"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Loneliness in the dark. 2979874845 Loneliness in the dark. 1973890357
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Loneliness in the dark.

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Kenzo A. Armanskij
Kenzo A. Armanskij
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() message posté Ven 26 Juin 2015 - 16:24 par Kenzo A. Armanskij
    Toute vie a un but, une raison d'être, une fin, une résolution vers laquelle on tend. Cette fin, c'est la mort. C'est ce qui conclue notre vie, plus ou moins longue. Et c'est à cette fin que se résume notre vie. Ainsi, tout au long de notre vie, nous poursuivons un chemin, une quête, cette chose qui remplira notre vie de satisfaction, et si possible de bonheur. Du moins, c'est ce que je pensais, mais désormais, je sais que la vie n'a aucun sens. Que le bonheur est aléatoire. Certains le touche, d'autres le frôle. Et certains ne le rencontre jamais. Parce que la vie est ainsi. Parce que la vie est faite de hauts et de bas, de déceptions et de surprises. Mais dans certains cas, les déceptions sont plus présentes qu'autre chose. « Kenzo, cesse de rêvasser et retourne bosser. »
    Je me retourne et regarde Jean. Il est là, toujours là, à me dire ce que je dois faire. Déposant vicieusement ses mains moites sur mon corps frêle et maladif. Jetant des regards autour de lui, afin de vérifier qu'on ne l'ai pas vu. Et puis il repart, il repart s'enrichir de la nudité des autres. De femmes désemparées, sans argent, sans but. Des femmes comme moi. Je passe une main dans mes cheveux bruns et jette ma cigarette. Je tire la porte et entre dans une grande salle, chauffée, colorée par les spots. La musique bat son plein, et sur la scène, Lizzie danse. Son véritable prénom, c'est Elisa. Elle vient d'une famille riche dont les parents n'ont jamais voulu entendre ses désirs. Elle a renoncé à son héritage après s'être honteusement raté dans la musique. Et comme toute femme qui n'a plus aucun espoir, elle s'était retrouvé ici. Prête à offrir au monde la seule chose qui lui restait encore : sa dignité. Je baissais les yeux et avançais. Mon nom de scène, c'était Fleur. C'était Alexandra qui en avait eut l'idée, en référence au parfum. Ca m'avait fait sourire sur le coup, et puis j'avais adopté ce nom. Car j'étais une fleur. Autrefois du moins. Aujourd'hui, la fraîcheur, la délicatesse et la beauté de cette fleur s'était fané, et je n'étais plus que l'ombre de moi-même.
    J'arrive dans les coulisses et jette mon manteau sur mon fauteuil. Je me tourne vers le miroir. Je crois voir une enfant, une enfant qui aurait grandit trop vite et qui serait habillé de vêtements acheté au Sexodrome de la ville. Pour faire court, je ressemblais à une pute. Je soupirais et allais m'asseoir. J'attrapais mon eye-liner et commençais à me maquiller. Il était vingt heures trente, et la boîte ouvrait dans une demi-heure. Chaque soir, c'était la même chose. Des hommes mariés, célibataires, veuf - qu'importe ce qu'ils étaient, il y avait de tout -, venaient profiter de nos charmes. Ils criaient, glissaient des billets dans nos sous vêtements et tapaient sur nos fesses en demandant plus. Toujours plus. Qu'est-ce que signifiait pour eux d'enlever un bout de tissu ? De dévoiler sa tristesse, sa fierté, sa beauté, sa honte ? Les unes après les autres. Chaque bout de tissu enlevé était une partie de nous mêmes que nous abandonnions. Nous laissions de parfait inconnu nous découvrir, sans aucune défense, sans aucun masque. La femme, au plus naturel. Comme si nous n'avions pas de sentiments, comme si nous nous résumions qu'à un corps. Nous étions tel des œuvres d'art. Qu'on exposait, dont on profitait de la nudité, de la beauté, de la rareté. Car nous étions rares. Chaque femme possède en elle une rareté qui lui est propre, mais encore plus rares sont celles qui la dévoile. Je soupirais à nouveau et rejetais d'un mouvement de tête ma cascade de cheveux bruns. « Kenzo? » Je me levais, glissais mes pieds dans mes talons hauts et rejoignais mes collègues. On était quatre, à quatre à glisser, grimper, tourner autour d'un poteau. Les hommes hurlaient, transpiraient, enfilaient les verres, et je voyais d'ici leurs pantalons déformés par l'envie. Mais je restai impassible et continuais de sourire, jetant par ci par là quelques regards langoureux. Ils voulaient nos corps, ils voulaient les posséder, les toucher, les explorer. Sauvagement, démesurément. Ils n'avaient aucune limite, et nous le sentions alors que nos hanches suivaient le rythme de la musique. Et puis la musique s'arrête, et nous retournons dans les coulisses. L'heure tourne, et j'attends patiemment, enchaînant clopes sur clopes. Et puis vient mon tour de me dénuder. Le numéro commence par une danse sensuelle, un regard bestial. Comme si je savais ce que je désirais. Alors que je ne désire absolument rien. Et puis les vêtements tombent, et ne reste sur moi, qu'un vulgaire bout de ficelle, qui cache la seule chose que nous ne sommes pas autorisés à montrer.
    Je m'apprête à partir. Après avoir soigneusement rangé mes affaires dans mon sac à main, je recouvre un habit qui pourra couvrir tous mes vices, et je sors. J'allume une cigarette et passe une nouvelle fois la main dans mes cheveux. « Excusez-moi? Fleur, c'est ça? »
    Un homme, jeune, blond, bien trop musclé pour que cela paraisse naturel, se tient là. Il me regarde en souriant. Je vois dans son regard qu'il regrette que je n'ai pas ôté ce dernier bout de ficelle. Il me veut. Je le regarde, le regard sombre. Il me tend sa main. Je tire une taffe sur ma cigarette et l'attrape avant de me laisser entraîner. Il paraît surpris que je me laisse faire aussi facilement. Je monte dans sa voiture et il met de la musique. Du rap. Je n'aime pas beaucoup, mais qu'importe. Il démarre la voiture et tourne la tête vers moi: « Tu ne parles pas beaucoup... » « Non, pas vraiment. »
    Je ne prends pas la peine de le regarder. Je veux que ça se termine rapidement. Nous quittons Hammersmith. Par la fenêtre, j'observe les lumières qui illuminent Londres. J'aime cet instant de la soirée, où je sais que c'est bientôt fini. Que le pire est passé, et que la nuit est à venir. Cette nuit pendant laquelle je ne pense plus à rien. Cette nuit où je le retrouve. Sans que je m'en aperçoive, nous sommes arrivés sur une grande avenue. Il emprunte une petite ruelle et annonce : « Je m'appelle F... » « Je m'en fous »
    Je l'ai interrompu et ça ne lui plait pas. Il me regarde longuement et se reconcentre sur la route. Il s'arrête alors et descend de la voiture. Je fais de même. Après la belle voiture arrivait le bel appartement. L'immeuble en disait long sur la suite, et j'observai chaque recoin de l'immeuble. On prit l'ascenseur. Silencieusement, je le suivais et il s'arrêta alors. Il inséra la clef, et je découvrais alors un grand appartement. Décidemment, c'était un bon parti. Il ne passa pas par quatre chemins et me débarrassa de tout vêtement et les jeta parmi ses nombreuses machines de musculation. Il abusa de mon corps durant un temps qui me paru bien trop long. Puis me jeta deux billets de cent euros et alla s'étendre sur son lit. Brutal, mal élevé et radin. Je ramassais mes affaires, me rhabillais et partis. Les premiers métros n'allaient pas tarder. Alors j'attendais patiemment sur le quai de métro, assise entre deux clochards couchés dans leur duvet. Puis je montais dans leur métro, et trente minutes plus tard, j'étais arrivée chez moi, à Hammersmith. Je me débarrassais de mes vêtements, et après avoir prit une longue douche, allais me coucher.
    La nuit fut courte. Trop courte.
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