"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici FB ▬ It's over now the music of the night ♐ Shalian 2979874845 FB ▬ It's over now the music of the night ♐ Shalian 1973890357
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Sharona K. García-Brown
Sharona K. García-Brown
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() message posté Sam 22 Nov 2014 - 22:11 par Sharona K. García-Brown
It's over now the music of the night
ft. Julian P. Fitzgerald && Sharona K. Garcia-Brown
Samedi 22.11.2014 • Piccadilly Circus • Her Majesty's Theater
Ca fait un mois. Un mois que je suis là. Un mois et je pensais pas que je resterai aussi longtemps sans vraiment un chez moi. N'empêche que Tyler avait raison, c'est supra cher, et la coloc, c'est finalement pas si facile à trouver. Et ça me saoûle, vraiment. J'ai fait quelques visites, avec plus ou moins de succès. Plutôt moins que plus. Je me suis même pris la gueule avec un gars qui demandait je sais même plus combien pour un taudis. Du foutage de gueule. Et même si Ty' dit rien au fait que je sois encore chez lui, je crois que ça nous pèse à tous les deux. En tous les cas, ça me pèse à moi. Je suis contente d'avoir été près de lui, et rencontré son meilleur ami, mais n'empêche, ne pas avoir mon indépendance et être à ses crochets, ça me plaît pas. Alors d'accord, déjà, j'ai un petit job. Un nouveau compte en banque aussi, ici - et la carte visa du compte sur lequel mes parents ont encore procuration et qu'ils m'ont bloquée reste dans un coin depuis, je sais même pas pourquoi je la garde, d'ailleurs. Mais j'ai quand même pas ma propre adresse. Et je voudrais vraiment bien arrêter de squatter chez mon pote même s'il est adorable et que parfois, il a vraiment besoin qu'on lui secoue les puces - ça tombe bien, je suis pas du genre à pas le faire.

Le hic avec le fait de n'avoir qu'un petit job pas très glorieux et plus beaucoup de ressources, c'est que je compte un peu tout le temps tout ce que je dépense. Et donc que... me faire plaisir, ça reste limité. Je suis venue ici, j'ai fait ma touriste et je me suis promis d'aller voir des spectacles mais... au final, j'en ai encore pas vu un seul. Parce que c'est pas donné ces conneries, et que même si en soit, je paie pas de loyer pour l'instant, il était hors de question que je participe pas un minimum aux charges, et ça bouffe déjà une bonne partie de ce que je gagne. Et le reste... est un peu utilisé pour avoir une caution, aussi. Alors les loisirs, ça passe vraiment à la trappe.

Ca m'empêche pas de me balader du côté de St James, et de pousser régulièrement vers Victoria ou Piccadilly, et de rêver devant les théâtres. Ce soir, c'est près de Piccadilly que je me promène, les mains dans les poches. C'est pas la première fois que je m'arrête devant le Her Majesty's Theater sur Haymarket, après avoir soupiré devant la Royal Academy of Arts. Tout ça, c'est un monde auquel j'appartiendrai jamais maintenant. Et même si ça fait longtemps à présent et que je me suis un peu résignée, ça n'empêche que par moments, ça reste pas facile de l'accepter. Et je suis là, à observer la devanture illuminée du théâtre. Je sais bien que j'ai pas les moyens, je connais même déjà les prix par coeur. Mais ça m'a pas empêchée de m'approcher, de venir regarder les tarifs, comme s'ils avaient changé drastiquement depuis la dernière fois. Je finis par lever une main et la poser sur la plaque avec l'affiche du Fantôme de l'Opéra.

« Si seulement... »

Si seulement je m'étais pas blessée, si j'avais pu continuer à danser. Si seulement j'avais plus de moyens - ou si j'acceptais de recontacter mes parents. Mais non, tout ça, c'est pas vraiment d'actualité. Ca le sera même plus jamais pour ce qui concerne ma carrière de danseuse. Ca aurait pu être, fut un temps, mais c'est terminé. Et je peux pas m'empêcher de penser à la scène du ballet, là, et de me demander comment ils l'auront mis en place et à quoi peut ressembler la chorégraphie... Mais j'aurais sans doute jamais la réponse à cette question.
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() message posté Jeu 8 Jan 2015 - 13:08 par Invité
“Deep into that darkness peering, long I stood there, wondering, fearing, doubting, dreaming dreams no mortal ever dared to dream before. ” Je crispai mes doigts autour de mon manteau en laine sombre avant de soupirer comme un enfant exaspéré. Le vent d’hiver soufflait cruellement d’un bout à l’autre de la longue rue de Soho, animant les feuilles de papier et autres emballages qui jonchaient partout sur le sol givré, et je souris, amusé par cette vision mélancolique. Il n’y avait personne autour de l’obscurité, personne pour dicter ou commander ma pensée. J’étais bien loin de Times et des airs pompeux de mes supérieurs, toujours avides de faire plus de profits. J’étais bien loin d’Eugenia et des supplices qu’elle pouvait bien m’infliger– Puis Athéna n’était pas là pour me combler de sa compassion mensongère. Depuis que j’avais découvert son lien étroit avec mon cousin, quelque chose s’était brisée en moi. Je lui avais accordé ma confiance une fois et je peinais à pardonner ses affronts. Je secouais la tête frénétiquement. Soit. Ce soir, je n’étais plus Julian Fitzgerald le journaliste désabusé, ou l’amoureux éploré, je n’étais ni un auteur en devenir ni un poète en manque d’inspiration – je n’étais qu’une ombre gémissante qui bravait vaillamment le froid avant de se fondre dans la masse. Je fronçai les sourcils en dévalant les marches qui conduisaient jusqu’au sous-sol du métro, puis dans un élan de folie je rebroussai chemin. J’avais deux places pour le Her Majesty's Theater ; le fantôme de l’opéra, et aucune envie d’y aller. Il ne fallait pas se leurrer, j’avais l’âme philosophe et la passion littéraire, mais mes aspirations allaient au-delà des spectacles artistiques et de la jovialité feinte sur une scène montée de toute pièce. Je n’y croyais pas. Je n’y croyais plus. Je sortis lentement une cigarette, avant de me poster en face de l’affiche colorée. Mes yeux ombrageux fendirent l’air, analysant chaque pli de la chemise médiévale qui ne recouvrait qu’à moitié le torse du maître des illusions ; Erik – l’être au visage hideux, et au désespoir écrasant. Je déglutis avant de cracher mes poisons ; les filets de fumée grise valsaient autour de mon souffle avant de disparaitre dans les voussures du ciel. Je me penchai avec recueillement avant de remarquer une silhouette à ma droite. La jeune femme semblait presque aussi absorbée par le spectacle que je l’étais – à la différence près qu’elle avait le regard mouillé de ferveur. Je me raclai la gorge avant de faire un pas en avant, annonçant ainsi mon intrusion imminente dans sa bulle de solitude.

« Si seulement quoi ?» Commençai-je d’une voix mélodieuse. « Si je peux me permettre bien sûr – Si seulement quoi ?» Je redressai mes épaule d’un air noble et bien entendu avant de lui tendre la main d’un geste courtois. « Je m’appelle Julian. Julian Fitzgerald.» Mon visage se déforma, à mi-chemin entre le sourire et la grimace du Joker.


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Sharona K. García-Brown
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() message posté Ven 9 Jan 2015 - 0:13 par Sharona K. García-Brown
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Samedi 22.11.2014 • Piccadilly Circus • Her Majesty's Theater
Je dois avoir l'air un peu con, là, à soupirer devant cette affiche. Et je suis frustrée, c'est rien de le dire. J'aimerais faire partie de ce monde, en sachant pertinemment que ça n'arrivera plus jamais. C'est pas comme si j'étais capable de chanter, et la danse est à présent hors de portée. Quant à rester simple spectatrice... J'ai pas vraiment les moyens de mettre des dizaines de livres là-dedans, bien que ça soit pas l'envie qui manque, loin de là. Et il est hors de question que je quémande ça à qui que ce soit. Aucune chance donc, pour que je sois un jour dans cette salle, ni en tant que danseuse, ni en tant que spectatrice. Et ça se voit sans doute sur ma tronche, donc, que ça me bouffe, mais je crois qu'il y a un moment que j'ai plus vraiment conscience des gens autour. Jusqu'à cette gorge qui se racle près de moi et me fait sursauter trop violemment.

« Si seulement quoi ?
- Oh euh... »


C'est qui ce type ? Je me suis presque aussitôt reculée, redoutant un contact que je suis loin de rechercher. Et je lui réponds quoi d'ailleurs ?

« Si je peux me permettre bien sûr – Si seulement quoi ?
- Rien... Je euh... »


J'emmerde déjà pas Ty' avec mes regrets et mes désillusions, je me vois franchement pas partager ça avec un type que je reverrai jamais et que j'ai jamais vu avant. De toute façon, ça changerait quoi que je lui réponde ? J'ai pas envie qu'on s'apitoie sur mon sort non plus, alors sans façon. Cela dit, je sais pas qui ce gars, mais je sais pas, il se dégage un truc... un assurance certaine, déjà. Et un certain... charisme. Je suis sûre qu'il doit avoir pas mal de monde qui gravite autour de lui.

Je regarde la main qu'il me tend un instant, dubitative. J'aime pas toucher les gens en général, je supporte pas du tout que les inconnus me touchent et c'est assez rare que je me retrouve à serrer des mains. Mais ça serait pas très poli de lui refuser ça, je suppose, alors... J'ai serré sa main, fermement. J'ai toujours été considérée comme une teigne, et eu une certaine poigne, et ça se ressent là aussi. Faut dire que y a belle lurette que je suis devenue clairement plus douée pour les coups de poings que pour les caresses. Mais enfin, il n'y a pas de raison pour que j'en arrive aux mains ici, hein ?

« Je m’appelle Julian. Julian Fitzgerald.
- Sharona... Garcia-Brown. Enchantée... »


Ouais enfin... On va dire. Paraît que c'est les expressions consacrées, mais enfin, je vais pas rester là à tenir la jambe à un inconnu, et il a très certainement mieux à faire que de tailler le bout de gras à une minette paumée. Entrer et aller voir la pièce, par exemple, je suppose. Alors enchantée... Mouais, dans trois minutes, on fera déjà plus partie de la vie de l'autre... Ce que c'est pourri, des fois, les règles de bonne éducation, je devrais même pas me faire chier. avec ça... Et c'est moi où sourire, c'est pas un truc très naturel chez lui ? Je remarque que sa façon de parler est pas tout à fait comme les autres ici, mais ça a rien à voir avec mon propre accent - que Ty' reprend parfois en ma présence, ce qui me fait bien rire d'ailleurs - et j'ignore parfaitement d'où ça peut venir.

« Je devrais y aller. Et vous devriez entrer, avant que ça commence... »

Oui c'est une tentative de fuite pas discrète. Je suis pas la fille la plus sociable du monde, et les gens trop sûrs d'eux ont tendance à me faire flipper - des fois qu'ils se croient tout permis... paraît qu'il y pas une connasse qu'en a profité y a un peu moins de neuf ans. Alors je suis pas très à l'aise, là... Et ça aussi, ça se voit.
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() message posté Mar 13 Jan 2015 - 17:16 par Invité
“Deep into that darkness peering, long I stood there, wondering, fearing, doubting, dreaming dreams no mortal ever dared to dream before. ” Le jeune femme semblait surprise par mon intervention, pourtant elle était postée en plein milieu de la rue, bloquant le passage. Je crispai le visage, en arborant un sourire désinvolte. Je n’avais aucune intention de l’importuner, ou de la draguer – loin de moi cette indécence, mais j’étais curieux au sujet de ses lamentations. Mon esprit vif et mon penchant pour le journalisme, étaient un vice en société. Je ris nerveusement en remarquant son hésitation à me répondre. Elle fit un pas à reculons et j’arquai un sourcil. Je comprenais parfaitement qu’on soit rebuté à l’idée de converser avec un inconnu, mais étais-je aussi effrayant que cela ? Je me savais intimidant, pédant, voir même tyrannique, mais je me plaisais à croire que mon apparence n’était pas des plus repoussantes. En tout cas, j’essayais de me soigner un minimum. Elle balbutia quelques mots, avant de se présenter à son tour. « Sharona... Garcia-Brown. Enchantée... » La jeune brune serra ma main avec une poigne de fer, c’était à la fois étrange et amusant de dénoter toute la passion qu’elle mettait dans ses gestes. J’étais de plus en plus intrigué, il fallait l’avouer. Mon sourire se figea dans l’ambiance morose de la nuit. Je sentis le vent froid fouetter mon visage dans une tentative d’intimidation, mais je me laissais pas faire. Je m’apprêtais à répliquer lorsque Sharona tenta une manœuvre d’esquive des plus grossières. « Je devrais y aller. Et vous devriez entrer, avant que ça commence... » Je ne pus retenir un rire. Je fis la moue quelques instants avant de me pencher à sa hauteur.

« Je ne suis pas très intéressé par le spectacle.» Avouai-je d’une petite voix. C’était certainement injuste, étant donné la façon qu’elle avait de fixer l’affiche. L’univers était décidément trop salop avec ceux qui le méritaient le moins. Je me mordis la lèvre inférieure d’un air concentré. « Vous n’entrez pas ? Vous avez l’air très … captivée par le fantôme. » M’amusai-je en me redressant avec désinvolture. Elle n’avait l’air d’être très accommodante, mais je m’ennuyais et à défaut d’une meilleur compagnie, j’acceptais de tromper ma solitude en créer un fond semblant de lien avec une âme désabusée rencontrée au détour d’une ruelle sombre de la Royal Academy of Arts. Je sortis mes deux tickets, comme pour narguer son malheur. « Qu’il y’ a-t-il de si fascinant à regarder un théâtre ? Je connais l’histoire, et j’ai modérément apprécié le livre, mais je ne semble pas ressentir la même ardeur que vous face à la perspective d’entrer dans l’amphi.» Je marquai un silence. « Voilà le marché ; si vous arrivez à me convaincre d’entrer je vous donne une place. Mon plaisir conditionne le votre, Sharonna et si vous échouez nous rentrerons tous les deux bredouilles ce soir.»

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Sharona K. García-Brown
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() message posté Mar 13 Jan 2015 - 20:14 par Sharona K. García-Brown
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Samedi 22.11.2014 • Piccadilly Circus • Her Majesty's Theater
Evidemment, mon mouvement de recul a rien à voir avec son physique - il est même plutôt beau gosse, ce type, même plus que 'plutôt' - mais c'est plus fort que moi. Je sais bien que c'est psycho, mais j'y peux rien. Et puis il dégage beaucoup trop d'assurance pour me sembler inoffensif. Je suis sûre qu'il est habitué à avoir à peu près tout ce qu'il veut, et ça a pas vraiment le don de me rassurer.

Ca n'empêche que j'essaie de rester polie, et que lorsqu'il me tend la main, je serre la sienne. Mais soyons francs, je suis pas sereine et donc, prendre congé, ça me semble franchement pas une mauvaise idée. Jusqu'à ce qu'il réponde à ma tentative pourrier pour mettre fin à notre entretien.

« Je ne suis pas très intéressé par le spectacle. »

Je l'ai fixé avec des yeux ronds comme des balles de ping pong.

« Qu'est-ce que vous faites là alors ? »

C'est sorti tout seul, mais ça se saurait si j'avais vraiment l'habitude de restreindre mes paroles. Et ça a pas vraiment l'air de l'arrêter, d'autant moins qu'il me renvoie la pareille.

« Vous n’entrez pas ? Vous avez l’air très… captivée par le fantôme. »

Une grimace du plus bel effet sur ma gueule et je tourne à nouveau la tête vers l'affiche.

« C'est sa nature, non ? De captiver par son mystère et son talent... »

Je l'ai pas vu tout de suite sortir ses billets, je l'ai vaguement entendu parler, à nouveau perdu dans le masque blanc du Fantôme. Ce type, il parle comme dans un livre, et ça me met pas vraiment à l'aise. C'est pas comme si j'étais vraiment quelqu'un de brillant, moi, et je vois pas trop bien ce que je peux lui répondre...

« Qu’y a-t-il de si fascinant à regarder un théâtre ? Je connais l’histoire, et j’ai modérément apprécié le livre, mais je ne semble pas ressentir la même ardeur que vous face à la perspective d’entrer dans l’amphi. »

C'est seulement sur ces mots que je me suis tournée à nouveau vers lui, un peu surprise d'aussi peu d'intérêt pour la pièce. Et puis mon regard est tombé sur les billets toujours visibles dans ses mains.

« Voilà le marché ; si vous arrivez à me convaincre d’entrer je vous donne une place. Mon plaisir conditionne le vôtre, Sharona et si vous échouez nous rentrerons tous les deux bredouilles ce soir.
- Vous vous foutez de moi ? »


Cri du coeur et je le dévisage, complètement incrédule. C'est quoi son jeu, là ?

« Ok, je sais bien que je suis pas bien vieille et peut-être que j'ai l'air un peu con, mais vous croyez vraiment que je peux croire qu'un type comme vous, ça a pas un carnet d'adresses rempli de tout un tas de gens - je dirais même de nanas quoi qu'en réalité, j'en sais absolument rien, vous pourriez préférer les mecs que ça changerait pas la donne - tous prêts à vous accompagner à la dernière minute ? Que vous êtes là 'par hasard' ? Si vous vouliez pas venir voir la pièce, pourquoi vous êtes venu ici ? Ca a absolument aucune sens... »

Nouveau coup d'oeil à la devanture, et aux lumières du théâtre qui illuminent la rue et attirent l'oeil. Moi je suis comme un papillon, attirée par elles, mais je sais très bien que c'est hors de portée.

« Non vraiment, ça n'a pas de sens. Peut-être que le livre vous a pas plus intéressé que ça, mais... Sur scène, c'est forcément différent. Vous vous demandez pas quelle sera la prestation des acteurs ? Si vous allez être envahi par la fascination de Christine pour l'Ange de la Musique, puis par sa terreur face à ses crimes ? Si Madame Giry réussira quand même à vous attendrir lorsqu'elle racontera l'histoire tragique du Fantôme ? Si vous allez réussir à croire à l'amour de Raoul pour son amie d'enfance et si leurs voix réussiront à rendre hommage à la musique ? Ou comment le ballet aura été chorégraphié pour rendre au mieux les émotions qu'il est censé transmettre ?... »

Je réfléchis à voix haute là, ou... ? Ces questions, moi, je me les pose vraiment, et je suis vraiment en train d'essayer d'imaginer ce que ça va donner. Je me suis même pas tout à fait rendu compte que j'étais à ce point absorbée par mes pensées, c'est quand un type pressé me bouscule que je reviens subitement à la réalité. Et à ma nature assez... farouche et passionnée, ouais, on va dire ça comme ça.

« Et dire pardon, ça vous arrive jamais, bordel ?! »

Ouais bon, c'est pas la réaction la plus féminine et la plus distinguée du monde, mais... C'est pas comme si ces adjectifs me convenaient réellement. Un souffle repousse une mèche de cheveux échappée de mon bonnet et qui tombe devant mes yeux, et je reporte finalement mon attention sur... Julian, donc.

« Rangez ça, je vais finir par vous les piquer, et votre copine va vous attendre... »

C'est quand même franchement pas cool de faire ce genre de blague, mec, mais j'ai beau être assez bagarreuse, ça mérite quand même pas une torgnole, alors mes mains retournent bien sagement au fond de mes poches... Et moi je tourne les talons, prête à partir. On va arrêter de se faire du mal, c'est bien suffisant pour ce soir...
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() message posté Sam 24 Jan 2015 - 15:19 par Invité
“Deep into that darkness peering, long I stood there, wondering, fearing, doubting, dreaming dreams no mortal ever dared to dream before. ” Je me tenais à la croisée des chemins. Mon cœur meurtri semblait battre dans le vide ; peut-être cherchais-je le réconfort auprès d’une inconnue pour oublier ma solitude. Peut-être que je l’abordais uniquement pour me créer l’illusion d’une insouciance qui n’était plus mienne. Je souris d’un air contenu sans la quitter des yeux. Ses gestes étaient presque robotiques, comme si la ma proximité la rendait mal à l’aise. Je me penchai de côté afin de sonder son regard chocolat. «Qu'est-ce que vous faites là alors ?» Sa question me tira doucement de ma torpeur ; je me le demandais bien moi aussi. Comment avais-je bien pu atterrir ici ? J’haussai les épaules avec désinvolture tout en esquissant un sourire. La jeune brune se détourna afin de s’attarder sur l’immense affiche du fantôme. «C'est sa nature, non ? De captiver par son mystère et son talent... » Je fis la moue.« Peut-être est-ce votre nature d’être aussi facilement envoûtée. Sur moi, il n’a aucun effet malgré son mystère ou son talent. Pourtant je sais apprécier ce genre de choses.» Lançai-je avec une pointe d’amertume. Je me sentais idiot de déambuler dans la nuit sans réelle motivation. Mon cœur se serra dans ma poitrine, avide d’émotions ou d’exaspérations.

Elle me dévisagea incrédule pendant quelques instants avant de répondre à mes provocations avec une ferveur que je trouvais presque charmante. «Vous vous foutez de moi ? Ok, je sais bien que je suis pas bien vieille et peut-être que j'ai l'air un peu con, mais vous croyez vraiment que je peux croire qu'un type comme vous, ça a pas un carnet d'adresses rempli de tout un tas de gens - je dirais même de nanas quoi qu'en réalité, j'en sais absolument rien, vous pourriez préférer les mecs que ça changerait pas la donne - tous prêts à vous accompagner à la dernière minute ? Que vous êtes là 'par hasard' ? Si vous vouliez pas venir voir la pièce, pourquoi vous êtes venu ici ? Ca a absolument aucune sens... » Je ris avec légerté avant de secouer mes deux tickets, signifiant ainsi mon désaccord. « Les convictions sont des prisons. Vous ne devriez pas être aussi sûre que cela, jeune fille. » Commençai-je avec calme. « J’ai en effet un carnet d’adresse, mais je n’ai pas envie de rencontrer ces gens que l’on connait et qui déçoivent. Est-ce un crime de vouloir du renouveau ?» Je marquai un silence. « Un collaborateur m’a offert deux places. Je suppose que je me suis dirigée ici inconsciemment – la vie n’a absolument aucun sens. Il ne faut pas vous étonner de la sorte.»

«Non vraiment, ça n'a pas de sens. Peut-être que le livre vous a pas plus intéressé que ça, mais... Sur scène, c'est forcément différent. Vous vous demandez pas quelle sera la prestation des acteurs ? Si vous allez être envahi par la fascination de Christine pour l'Ange de la Musique, puis par sa terreur face à ses crimes ? Si Madame Giry réussira quand même à vous attendrir lorsqu'elle racontera l'histoire tragique du Fantôme ? Si vous allez réussir à croire à l'amour de Raoul pour son amie d'enfance et si leurs voix réussiront à rendre hommage à la musique ? Ou comment le ballet aura été chorégraphié pour rendre au mieux les émotions qu'il est censé transmettre ?... » Renchérit-elle les yeux pétillants de malice. Je retins mon souffle, en m’appliquant à comprendre chacune de ses divagations mais malheureusement je ne parvenais pas à partager sa passion. Je ne parvenais pas à espérer ressentir une quelconque frénésie en regardant le spectacle. Un jeune homme la bouscula maladroitement. Sharonna pesta dans le vide avant de me regarder. «Rangez ça, je vais finir par vous les piquer, et votre copine va vous attendre...» Quelle drôle de spécimen !

« Ma copine ne viendra pas.» Tranchai-je d’un ton formel. « Comment une personne qui croit en la magie du spectacle peut-elle être aussi sceptique quand on lui propose des billets ?» Je déglutis avant de lui tendre les deux cartons d’invitations. « Tenez, voilà la preuve de ma bonne foi. Ce sont des vrais, vous pouvez vérifier ….»

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Sharona K. García-Brown
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() message posté Lun 26 Jan 2015 - 8:02 par Sharona K. García-Brown
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Samedi 22.11.2014 • Piccadilly Circus • Her Majesty's Theater
Ce type, j'arrive juste vraiment pas à le comprendre. Bon, en même temps, je suis pas la fille la plus psychologue et empathique du monde non plus, ceci explique peut-être cela mais... mais n'empêche. Ca sert à quoi de venir devant la salle d'un spectacle à l'heure de l'ouverture si on n'a pas l'intention d'aller voir la pièce - ou de revendre ses places à la sauvette. C'est peut-être ça, tiens, sauf qu'il a une drôle de façon de faire. Non parce que bon... On a vu des conversations moins bizarres, faut avouer. Je me retrouve là, à l'écouter parler et à pas vraiment le comprendre, ni me faire comprendre. Et je fronce les sourcils quand il commente ma nature.

« Peut-être est-ce votre nature d’être aussi facilement envoûtée. Sur moi, il n’a aucun effet malgré son mystère ou son talent. Pourtant je sais apprécier ce genre de choses.
- Peut-être que vous êtes trop désabusé aussi. Comment vous pouvez savoir que le spectacle vous fera aucun effet, vous y avez pas encore mis les pieds ? Le livre vous a pas plu, d'accord... Mais le reste ? »


Je le comprends vraiment pas, et encore moins quand il se marre à mes remarques sur son carnet d'adresse très certainement bien rempli et l'incongruité de sa présence ici s'il ne souhaite pas entrer dans le théâtre.

« Les convictions sont des prisons. Vous ne devriez pas être aussi sûre que cela, jeune fille.
- Vous êtes bien certain de pas apprécier le spectacle, c'est quoi la différence ? »


Mes remarques sont sans doute trop impulsives, et à un moment, il va finir par perdre patience et m'envoyer bouler, je crois. Pourtant, pour l'instant, il est super calme, ce gars, ce qui est assez... opposé à mes réactions passionnées. Et sans doute que c'est mieux comme ça, sinon je crois bien que ça fait longtemps qu'on serait déjà partis chacun de notre côté - en tout cas moi du mien.

« J’ai en effet un carnet d’adresses, mais je n’ai pas envie de rencontrer ces gens que l’on connait et qui déçoivent. Est-ce un crime de vouloir du renouveau ?
- Ah non, je dirai certainement jamais ça. »


Chacun de ses silences appelle une de mes répliques, mais celle-ci, je pouvais vraiment pas la retenir. Les gens déçoivent, oui. Souvent. C'est qu'on leur accorde notre confiance aussi, c'est con, hein. Quant au renouveau, je me prononce pas, mais j'en pense pas moins. Je suis bien à Londres, moi, après tout, et mon accent trompe personne.

« Un collaborateur m’a offert deux places. Je suppose que je me suis dirigé ici inconsciemment – la vie n’a absolument aucun sens. Il ne faut pas vous étonner de la sorte.
- Ca... Et pourtant on s'y accroche... »


Ca aussi, ça veut tout dire. C'est prononcé à voix basse, plus pour moi-même qu'autre chose, et un peu sans trop m'en rendre compte, mais il y a peu de chance qu'aussi proche qu'il l'est, il ne m'ait pas entendu. La mienne, en tout cas, de vie, n'a pas vraiment de sens. Je suis toujours là, pourtant, et j'ai pas vraiment envie d'y mettre un terme. Mais je sais pas trop bien à quoi elle sert. N'empêche, il est bizarre ce type. Je suis peut-être pas super bien placée pour ce genre de réflexion, mais c'est quand même l'impression qu'il me fait.

« Ma copine ne viendra pas.
- Ah. »


Rien à dire de plus. C'est pas mes affaires de toute façon. Il pourrait bien ne pas vraiment en avoir, ou en avoir douze, ou avoir un copain à la place, ça me regarde absolument pas. Et j'ai absolument rien à commenter, d'ailleurs, alors je laisse courir et il reprend la parole, me laissant à nouveau un peu perplexe.

« Comment une personne qui croit en la magie du spectacle peut-elle être aussi sceptique quand on lui propose des billets ? »

A quoi ça lui sert de me poser ces questions ? Et pourquoi je lui réponds d'ailleurs ? Je suis crétine aussi... C'est à peu près le sentiment que toute cette conversation me donne, et là, c'est encore plus l'impression que j'ai quand il s'étonne de me voir croire en la magie du spectacle et ne pas parvenir à croire qu'un inconnu puisse me faire réellement don de ses billets.

« C'est que toute la magie qu'on met dans le spectacle, c'est celle qu'on trouve pas en vrai. Le théâtre, la scène, c'est une fantaisie, un joli rêve, un peu. La magie qu'on veut bien y mettre, j'ai envie de dire qu'elle est là pour ça : Pour faire rêver, améliorer le quotidien, p'têt, laisser une chance de croire aux jolies choses. C'est bien parce que c'est pas la vraie vie, que ça marche. Les gens sont pas gentils naturellement. Pas s'ils ont pas quelque chose à y gagner. »

Et ce type, je vois pas bien ce qu'il aurait à gagner à me filer ses places, donc non, j'y crois pas. Pourtant c'est bien les deux billets dont on parle depuis cinq minutes qu'il me fout sous le nez. Ce qui est bizarre, parce que j'ai bien vu à sa tronche que ce que je pouvais bien dire trouvait pas vraiment d'écho chez lui, donc ma partie du deal en question, elle est un peu foirée, là, non ?

« Tenez, voilà la preuve de ma bonne foi. Ce sont des vrais, vous pouvez vérifier… »

Ok. Il est vraiment en train de me filer ces places ? Je le regarde un instant d'un air circonspect. Je doute pas que les places soient vraies, je doute qu'il soit vraiment parti pour me les filer. Les gens sont pas gentils naturellement, alors il y gagne quoi, lui, là ? J'en ai absolument aucune idée et je sais pas trop ce que je dois attendre de tout ça. Et j'aime pas ne pas savoir où je vais.

« Et je fais quoi de la deuxième place, si je les prends ? Comme vous le voyez, je suis pas trop accompagnée non plus... »

Petit instant de silence. Je suis en train de flipper toute seule dans ma tête à l'idée de la proposition qui se forme dans mon esprit, parce que je veux surtout pas qu'il se fasse de film, ou donner l'impression que j'attends quoi que ce soit d'autre, mais... Je vois pas trop bien comment je peux en rester là alors...

« Ok... Vous venez avec moi. Et on verra s'ils ont réussi à retranscrire la magie du spectacle comme vous dites, ou si ça vous laisse toujours aussi indifférent. Si c'est vraiment mal foutu et que ça marche pas sur moi non plus, ou si ça finit par fonctionner sur vous autant que sur moi. »

J'ai pris une seule des deux places, la laissant un instant en l'air, près de mon visage.

« Juste un détail pour qu'on soit clairs dès le départ parce que je sais jamais trop bien ce qui se passe dans la tête des gens : si vous essayez de me toucher, je vous éclate la tronche. Même si ça serait dommage de l'abîmer. »

Un petit sourire qui doit faire franchement bizarre après ce que je viens de dire mais... On n'est jamais trop prudent. Et au moins, il pourra pas dire que je l'ai pas prévenu comme ça...
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Anonymous
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() message posté Mar 27 Jan 2015 - 0:51 par Invité
“Deep into that darkness peering, long I stood there, wondering, fearing, doubting, dreaming dreams no mortal ever dared to dream before. ” Je la fixais avec impudence, il était difficile d’attiser ma curiosité mais je pouvais au moins lui accorder le mérite d’être amusante. C’est vrai, si elle me trouvait bizarre de me présenter en face d’un théâtre billets en mains et aucune intention de regarder le spectacle je pouvais facilement lui retourner le compliment. Elle était tout aussi dérangée que moi, venir loucher devant une affiche lorsqu’on n’est pas invité à assister à la pièce c’est une perte de temps ! Je la sentis se raidir, comme si ma remarque concernant sa nature impressionnable l’avait dérangé. « Peut-être que vous êtes trop désabusé aussi. Comment vous pouvez savoir que le spectacle vous fera aucun effet, vous y avez pas encore mis les pieds ? Le livre vous a pas plu, d'accord... Mais le reste ? » Je souris avec désinvolture sans la quitter du regard. Mes yeux bleus analysaient chacun de ses mouvements afin de définir l’incohérence de son personnage. « Quel reste?» M’enquis-je amusé par son excès de familiarité. « Je n’ai jamais affirmé avoir détesté le livre. Si ? Vous vous précipitez encore …»

Je fis quelques enjambées à l’air livre. Le vent gémissant fouettait mon visage placide avant de s’engouffrer dans ma chevelure de bronze, et je me retournais vers ma compagne de solitude. « Vous êtes bien certain de pas apprécier le spectacle, c'est quoi la différence ? » Lança-t-elle. Je soupirai avec calme avant de me redresser. J’avais un penchant presque obsessionnel pour la bagarre et la violence, mais je me sentais extrême las dans l’ambiance monotone de l’hiver. Peut-être avais-je réussi à vider tous mes chakras à force de me disputer avec Athena, ou de sermonner Nate. Je fis une moue songeuse, avant de me retourner vers elle. « Je ne sais pas. » Répondis-je tout simplement. « Je n’ai pas envie de réfléchir. »

La succession de mes pensées me fila presque le tournis ; je souris afin de me créer l’illusion d’une meilleure humeur mais au fond je n’avais qu’une envie : dormir. J’étais presque sur que j’allais finir par m’assoupir dans l’amphithéâtre et que les applaudissements des spectateurs finiraient par m’arracher violemment de ma crypte. Elle murmura des mots vaseux concernant la vie, et je préférai taire mes réflexions. Je n’étais pas là afin de me lancer dans un débat psychosomatique sur le malheur des autres. J’étais bien trop imbu de ma personne pour m’intéresser à dire vrai.

« C'est que toute la magie qu'on met dans le spectacle, c'est celle qu'on trouve pas en vrai. Le théâtre, la scène, c'est une fantaisie, un joli rêve, un peu. La magie qu'on veut bien y mettre, j'ai envie de dire qu'elle est là pour ça : Pour faire rêver, améliorer le quotidien, p'têt, laisser une chance de croire aux jolies choses. C'est bien parce que c'est pas la vraie vie, que ça marche. Les gens sont pas gentils naturellement. Pas s'ils ont pas quelque chose à y gagner. » Récita-t-elle avec entrain. Je reconnaissais la passion dans son regard chocolat, dans le timbre particulier de sa voix, ou dans cette façon adorable qu’avait sa bouche de se courbant en prononçant le mot rêve. « Il y’ a une part de vérité, mais je vous propose pour une fois de vivre une jolie chose vous aussi. »

Je remuais les deux billets sous son nez, d’un côté pour la narguer et de l’autre pour me prouver que j’avais un certain pouvoir sur son sort. C’était un peu présomptueux de ma part, mais j’aspirais à une certaine satisfaction en poussant une fille égarée dans un monde différent ou la bonté était altruiste, et la magie accessible. « Et je fais quoi de la deuxième place, si je les prends ? Comme vous le voyez, je suis pas trop accompagnée non plus...» J’acquiesçai de la tête. « En effet, je peux le voir. » Apres quelques minutes de silence, elle se décida à rompre les barrières de la bienséance. « Ok... Vous venez avec moi. Et on verra s'ils ont réussi à retranscrire la magie du spectacle comme vous dites, ou si ça vous laisse toujours aussi indifférent. Si c'est vraiment mal foutu et que ça marche pas sur moi non plus, ou si ça finit par fonctionner sur vous autant que sur moi. » Elle prit un seul billet, et j’arquai un sourcil amusé par son intervention. « Juste un détail pour qu'on soit clairs dès le départ parce que je sais jamais trop bien ce qui se passe dans la tête des gens : si vous essayez de me toucher, je vous éclate la tronche. Même si ça serait dommage de l'abîmer.» Elle esquissa un sourire et je ne pu m’empêcher de rire. « J’ai du mal à croire que vous puissiez frapper assez fort ; voyons-vous je suis habitué aux coups. Mais je vous rassure, vous avez l’air trop jeune pour que je songe à vous toucher. Quel âge avez-vous ? A peine 18 ans ? » Me moquai-je en désignant l’entrée du théâtre. « Après vous. »

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Sharona K. García-Brown
Sharona K. García-Brown
I walk this empty street on the boulevard of broken dreams.
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() message posté Mer 28 Jan 2015 - 0:35 par Sharona K. García-Brown
It's over now the music of the night
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Samedi 22.11.2014 • Piccadilly Circus • Her Majesty's Theater
Je suis certainement pas la fille la plus normale du monde, ça, y a longtemps que je l'ai pigé. Mais en même temps, j'ai jamais bien compris ce que c'était censé être que d'être normal. Alors je passe pour une extra-terrestre, souvent... et puis après ? Qu'est-ce que ça change ? Je dois avoir l'air tarte, là, toute seule devant le théâtre. Je l'aurai sans doute encore un peu plus quand je tournerai les talons quand les trois coups auront été frappés. Mais c'est comme ça, on a tous quelque chose qui nous rend étrange auprès d'une autre personne, et inversement.

« Quel reste ? Je n’ai jamais affirmé avoir détesté le livre. Si ? Vous vous précipitez encore… »

Je le dévisage, incrédule, cherchant à me remémorer ses mots précédents - en vain, ma mémoire est franchement pas aussi précise - et je hausse les épaules.

« Bah vous avez pas fini si vous devez le relever à chaque fois… »

Je suis impulsive, c'est pas un secret en même temps. Et peut-être que ça aussi, c'est ridicule, comme ma passion pour ces scènes inaccessibles. Mais c'est comme ça. Lui, il se forge pas moins que moi des idées préconçues, d'ailleurs. Pourtant c'est mal de juger un livre sur sa couverture, non ?

« Je ne sais pas. Je n’ai pas envie de réfléchir.
- Et bah on sera au moins en phase sur ça... »


Et pourtant c'est ce qu'il me pousse à faire, cet inconnu, avec ses questions tordues. J'étais juste venue soupirer un instant devant l'affiche, rêver à ce que ça serait, à l'intérieur. Et voilà qu'on me fourre des billets d'entrée sous le nez, justement pour gagner cet intérieur qui m'était jusque-là inaccessible.

« Il y a une part de vérité, mais je vous propose pour une fois de vivre une jolie chose vous aussi.
- Je dis pas que des conneries, vous savez... »


Beaucoup, certes, mais enfin... Il est pas obligé de déjà me voir comme la dernière des crétines, si ? Bon, même si je souligne les évidences : je suis toute seule là, quel scoop, n'est-ce pas ?

« En effet, je peux le voir.
- C'est plus pratique de pas être aveugle pour le spectacle, ça tombe bien... »


Oui bon, je dis beaucoup de conneries, ouais, la preuve. Ca a au moins le don de le faire sourire. Voire rire. Sauf que là, c'est bien involontaire.

« J’ai du mal à croire que vous puissiez frapper assez fort ; voyez-vous je suis habitué aux coups. Mais je vous rassure, vous avez l’air trop jeune pour que je songe à vous toucher. Quel âge avez-vous ? A peine 18 ans ?
- Un peu plus, mais on s'en fout. Et je compte pas gagner le championnat de celui qui vous aura frappé le plus fort. Juste faire passer l'envie de me tripoter et ça marche plutôt bien en général. Surtout quand on sait où cogner... »


Ce qui est effectivement mon cas, la force de l'expérience, peut-être...

« Après vous.
- Merci bien. »


Quelle galanterie, j'en demande - et en mérite sûrement - pas tant. Pourtant, inconsciemment, je redresse la tête et mon attitude change un peu. Des restes de ma famille, peut-être. Qui redisparaissent dès qu'on passe les portes et découvre la salle pour faire place à la petite fille avec des étoiles dans les yeux. Et ça n'est pas prêt de s'atténuer, avec le début de la pièce...
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Anonymous
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() message posté Mer 28 Jan 2015 - 18:20 par Invité
“Deep into that darkness peering, long I stood there, wondering, fearing, doubting, dreaming dreams no mortal ever dared to dream before. ” Sharonna était à la fois impulsive et impatiente, deux traits de caractères que nous avions en commun malgré nos différences. J’étais un tyran lorsqu’il s’agissait de mes subordonnés ; je ne supportais pas les retards, la négligence ou encore l’incompétence. Mes paroles dépassaient bien souvent ma pensée lorsque j’étais sous pression ; en réalité la colère ne me réussissait pas. Je devenais violent, irréfléchi et complètement idiot. Je me mordis la lèvre inférieure en la fixant ; c’était étrange de me retrouver au centre-ville avec une étrangère, et de mener une conversation presque instructive avec elle. «Bah vous avez pas fini si vous devez le relever à chaque fois…» Je ris avec légèreté. « Ne vous inquiétez pas pour moi. Je suis tenace. » Le reste de ses remarques fut bizarrement plus ‘amicale’, je la sentais moins méfiante, peut-être même moins tendue par ma présence à ses côtés. Je me contentai d’acquiesçai avec nonchalance, comme pour ponctuer mes propres pensées. La vérité c’est que je ne l’écoutais qu’à moitié.

«Un peu plus, mais on s'en fout. Et je compte pas gagner le championnat de celui qui vous aura frappé le plus fort. Juste faire passer l'envie de me tripoter et ça marche plutôt bien en général. Surtout quand on sait où cogner... » Je tiquai en souriant, elle avait une logique très particulière. « Ce n’est pas complètement con, mais maintenant que je sais ou vous voulez cogner, je peux facilement esquiver. » Je marquai un silence en faisant la moue. « Soit – quelque soit votre âge ; je ne vous sauterais pas dessus. Je suis fidèle à mes principes, et à ma petite amie. » Notre relation était peut-être tendue à cause des récents événements, mais je refusais de tomber dans les bassesses du corps pour autant. Je lui indiquai la porte avec courtoisie, et elle s’exécuta avec toute la noblesse qu’imposait mon geste. Le hall sombre était vide, nous étions en retard et il y’ avait fort à parier que les gens avaient déjà commencé à s’installer dans l’amphithéâtre. Nous présentâmes nos deux billets au réceptionniste avant d’être dirigés au milieu des adorateurs du spectacle. « Il me semble que vous serez obligé de vous assoir à côté de moi. » M’enquis-je avec impudence en remarquant les numéros de nos sièges, avant de sortir mon téléphone dans ma poche – trois messages. Je fronçai les sourcils avant de marmonner en direction de la jeune brune. « Vous m’excuserez quelques instants, installez-vous, je reviens. » Je fendis l’air vers le couloir à nouveau avant de composer le numéro de mon dernier collaborateur. La conversation était longue, éprouvante, et stérile. Je n’avais aucune envie de m’adonner à de telles explications, mais il était de ma responsabilité de rassurer mes informateurs sur la discrétion de mes articles.

« Ecoutez, ne raccrochez pas – J’arrive tout de suite. » Tranchai-je en remarquant son hésitation. « L’édition spéciale est déjà en cours d’impression, vous ne pouvez plus vous désister maintenant. Rappelez-vous de ce qui vous avez motivé à venir me voir. Vous avez voulu dénoncer l’injustice de votre employeur, personne ne vous a forcé la main … » Argumentai-je tout en m’engouffrant dans la rue à nouveau. Je me retournai un instant vers l’affiche – C’était ma bonne action de la journée.

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