ami au moment où il en a l’occasion. Je tente de trouver mes mots pour répondre à ses interrogations mais la tâche s’avère très difficile. Austin le remarque. Il m’enlève le carton des mains et mon regard suivit la boite jusqu’au siège où le jeune homme la pose. Sans perdre plus de temps, Austin me prend dans ses bras. Ça aussi, c’est si soudain que les larmes me montent aussitôt aux yeux. Pour l’une des rares fois depuis le décès de mon premier amour, j’ai réellement envie de pleurer, de me noyer dans mes larmes mais je lutte pour ne pas craquer en plein milieu de ce foutu étage. « Je suis vraiment désolé Eleanor… vraiment. Si tu as besoin de quelqu'un à qui parler je suis là. Théo était… il était vraiment génial. » Je ferme fort les yeux, si fort que j’en ai presque mal mais je m’en moque. Je ne veux pas pleurer, pas ici, pas maintenant, pas du tout. Théo était tellement plus que « génial ». Il était tout ce qu’une petite amie rêve d’avoir, tout ce qu’une mère célibataire peut espérer pour son fils. Il était attentionné, fort, brillant, ambitieux, drôle, présent, solidaire. Même ses défauts et son côté borné n’enlevaient rien au fait qu’il était indéniablement une belle personne, une très belle personne. Je garde le silence un instant. Pendant quelques secondes, minutes peut être, je ne fais rien d’autre que d’apprécier cette étreinte sincère et chaleureuse. Puis je finis par m’en dégager lorsque j’ai enfin repris mes esprits. Mes yeux humides le regardent. « Merci Austin. » Aussitôt, je repense aux moments passés en compagnie de Théo et Austin ainsi qu’aux choses que mon petit-ami m’a dites à propos de son ami. « Je sais que tu as été d’une aide importante pour Théo et je ne saurais jamais comment te remercier assez pour ça. » Je suis presque qu’obligée de remercier Austin. Il a accompagné Théo durant une bonne partie de sa maladie. Ensemble, ils ont été plus forts qu’à deux. Malheureusement, ça n’a pas suffi pour Théo mais je sais que mon petit ami lui en était reconnaissant. Au fond, je parle un peu pour Théo maintenant qu’il ne peut plus le faire lui-même.
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() message posté Lun 15 Juin 2015 - 16:08 par Invité
(austin) l'un part, l'autre reste. Tumblr_mwvzhiC1851rs8kb5o1_250 « Merci Austin. Je sais que tu as été d’une aide importante pour Théo et je ne saurais jamais comment te remercier assez pour ça. » Je déglutis ne pouvant pas imaginer la peine et la douleur qu'elle devait ressentir. Un décès ce n'est jamais facile, mais quand il s'agit de son âme sœur, on devient inconsolable. Je me souvenais de la première fois où je les avais vu tous les deux. Souriant, amoureux, main dans la main à se chamailler comme deux gamins. J'avais presque l'impression qu'ils se connaissaient depuis toujours tant la complicité qui les unissait était forte. Un lien tellement rare que la vie avait malheureusement décidé de briser. La laissant s'éloigner de mon étreinte, j'essuyais machinalement le dessous de ses yeux légèrement humide, l'invitant à sortir de l'hôpital à ma suite. Je pris le carton des affaires de Théo, l'emmenant jusqu'à la porte. Viens on va prendre un café, tu pourras me raconter ce qui s'est passé comme ça. Enfin si tu veux qu'on parle totalement d'autre chose je suis d'accord. Je peux être un vrai moulin à parole quand je veux. Je lui fis un petit sourire, lui montrant un petit café ambulant de l'autre côté de la rue, il m'arrivait souvent d'y passer lorsque je venais pour mes dialyses. Ensuite je m'asseyais toujours sur ce même banc dans le petit parc d'à côté, et je contemplais les choses simples de la nature en remerciant le ciel d'être toujours en vie. Je ne me rendais presque pas compte à quel point ma vie n'avait tenu qu'à un fil. A vrai dire si je n'avais pas connu Roméo, il n y aurait peut-être eu personne pour me donner un rein. C'est con comme raisonnement mais toute mon existence aurait pu se résumer à une petite boite en carton avec mon nom dessus comme ça avait été le cas pour Théo. Je la laissais commander, puis toujours la boite sous un bras, je payais avant de prendre mon café. Une fois tous les deux assis sur le banc, je pris une profonde inspiration, posant mes coudes sur mes genoux, le gobelet de café entre les jambes se balançant légèrement. Je cherchais quoi dire, mais aucun mot ne pourrait apaiser son esprit, je le savais. C'était un sacré numéro Théo. Je crois que j'ai jamais connu quelqu'un comme lui auparavant, on était sans doute aussi cons l'un que l'autre, c'est ce qui nous a rapproché. Je marquais une pause avant de reprendre. Il t'aimait comme un fou tu sais. Je crois que pour lui aucune autre fille au monde n'existait que tu sois dans les parages ou non. J'aimerais connaître ce genre d'amour un jour. Je pris une gorgée de mon café, repensant à toutes ces apres midi que nous avions passé ensemble avec Théo. La maladie nous avait rapproché vitesse grand V. Il m'avait confié pas mal de choses sur sa vie et inversement, c'est bizarre de se dire qu'un de mes meilleurs potes depuis que je suis à Londres a été seulement un compagnon d'hôpital. Si j'avais su comment ça finirait, je serais revenu avant, prendre des nouvelles… je me sentais tellement con d'avoir été absent pendant tout ce temps, m'inquiétant pour ma petite vie alors que celle d'autre personnes étaient en train d'être détruite. Excuse-moi encore d'avoir complètement zappé de venir prendre des nouvelles de Théo… c'est juste que c'est tellement dur de passer ces portes sans repenser à tout ce qui s'est passé. C'est juste dingue. D'ailleurs c'est surement pour ça que le karma fait qu'aujourd'hui le frère qui m'a sauvé la vie, me déteste au plus haut point. Je riais légèrement tant l'ironie de cette situation était excellente. Je ne savais pas trop comment j'avais réussi cet exploit, mais Roméo en était venu au point de me haïr presque encore plus que mon père, pour avoir entaché sa réputation vierge de tout écart. J'avais envie de le détester pour m'avoir presque détruit le nez, j'en avais envie de toutes mes forces, mais quand je voyais à quel point la vie passait vite, je me disais que je devrais juste mettre de l'eau dans mon vin, mettre ma fierté de côté et m'excuser. Seulement j'étais bien trop borné pour arriver à cette conclusion, non au contraire mon raisonnement consistait à remettre toute la faute sur lui, à le blâmer pour ne jamais être là quand il faut, et jouer les moralisateurs quand ça l'arrangeait. Non mais c'est vrai, il n y a pas une fois où monsieur s'est dit, tiens et si on allait prendre un café, un verre ensemble ? C'est quoi une soirée loin de son cher Elias pour lui ? Enfin bref… ce n'était pas le moment de bouillonner et de tout ramener à moi alors qu'Eleanor était dans le désespoir le plus total. Tu arrives à tenir le coup dis moi ? Je sais que tout le monde doit te poser cette question, mais je pense que Théo ne voudrait pas que tu te morfondes seule. S'il faut que quelqu'un t'emmène boire un verre… ou 10 pour passer une bonne soirée et oublier, je suis ton homme. Mais si tu as juste besoin de parler je suis là aussi. Je ne voulais pas paraître trop insistant mais j'avais le sentiment de devoir à Théo d'être au moins présent pour elle. J'aurais pu être à sa place après tout, et personne n'aurait été là pour pleurer ma mort. Je n'avais pas pour habitude de laisser mes amis tomber à la première difficulté. Après la famille c'est ce qui passait en premier pour moi, l'amitié.

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() message posté Mar 30 Juin 2015 - 20:37 par Invité
austin, eleanor. l'un part, l'autre reste. ✻✻✻ Je le regarde essuyer ses yeux humides. J’ai annoncé le décès de Théo à des dizaines de personnes et pour cause, il était grandement apprécié et avait des connaissances un peu partout. Cependant, l’annoncer à une personne qui est passé par les mêmes épreuves que lui, c’est plus délicat. Que je le veuille ou non, Austin a toujours mieux compris ce que Théo a traversé. C’est la maladie qui les a réunis dans un premier temps. Là-dessus, je n’y peux rien. J’ai eu beau faire tous les efforts que je pouvais, je n’ai jamais été capable de comprendre la difficulté de la situation aussi bien qu’Austin. Je réalise que ce décès est également difficile à encaisser pour lui. Malheureusement pour lui, il serait toujours susceptible de se demander « pourquoi lui et pas moi ? », une torture psychologique que j’espère sincèrement qu’il s’évitera. J’apprécie Austin. A la longue, il est devenu un ami et peu importe la personne qu’il a pu être dans le passé, il mérite d’être heureux. Il s’est battu contre cette foutue maladie, l’a emporté et aujourd’hui, sa récompense doit être un minimum de bonheur.
Je le regarde s’emparer dans la boite qui contient les affaires de Théo avant qu’il ne prenne la parole. « Viens on va prendre un café, tu pourras me raconter ce qui s'est passé comme ça. Enfin si tu veux qu'on parle totalement d'autre chose je suis d'accord. Je peux être un vrai moulin à parole quand je veux. » J’ai du temps devant moi étant donné que je travaille uniquement ce soir. L’idée de parler de Théo ne m’emballe pas, je dois le dire. Son décès est toujours très récent et parler de lui est tout sauf facile. Cependant, revoir Austin me fait tout de même plaisir et le fait de passer un moment en sa compagnie me réjouit. Je décide donc d’accepter. « Ça sera un chocolat chaud pour moi, je suis anti-café. » Sans plus attendre, on prend la direction de la sortie de l’hôpital. Savoir que je n’aurai pas y revenir me soulage. En effet, quitte à choisir, je préfèrerais que Théo soit toujours parmi nous et lui rendre visite aussi souvent qu’avant mais maintenant qu’il nous a quitté, c’est devenu une véritable épreuve de rentrer dans ce bâtiment. C’est d’ailleurs la première fois que j’y retourne depuis son décès.
Austin m’emmène jusqu’à un café ambulant. Du plus loin que je me souvienne, il a toujours été là. Je m’y suis arrêtée à quelques reprises notamment parce que ces beignets au chocolat sont succulents et qu’autant Théo que moi en raffolions. Je commande un grand chocolat chaud qui ne sera pas de trop. Si je dois désigner un seul pêché mignon, c’est celui-là. Je ne saurais comment me passer de chocolat chaud. Austin, lui, prend un café et on s’installe sur un banc. Heureusement, pour la capitale londonienne, la température est agréable. Seul le vent est gênant mais il s’agit d’une question d’habitude. « C'était un sacré numéro Théo. Je crois que j'ai jamais connu quelqu'un comme lui auparavant, on était sans doute aussi cons l'un que l'autre, c'est ce qui nous a rapproché. » Malgré le fait que ce genre de paroles remuent le couteau dans la plaie, je ne peux empêcher un petit sourire de pointer sur mes lèvres. Les mots sont bien choisis, je me souviens les avoir déjà entendu de la bouche de Théo. « Il t'aimait comme un fou tu sais. Je crois que pour lui aucune autre fille au monde n'existait que tu sois dans les parages ou non. J'aimerais connaître ce genre d'amour un jour. » Ces mots-là, par contre, font mal. On avait tout pour être heureux mais ce foutu destin – appelez ça comme vous voulez – en a décidé autrement. Malgré la tristesse, je parviens à sauver la face. « Je le souhaite à tout le monde. » Avec une meilleure fin, ça semble évident. « Tu trouveras quelqu’un toi aussi. Ce n’est qu’une question de temps. » Je lui décroche un léger sourire avant de boire une gorgée de mon chocolat chaud. Celui-ci me réchauffe de l’intérieur. Austin est jeune. Il a encore le temps pour se préoccuper de trouver la « bonne ». De plus, il est tout sauf désagréable à l’œil. Je ne m’en fais pas pour lui.
« Excuse-moi encore d'avoir complètement zappé de venir prendre des nouvelles de Théo… c'est juste que c'est tellement dur de passer ces portes sans repenser à tout ce qui s'est passé. C'est juste dingue. D'ailleurs c'est surement pour ça que le karma fait qu'aujourd'hui le frère qui m'a sauvé la vie, me déteste au plus haut point. » Je fronce les sourcils. J’ai cru comprendre que la relation entre Austin et son frère n’est pas simple mais je ne savais pas que ça en était à ce point-là. « Ne t’en fais pas pour ça. Pour tout te dire, c’est la première fois que je reviens ici depuis qu’il est… décédé. Je comprends tout à fait. » Puis je me risque à poser la question. « Qu’est-ce qui se passe avec ton frère ? » J’ai conscience que ma question peut paraître déplacée mais il me semble qu’on a passé ce cap. Puis, si jamais Austin ne veut pas aller plus loin dans les explications, je comprendrais. Il me semble juste que si il a laissé échapper cette information, c’est qu’il éprouve l’envie ou le besoin d’en parler. Je suis bien plus douée pour écouter que pour parler. Je prends une autre gorgée de ma boisson chaude. « Tu arrives à tenir le coup dis moi ? Je sais que tout le monde doit te poser cette question, mais je pense que Théo ne voudrait pas que tu te morfondes seule. S'il faut que quelqu'un t'emmène boire un verre… ou 10 pour passer une bonne soirée et oublier, je suis ton homme. Mais si tu as juste besoin de parler je suis là aussi. » Je souris à cette proposition qui me semble sincère. « C’est pas facile. En fait, depuis qu’il n’est plus là, j’ai l’impression que rien n’est facile même les choses qui paraissaient faciles mais je suis bien entourée. J’ai un frère omniprésent, un autre qui sera bientôt là, une petite nièce qui me fait sourire facilement et une meilleure amie que je ne saurais décrire tellement elle est parfaite. » Je souris machinalement en pensant à mes proches. Tous à leur manière, ils m’aident à surmonter cette épreuve, consciemment ou non. « Ta proposition n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Lorsque j’aurais une soirée de libre, je penserais à toi. » Il est vrai qu’avec mon travail, je suis rarement disponible le soir mais en moyenne, j’ai toujours une soirée de libre par semaine. Puis, je sais que Théo aimerait que je garde contact avec son ami.
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