(✰) message posté Mer 1 Avr 2015 - 15:50 par Invité
deelan&selena
On est jeune, on est beau, on est con, on est sur de nous, on a notre style à nous. On rit, on aime, on fume, on claque le fric de nos parents, on sort, on aime, on aime plus. On croit aimer, on pleure. On s'étale dans le lit, défoncé, on oublie le monde. On boit, on fume, alors on est stylé. On se plaint, on dramatise. Alors on prend des résolutions, on aimera plus jamais mais ça c'est faux, c'est parce qu'on est jeune.
Un cliquetis de l'appareil te fit comprendre qu'il avait cessé de filmer, et tu le retiras de son socle avec un petit sourire, le rangeant tel un trésor dans sa pochette impeccable, que tu cachais sous ton lit. Ce n'est pas que tu n'avais pas confiance en ton solide verrou, mais que tu préférais ne prendre aucun risque. Après une hésitation tu ne préféras même pas toucher au pied, lasse à l'idée de le démonter entièrement pour le ranger, alors que tu retournerais probablement une nouvelle vidéo ce soir, et surtout que là, tu avais peu de temps pour te préparer. En effet, il était absolument hors de question d'oublier quoi que soit. T'avais un peu l'impression de t'en aller passer un de ses nombreux entretient d'embauche que tu avais raté, anxieuse, mais excitée comme une puce. Fourrant ta petite thermos couleur rose bonbon dans ton sac, tu roulas les yeux avant de rendre compte que ce n'était peut-être pas bien utile que d'emmener du chocolat alors que tu te préparais à retrouver ton inconnu dans un café justement. Tu reposas alors l'objet, grimaçant et courant partout à travers la maison en te torturant l'esprit à l'idée d'oublier quelque chose. Chewing-gum au cas où il n'aimerait pas l'odeur de café ? Bon. Couronne de fleurs pour que vous soyez assortis ? Bon. Rouge à lèvre ni trop aguicheur, ni trop sainte-ni-touche ? Bon. Portable pour le harceler de mail ? Bon, bon, bon, et encore tous ses trucs inutiles que tu préférais prendre quand même. Embrassant le petit crane poilu de ton cochon d'inde, et te parfumant juste après de peur de faire fuir avec cette odeur, tu resserras un peu ta jupe avant de quitter ton appartement.
En y pensant plus sérieusement, c'était drôle, de se retrouver là. Ce café, tu ne l'avais pas vu depuis des lustres. C'était idiot, mais comme une interdiction depuis tes seize ans, que d'y remettre les pieds. Ce n'était pas rien, ça avait été votre café, et t'avais aussi peut-être toujours la peur secrète que de le recroiser. Quoique, ça aussi c'était bête, il était probablement en Irlande à l'heure qu'il était, heureux, avec sa petite amie et peut-être même des enfants. Deelan avait toujours eu quelque chose de très paternel, et d'enfantin à la fois ; il était le parfait mélange. Le rire, la douceur, la protection, le jeu... Ce serait mentir que de dire qu'il ne te manquait pas. Chassant d'ailleurs ses idées étranges, qui te brisaient le cœur, tu resserras tes doigts autour de ton café au lait, demandant une pointe de miel avant d'aller t'installer à une table. Là, avec tes fleurs dans les cheveux, tu ressemblais à une adolescente de bonne humeur, ou une petite anglaise rêvant d'Hawaï. Tu posas d'ailleurs la seconde couronne de fleurs à l'autre bout de la table, elle était pour lui, cet étranger adorable, qui rêvait des mêmes gamineries que toi. Impatiente, tu lui envoyas finalement un mail. « Je suis arrivée au café, je suis à une table du fond, avec une couronne de fleurs. J'essaye de voir si je ne vois pas quelqu'un essayer de rejoindre la voie neuf trois-quart ! »Toute excitée, tu tentas de te calmer en soufflant, torturant tes doigts vernis de couleurs différentes, rappelant les bourgeons dans tes longues mèches brunes.
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(✰) message posté Jeu 2 Avr 2015 - 20:32 par Invité
JUST A SHOULD HAVE BEEN
SELENA & DEELAN
en fait, ça fait un moment que se croisent dans ma tête des mots et des douceurs qui pourraient faire un texte. un truc un peu différent, je crois que ça parlerait d’elle. faut avouer que, dans mon quotidien, elle a mis un beau bordel. mais j’ai un gros souci, j’ai peur que mes potes se marrent, qu’ils me disent que je m’affiche, qu’ils me traitent de canard. c’est cette pudeur misogyne, croire que la fierté part en fumée quand t’ouvres un peu ton cœur — grand corps malade.
C’est le grand jour, aujourd’hui. Le jour J. tu t’es réveillé aux aurores, en priant pour que l’heure de votre rendez-vous arrive vite mais les aiguilles de l’horloge ont semblé vouloir ralentir, te torturant habilement. Tu es à la fois pressé et inquiet de la retrouver. La retrouver, elle. Ton amour de jeunesse trop vite envolé, celle qui a hanté tes pensées et tes rêves depuis toutes ces années. Elle n’a pas beaucoup changé, tu l’as bien vu dans ses vidéos – tu les as toutes regardées, toutes sans exception. Ses traits sont plus matures, moins juvéniles mais elle a gardé cette brillance dans son regard gris qui pétille comme dans les yeux des enfants au matin de Noël. Et il y a sa voix. Douce, fluette. Cette voix qui semble chanter comme un rossignol. Est-ce que ça te fera bizarre de la retrouver, en vrai, sans cet ordinateur et ta fausse identité entre vous ? Définitivement. Surtout dans ce café, le vôtre. Pourquoi as-tu été assez bête pour lui proposer cet endroit ? Tu ne sais pas. Et tu le regrettes maintenant, tu crois. C’est bien trop chargé d’émotions, de souvenirs. Ce sera trop violent pour elle, pour toi. Pour vous. Tu as juste eu ce coup de folie – comme pour tout le reste. Et voilà que tu allais la revoir, dans votre endroit. Votre café. C’est bête mais tu es nerveux. C’est un peu comme un premier rendez-vous. C’est comme vous redécouvrir après tout de temps. Et tu ne sais même pas si elle voudra te revoir après tout ça, en fin de compte.
Tu sors du Tube en courant, déjà en retard. Le bruit de Londres qui s’agite est comme un poing en pleine poitrine mais tu mentirais en disant que toute cette vie qui fourmille ne t’a pas manqué lors de ta retraite en Irlande. Dans ta poche, ton portable vibre et tu t’empresses de lire le mail. Souriant, tu t’arrêtes à un passage piéton pour lui répondre : « Désolé, je vais être un peu en retard. J’ai été attaqué par une horde de Mangemorts en cours de route !!! Heureusement mon Patronus les a dispersés. Ouf ! » Et tu reprends ta course jusqu’au petit café. Le chemin, tu le connais par cœur. C’est comme plonger à nouveau dans ces souvenirs à la fois douloureux et doux sur la langue comme une friandise. Quand tu pousses la porte vitrée, tu sens ton cœur qui bat fort. Trop fort. Et puis, tu l’aperçois. Avec ses grands yeux qui scrutent la foule. Tu avales ta salive. Elle est toujours aussi belle, comme dans chacun de tes souvenirs. À petits pas, tu t’avances jusqu’à la table qu’elle a choisie, priant pour qu’elle ne te remarque pas trop vite, que ça te laisse le temps de l’observer encore un peu. Quand tu es juste devant elle, tu ôtes ton bonnet de laine, mâchouillant ta lèvre inférieure. « Hey, tu lâches doucement cependant que tes doigts triturent misérablement ton couvre-chef. J’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre. » C’est une façon de lui avouer que tu es celui qu’elle attend, que c’était toi derrière cet écran. Que c’était toi derrière tous ces mots. « Tu es jolie, tu ajoutes avec un sourire maladroit. Avec tes fleurs dans les cheveux. Ça te va bien. »
(✰) message posté Jeu 2 Avr 2015 - 20:35 par Invité
deelan&selena
On est jeune, on est beau, on est con, on est sur de nous, on a notre style à nous. On rit, on aime, on fume, on claque le fric de nos parents, on sort, on aime, on aime plus. On croit aimer, on pleure. On s'étale dans le lit, défoncé, on oublie le monde. On boit, on fume, alors on est stylé. On se plaint, on dramatise. Alors on prend des résolutions, on aimera plus jamais mais ça c'est faux, c'est parce qu'on est jeune.
Tu étais anxieuse comme jamais. Tu te sentais petite fille à laquelle on a promis le plus beau des cadeaux de Noël, dont elle devait attendre patiemment l’arrivée. Et pour contenir ton excitation, tu te mettais à observer par la grande baie vitrée les passants et voyageurs de la gare, leurs lourdes valises et les retrouvailles entre des familles, des couples, des amis. Naïvement, ce jeu te ramena à un vieux souvenir tendre, datant de ton adolescence, et que tu t’étais depuis toujours efforcée d’oublier. Une douce chaleur t’enveloppa, à la mémoire de deux rires berçant se café rempli, du goût mielleux de ton thé sucré, de deux écharpes supportant deux maisons différentes, ou de sa main, sa main sur la tienne. Comme deux gamins, vous vous moquiez gentiment de ses passants, et vous amusiez à les juger sans les moindres mots, parvenant à vous comprendre de simples regards. Celui là avait une tête de moldu, et celui là, avait quelque chose d’extravagant, comme un sorcier. Lui imitait d’une voix étrange celle du Choixpeau, et pointait du doigt une certaine demoiselle, criant un nom de maison de Poudlard, que tu lui suspectais d’avoir choisi au hasard. Mais vous riez, et son sourire immense, les caresses de ses mains, apaisaient tous tes malheurs.
Une fois la chaleur passée, ton cœur se serra. Tu secouas la tête en détournant les yeux du quai, les baissant vers tes mains jointes et moites. Les beaux souvenirs avaient le don de te rendre triste, surtout lorsqu’ils amenaient avec eux, la mélancolie d’un manque. Mais pour cette histoire, tu n’avais pas mot à dire, car si cette merveille s’était arrêtée, c’était de ta faute. C’était toi qui avais brisé le rêve, c’était toi qui avais craqué, qui t’étais écroulé. Et en plus de cela, c’était toi qui avais été faible. Si ça n’avait tenu qu’à lui, lui et son putain de sourire, alors tu serais une maman comblée et aimée à l’heure qu’il était. Tâchant d’envoyer à nouveau tes pensées noires au loin, tu glissas tes doigts fins le long de ta tasse, la brûlure lente te ramenant à la réalité, et t’arrachant une petite grimace.
Ton portable vibra et sa petite sonnerie significative te prévint que tu venais recevoir un mail. Tu bondis littéralement sur l’appareil, le déverrouillant à la vitesse du son pour consulter ta boîte de réception, priant pour que le pseudo de ton inconnu s’affiche. Ce fut un immense sourire que ces mots t’extirpèrent à la lecture de ce courrier. Tu avais trouvé en ce nouveau camarade de jeu, un humour doux et efficace, comme tu les aimais tant. Et pourtant, tu étais bien difficile. Il n’y avait jamais eu que D… Non, c’était le prénom interdit, celui à ne pas prononcer. Celui qui te damnait, et t’avais rendu folle de rage contre toi-même. Maintenant que tu t’étais quelque peu pardonner, que tu t’étais persuadée d’avoir oubliée toute cette histoire, tu ne pouvais pas te permettre ce genre d’extravagance. Mais depuis quand étais-tu devenue une fille aussi raisonnable ? « C’est pas vrai, tu es blessé ?! Tu aurais dû m’appeler, j’ai appris un nouveau sort pendant mon cours de défenses contre les forces du mal, j’aurai protégé ton frêle petit corps. Dis, tu arrives bientôt, courageux sorcier ? » Inévitablement, tu ne pouvais cacher bien longtemps ton impatience digne d’une enfant de six ans, et lâchant un soupir désireux, tu cherchas l’occupation en comptant le nombre de pétales se trouvant sur la couronne.
Ton café était une merveille, tu n’avais pas pu te retenir de l’entamer de quelques gorgées. Son goût mielleux t’apaisa quelques instants, tandis que du bout de ta cuillère, tu t’amusais à dessiner quelques formes diverses dans la mousse. Seulement, tu relevas les yeux en sentant une ombre se poser sur toi, surprise, et fronças un peu les sourcils. Ce fut d’abord son bonnet que tu aperçus, et qui t’arracha un petit sourire. Mais tes yeux ne tardèrent guère à glisser le long du visage de l’étranger, et ta bouche en forme de lune pris une forme parfaite, ronde, comme si elle était pleine. Il se mit à parler et sa voix t’arracha un frisson ardent, presque brusque, auquel tu ne t’attendais pas. « Deelan. Tu prononças le prénom interdit sans aucune hésitation, comme si cette règle n’avait jamais existé. Machinallement, comme un reflex à la con, tu portas ta main à ton ventre. Mais il était vide, vide, vide depuis des années maintenant. Je te croyais en Irlande. » Tu refermas la bouche pour baisser doucement les yeux cette fois. « J’aurai du me douter que c’était toi. Tu n’osais même pas le regarder, non, ça faisait trop mal. Il y avait trop de coïncidences… Tout était trop beau. » Tu torturas la deuxième couronne de fleurs entre tes mains, inspirant une bonne fois pour toute. « Merci. Tu dis tout de même pour les fleurs, glissant nerveusement une mèche de tes cheveux derrière tes oreilles. J’en avais aussi pris une pour toi, je voulais qu’on soit… Assortis. » Tu osas enfin lever tes deux billes grises vers lui, plongeant ton regard dans le sien, ce qui te fis l’effet d’un coup de poignard dans le cœur. Tu secouas vivement la tête. « Je me sens stupide, je crois que ce n’est pas une bonne idée, je vais sortir… » Tu te levais pour quitter la table, bouleversée. Le contournant, tu lui glissas dans les mains sa couronne avant de sortir, une main sur la bouche, pour calmer ta respiration angoissée.
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(✰) message posté Jeu 2 Avr 2015 - 23:29 par Invité
JUST A SHOULD HAVE BEEN
SELENA & DEELAN
en fait, ça fait un moment que se croisent dans ma tête des mots et des douceurs qui pourraient faire un texte. un truc un peu différent, je crois que ça parlerait d’elle. faut avouer que, dans mon quotidien, elle a mis un beau bordel. mais j’ai un gros souci, j’ai peur que mes potes se marrent, qu’ils me disent que je m’affiche, qu’ils me traitent de canard. c’est cette pudeur misogyne, croire que la fierté part en fumée quand t’ouvres un peu ton cœur — grand corps malade.
La revoir est aussi poétique que la rose – belle mais pleine d’épines. Doux mais dangereux ; tendre mais douloureux. C’est une sensation inédite que tu ne pensais jamais ressentir. Mais tout avait toujours été différent avec Selena. Dès le départ, dès les premiers instants. C’était avec elle que tu avais découvert les premiers émois amoureux, c’était avec elle que tu avais grandi et mûri. C’était avec elle que tu avais rêvé d’une toute autre vie, d’un tout autre futur – un futur plus beau. Il y avait toujours eu tellement d’espoirs dans ses grands yeux gris que tu t’étais surpris à espérer aussi. Et tu avais changé. Lentement, doucement, tu étais devenu un autre. Un autre que tu apprivoisais lentement, que tu appréciais. Parce que tu avais voulu la combler, la rendre heureuse au-delà du possible. Votre histoire avait été un rêve éveillé, elle avait été parfaite à tes yeux. Puis tout s’était écroulé. Ce fameux jour où elle avait rebroussé chemin, où tu l’avais raccompagnée à sa porte, la rage au ventre et la douleur au cœur. Tout s’était comme fini ce jour-là. Et depuis, il n’y avait plus rien eu qu’une vague rancune, une souffrance indéniable. Et le vide. Tout ce vide qu’elle avait laissé en fermant la porte de sa maison alors que tu restais là à la regarder, à espérer qu’elle change encore d’avis. À espérer qu’elle revienne dans tes bras pour que tout reprenne comme si cet intermède n’avait jamais existé. Mais elle n’était pas revenue. Jamais. Et tu avais repris ta route, seul. Avec ce silence qui t’étouffait aussi puissamment qu’une main pressant ta nuque.
Quand son regard se pose sur toi, il y a un frisson qui te traverse. C’est aussi violent que la foudre, ça dépose même un goût de miel sur ta bouche. Et tu sens à nouveau ses petites mains frêles sur tes épaules larges, tu entends son rire cristallin comme une pluie d’étoiles. C’est tous ces souvenirs qui te hantaient, qui te torturaient – et voilà qu’ils revenaient, plus intenses que jamais. « Je suis revenu, lâches-tu après un déglutis maladroit. » Tu voudrais lui dire que tu es revenu pour elle. Pour eux. Mais tu n’oses pas, pas encore. C’est peut-être trop tôt. C’est peut-être trop puissant. Tu dois attendre le bon moment. Alors tu restes planté là, debout à côté de sa table, les doigts triturant la laine de ton bonnet. Tu avais pourtant préparé tout un long discours, des dizaines de phrases bien agencées pour lui rappeler le souvenir de votre amour enfui trop tôt. Mais rien ne sort et tout est coincé, là, dans ta gorge. Il ne reste qu’un vieux silence amer qui te brûle les poumons comme si tu avais soudainement arrêté de respirer. « Je suis désolé de ne pas te l’avoir dit plus tôt mais je… Je craignais ta réaction, avoues-tu dans un sourire crispé, un peu gêné. Je voulais te le dire, tu sais. Chaque jour. » Et puis tu abandonnais. Tu oubliais l’idée même de lui dire la vérité, de peur de tout gâcher. De peur de voir tout s’envoler à nouveau. Tout s’éclater comme du verre brisé.
Tu fixes la seconde couronne de fleurs, celle dont elle te parle avec sa petite voix qui tremble. Celle qu’elle tripote machinalement entre ses doigts fins. Avalant ta salive, tu te souviens combien vous pouviez vous ressembler. Avant. C’était presque magique, cette façon que vous aviez d’être sur la même longueur d’ondes alors que vous étiez fondamentalement opposés. Et pourtant, l’alchimie avait marché. Ça avait fonctionné entre vous. C’était comme une évidence. Est-ce que ce sentiment existait toujours ? Est-ce qu’il était possible de retrouver cette complicité quasi-enfantine malgré les années qui ont passé ? Malgré l’éloignement, malgré l’absence. Malgré cette fin prématurée. Et tu n’as pas le temps de lui demander de rester qu’elle se lève déjà de sa chaise, ne passant à côté de toi que pour te glisser la couronne entre les mains. Tout dans ses gestes sonnent comme un nouvel adieu et tu ne peux supporter la sensation de la perdre à nouveau. Pas après tout ça. Pas alors que tu viens à peine de la retrouver. Lui emboîtant le pas, tu la suis jusque dans la rue où elle s’est stoppée comme pour reprendre son souffle après une course effrénée. Sans réellement hésiter, tu enroules tes grands doigts noueux autour de son bras pour la retenir. Tu ne la fais pas se retourner, tu restes immobile dans son dos comme si vous regarder face à face était encore trop dur pour chacun de vous. Comme si c’était encore trop douloureux de vous rappeler ce que vous aviez été dans un lointain passé. T’humectant les lèvres, tu observes distraitement la vie qui fourmille autour de vous. C’est une sensation étrange, parce que le temps semble s’être comme arrêté depuis que tu es à ses côtés. « Ne pars pas, tu la supplies à mi-voix. S’il te plaît, reste. Ne t’en va pas. Pas encore une fois. »
(✰) message posté Ven 3 Avr 2015 - 13:58 par Invité
deelan&selena
On est jeune, on est beau, on est con, on est sur de nous, on a notre style à nous. On rit, on aime, on fume, on claque le fric de nos parents, on sort, on aime, on aime plus. On croit aimer, on pleure. On s'étale dans le lit, défoncé, on oublie le monde. On boit, on fume, alors on est stylé. On se plaint, on dramatise. Alors on prend des résolutions, on aimera plus jamais mais ça c'est faux, c'est parce qu'on est jeune.
Non. Impossible. Ca ne pouvait pas être lui. Ce petit air pataud, ce style de bonnet, cette petite barbe naissante, ce petit sourire gêné. Si, bien sûr que si, justement, ça ne pouvait qu’être lui. Et le voir là, juste en face de toi, te faisait comprendre à quel point il pouvait t’avoir manqué. Le premier amour avait un impact incroyable sur toute une vie, et Deelan avait révolutionné la tienne. Son physique, son humour, son rire étaient devenu ton genre. Dès que tu croisais quelqu’un dans la rue qui lui ressemblait, tu ne pouvais t’empêcher de te retourner sur son passage. De tous les abrutis avec lesquels t’avais pus sortir, c’était le seul qui te manquait à un tel point. Dans un moment d’égarement, tu te mettais parfois à songer à la mère comblée que tu aurais pu être, ta fille ou ton fils de quatre ans dans tes bras, et un père rentrant du travail en criant : « je suis rentré chérie. ». Et puis, au contraire, tu songeais à l’idée de ne plus jamais revoir tes frères et sœurs, même tes parents, et tu te disais que la nouvelle Irlandaise que tu serais, aurait peut-être eue des regrets elle aussi. Sans doute que tu étais encore trop jeune pour regarder ça avec du recul, sans doute que si c’était à refaire, tu hésiterais tout autant. Mais durant ces trois jours là, ça oui ça ne faisait aucun doute, on t’avait arraché une part de toi-même.
Mais il était là, et il n’avait rien perdu de ce petit coté adorable, qui t’avais tant comblé de bonheur. Tu le fixais de haut en bas, comme un fantôme resurgissant du passé, comme un spectre magnifique et effrayant à la fois. Deux envies te paralysaient, celle de fuir, et celle de te jeter dans ses bras. D’inspirer si fort, si fort, si fort, son odeur, de glisser tes doigts dans ses cheveux et de la prier de ne pas te lâcher. Mais tu n’en fis rien, parce que ça ne fonctionnait pas comme ça, parce que tu avais peur de faire une erreur. Parce que tu n’avais pas réfléchis à ce que tu pourrais bien lui dire, s’il advenait qu’un jour tu aurais à le recroiser. « Pourquoi ? Je pensais que c’était ton rêve, l’Irlande. » Tu continuas, lorsqu’il te disait être revenu, posant cette question qui te brûlait les lèvres, comme tant d’autres. S’il était revenu, c’est qu’il y avait finalement été, alors pourquoi avoir rejoint à nouveau les côtes anglaises, pire, la ville de Londres. Combien de fois t’avait-il dit rêver de ces immenses plaines irlandaises, pourquoi avoir rejoint les nuages gris de la capitale ? « Non, tu n’as peut-être pas eu tord. Tu fis dans un moment de réflexion, baissant tes billes grises. Si tu me l’avais dis, je n’aurais probablement pas répondu. » Tu voulais une voix sèche et ferme, mais rien ne sortait comme tel. Tu avais plutôt l’air d’une idiote toute chamboulée. Comme pour l’éloigner tu voulais lui faire mal, mais c’était toi qui avais le cœur en miettes à cet instant. Alors tu tentas de fuir.
Mais ses doigts se refermèrent avec douceur sur ton poignet alors que tu quittais le restaurant, et tu n’osas d’abord pas te retourner, t’immobilisant en plein milieu de la rue. Tu soupires, et tu sens tes yeux s’humidifier. Il ne serre pas fort, pourtant tu as mal comme jamais, pas à cause de sa poigne, mais à cause du ton suppliant de sa voix. Et tu te sens monstre à cet instant. Tu pivotes alors doucement vers lui alors qu’une larme glisse sur ta joue. « Je te demande pardon. Je sais que je l’ai déjà fait, mille fois peut-être mais… J’aurai vraiment voulu être la mère que tu aurais voulu que je sois. » Tu ne cherches pas à retirer sa main, tu restes comme ça, planté en plein milieu de la rue alors que tu le fixes. Il semble plus mûr, mais comme chez toi, il reste quelque paillette enfantine dans l’éclat de son visage. Tu t’approches doucement de lui et tu soupires, parce que c’est lui qui te demande de rester alors que c’est toi qui est partit. Parce que c’est toi la plus blessé alors que c’est toi qui a tout cassé. « Pourquoi t’es là, Deelan ? Tu devrais me détester, tu devrais me haïr de t’avoir laissé tout seul alors que tu as toujours été là pour moi. Pourquoi t’es là, pourquoi tu reviens ? » Comme un animal apeuré, tu prends son visage entre tes mains tremblantes, et tu le relèves vers toi. Votre bébé, tu aurais aimé qu’il ait cette douceur là, sur sa frimousse ; et tu es presque sûre que ça aurait été le cas.
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(✰) message posté Sam 4 Avr 2015 - 21:49 par Invité
JUST A SHOULD HAVE BEEN
SELENA & DEELAN
en fait, ça fait un moment que se croisent dans ma tête des mots et des douceurs qui pourraient faire un texte. un truc un peu différent, je crois que ça parlerait d’elle. faut avouer que, dans mon quotidien, elle a mis un beau bordel. mais j’ai un gros souci, j’ai peur que mes potes se marrent, qu’ils me disent que je m’affiche, qu’ils me traitent de canard. c’est cette pudeur misogyne, croire que la fierté part en fumée quand t’ouvres un peu ton cœur — grand corps malade.
Bien sûr, tu en avais rêvé. Tu avais rêvé de l’Irlande comme un enfant rêve du dernier jouet à la mode. Ça avait été ton grand projet, un projet de près de deux ans d’investissement et d’attente, de réflexion. Mais le rêve, bien que devenu réalité, avait eu un goût bien amer sur ta langue. Parce qu’il n’y avait jamais eu qu’une seule personne avec qui tu désirais le partager. Parce qu’il n’y avait jamais eu qu’une seule personne qui pouvait le rendre absolument parfait – et cette même personne avait tout simplement fait éclater tous tes espoirs en quelques phrases entrecoupées d’excuses reniflées. Selena avait tout envoyé balader de ton rêve et tu avais vécu seul ce qui aurait dû être votre futur, votre avenir. Votre vie de famille. « Ce n’était pas ce que j’avais imaginé, tu réponds avec hésitation, te sentant comme coupable de ne pas pouvoir lui dire le contraire. » Certains soirs, tu lui en avais voulu. Tellement. D’autres, tu avais tout simplement noyé ton chagrin dans l’alcool. Et quand la colère et la rancœur étaient trop grandes, tu allais courir. Courir jusqu’à en avoir mal aux jambes, jusqu’à en avoir les poumons qui brûlent. Courir jusqu’à ce que la haine s’évanouisse parce que tu ne supportais pas de lui en vouloir pour ça. Pas elle, pas comme ça. Tu l’aimais. Malgré tout, tu l’aimais. Et tu devais juste apprendre à vivre sans elle, à être quelqu’un sans elle. Même si le vide à l’intérieur de ta poitrine se faisait chaque jour plus grand, plus douloureux aussi. Et puis, tout s’est mis à changer. Doucement. Vous vous êtes sûrement éloignés, avec le temps et la distance. Avec l’absence et le silence. Vous n’êtes plus ces adolescents avec le sourire brillant aux lèvres – vous n’êtes que deux âmes éperdues, esseulées. Abandonnées.
La peur de te sentir rejeté alors que tu n’attendais que ses e-mails semble justifiée et, quelque part, ça te blesse. Ça te blesse de comprendre de sa bouche qu’elle n’aurait tout simplement pas donné suite à tes mots pleins d’espoir et d’amour caché. Mais est-ce que tu pourrais l’en blâmer ? Peut-être aurais-tu fait pareil. Peut-être aurais-tu laissé le silence lui répondre pour ne pas raviver cette cicatrice encore douloureuse et fraîche. Une partie de toi aurait aimé qu’elle réponde en sachant qui tu étais. Une partie de toi aurait aimé qu’elle se sente à nouveau heureuse comme avant de te voir revenir dans sa vie – comme tu l’avais été le jour où tu avais regardé sa première vidéo. Mais ça n’est pas le cas. Parce qu’elle ne voulait sans doute plus de toi – tu aurais dû le comprendre ce jour-là. Mais comment abandonner ces grands yeux gris ? Comment laisser tomber, oublier et avancer alors que tant de choses vous liaient ? Ça ne peut pas être que du passé pour elle. Ça ne peut pas être qu’une simple parenthèse qu’elle voudrait aujourd’hui refermer. Tu ne veux pas le croire, tu ne peux pas le croire. Parce que ce serait trop douloureux, parce que ce serait comme t’arrêter de respirer. La vie pouvait parfois offrir des secondes chances, pas vrai ? La revoir aujourd’hui sonnait comme un espoir, comme un regain de vie. Restait au fond de ta gorge la pensée qu’elle n’était pas venue pour toi mais pour cet inconnu qu’elle avait appris à apprécier à travers quelques mails échangés. Est-ce que cela signifiait qu’elle était prête à tourner votre page, à terminer votre chapitre de l’histoire ? Ou avait-elle retrouvé un peu de toi dans cet alias que tu t’étais forgé ? Trop de questions, trop d’interrogations – et si peu de réponses. Alors quand elle tente de s’échapper, te ramenant au souvenir de ce jour où elle t’a quitté, tu ne peux t’empêcher de vouloir la retenir, peut-être même contre son gré. Elle t’en voudra peut-être ; elle t’en voudra sûrement. Mais ça n’a aucune importance parce que tu sais que si tu la laissais partir à nouveau, tu ne te le pardonnerais jamais.
« Je ne voulais pas que tu sois quelqu’un d’autre que toi, tu murmures, bouleversé alors que tu fixes sa nuque gracile recouverte de cette longue masse de cheveux couleur de miel. » Tu aimais passer tes doigts dans ses boucles, avant. C’était un geste qui était apaisant. Doux. Aujourd’hui, il semble y avoir comme un mur entre vous – un mur que vous n’êtes peut-être pas prêts à franchir. « Et je suis désolé si je t’ai fait penser que je désirais autre chose que toi, ton vrai toi, tu lâches tandis qu’elle se retourne que son regard d’acier te frappe dans la poitrine aussi violemment qu’un éclair. » Voit-elle votre enfant comme une erreur ? Un regret ? Peut-être était-ce trop tôt. Peut-être aurait-elle voulu autre chose, autre chose qu’une vie de famille. Autre chose qu’un futur si restreint alors qu’elle était si jeune. Il y avait eu tant de pression sur vos épaules, à cette époque. Et peut-être n’aviez-vous pris certaines décisions que sous le coup de l’émotion, de l’aveuglement. De la précipitation. Dans un geste machinal mais douloureux, tu détournes le regard et baisses la tête. Peut-être que vos choix avaient été mauvais. Quand ses mains fraîches se posent sur tes joues, tu sens comme un courant électrique qui te traverse. Et tu es si désemparé que tu presses un instant les paupières comme si tu espérais que la Terre s’arrêterait alors de tanguer. C’est presque une souffrance de sentir à nouveau son contact parce que ça ramène à la surface tant de souvenirs que tu as la respiration coupée. Il y a bien trop de bonheur dans toutes ces images qui défilent – un bonheur auquel tu n’as plus droit désormais. À sa question, tu hausses lentement les épaules. Qu’es-tu censé lui dire ? « Je t’en ai voulu, tu rétorques dans un filet de voix et les mots eux-mêmes semblent t’arracher la gorge. Et je m’en voulais de t’en vouloir alors j’ai arrêté. Je ne pouvais pas t’en vouloir plus longtemps. Tu n’étais pas prête et je devais le comprendre. Je pouvais le comprendre. » Tu n’aurais pas pu te regarder dans une glace si tu avais compris que ce départ en Irlande l’avait rendue malheureuse. « Tu me manquais, avoues-tu. Je voulais te revoir. » Parce qu’il n’y avait eu que ton cœur pour te guider sur le chemin du retour dans la capitale anglaise.
(✰) message posté Dim 5 Avr 2015 - 0:19 par Invité
deelan&selena
On est jeune, on est beau, on est con, on est sur de nous, on a notre style à nous. On rit, on aime, on fume, on claque le fric de nos parents, on sort, on aime, on aime plus. On croit aimer, on pleure. On s'étale dans le lit, défoncé, on oublie le monde. On boit, on fume, alors on est stylé. On se plaint, on dramatise. Alors on prend des résolutions, on aimera plus jamais mais ça c'est faux, c'est parce qu'on est jeune.
T’avais la folle envie de le toucher. Comme on vérifie si quelque chose est réel, tu hésitais entre te pincer ou glisser tes doigts sur son visage. T’avais envie de savoir s’il avait le même parfum, le même rythme de respiration, la même douceur dans les gestes, les mêmes battements de cœur accélérés lorsque tu te réfugierais dans ses bras. Comment avais-tu pus avoir peur ? Ses bras autour de ta taille, ils t’auraient protégé de tout, et mêmes des pires dangers, ils t’auraient bercé le soir pour t’endormir, caressé pour calmer tes peines. Ta vie ne se résumerait-elle donc qu’à cet unique et immense regret ? Non, tu ne pouvais pas laisser faire ça, son retour fulminant te faisait mal autant qu’il te faisait douter. C’était comme si le destin te levait son majeur en pleine face, pour te confronter à tes responsabilités, que tu pensais avoir soigneusement évincé. Seulement on ne pouvait pas ignorer de telle chose, et après tout, tu avais quitté la vie de ton petit ami aimant comme une voleuse, sans un appel, une lettre, ni même un mail. Vous vous étiez quitté sur des non-dits, et la fin de votre relation, c’était toi qui l’avait imposé, il n’avait pas eu le pouvoir d’y changer quoique ce soit.
L’Irlande avait en effet quelque chose d’attirant, tu étais la première à l’admettre, et sans doute que ce pays t’aurais d’autant plus ravie si tu avais sauté le pas pour le rejoindre. Mais c’était surtout à Deelan que plaisait tant la culture irlandaise, et cette douceur proche de l’environnement que vous ne connaissiez pas vous, dans les grandes villes d’Angleterre. C’était d’autant plus surprenant que de le trouver là, toi qui l’imaginais marié avec peut-être quelques gosses en route… Disons que tu l’espérais, car c’était le genre de choses qu’il méritait, et dont il rêvait plus que tout au monde. « Moi non plus. » Tu répondis tout bêtement, après qu’il t’eut dit que l’Irlande ne correspondait pas à l’idée qu’il s’en faisait, alors que tu toi n’avais jamais eu la chance d’y aller. A vrai dire, tu ne savais pas vraiment de quoi tu parlais, mais certainement pas de l’île celtique. Tu baissas simplement les yeux en regroupant tes affaires : non, la vie sans toi Deelan, ce n’est pas exactement ce à quoi je m’attendais. Il t’avait fallut des mois pour t’en remettre, des années même avant de réussir à enterrer tout cela… Et tu n’étais même pas bien sûr de l’avoir réellement fait, en vérité.
Tu t’excusais. Tu t’excusais à nouveau, tout naturellement, parce que tu ne te voyais pas faire autrement. Tu sentais déjà que t’allais finir par sangloter, alors autant que ce ne soit pas pour rien. C’était comme remuer un poignard dans une plaie béante, c’était douloureux mais c’était un éveil brutal efficace. Tu te rappelais toutes les fois où tu t’étais haïe de ne pas lui avoir dit certaines choses. Tu clignas des yeux en l’entendant répondre, déglutissant. « N-Non je sais que tu étais sincère. Tu souffles, cherchant tes mots, ta voix semblant se tordre un peu plus à chaque syllabe. Je v-voulais dire, je suis désolée parce que tout ça j’en avais envie aussi, mais j’ai pas réussi à te suivre. » Lui était prêt à l’époque, prêt depuis toujours, mais pas toi. C’est étrange, cette douleur au ventre tout à coup, comme si la plaie était là, béante, et déversant son sang comme des flots entiers depuis que tu as reconnu cette frimousse timide derrière ce bonnet. « Et je pense que ce serait vraiment arrivé, si il n’y avait pas eu… Tu fermas un instant douloureusement les yeux. J’étais trop jeune. »
Tes doigts se posent sur ses joues où se détaille une fine barbe. Elle lui va bien, et elle a quelque chose de nouveau que tu ne lui connais pas. Inconsciemment, tu la caresses doucement du bout des doigts, l’écoutant parler, répondre à ta question. Enfin, il emploie la notion de manque, et ton cœur se soulève un peu. Oui, à toi aussi, il te manquait, il te manquait même terriblement. Tu refermes les yeux que tu viens de rouvrir, de vieux souvenirs qui te paraissent désespérément morts te remontent à l’esprit, et tu souffres en silence. « Tu me manquais aussi. Tu avoues à ton tour, assez pour sentir son odeur sans qu’il ne s’en rende compte maintenant. Non en fait, tu me manquais terriblement. » Tu glisses ta main droite devant tes yeux pour cacher ta honte. « …J’ai tué notre bébé, Deelan. Je suis un monstre. » Et c’est pour ça, que tu souffres le plus, tu as refusé votre bonheur, mais pas seulement, comme une enfant projetée dans un monde d’adulte, tu as avorté du fruit de votre petite utopie.
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(✰) message posté Dim 5 Avr 2015 - 10:58 par Invité
JUST A SHOULD HAVE BEEN
SELENA & DEELAN
en fait, ça fait un moment que se croisent dans ma tête des mots et des douceurs qui pourraient faire un texte. un truc un peu différent, je crois que ça parlerait d’elle. faut avouer que, dans mon quotidien, elle a mis un beau bordel. mais j’ai un gros souci, j’ai peur que mes potes se marrent, qu’ils me disent que je m’affiche, qu’ils me traitent de canard. c’est cette pudeur misogyne, croire que la fierté part en fumée quand t’ouvres un peu ton cœur — grand corps malade.
Tu t’es souvent demandé ce que vous seriez devenus si elle avait décidé de te suivre jusqu’en Irlande. Tu t’es souvent imaginé la maison de vos rêves, votre futur à deux (à trois) et comment tout se serait lentement mis en place une fois arrivés sur le sol irlandais. Dans ta tête, tout était parfait. Vous étiez heureux, vous étiez comblés. Dans ta tête, tu la rendais une et complète et c’était ce qui comptait. Mais, bientôt, ces images nuageuses ont fini par devenir douloureuses. Trop douloureuses. Parce que la vie sans elle n’avait définitivement pas la même saveur. Pas le même intérêt. Ce rêve n’était que le tien tandis qu’il aurait dû être le vôtre. À elle et toi. Mais la vie en avait décidé autrement et tu t’étais retrouvé à passer les heures en rêvant à ce qui aurait dû être mais qui n’était pas. Et qui ne serait jamais. Aujourd’hui, ces désirs inachevés restent comme une plaie encore saignante qui laisserait une cicatrice sur ta chair une fois refermée. « Je comprends, lâches-tu distraitement. » Et même si, sur le moment, tu avais juste été perdu, tu as compris désormais. Tu as compris qu’elle ne pouvait pas te suivre, tu as compris qu’elle n’en avait pas la force ni le courage. Tu as compris que c’était un trop grand pas pour elle – un pas qu’elle n’était pas prête à franchir à l’époque. Et quelle importance ? Peut-être que son abandon t’avait été bénéfique. Peut-être que ce vide t’avait permis de mûrir, de devenir quelqu’un de meilleur. Tout du moins, tu l’espérais. Tu voulais être parfait, pour elle. Tu voulais être ce Prince dont elle avait tant de fois rêvé même si tu étais loin de l’image lisse et bien faite de celle que l’on donne dans les contes de fées. Tu as sûrement encore du chemin à faire mais tu te sens prêt à te donner tout entier. Parce qu’elle en vaut la peine ; elle en a toujours valu la peine.
« Nous étions trop jeunes, tu arrives à conclure dans un léger sourire. » C’est une vérité que tu as mis du temps à admettre mais c’était la réalité – vous étiez trop jeunes pour tout ça. Pour la vie à deux, pour le bébé, pour un futur incertain. Mais si tu avais eu envie de tenter l’aventure parce que tu étais sûr de tout ce que tu ressentais pour elle et votre enfant à naître, elle avait douté. Et le doute lui avait gangrené ce bonheur entre vous. Il avait gangrené votre amour jusqu’à ce qu’elle fasse demi-tour. Et tout s’était fini, comme le vent balaye un château de cartes. Comme la foudre. Ta poitrine s’était comme déchirée et il y avait eu tant de colère, de rancune, de haine à l’intérieur de tes côtes que tu avais eu peur. Peur de toi, peur de ces sentiments si négatifs. Il s’étaient estompés avec le temps, avec l’absence. Parce qu’il n’y avait jamais eu que le vide qui te répondait – et jamais elle. Comme pour échapper à ces pensées noires, tu fermes les yeux un instant, te perdant dans la sensation chaude de ses paumes sur tes joues. Elle avait toujours eu cette habitude, surtout quand il lui fallait te rappeler à quel point tu avais du bon en toi, à quel point elle croyait en toi. Le referait-elle encore désormais ? Plus rien n’est sûr. Plus rien ne semble écrit sur les pages du grand livre de la Vie. Avant, tu aurais pu dire qu’elle serait toujours là à tenir ta main, à te sourire en retour. Avant, tu aurais été certain que votre union pouvait fonctionner. Aujourd’hui, vous n’êtes que deux parties d’un même tout qui se sont séparées. Qui ont pris un chemin différent. Et même si vous venez de vous retrouver, même si vous êtes à nouveau réunis, rien ne t’assure que les pièces du puzzle pourront un jour se rassembler. Vous avez évolué, chacun différemment, chacun de votre côté, et si le Destin avait fait que vous ne vous accordiez plus désormais ? C’est une réalité que tu dois prendre en compte, un paramètre auquel tu n’avais pas pensé lorsque tu lui avais envoyé ton premier e-mail – ou quand tu lui avais proposé de vous rencontrer dans ce café qui avait été pendant longtemps votre endroit d’amoureux.
Et la nouvelle tombe, comme un couperet. Les mots sont là, à flotter dans l’air avant de te fracasser les côtes aussi durement qu’un coup de poing en plein plexus. Est-ce que tu as bien entendu ? Est-ce un effet de ton imagination malade qui te torture un peu plus ? Tu n’arrives pas à y croire, tu ne veux pas le croire. Parce que cette vérité serait bien trop douloureuse. Et pourtant, à observer ce visage meurtri de peine et de honte, à voir les larmes qui noient cet océan gris, tu dois bien te rendre à l’évidence – votre enfant n’est plus. Ou ce qui aurait dû être votre enfant n’est plus. Et le verbe ‘tuer’ dans la bouche de Selena est d’autant plus terrible qu’elle était la personne la plus pure, la plus innocente qui soit à tes yeux. Comment ? Pourquoi ? C’est autant de questions et de demandes qui se formulent dans ta tête mais qui ne passent pas la barrière de tes lèvres. Ton cœur te fait mal, ton estomac se tord douloureusement. Il y a un vieux goût de bile sur tes lèvres et tu as la sensation de t’enfoncer dans un trou béant sans fond. Une chute vertigineuse qui n’aurait pas de fin. Tu n’as que pour seul réflexe de venir entourer ses épaules tremblantes de tes bras, comme si tu voulais lui rappeler la chaleur et la protection de tes étreintes. Comme si tu avais besoin de te raccrocher à quelque chose pour ne pas entièrement sombrer. « Ça va aller, est la seule chose que tu arrives à articuler, la voix blanche et éteinte. Ça va aller, je te le promets. » Non, ça n’ira pas. Ça n’ira pas parce que cette perte restera inscrite dans votre chair comme une cicatrice immonde et brûlante. Cette perte sera là, dans votre vie – à jamais. Mais c’est ce qu’elle a besoin d’entendre, c’est ce qu’elle attend de toi alors, tu es là. « Tu n’es pas un monstre, Selena. Jamais. Tu n’es pas un monstre. » Posant un baiser sur le haut de son crâne au parfum de son shampoing, tu laisses ta propre tête se caler sur la sienne et berces ce corps trop faible contre toi. « Ça va aller, tu répètes comme si le dire plusieurs fois allait pouvoir rendre réels ces mots dénués de sens aujourd’hui. Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi, pour t’accompagner. Tu n’aurais pas dû affronter ça sans moi. » Car après tout, cette vie à l’intérieur de son ventre avait été le fruit de votre amour et de votre innocence aujourd’hui perdue.
(✰) message posté Mer 8 Avr 2015 - 20:32 par Invité
deelan&selena
On est jeune, on est beau, on est con, on est sur de nous, on a notre style à nous. On rit, on aime, on fume, on claque le fric de nos parents, on sort, on aime, on aime plus. On croit aimer, on pleure. On s'étale dans le lit, défoncé, on oublie le monde. On boit, on fume, alors on est stylé. On se plaint, on dramatise. Alors on prend des résolutions, on aimera plus jamais mais ça c'est faux, c'est parce qu'on est jeune.
C’était ton choix, ta décision, ta responsabilité ; et pourtant c’était comme si tu n’arrivais pas à l’assumer seule. Tu te sentais tremblante et bouleversée, comme une petite fille qui vient de perdre ses parents dans les rayons d’un super market. Tu jouais l’enfant, fuyant ou cherchant tes mots, et tu te jugeais bien ridicule. Tu l’avais abandonné et tu revenais en pleurnichant ? A sa place, sans doute te serais-tu giflée. C’était ce que tu méritais. Pourtant, tu t’entêtais à l’écouter, à le regarder dans les yeux, sans exagération. Il finit d’ailleurs par conclure qu’en effet, vous étiez sûrement trop jeune, et tu ne peux qu’acquiescer ce fait. Evidement, pourtant lui, il avait été prêt. Il aurait tout quitté pour que vous puissiez être tous les deux, jamais il ne t’aurait abandonné, jamais il ne t’aurait laissé seul. Non, le comble dans cette histoire, ce n’était pas que le papa ait pris la fuite à la découverte de ce petit être germant dans ton ventre, c’était que c’était a maman, qui avait disparu, laissant le pauvre père et ses rêves de famille en Irlande. Qu’est-ce que tu pouvais dire de plus ? Ce qui était fait était fait, et tu n’aurais jamais cru revenir ainsi sur les faits, des années après. Ca te semblait comme des millénaires d’ailleurs, depuis ce soir où désespérée tu lui avais demandé de faire demi-tour, où tu avais choisis de lui déchirer le cœur à lui, plutôt que ceux des membres de ta famille. Mais pourquoi avait-il fallut choisir d’ailleurs ? Ah oui, cette foutue capote. Tu aurais presque pu faire une réclamation chez Durex, mais t’avais plutôt voulu enterré cette histoire, comme pour la tapir au fond de ta mémoire, et ne plus jamais y repenser. C’était sans compter sur aujourd’hui, qu’elle revenait te méchamment te hanter.
Et puis ça sort, tout seul, te brûlant la gorge telle une gorgée d’acide. Tu le mets dans cette position mal à l’aise alors que toi tu reste brisée, les yeux baissés, cachés derrière ta main en fuyant tout à coup ce que tu viens de dire. Tout cela ne t’a que trop torturé, pendant des années. Oui, tu es une tueuse, si ce n’était question que d’avoir fuis, peut-être trouverais-tu la force de baisser ta main… Mais pire que ça, tu l’as tué, tu as avorté de cet enfant qui se serait sûrement révélé sublime, et certainement aussi adorable que son père. Comment pourrais-tu te pardonner cela ? Ton ventre vide se serre brutalement, et tu as subitement des hauts le cœur presque dégoûtés envers toi-même. Dans ta tête, tu revois cette famine de seize ans, cachée sous sa couette en pleurant, effaçant le numéro de son petit ami de son répertoire tout en caressant son ventre vide. Tu la revois brusquement redresser la tête en entendant son frère taper doucement à la porte, et répliquer qu’elle est malade. Tu revois le regard déçu d’une mère qui a tout compris, sans qu’on ai rien à lui dire. Tu revois l’air compatissant et triste des autres, voulant te venir en aide sans bien comprendre le problème. Tout ça, c’était ton choix.
Des bras t’entourent alors brusquement, et tu sursautes en écarquillant un peu les yeux, comme effrayée. Mais cette chaleur brusque, tu la reconnais sans mal, et tu t’en laisses bercer. Sanglotant silencieusement, tu niches ton nez rouge contre le torse de ton ex petit-ami, auquel tu ne cherches pas à échapper. Lui seul peut comprendre, et encore. Tu es toujours surprise qu’il parvienne à te regarder en face, malgré ce que tu lui as fais. Pourtant, ce sont ses bras que tu sens autour de toi, t’apaisant quelque peu même si la douleur brûle toujours au creux de ton ventre. Sa voix rauque s’élève autour de vous, et tu lâches un long soupir. Tout semble s’arrêter, le bruit des voitures, du vent ou même de la rue dans son intégralité. Il n’y a plus que lui, lui et sa voix, lui et sa voix, toi et ta peine. « Non je t’en pris, ne t’excuse pas. Tu murmures d’une voix si basse désormais, telle que seul lui peut t’entendre, s’il tend l’oreille. Tout ça c’est de ma faute, et tu n’as pas le droit de dire le contraire. Tu devrais m’en vouloir, tu devrais pas me serrer comme ça. » Pourtant tu t’accroches comme une folle à ses épaules, sur la pointe de tes pieds pour être à sa hauteur. Il est comme une bouée de sauvetage, et il ne reste plus grand-chose de ton vif caractère à ce moment même. Tu renifles, et essuie tes yeux. « Est-ce que tu réussiras un jour à me pardonner pour ça ? » Tu souffles, même si en vérité, tu t’en veux peut-être même plus que lui ne le fait, renversant ta haine contre toi-même, car tu es la responsable de la mort de ce bébé. « J’aurai dû le garder, l’élever, te retrouver et te dire que je regrette. » Lancée, tu fixais le vide, des spectres du passé passant devant tes yeux. Chassant ces affreuses images, tu relevas tes yeux vers lui en soupirant, avant de secouer la tête. « Est-ce tu… tu t’installes ici ou tu vas repartir ? » Ta main serre brutalement son t-shirt, comme pour l'en empêcher. « Désolée pour ça, j'ai l'air ridicule à chialer en plein milieu de la rue... J-Je vais te payer ton café. » Non, tu n’as plus le droit de fuir, pas lorsqu’il te rattrapes comme ça, malgré tout le mal que tu as pu lui faire.
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(✰) message posté Dim 12 Avr 2015 - 23:40 par Invité
JUST A SHOULD HAVE BEEN
SELENA & DEELAN
en fait, ça fait un moment que se croisent dans ma tête des mots et des douceurs qui pourraient faire un texte. un truc un peu différent, je crois que ça parlerait d’elle. faut avouer que, dans mon quotidien, elle a mis un beau bordel. mais j’ai un gros souci, j’ai peur que mes potes se marrent, qu’ils me disent que je m’affiche, qu’ils me traitent de canard. c’est cette pudeur misogyne, croire que la fierté part en fumée quand t’ouvres un peu ton cœur — grand corps malade.
Il est étrange de voir comme la vie peut changer en si peu de temps, comme elle peut être bouleversée par un tout petit rien. Pas grand chose. Un simple grain de sable dans la machine et le rouage est complètement bloqué. Et tout s’effondre avant même qu’on ait eu le temps de la réparer. Il avait seulement fallu d’une nuit, d’un coup de malchance. Il avait fallu d’une seule fois pour que votre vie soit à jamais changée. Selena et toi ne vous attendiez pas à une telle surprise et tout avait été chamboulé au moment même où elle t’avait appris qu’elle était enceinte. Tu te souviens très bien de ce que tu avais ressenti ce jour-là, de la peur panique qui t’avait noué le ventre, des milliers de questions qui s’étaient précipitées à tes lèvres sans pour autant oser sortir. Tu te souviens d’avoir instantanément imaginé votre futur, votre bébé. Tu avais pensé à fuir, à prendre tes jambes à ton cou et à partir sans jamais te retourner. Et puis il avait fallu que tu plonges dans ses grands yeux gris, il avait fallu que tu te noies dans son océan pour comprendre que ta place était ici. Auprès d’elle. Ça ne changeait rien au fait que vous étiez jeunes, que vous n’étiez certainement pas prêts pour être parents mais tu allais rester. Quoique vous décidiez, ensemble, tu allais rester. Parce qu’elle était ton rêve, elle était ton présent et ton avenir. Et même si les difficultés ne faisaient que commencer, tu y croyais. Tu croyais pouvoir arriver à tout affronter, pourvu qu’elle reste à tes côtés. Mais c’était finalement elle qui avait tourné les talons, c’était finalement elle qui était partie. Et tu l’avais sûrement haïe de toutes tes forces de t’avoir abandonné alors que tu aurais été prêt à soulever des montagnes pour elle et votre bébé. Ça n’avait même pas été une rupture nette, ça n’avait été qu’un déchirement. Ça avait été comme savoir qu’elle ne reviendrait jamais mais garder cet infime espoir de la revoir un jour. Et pendant toutes ces années, tu avais continué d’espérer, comme un stupide amoureux. Parce que tu l’étais, amoureux.
Mais voilà que Selena redistribuait à nouveau les cartes, sans que tu t’y attendes. Quand elle t’annonce avoir avorté, tu ne peux t’empêcher de poser les yeux sur son ventre. Un ventre plat sous les vêtements. Tu as passé tant de temps à l’imaginer s’arrondir, encore et encore. Tu as imaginé la sensation de ta main sur la peau nue, alors que les petits coups de pieds frappaient ta paume rendue moite de bonheur et d’excitation. Mais ça n’est jamais arrivé. Ça n’est jamais arrivé et ça n’arrivera jamais – parce qu’il n’y a plus rien. Il n’y a plus rien de cet enfant qui était le vôtre. Il n’y a plus rien que du vide dans son ventre désormais. Tu pourrais être en colère, tu pourrais lui en vouloir. Tu pourrais tout simplement lui lancer un regard plein de rancune et t’en aller pour ne plus jamais recroiser son chemin. Mais tu ne peux pas. Tu n’en as pas la force. Parce que c’est elle, parce qu’elle est ta princesse. Et elle a besoin de toi. Tu le sens à sa façon de se lover contre toi, à sa façon de s’arrimer à tes larges épaules lorsque tu la prends dans tes bras. « Tu ne crois pas que ce serait gaspiller mon énergie que de t’en vouloir ? J’ai déjà passé beaucoup trop de temps éloigné de toi, souris-tu légèrement, presque tristement. Ce qui est fait est fait. Tu devais avoir tes raisons. » Des raisons que tu n’étais pas sûr de vouloir entendre, pas tout de suite. Tu ne te sens pas prêt à affronter cette vérité, pas aussi rapidement. La nouvelle est encore comme une lame dans ta poitrine et tu as peur de t’arrêter de respirer soudainement. Comme si ça allait apaiser la douleur, comme si ça allait l’annihiler. Mais ça ne fonctionnera pas, et tu le sais. La douleur restera là, comme une plaie béante qui peine à cicatriser. Qui ne cicatrisera jamais. « Tu n’étais pas prête pour ça, tu essayes de temporiser en passant une main légère sur ses cheveux. Et tu aurais peut-être regretté de l’avoir gardé. Tu aurais peut-être fini par penser que ce bébé n’a fait que te gâcher la vie. Je voulais que tu sois heureuse et épanouie. Tu as encore toute la vie pour avoir d’autres enfants. Et cette fois, tu seras prête. » Tu ne sais pas vraiment qui tu essayes de convaincre avec ces paroles – elle ou toi. Tu ne sais pas qui tu essayes d’apaiser. Il y a tant de souffrance, tant de silences. Tant de jours faits d’absences. Un vide auquel on finit par s’habituer au fond. Tu n’as pourtant pas réussi à t’habituer à ce vide qu’elle avait laissé.
« Je suis revenu définitivement, la rassures-tu. Londres me manquait. » Elle te manquait. Selena te manquait. Et tu aurais sûrement pu continuer de vivre en Irlande si elle avait été là, avec toi. Si vous aviez formé cette famille dont tu avais rêvé, autrefois. Lentement, tu acquiesces quand elle te propose un café et vous vous engouffrez à nouveau dans la chaleur sucré du pub de votre passé. Tu restes silencieux, perdu dans des pensées sombres. Tu revois toutes ces images d’elle et de toi, de vous, de votre histoire. Votre amour. C’est presque trop douloureux. C’est comme un main qui plonge entre tes côtes et te serre le cœur jusqu’à ce que les battements ralentissent. Jusqu’à ce que le silence se fasse dans ta cage thoracique. Le passé ne pourra pas s’effacer. Il restera sur votre chair et dans votre mémoire. Tu peux espérer pouvoir avancer maintenant que tu l’as retrouvée, elle, ton rayon de lune mais il n’y a plus aucune certitude entre vous. Et peut-être ne veux-tu pas en avoir cette fois. Tu en avais, avant. Tu étais empli de certitudes auparavant. Et tout avait été balayé un jour de printemps sur une route poussiéreuse. Et ça a fait mal. Si mal que tu n’avais jamais imaginé pouvoir t’en remettre. Alors, peut-être que si tu n’espères pas trop cette fois, ça fera moins mal quand de nouveau elle t’abandonnera. « Est-ce que tu es partie parce que tu avais vraiment peur de quitter ta famille, Selena ? tu finis par demander, subitement, alors que vous vous tenez encore dans la queue pour passer commande. »