"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (seelana) le fantôme de ce qu'on aurait pu être. - Page 2 2979874845 (seelana) le fantôme de ce qu'on aurait pu être. - Page 2 1973890357
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(seelana) le fantôme de ce qu'on aurait pu être.

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() message posté Lun 13 Avr 2015 - 0:48 par Invité


deelan&selena
On est jeune, on est beau, on est con, on est sur de nous, on a notre style à nous. On rit, on aime, on fume, on claque le fric de nos parents, on sort, on aime, on aime plus. On croit aimer, on pleure. On s'étale dans le lit, défoncé, on oublie le monde. On boit, on fume, alors on est stylé. On se plaint, on dramatise. Alors on prend des résolutions, on aimera plus jamais mais ça c'est faux, c'est parce qu'on est jeune.


C'était presque avec un rire jaune que tu revoyais les vieux cons vous regarder avec mépris. Cette grand mère et son mari, assit sur un banc du parc d'en face, qui vous regardaient d'un air mauvais vous câliner dans l'herbe. Oui, tu t'en souvenais parfaitement maintenant : c'était pendant ses longues journées d'été où plutôt que de sortir avec tes amies, tu passais des heures avec lui, dans ce petit parc pas bien loin de chez toi. Vous vous allongiez dans l'herbe, et jugiez les nuages de diverses formes, ta tête contre son épaule ou son torse, et sa main glissée dans tes cheveux. Vous n'alliez jamais plus loin, au contraire de tous les autres couples que tu connaissais qui n'hésitaient pas à aller chercher la langue de l'autre en public. Vous non. Non pas que vous n'en étiez pas capable, mais plutôt parce que vous étiez pudiques. C'était votre amour à tout les deux, vous ne ressentiez pas le besoin d'exposer votre petit cocon aux yeux malfaisants du monde. Là, allongés sur la pelouse, ta main dans la sienne, cela vous suffisait amplement. Pourtant, les petits vieux rouspétant vous jugeaient de la même façon que les autres couples de votre âge. Et un beau jour tu sentis leurs regards moqueurs sur votre petit couple plein de pureté. Tu entendis la vieille murmurer à l'autre que c'était le genre d'amourette qui ne durerait jamais, que vous n'étiez que des petits cons inconscients, et que le grand amour n'existait que dans la tête des lycéennes gavées aux contes de fée. Tu te souvenais sans mal d'à quel point cette réflexion avait pu te faire mal, car sous prétexte de ton âge, ton couple était jugé éphémère. Tu t'étais mise en colère, parce que toi tu y croyais dur comme fer à cette histoire, parce que tu avais beau n'avoir que seize ans, cela ne t'empêchait pas de l'aimer : de l'aimer sincèrement.

Alors finalement, la vieille n'avait-elle pas raison ? Comme c'était souvent le cas, votre premier amour n'avait pas duré. Pourtant, il te laissait à goût amer, comme s'il s'était coupé trop brutalement. Il n'y avait jamais vraiment eu de fin à votre histoire, elle s'était terminée par le manque et la distance. Tu avais lâchement changé de numéro, et de vie à la foi. S'il y avait un bouton "reset" sur le cerveau, sans doute l'aurais-tu utilisé pour t'épargner ses longues nuits blanches à penser à lui, sans pouvoir chasser son image de ta tête. « Tu as peut-être raison. Tu murmuras lorsqu'il tentait d’apaiser tes peines, avec un quart de réussite, mais seulement un quart. J'ai l'impression que le temps nous as rendu plus sages tous les deux... Ça a quelque chose de rassurant et de triste à la fois. » Cette pépite de folie communicative qui vous animait à l'époque te manquait quelque peu : votre complicité te manquait, tout simplement. Tu dérivas la conversation sur son installation à Londres, et ce fut presque un soulagement de l'entendre dire qu'il s'installait pour de bon. C'était un mélange étrange avec de l'inquiétude également. Curieuse, tu inspiras doucement, enfonçant tes mains dans les poches de ton manteau. « Où est-ce que tu t'es installé, tu t'y sens bien ? Ou tu es revenu chez tes parents ? » Cette dernière hypothèse était mauvaise, tu le savais même sans qu'il t'ait encore répondu. Non, le Deelan que tu connaissais ne serait jamais retourné chez ses parents, même dans la misère la plus totale. Seulement, là encore, c'était le Deelan que tu avais connu par coeur, quant était-il de celui qui te serrait dans ses bras ? Tu ne savais plus vraiment quoi penser maintenant.

Préférant chasser tes peines, comme toujours plutôt que de continuer de les affronter - alors que c'était en vain, tu ne pouvais plus rien y changer, tu l'invitas à boire un café. Le précédant alors qu'il rentrait à nouveau, vous vous glissèrent dans la queue. Une odeur de cookies chauds te montas aux narines, mais elle qui d'habitude parvenait à te mettre l'eau à la bouche te donnas un haut le cœur : tu n'étais pas de cœur à te goinfrer. Toute cette histoire t'avais subitement retourné l'estomac. Deelan choisit ce moment pour continuer la conversation, et sa question te surpris, si bien que tu levas les yeux vers lui un moment, les clignant sans savoir quoi répondre. Puis tu soupiras : la question était simple, tu n'en savais la réponse que depuis trop longtemps. « Je suppose que ce ne devait pas être la seule raison. Tu commenças, t'interrompant alors qu'un gars derrière toi te bousculait un peu. Tu tiquas et fis la grimace, pas vraiment de cœur à mordre. C'était du moins la plus importante. Toi tu n'avais rien qui te retenais, tu me disais chaque jour à quel point tu pouvais haïr tes parents, tu me parlais d'aventures merveilleuses, tu pouvais passer des heures sur google maps à regarder les quatre coins du monde en cherchant quel endroit pourrait le plus t'attirer. Et apparemment tu as trouvé, l'Irlande. Mais moi j'avais mon frère, ma sœur, mon père et ma mère. Et même si j'avais honte, même si l'idée d'être tomber enceinte si jeune me terrorisait, je ne me voyais pas les quitter. » Ce fut votre tour et tu le laissas commander le café qui lui plairait, constatant qu'il s'agissait bien là de la même boisson que jadis, dans laquelle il trempait ses lèvres gonflées à force que tu ne les embrasse si souvent. Malgré tout, il y avait quelque chose d'éternel, même chez les gens. Tu retournas t'assoir à la même table, après avoir payé, attendant qu'il fasse de même. « Je crois aussi que j'avais peur. Malgré tout ce que tu pouvais me dire, malgré à quel point je pouvais t'aimer, j'avais peur d'être une mauvaise mère. J'avais peur d'être une mauvaise femme. J'avais peur que la vie là bas ne me plaise pas et que je finisse par me laisser mourir en silence, dans l'incapacité de te rendre heureux... J'avais peur de te décevoir. » Tu retrouves ton café encore tiède que tu avais laissé là, pas encore débarrassé. Et tu viens poser tes deux mains contre la tasse, pour te réchauffer les mains. « Tu sais, des fois je me dis, peut-être que la vieille avait raison. Tu sais, la vieille sur le banc. Je me dis qu'on avait beau se foutre d'elle, sur nous, elle n'a pas eu tord. Notre couple s'est brisé comme tous les autres, malgré tout l'amour qu'on pouvait se porter l'un à l'autre. » Pouvait ? Non, peut.


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() message posté Lun 13 Avr 2015 - 13:43 par Invité

JUST A SHOULD HAVE BEEN

SELENA & DEELAN


en fait, ça fait un moment que se croisent dans ma tête des mots et des douceurs qui pourraient faire un texte. un truc un peu différent, je crois que ça parlerait d’elle. faut avouer que, dans mon quotidien, elle a mis un beau bordel. mais j’ai un gros souci, j’ai peur que mes potes se marrent, qu’ils me disent que je m’affiche, qu’ils me traitent de canard. c’est cette pudeur misogyne, croire que la fierté part en fumée quand t’ouvres un peu ton cœur — grand corps malade.

Personne n’a cru en vous, à l’époque. Tous ces adultes qui vous regardaient avec cette condescendance dégueulasse dans les yeux, comme pour vous dire que vous ne deviez pas trop espérer. Comme pour vous dire que votre vie ne serait jamais un conte de fées. Avaient-ils eu raison de toujours vous répéter que ce n’était qu’un amour de jeunesse, aussi puissant qu’un ouragan mais qui ne durerait qu’un temps – le temps de vie d’un papillon ? Quand tu repenses à tout ce qu’il s’est passé entre Selena et toi, quand tu repenses à tout ce que vous avez traversé, tu te dis qu’ils riraient sûrement aujourd’hui en vous voyant là, intimidés et gauches. Apeurés comme une biche prise dans les phares d’une voiture. Vous avez commis des erreurs, peut-être fait les mauvais choix. Mais sans doute la vie était-elle en train de vous donner une seconde chance. Tu aimerais y croire, tu aimerais t’accrocher à cet infime espoir qui recommence à briller dans ta poitrine. Mais c’est encore trop douloureux de repenser à cette déchirure qu’elle a causée en partant. Peut-être n’êtes-vous réunis que pour mieux vous déchirer à nouveau. « Ce n’était plus pareil sans toi pour partager ma folie, tu avoues avec un léger haussement d’épaules, le sourire contrit. J’ai dû m’assagir par nécessité, pas par envie. » Par la force des choses, tu as grandi. Tu as mûri. Restent encore ces rêves d’enfant sauvage, reste encore ce caractère libre mais la vie a fait que tu t’es replié sur toi-même. C’est comme si tu t’étais construit une carapace au fil des années, comme pour te protéger de ce monde qui semblait avoir tant changé. Parce que tes envies d’aventures n’avaient alors plus le même goût, la même saveur depuis qu’elle t’a quitté. En partant, elle a pris avec elle cette part d’enfance en toi que tu chérissais comme elle a volé un bout de ton âme qui jamais ne t’a été rendu jusque là. Comment est-on censé vivre si ce n’est qu’à moitié ? C’est impossible. C’est improbable, parce que l’existence mérite d’être vécue pleinement, entièrement. Brûler la vie par les deux bouts, voilà tout ce que tu avais toujours voulu, désiré. Mais tout ça n’était plus que fumée, désormais.

« J’ai trouvé une chambre de bonne chez un couple qui cherchait à louer. Ils ont même un enfant, réponds-tu. Je ne pouvais pas revenir chez moi, j’en ai fini avec eux désormais. Depuis longtemps. » Et le plus moche dans cette histoire est que ça ne te fait rien. Absolument rien. Ta mère, ton beau-père ne te manquent pas. Tu ne penses que très rarement à eux. Et ça te convient. En revenant sur Londres, tu ne pensais qu’à la retrouver elle – Selena. Les autres n’avaient pas d’importance, ta propre famille n’avait pas d’importance. N’avait plus d’importance. Parce qu’à trop t’éloigner d’eux, tu as fini par les oublier. Et tu ne ressens rien, absolument rien à ce propos. Est-ce que ça fait de toi un fils indigne ? Sans doute. Ta mère t’a toujours tout donné mais à partir du moment où ton beau-père est entré dans vos vies, plus rien n’a été pareil. L’appartement n’était plus aussi chaleureux, accueillant. Tu rentrais des cours avec ce nœud à l’estomac, à te demander s’il allait encore te répéter à quel point tu n’étais qu’un moins que rien. Et ta mère ne disait jamais rien. Son regard s’est lentement éteint et tu as abandonné l’espoir qu’elle vienne s’imposer entre lui et toi un jour. Jamais ça n’arriverait. Alors tu as tout simplement tourné la page. Tu as terminé ce chapitre de ton existence avec un sale goût amer au fond de la bouche qui s’est finalement estompé avec le temps. Avec l’habitude. Depuis des années, déjà, tu ne comptais plus que sur toi-même. Tu as compté sur Selena aussi, mais la déception qui en était ressortie n’avait été que plus grande. Alors tu as pris cette habitude de ne te reposer que sur ta personne, en espérant pouvoir te débrouiller comme un grand. Dans tes pensées, tu fixes la chevelure couleur de miel de Selena qui fait la queue devant toi. Tout aurait été plus simple, finalement, si tu n’avais pas eu l’envie de partir. Tout aurait pu être parfait sans l’Irlande. Pas vrai ?

La question t’a brûlé les lèvres comme un acide. Elle tournait en boucle depuis tant de temps, depuis ce jour où tout s’est brisé. Parce que tu as commencé à croire, jour après jour, qu’elle était partie parce qu’elle ne t’aimait pas assez. Parce qu’elle ne voulait finalement pas de ce que tu lui offrais. Et peut-être que la séparation d’avec sa famille n’avait été qu’une excuse. Une excuse que tu avais crue pendant longtemps jusqu’à ce que le doute vienne te grignoter l’estomac et te ronger le cœur. Peut-être s’était-elle sentie forcée de partager tes rêves d’aventure, ton besoin d’autre chose. Et le bébé qui arrivait n’avait été qu’un plus pour la persuader de te suivre – même au bout du monde. « Oui, ce n’est pas facile de quitter ses racines quand on est si jeune, tu lâches juste avant que ce ne soit à vous de passer commande. » Tu n’as pas eu cette difficulté, toi. Tout était simple. T’éloigner de ta famille était une bénédiction à tes yeux et tu n’avais pas imaginé, égoïstement, que ça serait aussi douloureux pour Selena. Parce que tu pensais que, tant que tu étais là, tant que tu restais près d’elle, alors tu étais tout ce qu’il lui fallait pour être heureuse. Tu as été bien présomptueux et ton aveuglement t’a coûté bien cher. Te mordillant la lèvre inférieure, tu commandes ton habituel Macchiato Caramel glacé et lorsque les boissons sont payées, vous vous réinstallez à cette même table – celle où tu l’as timidement abordée voilà quelques minutes à peine. Pensivement, tu fais tourner ta paille verte dans ton haut vert cependant que les paroles de la jeune femme semblent tourner et retourner dans ta tête. « Et alors ? Même si elle avait raison, nous n’avons pas été le premier couple à nous séparer. Et nous ne serons certainement pas les derniers, tu rétorques un peu placidement, à la fois vexé et blessé de te rendre compte qu’elle ne croyait finalement plus en vous. On a le droit de commettre des erreurs. » Et puis tu te dis que tu n’aurais pas dû. Tu n’aurais pas dû venir ici, tu n’aurais pas dû l’inviter. Tu n’aurais même pas dû lui envoyer ce premier mail. Parce qu’elle semble vouloir tourner la page de votre histoire – après tout, n’avait-elle pas accepté l’invitation d’une personne qui aurait dû être un parfait inconnu ? Elle t’a oublié, Deelan. Elle t’a oublié en oubliant ce que vous avez été, ce que vous avez partagé.

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() message posté Mar 14 Avr 2015 - 0:34 par Invité


deelan&selena
On est jeune, on est beau, on est con, on est sur de nous, on a notre style à nous. On rit, on aime, on fume, on claque le fric de nos parents, on sort, on aime, on aime plus. On croit aimer, on pleure. On s'étale dans le lit, défoncé, on oublie le monde. On boit, on fume, alors on est stylé. On se plaint, on dramatise. Alors on prend des résolutions, on aimera plus jamais mais ça c'est faux, c'est parce qu'on est jeune.


Tu ne savais plus vraiment quoi penser de tout cela. Après toutes ses années, tu t'étais comme persuadée de l'echec total de cet histoire. Ca t'étais rentré dans le crâne comme un mécanisme insurmontable, qui t'avais réduis au rang d'innocente alors que tu étais coupable, juste pour soulager ta pauvre conscience. Oui tu avais rompu, mais votre couple n'était pas solide, oui tu avais avorté, mais le bébé n'aurai pas été heureux, oui tu avais fuis, mais tu étais trop jeune. Tout ça était faux, ou du moins invérifiable désormais, car tu n'en savais rien. Et malgré cette aveuglante persuasion, la douleur était toujours là, transperçant ta poitrine. Et c'était comme si Deelan avait glissé ses doigts sur la flèches, s'amusant à la rentrer et la sortie dans des vas et viens étranges, qui dans d'autres cas auraient presque pus être sensuels, mais ici ne t'inspiraient que de la tristesse. Son sourire te manquait comme on manque d'air dans les profondeurs de la mer, et tu t'empêchais de te redresser sur ta chaise pour venir étirer ses lèvres, et même peut-être bien les embrasser. Qu'il te sourisse à nouveua, même d'un sourire surpris. Ce Deelan là, si sérieux et si calme, avait quelque chose de rassurant et son contraire à la fois, il manquait comme quelque chose. Et ce quelque chose te manquait, tout comme la petite créature qui avait jadis occupée ton ventre te manquait. Oui, vraiment, et tu y songeais beaucoup ces derniers temps. « Oh. Tu dis d'un petit air surpris, puis un peu triste devant cette révélation dont tu avais précipité la cause. C'est dommage,il y a quelque chose de si beau chez toi lorsque tu ris. » Tu soufflas doucement, avec une sincérité si folle que tu en rougis un peu, ne pensant même pas une seconde à mentir. A quoi bon, tu avais déjà fait trop de tord. Et à lui, tu n'avais jamais su lui mentir, même par jeu. Le détaillant du coin de l’œil, tu l'observas siroter sa boisson, raclant le fond de la tienne comme dans ton éternelle habitude. Tu vins casser un morceau de sucre en deux pour en croquer une extrémité. Tu observas le gobelet de ton interlocuteur, inspirant, avant de venir faire glisser le petit morceau de sucre dans sa boisson. « Tu prenais toujours deux sucres, et demi. Toujours. » Tu ajoutas, t'en souvenant comme si cela ne datait que d'hier, et pas de vieux souvenirs rouillés, de vieilles habitudes perdues. Ou peut-être pas si perdues que ça.

Tu ne pus t'empêcher de lui demander où il pouvait bien vivre, t'inquiétant en effet un peu pour lui. Tu le savais capable de dormir à même le sol, en grand aventurier qu'il était, mais c'était comme  ça : ça avait toujours été ton devoir que de le remettre dans votre lit en embrassant son front, roulant les yeux en lui demandant s'il ne préférait pas te serrer dans ses bras. Si, bien sûr que si il répondait, et toi tu étais heureuse comme jamais. « Oui je comprend, je demandais plus cela pour la forme, je me doute bien que tu n'es pas retourné chez eux. » Tu dis en faisait référence à ton hypothèse idiote sur l'idée qu'il puisse être retourné chez ses maudits parents, qu'il haïssait tant. « Tu es un aventurier n'est-ce pas. Tu te plais au moins chez eux ? Tu as ce qu'il te faut ? » Tu avais envie d'ajouter que s'il avait besoin de quoique ce soit, tu étais là. Mais n'était-ce pas un peu de trop, un peu trop gros ? Comment pouvait-il te faire confiance désormais ? Et pourquoi ne pouvais-tu pas t'empêcher de lui poser mille questions, telle une mère poule à son poussin favori.

Ce que tu dis ne sembla pas lui perdre, quant à l'épisode de la mamie. Tu pensas d'abord qu'il s'agissait d'une ancienne rancune envers cette vieille folle piétinant chaque jour votre couple, mais ça semblait différent. Sa colère semblait plutôt être contre toi, et tu en compris sans mal le sens. Tu le vis vexé et tu te sentis bête, non pas parce que tu voulais lui faire plaisir, mais plutôt parce que tes mots avaient mal sonnés. Tu le vis comme hésiter, et tu redoutas qu'il ne parte à son tour. Dans un élan, tu posas ta main sur la sienne pour la serrer doucement. « Qu'est-ce que tu as ? Tu demandas, te demandant vraiment ce qu'il voulait, au fond, même si ton cœur le savait. Ce n'est pas ce que je voulais dire, moi je croyais en nous, j'y croyais autant que toi. Tu as raison, on a commis des erreurs, c'est tout. » Tu fixas ta tasse vide, jouant nerveusement avec ta cuillère. « Du moins, j'ai commis des erreurs. Toi, tu as été le petit ami exemplaire. » Tu ajoutas avec un sourire presque honteux envers toi même. « J'avais énormément de chance. Et je crois que j'en ai encore, que tu sois là, aujourd'hui. » Ta main serra doucement la sienne.
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() message posté Jeu 16 Avr 2015 - 22:54 par Invité

JUST A SHOULD HAVE BEEN

SELENA & DEELAN


en fait, ça fait un moment que se croisent dans ma tête des mots et des douceurs qui pourraient faire un texte. un truc un peu différent, je crois que ça parlerait d’elle. faut avouer que, dans mon quotidien, elle a mis un beau bordel. mais j’ai un gros souci, j’ai peur que mes potes se marrent, qu’ils me disent que je m’affiche, qu’ils me traitent de canard. c’est cette pudeur misogyne, croire que la fierté part en fumée quand t’ouvres un peu ton cœur — grand corps malade.

Rire. Même le simple son du mot dans la bouche de Selena avait quelque chose d’étrange, presque d’étranger. Depuis combien de temps n’as-tu pas ri à gorge déployée, comme avant ? Depuis combien de temps n’as-tu pas senti ce pincement dans ton ventre et tes côtes ? Très longtemps. Trop longtemps. Et les mots de la brune te ramène à un passé lointain, qui te semble comme enfui à tout jamais. Tu as dû grandir en son absence, tu as dû devenir un homme et oublier tes rêves aventureux d’enfant. Pendant des années, tu as eu comme une part sombre en toi qui te faisait peur et Selena, en entrant dans ta vie, l’a immédiatement éclairée. C’est comme si sa lumière s’était posée sur toi et tout était alors devenu plus lumineux. Plus brillant. Mais la nuit t’a de nouveau enveloppé quand Selena n’a plus été là pour te rappeler ce qui était bon en toi, ce qu’elle aimait en toi. Tout à coup, tu perdais tout ce que tu avais pu gagner de positif depuis que tu la connaissais. Et c’était une sensation terrible de vide qui se creuse entre les côtes. Alors, non, tu ne sais plus rire. Plus vraiment. Tu n’es plus cet enfant, même si tu le voudrais tant. Pensif, tu observes les petites mains frêles qui triturent le morceau de sucre qu’elles viennent glisser dans ton verre et le geste t’arrache un léger sourire. Tout fin. Il trône sur tes lèvres comme un vestige du passé – de votre passé. « C’est vrai, tu acquiesces doucement, presque à mi-voix, comme effrayé de l’admettre tout haut. Et ça n’a pas changé. » Il est de ces habitudes qui ont la peau dure, qui traînent encore malgré le temps qui passe. Penser à Selena avant de t’endormir le soir était devenu une habitude – une habitude qui fait mal.

Tu as perdu une partie de toi. Petit à petit, il y a ce morceau de ton âme qui s’est détaché pour t’abandonner comme elle t’avait abandonné. Comme elle avait tourné les talons, était partie sans même se retourner. Tu n’es plus qu’un être humain incomplet et tu as espéré retrouver cette pièce de ton puzzle qui te manquait en revenant à Londres. En revenant auprès d’elle. L’aventure n’avait pas été ce dont tu rêvais tant parce que Selena avait été ta plus belle aventure. Mais il était désormais trop tard pour s’en rendre compte, pour revenir en arrière. Le passé était tracé, ancré dans la pierre et le futur n’était plus qu’un nuage qui s’épaississait. Qui grondait. Mais qui pouvait s’effacer à tout instant. « Oui, je m’y plais bien. Ils sont gentils avec moi et je m’entends bien avec leur fils. Il est adorable. Il me rappelle un peu moi, à notre époque. Et pourtant, il n’a que sept ans. » Tu ris un peu, légèrement, les yeux perdus dans ton verre dont tu n’as pris qu’une seule gorgée. C’est bon de retrouver cette innocence enfantine – cette même innocence qui t’envahissait quand tu étais encore capable de rêver. D’imaginer. Ces moments partagés avec lui sont comme des petites parenthèses dans ton quotidien devenu gris. C’est simple, sans fioriture. Il se fiche de ton porte-monnaie vide, de tes erreurs passées ou à venir, il se fiche de ce poids que tu portes sur tes épaules – il te prend comme tu es. Il t’accepte avec ton regard un peu terne, avec tes sourires maladroits. Il t’accepte comme elle t’acceptait – avant. Aujourd’hui ne restent que les fantômes du passé et la rancœur. Et tu lui en veux pour ça. Tu en veux à Selena parce qu’elle ne fait que ramener ces sentiments négatifs à la surface malgré elle, malgré toi. Malgré vous. Ton amour est pourtant intact et tu pourrais la prendre dans tes bras jusqu’à l’étouffer et l’embrasser à en perdre le souffle mais un reste de fierté te retient. Un reste d’amertume te brûle la gorge.

« Et tu les regrettes ? Ces erreurs. Tu les regrettes ? tu demandes, cependant qu’un frisson te traverse le dos quand elle pose sa main sur la tienne. » Ce contact te brûle la peau. C’est tendre autant que c’est douloureux. Et ça fait faire à ton cœur de drôles de bonds dans ta poitrine qui résonnent partout à l’intérieur du reste de ton corps. « Parce que moi, je regrette. Je regrette que tu sois partie, je regrette de ne pas avoir pu te retenir. Je regrette d’avoir vécu seul pendant tout ce temps, je regrette d’avoir été incapable de refaire ma vie parce que je pensais trop à toi. Je regrette d’être revenu sur Londres juste parce que tu me manquais et que ça devenait insupportable. Je regrette de ne pas avoir pu vivre mon rêve avec toi. Je regrette d’avoir cru que c’était notre rêve quand ce n’était clairement que le mien, tu lâches presque sans respirer. Je regrette d’être parti en Irlande, j’aurais dû me battre. Pour toi, pour nous. Pour lui. » Tu as un coup d’œil vers son ventre caché par le rebord de la table et il y a comme une main qui te compresse les poumons. Tu détournes le regard, la pression de ses doigts sur les tiens te faisant presser les paupières. Pinçant les lèvres, tu te traites d’idiot. L’impulsivité t’a toujours fait du tort. « Je suis désolé, souffles-tu. Je ne regrette pas d’être là. Avec toi. C’est juste… J’aurais voulu que ce soit différent. J’aurais voulu que ce ne soit pas aussi douloureux de te revoir après tout ce temps. » Selena est devenue une cicatrice ouverte et béante. Elle est là, à saigner encore et encore, sans s’arrêter. Et le sentiment est si fort, si puissant que tu n’es pas sûr de vouloir qu’elle guérisse. Parce que c’est aujourd’hui la seule chose qui te rappelle que tu es encore vivant.

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() message posté Jeu 16 Avr 2015 - 23:36 par Invité


deelan&selena
On est jeune, on est beau, on est con, on est sur de nous, on a notre style à nous. On rit, on aime, on fume, on claque le fric de nos parents, on sort, on aime, on aime plus. On croit aimer, on pleure. On s'étale dans le lit, défoncé, on oublie le monde. On boit, on fume, alors on est stylé. On se plaint, on dramatise. Alors on prend des résolutions, on aimera plus jamais mais ça c'est faux, c'est parce qu'on est jeune.


Qu'est-ce que tu peux dire maintenant ? Tu as la sensation que cette conversation tournes en boucle, elle revient toujours sur des sujets douloureux, sans moyen de partir vers quelque chose de plus léger. Tu es prise au piège, et fascinée à la fois. Tu voudrais partir et rester à la fois, tu ne l'expliques pas. A toi aussi il t'a manqué, comme jamais, car il était ton essentiel, et le besoin de l'avoir à tes coté t'es resté comme une marque au fer rouge même après toutes ses années, elle te brûle encore. Plus particulièrement aujourd'hui, où le couteau tourne sans jamais s'arrêter dans cette foutue plaie, et que toi, déstabilisée, tu cherches tes mots. Tu te rappelles soudainement le bonheur à l'état pur qu'était son rire, et un trou se creuse au milieu de ta poitrine, comme si ton cœur était en train de fondre. Son rire était un médicament, tu aurais sans doute dû l'enregistrer en boucle sur une cassette et l'écouter tous les matins où tu te sentirais mal. Et qu'est-ce qui fait le plus mal ? Ce "c'est trop tard" qui revient toujours, et qui relance encore la conversation dans la même boucle. Seulement, comme tirer un trait sur ça ? C'était impossible, vous y reviendriez toujours. Comment oublier ça ? C'était de ses souvenirs inoubliables, mais pas ceux qu'on prend en photo et qu'on affiche au dessus de son lit, ceux qui nous font verser des larmes dans notre lit le soir. « Tu as toujours aimé le sucre. Tu souffles avec une nostalgie rongeante. Je te préparais des muffins le soir, et chaque matin je te le ramenais en cours, parce que tu faisais exprès d'oublier ton petit déjeuner. Ta voix passe du murmure à une hauteur normale. Tu...  » Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Ta voix se brise pour t'empêcher de continuer et tu baisses simplement la tête pour t'empêcher de pleurer à nouveau. Non, tu as l'air sotte. Tu te tais alors, sans ajouter rien de plus, ton cœur tambourinant dans ta poitrine sans que tu puisses l'expliquer. Mon Dieu, mon Dieu, qu'est-ce que tu aimais ce souvenir, mais Diable ce qu'il était douloureux.

Pour changer, tu le questionnes sur la famille qui l'a accueillit, et la conversation prend une apparence plus légère. Il semble heureux de ce coté là, et c'est déjà ça. Tu ne te sens que trop responsable aujourd'hui. Tu l'imagines en train de jouer avec ce petit garçon, et tu t'empêches de te toucher le ventre. Tu en deviendrais folle. Tu fais mine de t'intéresser à ta tasse vide, la gorge sèche comme jamais. Deelan a toujours eu un don avec les enfants, il aurait été le meilleur papa de tous les temps. « J-Je suis contente que tu sois heureux avec eux. » Tu dis dans un effort surhumain qui semble t'arracher les cordes vocales. Tu te mouches pour passer la frustration, de tes petits mouchoirs couleur rose bonbon, qu'une abonnée t'as offert, en te disant qu'ils lui avaient directement fait pensé à toi. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu en pleurerais bien là. En fait, tu pleurais bien de rien, juste pour te défouler. Mais tu veux rester forte. « R-Regrette ? » Tu répètes d'une petite voix avant qu'il ne se lance dans son monologue et que tu restes coït à le fixer avec des yeux immenses, humides comme jamais. Cette fois c'est ses poignets que tu agrippes, presque avec force, car c'est comme mille coups de poignards ce qu'il t'infliges.  Tu le fixes alors qu'il s'excuse désormais, et tu lâches ses poignets pour t'enfoncer au fond de ta chaise, relevant un peu le menton pour te calmer. Après deux halètements d'angoisse, tu serres légèrement les dents. « M-Merde Deelan, je t'en supplie dis moi ce que tu veux ! » Tu t'écries alors, le fixant. « Je sais pas quoi te dire, je suis complètement paumée et tout ça, c'est tellement... Tellement dur ! Ce qui est fait, c'est fait... Y-Y'a plus rien dans mon ventre et je refuse qu'il y ait quoique ce soit d'autre qui soit pas de toi. Tu sais que j'arrive même plus à me regarder dans un miroir ?  » Tu prends ta tête entre tes mains. « J'ai besoin de repères, j'ai besoin de m'accrocher à quelque chose, à quelqu'un. Je veux plus tomber comme je l'ai fais, et toi je ne veux plus jamais que t'en ailles... » Tu le fixes droit dans les yeux, épuisée. « Je suis plus la même, tu n'es plus le même. On a changé, on a grandit, avec chacun nos béquilles. On peut plus se reposer sur le passé et les regrets, parce que ça fait trop mal. Et parce que tout est fait, et que même si je préférerais tout effacer, je peux seulement reconstruire. »
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() message posté Ven 17 Avr 2015 - 8:32 par Invité

JUST A SHOULD HAVE BEEN

SELENA & DEELAN


en fait, ça fait un moment que se croisent dans ma tête des mots et des douceurs qui pourraient faire un texte. un truc un peu différent, je crois que ça parlerait d’elle. faut avouer que, dans mon quotidien, elle a mis un beau bordel. mais j’ai un gros souci, j’ai peur que mes potes se marrent, qu’ils me disent que je m’affiche, qu’ils me traitent de canard. c’est cette pudeur misogyne, croire que la fierté part en fumée quand t’ouvres un peu ton cœur — grand corps malade.

Vos souvenirs sont comme du sel sur une blessure. C’est comme un mal nécessaire que tu endures, les dents serrées et les lèvres pincées avec ce goût affreux d’amertume sur la langue qui ne veut pas s’estomper. Tous ces flashs qui t’aveuglent un instant, toutes ces images qui défilent sur ta rétine comme un vieux film en noir et blanc. Tu te souviens de tout, absolument tout. Tout ce que vous avez vécu, tout ce que vous avez fait. Tout ce que vous avez partagé depuis le premier jour. Comment oublier ? Comme oublier ce qui t’a fait vivre pendant tant de temps ? On n’oublie pas un amour de jeunesse, on n’oublie pas son premier amour. Il reste gravé en soi comme une marque au fer rouge. Et tu ne veux pas oublier Selena, pas même une seconde. Vivre sans elle était déjà assez difficile, vivre sans son souvenir serait impossible. Intolérable. Tu préfères vivre avec un fantôme plutôt qu’avec le vide qui s’incruste dans ta peau. « C’est vrai, tu rétorques sur le même ton, la voix tremblante. Et c’était le meilleur moment de ma journée. » Parce que ça te donnait une bonne raison de te lever le matin, parce que ça te rendait fou d’impatience et de bonheur aussi. C’était juste un gâteau, un foutu gâteau avec des foutues pépites de chocolat, des foutus morceaux de fruits à l’intérieur. Mais c’était son gâteau, celui qu’elle avait préparé spécialement pour toi. Et ça valait sûrement plus que tous les trésors du monde à tes yeux. Aujourd’hui, plus personne ne t’apporte de muffins le matin. Tu as certes un petit-déjeuner dressé sur la table avec tout ce qu’il faut pour bien démarrer la journée mais tu n’as pas le muffin spécial Selena. Et il te manque, ce muffin. Cette petite note de soleil dans ta matinée te manque cruellement. C’était encore une habitude de laquelle tu avais dû lentement te défaire, comme on se débarrasse de ses défauts. Tu donnerais sûrement tout ce que tu possèdes en cet instant pour un de ses muffins. Parce que c’était un petit peu d’elle que tu obtenais à chaque fois.

Elle que tu n’as pas revue depuis des années, elle que tu as tentée d’oublier sans succès. Elle contre qui tu te sens amer et désabusé. Tu te sens pourtant coupable de lui en vouloir, mais tu ne peux pas t’en empêcher. C’est comme si un acide se déversait dans ton estomac, te brûlait de l’intérieur. Il y a toute cette douleur qui revient, les jours passés à errer comme une âme en peine, les nuits à vouloir hurler sans en avoir la possibilité. Et il y a tes yeux devenus secs d’avoir trop pleuré, pendant trop longtemps. C’est un trop plein d’émotions qui se libèrent à l’intérieur de ton corps, un feu qui te consume. Et tu ne peux pas retenir cette rancune qui te bouffait depuis son départ. Mais tu regrettes aussitôt. Tu regrettes ton coup d’éclat, ta colère. Elle ne mérite pas ça. Selena ne mérite pas que tu sois en colère, pas tout de suite. Pas aussi tôt. Pas alors que vous venez de vous retrouver. C’est difficile, pour vous deux ; c’est douloureux, pour chacun de vous. Et ça restera sûrement ainsi pendant encore longtemps, pendant encore une éternité. Parce qu’il y a tout ce temps à rattraper, toute cette souffrance à oublier. Toute cette amertume à apaiser. Elle a raison – vous avez changé. Mais ça ne signifie pas que ce qu’il y avait entre vous ne peut pas renaître de ses cendres. Ça ne signifie pas qu’il n’existe plus rien entre elle et toi. La brune lâche tes mains, se recule et tu la fixes d’un air un peu penaud – le même air que tu arborais quand tu avais fait une bêtise autrefois. « Je ne voulais pas dire ça, je suis désolé, souffles-tu, contrit et embarrassé. » Même si tu l’as pensé, même si tu l’as éprouvé au moins pendant quelques secondes de ta vie, tu n’avais pas à cracher tout ce venin dans un pareil moment. Ça ne servait à rien. Ça n’aidait pas. Et ça laissait encore plus de marques qu’avant sur votre cœur. « Sel’, tu l’appelles doucement en posant tes doigts sur les siens qui enserrent sa tête. On peut arriver à surmonter tout ça. Ensemble. Toi et moi. » Vous avez besoin l’un de l’autre pour guérir, pour reprendre votre route. Ce n’est plus une histoire de couple, une histoire d’amour. Il s’agit de lui tendre la main, de la relever, de lui rappeler ce que tu as aimé chez elle au premier regard.

Tu fais un peu plus pression sur ses poignets cependant que tes longues jambes s’entrelacent aux siennes sous la table comme tu avais l’habitude de faire avant. « Tu dois te pardonner, tu reprends avec une douceur dans la voix. Tu as fait ce qui était le mieux pour toi et pour lui. Ce n’était pas le moment, c’était trop tôt. Et tu étais trop jeune. Nous aurions été trop jeunes. » Et peut-être que ça n’avait été qu’une solution inévitable. Peut-être que ça n’avait été que la continuité des événements, même si vous désiriez tout autre chose pour votre avenir, pour votre enfant. Et elle a été seule pour endurer tout ça, tu n’étais pas là. Tu ne vivais que dans l’illusion d’un monde où elle avait gardé votre bébé, où elle attendait ton retour en priant pour que tu lui reviennes un jour pendant qu’elle affrontait ça toute seule. Sans personne. Pendant qu’elle était livrée à elle-même face à l’opération. « Je ne partirai pas, tu la rassures en passant une main sur sa pommette rougie. Et tu as encore toute la vie devant toi. Tu pourras avoir des milliers et des milliers d’enfants. Tu arriveras à surmonter ça, je le sais. Et je serai là si tu as besoin de moi. » Il y a un sourire encore plein d’amour sur tes lèvres, il y a encore cette brillance dans ton regard. Il y a toujours cette flamme brûlante dans ton cœur. Tout est resté intact malgré le temps et les épreuves. Il n’y a que la peur que vous retienne. « Tu vas pouvoir tout reconstruire, ça viendra je te le promets. Mais avant tu dois te pardonner d’avoir dû avorter. C’était la meilleur chose à faire même si c’est dur. Même si tu te sens mal, coupable. Monstrueuse. Mais tu ne l’es pas. Tu es toujours aussi belle, Selena. Tu es toujours mon petit rayon de lune. »

✻✻✻
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() message posté Dim 19 Avr 2015 - 1:01 par Invité


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On est jeune, on est beau, on est con, on est sur de nous, on a notre style à nous. On rit, on aime, on fume, on claque le fric de nos parents, on sort, on aime, on aime plus. On croit aimer, on pleure. On s'étale dans le lit, défoncé, on oublie le monde. On boit, on fume, alors on est stylé. On se plaint, on dramatise. Alors on prend des résolutions, on aimera plus jamais mais ça c'est faux, c'est parce qu'on est jeune.


Tu te revois alors, assise sur le sol de la cuisine, en tailleur devant le four, te coiffant d'une main tandis que l'autre pianotait sur ton portable, et que tes yeux surveillaient la cuisson de ses foutus muffins. Et tu t'inquiétais, qu'ils ne soient ni trop cuits, ni trop mous, qu'ils soient exactement comme il les aimait. Tu t'étais trompé un jour, mais il les avait mangé quand même, en disant qu'ils étaient meilleurs de jours en jours, même si tu savais que c'était faux. Qu'il était bête : bêtement attachant. Il aurait mangé de la viande avariée si tu lui en avait apporté en disant que tu l'avais toi même cuisiné, il aurait été malade pendant des jours, mais il l'aurait mangé, sans la moindre grimace. Il en aurait réclamé d'autres. Alors c'était pour ça que tu surveillais ses petits muffins avec tant d'attention, car puisqu'il te donnait tout, tu voulais faire de même. Tu ne voulais que le meilleur pour son sourire. Tu avais voulu prendre soin de lui, et qu'est-ce que tu avais fait ? « Je tâchais de me surpasser chaque matin, tu acquiesças, pour que jamais tu ne t'en lasses. » Tu n'étais plus tellement sûre du pourquoi de votre conversation maintenant, tu n'étais pas certaine de continuer de parler du muffin, du moins pas seulement. Tes yeux gris cherchèrent les siens, avant de se détourner chastement. Son regard était si… Si ?

Et finalement, tu craquais en même temps que lui, lorsque les mots lui échappèrent en trombe, telle une vérité assassine. Oui, oui, tu savais tout ça, mais que pouvais-tu faire maintenant ? Tu étais mise devant les faits sans pouvoir les nier ni les changer, même si c'était sans doute ce que tu souhaitais le plus au monde. Tu ne savais comment penser ces affreuses plaies béantes, qu'il te présentait à la façon d'un animal blessé, que toi seul pouvait sauver. Tu aurais voulu que tout soit beaucoup plus simple, qu'il te suffise de le prendre dans tes bras comme avant, caressant ses cheveux en fondant pour son sourire, et lui répéter que tous les deux vous étiez invisible. C'était ce que tu avais fait, à chaque fois que tu le voyais blessé par la vie chez ses parents. Au fond, comment avais-tu pu une seule seconde lui en vouloir d'être tout de même parti sans toi ? Comment reprocher à cet ange d'avoir voulu quitter l'enfer ? Il méritait mieux. Tu l'avais toujours dis. Et soudainement, il s'excuse. Ses doigts frôlent les tiens, et tu n'oses soudainement plus bouger, pour entendre ce qu'il dit. « T-Tu crois ? » Tu fais d'une petite voix, relevant lentement ton visage vers lui, tes longues mèches dissimulant ton visage angoissé. Tu sens ses jambes s'enlacer aux tiennes, discrètement sous la table, et tu ne bouges pas non plus, d'abord stoïque, puis comme bercée. Comment survivre sans ce contact, comment y étais-tu parvenue pendant tant de temps ? Il avait raison, vous aviez besoin l'un de l'autre, c'était la seule façon de guérir, tu panserais ses plaies et il s'occuperait des tiennes. « C'est toujours une question de pardon, comme on nous demande de faire à l'église… Mais je n'ai jamais su prier, je n'ai jamais su pardonner. Est-ce que ça s'apprend comme dans des livres ? Ou est-ce que ça cicatrise avec le temps, et quelques gorgées de bonheur ? Tu hoche finalement la tête. Tu as raison, il faut qu'on s'aide, sans toi je n'y arriverais pas. » C'est une évidence. « Après tout, à la seconde où l'on s'est vu la première fois, ça a été juste toi et moi, contre le monde entier. » Tu fixais son visage, tâchant d'y voir à travers, comme tu le faisais avant. Mais ce n'était plus pareil, tu n'osais plus, il ne s'ouvrait plus autant. C'était une histoire de se ré-apprivoiser, de prêter sa canne à l'autre, comme tu l'avais si bien dit. Alors, tu tentas un petit sourire, en entendant sa dernière phrase, ne pouvant t'empêcher de rougir légèrement, comme tu l'avais toujours fait. « Et toi, comment se fait-il que tu n'en ai pas déjà, des enfants, avec une douceur pareille ? » Tu souffles, et là oui… Ses mots te semblent fondre, comme avant. Son petit rayon de Lune… « Je retire ce que j'ai dit, tu n'as pas changé. Non, tu t'es simplement protégé pour ne plus tomber, mais je sais que ce n'est qu'une façade, tu es toujours mon petit muffin. » Tu dis avec un petit sourire tout doux. « Je vais prendre soin de toi cette fois, je te promet. » Et tu lèves ton petit doigt vers lui, que tu lui présente, yeux dans les yeux.
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() message posté Dim 19 Avr 2015 - 9:49 par Invité

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SELENA & DEELAN


en fait, ça fait un moment que se croisent dans ma tête des mots et des douceurs qui pourraient faire un texte. un truc un peu différent, je crois que ça parlerait d’elle. faut avouer que, dans mon quotidien, elle a mis un beau bordel. mais j’ai un gros souci, j’ai peur que mes potes se marrent, qu’ils me disent que je m’affiche, qu’ils me traitent de canard. c’est cette pudeur misogyne, croire que la fierté part en fumée quand t’ouvres un peu ton cœur — grand corps malade.

Vous n’étiez finalement que deux animaux blessés, Selena et toi. Blessés par la vie, les événements imprévisibles. Blessés par un amour trop fort qui s’est perdu entre temps. Et voilà que vos chemins se croisent à nouveau, voilà que ta route traverse la sienne. Voilà que vos âmes se réunissent après ces années de silence et de solitude. Il faut du temps, du temps pour te réhabituer à sa présence si près de toi, à ses yeux qui te fixent à nouveau comme si ton cœur se mettait à nu, à son sourire qui te serre agréablement la poitrine. Tout autant de sentiments dont tu n’avais plus l’habitude depuis longtemps ; tout autant de sensations qui te laissent un arrière goût étrange au fond de la gorge. L’attachement reste le même, il s’agit juste de retrouver confiance – en toi, en elle. En vous. « Donne-toi du temps, la conseilles-tu avec douceur. Tu n’as pas besoin de forcer les choses, tu n’as pas besoin de faire quoique ce soit. Laisse-toi simplement du temps. Et la plaie cicatrisera. » Le souvenir de cet enfant en elle ne disparaîtra jamais vraiment, il restera là comme une vieille photographie aux coins cornés et aux couleurs jaunies et fanées avec le temps. Mais elle apprendra à vivre avec cette lourdeur dans sa poitrine, elle apprendra à la ressentir à chaque instant sans pour autant en être malheureuse ou coupable. Le temps effacera la douleur, comme il a toujours fait. Et tu seras là pour l’épauler, la relever si elle sombre. La soigner si elle se blesse. Tu seras là pour l’aimer.

Tu étais prêt à tout lui donner, depuis le début. Elle a chamboulé ta vie alors que tu n’étais qu’un petit cancre sans véritable avenir. Et tu as voulu changer – changer pour elle et ses grands yeux gris. Tu as voulu changer pour être digne de son amour, de votre histoire qui fleurissait comme un bouton de rose au printemps. Mais son départ a été comme la foudre s’abattant sur toi. Imprévisible. Fatale. Et tu n’as plus été véritablement le même, depuis. Il y a comme une carapace qui s’est forgée tout autour de ton cœur, comme un rempart. Une protection. Tu ne voulais plus souffrir, plus autant. Mais il suffisait que Selena réapparaisse pour que tout s’efface, pour que tout s’effondre. C’est comme revenir quelques années en arrière et retrouver ce sentiment d’appartenir à un endroit précis, d’être enfin à sa place à côté d’elle. Même si tu as peur au fond de toi, même si tu redoutes de nouveaux éclats, il s’agit de Selena. Et tu n’es jamais capable de résister bien longtemps lorsqu’il s’agit d’elle. « J’attendais de trouver celle qui deviendrait leur mère, tu rétorques avec un léger sourire. » Tu attendais de revenir auprès d’elle et de cet enfant que tu avais cru né et en vie. C’était avec la brunette que tu voulais fonder une famille – c’était un fait, une réalité. Et jamais tu n’as pensé à quelqu’un d’autre qu’elle. Tu t’étais presque résigné à ne jamais la revoir alors tu t’étais dit que tu finirais par tourner la page, par refaire ta vie. Mais jamais tu ne te serais senti capable d’avoir des enfants avec quelqu’un d’autre que Selena. Parce qu’elle avait été la première – la première pour que tu aurais été prêt à être papa. « Je ne voulais personne d’autre que toi pour ça, avoues-tu dans un souffle léger, regard baissé sur la table du café. »

Parce que Selena est unique. Parce que c’est elle, et pas une autre. Parce que tu as été hanté par ces grands yeux gris durant toutes ces années et que tu n’as jamais pu les oublier. Parce que votre histoire serait restée comme un chapitre incomplet de ta vie et la page n’aurait jamais vraiment pu se tourner – même avec le temps. Elle est celle qui a donné un sens à ta vie. Et tu en as encore une fois la certitude alors que vos jambes s’enlacent dans un mouvement presque automatique, alors que son regard se fond dans le tien. Alors que son petit doigt se lève juste sous ton nez et tu souris d’un air amusé. C’est comme revenir à ce temps où vous n’étiez que des enfants, où tout paraissait si simple et évident. Où vous n’aviez besoin de rien d’autre que de votre amour pour être heureux. « Et moi de toi, tu rends la promesse alors que ton propre petit-doigt s’entortille au sien. Plus question de partir sans toi désormais. » Tu ne sais pas ce que l’avenir te réserve, tu ne sais pas ce qu’il adviendra de vous demain ou après-demain. Et tu t’en fiches. Tu es prêt à prendre le risque. Parce qu’il n’y a rien que tu ne ferais pas pour ton petit rayon de lune, pour Selena. Tu restes ce qui te semble être un long moment à la fixer, vos doigts toujours accrochés avant de prendre une large gorgée de ton Macchiato caramel. « Et sinon, en dehors de tes vidéos, tu fais des études ? finis-tu par demander, tout à trac. Je suppose que ça doit te prendre beaucoup de ton temps de les tourner. D’ailleurs, pourquoi avoir commencé cette chaîne ? C’est une question que je me suis toujours posé. »

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() message posté Dim 19 Avr 2015 - 15:15 par Invité


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On est jeune, on est beau, on est con, on est sur de nous, on a notre style à nous. On rit, on aime, on fume, on claque le fric de nos parents, on sort, on aime, on aime plus. On croit aimer, on pleure. On s'étale dans le lit, défoncé, on oublie le monde. On boit, on fume, alors on est stylé. On se plaint, on dramatise. Alors on prend des résolutions, on aimera plus jamais mais ça c'est faux, c'est parce qu'on est jeune.


Il te manque, c'est indiscutable. Tu as la sensation de mal vieillir, d'avoir quelque chose qui te manque s'il n'est pas là, et tu sais que c'est lui. Il te rendait meilleure comme tu parvenais à le faire devenir quelqu'un, il était ton rêve d'adolescente, pourtant il te hante à l'âge adulte. Tu ne peux pas le repousser, tu ne peux pas l'oublier. C'est toi et lui, malgré tout ce qui a pu se passer, et les fissures de votre relation. Ses mots te conseillent d'une voix douce, et pour une fois, tu as envie d'y croire, tu as envie d'être heureuse et d'oublier toute cette histoire, ou peut-être pas de l'oublier, mais seulement de parvenir à y repenser comme une simple erreur du passé ; tu voulais te pardonner. Tu acquiesces d'un hochement de tête à ses dires et te calme peu à peu, l'atmosphère autour de vous reprenant soudainement quelques couleurs. Tu ne pleures plus.

Alors les mots sortent tout seul, et tu lui demandes alors finalement : pourquoi n'a-t-il pas trouvé quelqu'un d'autre ? Avec une gentillesse et une frimousse pareilles, il aurait trouvé des filles bien plus courageuses que toi, sans aucun soucis. Deelan savait aimer, il le savais mieux que personne, c'était un véritable ange quand il le voulait. Et il te répondait qu'il attendait simplement la bonne, et tu le fixas un instant avant d'inspirer, ne sachant pas trop comment interpréter ça, finalement. Mais il coupe tes doutes en continuant, et tu souffles, lui souriant timidement. Tu le vois baisser les yeux et tu ne préfères pas répondre à cela, parce que tu ne serais que dire, alors tu te contentes de caresser doucement du bout de ton pied ses jambes qui enlace les tiennes. Toi aussi, tu ne voulais personne d'autre que lui.

Il répond que lui aussi prendrait soin de toi, et c'est comme une promesse mutuelle que vous vous faites, alors que vos deux petits doigts s'enlacent à la façon d'un pari enfantine, un pacte qu'il ne faut pas briser. Tu veux le revoir sourire, tu veux qu'il te pardonne ta fuite, tu veux qu'il te rende heureuse avec ses sourires et rires à la con, tu le veux lui. « Plus question de te laisser partir, d'ailleurs. » Tu acquiesces, riant doucement. Tu ne savais pas ce que l'avenir pouvait bien vous réserver, mais tu espérais que ce soit quelque chose de meilleur. La conversation retombe doucement dans quelque chose de plus léger, et tu ne peux que le remercier pour ça, maintenant que le plus gros est réglé, ou du moins en train de l'être. « Oui je me suis lancée dans des études d'arts dramatiques, tu sais à quel point j'aime le théâtre. Tu n'a pas vraiment changé sur ce point. Je suis rentrée grâce à la notoriété de mon père et son argent mais… mais je me dis que si je travaille dur, on constatera ce que je vaux vraiment. » Tu ris un peu à sa question. « Oh je n'en sais trop rien, j'avais besoin de parler ! Ma première vidéo concernait l'entrée à la fac il me semble, c'était une sorte de débat où j'échangeais avec les gens. Et puis après ça s'est plus axé sur la beauté, le social, les loisirs… Et c'est devenu vital, je me suis vraiment attachée aux gens et je suppose que j'ai besoin de liens, j'ai besoin d'affection et d'échanges au quotidien. » Tu avoues finalement, le rose aux joues.  « Et toi, qu'est-ce que tu fais maintenant ? »
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() message posté Mer 22 Avr 2015 - 9:22 par Invité

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en fait, ça fait un moment que se croisent dans ma tête des mots et des douceurs qui pourraient faire un texte. un truc un peu différent, je crois que ça parlerait d’elle. faut avouer que, dans mon quotidien, elle a mis un beau bordel. mais j’ai un gros souci, j’ai peur que mes potes se marrent, qu’ils me disent que je m’affiche, qu’ils me traitent de canard. c’est cette pudeur misogyne, croire que la fierté part en fumée quand t’ouvres un peu ton cœur — grand corps malade.

C’est un peu comme la rencontrer pour la première fois malgré tout ce que tu connais d’elle. C’est un peu comme apprivoiser à nouveau tes sentiments, chaque plus petit battement de cœur qu’elle déclenchait. Mais vous en aviez besoin. C’était ce qu’il vous fallait après tout ce temps sans vous voir, sans vous parler. Tu as pourtant été celui qui a rétabli le dialogue en envoyant le premier mail mais ce n’était pas toi, dans sa tête. Ce n’était qu’un vague inconnu avec qui elle passait du temps à discuter, à rire aussi. Et la connexion restait là, entre elle et toi. C’était indéniable ce lien qui vous unissait depuis le tout début et malgré les épreuves. Malgré la séparation. Tu ne sais pas ce qui adviendra de vous demain, ou même après-demain ou dans le futur. Tu ne sais pas si vous parviendrez à vous remettre de ce vide qui s’est creusé entre vous mais tu supposes que tu ne peux pas rester là sans au moins essayer. Sans au moins vous laisser une chance alors que c’était tout ce que tu avais désiré depuis qu’elle t’avait quitté. Ce ne serait pas simple. Il reste encore beaucoup de douleur, de silences. Il reste encore ce vide dans son ventre qu’elle n’arrive pas à supporter. Vous pouvez vous entraider, vous relever l’un l’autre et reprendre la route. Avancer. C’est un peu comme si vous étiez tous les deux blessés aux jambes et que chacun se trouvait être la béquille de l’autre. Tu as besoin d’elle, tu as l’espoir qu’elle ait à nouveau besoin de toi. Après tout, il s’agit de ta Selena. Ta douce et tendre Selena.

« Ne dis pas ça, tu rétorques doucement quand elle te parle de son école d’arts dramatiques. Tu as énormément de talent et ton père n’aura rien à voir dans ton succès. Tu mérites ta place là-bas. Argent ou pas argent. C’est ton monde. » De ton pouce, tu caresses doucement le dos de sa main comme pour la réconforter. Elle qui semblait toujours si forte et si battante cachait derrière ce masque de guerrière une petite fille qui doutait d’elle-même la plupart du temps. Mais tu as assez de confiance pour deux parce que tu as toujours su que c’était là sa voie. Son destin – quelque chose encore qu’elle aurait peut-être dû abandonner si elle t’avait suivi en Irlande. Tu as un léger froncement de sourcils à cette pensée avant de secouer la tête pour te faire sortir cette idée de ton esprit. Si elle t’avait suivi, tu lui aurais trouvé la meilleure école. Tu lui aurais donné toutes les chances de réussir. Et son talent inné aurait fait le reste. « Je les ai toutes regardées, tu sais, avoues-tu avec un sourire un peu embarrassé. Tu rayonnes vraiment devant la caméra. Et même si, en général, je ne connais pas grand chose en conseils beauté, j’ai toujours pensé que tu te débrouillais très bien. » Il y avait toujours cette étincelle de vie qui brillait dans ses pupilles dans chacune de ses vidéos. C’est comme si elle avait trouvé sa place, derrière sa petite caméra et ses projecteurs. C’est comme si elle appartenait à ce monde-là. La première fois que tu as regardé une de ses vidéos, tu as eu le souffle coupé. Parce que tu te rappelais alors de son incroyable beauté. « Tu as rencontré beaucoup de gens par leur biais ? Je veux dire, en dehors de moi. »

Quelque part, vous avez chacun eu besoin de trouver un nouveau chemin, une nouvelle route à emprunter. Tu avais trouvé quoi faire de ta vie, de ton avenir ; elle avait choisi sa voie. Et ça vous a aidé – à vous relever. Même s’il restait le vide et l’absence, ça vous donnait cette raison de vous lever le matin. « Je suis paysagiste, tu réponds, avec comme un soupçon de fierté dans la voix. Enfin, bientôt. J’ai encore mon stage à finir et ensuite je pourrais travailler pour de vrai cette fois. J’ai trouvé ce que je voulais faire de ma vie. » Tu as un léger haussement d’épaules. « Ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais, plus jeune, mais je sais que je suis fait pour ça. » Et c’est plaisant, rassurant de savoir que, toi aussi, tu as trouvé cet endroit où tu te sens à nouveau chez toi. Et avec Selena de nouveau dans ta vie, bientôt alors tu te sentirais complet une nouvelle fois. « Et puis, sinon, comme il faut bien vivre aussi, je suis serveur dans un Starbucks. Le boss est un trou du cul mais on s’y fait. Les collègues sont sympas avec moi, ils m’empêchent d’arracher leur perruque aux petites vieilles et de mettre un pain à tous ces coincés en costume avec attaché-case, tu continues avant de lâcher un petit rire. Les clients sont parfois absolument insupportables. » Mais il y avait aussi tous ces gens intéressants, parfois un peu effacés dont tu aimais t’imaginer la vie, le passé. Ces gens qui t’inspiraient pour tes planches de BD. Tu n’avais juste qu’à observer.

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