here comes the night - maelle

Elle posa son téléphone aussitôt le message envoyé. Maelle avait accepté son invitation et devrait être à la maison d'ici là peu de temps. La pile électrique qu'était Roxanne fonça droit dans la salle de bain histoire de prendre une douche rafraîchissante. Élevée avec de bonnes manières, elle tenait à être parfaite pour l'arrivée de son amie. A la sortie, elle enfila la première robe qui lui passa sous la main. Une chance, parce qu'elle lui allait bien. C'était d'ailleurs celle que sa sœur lui avait offert pour son dernier anniversaire, elle ne pouvait qu'apprécier. Une rapide coiffure, un maquillage à la va vite, elle était prête pour l'arrivée de Maelle.

Plusieurs fois elle consulta son téléphone afin de savoir si elle avait reçu des messages entre temps. Seulement un, sa mère qui lui demandait des nouvelles. Il était vrai qu'elle n'avait pas revu sa petite maman (comme elle l'appelait toujours) depuis plus d'une semaine, voir même deux ce qui n'était pas dans ses habitudes. Il fallait dire que ces derniers jours n'avaient pas mal chamboulés la jeune femme. D'abord, il y avait eu cette histoire avec Romane, puis ensuite Kit. Kit avait été... imprévu. Une erreur ? Peut-être pas jusque là. Non, elle ne regrettait pas ce qu'il s'était passé avec lui. En revanche, elle n'était pas forcément tentée par recommencer l'opération. Non pas parce qu'elle craignait de modifier leur relation amicale, mais parce qu'un nouvel être était entré dans sa vie et qu'elle aurait l'impression de faire quelque chose de mal s'il devait se passer une fois de plus quelque chose avec Kit. Pourtant, il n'y avait rien entre Axel et elle, rien du tout. Ils discutaient comme deux personnes (à peu près) normalement constituées mais pas le moindre signe de séduction ou quoique ce soit d'autre. A moins qu'elle ne l'ait pas vue. Il avait quand même galérer à connaître son véritable prénom (un effort inutile vu qu'il persistait à l'appeler par le faux qu'elle lui avait donné pour avoir un peu de tranquillité) et...
Elle cessa de penser. En attendant Maelle, elle entreprit de faire du thé. Elle se serait bien mise à la tâche d'un gâteau, mais ça risquait d'être long et puis elle avait promis de la glace. La température n'était pas haute, mais elle en mangeait tout le temps quand elle était perturbée. En plus, c'était de l'Haagen Dazs, et ça se mangeait n'important quand, même en plein hiver.

Enfin, elle entendit la porte toquer. Elle se redressa aussitôt, ses oreilles relevées. Elle fonça droit vers la porte et l'ouvrit d'un geste brusque. Comme prévu, c'était la blonde tant attendue qui se trouvait derrière.

« J'espère que tu aime le caramel, parce que je n'ai que du Luche Del Leche et c'est ma saveur préférée ! De toutes façons, même si tu n'aimes pas le caramel, tu es obligée d'apprécier celui ci ! »

Un accueil digne d'une Roxanne toute excitée. Elle prit la main de Maelle et l’entraîna à l'intérieur de son appartement en rigolant. Elle l'emmena jusqu'au salon où elle la fit asseoir sur le canapé. Elle s'absenta l'espace d'une minute pour revenir avec le pot tant convoité, et fit une nouvelle allée venue pour servir le thé.

« Il est dix-sept heures passé mais tant pis, mieux vaut tard que jamais ! » poursuivit-elle dans sa lancée.
Elle servit les deux tasses puis releva ses yeux clairs vers celle qu'elle désignait comme sa meilleure amie.

« Alors, raconte moi un peu ce que tu as tant à me dire ! Je te donne l'honneur de commencer, parce que si je me branche la première, tu ne seras pas certaine de pouvoir m'arrêter ! »

Un petit sourire malicieux se dessina sur son visage. Roxanne était une fille pleine de vie, surtout quand elle était heureuse. Ca la changeait de ses deux mois renfermés sur elle-même où elle avait vu sa vie basculer dans les ténèbres. Des ailes lui avaient poussées et la revoilà plus forte que jamais. De toute façon, elle refusait d'être vaincue par ce qui lui était arrivé.

Roxanne m’avait envoyé un message, je suis toujours surprise lorsque ça arrive, pourtant on se connaît depuis un moment maintenant et à vrai dire je ne devrais même plus être surprise qu’elle m’en envoie après tout. Ce doit être la seule personne avec qui j’ai gardé contact durant ces trois ans et pour cause on s’est connu sur internet. On ne s’était jamais vu avant que je ne revienne sur Londres et nous sommes à présent devenus plus qu’amie et pour ainsi dire je la considère comme ma meilleure amie. C’est toujours agréable d’avoir quelqu’un à qui parler et de pouvoir se confier et puis on s’entend vraiment bien alors j’ai tout de suite dit oui lorsqu’elle m’a proposé de la rejoindre.

J’ai toqué à la porte et elle avait l’air plutôt joyeuse. C’est plaisant à voir, j’aime les gens joyeux. Je m’entends toujours très bien avec eux, comme je suis pareil. Elle m’a tout de suite proposé une glace, elle ne m’avait pas menti dans son message. Je lui ai souris et j’ai répondu :

« Soyons folles alors et puis tu sais que j’adore ces glaces, je ne dis jamais non à une glace. »

Je lui souris ravie de pouvoir manger quelque chose après cette journée chargée. Etre journaliste n’est pas de tout repos. Je suis souvent occupé entre deux visites de musées ou coincé au bureau à essayer d’écrire un article potable ou en interview avec des exposants, bref je suis souvent trop occupée pour penser à prendre un déjeuner. Je suis donc des plus ravies de pouvoir me poser enfin après cette journée.

« Ah quelle journée ! Je n’ai pas arrêtée une minute. Je suis contente que tu m’aies envoyer ce message. »

On s’était assise sur le canapé et j’en ai profité pour manger un bout de la glace et j’ai savouré ce moment, ça fait vraiment du bien de manger. J’ai souris à sa remarque, c’est vrai qu’on est toutes les deux de grandes papoteuses, mais pour une fois il n’y a pas grand-chose à raconter en ce qui me concerne.

« Comme tu veux, ce ne sera pas vraiment très long de toute manière, c’est juste que … Je crois que … »

J’ai encore du mal à dire ce mot, ce n’est pas dans mes habitudes de tomber amoureuse si vite, surtout que je n’ai vu ce garçon qu’une seule fois et qu’on ne s’est même pas recroisé depuis.

« Je crois que je suis entrain de tomber amoureuse et je t’avouerais que je ne sais même pas ce que je ressens. J’ai juste passé une soirée plus qu’agréable avec lui et ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Mais je sais aussi que je n’ai pas vraiment de chance de le revoir. »

Je ne lui ai pas vraiment laissé d’espoir il faut dire. Je fonctionne toujours comme ça parce que j’ai peur de souffrir.

« Et toi alors, dis moi tout. »

L'arrivée de Maelle fut comme un rayon de soleil dans l'appartement de Roxanne. Une aubaine, parce qu'à l'extérieur, le ciel était plutôt gris, comme souvent à Londres, lors du printemps. Toute énergique, elle avait accueillie sa meilleure amie d'une façon digne d'elle. Elle était joyeuse et donc, par conséquent, elle était excitée. Une énergie à déverser dans un flot de parole qu'elle n'allait pas tarder à faire. A peine a-t-elle aperçue la tête blonde qu'elle s'était jetée dessus en lui ~~imposant~~ proposant une crème glacée, comme prévu dans le texto envoyé.

« Soyons folles alors et puis tu sais que j’adore ces glaces, je ne dis jamais non à une glace. »
« Parfait ! Viens avec moi ! »

Elle avait claqué la porte derrière Maelle et l'avait entrainée dans le salon. Un moment d'absence et quelques allées-retours plus tard, voilà qu'elle avait tout installé. Se laissant tomber sur le canapé telle une fleur, elle s'était mise à discuter avec son amie, désirant connaître en tout premier ce que cette dernière avait à lui dire. Après tout, dans son message, elle s'était montré intriguante elle aussi. Maelle lui dit qu'elle était contente que Roxanne lui ait envoyé le texto et qu'elle avait passé une longue journée. Elle se servit de la glace sous l’œil attentif de Roxanne, oreilles grandes ouvertes. Elle se tût jusqu'à ce que Maelle crache enfin le morceau.

« Je crois que je suis entrain de tomber amoureuse et je t’avouerais que je ne sais même pas ce que je ressens. J’ai juste passé une soirée plus qu’agréable avec lui et ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Mais je sais aussi que je n’ai pas vraiment de chance de le revoir. »

Aussitôt, Roxanne s'anima, toute curieuse. Elle se redressa un peu plus convenablement afin de pouvoir mieux encaisser les réponses aux questions qu'elle ne tarda pas à lui poser :

« C'est vrai ? Comment il s'appelle ? Il a quel âge ? Il fait quoi dans la vie ? Tu me le montrera un jour ? Comment vous vous êtes rencontrés ? »

On y allait pas qu'à moitié avec elle. Telle un détective, elle avait alourdie son amie de toutes ces interrogations. Quand il s'agissait de parler garçon, puisque de toute façon, c'était la raison pour laquelle elle l'avait fait venir, elle ne connaissait plus ses limites.
Forcément, Maelle lui retourna la question. Roxanne se mit à rougir, et bien qu'elle aurait aimé caché le grand sourire qu'elle avait sur le visage, elle ne le parvint pas du tout. Son corps agissait contre elle pour le coup et c'était une chose qui s’insupportait. Trahie par son comportement. Il n'était pas difficile de lire en elle. D'ailleurs, elle faisait une bien piètre menteuse.

« Moi aussi j'ai rencontré quelqu'un, mais rien de concret pour l'instant. » finit-elle par répondre. « En fait, je ne sais pas où ça va mener. »

Si ça se trouve, ça n'allait en rester que là. Mais la jeune femme n'était pas bête au point de nier que ça n'était que de la simple « amitié » ou quelque chose dans ce goût là. Elle ne pouvait pas qualifier sa récente rencontre d'amitié, parce que c'était tout neuf et que même si elle lui avait enfin donné sa confiance, ils n'avaient pas encore partagés assez de chose ensemble pour qu'elle l'appelle « ami ». C'était particulier. Et Roxanne fit exprès de ne pas en dire plus afin que Maelle ait à peu près la même réaction qu'elle avait eu quand elle avait annoncé qu'elle était amoureuse. Une petite mise en bouche avant de lui servir le plat principal. C'était très féminin comme attitude et elle n'échappait pas à la règle.

Roxanne avait ouvert la porte et m’avait proposé une glace, que j’ai tout de suite acceptée. Il en faut peut pour me faire craquer. J’apprécie énormément Roxy, c’est une fille adorable et elle est toujours un petit rayon de soleil. C’est sans doute pour cela que l’on s’est bien entendue et qu’aujourd’hui je le considère comme ma meilleure amie. Je crois que je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui me comprenne aussi bien, même si parfois nous avons nos désaccords au final on est souvent sur la même longueur d’ondes. J’ai été ravie de pouvoir enfin la rencontrer lorsque je suis revenue ici. C’était étrange de me dire qu’elle était là depuis tout ce temps et que l’on ne s’est pas croisé, qu’il a suffit que je parte et la rencontre sur internet pour la découvrir. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle à présent. On se dit presque tout. Il était donc naturel que je lui parle d’Aaron, même si je ne l’ai pas revu et que je ne risque pas de le revoir vite, je ne lui ai pas vraiment laissé de numéro. Peut-être que j’aurais du. Je souris lorsqu’elle se montre si enthousiaste. Ce n’est pourtant pas grand-chose. Je ne sais même pas si on peut dire que je suis amoureuse, même si je l’ai dit il y a cinq minutes. Je ne sais pas tellement comment on tombe vraiment amoureux. Je n’ai eu que des flirts, qui ne duraient pas longtemps alors là s’est différent. Je fini par lui répondre :

« Il s’appelle Aaron et en réalité je ne sais pas quel âge il a. Je sais juste qu’il est mécanicien, qu’il a une moto et qu’il est très gentil, mais comme je te dis, je ne risque pas de le revoir rapidement. Je ne lui ai pas laissé de numéro. On s’est rencontré dans un bar. Tu sais comment je suis. »

Oui elle savait, parce que je lui avais tout dit. Je ne supporterais pas de m’accrocher à quelqu’un pour le voir partir. Je préfère passer quelques heures merveilleuses avec un homme qui se montre parfait sur le moment plutôt que passer toute une vie avec et découvrir qu’il n’est pas aussi bien que je l’avais imaginé. L’amour c’est toujours compliqué alors autant ne pas m’emballer. Je souris à Roxanne et je me dis que parfois je devrais tenter le coup, surtout quand je ne rencontre pas tous les jours des hommes comme lui. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me dise qu’elle ait rencontré aussi quelqu’un, enfin un peu quand même.

« Dis moi tout alors, se sera sans doute beaucoup plus intéressant que mes petits flirts. »

J’aime écouter les histoires des autres, peut-être parce qu’elles me font rêver et je suis très heureuse pour Roxanne. J’ai hâte d’en savoir plus, c’est mon côté journaliste qui ressort, j’ai toujours besoin de connaître pleins de détails.

Bien sûr, quand il s'agissait de parler garçons, Roxanne était au rendez-vous, surtout en ce moment. Maelle tombait à pic. Elle avait d'ailleurs des choses à lui dire, et la curiosité de la jeune femme avait été titillée, réciproquement. Après un échange de message et quelques heures d'attente, Maelle était enfin apparue derrière la porte de son appartement et Roxanne n'avait pas perdu de temps pour l’entraîner jusqu'au salon où elle avait emporté un pot de glace au caramel, son préféré. Elle adorait manger quand elle écoutait quelque chose de passionnant. Quand il s'agissait de regarder un film, elle avait toujours quelque chose à grignoter, surtout si le film en question était effrayant. Elle passait toutes ses émotions dans la nourriture et heureusement pour elle, elle ne prenait pas un bourrelet. En même temps, elle était tellement énergique à courir à droite à gauche que son corps évacuait rapidement les kilos reçus.
Maelle avait commencé à parler, puisque Roxanne lui demandait de le faire. De son côté, elle s'était mise en position d'écoute à sa façon. Elle avait adopté une position presque exagéré, mais c'était dans sa nature.

« Il s’appelle Aaron et en réalité je ne sais pas quel âge il a. Je sais juste qu’il est mécanicien, qu’il a une moto et qu’il est très gentil, mais comme je te dis, je ne risque pas de le revoir rapidement. Je ne lui ai pas laissé de numéro. On s’est rencontré dans un bar. Tu sais comment je suis. »

Roxanne se redressa lorsqu'elle entendit sa dernière phrase. Elle cligna des yeux, les pupilles pétillantes de curiosité. Immédiatement, elle imagina la situation, mais si ça se trouvait, elle était à côté de la plaque. De toutes façons, elles étaient entre filles.

« … comment tu es ? » demanda-t-elle pour lui demander la suite de l'histoire. Néanmoins, elle n'avait pas oublié le début de son discours.

« Tu ne lui a pas demandé son âge ? » poursuivit-elle dans ses questions avant de réaliser que c'était la même chose pour elle. Il faudra d'ailleurs résoudre ce mystère très rapidement. Elle voulait connaître Axel dans les moindres détails, même si ça n'était pas toujours facile. L'âge était pourtant une question banale, voir même basique. A croire que non puisque aucune des deux n'y avaient pensé. C'en était presque comique.
« Et il a une moto en plus ? Whouah... »
La moto était un véhicule qui attirait particulièrement Roxanne. Elle n'avait encore aucun permis mais elle était très tenté de passer celui de la moto. Elle avait beau craindre la voiture, elle préférait tout de même un moyen de transport plus dangereux.
« On dirait que tu as tapé fort ma belle ! Mais je suis contente pour toi ! Il faudra absolument que tu me le présente ! »
Autrement dit, elle ne lui laissait pas le choix. Et elle comptait bien le lui rappeler d'ailleurs. Maintenant que l'idée lui était encrée dans la tête, elle n'allait pas ressortir de si tôt.
Vint alors son tour. Quand Maelle lui retourna la question, Roxanne s'enfonça contre son dossier, esquissa un sourire qui en disait long et se mit à rougir. On aurait dit une enfant de cinq ans à qui on venait de découvrir un grand secret. Mais elle s'en remit rapidement, commençant par commenter la fin de sa phrase.

« Que nenni ! Tes histoires sont TRÈS intéressantes, saches le ! »

Elle resta ensuite évasive, se demandant par où elle allait commencer. Plusieurs mots se bousculaient dans sa petite tête et elle ne savait lequel prendre. Repenser à Axel la fit d'autant plus rougir, mais ses pupilles se mirent à briller aussitôt.

« J'ai aussi rencontré quelqu'un mais.. il y a ABSOLUMENT rien entre nous. »

Elle avait exagéré sur ce mot pour cacher ses émotions mais ça ne faisait en réalité que les amplifier. Se faire trahir par son comportement était une chose terrible pour elle. Elle n'arrivait pas à se contrôler à ce niveau là et ça l'énervait au plus haut point. Elle avait eu beau s’entraîner, rien y faisait, elle était trop sentimentale.

« Tu vas rire, mais à la base, j'avais peur de lui. En fait, j'avais pas envie de lui parler, je voulais juste être tranquille mais... il a insisté et j'ai fini par y prendre goût. »

Elle esquissa un énorme sourire ironique.

« Tu me connais... » ajouta-t-elle en faisant écho à ce que lui avait dit Maelle auparavant.
Elle ne s'en rendait absolument pas compte mais elle tremblait d'excitation. Son cœur s'était mis à battre à un rythme rapide et l'adrénaline lui montait. Faire référence à ce qui la touchait le plus la rendait dans cet état à chaque fois.

Je suis rapidement venu à parler d’Aaron, moi qui m’étais toujours dit que ce n’était pas pour moi, que je ne pourrais jamais être une de ces filles qui tombe amoureuse en un regard. Je n’en suis pas là, en fait je ne sais toujours pas ce que je ressens pour ce garçon, mais il y a quelque chose que j’ai apprécié chez lui, c’est évident. Ce n’était pas comme d’habitude. Je me suis sentie bien. Je pense que je ne le reverrais pas d’aussitôt, c’est même sur étant donné que je ne lui ai pas donné de numéro, peut-être que j’aurais dû.

« Oui, tu sais … je ne suis pas du genre à m’attacher. Je suis volage comme on dit. »

J’ai tellement peur de finir par souffrir que je préfère ne pas m’attacher et les laisser partir une fois qu’ils ont ce qu’ils veulent. Certains pourraient croire que je suis une fille facile, mais je n’ai pas la même définition, d’une je ne couche pas avec n’importe qui, je sélectionne et de deux je les préviens toujours qu’il n’y aurait jamais rien de plus, que ce n’est qu’une seule fois et puis je ne fais pas n’importe quoi non plus. J’ai haussé les épaules et j’ai répondu :

« Non, je n’ai pas demandé. Je me suis dis qu’il était comme les autres et qu’au fond ce n’était pas réellement moi qu’il aurait voulu, mais je crois que je me suis trompée. Il y avait un truc de différent chez lui. Je vais avoir du mal à te le présenter. Je ne sais même pas si je le reverrais. »

J’ai pris une cuillère de glace et l’ai avalé histoire de me réconforter un peu. Il faudrait peut-être qu’un jour j’arrête de fuir à chaque fois que ça peut devenir plus qu’un soir. Je ne sais pas comment je pourrais laisser quelqu’un enter dans ma vie alors qu’elle n’est pas exactement comme je l’espérais. Je lui ai souris lorsqu’elle m’a dit que mes histoires étaient intéressantes, j’ai toujours trouvé que celles des autres l’étaient beaucoup plus, mais peu importe, ça fait du bien d’être écoutée. Je suis à présent toute ouïe pour l’écouter à mon tour. Elle a l’air tellement enthousiaste et heureuse de m’en parler, comme une adolescente qui aurait son premier béguin, je trouve ça tellement mignon, elle a des étoiles pleins les yeux. Je lui demande alors :

« Oh comme s’appelle-t-il ? »

Je connais bien Roxanne, je sais qu’elle préfère souvent être tranquille, alors qu’elle est vraiment adorable et que tout le monde l’est avec elle. Je suis contente qu’elle ait laissé ce garçon insister et qu’elle l’ai écouté. Elle a tout pour plaire et j’avoue que parfois je l’envie.

A vrai dire, Roxanne ne s'était pas attendu à ça. La manière dont elle parlait de son... petit ami, ou plan de quelques soirs était encore flou. Pourtant, elle lui avait clairement dit qu'elle pensait être amoureuse de ce type et dans l'esprit de l'ancienne danseuse de ballet, c'était quelque chose d'incompatible. Elle n'était pas certaine de comprendre ce que Maelle lui disait. C'était comme si la journaliste avait peur de ça, de l'amour, alors qu'au yeux de la Roxanne, c'était la meilleure chose qui pouvait arriver.

« Oui, tu sais … je ne suis pas du genre à m’attacher. Je suis volage comme on dit. » répondit Maelle, ce qui déclencha le rire de Roxanne.

« Oui peut-être, mais tu es amoureuse. Tu sais, c'est pas des choses qui se commandent, et c'est même naturel. Quoique... certains affirmeront qu'avoir des sentiments c'est contre nature, mais ce sont les gens ennuyeux qui disent ça. »
Ils avaient beau dire que l'amour était une faiblesse, pour elle c'était une force. Et en avoir peur était une faiblesse. Et quand elle parlait d'amour, c'était sous toutes les formes possibles, familiale, amoureuse, amicale... Elle ne comprenait pas où était le problème d'être heureux. Évidement, il y avait une part de difficulté, parce qu'être amoureux signifiait donner une part de soi même à quelqu'un d'autre et c'était, effectivement, la partie la plus délicate. Mais Roxanne était persuadée qu'on reconnaissait justement la bonne personne grâce à cela. A cette aptitude à faire confiance en l'autre et à donner de soi-même.

« Non, je n’ai pas demandé. Je me suis dis qu’il était comme les autres et qu’au fond ce n’était pas réellement moi qu’il aurait voulu, mais je crois que je me suis trompée. Il y avait un truc de différent chez lui. Je vais avoir du mal à te le présenter. Je ne sais même pas si je le reverrais »

Roxanne ouvrit grand la bouche. Nouvel étonnement.

« Quoi ? Mais pourquoi ? Il est agent secret ou quelque chose comme ça ? »

Elle était plutôt déçue qu'elle lui annonce ça. Elle se voyait déjà questionner l'heureux élu en question et faire sa petite commère, juste pour plaisanter. Et puis, elle aurait aimé savoir à quoi il ressemblait physiquement parlant. Bref, elle aurait beaucoup aimé le rencontrer.
Puis, enfin, elle lui parla de sa rencontre avec Axel. Un peu gênée, mais très enthousiaste, c'était tout autre chose que Maelle et son aventure. Elle n'allait pas jusqu'à prétendre que c'était dans la poche, loin de là, mais une part d'elle-même voulait y croire absolument. En fait, elle s'était déjà fait de nombreux films et quand elle se surprenait à s'imaginer une situation avec le jeune homme, elle se mettait à rougir aussitôt et à penser à autre chose avant que ça ne revienne. Maelle lui demanda comment il s'appelait. Roxanne mit un peu de temps avant de répondre. Elle était en train de lui ouvrir son petit jardin secret généralement réservé uniquement à sa petite sœur.

« … Axel. »

Elle ferma les yeux aussitôt et se recroquevilla.

« Aaah, ne me le fait pas répéter s'il te plaît, j'ai du mal à le prononcer et je sais même pas pourquoi ! C'est trop nul ! »

Elle finit par éclater de rire juste histoire d'évacuer son trop plein d'émotion. Déjà, elle sentait que son rythme cardiaque avait augmenté et que ses nerfs s'étaient renfrognés. Elle était dans tous ses états alors qu'il n'y avait aucune raison de l'être. Il fallait qu'elle parvienne à se calmer.

« Mon dieu, je suis complètement ridicule ! »

Elle s'éclaira la gorge, puis :

« Tu veux un peu de thé ? Du sucre ? Autre chose ? »

Une pause et elle ajouta :

« Bon, il fait que je me ressaisisse ! Tu as vu un peu l'effet que ça me fait ? C'est totalement idiot ! Mais j'arrive pas à le contrôler ! »

Ca faisait longtemps que ça lui était pas arrivé. La dernière fois, c'était il y avait cinq ans mais ça avait été une histoire qui n'avait pas marché.

J'écarquille les yeux lorsqu'elle me dit que je suis amoureuse. En vérité je ne sais pas ce que je ressens. J'ai peur de ce que je ressens. Je ne peux pas déjà dire que c'est de l'amour. Je le connais à peine ce type, pourtant oui nous avons passé la nuit ensemble et j'ai adoré passé la soirée avec lui. C'était bien, mais de la à dire que je suis amoureuse, c'est peut-être ce sentiment que j'ai pu ressentir et j'ai bien dis que je tombais amoureuse pourtant, mais j'avoue que ça m'effraie alors l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre rend la chose plus réelle. Je lui dis alors :

« Je ne sais pas ce que je ressens vraiment … c'était génial et ça m'aurait plu de le revoir, mais c'est tellement iréel et non il n'est pas agent secret, du moins je n'en sais rien. C'est juste que je ne demande jamais ce genre de choses, de toute manière ils ne restent pas longtemps quand ils apprennent à me connaître, je connais la chanson. On passe une bonne nuit, une bonne soirée et dès qu'il y a un peu plus c'est un cauchemar. J'ai choisi cette vie, je n'ai pas envie que tout change pour un garçon qui risque de partir aussi vite qu'il est venu.»

C'était pour ça que je ne voulais pas m'attacher, parce que j'avais trop souffert de mes histoires passées. Je ne tenais pas à recommencer et à gâcher ma vie pour une histoire de cœur. Je ne suis pas ce genre de filles, je ne l'ai jamais été.

« Mais ce n'est pas très grave. Ce qui compte c'est toi ce soir. Alors comme ça il s'appelle Axel. C'est un joli nom.»

Je lui souris, elle a l'air si ravi de pouvoir en parler. J'ai acquiescé lorsqu'elle m'a demandé si je voyais l'effet qu'il avait sur elle, oui je le voyais bien et je trouvais ça incroyable. Est-ce que je pourrais ressentir le même genre de sentiment? Est-ce que c'est ça d'être amoureuse? Je suppose que c'est différent pour tout le monde. Je suis ravie de la voir heureuse cela dit et je fini par lui dire:

« Oui, je vois et non merci je n'ai rien besoin d'autre. Il te rend toute chose on dirait. Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement?Tu le connais depuis longtemps?»

J'étais curieuse de savoir comment cela c'était passé pour elle. Quand je la vois, je me dis que nous sommes parfois très différentes et parfois j'aimerais un peu plus lui ressembler, elle prend les choses tout simplement sans se compliquer la vie alors que moi je la complique toujours trop. Sans doute que je me pose beaucoup trop de questions.