Le réveil sonne à six heures, comme tout les jours. Je me lève, j'avale un mug de café, je me douche et j'embarque pour une longue journée de travail. Travail que j'aime beaucoup mais qui m'épuise de jour en jour. Non pas par le travail en lui-même mais plutôt par les stagiaires continuels que l'on me confie et qui ont la fâcheuse tendance de jouer avec mes nerfs. Il y a foule dans le métro. Jamais je ne parviendrais à m'y faire. Peut-être est-ce du au fait que je ne supporte pas le monde ? Ce besoin de devoir tout contrôler me suit jusque dans les transports en commun. J'aimerais pouvoir dire à ces jeunes adolescents insolents de lever leurs énormes fessiers des sièges pour laisser les personnes dans le besoin réel pouvoir y prendre place. C'est faire justice soi-même et je ne peux pas continuellement le faire. C'est ainsi que j'ai décidé de taire mes bonnes intentions.
Ce soir, lorsque je sors du travail, il est vingt-trois heures. En ce dimanche, nous avons eu pas mal de monde. La nuit est largement tombée et la fraîcheur hivernale beaucoup plus proche que l'on peut y croire se fait ressentir à chaque soirée qui s'étire. J'arrive chez moi aux alentours de minuit. Contrairement aux matins, les soirs sont nettement plus accessible côté transport. Je suis épuisée après ma journée de travail et je me promet de me coucher assez rapidement pour être en forme demain matin. C'est ce que je me dis tout les soirs. Pourtant, il y a toujours quelque chose qui repousse brutalement ce si merveilleux projet qu'est le repos. C'est sans compter sur la visite de mon frère qui est un véritable oiseau de nuit. Sa proposition de la nuit : m'emmener dans un bar branché prendre un verre. Non merci frangin, cette nuit est la mienne. Je me met au lit, après m'être douchée et avoir grignoté un morceau. Il est bientôt une heure. Je suis fatiguée. Si fatiguée que je finis par m'endormir. La douceur des draps. Le confort de l'oreiller. La température parfaite de la pièce. Un tout qui me laisse un sourire agréable sur les lèvres.
Huit heures, le lendemain. Nous sommes lundi. Le lundi, c'est mon jour de repos. Suis-je normale ? Le seule jour de la semaine qui m'est consacré, je le gâche en me levant de bonne heure. J'ai encore tellement sommeil. Je me réveille avec l'impression de ne pas avoir dormi. Je décide cependant de me recoucher. Lorsque j'ouvre de nouveau les yeux, il est dix heures. Deux heures de plus me suffisent à être cette fois-ci, en forme. Une forme olympique je dirais même. Mon petit rituel du matin accompli, concernant le ménage et le rangement de ma chambre à coucher, j'enfile ma robe de chambre courte, noire et satinée et je me rend dans la cuisine pour y préparer du café. Je ne suis pas surprise d'y voir mon frère, attablé, en train de dévorer une fournée de cookies tout droit sorties de la boulangerie du coin. Un affront pour moi.
▬ Jason, ne mange pas ces saletés. Je vais t'en faire !
Ce besoin de tout contrôler permanent me ronge mais même avec la meilleure volonté du monde, je ne parviens pas à m'en débarrasser. Pour preuve, Jason n'y prête plus attention et se contente de hocher la tête en signe d'acceptation. Il n'a pas le choix de toute façon. J'avale un café, je me douche, je prépare une fournée de cookies pour mon frère et je file en ville pour une journée shopping.
J'ai visité déjà trois magasins sans trouver quoi que se soit d'intéressant. Celui-ci, c'est le bon. Je ne me rhabille pas tout les mois puisque généralement, lorsque je fais du shopping, j'ai des vêtements pour la saison complète vu ce que je dépense. Je craque littéralement sur un manteau qui serait parfait pour cet hiver. Je m'apprête à prendre le dernier article à ma taille lorsqu'une femme, visiblement intéressée elle aussi le saisi de son côté. Je tire dessus pour lui démontrer qu'il m'appartient car c'est moi qui l'avait entre les mains la première. Du moins, c'est ce que je pense. Elle n'a pas l'air d'accord. Je ne supporte pas qu'on me pique quelque chose sous le nez et surtout lorsqu'il n'en reste qu'un. Elle tire si fort que je lâche de mon côté.
▬ Quelle sale pétasse manipulatrice.
Ni une, ni deux, je récupère mon bien et me sers d'une technique de défense pour maîtriser ma rivale que je plaque, face contre le sol. À califourchon sur elle, d'une main, je bloque l'un de ses poignets que je maintiens fermement contre ses omoplates et de l'autre, je bloque ses jambes que j'ai au préalable dans un geste rapide, croisées, chevilles maintenues par la force de mon avant-bras. La situation pourrait être assez comique mais vexante pour la personne piégée.
▬ Je te conseille de lâcher mon manteau pétasse, il est à moi.
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