(✰) message posté Sam 10 Oct 2015 - 11:36 par Olivia Andrews
We cross our bridges when we come to them and burn them behind us, with nothing to show for our progress except a memory of the smell of smoke, and a presumption that once our eyes watered. ✻✻✻ Le regard fixé sur l’écran de télévision, Peter tente tant bien que mal de se concentrer sur ce que disent les présentateurs. Ils parlent des matchs précédents, de ceux des futurs adversaires, de stratégies de rugby. En temps normal, ça l’intéresserait. Il en débattrait même avec Hailey, même si elle n’écouterait qu’à moitié. Mais là où il se trouve, il ne parvient pas à se concentrer. Il écoute une phrase à la télévision et aussitôt, son attention dévie et il se retrouve à écouter les rires bruyants d’un groupe qui trinque avec leur bière à la main. Puis il entend la conversation d’un jeune couple qui concerne leur travail respectif. Puis un autre groupe qui entonne des chants de supporters tout en dansant allégrement. Mais le pire, ce sont sans doute les odeurs. Alors qu’il voudrait ne rien entendre, ne rien voir, ne rien sentir. Il voudrait pouvoir faire abstraction du monde extérieur mais il n’y parvient pas. A nouveau, il essaye de se concentrer sur la télévision. La présentatrice analyse les atouts et les faiblesses de l’autre équipe, tout en détaillant ce que devrait faire l’équipe anglaise selon elle. Elle, elle parvient à se concentrer sur ce qu’elle fait. Une odeur de bière parvient aux narines de Peter lorsque le barman verse une pression dans un verre. Il ferme les yeux et prend une longue inspiration. Avant, il n’avait jamais fait attention à toutes ces odeurs qui peuvent être senties dans un bar. Il se contentait de s’y amuser, que ça soit avec des amis à l’université ou avec des filles avec qui il sortait. Avec Kirsten, ils y allaient souvent, pour boire une bière tout en commentant les matchs de football et se battre parce qu’ils ne soutenaient pas la même équipe. C’était une tradition entre eux. Mais aujourd’hui, tout est différent. Maintenant qu’il sait qu’il ne peut pas boire – qu’il ne doit pas boire – tout paraît être une tentation. Comme si on lui montrait juste devant le nez ce qu’il ne pouvait pas avoir. Ses yeux s’ouvrent à nouveau pour se poser sur le verre posé devant lui. Verre de coca à moitié vidé. Sans doute qu’il fait un peu tâche à boire un coca dans un pub anglais où la bière fait légion. Ça n’était pas son idée de venir ici. Il avait proposé à Teddy qu’ils regardent le match de rugby ensemble, pour lui faire découvrir ce sport si populaire en Angleterre. Lui pensait qu’ils le regarderaient devant la télé, chez lui ou chez elle. Mais avant qu’il n’en arrive là, Teddy avait proposé de vivre l’expérience jusqu’au bout, tant qu’à faire, et d’aller le regarder dans l’ambiance si typique d’un pub anglais. C’était une bonne idée, en soi. Elle ne pouvait pas savoir que Peter évite habituellement ce genre d’endroits, à cause de la tentation qu’ils représentent. Elle ne pouvait pas savoir. Et lui, avait accepté. En partie parce qu’il ne voulait pas avoir à trouver une excuse. Et aussi parce qu’il s’en pensait capable. Après tout, il est sobre depuis bientôt dix-sept mois. Il sait résister. Il l’a déjà fait. Il porte le verre à sa bouche et trempe ses lèvres dans la boisson. Il essaye de se calmer, en vain. Ses doigts tapotent nerveusement sur le comptoir. A nouveau, il regarde la télévision, sans parvenir à se concentrer sur ce que disent les présentateurs. C’était une mauvaise idée. Il sort un billet de sa poche et le pose sur le comptoir avant de se lever brusquement et d’avancer vers la sortie. C’est le moment que choisit Teddy pour entrer dans le pub. Il prend une longue inspiration, un peu plus calme mais pas encore tout à fait. « Salut Teddy ! » Dit-il en forçant un sourire. « Tu es… » Il jette un regard sur sa montre, toujours nerveux. « Pile à l’heure ! » Ce qui est assez surprenant. Non pas le fait qu’elle soit à l’heure. Mais Peter était persuadé d’attendre depuis plus longtemps que ça. Entrer en avance avait été une erreur. Il aurait dû l’attendre à l’extérieur. Mais il pleuvait. Et il avait pensé qu’il pourrait ainsi s’acclimater avant que Teddy n’arrive. « Comment tu vas ? » Partir maintenant serait la chose à faire, il le sait. Et pourtant, il reste là, sans bouger. Si Teddy est là, avec lui, ça devrait aller non ? S’ils discutent, il pourra finalement se concentrer sur autre chose que cette odeur d’alcool qui semble déjà s’être un peu dissipée.
(✰) message posté Mer 28 Oct 2015 - 21:49 par Invité
Rugby. Ces derniers jours, voire semaines, les Anglais n’ont que ce mot à la bouche. C’en est presque religieux. Teddy a abandonné toute idée de fréquenter une terrasse de bar le weekend pour profiter des derniers rayons de soleil. D’une manière générale, elle n’a rien contre la chaleur humaine, à petite dose, mais à priori les esprits s’échauffent assez vite dans ce pays. Après sa dernière mésaventure (pourtant loin d’être dramatique), elle préfère ne plus prendre de risque à proximité d’hommes qui ont trop bu. Bien que frustrée à l’idée de revoir ses plans, elle ne prend pas le risque de faire la moindre critique. On n’insulte pas le rugby. Sauf qu’elle finira par voir un match, par curiosité, pour se divertir, pour changer le contexte où elle retrouve Peter. La jeune femme aime bien passer du temps en sa compagnie, elle n’est pas dingue d’être derrière un volant dans Londres, même si elle a fait des progrès (ou du moins, n’a toujours pas englouti la voiture de son ami). Bref, elle viendra même si elle doit affronter la pluie et les autres premiers signes de l’automne. « Salut Teddy ! » L’enthousiasme de Peter, ou ce qui s’en apparente, lui redonne soudainement le sourire. Elle est loin de se douter que ce dernier a eu une envie de rebrousser chemin quelques secondes plus tôt. « Tu es… » Charmante ? Géniale ? Magnifique ? Elle est loin de s’attendre à recevoir un compliment : elle n’a pas fait d’effort particulier sur sa tenue vestimentaire et ses cheveux sont tout désordonnés à cause de l’humidité ambiante. Et tout ceci est loin d'être un rencard. « Pile à l’heure ! » Instinctivement, elle s’est mise à rire. C’est la dernière réplique à laquelle Teddy s’attendait. Si elle n’est pas du genre à arriver en avance, elle met un point d’honneur à arriver pire à l’heure, elle-même détestant les retardataires. « [color=darkseagreen]Comment tu vas ? » Son visage s’assombrit quelques secondes avant qu’elle se reprenne avec un nouveau sourire. Depuis quelques jours, la jeune femme craint que son séjour londonien ne soit pas aussi bénéfique qu’elle l’aurait espéré. Et, en prime, son visa va expirer plus tôt que tard. Toute cette histoire est compliquée et ce n’est probablement pas le lieu adéquat pour en parler. « Bien et toi ? » En attendant sa réponse, la jeune femme a soif et ça tombe bien, le verre de Peter est vide. Avec toute la bonne intention du monde (et sans exagération), elle tourne les talons en direction du bar. Il ne lui faut pas longtemps pour s’imposer et récupérer sa commande : deux bières, histoire de se fondre dans le paysage. Dommage qu’elle n’ait pas pu faire davantage attention au contenu du verre de Peter. Et dommage qu’elle n’ait pas prêté plus attention à ce qu’il buvait les autres fois, en dehors de son café. Après quoi, elle revient tout naturellement vers son ami. « Oh, et comment va Beth d’ailleurs ? » Son regard s’est illuminé pendant quelques secondes suite à son allusion à la (trop mignonne) fille de Peter. C’est également à ce moment donné que Teddy a remarqué que le match a commencé. C’est parti pour presque une après midi à ne presque rien comprendre du spectacle qui s’offre à eux. Le ballon pourrait être similaire à celui du sport pratiqué dans son propre pays (à quelques détails près), la brutalité pourrait être comparable, mais cela s’arrête ici. Les règles, les rôles des uns et des autres, tout simple bien différent.
Olivia Andrews
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(✰) message posté Jeu 29 Oct 2015 - 18:59 par Olivia Andrews
We cross our bridges when we come to them and burn them behind us, with nothing to show for our progress except a memory of the smell of smoke, and a presumption that once our eyes watered. ✻✻✻ Dans le pays, tout le monde soutient l’équipe nationale de rugby. C’est une tradition à laquelle Peter s’est rapidement plié quand il a habité pour la première fois en Angleterre. Il ne comprenait pas forcément le sport au début mais ne manquait jamais une occasion de regarder un match avec ses amis. Et finalement, il y avait pris goût et avait continué, même après avoir déménagé. Parfois dans des bars quand il était encore jeune, et, de plus en plus, depuis son canapé. L’ambiance n’est clairement pas la même mais il évite les pubs, pour des raisons évidentes. Ce soir, il s’était laissé convaincre. Ça paraissait presque logique de faire cet effort. Pour initier Teddy correctement, il fallait qu’elle assiste à son premier match dans un pub londonien. Et quelle meilleure occasion que la coupe du monde ? S’il a failli fuir pour éviter la tentation que représente pour lui l’alcool, maintenant que Teddy est arrivée, il a l’impression qu’il peut réussir. Qu’il peut ignorer tout le reste, se concentrer sur le match et sur son amie. Oui, il en est capable. Il l’a déjà fait après tout. « Bien et toi ? » Bonne question. Il a connu mieux, c’est certain. Mais il ne veut pas l’embêter avec ça. Ils sont venus pour profiter du match, pas pour avoir une discussion intime. « Tout va bien. » Dit-il en feignant un sourire, alors que Teddy se dirige vers le bar sans attendre. Peter s’installe à une table haute en l’attendant. Il se passe une main dans les cheveux et reporte son attention sur la télévision, où le coup d’envoi vient d’être donné. Lorsque Teddy revient, une chope de bière dans chaque main, Peter regrette de ne pas lui avoir dit plus tôt. L’attention est louable. Il aurait aimé apprécier cette bière en sa compagnie. Mais non, il ne peut même pas penser ainsi. Il pourrait se dire que ce n’est qu’une bière. Qu’une façon de se détendre. Mais il a les paroles d’autres anciens alcooliques qui lui reviennent en mémoire. Un seul verre, ça n’est jamais le seul. Ce n’est que le début de la descente aux enfers. Et Peter ne veut pas y retourner. Pas une seconde fois. Pas quand il a enfin un semblant de stabilité dans sa vie. « Oh, et comment va Beth d’ailleurs ? » Il sourit, content que Teddy parle de son sujet préféré. Une bonne distraction. « Elle va bien aussi, elle a juste décidé que se laver, c’était pour les poules mouillées alors l’heure du bain est d’autant plus compliqué. » Plaisante-t-il. Bien sûr, quand il doit se battre avec sa fille pour qu’elle reste dans le bain, c’est tout de suite moins drôle. En ayant recours aux bonnes motivations – un bonbon ou un dessin animé après le bain – ça peut fonctionner, selon l’humeur de Beth. Peter jette un regard vers la télé lorsqu’il entend les supporters huer l’arbitre. Un classique, ça aussi. « Tu connais un peu les règles ou pas ? Sinon, la meilleure technique reste de suivre la foule, tu applaudis ou tu cries avec tout le monde. » Il veut bien lui expliquer certains trucs s’il le faut. Il s’avère qu’il n’est pas un mauvais prof de conduite, il peut aussi bien l’initier à un nouveau sport. Sans le pratiquer pour autant. Ça, il ne l’a presque jamais fait. Quelques cours au lycée, c’est tout. Et ça n’était pas vraiment pour lui. Il n’est pas taillé pour. Son regard se pose à nouveau sur la bière posée devant lui. Toujours là, juste devant ses yeux, comme pour le provoquer. « Tu… Merci pour la bière au fait. Mais je ne bois pas. » Il pourrait préciser que c’est parce qu’il doit conduire pour rentrer, ce qui est vrai au passage. Mais il n’a pas vraiment envie de mentir. Après tout, accepter qu’il a un problème, c’est primordial. « Mais tu ne devrais pas te priver, il paraît qu’elle est vraiment bonne ici. Et il paraît aussi qu’ils ont les meilleures cacahuètes du pays ! » Fait-il en approchant le petit pot rempli de cacahuètes. Il ne veut pas rendre les choses étranges, il voulait juste expliquer à Teddy pourquoi il ne va pas boire de bières ce soir. Et sans doute qu’il espère aussi ne plus avoir cette choppe juste devant lui, à portée de main. Bien trop proche de lui.
(✰) message posté Ven 30 Oct 2015 - 19:29 par Invité
Teddy a longtemps été, et l’est toujours, la reine de la dissimulation. Dire que tout va bien alors que ce n’est pas le cas. Elle a remarqué le petit détail dans le sourire. Elle ne saurait expliqué exactement quoi, mais c’est un peu comme être devant un miroir. Sauf qu’elle a les cheveux plus longs, n’a pas adopté les barbes ainsi que certains attribue spécifiques au sexe opposé. Ce n’est pas pour autant qu’elle se permet de lui faire la remarque. D’une part, ce serait mal placé de sa part. D’autre part, si Peter n’a pas développé, c’est certainement parce qu’il a une bonne raison. « Elle va bien aussi, elle a juste décidé que se laver, c’était pour les poules mouillées alors l’heure du bain est d’autant plus compliqué. » Cette nouvelle lui a aussi redonné le sourire. C’est un sujet qui lui plait bien, bien qu’une nouvelle fois elle n’y connait pas grand chose. Si cela se trouve, Beth la fascine parce qu’elle ne vit pas avec au quotidien. Quand elle a décidé que prendre un bain est « pour les poules mouillées », que manger c’est plus ennuyeux que jouer à la catapulte avec sa petite cuillère et que dormir, c’est pour les faibles. « Ça commence bien ! » Sourire pincé. Teddy est quelque peu désolée pour lui, mais également amusée. « Mais bon, elle a carrément raison. C’est trop cool la vie de Mowgli. Pas de douche, tu vis avec les animaux, pas d’écoles. Ce n’est que le début… » Au mieux, Peter en a pour… seize ans, au pire une petite vingtaine d’années. Génération Tanguy disent-ils dans la presse sociologique (ou psychologique, peu importe). « Tu connais un peu les règles ou pas ? Sinon, la meilleure technique reste de suivre la foule, tu applaudis ou tu cries avec tout le monde. » Elle hausse les épaules. Nullement. Ce n’est pas trop demandé à ce stade de faire du mimétisme. Avec du recul, la jeune femme s’aperçoit qu’elle ne connaît pas grand chose. En plus de s’ouvrir un peu plus à cette culture, elle devrait songer à fréquenter les bancs de la fac. Quitte à tuer le temps entre des tentatives de composition, autant s’occuper de façon intelligente. Elle note cette idée dans un coin de sa tête. « Ça ne devrait pas être trop compliqué. » Sauf si elle se fait avoir par des supporters de l’équipe adversaire. Les Australiens, redoutables d’après les titres des journaux sportifs. En dehors des éventuels expatriés, il est fort possible que les « touristes sportifs » n’aient pas tous eu une place dans les tribunes mais qu’ils soient tout de même restés dans le coin pour l’ambiance. « Tu… Merci pour la bière au fait. Mais je ne bois pas. » Le lien se fait lentement entre le fait qu’il ne boive pas et la raison. « Mais tu ne devrais pas te priver, il paraît qu’elle est vraiment bonne ici. Et il paraît aussi qu’ils ont les meilleures cacahuètes du pays ! » Teddy est restée plusieurs minutes silencieuse avant l’impact. La voilà bouche bée au moment où elle comprend le comment du pourquoi. Est-il… ? Elle se sent soudainement bien idiote. Elle lui fait de nouveau non de la tête. Elle ne le vivra pas mal de ne pas boire. Il n’est pas question de créer plus de tentation que les lieux eux-mêmes. La jeune femme donne aussitôt les deux pintes à un parfait inconnu, hébété. « C’est pour la maison ! » Et elle se retourne vers Peter. « Je suis désolée… » C’est bien la première fois de se retrouver dans une telle situation. Là voilà toute embarrassée, alors que d’ordinaire c’est l’inverse. C’en serait presque mignon. « Je voulais pas. » Et elle repart à la recherche de boissons plus adaptées, pas vraiment capable de supporter cette étrange ambiance. « C’est trop indiscret de te demander si ça remonte à loin ? » Teddy tente la question. La curiosité, c’est mal… Elle en est parfaitement consciente. C’est totalement indiscret, ils ne sont pas du genre à aborder les sujets aussi intimes dans leur discussion, mais tout au fond d’elle, la jeune femme aimerait avoir un tel ami dans cette ville. Quelqu’un avec qui elle saurait qu’elle peut parler quand ça va (vraiment) pas. Un ami qui ne la considère pas uniquement comme la chanteuse populaire.
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(✰) message posté Sam 31 Oct 2015 - 15:12 par Olivia Andrews
We cross our bridges when we come to them and burn them behind us, with nothing to show for our progress except a memory of the smell of smoke, and a presumption that once our eyes watered. ✻✻✻ Plus le temps passe, et plus Peter apprécie la compagnie de Teddy, bien plus qu’il l’aurait pensé au départ. Après tout, il a bien longtemps qu’il ne s’est pas fait de nouvelle amie, de vraie amie. Depuis quelques temps, il est plutôt du genre à se terrer dans ses habitudes, sans vraiment sortir. Mais Teddy parvient à changer ça. La preuve, sans elle, il ne serait jamais venu ici ce soir. Il aurait regardé le match depuis son canapé, sûrement en grignotant du pop-corn qu’Hayley aurait voulu. Non, il ne serait jamais venu de lui-même dans un bar. Il n’est toujours pas sûr que ça soit une bonne idée. Il peut toujours essayer après tout. Parler de Beth aide nettement. Après tout, elle est la raison pour laquelle il est sobre aujourd’hui. La raison pour laquelle il est déterminé à le rester. « Mais bon, elle a carrément raison. C’est trop cool la vie de Mowgli. Pas de douche, tu vis avec les animaux, pas d’écoles. Ce n’est que le début… » Sans doute raisonnait-il de la même façon quand il était enfant. Ce n’est que quand on est nous-même parent qu’on réalise à quel point on a pu rendre la tâche difficile pour nos propres parents. Mais c’est ainsi que ça fonctionne, il ne peut rien faire pour changer cela. « Je vais peut-être hésiter avant que tu la vois en fait, si tu comptes lui donner des idées comme ça. » Plaisante-t-il avec un sourire. Sourire toujours un peu gêné. C’est vrai que Beth a suffisamment d’idées farfelues sans avoir besoin d’aide. Essayer de la convaincre que le bain, c’est pour son bien, ça n’est pas évident, n’allons pas en rajouter. « Ça ne devrait pas être trop compliqué. » Répond-t-elle quand il lui propose de suivre le mouvement pour les encouragements. Après tout, à moins qu’un supporter australien ne se soit perdu, il ne devrait pas y avoir de problème. De toute façon, pour venir encourager son pays dans un bar rempli des supporters adverses, il faut avoir le goût du risque. Le sport, ajouté à l’alcool peut parfois échauffer les esprits. Peter a déjà vu ça. Il prendra le temps d’expliquer quelques règles à Teddy quand il parviendra à se concentrer assez longtemps. Son regard passe de la télé à Teddy. Puis à la télé à nouveau. Et enfin au verre de bière qu’elle a posé devant lui. Jusqu’à ce qu’il se décide à lui dire. Après tout, il ne devrait pas en avoir honte. Il a honte d’avoir sombré à une époque. Mais il est fier d’être maintenant sobre. Teddy se tait pendant quelques secondes, faisant visiblement le point. Elle ne devait pas s’y attendre, ce qui est tout à fait normal. Et lorsqu’elle sort de sa torpeur, c’est pour prendre les bières et les déposer à la table derrière elle en lançant un « C’est pour la maison ! » à deux étudiants, visiblement ravis. « Je suis désolée… Je voulais pas. » Peter n’aime pas ce moment où les gens le voient différemment une fois qu’ils sont au courant. Il est toujours le même. Une faiblesse en plus. Teddy ne devrait pas être gênée ainsi, ce n’était pas faute. Si quelqu’un est fautif, c’est Peter et seulement Peter. « Tu ne pouvais pas savoir. » Et sans doute qu’il ne lui aurait jamais dit s’il n’en avait pas eu besoin. Non pas parce qu’il ne lui fait pas confiance, simplement parce qu’il a du mal à se confier. Même avec Hayley, il n’en parle presque jamais. Parler de sa journée, du temps qu’il fait, de tout un tas de choses futiles, c’est beaucoup plus simple. « C’est trop indiscret de te demander si ça remonte à loin ? » Demande-t-elle en revenant avec deux sodas. Il est un peu surpris qu’elle veuille en savoir plus. Agréablement surpris. Peut-être qu’ils sont vraiment devenus amis. « Ça fait bientôt un an et demi que je suis sobre. » Répond-t-il sans donner plus de détails. Un an et demi, ça peut paraître une éternité et pourtant, il a encore l’impression que c’était hier. Que l’envie de boire est toujours aussi présente qu’au premier jour où il avait arrêté. « Je vais aux alcooliques anonymes toutes les semaines. J’ai même un petit badge, comme dans les films. » Et pour prouver ses dires, il sort la pièce ronde sur lequel il est inscrit qu’il est sobre depuis un an. Il avait déjà vraiment fier quand on la lui avait remise. Il n’avait jamais pensé tenir aussi longtemps. Et pourtant, il y parvient encore aujourd’hui. Il pourrait lui parler des raisons qui l’ont poussé à sombrer. De sa détresse. De Kirsten. De Beth. D’Hayley. Mais il ne le fait pas. A la place, il détourne le regard vers la télévision. La conversation devient trop intime à son goût. « Là, ils font une mêlée tu vois. Un groupe de chaque équipe et le but est de réussir à pousser les autres pour pouvoir récupérer le ballon qui est en dessous. » Explique-t-il doucement. Apprendre les règles du rugby à Teddy, c’est tellement plus facile.
(✰) message posté Dim 1 Nov 2015 - 17:48 par Invité
La jeune femme profite de cette conversation pour faire une micro retrospective de ses propres petites périodes enquiquinantes pour ses proches. Avec du recul, elle a l’impression qu’elle n’a pas été trop compliquée. Sauf peut-être pour la question de la chanson. Si ses parents l’ont toujours soutenue, ce n’était pas leur rêve qu’elle dédie sa vie à ça après le lycée. « Je vais peut-être hésiter avant que tu la vois en fait, si tu comptes lui donner des idées comme ça. » Il est sérieux ? Teddy est instantanément triste. Si seulement elle pouvait être assez bonne actrice pour feindre la crise de larmes sur commande. « Mais non dis pas ça, je me voyais déjà comme sa meilleure amie ! » En plus, Peter semble être tellement protecteur vis à vis de Beth, un vrai papa poule. La jeune femme espère que quelqu’un de leur entourage lui apprendra certains détails de la vie. « Tu ne pouvais pas savoir. » Teddy se contente d’acquiescer, encore confuse par ce qu’elle vient de comprendre, apprendre. En effet, ce n’est pas le genre de chose qu’on hurle sur les toits. Elle aurait même pu ne jamais le savoir si elle n’avait pas fait cette erreur. L’inconscient collectif aurait voulu qu’elle voit Peter d’une façon différente. Pourtant il n’en est rien. « Ça fait bientôt un an et demi que je suis sobre. » La jeune femme parvient à mettre un frein à sa curiosité maladive. Pourtant, elle aurait bien voulu savoir ce qu’une année ou plutôt dix huit mois de lutte pour la sobriété pouvaient représenter. « Je vais aux alcooliques anonymes toutes les semaines. J’ai même un petit badge, comme dans les films. » Elle scrute l’objet avec attention. « Félicitations. » Sortir de ce genre d’histoires, ça force le respect. La jeune femme ne trouve rien de mieux à rajouter, rien de mieux à faire. Elle ne prendra pas dans ses bras pour lui faire part de son soutien. Ce serait déconvenu d’agir de la sorte, même s’il faut croire qu’ils n’en sont plus qu’au simple stade de l’instructeur de conduite et de l’élève. Et puis, il lui faudrait également presque un effort surhumain pour prendre quelqu’un dans ses bras, d’une façon générale. Elle connaît uniquement le sentiment de dépression et s’estime soudainement soulagée de ne pas avoir souffert davantage. C’est pour cette raison qu’elle respecte le silence de Peter. « Là, ils font une mêlée tu vois. Un groupe de chaque équipe et le but est de réussir à pousser les autres pour pouvoir récupérer le ballon qui est en dessous. » Elle fronce les sourcils, pas certaines de comprendre pourquoi ils s’y reprennent à plusieurs reprises pour réaliser cette mêlée, malgré les commentaires tout juste perceptibles. Les voix commencent à s’élever dans le bar, contre les Australiens, l’arbitrage… Il faut croire que ce match ne commence pas en faveur des Anglais. « Assure toi que je ne hurle pas touch down à un moment ou l’autre. » Bien qu’elle tente de se soigner depuis qu’elle ici, on ne peut pas toujours faire grand chose comme ces petites habitudes sans une sacré dose de volonté. Expressions, nourritures. « Ça ne m’étonne pas que ce soit un sport anglais. Les règles ont l’air vachement tordues quand même. J’y comprends rien. » Là-dessus, Teddy attrape une carte qui lui fait de l’œil depuis quelques minutes. « Bon j’admets que les cacahuètes sont pas mauvaises, un point pour toi. Mais clairement il va me falloir quelque chose de plus consistant. Faim ? Pas faim ? » Même si ça ne doit pas être aussi bon que l’italien où ils se sont rendus. Même si ça ne doit pas être comparable avec la carte de l’Hilton où Peter travaille.
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(✰) message posté Sam 14 Nov 2015 - 9:34 par Olivia Andrews
We cross our bridges when we come to them and burn them behind us, with nothing to show for our progress except a memory of the smell of smoke, and a presumption that once our eyes watered. ✻✻✻ « Si tu es la meilleure amie qui donne des bons conseils, il y a plus de chances que j’accepte ! » Beth a déjà décidé toute seule de beaucoup de choses qui dérangent Peter, pas besoin d’en rajouter. Enfin il doute que Teddy lui conseille vraiment de vivre comme Mowgli, ce qui ne l’empêche pas de plaisanter aussi. Aux côtés de Teddy, il oublie presque l’endroit où ils se trouvent et la tentation que représente l’alcool autour d’eux. Malgré tout, il lui en parle. Il ne pourra pas éviter le sujet pour toujours, même s’il l’aurait bien voulu. Il n’aime pas en parler, parce qu’il a honte de cette faiblesse. Honte de cette période de sa vie à laquelle il évite de repenser. Malheureusement, c’est bien souvent plus fort que lui. Une fois le problème expliqué et les verres de bière retirés, Peter change rapidement de sujet de conversation. Il ne voudrait pas plomber l’ambiance avec cette histoire. Ils sont venus pour apprécier un match de rugby, pas pour parler de sujets difficiles. Alors il parle de rugby, explique à Teddy ce qui est en train de se passer sur le terrain, pour qu’elle puisse y comprendre quelque chose. Sans connaître les règles, c’est vrai que le rugby peut paraître compliqué. Peter connait ce sport depuis longtemps, ayant vécu dans des pays où le rugby est le sport national. Il aime d’ailleurs beaucoup de sports, le rugby n’est qu’un élément dans la longue liste. « Assure toi que je ne hurle pas touch down à un moment ou l’autre. » Il sourit en prenant une gorgée de coca. C’est vrai que ce genre d’habitude n’est pas facile à perdre. Il doute que les supporters du bar lui en voudraient vraiment, ils seraient plutôt du genre à se moquer gentiment d’elle. « Ça ne m’étonne pas que ce soit un sport anglais. Les règles ont l’air vachement tordues quand même. J’y comprends rien. » Tout ça parce qu’elle ne comprend pas tout immédiatement. Les Etats-Unis sont un des seuls pays à ne pas avoir d’équipe de rugby au niveau mondial. Sûrement pour ça qu’elle ne connait aucune règle. « Tout de suite… Une fois qu’on connait les règles, c’est beaucoup plus simple. Et pour ta gouverne, le football américain n’est pas beaucoup plus facile à comprendre quand on n’est pas américain. » Quand on voit toutes les règles qu’il y a dans les différents sports, pas étonnant que les joueurs n’en fassent qu’un seul. Sinon ils s’emmêlerait les pinceaux rapidement. Finalement, Teddy prend la carte du bar et la regarde rapidement. « Bon j’admets que les cacahuètes sont pas mauvaises, un point pour toi. Mais clairement il va me falloir quelque chose de plus consistant. Faim ? Pas faim ? » C’est vrai qu’il n’a pas encore mangé ce soir, ça ne serait pas une mauvaise idée. Il a beau être habitué à des repas plus sophistiqués, ça ne le dérange aucunement de varier de temps en temps. D’autant que bientôt, il ne sera plus au Hilton et pourra faire des plats plus traditionnels. « Faim, très faim même. Je crois que je vais prendre un fish & chips, pour rester dans l’ambiance anglaise. » A part ça, la seule chose qui le tente sur le menu, ce sont les hamburgers. C’est un menu de pub, ce n’est pas surprenant qu’il n’y ait pas grand-chose d’élaboré. Leur spécialité reste l’alcool après tout. « Au fait, je ne crois pas te l’avoir dit encore, je vais quitter le Hilton bientôt. Je prépare l’ouverture d’une brasserie avec un vieil ami spécialisé en pâtisserie. » Toute cette histoire motive vraiment Peter. Professionnellement, c’est exactement ce dont il avait besoin, l’évolution logique de sa carrière, qu’il a trop souvent repoussée. Sans doute que sans l’aide de Graham, il n’aurait jamais osé. Maintenant, il espère que ça fonctionne. Après avoir passé commande au serveur, Peter reporte son attention sur l’écran pile au moment où les australiens marquent un essai. Naturellement, il suit les supporters et pousse un « Oooooh ! », déçu. Il regarde Teddy suivre le mouvement, sans qu’elle ne comprenne forcément. « Au rugby, c’est pas un touchdown mais un essai. Les australiens ont réussi à aller jusqu’à derrière la ligne au bout du terrain et ils ont marqué 5 points du coup. S’ils transforment en envoyant le ballon entre les poteaux, ça fera 7 points. » Autant dire que le match ne commence pas vraiment bien, mais ça n’a rien d’étonnant, les australiens font partie des meilleurs joueurs du monde.
(✰) message posté Dim 29 Nov 2015 - 20:32 par Invité
« Si tu es la meilleure amie qui donne de bons conseils, il y a plus de chances que j’accepte ! » Sourire en coin. Ceci est une réponse que la jeune chanteuse accepte sans broncher. « Promis je serais celle qui donne uniquement des bons conseils ! » Si c’est ce dont la gamine peut avoir besoin, un jour ou l’autre (même s’il faut attendre quelques années) Teddy le fera. Elle répondra même présente pour les bons conseils qui ne plairont pas à Peter. Une vraie meilleure amie… Là-dessus, elle secoue la tête pour cesser de se faire des films : Peter a des sœurs et ce sont souvent les tantes qui jouent ce rôle là. C’est juste que Beth semble tellement… mignonne quand son père parle d’elle. « Toute de suite… Une fois qu’on connait les règles, c’est beaucoup plus simple. Et pour ta gouverne, le football américain n’est pas beaucoup plus facile à comprendre quand on est pas américain. » La question des règles du football américain ne s’est jamais posée pour la jeune femme. Il y a des sports rois dans le pays natal de la jeune femme - baseball, basketball, football et hockey - peu importe la ville d’origine. C’en est tellement naturel qu’elle n’est pas capable de se mettre à la place d’un Européen. « Faim, très faim même. Je crois que je vais prendre un fish & chips, pour rester dans l’ambiance anglaise. » La jeune femme le suivra dans le choix du plat. Dans les pubs, il y a guère le choix : salades, fish & chips et salades. Bien qu’elle devrait surveiller un peu plus ce qu’elle ingurgite, Teddy ne peut clairement pas jouer au lapin et opter pour une assiette de verdure dans une telle ambiance. « Au fait, je ne crois pas te l’avoir dit encore, je vais quitter le Hilton bientôt. Je prépare l’ouverture d’une brasserie avec un vieil ami spécialisé en pâtisserie. » La jeune femme reste bouche bée par cette annonce. Surprise, mais contente pour Peter. « Oooooh ! » Son regard se détourne vers l’écran. Hein ? Quoi ? Qu’ont-ils raté ? Les caméras sont braquées sur des supporters, à priori anglais, aux regards déçus voire atterrés pour certains. Dans le pubs, l’ambiance est quasiment la même que dans les gradins. Soudainement, la jeune femme est poussée par une envie folle d’exclamer de l’enthousiasme, comme si elle soutenait l’équipe adverse, et puis elle se ravise au dernier moment. Ce qui est plus sage si elle tient à son joli minois. « Au rugby, c’est pas un touchdown mais un essai. Les australiens ont réussi à aller jusqu’à derrière la ligne au bout du terrain et ils ont marqué 5 point du coup. S’ils transforment en envoyant le ballon entre les poteaux, ça fera 7 points. » Elle acquiesce juste d’un hochement de la tête. Peter et Teddy doivent certainement être les seuls à ne pas être touchés plus que cela par l’action des Australiens. « Mh. D’accord. » Si elle a compris les explications de Peter, ce n’est pas dit qu’elle s’en souvienne dès la première fois, avec le bruit, l’ambiance. Encore heureux qu’il n’y ait finalement pas d’alcool sur leur table. C’est pas comme pour leurs cours de conduite, situation où elle a potentiellement des vies entre les mains. « Je suis quand même super contente pour ton histoire de restaurant ! Pendant quelques secondes, je suis allée croire que tu cesserais la cuisine pour autre chose. Ça aurait été du gâchis. Même si tu dois avoir d’autres passions dans la vie, t’es beaucoup trop doué pour laisser tomber la cuisine. » Et Teddy est on ne peut plus objective sur le sujet, elle qui vient de ce pays où la culture culinaire locale a tant mauvaise réputation. « Mais je suis contente. En plus, si tu t’associe avec un pâtissier que tu connais bien, c’est qu’il doit être bon, donc ça me fera une double raison pour te rendre visite au travail et tester l’intégralité de la carte. CQFD. » Peut-être bien qu’elle prendra racine dans cette nouvelle brasserie, installera un sac de couchage dans la réserve… Un grand sourire s’étale sur ses lèvres en imaginant ce que ce duo gastronomique - dont elle ne connait qu’une moitié à ce jour - pourrait réaliser.