(✰) message posté Jeu 14 Mai 2015 - 0:53 par Invité
Lost in translation & Jo A. Beauchamp & Sharona K. Garcia-Brown
Jeudi 14 mai, 16h
Cela faisait quelques jours maintenant qu’elle était arrivée à Londres. Bien qu’étant habituée à Paris où elle avait toujours vécu, Joséphine se sentait totalement perdue dans la capitale anglaise, ce qui n’était pas uniquement dû à la barrière de la langue. Tout lui semblait beaucoup plus compliqué qu’en France. Ne serait-ce que la circulation anglaise… C’était quoi, ça, de rouler à gauche ? Non, mais franchement ! En deux semaines, elle avait manqué de se faire renverser un nombre incalculable de fois. La logique voulait qu’on regarde à gauche, puis à droite avant de traverser une rue et que les voitures arrivent d’abord de gauche lorsque l’on traversait. Pas l’inverse ! La première fois qu’un klaxon avait retenti lorsque le véhicule avait freiné, la jeune fille avait bien failli faire une crise cardiaque. Sa première réaction : incendier – en français – le chauffeur et lui avait fait un doigt d’honneur, sous les regards d’abord inquiets, puis scandalisés des passants. Et puis d’abord, pourquoi le seul occupant de la voiture était-il assis à droite à la place du passager ? Il avait fallu cinq bonnes secondes pour que la rouquine réalise qu’elle était à Londres, et que les voitures roulaient du mauvais côté. Elle en avait lâché la poignée de sa valise pour porter ses deux mains à sa bouche en signe d’horreur et de consternation mêlée. Elle s’était, ensuite, répandue en excuses auprès du chauffeur qui, ne la voyant pas bouger, était descendu de voiture. Bien évidemment, lui avait parlé en anglais, et la demoiselle, tellement honteuse et, à présent, sous le choc avait continué en français, son cerveau n’analysant pas un seul des mots pourtant simples prononcés par l’anglais. Celui-ci avait fini par attraper la valise d’une main, poser l’autre sur l’épaule de Joséphine et l’avait raccompagnée sur le trottoir pour qu’elle se remette de ses émotions.
Aujourd’hui, la demoiselle se faisait encore surprendre, même après deux semaines. Les trois quarts du temps, elle prenait le métro, ce qui était pour elle un peu moins perturbant et tellement plus rapide. Le métro, bien que différent, bien que plus civilisé que celui qu’elle connaissait, lui rappelait un peu celui qu’elle avait laissé en France. Clairement, Paris lui manquait plus qu’elle ne voulait bien l’admettre et, parfois, elle se demandait si elle avait bien fait de vouloir venir ici pour faire la connaissance de son demi-frère En même temps, Stéphane et Kevin lui avaient toujours fait comprendre qu’elle était le vilain petit canard de la famille, que c’était à cause d’elle que le père des garçons et leur mère à tous les trois s’étaient séparés, que si elle n’était jamais venue au monde, la famille Martin serait toujours unie. Non, Joséphine ne regrettait pas le moins du monde que sa mère ait divorcé et ait pris un appartement dans le même immeuble que son amant. D’ailleurs, si Jo n’était pas toujours très à l’aise avec son père, elle l’appréciait quand même, même si elle détestait sa fâcheuse manie de lui parler en anglais. Je suis sûre que mon frère anglais est plus sympa que mes frères français… songeait-elle régulièrement pour se donner du courage. De quoi aurait-elle l’air si elle abandonnait maintenant ?
D’autant qu’officiellement, Jo était ici pour perfectionner son anglais, ce qui n’était pas encore vraiment le cas. Tout ce qu’elle était parvenue à faire, c’était à trouver un petit boulot en tant que baby-sitter après les cours. Ca l’occupait. La petite fille dont elle s’occupait était juste trop mignonne, bien que sa mère et son oncle soient un peu bizarres… Avoir une chèvre dans Londres… Jo avait bien cru avoir débarqué chez des fous, en voyant ça. Mais elle n’était pas en position de négocier, et puis ce n’était pas trop mal payé. Elle avait deux vendredi et samedi soirs par mois d’assurés. Pour les autres, elle était susceptible d’être appelée pour s’occuper de la petite. Mais c’était cool… Ca lui convenait. Enfin, pour l’instant…
Mais, aujourd’hui, la jeune fille était tranquille. C’était un jour férié, et la mère de l’enfant ne travaillait pas. De ce que la mère lui avait expliqué en français – vivent les polyglottes – celle-ci allait emmener sa fille au zoo aujourd’hui. Elle avait proposé à Joséphine de se joindre à elles deux afin de visiter un peu Londres, mais la jolie rousse avait refusé, expliquant qu’elle préférait se perdre dans les rues. De fait, c’était ce qu’elle avait décidé de faire, ne prenant avec elle que sa carte de transport, son Iphone, sa carte de crédit – car vivant seule en Angleterre, ses parents avaient dû céder à sa demande d’avoir une carte pour payer ce dont elle avait besoin, même si elle avait un plafond hebdomadaire à ne pas dépasser – et les clés de son studio dont elle était tombée amoureuse dès qu’elle avait mis les pieds dedans. Il faudrait que je pense à le personnaliser un peu… songea-t-elle en montant dans une rame de métro. Elle en ressortit à proximité de Westminster. C’était comme ça qu’elle avait décidé de visiter son nouveau chez elle : monter dans le métro, et descendre à une station, n’importe où, et se perdre. Il n’y avait pas meilleure façon de découvrir Londres, à son humble avis. Au bout d’un moment, elle décida d’entrer dans un Starbucks pour se prendre un chocolat chaud. Sauf que celui-ci semblait quelque peu blindé. La jeune fille poussa un soupir en se mettant dans la queue. Elle n’avait plus qu’à prendre son mal en patience.
Une dizaine de minutes plus tard, c’était enfin à son tour et le vendeur – serveur ? elle ne savait trop comment l’appeler – s’adressait à elle.
« Hein ? Euh… Quoi ? Vous pourriez parler plus doucement, s’il vous plait ? J’ai rien compris… » baragouina la jeune française en regardant autour d’elle si quelqu’un pouvait l’aider.
Sharona K. García-Brown
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(✰) message posté Sam 23 Mai 2015 - 9:37 par Sharona K. García-Brown
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ft. Jo A. Beauchamp && Sharona K. García-Brown
Jeudi 14.05.2015 • Central London • Westminster • Un Starbuck's
Le monde est tellement petit... J'aurais jamais cru tomber sur Tyler en débarquant à Londres, j'aurais pas pu croire qu'il se trouverait que je me rapprocherais du Boss de son mec, ni que Nate connaisse si bien mon avocat... J'ai parfois l'impression que toutes les personnes que je rencontre sont liées entre elle, et c'est assez étrange je dois bien avouer... Évidemment, je me doute pas que c'est parti pour devenir encore plus bizarre avec la rouquine que je m'apprête à rencontrer. Quelle probabilité y avait-il pour que je croise la route de la demi-sœur de Nate, babysitter de la nièce du best de Ty, hein ?
Et tout ça parce que je suis accroc au cappuccino... J'aurais pu être au Tinseltown, si j'avais voulu, mais Betty m'a presque supplié de prendre ce shift, histoire d'arrondir la fin de moi et j'ai pas insisté. J'en ai profité pour faire du sport - très surprenant - et zoner sur les sites d'annonces immobilières, sans conviction. Je sais pas ce que ferons Ivy et K. mais on vivra pas tous ici avec le bébé et trouver un appart pour quelqu'un avec une situation aussi précaire que la mienne, c'est pas plus évident maintenant qu'en octobre... J'envisage de contacter le proprio et de lui demander s'il aurait pas un autre appart plus petit mais je sais pas trop bien comment amener ça, et je lui ai toujours pas envoyé de message. Faudra bien que je me décide un jour, cela dit, parce que j'ai pas trop envie de me retrouver à nouveau à la rue - et ça ferait certainement pas rire Tyler si je débarquais à nouveau devant sa porte. Mais à vrai dire, je crois que je me le permettrais même pas.
Bref, j'ai fini par avoir besoin de prendre l'air, et j'ai quitté l'appart, attrapé le premier bus vers le centre et débarqué sans but dans Westminster. Après une heure de marche au hasard, je me suis dirigée vers l'enseigne verte où je pourrais obtenir une de mes boissons favorite, et j'ai poussé la porte juste derrière une jolie rousse, manifestement dépitée du monde déjà présent. Ah bah ça, ici... Ma première réaction devant sa chevelure de feu a été de vérifier qu'il ne s'agissait pas de ma charmante coloc', mais non, et faut avouer que dans le genre belle rouquine, elles se font clairement concurrence toutes les deux... Et je dois avoir l'air d'une folle à l'observer comme ça, alors je reporte mon attention sur les panneaux et me promets de tester leur nouvelle boisson au sirop d'érable quand ma voisine a pris la parole avec un accent à couper à la hache.
Et manifestement le serveur non plus vu comme il arque un sourcil et attend comme un crétin. Dommage que ça soit pas K., lui il aurait été plus sympa, assurément. Je me suis rapprochée donc, pour répéter au serveur que la rousse était visiblement pas anglaise et qu'il pourrait faire l'effort de répéter plus doucement, avant de me tourner vers elle.
« Tu comprends l'anglais ? Ou l'espagnol ? Il te demande ce que tu veux boire et manger, et le truc du moment, c'est ça… »
Je détache chaque mot, histoire de lui permettre de comprendre plus facilement, propose ma deuxième langue sans conviction, et désigne la pancarte avec le macchiato au sirop d'érable qui me fait de l'œil personnellement.
« Qu'est-ce qui te fait envie ? »
Un sourire, et je suis prête à faire l'interprète improvisée, même si au final, je suis tout aussi expatriée qu'elle. Au moins, ma langue maternelle reste l'anglais, c'est plus facile pour moi...
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(✰) message posté Sam 6 Juin 2015 - 15:10 par Invité
Lost in translation & Jo A. Beauchamp & Sharona K. Garcia-Brown
Jeudi 14 mai, 16h
Joséphine se sentait perdue, littéralement. Il n’y aurait pas eu autant de monde derrière elle, elle aurait peut-être moins stressé et, donc, mieux compris ce que lui disait le serveur. Mais là, ce n’était juste pas possible. La pauvre adolescente avait l’impression d’être en Chine. A la limite, elle aurait peut-être mieux compris ce que lui disait le type s’il avait parlé chinois. Quoique… Autant se rendre à l’évidence, non elle n’aurait pas mieux compris. Ca aurait sans doute été pire encore. La jolie rousse n’avait aucun don avec les langues étrangères. Sinon, elle n’aurait pas pu prétexter de vouloir améliorer son anglais pour pouvoir venir ici. Mais, au moins, était-elle parvenue à prononcer une phrase en entier avant de paniquer. Parce qu’elle sentait la crise de panique pas très loin derrière elle, ce dont elle avait horreur. Se retournant, elle chercha donc autour d’elle pour trouver du secours, qu’elle trouva en la personne d’une jolie métisse de type hispanique mais dont l’accent était, juste irréprochable. De quoi faire se sentir la rouquine un peu plus mal, mais, en cet instant, tout ce qu’elle voyait, c’était que la fille avait volé à son secours et qui, après avoir dit quelque chose au serveur, s’était tournée vers elle pour lui parler, en anglais et en espagnol. Jo écarquilla les yeux, sans trop comprendre ce qu’il se passait là. Néanmoins, elle comprit ce que lui désignait et marmonna une réponse :
« Un… Un mocha blanc ? » dit-elle d’un ton légèrement interrogatif.
La jeune fille était gentille, assez jolie, et très secourable. Si Jo ne se pensait pas spécialement attirée par les filles – il n’en était pas moins qu’elle se demandait ce que cela pouvait faire, d’embrasser une autre fille et tout et tout – elle faisait toujours attention à ce genre de détails. Avec les garçons aussi, d’ailleurs. En parlant de garçon, le serveur rebondit immédiatement sur sa commande et lui demanda son nom. Ca, elle parvint à le comprendre.
« Jo. Joanna. » répondit-elle. Ca, elle savait que c’était pour l’écrire sur le gobelet pour la commande. « Me… Merci » jouta-t-elle en anglais, puis en espagnol à la jeune fille pour faire bonne mesure.
Les chiffres, ça allait à peu près, d’autant que, maintenant, il avait un peu ralenti son débit de paroles et elle put payer sans trop de soucis pour elle, et pour sa sauveuse, qu’elle devança au moment de régler l’addition. Il ne leur restait plus, à présent, qu’à attendre leurs gobelets. Jo s’attendait d’ailleurs à ce que la jeune femme proteste au fait de se faire inviter par une inconnue. Elle-même aurait protesté si les rôles avaient été inversés. Mais elle estimait pouvoir se cacher suffisamment derrière son manque de confiance en l’anglais pour que cela passe. Et puis il fallait bien qu’elle fasse preuve de reconnaissance, non ?
Sharona K. García-Brown
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(✰) message posté Dim 7 Juin 2015 - 14:32 par Sharona K. García-Brown
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ft. Jo A. Beauchamp && Sharona K. García-Brown
Jeudi 14.05.2015 • Central London • Westminster • Un Starbuck's
Le type derrière son comptoir a l'air d'en avoir tellement rien à battre, c'est désespérant. Sûr, K. aurait été plus cool. En même temps, la fille devant étant une jolie rouquine, je doute pas que ça aurait pu jouer en sa faveur tiens... Hum... Mouais, je sais pas si mes pensées sont du genre « Je suis jalouse que K. aime les rouquines » ou « Je suis jalouse qu'Ivy soit avec K. » ou « Je suis jalouse parce que malgré tout, ils sont heureux tous les deux, et moi je suis qu'une crétine... » et je vais essayer de penser à autre chose, hein, y a une jolie rousse en détresse, donc, devant moi, et je vais pas la laisser comme ça alors que l'autre grand crétin se bouge pas le c...
Elle a fini par comprendre ce que j'essayais de lui dire, même si elle a l'air très hésitante, pas très sûre d'elle - et je vais pas lui jeter la pierre, moi on me parlerait en russe ça ferai la même, hein... - et par me répondre, donc.
« Un… Un mocha blanc ? »
J'ai hoché la tête, et je me suis tournée vers le serveur, qui avait déjà dégainé son gobelet et le stylo pour noter son prénom dessus, mais j'ai pas eu le temps de me tourner à nouveau vers la jeune fille qu'elle répondait d'elle-même.
« Jo. Joanna. »
J'ai souri, commandé un Maple Macchiato pour ma part au nom de « Just write "Sha" down, man... » - j'ai jamais trop bien aimé mon prénom, c'est pas parti pour changer un jour -, et des pancakes, mais j'ai pas eu le temps de sortir mes livres qu'elle donnait déjà la somme au barristo.
« Me… Merci. - Non mais t'as pas à te sentir obligée de payer pour moi, c'était rien... »
Et j'aime pas être redevable envers les gens, mais genre vraiment pas quoi... Je grimace, parce que c'est trop tard, mais je me tais parce que la fille a quand même fait l'effort de me parler et en anglais, et en espagnol en plus.
« Bah de rien, hein... Tu viens d'arriver ? »
En attendant nos boissons, je prends le parti de faire un peu la conversation. De toute façon, la salle est bondée, on va galérer à trouver une place alors...
« Il va peut-être falloir qu'on se partage une table en fait... Ca a l'air blindé... Enfin... Si ça t'ennuie pas trop... »
Parce que c'est pas vraiment mon genre de m'imposer loin de là. Et je continue à parler le plus lentement possible, mais je doute pas qu'à un moment ou à un autre, je puisse m'enflammer.
« Tu me dis si jamais je parle trop vite, hein ?... Ca doit pas être facile de débarquer comme ça... Moi j'ai choisi un autre pays anglophone, c'était plus facile... »
Vu que mon accent est quand même à couper à la hache, c'est pas un secret que je viens des States. J'ai toujours du mal à imaginer pour que des personnes issues de pays non-anglophones, l'accent anglais et l'accent américain ne puissent pas être si facilement discernables que pour nous.
Nos boissons nous ont été tendues, et je l'ai invitée à poser son gobelet sur le plateau où se trouvaient mes pancakes, et mon propre gobelet à présent, avant de chercher des yeux une table où on pourrait s'installer.
« Là-bas, ça te va ? »
Bon, on n'a pas douze millions de choix, mais c'est la moindre des choses de lui demander son avis, n'est-ce pas ?
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(✰) message posté Sam 27 Juin 2015 - 9:41 par Invité
Lost in translation & Jo A. Beauchamp & Sharona K. Garcia-Brown
Jeudi 14 mai, 16h
Jo détestait le fait de manquer autant de confiance en elle comme ça. Avant, à Paris, elle était un véritable boute en train, une jeune fille qui menait son groupe d'amies. Un peu à la façon de Blair dans Gossip Girl, mais sans les gossip, et sans les menaces, simplement parce qu'elle dégageait un charisme qui plaisait aux autres. Ici, elle avait parfois l'impression d'être une moule, ou plutôt une limande qui ne dégageait rien, qui se contentait d'inspirer de la pitié. Autant dire que la jeune fille était bien remontée et bien décidée à changer ça. Mais comment? Offrir son café à sa sauveuse lui avait semblé une bonne idée, quoique... Pas si bonne que ça visiblement vu la réaction de la concernée.
"Ah nan, je me sens pas obligée!" répondit-elle en reprenant un peu la tournure de la fille et se contentant d'ajouter la négation.
Néanmoins, elle ne savait pas trop comment expliquer le pourquoi du comment elle l'avait fait. Surtout en anglais. Même en français, elle aurait eu du mal à expliquer les affres de son cerveau. Shah capitula, la remerciant et lui demandant depuis combien de temps elle était là.
"Since... For... Hum... Trois semaines?" répondit-elle en hésitant sur la formule à employer.
Elle l'avait vu en cours, ça, la différence entre "since" et "for", mais non, ça ne voulait pas rentrer. Enfin... C'était rentré, sur le coup, mais ça ne voulait plus sortir en situation réelle. Voilà ce qui lui causait réellement problème. Avec les accents, elle ne comprenait rien, et elle stressait tellement à cause de son accent franchouillard qu'elle paniquait. A l'écrit, ou avec des français, ça passait pas trop mal. Mais là, elle n'était ni à l'écrit, ni avec une française et c'était là tout le drame.
Comme la métisse, elle observa la salle, blindée, et comprit qu'il va être très difficile de trouver de la place. Et flute... Celle-ci lui proposa alors de partager une table, si ça ne la dérangeait pas et Jo hocha la tête en signe d'assentiment. Gentiment, comme depuis le début de leur échange, Shah lui demanda alors de la prévenir si elle parlait trop vite et, à nouveau, Jo se contenta d'acquiescer d'un signe de tête alors que le serveur leur tendait leurs consommations. Les deux jeunes filles se faufilèrent jusqu'à la table que Sharona venait de repérer et qui venait de se libérer. Joséphine récupéra son gobelet sur le plateau et commença à siroter sa boisson avant de demander:
"T'es à Londres pourquoi?"
Une phrase simple, presque correcte grammaticalement, ce qui en soi était déjà pas mal, même la tournure pouvait sembler agressive. Le ton, lui, en tout cas, ne l'était pas le moins du monde.
Sharona K. García-Brown
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(✰) message posté Lun 29 Juin 2015 - 0:05 par Sharona K. García-Brown
Lost in translation
ft. Jo A. Beauchamp && Sharona K. García-Brown
Jeudi 14.05.2015 • Central London • Westminster • Un Starbuck's
« Ah nan, je me sens pas obligée ! »
Elle est vraiment trop mignonne, mais ça m'empêche pas d'être gênée. J'aime pas devoir des choses aux gens, encore moins aux inconnus. C'est super gentil de la part de cette rouquine, mais j'ai pas fait grand chose et trois phrases au barristo, ça mérite quand même pas qu'elle paie mes consos quoi... C'est trop tard cependant, et je vais pas me battre pendant des heures, sinon on est encore là demain je crois - d'autant qu'on aurait sans doute un peu de mal à se comprendre. Alors j'ai laissé courir, et lui ai demandé depuis combien de temps elle était là, histoire de faire un peu la conversation.
« Since... For... Hum... Trois semaines ? - For. Ah oui tu viens vraiment juste d'arriver alors ! Ca deviendra plus facile à force, tu verras. Pour l'instant c'est le début, c'est normal... »
Moi aussi l'accent RP, et pire ceux des régions, m'ont posé problème au départ. Mais on s'y fait à force, on s'habitue à tout, il faut croire. A prendre un café avec des inconnus aussi, en l'occurrence - je me fais la remarque intérieurement que c'est pas la première personne à la table de laquelle je me retrouve, alors que je la connais pas le moins du monde. Et je me demande si comme les autres, je la verrai plus une fois qu'on aura repassé les portes du Starbuck's.
« T'es à Londres pourquoi? - J'ai décidé de venir vivre ici à l'automne dernier. »
C'est assez vague, mais j'ai beau avoir envie de lui faire la conversation, je vais pas vraiment m'étaler sur les raisons de ma venue ici auprès de cette fille que je connais pas, en revanche. Je parle déjà pas beaucoup à mes proches.
« Et toi, tu es venue pour quoi ? Tu viens d'où ? Tu restes longtemps ? »
Je suis super curieuse en fait, et ça doit se voir. Je sirote ma boisson, grignote un bout, et me force à pas lui asséner quinze mille questions à la suite mais... Je suis curieuse, j'avoue. Jo est jolie, je suis pas douée pour identifier les accents, les origines qui en découlent, sauf si ce sont les miennes. Et là, c'est ni espagnol, ni américain. Alors je sais pas d'où elle peut venir, mais je voudrais bien savoir, savoir d'où vient cet accent-là, et d'où peut venir cette jolie rousse.
« Tu me dis si je te pose trop de questions, ou si je suis chiante, ou... n'importe... »
Parce que j'ai pas envie de la faire fuir non plus, c'est pas vraiment le but. Et si je me montre vraiment trop indiscrète, il y a toutes les chances que ça soit la seule chose que j'arrive à faire, là... C'est peut-être pour ça que les autres aussi n'ont fait que passer ? Et je crois que je me demande si je vais pas la faire fuir elle aussi. Comme un peu tout le monde, après tout...
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(✰) message posté Dim 15 Nov 2015 - 13:28 par Invité
Lost in translation & Jo A. Beauchamp & Sharona K. Garcia-Brown
Jeudi 14 mai, 16h
« For. Ah oui tu viens vraiment juste d'arriver alors ! Ca deviendra plus facile à force, tu verras. Pour l'instant c'est le début, c'est normal... » « Merci », répondit Jo, sincèrement soulagée de se faire corriger. « J’espère… »
Il fallait reconnaître que la demoiselle n’était absolument pas à l’aise avec la langue anglaise et elle espérait vivement que la jeune femme en face d’elle avait raison lorsqu’elle lui disait que ça s’arrangerait avec le temps. Mais, pour l’instant, ce n’était pas le cas. Et, pourtant, cela faisait déjà trois semaines qu’elle était là. Ca aurait déjà dû commencer. Peut-être, au fond, n’aurait-elle pas dû choisir d’avoir un studio rien qu’à elle, mais écouter sa mère et aller chez l’habitant. Mais elle avait préféré avoir son indépendance, elle qui l’avait toujours été. Néanmoins, désireuse de s’améliorer, la jeune française prit le parti de faire connaissance avec sa sauveuse. La reverrait-elle après ? Rien n’était moins sûr, mais qui sait ?
« J'ai décidé de venir vivre ici à l'automne dernier. »
Elle n’était donc pas une pure londonienne et n’habitait pas forcément depuis très longtemps ici non plus. D’un côté, c’était rassurant, même si Jo pouvait deviner que Sharona n’avait pas eu de problème de langue à l’arrivée. Peut-être juste d’accent…
« Ah… D’accord… » répondit-elle simplement, comprenant que, visiblement, son interlocutrice n’avait pas très envie de s’épancher sur le pourquoi de sa venue.
« Et toi, tu es venue pour quoi ? Tu viens d'où ? Tu restes longtemps ? »
Elle était assaillie de questions, tout à coup, des questions auxquelles elle n’avait pas forcément envie de répondre, ou pas forcément le temps. Néanmoins, elle pouvait donner la raison officielle de sa venue à la jeune femme, comme elle l’avait fait à ses parents et à ceux qui avaient étudié son désir de venir finir ses études en Angleterre.
« Je suis venue pour perfectionner mon anglais. » répondit-elle donc en éclatant de rire.
Certes, la véritable raison, était de rencontrer son frère, mais ça, la brunette n’avait pas besoin de le savoir. Personne ne le savait, en fait. Pas même ses amis français. Ce n’était, donc, pas à une inconnue qu’elle allait le dire. Sa question suivante, par contre, était facile et pas un secret.
« Je suis parisienne. Née à Paris, grandi à Paris…J’ai toujours vécu à Paris, j’adore cette ville. »
La dernière question, par contre, elle-même n’en avait pas la moindre idée.
« Le temps qu’il faudra ? Au moins jusqu’à la fin de l’année scolaire, et si ça se passe bien, pourquoi pas pour mes études ? Je voudrais devenir éditrice… Et les écoles anglaises et américaines sont plus réputées* que les écoles françaises, pour ça… »
La rouquine avait parlé lentement, cherchant ses mots, quitte à en sortir un ou deux en français. Et, à peine avait-elle fini de répondre à cette série de questions que Sharona reprenait la parole.
« Tu me dis si je te pose trop de questions, ou si je suis chiante, ou... n'importe... » « Non ! Pas du tout ! » répondit-elle avec empressement.
Les deux jeunes femmes continuèrent à discuter un moment, le temps de finir leurs boissons, faisant connaissance de manière malgré tout assez superficielle, et se séparèrent sur le trottoir devant le Starbuck. Peut-être se croiseraient-elles à nouveau un jour, ou pas. En tout cas, à aucun moment, il ne fut question de s’échanger les numéros de téléphone ou, du moins, si Jo y pensa, ce fut trop tard, elles s’étaient déjà quittées.