(✰) message posté Jeu 29 Jan 2015 - 8:15 par Sharona K. García-Brown
It's over now the music of the night
ft. Julian P. Fitzgerald && Sharona K. Garcia-Brown
Samedi 22.11.2014 • Piccadilly Circus • Her Majesty's Theater
J'ai toujours été très impulsive et la patience a jamais fait partie de mes qualités. Mais il fut un temps où je riais plus facilement que maintenant, il faut admettre. Et le rire des autres - quand il n'est pas dirigé contre moi - a tendance à me rappeler celle que j'ai pu être, avant. Avant les camps de guérison, avant la blessure, avant l'anorexie et l'abandon de ma soeur. Avant la dernière révélation à la con, aussi. J'aime entendre les gens rire, parfois je ris aussi avec eux. Celui de Kassie avait une résonance particulière à mes oreilles. Je crois que c'est celui qui m'était le plus communicatif. Avec celui de Tyler.
Et là, celui de cet inconnu, donc, parce qu'il réagit aussitôt de la sorte.
« Ne vous inquiétez pas pour moi. Je suis tenace. »
Un bon point ça. Y a que comme ça qu'on peut continuer à avancer, de toute façon. Baisser les bras - j'ai déjà testé, n'est-ce pas... - ça ne résout rien, de toute façon. Même quand on attend plus grand chose de l'avenir, ça n'avance à rien de se laisser aller. Bon, évidemment, être tenace face à mon impulsivité, c'est un peu inutile, mais j'imagine bien que ça dénote un trait de caractère général. Perso, je trouve ça bien, même s'il doit s'en foutre complètement, alors je relève pas. Je précise plutôt les choses, puisqu'on est partis pour passer un bon moment l'un à côté de l'autre. Evidemment, qu'une frêle jeune fille comme moi puisse faire mal, ça le laisse sceptique. Il est pas le premier, il sera sans doute pas le dernier. Y en a qu'ont eu des surprises, pour le coup.
« Ce n’est pas complètement con, mais maintenant que je sais où vous voulez cogner, je peux facilement esquiver. - J'ai pas dit que je connaissais qu'un seul point sensible... Vous auriez tort de me sous-estimer, vous savez ? Faut pas trop se fier aux apparences, il paraît... »
Ce qui est la stricte vérité. J'ai l'air d'un truc tout fragile, mais c'est pas si vrai que ça. Je suis pas non plus Miss Hulk, hein, mais... Je me débrouille. Puis outre l'entrejambe si chère à ces messieurs, il y a plusieurs zones qui sonnent juste, si on sait viser, mais j'ai jamais trop bien suivi, je sais juste qu'il y en a qui font bien mal et ses jolies chaussures chics lui protégeront pas vraiment les orteils. Bref. Point éclairci, donc ?
« Soit – quelque soit votre âge ; je ne vous sauterais pas dessus. Je suis fidèle à mes principes, et à ma petite amie. - C'est tout à votre honneur... »
Et c'est pas le cas de tout le monde, mais je vais pas m'étendre sur ce sujet-là.
« Il me semble que vous serez obligé de vous asseoir à côté de moi. - Ca sera pas forcément plus désagréable que ce qu'il y a de l'autre côté... » chuchoté-je en réponse.
L'inconvénient des sièges de marque, entre guillemets, c'est qu'il y a souvent ces vieux bourges typiques. Pas comme si je visualisais pas certains amis de la famille, d'ailleurs... Mais entre la vieille qui a pas encore compris que vider la bouteille de parfum n'est pas nécessaire chaque jour, et l'obèse dont le gras déborde sur la place à côté - tu n'es vraiment pas obligé de manger tout ce qu'on te présente tu sais ? Mouais ok venant de l'ancienne anorexique, c'est déplacé, je garde ça pour moi - le choix est... rude. Il a sorti son téléphone, froncé les sourcils et marmonné quelques mots à mon intention.
« Vous m’excuserez quelques instants, installez-vous, je reviens. »
J'ai juste hoché la tête, ça a l'air sérieux... Je me suis donc installée, près de la vieille plutôt que de devoir supporter le contact involontaire du monsieur trop gras, tandis qu'il filait dans l'autre sens pour passer un appel. Assez peu à l'aise, là, au milieu de tous ces gens, je suis restée à l'attendre quelques longues minutes... Et puis le noir s'est fait, et il n'est jamais revenu. Un sourire sur les lèvres, j'ai entendu les trois coups et les premières notes.
« C'était pas ça le deal, Julian... On saura jamais si vous avez fini par être réceptif à la magie du spectacle, vous... »
Je suis presque sûre qu'il l'a fait exprès. Ou peut-être que c'est mon peu de confiance en l'honnêteté humaine qui parle. Ca m'a pas empêché, en tout cas, d'être complètement absorbée par la pièce en quelques instants. J'ai ri du caractère de la Diva, retenu des larmes devant le ballet, sursauté parfois, alors que je connais le déroulé de la pièce par coeur. Et quand je suis finalement ressortie dans les rues londoniennes, je me suis promis qu'un jour, je trouverais le moyen de remercier ce type. Un selfie devant l'affiche, et je suis retournée vers Hammersmith. Merci Julian Fitzgerald, vous pouvez être sûr que je suis pas prête d'oublier ça...