James & Faustine ▵ pour une surprise !

Travailler toujours plus. Ne plus penser. Comme à son habitude, James n’avait pas l’intention de ménager ses efforts. La convention annuelle de Boston, réunissant les plus grands éditeurs mondiaux, devait avoir lieu la semaine suivante et James avait encore une tonne de choses à faire avant son départ. Il n’était jamais simple pour lui de confier son empire à un tiers, même s’il s’agissait de son bras droit. James avait toujours peur que Jeffrey commette une erreur tactique, qu’il oublie de répondre aux multiples demandes émanant de leurs collaborateurs, passe à côté d’un manuscrit intéressant ou refuse de signer un contrat important par exemple. En somme, James était le patron des lieux et il aimait bien avoir la main mise sur à peu près tout. Il était un maniaque du contrôle et ne supportait pas que le moindre petit élément lui échappe. Ceci était valable au niveau professionnel, mais également au niveau personnel. Autant dire que ces derniers temps, sa vie n’était qu’un vaste chaos dont il se serait volontiers passé. De nombreuses questions le tracassaient et il avait beaucoup de mal à trouver des solutions à la fois raisonnables et acceptables. Bizarrement ce matin-là, James n’emprunta pas le chemin de sa maison d’édition. Il avait envie de prendre un peu l’air, de se changer les idées. Arpentant les rues de Londres, pensif, l’éditeur tenta de faire le point. Instinctivement, ses pas le menèrent jusqu’à l’hôpital où travaillait Faustine. Il avait rencontré cette jeune demoiselle un peu par hasard quelques semaines plus tôt. Le destin fait parfois bien les choses puisque étonnement, ces deux-là s’étaient trouvés de nombreux points communs. James avait trouvé sa présence particulièrement agréable, à tel point qu’ils étaient restés en contact. Du coup, pourquoi ne pas s’arrêter lui dire bonjour ? Bien entendu, il n’était pas certain que la jeune femme soit disponible, elle devait certainement avoir beaucoup de travail et il ne la dérangerait pas bien longtemps. Il voulait juste s’assurer qu’elle allait bien. Ne sachant pas précisément dans quel service travaillait Faustine, l’éditeur demanda conseil à une infirmière qui lui proposa d’attendre à la cafétéria que la demoiselle le rejoigne. Il n’attendit pas bien longtemps. Dix minutes, tout au plus. C’est alors qu’il reconnut sa voix.  « James ! » Tournant la tête dans sa direction, l’éditeur afficha un large sourire. Faustine était vraiment radieuse. Un véritable rayon de soleil, comme toujours.  « Tu es magnifique dis donc, ça te réussis d’être amoureux ! Quel bon vent t’amène ? Si tu savais combien ça me fait plaisir de te voir !! En plus tu tombes impec, comme si tu l’avais deviné d’avance, j’ai une heure devant moi… donc je n’aurais même pas à t’abandonner tout de suite ! » Faustine ne s’en doutait pas le moins du monde, mais l’ironie de sa remarque lui sauta aux yeux. Qu’importe. Habitué à ne pas se laisser trahir par ses émotions et surtout, véritablement heureux de la revoir, il ne préféra pas rétorquer quoi que ce soit concernant sa vie sentimentale. « Ca me fait très plaisir également.  Comme tu es très occupée, j’avais peur d’empiéter sur ton temps mais je suis ravi de tomber au bon moment. Je passais dans le coin alors je me suis dit que j’allais tenter ma chance. J’avais simplement envie de te voir, de m’assurer que tout va bien. » Pas seulement elle, en réalité. Le bébé aussi. Bizarrement, c’était un sujet qui lui tenait à cœur ces derniers temps. Quoi qu’il en soit, Faustine était vraiment rayonnante. « Est-ce que je peux t’offrir quelque chose ? A boire ou à manger d’ailleurs ? Ça ne vaut sûrement pas un quatre étoiles mais c’est pas trop mal ici, tu peux me faire confiance ! » Sa remarque le fit sourire de bon cœur. Il est vrai que James avait tendance à dénoter dans un tel endroit. L’homme fortuné qu’il était n’avait pas vraiment l’habitude de manger dans une cafétéria. Oh il n’avait rien contre ça, non. Disons juste qu’il n’en avait que rarement l’occasion. Prenant place face à Faustine, il esquissa un sourire ironique tout en jetant un coup d’œil tout autour de lui. Cette atmosphère immaculée avait tendance à l’angoisser. Il n’aimait pas les hôpitaux. Il avait même clairement horreur de ça. « En cas d’empoisonnement intempestif, je connais un super médecin qui pourra me venir en aide. » ironisa-t-il de nouveau. « Je prendrai volontiers un café. Mais c’est moi qui t’invite. Tu m’as déjà fait l’affront de payer notre dernière note, je n’ai pas l’intention de te laisser recommencer. » fit-il semblant d’être offensé. Plongeant son regard dans celui de la jeune femme, il retrouva son sérieux et esquissa de nouveau un léger sourire. « En tout cas, tu es … radieuse. Comment te sens-tu ? »