BLUE & FINN + you're an asshole

Une fois par semaine, les jumeaux Stanford passaient l'après-midi entière dans la salle de sport afin de conserver leurs silhouettes sveltes et de garder la forme. Bien qu'ils avaient l'habitude de danser tous les jours, que ce soit par pur plaisir ou afin de répéter pour le prochain spectacle dans lequel ils avaient, comme à leur habitude, obtenu le premier rôle, Victoria tenait à ce qu'ils entretiennent leur corps chaque week-end, et Finnegan n'avait rarement d'autre choix que de la suivre. Sa sœur avait beau cumuler tous les défauts du monde, il devait bien avouer que, certaines fois, sa persévérance l'étonnait. Exigeante et perfectionniste envers son entourage et, surtout, envers elle-même, ils avaient tous deux très souvent veillé tard à force de répéter pour leurs spectacles, de rabâcher leurs textes et de réviser leurs pas de danse, sans jamais être réellement satisfaits de leur prestation. C'était bien souvent par épuisement qu'ils arrêtaient de danser, lorsque leurs têtes tournaient au point de ne plus savoir si leurs pieds touchaient le sol.

Les deux enfants Stanford arrivèrent assez tôt, dans la matinée, à l'heure où il n'y avait jamais beaucoup de monde. Connaissant sa sœur, Finnegan savait qu'ils en avaient pour la journée, c'est pourquoi il avait demandé à sa chère mère de leur préparer de quoi manger à midi, comme elle le faisait si bien lorsqu'ils étaient encore au lycée. Emmitouflés dans des vêtements de sport assortis, l'une en rose, son frère en bleu, ils s'échauffèrent puis commencèrent à s'entraîner tout en regardant des habitués de la salle de sport arriver. Ils étaient sur les tapis de course lorsque sa sœur lança soudainement.

« Attends-moi ici, je reviens. Tu bouges pas, hein ?
– Promis. »

La blond regarda sa sœur disparaître entre les sportifs qui commençaient à affluer. Elle paraissait chétive, à côté des tas de muscle dont les mains faisaient la taille de son visage. Puis le cadet Stanford la perdit de vue, et se résolut à s'asseoir sur le banc en attendant qu'elle revienne. La connaissant, cela risquait de prendre un peu de temps... Il se dirigea vers leurs affaires, attrapa le sac rose bonbon de sa sœur et en sortit sa serviette et sa gourde, qu'il ouvrit et qu'il porta à ses lèvres. Lorsque le jeune homme se retourna vers les tapis de course, il vit que la place qu'il avait occupé venait d'être prise par une jeune fille pas bien haute qui, visiblement, n'avait pas l'habitude d'entrer dans une salle de sport. Il sourit, s'approcha doucement et ne pu s'empêcher de réprimer un petit rire hautain lorsque la blondinette sembla s’essouffler au bout de quelques petites minutes de marche. Sans même qu'il ait le temps de réagir, la demoiselle venait de le fusiller du regard et de l'envoyer sèchement balader.

« Qu'est-ce qui te fait rire imbécile?
– Je devrais pleurer ? »

Portant une nouvelle fois sa gourde à ses lèvres afin de boire une gorgée, il regarda la jeune fille de haut en bas, puis leva un sourcil d'un air insolent. Elle n'était pas bien épaisse, et loin d'être très musclée, mais Finnegan lui-même était de petit gabarit. Avec son mètre soixante-dix et ses bras de danseuse, il avait l'air d'une crevette à côté des tas de muscles sur pattes qui les entouraient actuellement. Il n'était donc pas très bien placé pour se moquer de la taille ou des muscles de la jeune femme qui se tenait devant lui, mais une chose était sûr : s'il n'était ni très grand, ni très musclé, il était bien plus endurant.

« Vous devriez pas trop forcer, vous voyez bien que vous vous faites du mal... »

Fit-il d'un ton condescendant en rebouchant sa gourde, sa serviette sur son épaule. En tant normal, Finnegan fuyait les conflits, et se serait poliment éclipsé si la demoiselle, en plus de l'avoir sèchement agressé sans raison valable, ne l'avait pas traité d’imbécile. Personne n'aimait être traité d'idiot par un parfait inconnu. Et, jusqu'à preuve du contraire, le cadet Stanford et cette jeune femme aussi douce et délicate qu'un buffle enragé n'avait pas élevé les cochons ensemble. C'est donc avec douceur et délicatesse, comme tout bon gentleman qui se respecte, que Finnegan allait remettre cette demoiselle à sa place.