robin&maïla. It's too cold outside for angels to fly.

"It's too cold outside for angels to fly"

Maïla & Robin

La pluie tombait de plus en plus fort, mais elle ne me dérangeait pas tant que cela. J’avais besoin de marcher, de me retrouver un peu seul. Deux jours étaient passés depuis que j’avais reçu le message de Julian m’annonçant que l’hélicoptère dans lequel se trouvait Ewan s’était écrasé et qu’on avait retrouvé deux corps ainsi que les papiers de mon ami. J’avais eu la dure tâche de devoir l’annoncer à Delilah le soir même. Je revoyais encore son regard meurtri lorsque je lui avais annoncé qu’elle ne reverra plus l’homme qu’elle aimait. J’avais eu l’impression d’avoir son cœur entre les mains et de l’avoir délibérément réduit en miette. Je savais que je n’y pouvais rien, aucun d’entre nous n’avait le pouvoir de changer les choses, mais le fait de le savoir n’aidait pas à aller mieux. J’avais réussi à obtenir quelques jours de congés, je ne me sentais pas capable d’opérer ou de me concentrer sur quoi que ce soit en ce moment. Si il y a quelques mois, me plonger dans le travail m’avait aidé à ne plus penser à Annabelle, cette fois-ci je ne pensais pas que ce se serait la meilleur des solutions. Je venais de perdre l’un de mes meilleurs ami, celui qui était comme un frère pour moi et même si à présent je savais qu’il ne s’agissait pas d’un mauvais rêve, que c’était bien réel, je n’arrivais pas encore à accepter qu’il soit parti, que je ne le reverrais plus, qu’on ne se retrouverait plus jamais autour d’un verre à déconner et à se remémorer nos années d’études où l’on était totalement insouciants. J’avais perdu bien plus qu’un ami, j’avais aussi perdu un frère.

M’arrêtant au coin d’une rue je remarquai que je n’étais plus très loin de l’appartement d’Ethan. Un léger sourire fit son apparition sur mon visage. J’avais besoin de me confier à quelqu’un, j’avais besoin de me changer les idées pour ne pas rester à ruminer et à me demander sans cesse pourquoi le sort semblait s’acharner sur mes amis et moi ces derniers temps. Ethan avait toujours su me réconforter dans les moments difficiles, il était sans doute l’un des seuls à savoir comment s’y prendre avec moi et aujourd’hui plus que n’importe quand j’avais besoin de mon grand frère. Je fis quelques pas vers l’immeuble et poussa la porte du hall. Je ne savais pas si Ethan serait là ou s’il y aurait quelqu’un à la maison, mais je ne perdais rien à essayer. Une fois devant l’appartement je frappa à la porte et attendis quelques instants. La porte ne tarda pas à s’ouvrir et je fus rapidement accueilli par le sourire bienveillant de Maïla. « Salut mon beau-frère adoré. » Je lui rendis son sourire alors qu’elle s’approchait pour me faire la bise. « Salut Maï. » lançai-je doucement alors qu’elle m’invitait à entrer en précisant qu’Ethan n’était pas là. Je franchis le pas de la porte et entra. « Ne bouge pas, je vais te prêter des vêtements à Ethan. Vous faites environ la même taille de toute façon. » Jetant rapidement un coup d’œil à mes vêtements je remarquais seulement maintenant que j’étais trempé de la tête aux pieds. J’avais tellement été perdu dans mes pensées que j’avais à peine senti la pluie me tomber dessus. Je souris en voyant ma belle-sœur revenir avec des vêtements secs. Maïla avait cet instinct maternelle presque innée, elle était très protectrice même avec moi et ce depuis les premiers jours où Ethan nous l’avait présenté. On s’était tout de suite très bien entendu tous les deux et la jeune femme s’était vite intégré dans la famille. J’aimais dire qu’elle était la petite touche de douceur qui manquait à notre fratrie. « Merci… » dis-je en lui adressant un sourire et en prenant les vêtements avant de me rendre dans la salle de bain pour me changer et mettre mes affaires à sécher. « Je veux bien un chocolat, oui. Je n’avais pas remarqué qu’il faisait si froid. » lançai-je en revenant dans le salon. J’alla m’asseoir sur le canapé en attendant que ma belle-sœur revienne avec les chocolats chaud. « Adam est à la garderie ? » Maïla n’allait surement pas tarder à se rendre compte que quelque chose n’allait pas, depuis le temps elle avait fini par me cerner et elle me connaissait, elle savait toujours quand je n’avais pas le moral.

"It's too cold outside for angels to fly"

Maïla & Robin

Alors que j’avais rejoins le salon, attendant que Maï revienne avec les chocolat chaud je laissais mon regard se poser un à un sur chaque cadre, chaque objet qui remplissaient la pièce, comme si c’était la première fois que je venais ici. Soudain je me rendais compte à quel point j’aimais être ici, j’aimais l’atmosphère réconfortante qui régnait dans l’appartement d’Ethan et Maïla. Ici je m’étais toujours senti bien. Ils avaient su faire de cet endroit un petit cocoon bien à eux où l’on se sentait immédiatement bien après avoir franchi le pas de la porte. C’était sans doute cette fameuse atmosphère qui sembla m’apaiser un tant soit peu. Ce fut la voix de Maïla qui vint m’arracher à mes pensées. Doucement je tournai la tête vers elle, m’efforçant de sourire alors qu’elle s’avança pour me tendre la tasse de chocolat qu’elle venait de préparer. Doucement mes doigts virent glisser sur les contours chauds de la tasse, laissant pénétrer la chaleur au travers de ma peau. En silence je la porta à  mes lèvre et bu une gorgée de chocolat. « Il est délicieux… comme toujours. » Maïla avait une façon de faire le chocolat chaud qui vous faisait oublier tous ceux que vous aviez bien pu goûter avant. Et ce n’était pas son seul talent, autant dire que lorsqu’elle se mettait aux fourneaux je sortais rarement de table sans être satisfait. Je m’amusais souvent à taquiner Ethan et Maï en affirmant que j’aurais dû être celui qu’elle aurait dû épouser, j’aurais ainsi eu le droit à ces petits plats aussi souvent que je le voulais. Après avoir bu une autre gorgée je demanda à ma belle-sœur des nouvelles d’Adam. Je souris à sa réponse. « Il aime surtout apprendre des bêtises avec moi. » lançai-je amusé. J’adorais Adam, j’aimais passer du temps avec lui et voir sa petite mine réjouie, s’illuminer de plus en plus lorsque j’arrivais avec une surprise pour lui. Je le gâtais peut-être un peu trop, mais après tout c’était ça mon rôle de tonton. Mes horaires à l’hôpital et les derniers événements ne me permettaient pas de voir mon neveu aussi souvent que je le voulais, mais ça ne m’empêchais pas pour autant de penser à lui. « Je suis un peu passé à l’improviste, mais la prochaine fois je préviendrais pour m’assurer que le petit bout soit là… Et pour lui apprendre comment embêter ses parents. » Je lui adressa un clin d’œil avant de reporter mon attention sur le liquide qui se balançait à l’intérieur de la tasse. Mon sourire s’effaça alors que je repensais au but de ma visite. Même si j’avais espéré voir Ethan m’ouvrir la porte, je ne pouvais nier être heureux d’être tombée sur ma belle-sœur. On s’était toujours bien entendu tous les deux et elle avait mis peu de temps avant de me connaitre par cœur et de cerner la moindre de mes émotions. « Toi, y’a quelque chose qui cloche. » Et encore une fois sa remarque démontrait bien que je ne pouvais avoir aucun secret pour elle. Je détournai la tête de ma tasse et acquiesça d’un petit hochement de tête. Mes doigts tremblaient légèrement sur la tasse alors qu’une petite voix dans ma tête ne cessait de me répéter en boucle la même phrase. Ewan est mort. Je le savais. Je savais que ce n’était pas une blague, qu’il ne reviendrait plus, mais j’avais du mal à accepter que je ne le reverrais plus. Je pensais qu’en venant ici j’arriverais à me sentir mieux, ne serait-ce qu’un petit peu, mais je restai soudain muet comme si après avoir réussi à l’admettre à voix haute une première fois, je niais à présent l’évidence. Sans quitter mes doigts - qui tremblotaient toujours la tasse -  des yeux j’ouvris une première fois la bouche pour commencer à parler sans y parvenir avant de me ressaisir, laissant échapper un soupir. « Je… j’ai perdu un ami… Ewan. » Je relevai la tête, la secouant avant de poursuivre. « Il a eu un accident d’hélicoptère, je l’ai appris avant-hier… » Je vins passer une main dans mes cheveux avant de boire une autre gorgée en silence.