"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Shit. Now I like you, asshole. 2979874845 Shit. Now I like you, asshole. 1973890357
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() message posté Mer 7 Jan 2015 - 22:19 par Invité

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Depuis quelques semaines, mon cœur est léger. Je me sens tellement bien, j'ai l'impression d'avoir définitivement tourné l'imposante page souillée par toutes mes conneries. J'écris d'ailleurs un tout nouveau chapitre, qui je l'espère ne comportera aucune rature cette fois. Je m'efforce de faire un nombre d'effort conséquent pour changer ou du moins pour redevenir celui que j'ai été. Ça n'est pas de tout repos et ça me demande beaucoup d'énergie, mais ça en vaut très largement la peine. Je pourrais presque vous dire que je me sens revivre à présent. Et c'est lorsque je suis au plus près de la femme que j'aime, que ce sentiment de résurrection est à son paroxysme. Avec Julia E King, je redeviens celui que j'ai été, sans prétention « un type bien ». Elle se refuse à prêter le moindre crédit à mes paroles, mais je sais et j'en suis sûr, qu'elle a cette faculté à faire ressortir le meilleur de chaque être qu'elle croise sur sa route. Si moi je suis pourvu de sympathie, elle irradie d'empathie....

« -Hum... » J'ouvre péniblement les yeux, du bout des doigts, je tâte la place qui devrait en toute logique, ne pas être vacante, mais très vite, je me rends compte que je suis seul dans ce grand lit vide. Je me redresse lentement, me passe une main dans les cheveux et constate avec regret, que je suis bien seul dans le lit. Je pousse un léger soupir, frustré d'être privé de la chaleur de son corps, ce corps dont je ne parviens à me rassasier depuis que j'y ai enfin goûté. Et même la nuit précédente, qui a laissé quelque traces, j'entends par là les griffures que j'ai dans le dos, a tout juste apaisé l'ardente passion que je nourris pour Julia. Le sourire aux lèvres et heureux d'être là, malgré la pluie qui tombe en trombe, je me lève et enfile le bas de mon pyjama. Alléché par l'odeur du café, je sais exactement qu'elle direction prendre et quel langage tenir à l'égard de la maîtresse de maison.
Tranquillement adossée au plan de table de la cuisine, la plus divine de toutes les créatures, boit son traditionnel café noir du matin. Elle porte, à ma grande surprise, ma chemise qui lui va à ravir autant que la perspective de la lui retirer d'ailleurs. Sans faire le moindre bruit tel, un chasseur à l’affût de sa proie, j'avance doucement vers Julia et une fois à sa hauteur, je pose mes deux mains sur ses hanches. Elle sursaute sous la surprise et je ne peux m'empêcher de rire en lui susurrant à l'oreille

« -Ça n'est que moi, milady ! »

Elle se tourne alors pour me faire face, nos regards s'accrochent instantanément. Nul besoin de mots pour se parler, tout passe par un simple regard et comme à chaque fois que je me permettais de la contempler, je ne peux m'empêcher de me dire à quel point je suis chanceux de l'avoir dans ma vie et profitant encore plus, je ne peux résister à l'envier d'épouser ses lèvres. Pour me répondre avec ardeur, Julia doit se mettre sur la pointe des pieds. Mes mains glissent le long de son dos et ivre de caresse, elle passe les siennes sur mon torse. Mais avant d'aller plus loin, je sens, dans la poche de mon jean, mon portable qui ne cesse de vibrer.

« -Il faut que je décroche, c'est peut-être le boulot » déclairais-je en l'embrassant sur le bout du nez avant de m'éloigner pour décrocher. Je suis presque sûr qu'il s'agit de l'hôpital, surement l'un de mes internes confronté à une situation de crise qu'il est incapable de gérer, je me prépare même à lui passer un savon, mais...

« -Docteur Owen Reagan ? »

« -Oui c'est bien moi. À qui ais-je l'honneur ? »

Pour être honnête j'ai balayé de ma mémoire la suite de la conversation, la seule chose dont je me souvienne est l'annonce de la mort de mon père. Je n'ai pas réagi passé cette annonce, je me suis contenté de remercier poliment la personne qui venait de me contacter pour me faire savoir qu'une cérémonie aurait lieu d'ici trois jours, en Irlande, près de Dublin. Mon père est mort... J'ai annoncé la nouvelle à Julia, aucune émotion ne transpirait de ma voix, surement parce que je refusais, à cet instant précis de prendre la pleine mesure de la nouvelle qui venait de mettre transmise via cet appel téléphonique.

« -Mon père est mort ! »

Une seconde passe, je fais un pas et je finis par éclater en sanglots.

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Theodore A. Rottenford
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() message posté Mar 13 Jan 2015 - 23:47 par Theodore A. Rottenford
“The business of the mafia is business. Our principles are highest; honor, solidarity and vengeance. We know there’s no justice for us except we earn it. We earn respect. God will provide, but you must provide till he does. ” La pluie tombait drue sur mon visage fermé. Je sentais la houle et les vents de Belfast fouetter succinctement mes joues glacées, comme pour accueillir un ancien combattant. Mais ce n’était qu’un leurre ; au fond je n’étais que le pantin d’une communauté criminelle imposante. J’haussai les épaules avant de glisser le long des rues pavées de hontes et de pierres. Ma stature noble et mes jambes élancées, créaient l’illusion d’une puissance de caractère qui me faisait trop souvent défaut. Je clignais des yeux une fraction de secondes, l’air poupin de Jasmine me percuta comme un rayon de soleil en pleine nuit. Ma respiration était ronflante, et je dû accélérer le pas afin de passer outre mes angoisses paternelles. Cet enfant né par surprise, avait su incarner l’amour inconditionnel que j’avais passé ma jeunesse à moquer. Je sentais mon cœur s’exalter avant de s’égarer dans ma poitrine douloureuse. Je ne connaissais pas la rédemption. Je n’en voulais pas. Et pourtant tous mes nouveaux instincts me guidaient vers le droit chemin. Je serrais la croix qui ornait mon cou avec la passion de l’âme pieuse et torturée. La lumière divine dissipe l’obscurité - ; mais je sentais qu’il fallait bien plus qu’un éclat resplendissant pour me sauver de mes démons. Je pinçai les lèvres en rejoignant le cimetière de la pègre. On m’avait imposé les valeurs de la famille dès la naissance, mais jamais je ne m’étais senti aussi seul dans mon univers. Les visages défilaient devant moi, mais j’étais incapable d’accrocher le moindre regard. Les têtes se baissaient en signe de respect, mais j’adulais mon rang et mon statut au sein des O’Connor. Je me révoltais contre les pressions, et les éthiques immorales. Ma gorge se serra dans un crissement désagréable tandis que je cheminais vers le tombeau sombre. Il me semblait que j’avançais inévitablement vers le poignard acéré de la mort, mais à aucun moment je ne songeai à me défiler. Mon destin était scellé de toutes façons. J’avais pris toutes les dispositions pour Jazz ; Olivia en avait la garde exclusive et j’espérais compter sur la bienveillance de Julia. Mon oreille sourde bourdonna et je penchai la tête avec recueillement afin de soulager mon tympan.

La cérémonie fut pompeuse, mais je m’évertuais à respecter l’âme qui avait décédé par mégarde. Je connaissais les coulisses du crime irlandais. Je savais que je n’avais pas été convié impunément. Il s’agissait d’un règlement de compte grotesque, et les truands avaient besoin d’une figure autoritaire afin de donner un aspect plus formel à la vengeance. Mes doigts engourdis retracèrent le sacrifice du Christ avant d’effleurer ma bouche incurvée. Je soupirai en quittant les lieux de culte catholique. Les ombres endeuillées se dirigeaient vers le bar de Joe afin d’expier leur douleur, et je suivis le mouvement comme un automate. J’adressai une salutation sommaire au propriétaire avant de m’avachir dans un coin ; une bouteille whisky en mains. Les flots d’alcool réchauffaient mon estomac crispé, mais l’ivresse se refusait à moi. J’avais l’impression que chaque gorgée me rapprochait de la lucidité de l’esprit. Le poids de mes responsabilités s’abattait sur moi d’un coup, et je réalisais avec effarement que si je venais à mourir – la vie de Jasmine serait bien moins compliquée. Je me mordis la lèvre inférieure en me servant un nouveau verre.

Les gens gesticulaient dans tous les sens. Mon regard gris, sombre, presque noir, croisa les deux idiots qui avaient agressés Elliana. Je me refrognai sur place avant de les interpeller d’une voix rauque. « Je ne veux pas vous voir ici ... » Grinçai-je d’un air mauvais. « Cassez-vous ! » Aboyai-je comme une bête enragée. Ils s’exécutèrent en fronçant les sourcils, jugeant qu’il était préférable de ne pas créer une émeute en ces lieux. Après tout j’étais protégé par les miens tant que je restais dans les faveurs du clan. Je fis glisser ma bouteille sur la table avant de lancer une longue plainte. Les visages inconnus se succédaient toujours et encore ; je saisis mon téléphone afin de regarder l’heure. Déjà 22H. Il était temps pour moi de m’incliner. Je me faufilai jusqu’au comptoir avant de croiser Owen ; l’homme bourru et impoli. Je lui souris d’un air narquois.

« Alors on côtoie les hautes sphères maintenant ? » Me moquai-je. « Qu’est-ce que tu fous ici Reagan ? » Je grinçai en vacillant de côté. « Commander du coca dans un bar ; tu encore plus lamentable que dans mes pensées. »

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() message posté Jeu 15 Jan 2015 - 20:48 par Invité

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« Votre père est mort monsieur Reagan »

C'est tout ce qu'il me reste de la conversation téléphonique. L'homme était courtois, mais d'un professionnalisme à toute épreuve. Un médecin me diriez-vous ! Non et dieu sait que j'aurai préféré m'adressait à un confrère dans ce genre de situation. Pour m'annoncer la funeste nouvelle, l'on avait dépêché un notaire, un putain de foutu notaire, pour me dire que mon père était mort et que j'étais à présent attendu à Belfast pour les « modalités funéraires » Voulant me soustraire à la réalité, j'ai fermé les yeux un court instant. Naïvement, j'espérais par la suite émerger d'un effroyable cauchemar et reprendre le court de ma vie, chassant du revers de la pensée, cette effroyable nouvelle qui venait de m'être communiquée, mais il n'en était rien et lorsque mes paupières ont cessé d'être closes, la vérité, cruelle et douloureuse, m'a happé dans son sillage m'obligeant à faire face. Mon père est mort et me voilà à présent vêtu de mon uniforme, assit à l'arrière d'un taxi pour rejoindre le cimetière de Belfast.

L'intensité de mon regard oscille péniblement entre tristesse et culpabilité. Ma tête est lourde, mes pensées vides, je n'ai plus la force de réfléchir aujourd'hui. La tête posée contre la vitre froide du taxi qui me mène vers cette difficile épreuve, je regardais à présent le paysage qui défilait sous mes yeux. Le ciel dès plus menaçant, c'était paré de ses plus funestes atours pour l'occasion. Les nuages, nombreux comme à l'accoutumer, étaient pourvus de plusieurs teintes de gris. Certains, plus petits de taille, oscillaient entre le gris et le blanc et d'autre plus imposant, oscillaient entre clarté et ténèbres.À cet instant, il ne pleuvait pas, mais à en juger par les nombreuses flaques qui recouvraient la route, ça n'était plus qu'une question de temps avant qu'une averse ne s'abatte à nouveau sur la ville. Après tout, nous sommes en Irlande, ici la pluie est aussi coutumière que le whisky et les bons pubs qui se vantent d'en servir. Je ferme encore les yeux et serre la mâchoire, je me maudis d'y penser, effectivement, c'est le genre de pensée que je ne devrais pas avoir, moi qui fraternise avec la sobriété depuis presque cinq moins à présent. Dans une autre vie, pas si lointaine, l'alcool m'aurait aidé à faire face, à supporter cette amère tristesse qui me retourne les entrailles, elle aurait amoindri l'espace d'un instant, cet atroce sentiment de culpabilité qui ne cessait de me poursuivre depuis l'annonce du décès. Je pousse un long soupire et sors de ma poche, un papier soigneusement plié en quatre. Je le déplie avec tout autant de soin. J'ai griffonné quelques mots, quelques pensées brouillonnes engendrées par ma tristesse, par cet irrépressible besoin d'en faire plus, de dire ce que jamais je n'ai pu dire, de lui offrir à ma façon, un dernier adieu

« Je ne suis pas le fils que tu aurais voulu que je sois, ça n'est pas faute d'avoir essayé pourtant. Je voulais que tu sois fière de moi ne serait-ce que l'espace d'un instant. Je voulais voir, dans tes yeux, cette petite lueur semblable à celle que j'avais dans les miens, lorsqu'enfant, je te regardais enfiler ton costume pour assister aux grandes parades militaires. Je voulais t'entendre dire à quel point tu étais fière de moi, entendre pour une fois des paroles réconfortantes, les paroles qu'un fils attend de son père. La seule chose que j'entends à présent, c'est le silence, ton silence. J'aurai tant aimé te revoir une dernière fois, pour te pardonner, mais la fatalité ne nous en a pas donné le temps... »

Je ne suis pas allé plus loin, j'ai voulu laisser parler mon cœur et c'est tout ce dont j'ai été capable, une dizaine de lignes pour toute une vie... Le taxi ralentit, je comprends alors qu'il va me falloir être fort et jouer le fils modèle. Le bout de papier disparaît aussitôt dans la poche de mon pantalon. J'observe à nouveau le décor extérieur. Le noir domine en couleur et le parapluie en accessoire. Le taxi finit par s'arrêter 100 mètres plus loin. La main tremblante, je sors mon portefeuille pour m'acquitter de ce que je dois au chauffeur, puis je sors. Je remets en place mon uniforme, inspectant chaque recoin et...

« -Owen ! »

Surprit d'entendre une voix aussi familière, je relève la tête, mon regard capte instantanément celui de ma mère, qui toute vêtue de noire s'approche de moi lentement tout en arborant un triste sourire. Je m'approche à mon tour pour combler la distance. Son regard perçant semble plus terne qu'à l'ordinaire, je devine, malgré le maquillage, ses yeux creusés par la fatigue.

« -Maman...Je suis désolé je... »

Elle pose instantanément ses deux mains sur mon visage, espérant surement que je me taise et que je cesse de m'alourdir de culpabilité. Et ça marche, je la regarde dans les yeux et cesse cette réplique à charge contre moi. Ma mère a cette faculté incroyable d'apaiser les âmes esseulées en un contact, un regard. Elle a toujours su me rassurer, armée de sa joie de vivre et de son positivisme à toute épreuve, elle chassait ainsi les vilains cauchemars qui accaparaient les nuits du petit garçon que j'étais encore.

« -Tu es là et c'est tout ce qui compte. » me dit-elle en me prenant la main pour m'entraîner à l'intérieur du cimetière. La pluie commence alors à tomber, nous obligeant à nous abriter sous les parapluies. Je ne peux que constater qu'il y a du monde, d'autres hommes en uniforme me font face, des vétérans et amis de mon père pour la plupart. Le prêtre s'avance vers le cercueil, dans une parfaite synchronisation, nous exécutons le signe de croix. L'homme de dieu, un dieu auquel je ne crois plus depuis longtemps, prend enfin la parole. Mon regard et mon attention sont focalisés sur le cercueil et non sur les paroles du saint homme, qui achève son speech mortuaire cinq minutes plus tard. Les premières notes d' « Amazing Grace » résonnent dans la cornemuse de Sean, un vieil ami de la famille. Instantanément, tous les hommes portant un uniforme, offrent un dernier salut militaire ) mon père, j'en fais de même le cœur lourd. La pluie ne cesse de tomber et nous voilà désormais conviés à poser une rose sur le cercueil du défunt. Je suis le premier à franchir le pas, suivit de près par d'autre membre de la famille. Ma mère a déjà quitté la cérémonie à ma grande surprise. J'ai à peine le temps de m'e,n rendre compte, car je suis accaparé par les anciens compagnons d'armes de mon « cher » père qui décident de me convier au toast qu'ils ont organisé pour fêter la mémoire de leur vieux camarade. Je sais que je devrais refuser de me rendre dans un pub, au vu de mon récent passif avec l'alcool, mais en de telles circonstances, je ne me sens pas la force de dire « non ». J'irais voir ma mère plus tard...

Les minutes passent, les heures commencent à s'accumuler, malgré la foule, je me sens seul. Les camarades de mon père, chopes en main, parlent du bon temps. Les sourires se mêlent aux éclats de rire suite à l'évocation de certains souvenirs. À leurs yeux, c'était un homme bien sous tous rapport, avec des valeurs, un code d'honneur, mais aux miens ? Se sont-ils au moins posé la question ? Probablement pas. Je les laisse donc à leurs souvenirs et m'approche du bar, par réflexe j'aurai pu commettre une erreur lourde de conséquence, je me rattrape juste à temps et commande un coca au barman qui lève un sourcil surprit qu'on puisse, encore en ces lieux, vouloir d'une boisson sans alcool. Il se permet même de me demander si je ne veux pas d'un peu de whisky avec le coca. Gentiment, je réponds par la négative et attends patiemment ma commande. Puis sans trop savoir pourquoi je me rétracte et accepte la « sur dose » de whisky dans le coca. Puis, je prends place sur l'un des rares tabourets encore vide et observe avec attention le verre qui vient de m'être servit. Pathétique, il n'y a pas d'autre mot pour illustrer le plus fidèlement possible la situation. Je ne sais pas si je dois être triste ou être en colère, si je dois pleureur ou hurler. Je me sens tellement coupable et cette culpabilité s'accroit lorsque je pose mon regard sur cet uniforme que mon père chérissait tant de son vivant. Il serait fier de me voir ainsi, mais moi, suis-je encore fière de lui après avoir nourrir une telle rancœur pendant tant d'années ? Nous n'avons même pas eu le temps de parler, d'avoir une vraie conversation d'adulte à adulte. Il est parti, il m'a abandonné encore une fois... Espèce de connard ! J'avance la main en direction du verre que je ne quitte pas du regard, puis dans un sursaut de lucidité, je le repose. Je ne peux pas faire ça, pas à Julia, elle mérite mieux qu'un homme qui va se réfugier dans l'alcool pour amoindrir sa douleur. Je ferme les yeux un court instant et repousse littéralement le verre que je viens pourtant de commander.

« Alors on côtoie les hautes sphères maintenant ? »

C'est encore une voix familière qui me tire de mes réflexions, sauf que cette fois, je me serais bien passé d'une telle rencontre. La mâchoire serrait et le regard noir, je découvre le visage de mon nouvel interlocuteur. Theodore L. Rottenford. Mon sang boue littéralement et j'ai bien envie de faire disparaître ce sourire moqueur qui semble éclairé son visage.

« -Qu'est-ce qu'un rat de ton espèce vient faire ici ? » dis-je poings et mâchoire serrés. Je n'ai pas la force de réfléchir et de lui sortir une réplique acerbe, alors je vais me contenter de ça, avant de laisser mes poings s'exprimer s'il me pousse un peu trop.

«-Qu'est-ce que tu fous ici Reagan ? Commander du coca dans un bar, tu encore plus lamentable que dans mes pensées. »

Cette fois, je ne tiens plus, je bondis de mon tabouret et le prends par le col, près à frapper pour exorciser la colère qui me dévore les entrailles.

« -Ca n'est vraiment pas le moment. Cette fois Julia ne sera pas là pour te protéger, pauvre petite chose. Alors un conseil, évite de me chercher... »

Le barman visiblement offusqué par mon attitude, s'approcha de nous pour me faire savoir qu'il ne tolérait aucune bagarre dans son établissement. Mon regard croisa celui de Theodore, la tentation de le frapper était trop grande, mais je ne m'abaisserais pas à un tel niveau, encore moins aujourd'hui. Ainsi, sous le regard du gérant de l'établissement, je mis un terme aux tensions naissantes en relâchant Theodore, puis je repris ma place l'air de rien.

« -Tu n'as rien à foutre ici espèce de connard. Alors dégage et laisse-moi tranquille. Voir ta sale tronche le jour de l'enterrement de mon père, est bien la dernière chose dont j'avais envie. »

Et irrémédiablement, je repose toute mon attention sur le verre qui me fait face



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() message posté Mer 4 Fév 2015 - 14:58 par Theodore A. Rottenford
“The business of the mafia is business. Our principles are highest; honor, solidarity and vengeance. We know there’s no justice for us except we earn it. We earn respect. God will provide, but you must provide till he does. ” Les rythmes endiablés de mes celtes s’écrasaient contre ma vanité. Je buvais plus que d’habitude, espérant, aspirant, à la négligence de soi. J’étais à la tête du département de police criminel le plus surveillé de Londres. J’étais bien trop stricte pour me permettre des écarts de conduites. Au travail, comme dans la famille, j’étais trop souvent sournois et moralisateur pour me laisser bercer par les illusions de l’ivresse. Mais ce soir je voulais m’endeuiller de cette âme étrangère qui avait périe avant moi, car je savais  que ma destinée était inévitable. Je savais que je ne tarderais pas à rejoindre l’au-delà. Les rouages de la pègre n’étaient pas très complexes ; la cage dorée ne nourrit point l’oiseau, et je préférais vivre un jour comme un malfrat plutôt que cent ans comme un héros. Tel était mon leitmotiv et la base de mon éducation. Je serrais les dents avant de m’enfoncer dans mes pensées sombres et gluantes. C’était dangereux d’aimer une gamine. J’avais de l’endurance, mais les lames de la réalité étaient bien trop aiguisées pour épargner ma vie. Jasmine était bien trop innocente pour que je songe à lui appartenir entièrement. Je me consumais dans mes propres doutes. Chaque lampée m’éloignait de ma quête pour l’insouciance. J’agonisais dans ma propre conscience des choses. J’étais fait d’ombre et de chaos, la lumière était une valeur que l’on m’avait interdite. Jasmine était une valeur que l’on m’avait interdite.

Je me battais toujours contre la fatalité – Foutu instinct de survie. Un soupir m’échappa tandis que je regardais les silhouettes ombrageuses se fondre dans l’atmosphère triste de la salle. Il y’ avait quelques rires, et bien des tristesses, mais je ne ressentais que le supplice de la distance. J’étais trop loin de ce monde. Mon cœur s’obstinait à quitter ces lieux afin de rejoindre le regard cristallin de ma fille ; dans ces instants, il était clair pour moi  je n’étais plus à ma place en Irlande. Je me mordis la lèvre inférieure en rasant le sol vers le comptoir. Ma démarche particulière me donnait l’impression de rebondir. Je posai les mains sur un tabouret avant de croiser le regard troublé d’Owen. «    -Qu'est-ce qu'un rat de ton espèce vient faire ici ? » Grinça-t-il. Je remarquais ses poings serrés et son attitude tendue. Décidément, il avait le feu au c** à chaque fois que je le croisais. «   Je vais finir par croire que tu ne m’aimes pas. » Ironisai-je en croisant les jambes en face de lui. «    -Ca n'est vraiment pas le moment. Cette fois Julia ne sera pas là pour te protéger, pauvre petite chose. Alors un conseil, évite de me chercher... » Je réprimai un rire sarcastique en me retournant vers le barman. Je lui tendis quelques  billets de 100 euros en arquant un sourcil. C’était bien plus que ma consommation, mais je m’attendais au pire avec un tel attroupement de mafieux irlandais. Joe avait l’habitude de gérer les casses, mais je n’aimais pas avoir de dettes.  Il accepta mon offrande, tout en fixant mon ‘‘altercation’’ avec Owen. Je lui souris d’un air bien entendu.

«   -Tu n'as rien à foutre ici espèce de connard. Alors dégage et laisse-moi tranquille. Voir ta sale tronche le jour de l'enterrement de mon père, est bien la dernière chose dont j'avais envie. » Rajouta mon compatriote contre tout attente. Je me retournai lentement vers lui d’un air incrédule. Son père ?  «   Tu parles encore ? Je croyais que la conversation était finie. » Lançai-je avec lassitude. «   Ton père. » Marmonnai-je à voix basse. «   Je ne le connaissais pas personnellement, mais il semblerait que nous ayons bien plus d’amis en communs que je ne le pensais. » Me moquai-je. «   Toutes mes condoléances. Comme on dit chez nous ; Soleil, feu et pensées n’ont point de fin. » Soufflai-je en fauchant son verre de coca. «   Et puisque tu n’as pas le courage de t’abreuver, laisse-moi boire à la santé de ton père et tous nos camarades. » Je me retournai vers l’audience. Le silence régna tout à coup ; et tous les regards se posèrent sur mon poing levé. «   Au clan. A la vie. A la mort. » Braillai-je avant d’écraser mon verre contre le parquet. Tous les truands suivirent mon mouvement dans l’hilarité avant de retourner à leurs occupations.
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() message posté Jeu 5 Fév 2015 - 22:01 par Invité

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J'étais perdu, le genre de perdition qui peut nous conduire à faire des erreurs. J'avais beau me convaincre que tout ça n'était que le fruit de mon imagination, que mon esprit était happé dans un cauchemar dont je finirais par sortir tôt ou tard, mais rien n'y faisait. Je restais désespérément attaché à ce tabouret, dans ce pub irlandais, entouré des amis de mon père, venus célébrer à leur façon sa mémoire. Sa photo trônait d'ailleurs au fond du bar, avec plusieurs verres de whisky vide, triste représentation de son départ et amère illustration de son absence. Mon père n'est plus là et ça n'est pas un cauchemar, mais une réalité qu'il va falloir accepter.

J'ai longtemps regardé ce verre de coca accompagné d'une dose non négligeable de whisky. L'espace d'un instant, je me suis senti suffisamment lâche pour mettre en péril presque six mois d'effort. Je suis perdu, le genre de perdition que nous conduit à faire des erreurs. Un vulgaire moment de faiblesse, cependant balayé par une chaleureuse pensée. Julia ! J'ai vogué bien trop longtemps en mer hostile, pour renoncer à présent et perdre le plus précieux de tous les trésors, son amour. Ce verre est alors devenu une pathétique représentation de celui que j'ai été et que je ne serais plus.

J'avais pris ma décision et à ce moment précis, le destin se joua de moi et envoya sur ma route, un obstacle. Je ne suis pas partisan de la haine, et je n'ai pas pour habitude de serrer poings et mâchoire lorsque je rencontre quelqu'un sur ma route, mais avec Theodore tous mes principes volent en éclats. La détestation était à un tel niveau en sa présence, qu'il me fallait beaucoup d'effort pour me contenir et ne pas envoyer mon poing dans la figure de ce sinistre individu. Mais aujourd'hui, je ne me sentais pas la force de lutter et il était évident que si l'homme me poussait dans mes derniers retranchements, je ne lui ferais aucun cadeau.

Alors que j'égrenais mes derniers mots, dans un souffle de lassitude, Theodore, visiblement incrédule, se retourna vers moi et me provoqua encore une fois en lançant sur une tonalité empreinte de lassitude :

« -Tu parles encore ? Je croyais que la conversation était finie »

Je voulais rester calme, je devais rester calme, au moins pour l'instant. D'autant plus que le barman semblait peu enclin à accepter qu'en ce jour de deuil, une bagarre éclate dans son établissement. Après tout n'étions-nous pas réunis en ce jour funeste pour fêter la mémoire d'un des nôtres ? Pleureur, rire et boire étaient ainsi devenu l'espace de quelques heures, les seules choses que nous étions autorisés à faire pour ne pas troubler la mémoire et le respect de celui parti avant nous, en l'occurrence, mon père.

« -Ton père. »

Il avait marmonnait ses mots, espérant peut-être ne pas faire entendre sa surprise, car oui, malgré ses grands airs et l'attitude détestable qu'il s'évertuait à adopter en ma présence, son regard le trahissait et je sentais la surprise poindre à l'horizon.

« -Oui mon père, l'homme qui m'a donné la vie... Je ne suis pas d'humeur à faire de grands discours, ni à me livrer à une joute verbale. »

Mon regard se posa à nouveau sur le verre qui me faisait face. J'espérais ainsi, en me concentrant sur un point précis, faire fuir l'indésirable. J'osais naïvement espérer un peu de tranquillité, quelques instants où je pourrais souffler et célébrer à ma façon la mémoire de mon père... J'osais vraiment espérer que mes prières soient exhaussées, mais le Destin, ou la Fatalité, je ne serais dire lequel des deux est le plus pervers, semblait s'amuser de la situation et ne m'accorda aucun égard. En effet Theodore resta à la même place et reprit la conversation là où elle s'était arrêtée.

« -Je ne le connaissais pas personnellement, mais il semblerait que nous ayons bien plus d'amis en communs que je ne le pensais. »

Un sourire narquois apparut sur son visage. En une réplique, il avait happé toute mon attention. Mon regard jongla entre le portrait de mon père au fond du bar et les invités. Hormis une ou deux personnes, je ne parvenais à identifier tous les visages de cette funeste assistance. Personne ne me revenait et assaillis par un bon nombre d'étrangers, je pris conscience de mon malaise. Plus rien n'avait de sens, comment se pouvait-il qu'un type comme Theodore ait des amis en commun avec mon défunt père ? J'imagine que mon père connaissait beaucoup de personnes, cela explique les amis en commun, mais même en essayant de me rassurer, je ne parvenais à chasser de mon esprit, le trouble qui m'empêchait de prendre la parole. Je ne connais pas vraiment Theodore et je pense n'avoir jamais eu envie de le connaître, malgré tout, je ne pouvais m'empêcher de ressentir quelque chose de désagréable me tordre les entrailles, lorsque je prenais le temps de l'observer. Quelque chose de malsain se dégager de lui et j'étais incapable de me l'expliquer, mais le simple fait de savoir que lui et mon père, puissent avoir des connaissances en commun, nourrissait en moi le genre d'appréhension qu'il est difficile de dompter.

« Toutes mes condoléances. Comme on dit chez nous ; Soleil, feu et pensées n'ont point de fin. » Il m'observa de toute sa hauteur et plus hautain que jamais, il se saisit du verre que je n'avais pas encore touché. Il n'avait donc aucune pitié et préférait se donner en spectacle, attirant vers lui et accessoirement vers moi, les projecteurs, plutôt que de célébrer silencieusement et tranquillement la mémoire d'un défunt. Puis, surement pas rassasier, il revint à la charge. Mais qu'il m'achève, ça sera plus simple!

« Et puisque tu n'as pas le courage de t'abreuver, laisse-moi boire à la santé de ton père et tous nos camarades. »

Aussitôt, il joignit le geste à la parole en se retournant vers son auditorium. Tous les regards convergèrent dans sa direction, quelque chose était en train de se passer, mais sous l'emprise de la colère, je fus dans un premier temps, incapable de comprendre

« Au clan. A la vie. A la mort » hurla mon ancien rival qui s'abreuva ensuite avant de poser face à moi, le verre que j'avais commandé quelques minutes auparavant. Les mots de Theodore m'avaient touché, non pas en plein cœur, mais en pleine tête. Les verres se levèrent suite aux paroles prononcées avec ardeur par l'autre, que je me refusais à nommer tant la haine que je nourrissais à son égard, était intense.

« Au clan, à la vie, à la mort » répétèrent plusieurs hommes qui cognèrent leur verre. Mon cœur loupa un battement lorsque je vis, sur plusieurs poignets un trèfle grossièrement tatoué. Ma mémoire, qui m'avait souvent joué des tours par le passé, se montra clémente cette fois-ci et instantanément, je revis Theodore s'habillait, lorsque je l'avais surpris dans les vestiaires avec Julia, quelques moins auparavant. Il avait ce même tatouage sur le haut de l'épaule, ce même trèfle vert qui avait un sens pour tout Irlandais.

« -Les O'Connor ! » murmurais-je à voix basse. Les discussions reprirent de plus belles et les verres se vidèrent. Ainsi, parmi de vaillants vétérans, se trouvait des membres d'une des familles mafieuses les plus puissantes d'Irlande, les O'Connor.

« -Non c'est impossible, mon père ne fricotait pas avec la mafia. Tu... Espèce d'enfoiré » dis à Theodore en le prenant par le col sous le regard de tous les invités. Le barman s'approcha et se montra encore plus menaçant, m'obligeant à lâcher prise à nouveau ce que je fis après quelques secondes d'hésitation. Je n'étais plus en colère à présent, j'étais effrayé, car je ne voulais pas accepter cette vérité qui se présentait à moi et telle une autruche, je voulais enfoncer ma tête dans le sable et oublier tout ça.
Puis, visiblement refroidis dans mes ardeurs, je repris ma place face au comptoir.

« -Tu t'amuses bien ? J'espère que tu savoures le spectacle. Je vais me réveiller, dans quelques secondes, j'ouvrirais les yeux et je serais ailleurs, tout ça ne sera qu'un mauvais souvenir. Barman, mettez-moi ... Un verre... Un verre d'eau. Je ne suis pas encore assez désespéré. »

Le barman, surprit d'une telle demande, acquiesça et s'éloigna pour aller prendre les autres commandes qui l'attendaient à l'autre bout du comptoir. Essayant de retrouver mon calme, je repris ma place sur mon tabouret.

« -Maintenant tire-toi et amène TES PETITS CAMARADES » dis-je en accentuant volontairement les derniers mots pour me faire, voir et entendre de tous.

« -Oui, vous tous ! Surtout ceux qui portent un joli petit trèfle vert ! Je suis le fils du défunt et je, vous demanderez de bien vouloir quitter les lieux. »



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Theodore A. Rottenford
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() message posté Lun 9 Mar 2015 - 16:00 par Theodore A. Rottenford
“The business of the mafia is business. Our principles are highest; honor, solidarity and vengeance. We know there’s no justice for us except we earn it. We earn respect. God will provide, but you must provide till he does. ” Mes pieds bougeaient au rythme des vibrations mélodieuses des cornemuses, et je retrouvais pendant le court instant d’une illusion l’insouciance de ma jeunesse à Belfast. J’avais grandi dans le milieu de la pègre. Je connaissais ses risques et ses frasques. J’avais sombré dans le vice et ressenti un certain plaisir dans le sang. Mais à présent, les souvenirs de mes erreurs passés me percutait de plein fouet. Ma vie était bien trop restrictive pour que je puisse l’aborder au gré de mes volontés. J’appartenais corps et âme à la famille O’connor. Je scrutais les lieux avec un mélange de soulèvement et de dévotion. Les visages affolés des hommes de main se brouillaient devant moi afin de laisser place à la déception bouleversante.  Je secouais la tête avec frénésie, la gorge brûlante. Le whisky refusait toujours de me bénir par le don de l’ivresse. Je me battais contre la réalité avant de retrouver l’air bourru d’Owen – Je n’aimais vraiment pas le type. Il était impudent, violent et irrespectueux. Je voyais les flammes du désir se confondre dans son regard très bleu terne. J'avais compris bien avant Julia que ses motivations portaient la marque de la jalousie. Je ne prêchais pas les valeurs de l’amour – bien au contraire- mais je me permettais de juger sa lâcheté. Quand on aime une femme il faut le dire ou se taire à jamais. Il n’y a pas de juste milieu dans ce genre situation. Je posai mes doigts filiformes sur le comptoir avant de pianoter sur ses rebords en bois, irrité par la présence indésirable de mon rival dans la pièce. «    -Oui mon père, l'homme qui m'a donné la vie... Je ne suis pas d'humeur à faire de grands discours, ni à me livrer à une joute verbale. » J’arquai un sourcil. Mais je n’en demandais pas tant. Je me doutais que le décédé avait une famille quelque part, j’étais simplement surpris que le monde aussi vaste et divers soit-il, me conduise irrémédiablement vers le même homme deux fois. J’haussais les épaules sans répondre à sa remarque désobligeante.

Je le vis suivre le mouvement de mon verre et le chahut de mes camarades. Les irlandais n’étaient pas connus pour leurs manières, il s’agissait d’un peuple rustique et très campagnard de base. Les mafieux que je côtoyais correspondaient à ce stéréotype de manière affligeante.  Je me raclai la gorge avant d’avaler le fond de son verre. Trop de coca, pas assez d’alcool. Je passai une main dans ma chevelure impeccable avant de lui adresser un regard méprisant. «   Tu aurais au moins pu faire honneur à ton père en commandant sec. »  Je soupirai en faisant un pas au centre du bar. Les invités continuaient de s’abreuver avidement et de rire grossièrement. Il semblait que l’heure était à la fête alors qu’il s’agissait en réalité d’un éloge mortuaire. Foutaise ! «    -Non c'est impossible, mon père ne fricotait pas avec la mafia. Tu... Espèce d'enfoiré » Brailla Owen tout à coup, me sortant de ma torpeur. Il me prit violemment par le col et je lui adressai un regard froid. A sa place, je ne franchirais pas cette limite. J’étais entouré par ma famille. Ce serait presque suicidaire d’en venir aux mains. Le barman s’approcha afin d’imposer le calme. Le médecin me lâcha avant de reprendre place. «    -Tu t'amuses bien ? J'espère que tu savoures le spectacle. Je vais me réveiller, dans quelques secondes, j'ouvrirais les yeux et je serais ailleurs, tout ça ne sera qu'un mauvais souvenir. Barman, mettez-moi ... Un verre... Un verre d'eau. Je ne suis pas encore assez désespéré.   » Je rajustai mes vêtements sans lui accorder plus d’importance. Il était en plein délire, et pour couronner le tout il semblait avoir des antécédents d’alcoolisme.«   -Maintenant tire-toi et amène TES PETITS CAMARADES. Oui, vous tous ! Surtout ceux qui portent un joli petit trèfle vert ! Je suis le fils du défunt et je, vous demanderez de bien vouloir quitter les lieux. » Personne ne bougea suite à sa demande. Il se fourvoyait complètement. Je me penchais lentement vers lui d’un air diabolique.  «   Mais ce ne sont pas mes camarades. » Murmurai-je en riant avec arrogance. «   Ils sont là pour ton père. Tu n’as pas ton mot à dire ici. » Je me redressai avec nonchalance. N’avait-il aucune conscience ? Se mettre le clan O’connor à dos alors qu’il était sobre qui plus est. «   C’est toi qui devrait partir, Owen. » Tranchai-je avec froideur. «   Prend le comme un conseil. Si tu veux revoir Julia un jour … Casse toi. » Soufflai-je en me dirigeant vers la sortie.

L’air frais de la montagne fouettait mon visage fermé. Je me tenais à la croisée des chemins : devant moi, les sentiers étroits de Belfast me ramenant jusqu’à Londres, mais derrière moi, l’emprise malsaine de la mafia irlandaise coupant court à toutes mes divagations.  Je sentis deux ombres me suivre à pas pressé. Je fronçai les sourcils avant de me cacher au coin de la rue. Je reconnu immédiatement les agresseurs d’Elliana et leur vengeance imminente. Je glissai ma main dans la ceinture de mon pantalon afin de sortir mon arme à feu. Le son des pas bourdonnait encore dans mon oreille sourde, m’empêchant de me concentrer dans ma quête.  Je fis volteface en pointant mon arme dans les airs, avant de tomber nez à nez avec Owen. Mais qu’est-ce qu’il foutait là ? Je le tirai à ma suite en lui intimant le silence. L’un des deux hommes, le moins menu et certainement le plus stupide des deux, claqua son poing contre le mur afin de signifier qu’il nous avait retrouvés. Il ne s’était toujours pas engouffré dans notre cul de sac mais je sentais l’odeur aigrelette du whisky se dégager de son haleine. _ Rottenford, tu te caches maintenant ?  Railla-t-il, la voix rythmée par l’ivresse. _ James je l’ai trouvé !  Cria-t-il afin d’interpeller son acolyte. Je soupirai avant de m’avancer vers eux, laissant Owen derrière moi.  «   Vous êtes foutu quand ça remontra aux oreilles du chef. » Ils étaient certainement bien trop inconscients pour accorder une importance à mes paroles. Je bousculai le dit James avant de me frayer un chemin vers la sortie. Le coup de feu parti d’un coup. L’idiot m’avait shooté en traitre, de dos. Je sentis la balle traverser ma chute de rein avant de se loger dans mon abdomen. Je tombai sur le sol, à genoux, les mains jointes autour du châssis de mon arme, avant de plonger dans le néant.
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() message posté Mar 10 Mar 2015 - 15:36 par Invité

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« -Oui, vous tous ! Surtout ceux qui portent un joli petit trèfle vert ! Je suis le fils du défunt et je, vous demanderez de bien vouloir quitter les lieux. »

Emporté par la fourbe colère qui s'immisçait en moi tel un poison, je n'avais pas conscience du danger. Le monde avait cessé de tourner durant l'espace d'un instant. Et que restait-il à présent ? De la colère encore et toujours. Bien qu'étant sobre depuis plusieurs mois, j'étais incapable de tempérer cette couleur qui ne me faisait pas apparaître sous mon meilleur jour. La douleur qui assiégeait mon cœur, n'avait plus aucune limite, me désinhibant de toute peur. Mon père, l'homme à qui je devais la vie, m'avait trahit réduisant en cendre tout ce à quoi j'aspirais. Par le passé, j'avais élevé cet homme sur un piédestal qui lui conférait la stature même du héros. Je le regardais avec les yeux d'un enfant, le pensant invisible, inébranlable... Espèce de salaud ! Tout ça ne représentait plus rien à présent, juste un très vieux souvenir qui commençait déjà à disparaître de ma mémoire. J’essayais alors de comprendre, d'étayer d'hypothétiques thèses susceptibles de mettre à mal cette triste révélation, mais rien n'y faisait, je me retrouvais vite à court d'arguments. Comment mon père avait-il pu faire ça ? Comment cet homme intègre, alourdi par des valeurs dont il ne cessait de chanter les éloges, avait-il pu basculer dans un monde en tout point opposé à ce qu'il prétendait être ?

À présent, dos au mur, je me sentais trahit et honteux de porter le patronyme de cet homme. J'étais perdu, autant que peut l'être un petit garçon que l'on abandonne sur le bas-côté. Plus rien n'avait de sens à présent, pas même ma présence en ces lieux où l'alcool coulait à flot, où les rires résonnaient encore et où l'ambiance bonne enfant dénotée avec l'atmosphère traditionnelle d'une célébration mortuaire. Le portrait de mon père, entourait par quelques shoots de whisky, vides pour la plupart, ne me quittait du regard. Son sourire figé pour toujours dans la pellicule ne me réchauffait plus comme lorsque j'avais six ans. Son regard intense ne me rassurait plus comme lorsque j'avais dix ans. Mon père venait de mourir emportant avec lui le peu de beaux souvenirs que je conservais encore de lui. J'aurai tant voulu lui pardonner les premiers mensonges, lui pardonner le mal qu'il avait fait à cette femme fabuleuse qui avait accepté de l'épouser un jour de pluie. J'aurai tant voulu, mais je ne peux lui pardonner un mensonge de plus. Je me contrefiche à présent qu'il repose en paix, je l'exècre à tout jamais de ma vie, de mon cœur, qu'il pourrisse en enfer, le seul lieu où il a légitimité.

Ma dernière demande ne fut aucunement respectée, sans surprise. Tous les regards braqués sur ma petite personne, me dévisageaient comme si je venais de commettre un impair. Certaines personnes, probablement des êtres dépourvu d'une affiliation mafieuse, me regardèrent attrister, voir gênés par mon attitude. Les autres, ceux qui portaient fièrement leur petit trèfle vert, me regardaient tels des prédateurs prêts à bondir sur leur proie. Pauvre de moi, me voilà réduit à n'être qu'une petite sourie dans un nid de serpent. S'ils savaient, ils ont beau être dangereux et appartenir à je ne sais quel cartel, je m'en contre fiche, moi je suis un fils bafoué, trahit, en colère. Je suis arrivé au terme d'une quête censée me mener au pardon...Foutaise..Moins d'une minute plus tard, les discussions reprirent, le pétard mouillé que j'avais naïvement balancé, n'avait, sans grande surprise, eux aucun effet. Ces hommes étaient sur leur territoire faisant de moi le seul étranger en ces lieux. Les camarades en question n'étaient pas ceux de Théodore, mais bien ceux de mon père, chose que mon rival me rappela sournoisement. Il jouissait de ma décadence et se délectait de la scène qui se jouer devant lui. Aujourd'hui, je ne pouvais le combattre à armes égales, le pourrais-je un jour ? Telle était la question. Disons-le franchement, j'exècre cet homme, il fait émerger ce qu'il y a de pire en moi, à savoir la colère, la jalousie, l'impulsivité. En sa présence, je ne peux m'empêcher de repenser à cet Owen, un homme seul, vaincu par la fatalité, démit de son courage, un lâche incapable de faire face à ses problèmes. Ajoutons à cela cette impression de perpétuelle rivalité, qui m'accapare et m'empêche de passer outre le fait que ce type était l'amant de Julia avant moi.

« C'est toi qui devrait partir, Owen. » Lança-t-il froidement. Je prenais sur moi pour rester calme et pour ne pas laisser mon impulsivité reprendre le dessus. La simple idée de voir mon poing s'écraser contre sa face de con, relevait du fantasme, un fantasme que je n'étais pas prêt à assouvir par mesure de sécurité.

« -Tu as de la chance. Il n'y a pas si longtemps, j'aurai utilisé un autre langage pour communiquer avec toi. »

Visiblement peu convaincu par mes dires, Theodore fit comme si je n'avais rien dit et reprit la main

« Prend le comme un conseil. Si tu veux revoir Julia un jour ... Casse toi. »

« Je rêve où tu profères des menaces à mon égard ? Tu crois qu'on employant des mots aussi forts, je les entendrais ? Ne te sers pas de Julia pour m'atteindre et ne me menace pas. Je me contrefous de savoir qui tu es et avec qui tu œuvres... »

Mes dires ne trouvèrent aucun écho, car mon interlocuteur, en se dirigeant vers la sortie, avait clos la conversation, me laissant seul au bar. Mon cœur battait promptement, mes nerfs étaient à vif et malgré les efforts, mon ancienne, mais récente addiction, ne cessait d'attiser mon envie. Il était évident que si je ne voulais pas céder à la tentation, il me fallait impérativement quitter les lieux, laissant derrière moi l'image d'un père déjà mort depuis bien longtemps.
Une fois dehors, je ne pus que constater le changement de température. Le ciel alourdi par d'épais nuages gris, était aussi captif que le soleil. L'air frais n'était pourtant pas désagréable, comparée à la chaleur alcoolisée et étouffante du pub. De l'air, voilà donc ce qu'il me fallait pour m'alléger l'esprit et exorciser ma colère. Mais à peine ai-je eu le temps de prendre la moindre initiative, qu'apparaît face à moi, dissimulé au coin d'une rue, mon rival de toujours, Theodore. Il ne m'a pas vu, je vais donc pourvoir profiter d'un effet de surprise, pour je l'espère, régler mes comptes. J'avance donc prudemment dans sa direction, rentrant mes mains dans mes poches, je ne suis plus qu'à quelques mètres, mes pas se font plus lourds. J'ai à peine le temps de m'adresser à l'autre connard, qu'il point en l'air le canon d'un 9 mn

« -Mais... »

Il ne me laisse pas le temps d'achever ma réplique et m'incite à le suivre en silence. Comprenant que l'homme est au centre d’une situation explosive, j'accepte de me taire et me contente d'observer. Mon cœur tambourine durement dans ma poitrine. Une première voix inconnue résonne non loin de là. Les mots ne sont pas harmonieux et le rythme laisse entrevoir un état d'ivresse avancé, comme bon nombre de gars présent dans le pub.

« -Rottenford, tu te caches maintenant ? »

J'observe Theodore, curieux de découvrir sa réaction, mais une seconde voix se fait entendre

« -James je l'ai trouvé! »

Sans plus attendre, Theodore quitte sa cachette, me laissant seul à l'abri des regards. Il avait rangé son arme, dissimulé plus exactement. Cela ne présageait rien de bon et je n'étais pas au bout de mes surprises.

« Vous êtes foutu quand ça remontra aux oreilles du chef. »

La situation m'échappait totalement et emportaient par l'adrénaline, les battements de mon cœur redoublaient d'intensité. Je fis donc quelques pas pour mieux voir la scène à laquelle j'assistais bien malgré moi. Théodore s'était approchait. Pour se frayer un chemin, il bouscula le type pourvu d'une carrure un peu plus impressionnante que celle de son petit camarade. L'homme avait la main dans sa poche et tenait quelque chose, un quelque chose que j'étais incapable d'identifier sur l'instant. Theodore continua son chemin sans se retourner, grossière erreur. L'homme qu'il venait de bousculer sortit une arme de sa poche, la pointa dans sa direction et tira lâchement sur Theodore qui s'écroula aussitôt.

« -NON !!! » Hurlais-je.

Sans réfléchir et dopais à l'adrénaline, me voilà en train de courir. Arrivé à bon port, je me saisis de l'arme de Théodore. De nouveaux coups de feu se firent entendre. Aussitôt, mes vieux automatismes se réactivèrent. J'avais un camarade à terre et pour le sauver, je devais repousser les assaillants. Les échanges de coups de feu, redoublèrent en intensité. Bon tireur, je parviens à toucher le dénommé James à l'épaule, ce dernier déséquilibré, tomba à terre, obligeant son camarade à lui venir en aide. Je saisis alors cette occasion pour me baisser et soulever Theodore que je place aussitôt sur mes épaules. L'homme a beau me dépasser d'une tête, il est par chance assez fin. Ne perdant pas une seconde, je me mets à courir dans les rues de Belfast, priant un Dieu quelconque pour qu'il nous accorde sa clémence et nous sorte de ce guêpier. Quelques minutes plus tard et après avoir couru comme un dératé avec mon rival sur les épaules, je me retrouve face à une vieille maison surement inhabitée vue l'état du jardin. Je remercie le Dieu quelconque qui semble avoir répondu à mes prières et sans plus attendre, je pénètre les lieux. Pour ne pas être repéré trop rapidement, je décide de passer par la porte arrière. En entrant, je découvre tout un tas de meubles recouvert par de vieux draps poussiéreux. N'ayant pas le temps de visiter les lieux, je monte directement à l'étage, longe un petit couloir et finis par trouver une chambre. Le lit est lui aussi recouvert par un drap que je retire avant de poser Theodore dessus.

« -Tu n'as pas intérêt à me crever entre les doigts toi ! »

Je le laisse seul et arme en main, je pars explorer les lieux pour trouver de quoi soigner mon rival.



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() message posté Mar 17 Mar 2015 - 1:51 par Theodore A. Rottenford
“The business of the mafia is business. Our principles are highest; honor, solidarity and vengeance. We know there’s no justice for us except we earn it. We earn respect. God will provide, but you must provide till he does. ” Le coup était parti tout seul. Je pris une grande inspiration avant de tomber brusquement à terre. Les odeurs nauséeuses du sang et de la poussière envahissaient mes narines dilatées. Je crispai mon visage en tentant de me redresser. En vain. Les couleurs se confondaient sous mes paupières closes. Je ne parvenais pas réellement à distinguer les formes qui m’entouraient. Là, dans le noir incommensurable, mon esprit flottait sans aucune attache. La beauté de l’obscurité voilait le monde tout entier. J’avais longtemps redouté cet instant où mon imagination finirait par prendre le dessus sur la vivacité de mes raisonnements. C’était donc à ça que ressemblait l’apathie ? De longs nuages cheminaient autour de ma tête avant de se dissiper quelque part entre mes flancs. Je m’accrochais aux nuances grises qui surplombaient mon corps inconscient. Je ne voulais pas. Je refusais de mourir comme ça. Mes bras s’élevaient par reflexe dans une tentative folle d’attraper les vestiges de ma vie qui me filer entre les doigts. Peut-être qu’au détour d’une pensée, je pourrais croiser les visages familiers de toutes les âmes qui avaient péris avant moi. Peut-être que si je me laissais le temps d’explorer, je trouverais la délivrance et l’absolution. Le bon Dieu existait quelque part dans l’au-delà, la lumière divine me guiderait dans ses pas. Je bougeai mes doigts engourdis dans le vide avant de me laisser aller dans un sommeil profond. ‘‘Toutes choses ont leur temps, et tout passe sous le ciel dans les délais qui lui ont été fixés. Il y a un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté.’’


Mon cœur était en feu, animé par une volonté incroyable de survivre. Je sentais mon sang bouillonner dans mon système vasculaire. Saloperie ! La douleur lancinante serrait sa prise sur mon abdomen ouvert. Ça sentait mauvais en plus ! Je fronçai les sourcils en clignant des yeux. L’éclat du jour me brûlait les rétines. Je fis un mouvement de recul mais mon corps refusait de suivre les directives de mon cerveau. Comment avais-je pu atterrir sur ce matelas miteux ? Mes souvenirs étaient flous. Je plaquai mes mains tremblantes sur ma blessure saignante avant de laisser échapper une longue plainte. Les ombres se mélangeaient dans le décor négligé de la pièce. Je savais qu’il faisait froid en cette saison, pourtant mes muscles fiévreux menaçaient d’imploser à cause de la chaleur. Je déglutis mais ma gorge ne fit que se crisper encore plus. Le gout ferreux de ma salive se versait dans ma bouche afin de me plonger dans un état de semi-éveil étrange. Une silhouette déformée s’approcha de mon front suintant. Je gigotais, pris dans mes délires les plus réalistes. « Jazz, c’est toi … Jazz … » Haletai-je en secouant mon visage humide. « Jazz pars, ils sont là… Arme … » Criai-je du haut de mon désespoir. Le rythme de ma respiration se faisait de plus en plus violent. Je peinais à faire le tri dans mes hallucinations. Owen était là pendant une seconde, puis sa bouche prenait la forme des yeux pétillants de ma fille. J’étais perdu dans mes divagations, à tel point que la mort me semblait plus clémente que cette torture perpétuelle. Tous mes instincts me renvoyaient vers la sécurité de la petite. Je refusais qu’il lui arrive malheur. Les poussières des oreillers étouffaient mes réflexions. Je me redressai d’un coup en grognant. Mes yeux gris sombres, injectés de sang, se posèrent sur l’expression grave d’Owen. Je plaquai mes mains souillées sur ses épaules en grinçant des dents. Mes lèvres gercées frissonnèrent avant de lui adresser une dernière prière. « Prends Jasmine … » Articulai-je avec difficulté en désignant un tas de tissu roulé en boule. « Ma - … Mafia… ici … » Je fermai ma prise sur ses vêtements avec toute l’énergie qui me restait avant de m’effondrer à nouveau.

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() message posté Mar 17 Mar 2015 - 23:01 par Invité

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L'adrénaline, ce sentiment qui mêle la toute-puissance et la peur dans sa forme la plus triviale. Nous sommes des êtres humains, nous avons tous peur, c'est dans notre nature, malgré tout, je tentais de ne pas me laisser troublé par cette peur qui en aurait paralysé plus d'un. Mon cœur martelait à tout rompre dans ma poitrine, je pouvais le sentir jusque dans l'extrémité de mes doigts. Mon cerveau accaparé par de vieux réflexes belliqueux, avait omis la réflexion et m'avait ainsi impulsé une plongée au cœur de l'action. Je me souviens avoir couru, aussi vite que mes jambes me le permettaient et toujours assaillis par de vieux réflexes qui remontaient à la surface, mon attention s'est focalisée sur l'arme de Theodore que je lui ai subtilisé sans mal pour répondre à l'attaque des deux imbéciles trop lâches pour régler leurs petites tracasseries en face-à-face, comme de vrais hommes, de vrais irlandais, gonflés par l'orgueil et par des valeurs que je pensais notre. Il faut croire que tous les irlandais n'obéissent pas au même code de moral, mafieux ou pas... Et alors qu'une petite averse de balles pleut non loin de nous, je me satisfais d'être sobre et en pleine possession de toutes mes facultés, et même si de vieux fantômes menacent de réinvestir ma vie, je ne regrette pas une seule seconde la décision prise à cet instant.

Les minutes s'égrainaient, l'adrénaline ne m'a alors plus quitté. L'odeur du sang remonta jusqu'à mes narines et conscient de la gravité de la blessure de Theodore, perchait sur mon dos, j'ai couru aussi vite que je le pouvais, j'ai déployé toutes mes forces pour nous sortir de cette mauvaise passe. Sans réfléchir, j'ai dévalé les rues ternes de Belfast, prenant le risque de ne pas me retourner, histoire de ne pas être amputé de précieuses secondes. Pendant cette course effrénée, je n’ai eu de cesse de penser à Julia. Elle ne me pardonnera pas une telle prise de risque ça s'est sûr, d'où la nécessité de ne pas lui en parler, car pour le moment, il me fallait rester concentré. Cette maison, sortit de nulles parts, sonnait comme une prière exaucée par un Dieu quelconque désireux de nous voir vivre un peu plus. Le repli n'est pas une fuite, c'est une juste une façon de s'éloigner pour pouvoir mieux analysé la situation, de soigner les blessés pour ensuite pourvoir repartir en guerre, victorieux, je l'espère. Lorsque, non sans difficulté, nous avons passé le seuil de la porte, délesté de la peur de mourir sous les balles, je me suis relâché et progressivement, l'adrénaline s'est estompée.

Les premières gouttes de pluie vinrent s'écraser sur le sol, puis l'intensité de l'averse redoubla. À présent, les goûtes ne s'écrasaient plus contre l'asphalte, mais contre les vieux carreaux de cette demeure vétuste et par chance, abandonnée. À l'étage du dessus, sur un lit d'infortune, j'avais laissé Theodore, espérant trouver au plus vite, de quoi le soigner. L'arme pointait vers l'avant, j'avançais donc à travers les pièces de la demeure constatant que tous les meubles avaient disparu sous plusieurs draps blancs, devenus gris avec la force du temps. Mon petit périple, me mena dans la cave où plusieurs bouteilles de whisky trônaient sur une vieille table en bois. La vue de tout cet alcool, embrouilla, l'espace d'un court instant, mon esprit. Tel un marin happé par les flots, je ne devais pas céder aux chants des sirènes. La mélodie était insidieuse et ma résistance mise à mal, éveillait en moi de vieilles douleurs.

« -Aller Owen, ce n'est pas le moment de flancher... Merde... » Déclarais-je tout haut pour me convaincre de ne pas laisser mes vieux démons m'asséner le coup de grâce. Une fois encore, c'est le visage de Julia qui m'est apparu et sous l'impulsion de cette douce pensée, ma main s'est saisie d'une des bouteilles qui se présentait à moi. Je me suis remonté vers le salon, me suis saisi d'un drap, découvrant au passage une vieille horloge. Il me fallait à présent trouver de quoi sortir la balle d'une part, mais aussi et surement de quoi recoudre. Priant à nouveau un quelconque dieu, j'ai quitté le grand salon, pour regagner les étages supérieurs et avant de retrouver Theodore, je me suis arrêté dans une autre chambre. Aussitôt, je me suis précipité vers une commode, non protéger par un drap. À peine ouverte, je l'ai dévalisé pour la délester de tous les tissus qu'elle possédait encore quelques secondes auparavant. Puis frappé d'une chance incroyable, je suis tombé sur tout un nécessaire de couture, comprenant plusieurs bobines de fil et quelques aiguilles. Conscient que le sablier avait peut-être été retourné pour Theodore, j'ai aussitôt regagné la chambre, où je l'avais laissé quelques secondes auparavant.

« -Jazz, c'est toi...Jazz... »

D'un pas peu rassuré, je me suis avancé vers le lit, j'ai posé ma main sur le front de mon compagnon d'infortune. Le constat est tombé tel un couperet, la fièvre avait déjà commencé à l'accaparer, ses mains tremblaient, ses lèvres étaient pâteuses, son teint blafard flirtait dangereusement avec les couleurs de la mort. Je devais agir au plus vite. Je me suis donc assis à ses côtés, j'ai retiré ma veste de costume que j'ai balancé à l'autre bout de la pièce, j'ai remonté mes manches et dans un geste quasi-paternel, j'ai à nouveau posé ma main sur son front, puis j'ai pris sa main pour m'enquérir de son pouls. Je ne pus m'empêcher de grimacer au vu de la gravité de la situation et avec le peu de matériel dont je disposais, j'ignorais encore si je pouvais le sauver. Il réitéra son appel et se mit à bouger avec vivacité. J'ai alors compris que je ne pouvais le laisser, que je devais me battre pour le sauver, toutes mes forces devaient être mobilisées, je devais le sauver pour Jasmine, pour que cette petite merveille retrouve son papa. Sans plus attendre, je me suis saisi de mon matériel de fortune, ça n'était pas la première fois que j'étais confronté à un telle situation. En Irak, nombreuse furent les fois où nous avions été appelés pour des soins en zones périlleuses. Le matériel pouvait dès lors être tout aussi rudimentaire, qu'il l'était à présent. Ce qui ne m'avait pas empêché de sauver des vies...

« -Theodore, c'est Owen. Calme-toi. Tu as de la fièvre, il est donc possible que tu aies quelques hallucinations. Il faut que tu restes avec moi. Je sais que c'est difficile, mais mobilise tes dernières forces et ne te laisse pas emporter par le sommeil. »

Je lui ai pris la main encore une fois, une main que j'ai serrée dans la mienne pour lui faire comprendre que j'étais là et que quoiqu'il arrive, je n'avais pas l'intention de le lâcher. J'ai pris la bouteille de Whisky et non sans difficulté, je l'ai ouverte, fermant les yeux pour ne pas laisser les volutes alcoolisées m'atteindre, j'ai versé quelques gouttes du liquide ambré, dans la bouche sèche de Theodore. À peine avais-je terminé mon action, que le regard déjà lointain de mon camarade, se posa sur moi. Il mobilisa le peu de force qu'il lui restait encore pour se redresser en grognant.

« -Non, non reste allongé ! » Lui dis-je en essayant de lui faire reprendre sa place. Il plaqua ses mains moites sur mes épaules et en serrant la mâchoire, il me lança quelques mots qui suffirent à me faire redouter le pire :

« -Prends Jasmine. » Il désigna un tas de tissus roulés en boule puis reprit la parole en soufflant ces quelques mots à peine perceptibles « -Ma-...Mafia...ici ». Il accentua sa prise sur mes épaules. Conscient de la gravité de la situation, je ne pouvais défaillir, je me repris en lui prenant les deux mains, l'obligeant à me regarder droit dans les yeux l'obligeant à me regarder droit dans les yeux :

« -Ah non ça s'est hors de question, si tu crois que je vais te laisser crever comme ça, tu te fourres le doigt dans l'œil et jusqu'au coude. Theodore Rottenford, vous êtes un connard de première, mais je n'ai pas pour habitude d'abandonner un camarade sur le front. Même si tu m'as pourri, je n'ai pas l'intention de te laisser mourir ici. Jasmine a besoin de son père et j'ai bien l'intention de le lui ramener. »

Mon attention se porte enfin sur la blessure que je peux inspecter non sans mal, car mon patient d'un jour, reste difficilement calme. Le projectile avait frappé l'abdomen, dès lors il me fallait savoir si oui ou non, la balle était ressortie. Mais avant toute chose, je devais trouver une solution pour faire baisser la fièvre. Mon regard se pose alors sur l'amas du tissu que j'ai ramené, puis je me dirige vers la salle de bains qui se situe au bout du couloir. Au pas de course, je pénètre à l'intérieur de la pièce que je ne prends pas le temps de découvrir. Je tourne les deux robinets, un bruit inquiétant se fait entendre, l'eau coule aussitôt balayant mon inquiétude. Je passe le tissu sous le robinet pour l'humilier et une fois l'action accomplie, je retourne auprès de Theodore et lui passe le chiffon sur le front et sur le visage afin de faire passer la fièvre qui menace de l'emporter.

« -Aller mon vieux, tiens le coup. » Lui dis-je dans un murmure trahissant mon inquiétude à peine voilée. Je reporte alors mon attention sur la blessure. Pour constater l'ampleur des dégâts, il va me falloir manipuler le corps de Theodore. La fièvre est un bon indicateur d'infection, de plus j'ai peur qu'un ou plusieurs organes aient été touchés et sans le matériel adéquat, je suis incapable de valider mes suppositions. Ajoutons à cela le sang qui accroît mon manque de visibilité.

« - Theodore, je vais vérifier si la balle est ressortie et si elle n'a pas touché d'organes. Ça risque de faire mal, je vais introduire ma main afin de voir s'il n'y a pas de trous dans les structures avoisinantes. Ensuite, je vais te désinfecter avec l'alcool pour ensuite te coudre de façon provisoire afin de mettre un terme à l'hémorragie. »

Suite à mon discours, je lui tends un tissu que je lui conseille de glisser dans sa bouche pour essayer de canaliser au mieux la douleur. Je le regarde ensuite et attends son consentement, qui ne se fait pas attendre. Aussitôt, je retourne dans la salle de bains pour aller me laver les mains que je désinfecte ensuite avec un peu de Whisky. Puis sans perdre de temps, je bouge, avec précaution, le corps lourd de Theodore, repère la blessure et me lance dans les premières analyses, priant pour que les lésions ne s'aggravent pas suite à mon exploration.

« -Je vais te parler, même si tu ne me supportes pas tant pis.. Alors bon, a priori, je dirais que tu as du bol. Je crois qu'aucun organe n'est touché et il me semble que la balle est ressortie. Je sens un muscle lacéré, mais l'os n'est pas touché. Merde... Je crois que cette salope est passée à travers le péritoine, mais je n'en suis pas sûr. »

Suite à ce premier analyse, je ressors ma main, m'empare d'un autre tissu que je stérilise avec le whisky puis je commence, à nettoyer consciencieusement la plaie pour ensuite me préparer à recoudre.

« - Tu sais, moi, je peux pas avoir d'enfant. Ça me tue, j'aimerais tant connaître ce sentiment, celui de serrer un enfant dans ses bras et de voir dans ses yeux, tout l'amour qu'il peut avoir pour toi, parce que tu es son père. Mais j'aime Julia et ça, ça me suffit. J'aime Teddy, j'aime Lily... Et il y a ce petit à l'hôpital, il s'appelle William. Julia et moi, on le voit à tour de rôle. Il n'a pas de famille, il est tellement vulnérable... Je n'en ai pas parlé à Julia, mais j'ai envie de l'adopter... C'est con hein... En tout cas, je voudrais que tu saches que malgré nos rancœurs, je ne doute pas du fait que tu es un super père pour Jazz. Alors bats-moi pour elle ok? »

Il ne doit pas s'endormir, alors je suis prêt à mettre ma rancœur de côté et à engager un semblant de conversation, à me livrer pour qu'il se sente à l'aise, à lui montrer que je ne suis pas celui qu'il pense que je suis.




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Theodore A. Rottenford
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() message posté Sam 2 Mai 2015 - 23:09 par Theodore A. Rottenford
“The business of the mafia is business. Our principles are highest; honor, solidarity and vengeance. We know there’s no justice for us except we earn it. We earn respect. God will provide, but you must provide till he does. ” Combien de temps s’était-il passé depuis ma perte de conscience ? Je ne pouvais pas arrêter le combat. Je ne pouvais pas laisser la fièvre virulente m’emporter. Il y avait Jazz et tout un avenir chaotique qui m’attendait à la maison – là où toutes les personnes que j’aimais se trouvaient. Le visage étincelant de Sam se confondit dans mes pensées tandis qu’un nouveau spasme de douleur agitait mon corps. Un frisson traversa ma gorge, coupant cours à ma respiration saccadée. Je fermai mes poings sur les draps avant de me cambrer comme une bête sauvage. Je grognais de toutes mes forces, mais ma voix n’était qu’un grincement de dents, une fluctuation aigue qui se perdait dans la pièce sombre et solitaire. Je ne savais pas me situer. Les meubles pouvaient-ils cesser de tourner ? Le lit bougeait comme un bateau en plein naufrage, toujours plus bas. Je ne pouvais pas, malgré toute mon expérience et mes éclats de génie, résister à l’appel de la mort. Une larme perla au coin de mon œil perçant, tandis que ma paupière gauche demeurait close. Je ne voyais rien, autre que le brouillard incommensurable et les flottements des silhouettes imaginaires qui menaçaient la quiétude de mes pensées. La mafia pouvait s’emparer de mon bébé maintenant que je n’étais plus en état de la protéger. Ils pouvaient l’élever à mon image, pour qu’elle devienne une machine de guerre au service du crime et du déshonneur. Je secouai la tête en criant comme une âme possédée, refusant ne serait-ce que l’infime possibilité qu’elle soit retrouvée. Il fallait que je me lève. Je me redressai en postant ma main sur ma blessure saignante avant de retomber sur le matelas, inerte, immobile, comme un vulgaire pantin. Je sentis à peine la main d’Owen se poser sur mon front, pour moi, ce n’était qu’une caresse éphémère – un signe annonciateur que la fin était proche. « Theodore, c'est Owen. Calme-toi. Tu as de la fièvre, il est donc possible que tu aies quelques hallucinations. Il faut que tu restes avec moi. Je sais que c'est difficile, mais mobilise tes dernières forces et ne te laisse pas emporter par le sommeil. » Je ne l’entendais qu’à moitié, sa voix raisonnait au loin, dans une galaxie parallèle où les coups de feux pétaradaient encore dans les rues malfamées de Belfast. Je retins mon souffle avant d’agiter les doigts. Je ne voulais pas dormir – Je voulais me lever et retrouver ma fille. Il devait comprendre que j’étais invincible. J’étais l’homme qui pouvait tuer de sang-froid – sans aucun état d’âme ou de conscience. Je gérais tout un réseau de drogue au cœur de la capitale anglaise. Je me mordis la lèvre inférieure. « Jazz, viens avec moi. » Balbutiai-je en serrant le vide contre mon torse. Il me semblait qu’elle était là, ses gazouillements délicats crépitaient au creux de ma raison et ses grands yeux pâles bougeaient comme les ailes légères d’un papillon de nuit. Owen versa un liquide dans ma bouche, et je compris, au vue du gout et de l’odeur forte qu’il s’agissait d’alcool fort. Je toussai en déglutissant – Il n’avait pas le droit de m’assommer. Je plaquai mes deux mains sur ses épaules d’un geste vif. « Non, non reste allongé ! » Mes yeux étaient figés sur son expression affolée, mais j’étais incapable de distinguer les traits de son visage. Qui était-il réellement ? Un ange ou un démon ? Sa bouche se déforma tout à coup, laissant place à mes pires désillusions. Je sursautai en voyant ses lèvres s’agiter. « Ah non ça s'est hors de question, si tu crois que je vais te laisser crever comme ça, tu te fourres le doigt dans l'œil et jusqu'au coude. Theodore Rottenford, vous êtes un connard de première, mais je n'ai pas pour habitude d'abandonner un camarade sur le front. Même si tu m'as pourri, je n'ai pas l'intention de te laisser mourir ici. Jasmine a besoin de son père et j'ai bien l'intention de le lui ramener. » J’hochai la tête avant d’être secoué par la folie à nouveau. Il ne comprenait pas que mes réactions n’étaient qu’un éclat de lucidité perdu dans le chaos qui cheminait autour de ma tête. Tout ce qui comptait à cet instant, c’était la survie de Jasmine. « Tu dois comprendre. Je ne t’ai pas renié – Je devais te protéger de moi. Désolé … » Ma gorge était transpercée par un million de petites épines acérées ; quel était ce sentiment qui grisait mon cœur de pierre ? Je n’avais pas peur de disparaitre, mais tout à coup, l’éventualité de flotter dans un univers où mon petit rayon de soleil n’existait pas, m’était insupportable. Owen s’absenta pendant quelques minutes, alors que je tentai de focaliser mon énergie sur la gravité de la situation. J’avais mal – le sang se devait sur mes vêtements à une vitesse ahurissante, mais au-delà, de mes tourments physiques et de mes blessures béantes, l’angoisse perpétuelle de ne plus revoir les petites mains de Jasmine se tendre en ma direction à chaque fois que j’apparaissais dans son champ de vision était la pire punition au monde.

« Theodore, je vais vérifier si la balle est ressortie et si elle n'a pas touché d'organes. Ça risque de faire mal, je vais introduire ma main afin de voir s'il n'y a pas de trous dans les structures avoisinantes. Ensuite, je vais te désinfecter avec l'alcool pour ensuite te coudre de façon provisoire afin de mettre un terme à l'hémorragie. » Quelle hémorragie ? Le rythme de ma respiration devint ronflant. Il plaça un bâillon dans ma bouche et je le mordis par réflexe dès que ses mains glacées s’enfoncèrent dans mes entrailles. Je lançai échapper une plainte douloureuse alors qu’il inspectait l’état de mes viscères. Les larmes roulaient le long de mes joues creuses, mais j’étais incapable de contrôler mes émotions. « Je vais te parler, même si tu ne me supportes pas tant pis.. Alors bon, a priori, je dirais que tu as du bol. Je crois qu'aucun organe n'est touché et il me semble que la balle est ressortie. Je sens un muscle lacéré, mais l'os n'est pas touché. Merde... Je crois que cette salope est passée à travers le péritoine, mais je n'en suis pas sûr. » Le contact de l’alcool brûlait les lèvres de ma plaie. J’avais envie de crier, de le supplier d’arrêter de me torturer, mais je ne pouvais pas prononcer le moindre mot. Il avait le dessus sur moi. Je relâchai la pression de ma mâchoire sur le tissue alors que le sommeil s’emparait de moi, mais les vibrations de sa voix désagréables me retenaient en semi-éveil. « Tu sais, moi, je peux pas avoir d'enfant. Ça me tue, j'aimerais tant connaître ce sentiment, celui de serrer un enfant dans ses bras et de voir dans ses yeux, tout l'amour qu'il peut avoir pour toi, parce que tu es son père. Mais j'aime Julia et ça, ça me suffit. J'aime Teddy, j'aime Lily... Et il y a ce petit à l'hôpital, il s'appelle William. Julia et moi, on le voit à tour de rôle. Il n'a pas de famille, il est tellement vulnérable... Je n'en ai pas parlé à Julia, mais j'ai envie de l'adopter... C'est con hein... En tout cas, je voudrais que tu saches que malgré nos rancœurs, je ne doute pas du fait que tu es un super père pour Jazz. Alors bats-moi pour elle ok? » Je soupirai – Je voulais sentir l’odeur allègre de sa peau de bébé. Je voulais que sa petite tête pendouille de manière instable avant de retomber au creux de ma paume ouverte, parce que malgré toutes les difficultés qu’elle avait pour se tenir droite, j’étais toujours là pour rattraper ses chutes. Soudain, je sentis l’embout de l’aiguille percer mon abdomen – quel idée de me recoudre sans anesthésie ? Je claquai des dents avant de jeter mon bâillon. Je pris appui sur mes coudes, le visage suintant avant de froncer les sourcils. « Owen … » Articulai-je en revenant vers la réalité. « Ne me raconte pas ta vie. Ce n’est pas parce que tu me sauves la vie que je te serais redevable. Je suis une pourriture de la mafia, je n’ai aucune loyauté. » Crachai-je en suivant les mouvements précis de ses mains. Le silence enlaça ma poitrine pendant quelques secondes, et je réalisai avec effroi que l’homme qui se tenait, inquiet et consterné, au-dessus de mon corps éclopé – n’était pas un profond goujat. « A - … Adopter c’est bien. » Finis-je par articuler en grognant. « Même si je crève tu n’auras pas ma gosse. » Sifflai-je en résistant à ses piqures. C’était une tentative d’humour maladroite et peut-être déplacée, mais je n’avais jamais été doué pour adoucir l’atmosphère avec mes ennemis, et Owan Reagan, était mon ennemi d’un jour.

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