faut être sérieux pour être un artiste.

faut être sérieux pour être un artiste.

Le mois de mars était bien entamé. Et avec lui, les couleurs si particulière à cette saison. La fin de l'hiver approchait à grand pas et bientôt, le printemps viendrait teinter la ville de son charme soudain. Indianna avait toujours aimé cette saison. En Irlande, elle aimait regarder les arbres depuis sa fenêtre, y repérer les nuances de vert et voir les premiers boutons de fleur éclore. Mais pour le moment, Londres était encore une ville paresseuse qui s'attardait sur le vent d'hiver et les températures assez basses. Indianna ne s'en souciait guère. Elle avait connu les hivers particulièrement froid de Belfast, aussi ne se sentait-elle pas étrangère à cette saison. Indianna avait traversé pas mal de climats différents avec les années. Pendant un temps, la neige ou le froid lui étaient devenu étranger. Elle avait passé tellement de temps sur des continents brûlants qu'elle en avait presque oublié les contrées froides. Mais cela faisait cinq ans qu'elle était revenu à Londres. Pour une fois, elle avait posée ses bagages et ne comptait pas repartir de si tôt. Elle en avait envie par moment, souvent en fait, mais quand elle posait son regard attendri sur son fils, toute envie d'évasion disparaissait. Repartir reviendrait à recommencer, à se nourrir de cette vie qui lui avait tant prit. Et Indianna ne pouvait plus penser pour elle seule désormais, elle avait Nolan. Aussi se contentait-elle de préserver sa vie à Londres et d'en savourer les instants. Elle revenait de loin et chaque jour le lui rappelait. Elle avait traversé pas mal de trous noir pour en arriver là.

Il faisait encore clair quand Indianna quitta son appartement à Camden Town. Mohan, son colocataire, lui avait proposé de déposer Nolan à l'école maternelle. Indianna n'était pas une de ces mères surprotectrice qui voulait garder un œil constant sur sa progéniture. Elle avait apprit à déléguer, à accepter les coups de main de la part de ses proches. Cela lui permettait d'avoir un peu de temps à elle. Elle ne voulait pas devenir une mère qui s'oubliait pour ses enfants, elle était avant tout une femme et ce côté féministe était une valeur à défendre. Elle avait embrassé tendrement son fils avant de traverser le quartier, profitant de cet instant pour flâner. C'était une journée où elle avait le temps. Elle n'était pas partit en retard de chez elle et elle n'avait nullement le besoin de courir pour attraper le métro. Indianna aimait flâner, prendre le temps d'apprécier les choses. Aussi passa-t-elle devant l'un des nombreux marchés de Londres pour acheter quelques fruits de saison. Avec son sac en plastique, elle s'engouffra dans le métro qui la mena sur Shoreditch. Son appartement et son atelier étaient assez éloigné l'un de l'autre. Indianna ne disposait pas de voiture, seulement d'un vélo mais celui-ci avait plutôt mal vécu la neige et le verglas. Pour certains, cette distance géographique aurait posé problème, mais pas pour Indianna. Après tout, Londres regorgeait de coins sympa et elle ne perdait jamais une occasion d'en découvrir d'avantage en la traversant pour se rendre d'un quartier à l'autre. Mais sous terre, Indianna perdait pas mal d'occasion de voir les rues et ces passants. Elle se promit de réparer rapidement son vélo.

Elle arriva à l'atelier en milieu de matinée. A cette heure-ci, le bâtiment était plutôt calme. L'entrée de l'atelier était située dans une petite cour pavée où Indianna avait installée quelques chaise de jardin et une table. Elle n'était pas la propriétaire des lieux, elle donnait simplement quelques séances par semaine ici. A l'époque, elle avait été approché par un des responsables de ce bâtiment réservé aux différents arts (danse, musique...). Ce brave monsieur avait adoré son livre et il lui avait proposé de tenir une petite conférence. Mais finalement, c'était l'idée d'en espace d'art-thérapie qui avait été retenu. Aussi, Indianna traversait-elle toute la ville plusieurs fois par semaine pour mener ses ateliers qu'elle affectionnait. Heureusement pour elle, le directeur de l'institut lui laissait carte blanche et ne venait jamais s’immiscer dans son travail. Il était plutôt discret, ce qu'Indianna appréciait. Une fois sur place, elle ouvrit en grand les fenêtres et les portes afin d'apporter un vent nouveau dans cette pièce. Celle-ci était assez vaste, lumineuse. Indianna avait elle-même apporté quelques touches personnelles afin de s'approprier plus facilement les lieux. Elle commença à disposer la salle au grès de son envie quand elle entendit un léger bruit derrière elle, comme quelqu'un qui cherchait à attirer son attention. Indianna se retourna et tomba face à Jay, sourire aux lèvres. « Bonjour madame McCarthy ! », claironne-t-il. Indianna éclata de rire. Elle ne se moquait pas de lui, non, mais elle était assez surprise qu'il l'appelle comme ça. Elle se sent jeune, même si elle a dépassée les trente-ans. Elle lui serre néanmoins la main, chaleureuse. « Madame McCarthy, c'est ma mère », dit-elle avec un large sourire. Jay est un jeune homme, plus jeune qu'elle en tout cas. Mais Indie fréquente pas mal de jeunes, elle n'as jamais donné d'importance à l'âge des gens. Elle agit à l’instinct, simplement. « Tu peux me tutoyer, tu sais ? En fait, tu vas me tutoyer, on sera plus à l'aise toi et moi comme ça », termine-t-elle, toujours avec bienveillance. Elle se dirige vers un petit buffet dans le coin. Elle avait prit soin de faire couler du café à son arrivée et de disposer les quelques fruits achetés plus tôt, en signe de convivialité. « Tu veux boire quelque chose ? On a un peu de temps avant que la séance commence. Met toi à l'aise » .