(✰) message posté Mer 7 Jan 2015 - 22:43 par Invité
Owen n'aurait jamais imaginé, en se réveillant ce matin dans le lit de cet inconnu, passait aussi vite de la stupeur à l'empathie. Comme quoi se prendre une cuite a parfois du bon, si l'on omet tous les détails (et il y en a beaucoup) qui obscurcissent le tableau. Mais cela étant dit, le médecin ne pouvait se résoudre à oublier le caractère pathétique de la situation, à savoir l'amnésie (temporaire) due à la trop grande absorption d'alcool la veille. C'était une fois de plus, mais une fois de trop et même si à présent, Owen esquissait un léger sourire, il n'était pas dupe et savait que tôt ou tard (le plus tôt de préférence) il lui faudrait prendre une décision, LA décision qui mettrait un terme à son supplice avant qu'il ne soit trop tard. Et puis il y avait Julia, encore et toujours la pétillante brunette qui partageait sa vie depuis tant d'années sans savoir qu'elle éveillait, dans le cœur d'Owen, d'ardentes passions, jusqu'alors domptables. Passé ses touchantes et troublantes petites révélations, Owen accorda à présent toute son attention à Tristan qui suite au témoignage de son interlocuteur, entreprit de parler à son tour de lui, histoire de poursuivre la discussion en cours.
« Le mien n'a jamais été un héros. Il m'a toujours acheter en espérant que je l'aime, il essaie encore mais, je ne suis plus un enfant et je sais qu'il aimerait que je sois différent et je ne peux pas lui offrir ce qu'il veut et personnellement maintenant ça m'est complètement égal. Je fais avec.»
Owen qui pensait avoir en face de lui un type heureux, complaisant de sa petite fortune et de sa qualité de vie, disons-le supérieur, découvrit peu à peu, un jeune homme on ne peut plus solitaire, fendu de bien des blessures et désireux de les enterrer pour être un peu plus fort. Intrigué et prit d'empathie pour Tristan, le médecin, en tout bien tout honneur, voulait pourfendre son armure. L'écoute était une des qualités d'Owen, certainement celle que l'on pouvait lui envier le plus. Il ne jugeait pas et tendait simplement l'oreille pour connaître les histoires que l'on voulait bien lui offrir. Il n'était pas un fin psychologue, du moins pas toujours, mais il était doté d'une grande empathie, qui avait à n'en pas douter, jouait beaucoup dans le choix de sa carrière. Mais si on ne l'entretient pas, un don ne peut perdurer. Et c'est malheureusement ce qui s'était passé lorsqu' Owen avait accepté de partir en Irak. Confronté à la mort, presque chaque jour, il en avait oublié sa compassion, son empathie envers les autres et on revenant à Londres et à la vie civile, ce don avait semblerait-il disparu tout comme celui qu'il était avant. Mais, car il y a toujours un « mais » qui s'immisce au moment où l'attends le moins. Owen ainsi confronté à Tristan, sentait peu à peu son empathie l'assaillir à nouveau. Plus il observait le jeune homme et plus il se sentait investi. Il voulait l'aider, bien que de prime abord, Tristan n'est demandé aucune aide.
« Tous les pères sont ou devraient être des héros pour leur fils. Audrey Hepburn disait que les mères ne naissent pas, elles le deviennent. Moi, je pense que c'est pareil pour les pères. L'amour a plusieurs visages, tu sais ! Parfois, c'est fusionnel, parfois un peu plus distant. Certains pères n'ont pas peur d'être proches de leur fils et d'autre, par fierté mettent une légère distance. Certain sont adroits et d'autre maladroits. Moi, je pense qu'il ne faut pas laisser les « on dit » gouverner nos vies. Je pense qu'il faut prendre le temps de parler quitte à vider son cœur sur la table. Nos parents ont cette mauvaise manie de vouloir le meilleur pour nous et quand on prend des chemins de traverse, ils se braquent et ne semblent pas comprendre nos décisions. Mais tu sais, il ne faut pas leur reprochait de ne pas comprendre, il faut juste leur montrer qu'ils ont tort, leur apporté la preuve tangente et incontestable que nous avons pris la bonne décision. Le dialogue, c'est important, moi, je n'ai pas assez pris le temps de discuter avec mon père et je le regrette, même si ce qu'il a fait reste impardonnable à mes yeux. Quand je te regarde et loin de moi l'idée de te juger, je sens que tu es chargé de honte, de tristesse. C'est ça qui t'as poussé à boire ? »
Owen le regarda tristement, il voulait savoir, comprendre pour peut-être aider Tristan, car en aidant le jeune, homme, il s'aidait lui-même.
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(✰) message posté Ven 16 Jan 2015 - 18:56 par Invité
Cette journée est décidément bien étrange du moins cette matinée parce que la journée, elle risque d'être très longue et très ennuyante. Je ne sais pas pourquoi je me confie à cet inconnu. Peut-être parce qu'il à l'air gentil et qu'il est médecin, qu'il a sans doute dû étudier un peu la psychologie mais, ça n'explique pas tout. J'ai comme l'impression qu'il peut me comprendre, peut-être parce qu'il boit ou qu'il est plus âgé et qu'il a du voir énormément de cas comme le mien, enfin je ne sais pas mais, je sens un feeling qui me laisse perplexe et fait que je me confie un peu à lui. C'est compliqué pour moi d'évoquer mon père. Il est tellement … tellement lui que j'ai du mal à en avoir une bonne image. Je l'ai toujours vu me rabaisser, je l'ai toujours vu me dire ce que je devais faire et c'est dur d'être toujours jugé de cette façon d'entendre toujours les mêmes choses. Je n'arriverais juste jamais à dire à mes parents tout ce que j'ai sur le cœur. Il y a trop de choses qu'il faudrait dire et ça romprait totalement nos liens, je le sais. J'en suis certain. J'ai le sentiment qu'il lit en moi comme un livre ouvert, la honte, oui je l'éprouve mais, sans doute pas pour ce qu'il imagine. C'est encore plus profond que ça. Il ne se doute pas à quel point je suis torturé par ce que je suis. « Entre autre ...»
Je reste assez vague, je n'ai pas vraiment envie d'aborder ce sujet là.. Mon agression reste un événement difficile à accepter et je n'arrive pas encore à en parler. Je n'arrive pas à y voir clair à me dire que tout ça est passé que je ne vivrais plus ça. C'était un accident pour moi, une horrible malchance de me retrouver là à ce moment précis, une horreur de ne pas pouvoir de défendre, un cauchemar réel. Je ne pourrais jamais leur pardonner, je ne pourrais jamais l'oublier, je fais de mon mieux pour ne pas y penser, en buvant. Ce n'est pas la meilleure des idées mais, c'est tout ce que j'ai pour l'instant. Je ne sais pas pourquoi je suis allé cherché le journal qui parlait de mon agression, j'ai gardé l'exemplaire peut-être pour me souvenir alors que je sais très bien que je n'oublierais jamais. Je lui ai laissé sur la table espérant qu'il ne cherche pas trop à comprendre pourquoi je me fais autant de mal, j'essaie juste d'oublier et je ne sais pas s'il pourra comprendre mais, il peut peut-être essayer.
« Elle est la dedans la vraie réponse, j'essaie juste d'oublier.»
Oublie la douleur, oublier la souffrance seulement je souffre encore plus en essayant d'oublier c'est assez paradoxale je l'admet mais c'est ainsi. « C'est comme ça que je connais Mlle King, elle s'est occupée de moi après ça, c'est elle qui s'est occupée de mon opération.»
Je ne sais même pas pourquoi je lui raconte tout ça, je devrais me taire mais il est sans doute déjà trop tard. Je raconte ma vie à un inconnu, de mieux en mieux.
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(✰) message posté Mer 21 Jan 2015 - 21:38 par Invité
Owen toujours soucieux de son hôte, ne le quittait pas du regard. Il était confronté à une personne en détresse et le médecin qu'il était et qu'il espérait être encore à l'avenir, ne pouvait s'empêcher d'être happé par la détresse du jeune homme qui lui faisait face. La nuit et le mauvais réveil, n'étaient plus à présent que de mauvais souvenirs auxquels il ne souhaitait accorder aucune attention.
« -Tristan, je ne sais pas quoi dire. Je ne veux pas passer pour le vieux sage moralisateur. Entre nous, ces derniers temps, j'ai un peu fait n'importe quoi. »
Owen tenta un léger sourire pour dédramatiser la situation. Lui-même savait à quel point il était difficile de parler, encore plus lorsque nous sommes confrontés à ce qui s'apparente à un parfait inconnu. Mais si l'on prend en considération le fait que les deux hommes ont passé la soirée ensemble et qu'ils ont partagé le même lit ( en tout bien tout honneur) , il est clair que leur situation tente ainsi à changer. Owen ne connaissait pas plus que ça Tristan, mais il était habité par l'intime conviction qu'une communication était facilement envisageable avec lui. La boisson étant leur langue commune, la compréhension n'en était que plus évidente entre les deux hommes.
« -Tu sais, c'est difficile pour moi aussi de parler de mon père. Mais je me dis que peut-être que je devrais faire un effort... Parler ça fait du bien »
Le regard de Tristan est presque dénué de vivacité et ses paroles restent vagues. Owen comprend alors que, le comment du pourquoi de ce goût immodéré pour la boisson, est un sujet que Tristan souhaite éviter. Le médecin se revoit alors quelques semaines auparavant dans le vestiaire de l'hôpital, prit la main dans le sac à boire une gorgée de Whisky. Julia était entrée sans faire de bruit et avait découvert la terrible vérité qu'Owen cherchait à cacher.
« -Tu sais parfois, on boit pour oublier un événement traumatisant. On se dit que l'alcool parviendra à éclipser de notre mémoire, ce qu'on cherche à oublier. Ça marche au début, puis après ça revient... »
Aussitôt, Tristan pose son regard sur le journal qui se trouvait sur la table. Mieux que des paroles, ce geste se suffisait à lui-même. Instantanément, l'intention d'Owen fut happée par ce journal. La date n'était vraisemblablement pas la bonne, ce qui étonna le médecin qui chercha une réponse dans le regard de Tristan qui reprit la parole :
« Elle est la dedans la vraie réponse, j'essaie juste d'oublier.»
Owen tendit le bras pour attraper ce fameux journal et découvrir par lui-même cette vérité que Tristan cherchait à noyer dans l'alcool. Le regard azur du médecin parcouru, le journal, à la recherche de la vérité qu'il voulait à tout prix connaître. Il espérait ainsi comprendre et par la suite, dans une moindre mesure, aider ce jeune homme qui attisait en lui un élan de sympathie.
« C'est comme ça que je connais Mlle King, elle s'est occupée de moi après ça, c'est elle qui s'est occupée de mon opération.»
Aussitôt, Owen releva la tête et posa le journal, il l'avait enfin cette vérité tant attendue. Mais il se sentait mal à l'aise à présent. Il avait l'impression d'avoir violé l'intimité de son interlocuteur en pourfendant sa carapace. Il prit une grande inspiration et à son tour, il livra ses plus intimes blessures.
« -J'ai faillis y rester en Irak. Je n'ai jamais parlé de ça à quiconque, sauf à Julia et ça ne nous a pas vraiment aidés, au contraire... Avec d'autres camarades, nous avons été réquisitionnés sur une zone à risque pour tenter de sauver d'autres camarades. Leur hélicoptère s'était crashé dans une zone à risque. Au plus profond de moi, je savais qu'ils étaient mort et qu'on prenait des risques pour rien, mais nous devions respecter les ordres. Nous sommes arrivés près d'un petit village qui nous a offert une image de désolation, tout n'était que cendres et ruines. Non loin de là il y avait un camp fait de bric et de broc. Il y avait de nombreux blessés venus se réfugier dans ce camp de fortune suite à des bombardements. Je n'ai pas pu me résoudre à laisser ces personnes sans soins. J'ai tenu tête à mon supérieur et il a finalement accepté qu'on s'arrête et qu'on s'occupe des civils blessés. Tout est allé très vite, moins d'une minute plus tard, les premiers tirs sans somations se sont fait entendre. Plusieurs djihadistes s'étaient infiltrés dans le camp pour nous tendre un piège. »
La douleur était encore trop fraîche, tellement qu'Owen dus faire une petite pause avant de poursuivre la suite de son triste récit.
« -Je n'ai pas pu sauver les personnes que j'étais en train de soigner à ce moment-là. Tous baignaient dans leur sang. Les balles sifflaient de tous les côtés, c'était un vrai déluge. Je n'ai rien compris, j'ai presque paniqué tant je n'étais pas préparé à gérer ce genre de situation. Puis une balle s'est logée dans mon épaule droite, elle a touché un nerf. La douleur m'a déséquilibré. Tout est allé très vite. Le tireur s'est approché pour me loger une balle dans la tête. C'était un gosse qui ne devait pas avoir plus d'une douzaine d'années. Je n'ai pas réfléchi, avant même qu'il ne me tue, je lui ai tiré dessus et j'ai perdu connaissance. Je me suis réveillé quelques heures plus tard, rapatrié dans un camp de la croix rouge. J'ai été pris d'une douleur atroce à l'épaule et cette douleur ne me quitte plus. Ajoute à ça le visage de ce garçon et des autres personnes que j'ai dû tuer. Un type m'a conseillé la vicodin pour la douleur. Je suis devenu accro et pour oublier, je me suis mis à boire encore et encore. J'ai fait n'importe quoi. J'ai avoué à Julia, que je connais depuis 20 ans, que je l'aime depuis le premier jour. Je l'ai embrassé, je l'ai fait fuir. Puis je l'ai surprise à s'envoyer en l'air avec un autre gars. Ces derniers jours, je n'ai pas arrêté de boire, plus qu'avant. J'ai arrêté d'aller à l'hôpital pour exercer mon travail. J'essaye d'oublier la douleur, la souffrance, mais paradoxalement, je souffre encore plus qu'avant...Mais ce matin, en me réveillant dans ton lit, je me suis dit que j'étais allé trop loin et c'est vrai. »
Owen se tue, il avait accaparé la conversation avec son monologue et il détestait ça. Il regarda Tristan désolé et reposa le journal sur la table.
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(✰) message posté Lun 26 Jan 2015 - 23:42 par Invité
Il ne veut pas passer pour un vieux sage, pourtant je sens qu'il a besoin d'aider les autres et qu'il doit sans doute le faire très bien. Je crois que je commence à comprendre que la vie ne se résume pas à vivre pour soit. Il y a toujours les autres, on doit toujours des comptes, à ceux qu'on aime, ceux qu'on croise parfois dans la rue et dont on n'oublie jamais le visage parce qu'ils nous ont souris, à ceux qui ne nous aime pas aussi. On doit tous quelque chose à quelqu'un. On doit ce que l'on est. Parler ça fait du bien … Je ne sais pas, j'ai toujours été très réservé et parler de choses si personnel à quelqu'un c'est très compliqué pour moi mais, bizarrement avec lui ça semble si simple, peut-être parce qu'il fait de même, peut-être parce qu'après avoir passé cette nuit si étrange c'est nécessaire pour comprendre pourquoi on en est là. « Mon père ne m'écoute pas, il est là sans être là et ma mère à vrai dire je ne sais même pas comment ce qu'elle peut en penser de tout ça. Elle reste enfermée dans son silence, sans doute qu'elle est du même avis que lui, elle l'a toujours été. Je me demande souvent comment ils ont fait pour se retrouver ensemble. Lui était un déjà un vieux snob même en étant jeune et elle venait de commencer sa carrière de comédienne et puis je suis arrivé et j'ai grandis dans ce milieu sans vraiment le comprendre. Je profite souvent de cet avantage, je ne le cache pas, je m'en amuse même après tout je dois avoir sans doute plus de chance que d'autre mais au fond je crois que j'aurais aimé naître dans un milieu normal, sans toute cette richesse autour de moi, sans qu'on m'achète constamment. Je n'ai pas suivi la voix de mon père parce que j'aime vraiment ce que je fais mais nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes, nous ne l'avons jamais été. Il a du se tromper de fils. »
Je n'ai jamais parlé de tout ça à personne, pas même à Lola, ni à Nyx qui sont pourtant de très bonnes amie, pas même à Robin qui est comme un frère pour moi. Je ne suis pas vraiment honnête avec eux en fin de compte. Je mens à tout le monde en prétendant aller bien, je me mens à moi même aussi et je ne sais pas comment faire pour faire table rase de tout ça. Je ne suis pas assez fort pour supporter la triste vérité. Je préfère me dire que ça changera un jour, alors j'espère et j'accepte beaucoup mais je n'oublie jamais vraiment. Il ignore à quel point je peux comprendre ce qu'il est entrain de me dire, boire pour oublier, c'est tout à fait ce que je fais. Je lui ai tendu le journal. Il l'a lu et je ne sais pas dire ce qu'il peut ressentir. Je vois juste de la tristesse dans ses yeux et peut-être de la colère. En tout cas je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il se révèle un peu plus et je me rends compte que sa vie est bien plus chaotique que la mienne. J'ai l'impression qu'il a vécu un film de guerre, les horreurs qu'il a du y voir ont du être terrible, je ne peux même pas imaginer. Je baisse la tête un peu honteux de me plaindre de tout ce que j'ai alors que la vie pourrait être tellement plus belle. « Si je puis me permettre, je crois que vous avez délivrez ce garçon en le tuant …» J'ai laissé un temps d'arrêt je ne savais pas vraiment quoi dire de plus, ça suffisait sans doute et quelque chose me disait qu'il était temps que je lui parle aussi. Il s'est livré à moi et en quelque sorte je lui dois bien de me livrer à mon tour.
« J'avais fini ma journée, enfin ma nuit plutôt, quant on est barman on s’attend à finir tard et ça ne m'a jamais dérangé, au contraire, j'ai toujours aimé le milieu de la nuit, les paillettes et les boules à facettes, parce que la nuit c'est plus rassurant que le jour. Je suis sortie par l'arrière du bar, là où les employées arrivent en général quand la porte de devant est fermé, parce qu'on a les clés seulement de cette porte de service. Je suis sorti par là des centaines de fois et il m'était jamais rien arrivé. Je les ai vu arrivés, des grand type tatoués de partout, l'un d'eux jouais à balancer sa batte dans les airs. Je me suis dis qu'ils devaient revenir d'un match de base-ball. Je n'ai pas fait plus attention que ça. Ils ont remarquer le drapeau multicolore sur la porte et m'ont dévisagé avant de s'avancer. Ils ricanaient entre eux et je n'ai pas eu le temps de faire quoi que soit pour me défendre. Ils ne voulaient sans doute pas que je puisse leur rendre la pareille parce que je l'aurais fait. Les deux me tenait et le dernier cognait. Ils avaient l'air de savoir exactement ce qu'ils faisaient. Je me suis réveillé à l’hôpital, nez côté et jambe cassé la total en fait et vous savez quoi, j'aurais préféré ne pas me réveillé, j'aurais préféré mourir plutôt que de subir l'humiliation que j'ai eu et que j'allais avoir ensuite. Parce que mon père est arrivé avec son air furieux en se souciant seulement du fait que je sois gay, parce que je ne leur avais jamais avouer, je savais très bien que ça ne lui plairait pas et il m'a tendu un chèque à gros zéro pour me faire changer d'avis. J'ai gardé le chèque mais je n'ai pas changer pour autant.»
Il paraît que ça faisait du bien de parler de nos problèmes, seulement dans mon cas c'est plus douloureux qu'autre chose, je revois sans cesse les images de cette nuit, la douleur et la délivrance et à nouveau la douleur et à présent il ne reste plus que ça, la douleur. « Et Julia alors qu'est-ce que vous comptez faire ? »
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(✰) message posté Jeu 5 Fév 2015 - 21:54 par Invité
« Si je puis me permettre, je crois que vous avez délivré ce garçon en le tuant ...» Un temps d'arrêt s'instaure entre les deux hommes, le sujet est lourd, difficile à amorcer dans une conversation. Mais après avoir livré son grand soliloque, Owen se tue pour laisser à Tristan, la place nécessaire pour prendre la parole. Il était là, assis, voir fixé à sa chaise près à écouter ce que Tristan accepterait de lui donner. L'altruisme était la plus grande des qualités d'Owen. Depuis toujours, il éprouvait ce besoin de s'effacer pour aider les autres. Tendre la main était pour lui une évidence et venir en aide aux autres, un devoir, qu'il s'évertuait à accomplir. Mais à présent, dans le contexte actuel, c'était lui qui avait besoin d'aide... Il regarde Tristan et lui sourit pour lui faire part de son engagement et de sa pleine écoute.
« Parfois, moi aussi, j'aurai aimé naître dans un autre milieu. Je m'imagine ailleurs, avec une autre vie, une autre famille. Mais avec du recul, je me dis qu'il y a pire comme situation. Bien sûr, se sentir incompris par les personnes qui nous donner la vie, est un sentiment douloureux. Quand tu parles de ton père, j'ai l'impression de m'entendre, c'est dingue. Moi non plus je n'ai pas suivi sa voie et je me dis qu'il m'en veut et ne cessera de me le reprocher. Moi aussi, j'ai l'impression qu'il s'est trompé de fils ou qu'il a tiré le mauvais numéro. Mais étant leur enfant unique, je me dis qu'ils n'ont pas eu vraiment le choix »
Il ose esquisser un petit éclat de rire puis reprend son sérieux. Tristan le touche, il se reconnaît un peu en lui, sa vie familiale n'a pas l'air facile et cette histoire d'agression n'a surement rien arrangé. Poussé par la curiosité et intéressé par son interlocuteur Owen reprend la parole.
« Je suis sûr que tu n'as jamais parlé de tout ça a personne n'est-ce pas ? Je suis pareil. Je garde tout pour moi. Je me dis que ça n'intéresserait personne, que ce ne sont que de petits problèmes. Et puis des fois, je m'en veux, parce que j'ai l'impression que ce silence trahit la confiance des personnes qui me sont les plus proches. Je faisais croire que tout allait bien, alors que tout allait mal. J'ai peut-être perdu la femme que j'ai toujours aimée, à cause de tout ça... Enfin ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas s'enfermer dans le pathos. Il ne faut pas avoir honte d'avoir mal, d'être faible, d'avoir des problèmes. Je pense qu'il ne faut plus boire pour oublier, mais accepter et faire face. »
Enfin Owen se tue pour que Tristan puisse reprendre la parole pour, peut-être se livrer un peu plus. Les attentes d'Owen ne furent pas vaines, car le jeune homme commença son récit. Il évoqua son métier et le monde de la nuit qui le fascinait. Tel un papillon, il était attiré par la lumière, par les paillettes et la superficialité de ce milieu qui lui plaisait tant. Tristan parlait lentement, il installait son récit et prenait le temps de se remémorer chaque détail, Owen ne le quittait pas du regard et l'écouter avec une grande attention. Le récit devenait de plus en plus lourd, lorsque le jeune homme annonça l'arrivée des types tatoués et armés de leur batte. La violence s'immisçait alors dans l'histoire. Owen serra la mâchoire, il n'arrivait pas à comprendre que l'on puisse passer une personne à tabac à cause de sa sexualité. Mais dans quel monde vivons-nous ? Où est la tolérance ? Se disait intérieurement Owen. Il ne voulait pas prendre la parole et préférait laisser Tristan se livrer. Les coups pleuvaient dans le récit, tout comme les mots et la difficulté pour Tristan de raconter de tels événements. Puis vint le moment du réveil à l'hôpital, où le jeune homme a constaté amèrement l'étendue des dégâts. Les blessures physiques étaient multiples, mais pas aussi profondes que les blessures morales
« -La mort n'est jamais une solution Tristan. Préférait mourir, c'est choisir la plus simple des alternatives, crois-moi ! Pour ce qui est de la suite, je ne te cache pas que jusqu'alors j'osais naïvement espérer qu'il y avait de l'espoir, mais si tu me dis que ton père t'as carrément signé un chèque pour que tu changes de sexualité, je réitère mon jugement. Wow, je suis... Abasourdi. Ça n'a pas dû être facile à vivre... »
Owen, plus compatissant que jamais, voit que l'effort de confidence fourni par Tristan n'était pas aussi salutaire qu'il ne l'aurait espéré et l'interrogation que lui lance le jeune homme, à propos de Julia, lui fait comprendre qu'il souhaite surement changer de sujet au plus vite, ce qu'Owen accepte tout à fait.
« -A vrai dire je ne sais pas du tout. Je pense qu'il faut que je me prenne en main, j'espère juste que ça n'est pas trop tard et que je pourrais réparer ce qui a été brisé. Je vais d'abord prendre mes responsabilités et admettre que j'ai un problème. Tu devrais en faire autant Tristan et je pourrais t'y aider du moins quand j'irai mieux, si j'y arrive. »
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(✰) message posté Dim 22 Fév 2015 - 14:51 par Invité
C'est étrange de tout dire à un parfait inconnu. Je ne sais pas pourquoi je lui dis tout comme ça, sans doute parce qu'il m'inspire confiance et qu'après s'être retrouvé dans le même lit on peut faire quelques concessions, puis il m'a raconté son histoire alors c'est à mon tour de le faire. Plus je parle, plus je me sens vide, plus je me sens malheureux, comme si je prenais conscience de ma peine. Lui aussi à eu des problèmes avec son père, à croire que c'est le lot de tout le monde. Je n'ai pas encore croisé d'amis qui s'entendaient bien avec leur famille, peut-être que nous avons le même genre d'histoire et que c'est ça qui nous rapproche. J'ai tout à coup beaucoup de compassion pour cet homme. Il sait ce que je peux ressentir et ça fait du bien de me dire que je ne suis pas seul. Nous n'avons juste pas le même point de vue sur nos problèmes. Je ne me sens pas encre capable d'en parler à mes proches. Surtout pas à ma famille. Je les vois déjà venir et leur dire serait comme les décevoir une fois de plus. Je n'ai pas envie qu'ils sachent à quel point je me sens mal dans ma peau, à quel point ils auraient sûrement eu raison. Je secoue la tête lentement de gauche à droit lui indiquant qu'en effet je n'ai pas parlé de ça. Je garde tout pour moi bien au chaud. Non ce n'était pas facile à vivre et ça l'est encore moins maintenant. Il ne me parle pratiquement plus. Je le cherche aussi un peu, je le provoque beaucoup pour qu'il se rende à quel point j'ai besoin de sa présence mais c'est toujours pareil, quoi que je fasse rien ne change. Il reste toujours de marbre et ne change pas de position. Je ne sais plus vraiment quoi faire pour qu'il m'accepte comme je suis. Et puis de nouveau nous parlons de Julia, c'est le moyen pour moi de changer de sujet ce qui me va très bien.
« Vous pourriez lui montrer, tentez votre chance, qui ne tente rien n'a rien. Si vous l'aimez et je suppose que c'est le cas vous devez le lui dire.»
Je sais bien que ce ne sont que des mots venus d'un jeune inconnu qui n'a sans doute pas autant d'expérience que lui en amour, mais si je sais une chose c'est que l'on regrette toujours de ne pas avoir avoué son amour. J'avale un morceau de pain au lait avent de lui proposer : « Et si on allait faire un tour? Qu'en pensez-vous? Prendre l'air devrais nous rafraîchir les idées. Vous pouvez prendre une douche si vous le souhaitez et puis vous pourriez aller rejoindre Julia.»
Je lui fait un clin d’œil et me lève. La journée promet d'être meilleur que celle d'hier. Je ne suis pas mécontent d'avoir rencontrer cet homme. Je sens qu'il peut m'apporter beaucoup.
Fini pour moi
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(✰) message posté Dim 22 Fév 2015 - 19:05 par Invité
La vie peut parfois vous réserver quelques surprises et ainsi mettre sur votre route des compagnons d'infortune qui deviendront, à n'en pas douter de bons amis. En regardant Tristan du coin de l'œil, Owen n'en doutait plus à présent. Le jeune homme, rencontrait par le plus grand des hasards dans le nouveau sanctuaire d'Owen, était devenu en quelques heures à peine, son nouveau confident et lui-même s'était ainsi prêté au jeu de l'oreille attentive. L'histoire de Tristan, peuplée de péripéties, avait touché Owen et ce flux d'émotions exacerbées provoqua le déclic tant attendu par le médecin qui voguait en pleine tempête depuis des mois. Il était temps à présent de tourner une page, d'affronter ses démons et de les vaincre. Bien sûr, l'entreprise ne serait pas aisée et les tentations jamais bien loin, mais Owen devait se reprendre en main et ne plus laisser sa vie lui échapper. Il devait se battre comme un lion et détruire les chaînes qui l'entravent depuis son retour d'Irak, tel était sa nouvelle mission.
Lorsque le sujet Julia fut à nouveau évoquée, Owen s'en tira avec une pirouette en proposant son aide à Tristan. À vrai dire, parler de Julia, s'avérait plus compliqué et plus douloureux que de compter son récit en terres hostiles. La réflexion lancée par Tristan, fut à l'origine du léger rictus qui se figea sur le visage d'Owen qui lança sans réfléchir
« -Avant d'aimer quelqu'un d'autre, je dois d'abord être capable de m'aimer moi-même. Je dois me soigner avant de tenter quoique ce soit. Et si c'est trop tard, je l'accepterai et je tenterais de vivre ma vie tout simplement »
Après cette courte réplique, non sans conséquence, Owen attrapa un pain au lait et le dévora sans conviction. Tout était dit, il devait penser à lui, avant de penser à Julia. Tristan imita son invité et s'empara d'un pain au lait qu'il dévora lui-même sans une grande conviction.
« -Et si on allait faire un tour ? Qu'en pensez-vous ? Prendre l'air devrait nous rafraîchir les idées. Vous pouvez prendre une douche si vous le souhaitez et puis vous pourriez aller rejoindre Julia. »
Le rictus d'Owen s'effaça pour laisser place à un sourire compatissant. Le jeune homme était maladroit certes, mais il voulait bien faire et ses intentions louables réchauffaient le cœur du peut-être futur ex médecin.
« -Je vais la laisser un peu de côté pour le moment, mais en revanche j'accepte ta proposition de sortie avec plaisir. Je pense qu'un peu d'air nous fera le plus grand bien. Et c'est aussi un bon prétexte pour continuer à parler. Je ne sais pas pour toi, mais ça me fait vraiment beaucoup de bien. »
Les deux hommes se regardèrent et échangèrent un sourire complice. Oui, la soirée avait mal commencé et c'était par la suite, mal terminé, mais à présent, les choses tendaient à évoluer et positivement. C'est donc un verre de trop certes, mais le dernier... Du moins, on l'espère