"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici "Oh how I need you" ft Olivia  2979874845 "Oh how I need you" ft Olivia  1973890357
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"Oh how I need you" ft Olivia

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() message posté Jeu 12 Mar 2015 - 0:34 par Invité
“ And yes, I’ll admit, I am jealous. I’m jealous of every minute you spend with him, of every concerned expression you send his way, of every tear shed, of every glance, every touch, and every thought. I want to rip him to pieces and purge him from your mind and from your heart. But I can’t because I am dead.”    Les masques rouges des talibans marquaient les espaces vides dans ma tête.  Ils étaient tout le temps là, serrant leurs griffes acérées autour de ma gorge pour que je parle de secrets d’états, me rappelant sans cesse que j’étais un homme faible et lâche, que l’armée m’avait volé mon libre arbitre à force de jouer avec ma volonté. J’avais faim. J’étais sale.  J’étais seul. L’abandon me semblait inévitable par moment. Je refusais de reconnaître mes tords dans la guerre. J’étais soldat, ni plus ni moins. Sans cette identité, et sans mon uniforme de camouflage, je me sentais étranger dans mon propre univers. Je vivais avec la sensation d’appartenir aux traumatismes du passé. Londres ne correspondait en rien à mes idéaux. Londres était une putain de supercherie que j’avais choisi de mener pour reconquérir l’amour d’une femme endeuillée. Je marchais lentement aux côtés d’Olivia à travers les allées du parc. Je la frôlais avec un léger frisson avant de me rétracter plein de pudeur. Je peinais à retrouver sa silhouette féminine ou les courbures aguicheuses de ses hanches. Le temps s’était arrêté sur notre couple. Elle avait accepté de signer notre contrat de mariage à nouveau, mais cette alliance sur papier me paraissait si injustifiée. Je soupirai en traînant au milieu des roseraies et des promeneurs. Il arrivait que je la laisse me semer de quelques pas, exprès, afin de mieux l’observer chanceler au gré des sons de la nature. Il n’y avait pas beaucoup de monde mais je devinais que les personnes qui la saluaient avec courtoisies étaient des collègues de travail. J’apercevais les tabliers blancs des infirmières dépasser sous les longs manteaux en laine, ou les badges de l’hôpital pendouiller sur les chemisiers négligés. Un jeune homme me gratifia d’un hochement de tête avant de l’arrêter tout sourire. Il était taquin, sociable, spontané et tactile. Je restais silencieux en l’épiant du regard. Olivia semblait tendue mais elle ne broncha pas, fidèle à l’image de la femme forte et distinguée que je connaissais d’elle. C’était étrange. Elle ne fit aucun commentaire tout le long du chemin du retour.

J’y pensais toujours. Je visualisais la scène en boucle. Soudain, ma blessure saignante se dévoilait sous le crépuscule. Cette douleur n’était pas imaginaire. Je pouvais la sentir caresser violement les ruines de mon cœur . Les grands vents de Mars se faufilaient au fond de mon âme sans jamais trouver l’écho d’un rire euphorique ou l’éclat d’un bonheur parfait. Je savais depuis toujours que la présence d’Olivia à mes côtés était une bénédiction divine. Je savais que je ne valais rien sans sa dévotion ou son amour. Je l’avais traîné loin de son pays, sur les déserts arides d’Afghanistan afin de perpétuer les traditions d’un père aigri et complexé. Au fond, je méritais toutes mes tortures et mes humiliations. Le combat de la vanité contre la noire vision du monde ne prenait  jamais fin ? Hélas, une part de moi était restée captive de mon cachot souterrain. Je levai lentement les yeux au ciel afin d’apercevoir les nuages se confondre avec l’azur vaste et inatteignable. Mes inquiétudes se mêlaient à la folle innocence de ma passion. Je devenais facilement déraisonnable lorsqu’il s’agissait de la femme de ma vie. Je déglutis hanté, effrayé, par les soupirs de mon rival. Je sombrais dans l’ivresse de mes ressentiments, frôlant les limites de ma pire phobie. L’esprit de l’amour était un traitre. Il venait de me poignarder dans le dos. Je voyais les couleurs du parc s’éteindre sous le voile pourpre de ma colère. Je n’étais pas idiot. Je reconnaissais les tics nerveux et la politesse surjouée d’Olivia. Je savais qu’elle avait couché avec lui. Mes pensées tournoyaient autour de ma tête à une vitesse vertigineuse. J’aurais pu le cogner jusqu’au sang. J’aurais probablement dû. « Qui est-ce ? » Demandai-je sur un ton glacial une fois arrivé devant la porte de l’appartement. Je pouvais sentir l’odeur du mâle imprégner son corps chétif. Je pouvais imaginer ses halètements saccadés se verser dans la chambre à coucher, sur notre lit. Les muscles de ma mâchoire se crispèrent tout à coup et je sentis toute mon émotion refoulée remonter à la surface. Elle ne m’avait pas trompé, je le concédais, mais l’idée qu’elle ait pu trouver le plaisir charnel ailleurs que dans mes bras me rendait extrêmement triste. Je clignai des yeux à plusieurs reprises afin de chasser la réalité.  « Je ne suis pas chez moi ici. » Soupirai-je avec douleur en m’engouffrant dans le couloir. Je secouai la tête en faisant un pas à reculent. Les flottements des rideaux du salon voilaient mon visage horrifié tandis que je m’écrasais contre la fenêtre fermée. « Je suis une épave. Je n’ai plus ma place ici. » Je fronçai les sourcils en lui tournant le dos.
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() message posté Ven 13 Mar 2015 - 20:47 par Invité
do monsters make war or does war make monsters? ;; build me back together till i am wiser, till i am worthy. it is a strange thing to love one's damnation. but perhaps not so strange, when she is also your salvation. ✻ ✻ ✻ Ma démarche était régulière, presque fière. Mon dos était droit, mon menton légèrement relevé. Je progressais dans l’Hyde Park comme si tout allait bien, comme si tout était normal, comme si Isaac n’était pas à quelques pas derrière moi. Je me retournai de temps à autre pour m’assurer qu’il était toujours bel et bien là. Pour m’assurer qu’il était bel et bien vivant. Je ne cherchais pas à faire la conversation ou à prononcer des paroles dérisoires ; je savais parfaitement quand est-ce qu’il valait mieux rester silencieuse en sa présence. Au lieu de quoi, j’avançais. J’avançais parce qu’il m’était intolérable de faire demi-tour. J’avançais parce que reculer n’était pas une option envisageable. Je croisai de temps à autre des connaissances ; les plus lointaines m’adressaient un simple sourire, tandis que d’autres prenaient la peine de s’arrêter pour me déposer une bise sur la joue.
A chaque fois que je repartais, après avoir échangé quelques banalités, je songeais à ces choses qu’elles ignoraient toutes sur moi. Ces personnes ne connaissaient pas l’homme qui me suivait. Ces personnes n’avaient jamais eu l’ombre de l’idée que je puisse être mariée, que je puisse être veuve. En venant à Londres, j’avais fait de mon mieux pour garder certaines vérités au fond de mon cœur. Je n’avais jamais dit que j’étais tombée sur l’homme de ma vie en étant très jeune. Je n’avais jamais dit que j’étais issue d’une famille nombreuse. Je n’avais jamais dit que mon nom de famille n’était pas Marshall, mais Von Ziegler, parce que j’avais dit oui à mon âme sœur à l’âge de vingt ans. Je n’avais jamais dit toutes ces informations. Je n’avais jamais partagé mes souvenirs, tous ces détails qui faisaient de moi la femme que j’étais aujourd’hui. J’avais conservé une certaine distance entre moi et les autres. Entre moi et le monde.
Je n’avais jamais été une personne bien bavarde. Je n’avais jamais étalé ma vie sous les yeux des autres. Cela avait été facile de taire un pan entier de toute ma vie ; mais, pire encore j’avais trouvé un certain réconfort à jouer les inconnues. Cela avait été comme si on m’avait offerte une nouvelle vie. Comme si on m’avait accordé la chance de pouvoir recommencer.
Mon regard était fixé au loin, si loin que j’eus le temps de voir Nathan s’approcher de nous. J’hésitais durant une brève seconde à simplement tourner les talons ; mais, bien vite, mes propres instincts me rappelèrent que je n’avais pas le droit de fuir. Alors, je le laissais m’approcher, Isaac toujours en retrait. Je le laissais s’arrêter à ma hauteur, poser une main sur mon bras tandis qu’il déposait un baiser sur ma joue. Je m’écartai presque aussitôt, laissant un espace raisonnable entre nos deux corps, plongeant mon regard froid dans le sien. « Bonjour, Nathan. » dis-je doucement. Celui-ci m’adressa un sourire en coin. Je savais à quoi il pensait. Je savais qu’il avait l’indécence de m’imaginer nue en ce moment même. « Olivia, cela fait un moment qu’on ne s’est pas vu. » Je croisai mes bras sur ma poitrine, songeant à Isaac, non loin de moi. Je suis désolée, Isaac. Si désolée. J’aurais aimé te le dire moi-même. J’aurais aimé te l’avouer avant. Mais je n’ai pas réussi à admettre que j’avais bien pu connaître d’autres hommes, après toi. « J’ai été occupée, ces derniers temps. » répondis-je simplement, et Nathan s’esclaffa. « Aurais-je la chance de t’entrapercevoir un de ces quatre ? Pour diner ? » Mon estomac se serra, mais je conservais un air impassible. Mes traits étaient figés en un sourire poli. « Je ne pense pas, non. » décrétai-je sans aucun détour. « On doit y aller. Au revoir, Nathan. » Je n’eus pas le temps de lui laisser répondre quoi que ce soit ; j’étais déjà partie, faisant de grandes enjambées vers la sortie du parc. Je m’autorisai un regard dans la direction d’Isaac, toujours muré dans le silence.
Et, même s’il ne disait rien, je pouvais facilement deviner qu’il avait tout entendu. Et qu’il avait compris.
Nous rentrâmes dans ce même silence. Dans ce silence presque assourdissant, maintenant que j’avais mes pensées pour compagnie, maintenant que mon esprit ne désirait plus me laisser tranquille. Je saluai Sergio, le concierge, d’un mouvement de tête avant d’appeler l’ascenseur privé de mon immeuble. Nous nous engouffrâmes dans la cage, et j’insérai ma clef dans la serrure pour monter à mon penthouse. « Qui est-ce ? » La voix d’Isaac claqua l’air lorsque les portes s’ouvrirent sur l’appartement. Il sortit de l’ascenseur avant moi, se dirigeant dans le vaste salon sans même me lancer un regard. Je me raidis, finissant par le suivre, plus lentement. Je tentai de me reprendre. Je tentai de me reprendre mais je n’y parvenais pas. « Je ne suis pas chez moi ici. » déclara-t-il finalement, proche de la fenêtre, le nez dans les rideaux. Je fermai les paupières. « Je suis une épave. Je n’ai plus ma place ici. » Je déglutis avec difficulté, ne sachant plus quoi lui répondre, ne sachant pas quelle vérité admettre. Doucement, je m’assis sur le canapé de cuir blanc, retirant avec précaution mes escarpins. Je m’interdisais de m’approcher de lui en cet instant ; je n’étais même plus sûre qu’il puisse accepter ma proximité.
Une fois pieds nues, je me redressai, toujours assise contre les coussins. Je tournai la tête vers lui. « Isaac… Ne dis pas de bêtise. » lui dis-je doucement, avant de désigner la place à mes côtés. « Viens t’asseoir, on peut en parler calmement. » Calmement. Je savais que cela ne serait pas le cas. A vrai dire, je ne désirais même pas qu’il soit retenu, avec moi ; je me détestais probablement autant qu’il pouvait me détester. Jamais, au grand jamais, je n’avais songé à le tromper avant qu’il ne meure. Accepter de pouvoir continuer à avoir une vie sexuelle après son décès avait été une étape considérable, dans mon deuil, et j’avais mis de longs mois avant de pouvoir admettre que j’avais encore cette possibilité. Mais, désormais, je regrettais. Si fort. Parce que, je le savais ; si j’avais été au courant, si j’avais su, je n’aurais jamais songé aux autres. « Il s’appelle Nathan et je peux t’assurer que je ne sais que très peu de choses sur lui. Il est avocat. Je l’ai rencontré quand il s’est cassé le poignet. Nous avons couché ensemble à deux reprises. » Je tremblai sans le vouloir. J’aurais voulu garder mon calme mais mon corps refusait de l’être. « J’ai refusé de le revoir, il me fait énormément d’avances, depuis. Il n’est pas le seul. Mais, Isaac, si j’avais su… Si j’avais su que… » Je m’arrêtai, prenant de profondes inspirations sans parvenir à finir ma phrase. Je détestais être ainsi. Je détestais perdre mes mots. Me perdre moi-même.
Je me demandais s’il pouvait l’entendre, dans ma voix. S’il pouvait entendre tous ces regrets qui ponctuaient mon existence toute entière, depuis des jours.
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() message posté Dim 15 Mar 2015 - 0:07 par Invité
“ And yes, I’ll admit, I am jealous. I’m jealous of every minute you spend with him, of every concerned expression you send his way, of every tear shed, of every glance, every touch, and every thought. I want to rip him to pieces and purge him from your mind and from your heart. But I can’t because I am dead.”   Soudain, le blanc hiémal tomba sur mon visage consterné. Je regardais les reflets de mes yeux révoltés me miroiter les vestiges d’un homme fort et puissant que je n’étais plus. Je ne comprenais pas. Comment étais-ce possible d’être aussi différent? Mon souffle était  brûlant, enflammé par les prouesses vicieuses de mon esprit amoureux. Je levai lentement le menton vers l’énorme lustre en cristal qui ornait le salon somptueux de l’appartement d’Olivia. C’était inévitable ; l’odeur fraîche du vaporisateur d’intérieur, les fauteuils en cuir blanc d’un gout très distingué, et l’ambiance noble de la décoration moderne me renvoyaient vers le gouffre béant qui nous séparait. Un grand nombre d’Homme mourrait au front, un grand nombre ployait face à l’ennemi, et pourtant j’étais là, étranger à tous les autres, arborant le sourire imperturbable de l’indolence .Ma respiration irrégulière se versait dans la pièce, mais j’avais l’impression que mon cœur avait cessé de battre depuis plusieurs minutes déjà. C’était le souvenir de cette femme qui m’avait maintenu en vie, mais je réalisais avec horreur qu’elle avait bafoué tous mes espoirs d’un revers de la main. J’avais survécu aux terreurs de la guerre mais les blessures saignantes de mon âme menaçaient de m’emporter pour de bon.  Je m’éclairci la gorge en restant de dos. Je refusais de faiblir face à la beauté de ses traits délicats. Je refusais de sombrer au gré des vibrations mélodiques de sa voix. Je refusais de l’aimer au-delà des limites de l’entendement. Je refusais d’être moi tout simplement. Je revivais constamment mes tortures en Afghanistan. Je pouvais sentir le goût amer de la poussière s’enfoncer dans ma gorge à chaque fois je tentais de prononcer le moindre mot. Je pouvais sentir les jets d’urine picoter les boursouflures de mon visage comme si je n’étais qu’un vulgaire chien. Mais cette fois, il n’y avait plus aucun miracle à attendre. Je choisissais la fatalité. « Isaac… Ne dis pas de bêtise. » Je ne bronchai pas. Je me tenais droit face à la douleur. Le silence entourait mon visage accablé sans que je parvienne à me détacher de son emprise.  Mes mains souillées par le désespoir tremblaient dans les poches de mon blazer aux couleurs militaires. C’était ridicule de porter ce genre de vêtements après toutes les humiliations que j’avais subi pour l’armée américaine. Mon apparence toute entière était ridicule !  Je soupirai sans sortir de ma transe. Pourquoi ne pouvais-je pas retrouver ma vie ? Je doutais qu’une déclaration d’enfant sur la table d’une salle de classe puisse changer quoi que ce soit à notre destin. « Viens t’asseoir, on peut en parler calmement. » Je me retournai lentement, comme par réflexe. Mes yeux profonds n’exprimaient plus aucune émotion. Je regardai longuement ses pieds nus avant de me laisser tomber à ses côtés dans un geste plein de mélancolie. J’avais beau prendre sur moi, je ne savais toujours pas comment aborder mes sentiments à son égard. Après 4 années, elle avait eu le temps de m’oublier. Elle avait su s’élever tout en magnificence et en grandeur, tandis que la flamme qui m’animait me retenait prisonnier du passé. Ce n’était pas juste. Mon amour était injuste. « Il s’appelle Nathan et je peux t’assurer que je ne sais que très peu de choses sur lui. Il est avocat. Je l’ai rencontré quand il s’est cassé le poignet. Nous avons couché ensemble à deux reprises. J’ai refusé de le revoir, il me fait énormément d’avances, depuis. Il n’est pas le seul. Mais, Isaac, si j’avais su… Si j’avais su que…   » J’acquiesçai de la tête avant de me relever avec nonchalance.  Je ne l’avais entendu qu’à moitié. Mon cerveau semblait refuser d’imprimer tous les sens de ces confessions. Je devais être trop triste pour réagir, ou peut-être que ces longs récits sur la vie n’avaient plus aucune importance. Le temps s’était arrêté pour moi.

Mes pensées se bousculaient dans ma tête. Je voulais bien croire qu’elle était sincère, mais les déchirures de mon cœur m’empêchaient d’être clément envers ses erreurs. Je glissai sur le parquet en direction de la fenêtre à nouveau. Je ne savais pas d’où me venait cette envie subite de m’évader, de quitter les lieux, et de m’évaporer dans la nature, mais je me sentais en sécurité entre les voilages des rideaux. Le sol se dérobait sous mes pieds. Les bourdonnements des chars  de guerre n’était jamais très loin. Je me souvenais de mon arrivée à la base militaire et de la frénésie qui m’avait envahi lorsqu’on m’avait assigné ma première mission. Je pensais faire un choix en m’enrôlant dans les traditions de ma famille, mais avec le recul je me rendais compte que je n’avais fait que m’écraser. J’étais un marine américain comme tous les autres. La pointe de mon fusil prenait la direction que mon commandant indiquait sans jamais faillir à la tâche, parce c’était mon unique devoir. C’était la seule chose dont j’étais réellement capable. Mon estomac se tordit et je me penchai avec éloquence vers le mur. « C’était bien? » Finis-je par marmoner. Je ne parlais pas de ses coucheries. Une part de moi était sans doute soulagée de constater qu’elle avait retrouvé un semblant de vie après ma mort, mais j’étais surtout curieux de connaitre le fond de sa pensée sur mon retour inattendu. « Olivia, est-ce que c’était bien de m’oublier ? » Articulai-je avec difficulté. Ma langue engourdie tournait dans ma bouche avant de déformer mes mots. « Je … me … Demande … »  Cela ne faisait aucun doute, les personnes que nous avions croisées dans le parc ne savaient rien de mon existence. Elle avait repris son nom de jeune fille et enterré mes plaques d’identité. Je ne valais plus rien à ses yeux. Avait-elle toujours les mêmes rêves que moi ? Je déglutis en tendant ma main tremblante vers sa silhouette irrégulière. Olivia s’embrouillait devant moi. Je ne la voyais plus. Je n’arrivais plus à la voire.
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() message posté Dim 15 Mar 2015 - 19:38 par Invité
do monsters make war or does war make monsters? ;; build me back together till i am wiser, till i am worthy. it is a strange thing to love one's damnation. but perhaps not so strange, when she is also your salvation. ✻ ✻ ✻ C’est parce que je t’ai aimé si fort que j’ai voulu t’oublier. Ces pensées résonnaient dans mon esprit, percutant les parois de ma boîte crânienne. C’est parce que je t’ai aimé si fort que je me suis oubliée, moi aussi. Ma mâchoire était fermée, mon dos était droit et, pourtant, j’avais l’impression de chuter une centaine de fois. De tomber une centaine de fois. J'avais beau prétendre et faire semblant. J'avais beau tenter de conserver mon calme et affronter la situation avec une force tranquille. Au fond de moi, une tempête de détresse déferlait dans mon coeur. Et, dans cette tourmente, mon corps sombrait peu à peu, laissant échapper des tremblements ou des inspirations mal contrôlées. Mon cœur battait trop vite pour que je puisse prétendre le calme olympien ; mon esprit était rempli de souvenirs devenus amers. De souvenirs que je regrettais si fort, au-delà même de l'entendement. C’est parce que je t’ai aimé si fort que je n’ai pas réussi à trouver quelqu’un d’autre parmi toutes ces personnes que j’ai croisées. C'était parce que je l'avais aimé de tout mon coeur. De toute mon âme. De toute ma vie, malgré sa mort.
Si seulement il savait. Si seulement il savait à quel point je pouvais regretter ces gestes déplacés et ses instants intimes volés. J’étais suffisamment lucide pour savoir que mes paroles ne changeraient rien. Pour savoir qu’il n’accorderait absolument aucune importance à mes explications. Les faits étaient là. Cela était tout ce qui comptait à ses yeux. Cependant, j’étais suffisamment terre à terre pour également me rendre compte que connaître la vérité, absolument toute la vérité, le ferait entrer dans une rage folle. Parce que s’il se doutait de ce qui avait bien pu se passer entre Nathan et moi, il n’avait pas idée de toutes ces autres soirées qu'il y avait eu. Du nombre de Nathan qu’il y avait dehors, attendant sans doute un de mes appels, se souvenant, peut-être, des courbes de mon corps. Du nombre de fois où j’avais pu tenter de passer à autre choses dans les bras d’homme qui m’avaient été presque inconnus. Je secouai la tête comme pour tenter de chasser mes souvenirs, mais tout, absolument tout, me revenait par bribes décousues. Mon esprit ne voulait pas se débarrasser de ces instants, non. Il voulait que je les endure.
Il voulait que je me souvienne de mes erreurs. Il voulait que je me rende compte de ces faux pas qui n’en étaient pas réellement. Je n’avais fait que me reconstruire dans le mensonge. Je n’avais fait qu’avancer dans l’illusion que l’on avait fait de ma vie. Je refusais de croire que j’avais mal agi, mal fait, malgré tous les regrets qui pouvaient m’habiter. « C’était bien ? » me demanda-t-il finalement. Je revins sur Terre. Il s’était levé du canapé comme une bête sauvage, se réfugiant une nouvelle fois dans les rideaux. Mon regard l’observa durant une poignée de secondes, et je finis par détourner les yeux. Je me refusais d’aller à lui. Je ne me sentais pas suffisamment bienvenue à ses côtés pour risquer quoi que ce soit. « Olivia, est-ce que c’était bien de m’oublier ? » reprit-il. Je déglutis, l’injustice de ses paroles me blessant sans doute plus que tout le reste. C’est parce que je t’ai aimé si fort que j’ai voulu t’oublier. Une nouvelle fois, cette réponse jaillit dans mon esprit. Une nouvelle fois, je me retrouvais piégée dans le silence, dans ce silence à la fois si douloureux mais si réconfortant, si apaisant mais si tragique, quelque part. Je respirai calmement mais mes pensées se dispersaient dans mon esprit, en pêle-mêle, perdues par bribes. « Je… me… Demande… » Il se demandait et, quelque part, je me posai moi-même des questions. Je me demandai ce qu’il aurait fait à ma place. Ce que j’aurais pensé. J’aurais été blessée, oui. Je le savais que cela m’aurait fait du mal, sans doute bien plus que nécessaire. Mais, par-dessus tout, je me connaissais suffisamment pour savoir que j’aurais enterré tous mes sentiments au fond de mon cœur, au fond de mon corps, pour ne jamais réellement affronter la réalité. Pour ne jamais l’observer dans les yeux, la contempler dans son entièreté. « C’était bien, sur le coup. » finis-je par répondre. Je n’étais pas du genre à mentir. Je n’avais jamais su garder la vérité. Pas avec lui. Surtout pas avec lui. « J’avais l’impression de pouvoir être quelqu’un d’autre pendant une soirée. J’enfermais mes souvenirs et je prétendais. J’avais l’impression de vivre dans un théâtre vivant. Je n’étais plus une veuve. Je n’étais même pas Olivia. » Mon regard était fixé devant moi, perdu dans mes propres paroles, perdu dans ces vérités que j’énonçais. Parce que c’était ainsi. C’était des vérités.
Je ne voulais pas lui mentir. Je ne voulais pas prétendre. Je n’avais que très rarement gardé des choses d’Isaac ; il avait toujours été mon partenaire, mon binôme, mon mari. Je savais, également, qu’il saurait sans doute quand est-ce que je n’étais pas franche avec lui. Malgré ces quatre années, j’espérais qu’il me connaissait encore suffisamment pour se rendre compte de mes mensonges. « Mais ce n’était pas moi. C’était bien là le problème. » Je ne savais même pas si mes paroles avaient du sens. Je ne savais même pas s’il leur accorderait le moindre crédit. Mon dos était douloureux tant le poids de mes remords pouvaient me peser. Mon dos était douloureux tant ma tête pouvait être lourde de ces regrets. « Je t’ai souvent parlé, pendant ces quatre ans. Je te demandais de me laisser parce que me souvenir de toi me faisait trop mal. » Je pris une inspiration. « Une personne m’a même dit, un jour, que personne ne méritait de souffrir autant. Alors, je t’oubliais, parfois. Mais en t’oubliant je m’oubliais aussi. Parce que c’était comme ça, Isaac. Sans toi, je n’étais même pas moi-même. Sans toi… Je n’existais pas réellement. » Je poussai un soupir, secouant la tête avant de passer une main sur mon front. J’avais froid, froid au cœur. Froid dans mes veines et dans mon esprit. Je ne parvenais pas à expliquer correctement toutes ces émotions qui avaient bien pu m’animer. Je n’entendais que l’injustice d’Isaac et sa rancune masquée, sa colère mal dissimulée. J’aurais aimé qu’il comprenne. Qu’il comprenne que cela n’avait été que des tentatives désespérées. C’est parce que je t’ai aimé si fort que je me suis oubliée pour t’échapper.
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() message posté Jeu 19 Mar 2015 - 11:39 par Invité
“ And yes, I’ll admit, I am jealous. I’m jealous of every minute you spend with him, of every concerned expression you send his way, of every tear shed, of every glance, every touch, and every thought. I want to rip him to pieces and purge him from your mind and from your heart. But I can’t because I am dead.” Je n’avais plus aucune confiance. Le silence enlaçait mes muscles engourdis avec une cruauté troublante. J’étais submergé par le chagrin, mais je survivais encore. La mort m’avait fait signe en venant m’effleurer durant plusieurs années mais étrangement je lui avais tout le temps échappé. Avais-je fini par devenir increvable ? Avais-je le don de souffrir éternellement sans jamais trouver le répit ? Les lettes immobiles qu’Olivia m’avait écrites disparaissaient immédiatement lorsqu’elle ouvrait la bouche pour me cracher ses vérités, puis elles ressurgissaient à nouveau, plus belles, plus puissantes et plus lumineuses que jamais. Je ne savais pas la détester. Mon cœur était programmé pour l’aimer depuis le premier jour. Je me mis à pianoter sur mes cuisses serrées, comme pour me créer l’illusion d’une activité intellectuelle ou physique profonde. Mes pieds étaient arqués et j’avais très froid. Je me retournai lentement vers elle, attendant secrètement un signe de clémence de sa part, mais rien ne se produisit. Ma tristesse se dissipait légèrement dans le salon paisible mais je n’étais pas à ma place. Une musique oppressante tambourinait dans mes oreilles. J’étais complètement hanté par quelque chose ; un cri, une image, un fantôme … Je ne savais plus trop. Le visage déçu de mon père m’apparut comme une vision noire. Il regrettait mon retour autant que moi. Certainement, préférait-il avoir un héros déchu comme fils, plutôt qu’une épave dyslexique qui se laissait volontairement couler. Mais je ne pouvais pas échapper à mon destin. Je ne pouvais pas revenir en arborant un sourire de conquérant ou mourir avec mes frères d’armes. J’avais l’impression d’être condamné à subir la vie sous toutes ses formes bizarres, même Olivia me semblait différente dans cet espace-temps. Je lui en voulais peut-être d’avoir réussi là où j’avais failli. Elle avait survécu, exactement comme nous l’avions convenu. Elle s’était redressée après chaque coup afin de poursuivre son deuil, tandis que je n’avais fait qu’attendre passivement un grand miracle. Je soupirai en me glissant contre le mur. « C’était bien, sur le coup. J’avais l’impression de pouvoir être quelqu’un d’autre pendant une soirée. J’enfermais mes souvenirs et je prétendais. J’avais l’impression de vivre dans un théâtre vivant. Je n’étais plus une veuve. Je n’étais même pas Olivia. » Je ne bronchai pas. Je n’avais jamais eu cette chance. Je n’avais jamais su prétendre être quelqu’un d’autre – cette fois, mon attitude, ma personnalité, mes pensées et ma conscience étaient réellement malades. Je tentai un sourire terne mais ma bouche ne fit qu’exprimer une grimace de dégout. Après mon isolement, je me retrouvais incapable d’avoir des réflexes sociaux normaux. Je baissai les yeux vers ses pieds nus à nouveau. Je regardais ses orteils se crisper gracieusement dans la pénombre. Je distinguais parfaitement ses mouvements frénétiques et son angoisse quasi-permanente. Olivia, la déception me passera. Je flânais sous les grands plis des rideaux, apparaissant et disparaissant comme un soleil sous les nuages. « Mais ce n’était pas moi. C’était bien là le problème. » Je déglutis en fronçant les sourcils. Oh mais si, c’était toi. C’était une version courageuse et heureuse – exactement comme je te l’avais demandé après la mort de mon coéquipier. Je suis désolé de me découvrir égoïste après 4 années de captivité. Je réalise que je ne veux jamais te partager, même après la mort. Je ne parvenais pas à respirer. Ma poitrine se soulevait brusquement et pendant un court instant, je cru apercevoir les fouets de l’ennemi fendre l’air afin de s’abattre sur mon visage creusé par la faim. Je sursautai comme une bête sauvage avant de me ressaisir avec lenteur. J’apercevais tout l’éclat fulgurant de sa sincérité mais elle ne parvenait jamais à éclairer l’obscurité troublante de mon cachot puant. « Je t’ai souvent parlé, pendant ces quatre ans. Je te demandais de me laisser parce que me souvenir de toi me faisait trop mal. Une personne m’a même dit, un jour, que personne ne méritait de souffrir autant. Alors, je t’oubliais, parfois. Mais en t’oubliant je m’oubliais aussi. Parce que c’était comme ça, Isaac. Sans toi, je n’étais même pas moi-même. Sans toi… Je n’existais pas réellement. » Je posai mes doigts squelettiques sur mes yeux avant d’éclater de rire. Ils ont baisé ma femme – C’est une farce, un bal masqué, une soirée mondaine … Ce n’est pas la réalité. Je sentis ma mâchoire se distendre sous la force de mes ricanements, puis dans un élan de lucidité, j’ouvris prétendument les voilages somptueux et raffinés sous lesquels je m’étais réfugié. L’éclat du jour brûlait mes rétines profondes et pâles, mais je ne cillai pas une seule fois. « Voilà ce que je suis aujourd’hui – Regarde-moi. » Soufflai-je en vacillant vers elle. « Il sont tous morts … Je suis le seul … En plus d’avoir perdu mes amis, ma famille, mon apparence, il a fallu que je perde ma femme … » Articulai-je en prenant le temps de ravaler ma rancœur.« Tu n’as pas vécu dans le mensonge Olivia, c’est moi … J’ai cru que rien ne changerait jamais mais la guerre est horrible là-bas… » Je repensais à nos disputes avant que je ne décide de suivre les traces de mes ancêtres. J’entendais les longs débats enflammés de mon père – et je me demandais encore, comment avais-je pu me laisser berner par cet homme froid et rigide amputé d’une jambe. Quel signe de victoire avais-je bien pu apercevoir dans son existence maussade et solitaire ? Au fond, je cherchais à tout pris sa reconnaissance. Je voulais qu’il me voie enfin. Je voulais qu’il soit fier de moi après les attentats du 11 septembre. Ce jour-là, il m’avait enlacé pour a première fois depuis mon enfance. Je soupirai, l’air fougueux, sombre et un peu fou.« Je croyais que j’étais invincible … » Tremblai-je en franchissant complètement les rideaux. Tous ces chars militaires, tous ces hommes qui étaient tombé, je n’étais pas l’un d’eux et pourtant je ne m’étais jamais senti aussi proche de l’autre côté. Je n’avais plus personne ici. Il me paraissait si étrange et incroyable d’assister à tout ce spectacle. Le théâtre vivant d’Olivia. C’était un très joli cliché ; le soldat revenu du front et sa petite femme endeuillée et extravertie. Je me retournai vers la long couloir menant à la salle de bain sans esquisser le moindre mouvement en avant. Face à cet univers d’inconnus, je voulais simplement m’évader. « Je me sens désolé pour nous … » Lui confiai-je en lui tendant un bras. « Viens jusqu’à moi … » Demandai-je calmement. Il fallait que je dépasse les murailles d’eau et de boue qui me terrifiaient. Il fallait que je la prenne dans mes bras pour effacer tout ce temps perdu à l’attendre alors qu’elle était tout simplement là, pleurant, riant, s’oubliant …
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() message posté Jeu 19 Mar 2015 - 21:39 par Invité
do monsters make war or does war make monsters? ;; build me back together till i am wiser, till i am worthy. it is a strange thing to love one's damnation. but perhaps not so strange, when she is also your salvation. ✻ ✻ ✻ Personne ne pouvait fuir la réalité. Personne ne pouvait réellement décider de fuir ses responsabilités. Personne. Nous étions tous, autant que nous étions, hantés par cette mémoire qui s’amusait à nous rappeler les pires instants de notre vie. Nous avions tous, autant que nous étions, cette conscience qui s’amusait à nous chuchoter au creux de l’oreille la liste de tous les tords que nous avions bien pu commettre.
C’était ce qui m’arrivait, en cet instant. Mon esprit s’amusait à me montrer chaque visage, à me rappeler chaque prénom, de ces personnes qui avaient pu partager un instant intime en ma compagnie. Avec eux s’accompagnait l’image de mon mari, perdu quelque part au milieu des déserts Afghans, espérant simplement rentrer à la maison. Au fond, il n’y avait personne à blâmer dans cette situation. J’avais cru l’avoir perdu. Il avait continué de s’accrocher à l’espoir de me retrouver. Nous avions tous les deux évolués dans des univers parallèles, bernés par le destin, marionnettes de nos existences mêmes. Mon dos était droit et pourtant j’avais la sensation de porter le poids du monde ; je gardais la tête haute et pourtant je m’en voulais, je m’en voulais démesurément. J’aurais aimé qu’il me pardonne et qu’il comprenne. J’aurais aimé qu’il s’approche de moi et qu’il me dise que cela n’était pas grave puisque tout cela appartenait désormais au passé. J’aurais aimé qu’il prenne mon visage entre ses mains et qu’il me regarde avec affection, j’aurais aimé que nous ne soyons pas ces deux personnes accablées par le poids de la fatalité. C’est trop dur, Isaac. C’est trop dur d’accepter. J’avais mal à chaque pulsation de mon cœur, à chaque pensée que je pouvais avoir. J’avais mal à chaque inspiration et à chaque fois que je me souvenais que, quoi que j’en dise, quoi que soient les situations, j’avais trompé mon mari.
Mon mari qui avait souffert le martyr cent fois avant d’être finalement secouru. Mon mari que j’avais souhaité oublier alors qu’il s’était appliqué à se souvenir de mes traits à chaque heure de chaque journée qu’il avait bien pu passer en étant emprisonné. « Voilà ce que je suis aujourd’hui. Regarde-moi. » me demanda-t-il après avoir ouvert les rideaux. La sombre clarté du soir éclaira ses traits creusés, son air malade, et je posai mes yeux sur son visage comme il me l’avait demandé. Je ne cillai pas une seule fois. « Je te regarde. » Je le regardais et, malgré ce physique qui avait changé, je voyais l’homme que j’avais toujours connu. Je le regardai et, même s’il paraissait fatigué et malade, il incarnait toujours l’être que j’avais chéri de tout mon cœur, de toute mon âme.
Je n’étais pas facilement déstabilisée. Isaac le savait. J’avais beau être une femme, j’avais peut-être qu’une pauvre infirmière, je savais garder la tête haute quand il le fallait ; je savais assumer les horreurs de la vie, les horreurs du destin. Bien souvent, je perdais le contrôle quand les choses me touchaient de trop près ; cependant, en cet instant, je voyais mon mari debout, vivant. Et, parmi les visions que j’avais de lui, brûlé vif, celle-ci était de loin la plus réconfortante. « Il sont tous morts… Je suis le seul… En plus d’avoir perdu mes amis, ma famille, mon apparence, il a fallu que je perde ma femme… Tu n’as pas vécu dans le mensonge Olivia, c’est moi… J’ai cru que rien ne changerait jamais mais la guerre est horrible là-bas… » Un frisson parcourut ma peau et je plissai mes lèvres. Je ne pouvais rien répondre à ses paroles. Il ne faisait qu’asserter une vérité que je connaissais déjà ; la guerre changeait le monde, changeait une population entière. La guerre marquait au plus profond de notre être, la guerre faisait mal, profondément mal. Personne ne pouvait échapper à ses ravages. Je l’avais toujours su. Isaac n’avait jamais souhaité m’écouter ; pourtant, du fond de mon cœur, j’aurais préféré qu’il ne se rende jamais compte de la véracité de mes paroles. « Je croyais que j’étais invincible… » Je fermai les paupières. Il s’était trompé, je m’étais trompé, nous nous étions tous trompés.
J’avais toujours eu peur pour sa vie, pour lui. Cependant, je m’étais rendu compte, également, que je n’avais jamais réellement songé au fait que l’on puisse réellement me l’arracher. Je n’avais jamais réellement pensé qu’il puisse mourir ou être capturé. J’étais tombée de haut. Et la chute m’avait fait si mal. « Je me sens désolé pour nous… Viens jusqu’à moi … » Lorsque je retournai la tête, je le vis à quelques pas des rideaux, devant le couloir menant au reste de l’appartement. J’hésitai un instant avant de finalement attraper mes escarpins et me diriger vers lui, pieds nus. Je me postai en face de lui avant d’attendre une poignée de secondes, puis finis par passer mes bras autour de lui avec retenue.
J’avais peur de ses réactions. Pire encore, j’avais peur qu’il me rejette et d’avoir la sensation d’être réellement une bonne à rien. De réellement ne plus valoir la peine. Ma gorge se serra à mesure que ma prise autour de lui se raffermissait. Je lâchai prise. La pression qui s’était accumulée dans mes muscles semblait vouloir s’échapper de mon emprise et, pourtant, je continuai de désespérément me battre pour la canaliser en mon sein. « On va y arriver. » murmurai-je doucement. Je croyais à moitié mes paroles ; pourtant, je voulais qu’ils soient vrais. Je le voulais de tout mon cœur. « Je peux te donner leurs noms, si tu veux. » Je fis un pas en arrière avant de lui adresser l’ébauche d’un sourire. Je levai la main pour replacer une mèche folle de ses cheveux, puis caressai doucement sa joue. J’avais l’impression que mes gestes étaient interdits et, pourtant, mes membres tout entiers ne parvenaient plus à se retenir de ces marques d’affection qui me paraissaient naturels. Je fis un nouveau pas en arrière. « Tu devrais aller t’allonger un peu sur notre lit, le médecin a dit que tu devais te reposer. » finis-je par dire avec douceur. Mes yeux papillonnèrent vers l’horloge. Neuf heures du soir. J’avais terminé le travail une poignée d’heures plus tôt ; une nouvelle fois, la journée avait filé sans que je ne m’en rende compte. « Je dois faire faire deux trois choses avant d’aller me coucher. Je te rejoindrais, de toutes manières. D’accord ? » Je lui adressai un nouveau sourire. Pourtant, j’avais la sensation d’être toujours tourmentée par les mêmes remords, les mêmes regrets. Les mêmes peurs et les mêmes craintes. Toujours. Encore.
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() message posté Ven 20 Mar 2015 - 3:10 par Invité
“ And yes, I’ll admit, I am jealous. I’m jealous of every minute you spend with him, of every concerned expression you send his way, of every tear shed, of every glance, every touch, and every thought. I want to rip him to pieces and purge him from your mind and from your heart. But I can’t because I am dead.” Je papillonnai des yeux à plusieurs reprises, résolu à voire la vérité telle qu’elle se présentait à moi, mais ce monde dans lequel j’avais atterri était trop différent de la ville où j’avais grandi. Ce n’était pas ma Louisiane chérie, ce n’était pas l’immense demeure de mes parents, et ce n’était pas moi dans le décor raffiné du salon. Mon esprit était resté captif du passé. J’avais l’impression quasi-constante d’être immobile sur la terre humide et boueuse. Je pouvais entendre les insectes s’activer autour de moi, avides de se nourrir de ma carcasse presque morte avant d’avoir un regain de lucidité. C’était un sentiment étrange et contradictoire à la fois. J’étais perdu et j’avais peur, mais à force d’être malmené par les talibans, j’avais fini par m’habituer à la douleur. Je relevai mon menton sur Olivia, sans aucune expression. Sous les couleurs très vives de ses yeux, se déroulait le combat de l’imaginaire contre le salut inatteignable. Je savais que personne ne m’avait jamais aimé aussi fort, mais il y avait quelque chose d’inquiétant dans sa posture. Elle était trop droite, trop crispée, sans doute trop forte. Je fermais les yeux avec lenteur avant de me pencher un peu plus vers la lumière. « Je te regarde. » Il serait tellement facile pour moi de succomber aux chants tentateurs de la colère, mais les larmes salées qu’elle avait versé lors de nos retrouvailles continuaient toujours de me hanter. Elle était assaillie par le trouble, elle aussi. Elle était peut-être malade à sa façon. Olivia m’adressa toute son attention, et je la regardais en retour, détaillant les courbures fines de sa silhouette. Sa bouche se tordait involontairement à cause du stress et je me surpris à m’attendrir de la vision. Maintenant que tu me regardes, peux-tu m’aimer à nouveau ? Je voulais la toucher fougueusement et rattraper toutes ces heures perdues où son corps m’avait manqué, mais ma raison freinait toutes mes pulsions. J’avais déjà usé toute mon énergie pour revenir d’entre les morts. Si mon désir me prenait, je risquais de m’effondrer à bout de souffle. Elle s’avança gracieusement à ma demande avant de frôler lentement mon torse. Je voulais crier et l’aimer avec toute la ferveur du monde, mais le froid incommensurable s’éleva dans mon âme afin de m’intimer le silence. Son étreinte était si douce contre mes cicatrices. Elle était l’hymne de la pure douleur. J’étais faible et lâche. Je ne bougeai sur le moment, incapable de me laisser emporter par l’intimité de nos échanges. Ses doigts me semblaient si familiers lorsqu’ils s’enfonçaient dans ma nuque. Je tentai un pas hésitant vers elle, comme pour combler l’espace qui nous séparait, mais je ne fis que la porter avec moi, derrière les rideaux. « On va y arriver. Je peux te donner leurs noms, si tu veux. » Murmura-t-elle en s’éloignant. Elle esquissa une ébauche de sourire mais je restais imperturbable dans mes réflexions. Non, je ne veux pas leurs noms. Je risque de me lancer dans une chasse à l’homme malgré mon l’état de santé déplorable. Ce serait une mauvaise idée. Sois patiente Olivia, ce n’est qu’une pause absurde dans le chaos de nos existences. Je m’approchai en hésitant, implorant un peu d’affection. Ses mains délicates se placèrent sur mes joues creuses. N’avait-elle pas peur en frôlant les saillies de mes os fragilisées de briser ce doux mirage ? Moi, j’étais tétanisé. Je saisis son poignet avant de me rétracter. « J’ai mal à la mâchoire. » Soufflai-je en cachant mon émotion. L’échec de ma passion me semblait si injuste. J’avais la certitude que mes sentiments étaient restés immuables face au temps, mais mon cœur consumé redoutait l’ardeur d’une ancienne flamme.« Tu devrais aller t’allonger un peu sur notre lit, le médecin a dit que tu devais te reposer. » Elle partait au loin, tandis que je restais tapi dans l’ombre. Sa bienveillance était troublante, était-elle aussi gentille avec tous ses patients, ou sa sollicitude était plus forte parce qu’il s’agissait de moi ? Il semble que la blessure des cœurs aime se draper de la nuit des tombeaux, le mien est encore dans le caveaux familial des Von Ziegler. J’acquiesçai d’un signe de la tête, sans protester. « Je dois faire faire deux trois choses avant d’aller me coucher. Je te rejoindrais, de toutes manières. D’accord ? » J’haussai les épaules avant de cheminer tristement le long du couloir menant à la chambre. Mon regard se posa sur le matelas sans que je ne parvienne à assimiler l’idée de dormir dans un lit. Je déglutis en me glissant dans un pantalon de pyjama ample. Les plaies rougeoyantes sur mon abdomen nécessitaient une désinfection rigoureuse, mais je ne me sentais pas la force de prendre soin de mon corps. Ce soir, ma lassitude était extrême. J’étais aussi confus qu’un enfant égaré dans une foule d’inconnus. Beaucoup apprendre, beaucoup comprendre par l’esprit, et mourir jeune ! Je ne peux voir la jeunesse m’abandonner … Je l’avais demandé en mariage en bégayant l’extrait d’un ouvrage pris au hasard dans la bibliothèque familiale, et elle avait accepté de me rejoindre au fond de ma crevasse. Sa compassion était infinie, mais je n’osais plus l’entraîner dans mes tourments à nouveau. Je n’osais pas lui avouer que les coussins confortables et les plis colorés des couvertures ne me permettaient plus de trouver le sommeil – Pas sans une forte de dose de somnifère. Je m’allongeais passivement sur le lit. Il me semblait que les os de mon dos craquaient au contact du matelas. Mon regard abyssal se fixa sur le plafond. Je vivais une sorte de d’angoisse anticipatoire lors de laquelle ma conscience redoutait une crise imminente. Je retins ma respiration en me forçant à dormir, cependant une heure plus tard, les palpitations effrénées de mon pouls me maintenaient toujours en éveil. Olivia était revenue mais je n’avais pas senti la chaleur de son corps étendu si près du mien. Je soupirai en me relevant lentement. Je voulais sortir de ma cage afin de rejoindre la salle de bain. Je m’avançais à pas lourds en traînant un oreiller. J’étais comme un automate allant à la rencontre de l’absolution illusoire que représentait la baignoire. Je n’adressai pas le moindre regard derrière moi avant de me glisser dans la céramique glacée. Comme souvent, j’étais seul face à mes pires angoisses. Comme souvent, mon amour était incompris.
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() message posté Sam 21 Mar 2015 - 22:58 par Invité
do monsters make war or does war make monsters? ;; build me back together till i am wiser, till i am worthy. it is a strange thing to love one's damnation. but perhaps not so strange, when she is also your salvation. ✻ ✻ ✻ Je l’avais connu enfant. Je l’avais connu gamin. Nous avions toujours été une paire, un binôme, un couple, un duo. J’avais cru que l’on m’avait arraché la moitié de mon âme lorsque l’on m’avait annoncé sa mort ; j’avais tenté de vivre, à moitié morte, au fil des années qui s’étaient doucement écoulées. J'avais tenté de vivre sans une partie de moi-même. Je l’avais connu enfant, je l’avais connu gamin. Je l’avais connu toute ma vie durant et pourtant je ne le reconnaissais pas, je ne le reconnaissais plus. Ma main était toujours logée contre sa joue creuse. Mes doigts caressaient avec douceur sa pommette saillante. Je l’avais connu enfant, je l’avais connu gamin, nous nous étions promis une éternité à l'aube même de nos existences trop courtes et bien imparfaites. Pourtant, j’avais l’impression qu’il continuait de m’échapper, de fuir au loin, si loin que je ne pourrais sans doute jamais le rattraper. Pourtant, j’avais l’impression de le perdre. De le perdre une nouvelle fois mais cela faisait bien plus mal maintenant que je ne pouvais plus blâmer la mort. Nous nous étions promis une éternité, oui. Mais une éternité de mensonges. Une éternité qui nous avait piégés. Une éternité biaisée. Une boule prit possession de ma gorge mais je m’intimais au calme et au contrôle. Je refusais la simple idée de paraître faible, une nouvelle fois, à ses yeux ; je m’étais laissé aller aux larmes une fois en sa présence, lors de nos retrouvailles, et ce souvenir amer me rappelait que jamais, au grand jamais, je n’avais le droit de lui faillir une nouvelle fois.
Je devais être forte, je devais être courageuse, je devais être à la hauteur de cet homme qui avait vu mille et une horreurs durant des années sans jamais avoir l’occasion de voir le bout du tunnel.
Pourtant, j’avais l’impression de ne jamais réussir. De ne jamais être suffisamment bien pour lui.
Nous nous étions toujours connus, nous avions grandi ensemble. Je pouvais aisément reconnaître ses expressions et déceler l’émotion qui envahissait son regard. Pourtant, j’avais tant de mal à me faire à tout cela. Pourtant, j’avais tellement de mal à me dire que nous pourrions y arriver. A me dire que tout finirait par bien se passer. « J’ai mal à la mâchoire. » me confit-il et je retirai ma main de sa joue, presque gênée, dès qu'il prononça ces mots. Je l’avais toujours connu et pourtant j’étais incapable de comprendre pourquoi il m’avait dit une telle chose ; avait-ce été une manière détournée de me demander de cesser de le toucher ou avait-il réellement mal ? Etait-ce parce qu’il parlait beaucoup plus qu’il n’avait eu l’habitude de le faire au cours de ces dernières années, ou mâcher des aliments lui était encore difficile ? Les pensées s’entrechoquaient dans mon crâne. Je sentais mon front brûler sous mes mèches de cheveux d'or.
Il n’émit aucune protestation lorsque je l’invitai à aller se reposer ; je l’observai disparaître dans le couloir, la gorge si serrée que, lorsqu’il fut hors de mon champ de vision, je laissai un échapper un faible sanglot. Paralysée, j'étais paralysée. Paralysée par la détresse, paralysée par mes angoisses, paralysée par toute cette situation et tous ces événements. Je mis quelques instants avant de retrouver le contrôle de mon corps. Mes bras et mes jambes furent animés par des mouvements mécaniques ; je me surpris à ranger mes escarpins dans le placard, et à papillonner dans le salon pour récupérer par-ci, par-là, des affaires que mes frères et sœurs avaient bien pu laisser trainer.
Je m’occupai l’esprit. Cela faisait des années que je me consacrais à cet exercice ; je faisais de mon mieux pour m’empêcher de trop réfléchir, pour m’empêcher de trop ressentir. Isaac m’avait toujours demandé d’être forte. Je n’avais trouvé le courage que dans cette manière de faire. C'était si facile de continuer lorsque notre esprit tout entier avait lui-même rendu les armes. C'était si facile d'aller de l'avant lorsque l'on s'abandonnait derrière.
Je dînais rapidement, sachant parfaitement qu'Isaac n'aurait sans doute pas faim ce soir. Je m'installais au comptoir, assise au bord d'un grand tabouret, le regard vague et les gestes presque désabusés. Je me sentais seule. Mon appartement était rempli par les âmes des membres de ma famille, par l'âme d'Isaac lui-même, pourtant je ne m'étais jamais sentie aussi abandonnée. Mon cœur était vide. Mes pensées amères et tristes. J'avais sans cesse envie de pleurer. La boule au fond de ma gorge semblait ne plus jamais me quitter. J'enfouis mon visage entre mes mains pendant quelques instants, assaillie par toutes ces pensées dont je ne voulais pas.
J'aurais aimé savoir quoi faire. J'aurais aimé être suffisamment forte et fière pour ne pas avoir peur de l'avenir. Mais je n'étais plus sûre de rien ; je n'étais même plus sûre de savoir qui j'étais réellement.
Je débarrassais rapidement avant de filer dans la salle de bain, refermant soigneusement la porte derrière moi. Je fixai mon reflet dans le miroir, un air de défi peint sur mes traits, le regard déterminé. Je pouvais presque voir cette lueur de désespoir briller au fond de mes prunelles. Je pouvais presque ressentir à travers ma peau ces veines chargée de toutes mes détresses. Je me démaquillais avec soin, retirant ces artifices qui ne pouvaient même plus masquer certaines de mes cicatrices. J'appliquai de la crème sur mon visage fatigué, lasse, en proie à des tensions qui ne désiraient pas me laisser. Je me lavai les dents avec application, une application toute particulière qui m’irrita presque les gencives. Chacun de mes gestes était mesuré, comme pour me donner l'illusion que j'avais encore le contrôle. Comme pour me prouver que je valais la peine. Comme pour me prouver que j'y arriverais. Un jour.
Du moins, je l'espérais. Je l'espérais de tout mon cœur.
Je finis par me glisser dans la chambre à coucher, découvrant Isaac allongé sur mon lit. Sur notre lit. Je me déshabillai rapidement afin de passer un short en soie et dentelle ainsi qu'un haut assorti à bretelles sur mon corps. Je me sentais presque honteuse d’être nue en sa présence, même s’il était perdu quelque part dans les bras de Morphée. Je me sentais honteuse qu’il puisse s’imaginer ce que j’avais bien pu faire. Les relations que j’avais bien pu avoir. Sans céder au cours de mes pensées, je me glissai sous la couette, fermant doucement les paupières. Ma tête était trop lourde contre l'oreiller. Mon corps était froid dans ce lit trop grand. La silhouette d’Isaac était plus loin dans les draps, mais je décidai de ne pas l’importuner avec ma présence. Je préférai lui laisser du temps. Lui laisser de l’espace. Même si, au fond, cela me coutait.
Je dus lâcher prise. Je dus me laisser aller dans les songes. Lorsque je me réveillais, je constatais qu’il s’était écoulé plusieurs heures. Paresseusement, je me retournai vers Isaac, mon esprit endormi rendant les armes face à l’insistance de mon corps. J’avais besoin de mon mari. J’avais besoin d’enfouir mon visage dans son cou. J’avais besoin de calquer mes inspirations sur les siennes. Mais je ne trouvai que des draps froids. Je ne trouvais que l’absence.
Cette absence qui m’avait hanté durant des années.
Cela me ramena sur Terre. Je me relevai en sursaut, paniquant en me rendant compte qu’il n’était plus là. J’observai la chambre plongée dans la pénombre sans trouver la moindre trace d’Isaac ; sans réellement réfléchir, je me levai avant de m’aventurer dans les couloirs de mon appartement. J’avais peur, oui. Peur qu’il soit parti. Peur qu’il ne soit plus là. Peur qu’il ait décidé de finalement s’en aller, peur qu’il ait décidé de finalement m’abandonner. Ma gorge était si serrée que je ne parvenais plus à déglutir ; je ne le trouvai ni dans le salon, ni même dans le bureau, et j’arpentai plusieurs pièces différentes avant de me rendre compte qu’il n’était nulle part. Je tremblai. Je tremblai si fort. Je poussai la porte de la salle de bain pour me diriger vers le lavabo afin de passer de l’eau froide sur mon visage, et ce fut à cet instant que je le vis. Que je le vis dans la baignoire. Je fronçai les sourcils, demeurant immobile. Je l’observai de là où j’étais, silencieuse.
Il y eut le soulagement. Ce soulagement qui inonda mes veines. Puis il y eut l’incompréhension. Cette incompréhension qui vint perturber l’équilibre de mes pensées. En silence, je fis demi-tour, retournant dans notre chambre. Mes mains se posèrent sur la couette du lit, et je l’emportai avec moi. Je l’emportai avec moi jusqu’à lui.
Parce que je le savais. Je ne supporterais sans doute pas d’être séparée une nouvelle fois de lui.
Avec précaution, je grimpai dans la baignoire à mon tour, tentant de ne pas le déranger plus que nécessaire. Je m’allongeai tout contre lui, la tête sur son torse, ramenant la couette sur nos corps serrés l’un contre l’autre. Je ne dis pas un seul mot. Je ne lui posai aucune question. Je ne lui fis aucune remarque. Je me contentai de fermer les paupières et écouter sa respiration sous mon oreille.
Il était là. Sans doute était-ce le plus important.
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() message posté Lun 23 Mar 2015 - 21:23 par Invité
“ And yes, I’ll admit, I am jealous. I’m jealous of every minute you spend with him, of every concerned expression you send his way, of every tear shed, of every glance, every touch, and every thought. I want to rip him to pieces and purge him from your mind and from your heart. But I can’t because I am dead.” La distance que je décelais dans son regard bleu clair envahissait mes poumons. J’étais en apnée sous l’emprise d’une vénale. Olivia, c’est moi. Je suis tapi dans le noir. Parfois, je me perds dans ma foi et ta religion. Je n’en disais pas assez. Je ne disais rien. Sa silhouette s’évanouissait de l’autre côté du lit. Chacun de ses soupirs me retenait en éveil – je m’étais languis des bruits de sa respiration pendant des années mais maintenant que je partageais un moment d’intimité en sa présence, ce n’était qu’un crépitement de plus dans le vide qui m’entourait. C’était triste de réaliser que mon cœur ressentait toujours le même engouement pour ma femme, mais que mon corps refusait de capituler. Le sombre plafond de la chambre me contemplait, impassible et immuable. Je soupirai dans l’obscurité profonde, replié sur moi-même. Mes réflexions tourbillonnaient dans ma tête à grande vitesse. Je me cramponnais aux rebords de la table de chevet avec désespoir. Je portais en moi le chaos de mes deux identités. J’étais le soldat fier et imposant du commando alpha, arborant son arme de précision et ses lunettes binoculaire avec un professionnalisme déroutant, puis la seconde d’après mon masque imperturbable tombait. J’étais étendu sur le sol mouillé. Les gouttes de mon propre sang emplissaient mes vêtements sales et nauséabonds avant de sécher au contact de l’air. Je me retrouvais nez à nez avec un homme jailli du fin fond de la cellule. Il avait le visage dur et machiavélique des tortionnaires. Je ne pouvais distinguer aucune pitié au sein de son regard perçant. Ses sourires n’exprimaient aucun sentiment. Pourtant, je n’étais pas effrayé par ses longs fouets et ses instruments tranchants. J’attendais tout simplement le moment ou sa pointe acérée allait rencontrer ma poitrine ouverte. Il s’agissait d’un moment de solitude extrême. J’émergeais de ma torpeur afin de réaliser que je n’étais qu’une épave. Il devait certainement se fatiguer à forcer de pomper dans mes entrailles. C’était une énergie perdue en vain car bientôt, les flammes rougeoyantes du phénix renaissaient de leurs cendres. Je me tenais au bout de la vie, mais les talibans ne semblaient pas prêts à m’abandonner. A chaque fois, je recevais les soins nécessaires pour survivre à une nouvelle attaque. Tu sais entre deux cris de douleurs, je pensais à toi – ton visage rayonnant. Ton rire cristallin. Les fluctuations de ta longue robe blanche à l’autre bout de l’allée. J’étais à un million d’années de te retrouver, mais je rassemblais les derniers morceaux de ma dignité pour rester fidèle à nos vœux de mariage.

La froideur de la céramique s’infiltrait en moi comme un poison. Mes bras oscillaient à droite puis à gauche afin de se positionner correctement. Sous le faible éclairage de la lune, je tentais de m’accrocher aux derniers espoirs de rédemption, mais toutes les valeurs précieuses de la vie me filaient entre les doigts. Je m’arrêtai un instant sur mes pensées. Olivia avait connu bien des amants et je ne pouvais m’empêcher de comparer leur vaillance à ma médiocrité. J’étais immanquablement suspendu à son cou, refusant de lâcher prise comme un enfant égaré – mais le temps suivait son cours dans son monde. Elle avançait toujours tandis que je m’étais arrêté au milieu de la route. J’ai besoin que tu reviennes. Tu m’as brisé le cœur. Je ne veux plus te voir mais je sais, que je ne supporterais pas de vivre sans toi. Je me sentais si sale et démuni. La petite étincelle d’amour que je croyais encore voire sur son visage, était éteinte et irréelle. Quelle soirée dramatique ! Je ne voulais plus vivre dans le mensonge et pourtant, je lui cachais encore des choses sur ma captivité. Je ne lui parlais jamais de mes humiliations ni des compromis que j’avais dû accepter pour survivre à mon ennemi. En fin de compte, il ne s’agissait que d’un combat de vanités. Je ne supportais pas de l’avoir perdu. Je fermais les yeux avec douleur. Le sommeil refusait de m’offrir quelques heures de répit, mais la fatigue me plongeait dans un état de semi-éveil atroce ; entre la mort et la vie. J’entendis la porte de la salle de bain s’ouvrir, et je su sans sursauter qu’Olivia était à ma recherche. Je serrais mes lèvres en la sentant se glisser contre mon torse maigre. Mes bras accueillirent sa silhouette fantomatique avant que je ne plonge mon visage dans ses longues boucles dorées. J’humais discrètement son odeur avant de remarquer, pour la première fois depuis nos retrouvailles, qu’elle s’était rasé la moitié du crâne. Je passai un doigt tremblant sur sa tempe chaude. « Tu ne devrais pas être ici. » Murmurai-je avec lenteur. Je levai son menton vers moi, puis j’esquissai l’ombre d’un sourire. « Tes cheveux… » Elle était si proche de moi et pourtant elle restait inatteignable. Je déglutis en me détournant. . « C’est … sympa … » Ma gorge tremblait légèrement. Je voulais qu’elle parte. Je voulais qu’elle retrouve la chaleur du matelas au lieu de subir mes folies. Je ne voulais pas qu’elle me voit dans cet état. « Olivia … » Commençai-je en me crispant sous la couverture. « Je sais que tu as besoin de moi … » Je comprenais sa détresse, mais en cet instant, je me retrouvais dans l’incapacité de la rendre heureuse. Je ne pouvais pas la prendre à bout de bras et lui confier l’ampleur de mon amour. Je ne pouvais pas prononcer les mots fragiles, tendres et romantiques qu’elle méritait d’entendre. J’adressai un dernier regard au plafond avant de la pousser délicatement.« … mais je vais avoir besoin de toi encore plus. » Ce n’était pas juste. Ma voix vibrait avec une gravité tragique. Je ne voulais pas la rejeter– au fond, je ne désirais que la sauver de mon malheur. Plus rien n’était comme avant. « Vas te recoucher, s’il te plait. » Susurrai-je en posant ma main sur sa joue. « Je ne peux pas me retenir... d’être … comme … ça … » Avouai-je les yeux larmoyants.

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Anonymous
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() message posté Mar 24 Mar 2015 - 16:50 par Invité
do monsters make war or does war make monsters? ;; build me back together till i am wiser, till i am worthy. it is a strange thing to love one's damnation. but perhaps not so strange, when she is also your salvation. ✻ ✻ ✻ La céramique de la baignoire m’arracha plusieurs frissons, lorsque ma peau à découvert rencontra les parois fraiches. Cependant, je ne laissai pas un seul son m’échapper, et je m’allongeai contre mon mari en silence, ramenant sur nous la couette que j’avais pris le soin de récupérer avec moi. Je me blottis contre la chaleur de son corps avec pudeur ; j’étais mal installée mais j’avais l’impression que le prix à payer, pour être en sa présence, était bien plus que raisonnable. Je fermai les paupières avec douceur, écoutant avec attention le rythme de ses respirations.
Au fond de moi, j’avais peur. Peur qu’il ne me rejette, peur qu’il ne me fasse comprendre que mes gestes étaient sans doute déplacés. Cela faisait des semaines que je tentais de calquer mes propres gestes sur ses réactions ; j’avais conscience d’engendrer des échecs de temps à autre. Isaac avait la décence de ne jamais me le faire remarquer, mais j’étais suffisamment lucide en croisant son regard pour comprendre que je n’avais pas fait les bonnes choses. Pour comprendre que je n’avais pas eu les bons gestes. C’était étrange, quelque part, de me contrôler pour réapprendre à vivre avec cette personne que j’avais connu toute mon existence ; c’était étrange d’avoir si peur de faire des erreurs alors que j’avais passé le plus clair de mon temps, auparavant, à ne même plus réfléchir à ce que je pouvais bien faire en sa présence. Il m’était étranger et familier à la fois. Il me paraissait sauvage et brisé et, le pire dans tout cela, était que je ne savais pas quoi faire pour l’aider. Cela me rongeait, cela me tourmentait. Je voulais tout faire pour lui et je me retrouvais piégée par l’inconnu. Je voulais tout faire pour lui mais je n’arrivais à rien. Rien, rien, rien. Rien du tout. « Tu ne devrais pas être ici. » me dit-il dans un murmure. J’ouvris les paupières en guise de simple réponse, ne désirant pas commencer à le contredire. Je ne voulais pas qu’il se sente offusqué ; j’espérais pouvoir m’imposer par ma simple présence, sans avoir à user de mots pour le convaincre, autrement, je partirais sans doute. Je n’avais pas suffisamment de courage pour me battre contre lui. Je n’étais pas suffisamment forte pour accepter de le voir m’échapper à cause de malheureuses paroles. « Tes cheveux… C’est… Sympa… » Ses doigts me touchaient le crâne, fébriles, comme s’il avait peur de faire une erreur. J’esquissai un sourire, la tête dans sa direction, la joue contre son torse. Etait-ce mal, de me sentir à ma place, en cet instant ? Etait-ce mal de trouver du réconfort dans cette proximité que j’étais la seule à tolérer réellement ? Oui, non, peut-être. Je chassai mes pensées, ne désirant pas m’attarder sur les questions les plus existentielles qui pouvaient m’obnubiler. « Tu n'aimes pas ? » demandai-je avec douceur. Cela ne m’étonnait même pas qu’il ait mis tant de temps à s’en rendre compte ; je m’appliquais toujours à soigneusement coiffer mes cheveux de sorte à ce que mon crâne rasé passe inaperçu. « C'est pas grave. C'est juste beaucoup plus pratique comme ça. » Je fermai les paupières. Je ne faisais pas partie de ce genre de personnes qui se formalisaient de l’avis des autres ; j’avais conscience d’être d’une beauté singulière et étrange, et écouter les critiques des autres ne m’auraient sans doute apporté que de la tristesse et de la rancœur. Je m’étais enfermée dans ma bulle. Je m’étais protégée.
Le silence me paraissait réconfortant. Le silence me donnait l’impression qu’Isaac voulait de moi à ses côtés, qu’il me pardonnait comme je ne m’étais jamais pardonnée. Mais ce n’était qu’éphémère. Je l’avais compris bien avant qu’il ne reprenne la parole. « Olivia… Je sais que tu as besoin de moi … Mais je vais avoir besoin de toi encore plus. » Il ponctua ses paroles en me poussant légèrement. Je conservai un visage impassible, tant bien même que ses gestes me blessaient au fond de mon cœur ; je ne bougeai pas, cependant, paralysée par ses confessions. « Va te recoucher, s’il te plait. Je ne peux pas me retenir… D’être… Comme… ça… » Je fermai les paupières pour rassembler mon courage. J’entendais sa détresse résonner jusque dans sa cage thoracique. Je me surpris à compter mes inspirations pour me redonner une certaine contenance ; puis, finalement, je me redressai légèrement pour le surplomber. Mon regard croisa ses yeux humides dans la pénombre ; je distinguais mal ses traits, mais je savais que je le reconnaissais. Je savais que j’avais devant moi l’homme que j’avais aimé dès mon plus jeune âge. « Je te prends comme époux pour le meilleur et pour le pire… » commençai-je à réciter dans un murmure. « … Dans la richesse et la pauvreté, dans la maladie et l'adversité, je promets de t'aimer et de te chérir tout au long de ma vie. » Je lui rappelai ces mots que j’avais appris par cœur avec le temps, ces mots qui nous avaient hanté, sans doute, tous les deux. Ces mots qui signifiait le monde entier à mes yeux et qui, pourtant, étaient devenus aussi tranchants qu’un couteau. Sa main était contre ma joue mais j’avais l’impression qu’il ne désirait pas réellement avoir de contact avec moi ; il était loin parce qu’il s’éloignait de ma présence. Il était loin parce qu’il instaurait, lui-même, une distance de sécurité. « Pour le pire. Dans l’adversité. Ce n’était pas des paroles en l’air, Isaac. Je les pensais toutes. » Du bout des doigts, je parcourus l’arête de sa mâchoire. Il y avait tant de mots que j’avais envie de lui dire et que je gardais pour moi, par simple peur de l’effrayer. Par simple peur de le brusquer. Isaac, dis-moi. Dis-moi ce que je peux faire pour toi. « Je ne veux pas que tu te retiennes pour moi. Je sais que je ne suis pas la personne la plus forte du monde… Mais je te jure que je peux t’accepter tel que tu es. Même si tu es ravagé. » poursuivis-je dans un murmure. « Tu te souviens quand j’ai perdu notre bébé ? J’étais dévastée mais tu t’es occupé de moi. C’est à mon tour, Isaac. Laisse-moi m’occuper de toi. » Je me demandais s’il entendait ma gorge serrée, s’il entendait mes maux de tête. Je me demandai s’il entendait la sincérité de mes paroles, s’il entendait que je pensais chaque mot, chaque syllabe, chaque consonne et voyelle.
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