(✰) message posté Ven 15 Mai 2015 - 14:47 par Invité
“ And yes, I’ll admit, I am jealous. I’m jealous of every minute you spend with him, of every concerned expression you send his way, of every tear shed, of every glance, every touch, and every thought. I want to rip him to pieces and purge him from your mind and from your heart. But I can’t because I am dead.” ✻ Je n’essayais même pas de justifier la dualité de mes pensées. Je savais exactement ce qui se passait à l’intérieur de ma poitrine ; c’était les feux d’artifices qui avaient fini par tout brûler, c’était la rage incommensurable, l’échec cuisant et l’angoisse perpétuelle qui avaient fini par tout détruire. Je restais agenouillé sous le vent, mais en vérité, c’était mon cœur qui ployait face à l’adversité. Je relevai lentement mes yeux embués vers le ciel. Les nuages cheminaient autour de ma tête, l’air frais s’engouffrait dans mes poumons et la ville bourdonnait autour de moi, mais je me sentais toujours captif de ma prison afghane. Il ne suffisait pas de rendre sa liberté à un homme pour le voir sourire. J’étais un soldat de l’armée américaine que l’on appelait le chanceux . Je pensais que la lumière divine se trouvait toujours au bout du tunnel, mais mon existence toute entière n’était qu’une succession de croyances bafouées et de convictions déchirées. Je m’étais battu contre l’injustice et la tristesse de la séparation, pour au final me retrouver nez à nez avec cette femme froide et glaciale dont le visage affligé avait jailli du fin fond de ma mémoire. Je sursautai de peur avant d’enlacer ma poitrine tremblante. Je ne peux plus continuer comme ça. Je ne peux plus supporter. Tu m’as expatrié alors que j’ai passé quatre longues années loin de ma maison. Le luxe, le raffinement et la noblesse m’étouffent. J’ai évolué dans la crasse, Olivia. Je suis sale et brisé. Je suis incapable de me sentir content de mon sort, même après mon retour. Je me voile la face pour toi. Personne ne comprend le clown. Je lançai une longue plainte douloureuse avant de chanceler au rythme de ma respiration. Je prenais sans aucun enthousiasme la voie de la perdition. Nous aurions pu célébrer nos retrouvailles divines comme l’ébauche d’un rêve d’absolution, mais le désert avait fini par nous éloigner des chemins du cœur. L’époque de notre amour me semblait désormais révolue. J’avais perdu depuis si longtemps le gout de ce bonheur, qu’il avait fini par me quitter progressivement, jour après jour. Je pense avoir vidé tous mes espoirs entre les revers de ces années flétries. Je m’étais juré de te dédier toute ma dévotion si les Dieux m’épargnaient une dernière fois, mais tu n’es plus la mienne. Je comprends tes erreurs mais le chaos a déjà envahit notre mariage. Je pense que je veux partir. Parfois, je longe les couloirs de la base militaire pour signer les papiers de ma résurrection administrative, mais je n’ai qu’une seule envie : me noyer dans l’oubli à nouveau. Peut-être avais-je été ensorcelé et transformé en bête sauvage. Je rejetais la civilisation et les codes d’éthiques avec une violence qui me surprenait moi-même. Une haine fatale m’opposait indéfectiblement au reste du monde. Je me penchai, agonisant, vers le sol. Ferme-là, ne me parle plus. Les barreaux de ma prison me suivaient comme une ombre. Je déglutis en serrant les poings mais mes grands gestes nerveux n’avaient aucune importance, rien ne pouvait extirper la douleur de mon être. Que ferais-tu à ma place ? Combien de temps encore dois-je attendre ? S’il te plait, va-t-en maintenant. Il y a deux ennemis qui s’affrontent à l’intérieur de ma tête, me jugeant, me brisant, me condamnant à une éternité de désarroi. Je ne vacillerais plus jamais vers toi. Je veux vivre dans l’attente d’un lendemain morne et obscure. Je suis peut-être trop lâche pour mériter le repos de la mort. Je claquai des dents en comptant les fluctuations du temps. Olivia avait été parfaite, elle m’avait caressé avec délicatesse et comblé d’attention, mais à chaque fois qu’elle accomplissait une bonne action, je me rétractais avec nonchalance, méprisant de manière sanglante toutes ses vertus ridicules. Je n’ai pas besoin de soins. Je n’ai pas besoin de manger ou de dormir dans un lit – J’ai besoin de savoir que tu m’as attendu après la mort. Que toutes les pensées malsaines que tu as dirigées vers tes amants ne sont que des mensonges. Je me noie dans la profondeur de ton regard pour oublier mes blessures de guerre, mais à présent le miracle s’évanouit dans le néant. Tes halètements charnels se mêlent aux cris de douleurs de mes camarades de commando. Je te pardonne mais … Je me recroquevillai sur le balcon afin de me visualiser les derniers événements de la soirée. Ma verge aussi dure que l’acier afin transpercé son entre-jambe sans aucune restriction. Je n’avais eu aucun doute sur la marche à suivre. J’avais forcé la porte de l’enfer afin de m’engouffrer dans une dimension différente. C’était un sortilège maléfique, une présence supérieure – je n’avais plus aucun libre arbitre. J’aimerais tellement que ce soit fini. La souffrance physique prenait le dessus sur mes affections psychologiques. La culpabilité grouillait dans mon système défectueux comme une poison. Je me comportais comme un sauvageon, grognant et agitant les bras dans tous les sens dès que je ressentais la moindre hostilité envers les autres. Ma gorge se serra brusquement et je toussai afin d’expier plusieurs gouttes de sang sur mes paumes chevrotantes. Les traces des coups que l’on m’avait infligés commençaient peu à peu à disparaitre. Mes bras étaient moins fragiles comme si j’avais simplement tout inventé. Je m’emportais le trouble dans l’âme. Je ne voulais pas te blesser, Olivia. Je ne voulais pas revenir et briser l’équilibre que tu avais imaginé sans ma présence. Je n’avais plus aucune discipline, je glissai vers la rampe afin de m’adosser au muret qui nous séparaient du vide. « Personne n’est là pour écouter tes prières, Isaac ! Cesse d’attendre un miracle qui n’arrivera jamais. Cesse de te cacher derrière une excuse pareille pour justifier tes actes. Tu as vécu pire qu’un enfer mais ça ne change rien. Tu es responsable de ce que tu fais, désormais. Toi et toi seul. » J’enfouis mon visage dans les plis de ma chemise de nuit en reniflant. J’entendais les bourdonnements des chars de guerre à nouveau. Les tempêtes de sables crées par les projectiles dissimulaient le paysages sur plusieurs KM, mais je refusais de me cacher. Je portais l’honneur de ma patrie dans mon cœur. J’avais toujours refusé de me cacher ! Comment pouvait-elle dire ça ? Je frissonnai à cause de la fièvre. Ils étaient tous morts mais je pataugeais dans le sang afin de me relever. Les mains qui avaient agrippés mon col m’avaient secoué avant de me voler toutes mes illusions de puissance. Les talibans avaient commencé par me cracher au visage avant de me trainer à l’arrière de leur jeep jusqu’au village voisin. Je vais exploser. Mes sanglots étouffés bloquaient toute entrée d’air dans mes poumons. Je me redressai en tremblant de tout mon corps. Mes jambes s’étaient raidies brusquement. J’ouvris la bouche à la recherche d’un nouveau souffle de vie mais tous mes instincts finissaient par se dissiper au gré de sa voix, « Je ne sais rien de ce qu’il s’est passé, c’est vrai, mais c’est parce que tu ne t’es jamais donné la peine de me raconter, alors que tu sais très bien que je ne te jugerai pas. » Je ne l’entendais pas. Les danses américaines s’étaient introduites dans mon univers troublé. Le feu s’élevait devant mes paupières alors que je tentais de me dérober de sa prise. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Isaac ? Tu as vu comment tu te comportes avec moi ? Les silences que tu m’imposes ? L’attitude que tu me réserves ? Je n’ai pas été ta femme ces derniers mois, non. Et hier j’ai eu l’impression d’être ta pute. Je ne vais pas me taire pour te faire plaisir. Je ne vais pas me taire parce que tu me le demandes. Parce que je suis fatiguée, Isaac. J’ai l’impression que tout ce que je fais ne rime à rien parce que tu n’en as strictement rien à faire. Je ne sais rien de ce qu’il s’est passé, c’est vrai, mais c’est parce que tu ne t’es jamais donné la peine de me raconter, alors que tu sais très bien que je ne te jugerai pas. » Olivia rythmait mes hallucinations sans que je ne puisse m’accrocher à la réalité. J’étais blessé par un lance-rocket invisible. Je me vidais de mon sang au fond d’une cellule sombre et morbide, avec seulement l’écho d’un rêve comme compagnon. J’essayais d’articuler des phrases bien construites pour la prévenir du danger qui nous guettait, mais les mots s’écrasaient contre les lames en acier qui transperçaient mon cœur. Je lançai un cri d’horreur en continuant d’exercer des tractions contre le mur. « Laisse-moi … » Susurrai-je en sentant les filets de sueur rouler le long de mes joues. « Ne t’occupes pas de moi. Ne fais plus rien. Je ne te jugerais pas. » Sifflai-je d’une voix fatiguée. De toute façon, je n’ai pas le droit de juger ni de blâmer. Il faut que je fasse le deuil de mon ancienne vie. C’est ce que le monde attend de moi. C’est ce que tu attends de moi. Que je me réveille avec l’air enjoué et taquin d’un jeune marié, et que je te prenne tendrement sous les draps en soie d’un lit de princesse arabe. Mais je ne peux pas. Je ne veux pas. Je ne t’aime plus comme avant.
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(✰) message posté Mar 26 Mai 2015 - 22:29 par Invité
Do monsters make war or does war make monsters? ;; build me back together till i am wiser, till i am worthy. it is a strange thing to love one's damnation. but perhaps not so strange, when she is also your salvation. ✻ ✻ ✻ Je parlais dans le vide, je parlais sans que cela ne lui importe, je parlais sans qu’il ne se donne la peine de me répondre. Je parlais comme si mes mots ne faisaient que raisonner dans mon esprit fatigué, comme si je ne les avais jamais prononcé à voix haute, comme s’ils s’étaient perdus dans les tréfonds de son dédain. Je parlais mais je ne me faisais pas entendre. Je parlais mais il n’en avait que faire. Ma douleur brûlait ma gorge, alors que son silence pesant ne faisait que témoigner de ce que j’avais bien pu lui dire. Ne faisait que justifier mes reproches. J’avais l’impression que, d’une certaine manière, c’était sa façon de me donner raison. Sa façon de me faire comprendre que je ne me trompais pas. Il ne me considérait pas comme sa femme, non. Il ne me témoignait pas suffisamment de respect pour que je puisse croire l’inverse. Mon cœur se serra dans ma poitrine. Je voulais bien lui accorder tous les erreurs et le pardonner pour tous ses préjudices mais je ne savais même pas si cela valait la peine, si continuer dans cette voie n’était pas de l’entêtement puérile et de l’acharnement vain. Mais je ne savais même pas si j’avais suffisamment de courage d’accuser tous les coups de couteau qu’il infligeait à mon cœur. Je ne savais même pas si je pouvais encore prétendre d’être vivante en ne survivant qu’à genoux. Tu ne te rends pas compte, Isaac. Tu ne te rends pas compte de tout le mal que tu me fais. Tu ne comprends pas, Isaac. Tu ne comprends pas que de cette manière tu ne fais que m’inciter à fuir. Ou, alors, peut-être le fais-tu volontairement. Peut-être veux-tu que je m’en aille. Peut-être veux-tu te débarrasser de moi. Mais, si c’est ça, Isaac, s’il te plait. Cesse de jouer avec mon courage. Cesse de m’épuiser. Cesse de me blesser. Dis-le à voix haute et laisse-moi tranquille. Dis-le à voix haute et brise tous mes rêves tout de suite au lieu de me laisser agoniser dans mes espérances vaines. Je refusais de l’observer, je refusais de m’apitoyer sur son sort, je refusais de le sermonner de se redresser. Je le laissais se comporter comme un sauvage même si cela me coutait ; il s’était bien appliqué, après tout, à me faire comprendre que parler était comme parasiter son espace vital. A me faire comprendre que parler n’était même pas dans mes options. Il n’en avait que faire, après tout. De moi, de mes mots, de mes efforts. Il n’en avait que faire de m’avoir blessé hier soir et j’avais l’impression que ses excuses n’avaient été que pour la forme. Qu’une manière détournée de me considérer comme une idiote compatissante capable de pardonner aux moindres excuses pour recommencer à rendosser son rôle de potiche à l’écoute. Ma gorge se serra violemment quand ces pensées acides effleurèrent mon esprit ; cela me blessait, oui, de me rendre compte que cela pouvait réellement être une possibilité, mais je savais que cela ne changerait en rien les faits. Oui, je lui en voulais. Oui, il me blessait. Oui, je désirais continuer de parler, continuer de m’exprimer. Oui, il allait me repousser. Oui, après tout cela, je continuerais. Je continuerais de prendre soin de lui. De m’en faire pour son bien être. Peut-être n’étais-je qu’une potiche compatissante. Peut-être n’étais-je qu’une aide à domicile pour cet homme incapable de me témoigner le moindre respect. Je le savais, au fond de moi. Je le savais mais je ne faisais rien, absolument rien, pour retrouver un semblant de dignité. « Laisse-moi… » dit-il et je fus secouée d’un rire sans joie, d’un rire dénué d’amusement. « Ne t’occupe pas de moi. Ne fais plus rien. Je ne te jugerais pas. » J’eus envie de m’emporter. J’eus envie de lui crier que c’était son devoir de ne pas me juger. Son devoir de comprendre que je m’exténuais pour lui. Après vint la douleur. Celle de constater que je ne m’étais pas trompée. Je sentis les larmes émerger aux coins de mes paupières et je fermai violemment les yeux pendant quelques instants pour les ravaler. Puis, finalement, je fis un pas en arrière sans même le regarder. Les mains crispées sur ma tasse de café, je pris une profonde inspiration mais rien n’y fit. Il y avait toujours ce manque, dans ma poitrine. Il y avait toujours cette absence, à l’endroit où s’était un jour trouvé mon cœur. « Je vais te préparer ton petit-déjeuner, » marmonnai-je, la gorge enrouée. Je toussai à plusieurs reprises pour retrouver une certaine contenance, mais j’en étais bien incapable. « Tu aurais pu au moins faire un effort. » Je tournai les talons pour ouvrir la baie vitrée sans attendre la moindre réponse de sa part, me faufilant à l’intérieur de mon appartement. Je croisai le regard de mon plus petit frère, Bleizian, lui adressant un sourire comme si tout allait bien, avant de me diriger vers la cuisine. Je posai ma tasse sur le plan de travail, puis je fermai les yeux en comptant mes inspirations. Un. Je m’appelais Olivia Marshall. Deux. J’étais mariée à Isaac Von Ziegler. Trois. Il était vivant. Il avait toujours été vivant. Le monde ne s’en était simplement pas rendu compte. Quatre. Vivre. Je devais continuer de vivre. Cinq. Tout allait bien. Tout irait bien. Tout était obligé d’aller bien. Je rouvris les yeux avant de finalement me tourner vers le réfrigérateur afin d’attraper plusieurs aliments. Je sortis le verre gradué et la balance pour mesurer chacune des choses que je préparais pour mon mari, l’esprit intégralement focalisé sur ma tâche. C’était ainsi, que j’avais survécu, ces dernières années. Ainsi que j’avais continué de vivre. Ainsi que j’étais parvenue à mettre un pas devant l’autre. Mais, aujourd’hui, je n’étais même plus sûre que cela suffise. Mais, aujourd’hui, j’avais l’impression que je ne pouvais plus occuper de mon esprit de cette manière. Je n’avais plus aucune confiance, plus aucune foi. Isaac s’était bien assuré de bien tout réduire en cendre dans mon âme d'ancienne veuve éplorée.