Can I have this dance ? ☼ Rikcy

C'est vrai, on ne se connaît finalement pas. Pas encore, tout du moins. Je parle pas vraiment beaucoup de moi en général, et elle, elle a beau m'avoir éclairé sur certains points, il y a encore sans doute des milliers de choses qu'il me reste à apprendre sur elle. Ce que je sais, cela étant, c'est que je n'ai aucune envie de la voir triste et que, tant que ça sera en mon pouvoir, je ferai ce que je peux pour qu'elle soit heureuse. Je peux pas prédire de quoi demain sera fait, et si ça se trouve, demain matin, je vais me réveiller avec la désagréable impression que tout ça, c'était qu'un rêve si elle me fout réellement dehors mais... Pour l'instant, j'essaie de pas trop y penser. De ce qu'on s'est dit jusque-là, de la façon dont les choses se déroulent, ça a pas vraiment l'air de partir dans cette direction et ça m'arrange bien. Et on a pris la direction de chez elle, donc, sur ma précieuse moto.

C'est assez surprenant quelque part qu'elle habite elle aussi à Hammersmith, à quelques rues, en définitive, de chez Tyler. Ca l'est moins qu'une fois dans le hall, ce soit l'ascenseur qu'elle prenne, et si je la suis, je ne suis effectivement pas à l'aise. Pourtant, ses attentions, dirons-nous ne me laissent pas complètement indifférent, loin de là, mais je serais plus serein une fois sorti de là.

« Tu veux t’en aller ? Que je m’en aille ? Que je me rhabille ? Dis-moi…
- J'ai aucune intention de m'en aller, et je vais certainement pas te demander, à toi, de partir, alors qu'on est précisément chez toi, dans ton salon... »  


J'ai passé un bras autour de ses épaules pour l'attirer à moi, et déposer un doux baiser dans son cou. Ca pour être désirable, la question se pose absolument pas. Je veux juste pas précipiter les choses, alors forcément, l'avoir contre moi en petite tenue, ça reste un peu délicat à gérer, mais je suis un garçon qui sait se tenir. Et comme sa petite boule de poils noirs est venue s'imposer entre nous, j'ai un bon moyen de me donner une contenance.

« C’est mon Blacky ! Il a 4 mois.
- Un bébé encore, donc... Il est trognon... »  

C'est pas comme si j'aimais pas les animaux mais après le listing des bestioles de l'appart' au bar tout à l'heure, je pense qu'elle l'a très bien compris. On a ouvert une bouteille de champagne, et trinqué à nous, avant qu'elle ne se relève et ne mette de la musique. Un slow langoureux se mit alors à résonner dans la pièce, tandis qu'elle venait me chercher et passer les bras autour de mon cou.

« Tu sais... je crois que ça fait quelques heures que la partie séduction est close. Je suis déjà dans tes filets... »  

Un baiser encore, avant que je ne colle mon front au sien, tentant tant bien que mal de ne pas lui marcher sur les pieds vu comme la danse et moi ça fait douze.

« Et tu es terriblement séduisante et désirable mais... Disons que pour certaines choses, ça va être un peu tôt pour moi. Je veux rien précipiter, mais je veux pas te vexer non plus... Moi ça me va de juste... danser, parler, boire un peu de champagne et dormir sur le canapé... »  

Parce que non, je ne me vois pas m'imposer dans ton lit, même si je suis tout à fait capable de simplement dormir avec mes bras autour de tes épaules sans rien attendre de plus. Et j'espère que tu le prends pas mal, parce que vraiment, je veux pas te vexer. Juste... bah comme je viens de le dire à l'instant : je veux pas précipiter les choses. Je voudrais surtout pas qu'on ait des regrets, l'un comme l'autre, et que tu finisses par me détester, comme t'es en train d'arriver à détester ton John...

« Non, mais je voulais dire aller dans ma chambre, te laisser tranquille, arrêter quoi. »

Y a pas vraiment besoin d'être devin ou fin psychologue pour comprendre qu'elle est un peu perdue. Et je peux pas m'empêcher de me demander ce que ce type, ce John, lui a fait pour qu'elle se sente aussi peu... confiante, au final. Qu'elle ait l'impression qu'elle doit forcément en passer par une phase de séduction presque éhontée pour garder un homme près d'elle. Peut-être que c'était le cas pour ce type, mais ça n'est pas le cas pour ce qui me concerne. Ca n'est juste pas moi. Si je suis là ce soir, c'est pas pour profiter de son corps, même si oui, bien sûr que je la trouve désirable, terriblement, même.

C'est bien ce qui fait que, moi non plus, je ne sais pas trop sur quel pied danser. J'ai pas envie de tout gâcher, de précipiter les choses et ensuite d'avoir des regrets. Mais si je me refuse à elle, là, est-ce que ça ne va pas être précisément ce qui va se passer ? Je suis pas très fier, lorsque je prends donc la parole, et encore moins quand ses pommettes se teinte d'écarlate.

« Je suis désolée, excuse-moi. Comme je t’ai dit plus tôt dans la soirée, je pense pas être prête pour ça, moi non plus. Je voulais simplement te faire plaisir et me détacher de l’image de fille coincée qui me colle généralement à la peau. Je voulais me prouver à moi-même que j’étais capable de ça, mais comme je te l’ai dit, je ne suis pas prête. Je pensais que c’est ce dont tu aurais envie, et je me suis embarqué dans cette mise en scène. Enfin, je me comprends. Mais si tu veux, je peux aller mettre quelque chose de plus décent.
- Tu sais... »

Je me suis rapproché d'elle, et ai pris son visage entre mes mains, mon front collé au sien.

« Tu n'as ps besoin de te forcer pour quoi que ce soit. Je sais pas qui t'a mis dans la tête cette idée de cette image de fille coincée que tu es censée renvoyer, mais oublie ça tout de suite, parce qu'à aucun moment ce n'est ce qui m'a traversé l'esprit. Enfin... Je crois que j'ai une idée de qui peut avoir mis cette idée dans ta tête, mais passons. Tu n'as rien à me prouver, et encore moins d'excuse à me faire ou je ne sais trop quoi. Et tu peux bien porter ce que tu veux, ça ne me pose vraiment aucun souci. »

Tout ce que je voudrais, là, maintenant, c'est qu'elle se détende, qu'elle arrête de se prendre la tête et qu'on profite juste de la présence de l'autre. Parce que c'est pour ça que je suis là, non ?

« Et quant à dormir sur le canapé… Si c’est ce que tu souhaites, je respecterais ton choix, mais tu peux dormir avec moi, dans mon lit si tu le veux. J’aimerais beaucoup, personnellement, même s’il ne se passe rien.
- Tout ce que tu veux. »

Si tant est que tu le veuilles vraiment. Je lui ai donné un autre baiser, et l'ai serrée contre moi.

« Tous les hommes ne sont pas comme lui, Lucy. Je ne suis pas comme lui. »

Et je comprends bien que je vais avoir du boulot pour que tu le conçoives, mais... j'ai envie de tenter le coup. Je suis pas vraiment du genre à me battre pour beaucoup de choses, seulement quand ça en vaut vraiment la peine. Et je crois que c'est le cas, ici. Alors on va passer cette soirée tous les deux, cette nuit même, ensemble. Et quoi qu'il arrive à l'avenir, si j'arrive au moins un tout petit peu à te redonner confiance en toi, et accessoirement, dans la gente masculine aussi, ça sera déjà énorme.

I don't care.

Que ce qu'il se passe ce soir donne une piètre idée de son boulot,  ça m'effleure même pas l'esprit. Le travail et la vie personnelle, ça reste deux choses différentes. Elle est mal à l'aise ce soir, peu sûre d'elle. Ok. J'ai vu comme elle s'est présentée, tout à l'heure, cependant, ce qu'elle peut faire, être, paraître, quand son coeur joue pas les trouble-fêtes. Rien à voir, donc. Et de toutes les manières, là, maintenant, tout de suite, je m'en fous.

Les autres, demain, John et son passé, nos passés respectifs, ça n'a pas d'importance. Ce qui en a, c'est ce qu'on partage, plus ou moins, et ces petits moments de tendresse entre nous. Alors peut-être bien, oui, qu'on ira plus loin... Plus tard. Juste, pas ce soir. On a tellement d'autres choses à découvrir sur l'autre, pourquoi se presser ? C'est pas parce qu'un connard a agi comme tel qu'il faut forcément croire qu'il avait raison.

« John n’était vraiment pas quelqu’un de bien tu sais, à bien y réfléchir. Ces derniers jours, ses messages n’ont fait que me déprimer plus encore. Les filles là-bas sont canons, et il profite au maximum du fait que je ne sois pas là. Top, hein ?
- Ello es tonto, si piensa que cualqiera chica puede valerte. »

Ces mots, je les pense très sincèrement. N'importe quelle nana aguicheuse et dénudée ne rivaliserait jamais. J'arrive même pas à comprendre comment on peut ne serait-ce qu'y songer une seconde. Je sais bien que les goûts et les couleurs, ça se commande pas mais... a priori, on en a en commun, vu qu'on a été attiré à un moment ou à un autre par la jeune femme dans mes bras. Pourtant, aujourd'hui, il a l'air de préférer des bimbos vulgaires sorties de Playboy... Non, définitivement, je comprends pas. Moi, pouvoir la serrer contre moi, ça me suffit. Je sais bien que tout le monde n'est pas comme moi, mais tout de même...

« J’en ai envie. Vraiment. Dormir dans tes bras, Rafael.
- Ok... »

Ca a l'air de rien pourtant c'est toujours pas des paroles en l'air. Oui, je vais dormir avec toi, si c'est ce que tu veux, et je crois que mes bras serrés autour de tes épaules le confirment.

Une larme a perlé au coin de son oeil pourtant, et roulé sur sa joue, et j'ai pas vraiment pu m'empêcher d'approcher ma main pour l'essuyer.

« Merci. »

Il n'y a pourtant rien à remercier, mais je ne refuse pas ses lèvres. Pas plus que je n'oppose la moindre résistance quand elle nous dirige vers sa chambre. Je m'attends juste pas à ce qu'elle se mette à danser comme une folle sur son matelas, mais ça me fait sourire. Vas-y, défoule-toi, fais-toi plaisir. Moi, je suis heureux rien que de voir le sourire revenir sur ton visage.

Je l'ai laissée faire, jusqu'à ce qu'elle en ait marre, regrettant de ne pas avoir ma guitare pour accompagner ses mouvements. Une autre fois, peut-être. Et quand elle s'est calmée, je suis venu la prendre dans mes bras, lui donner un autre baiser, bien que je sois, pour ma part, à même le sol. Demain est un autre jour, il paraît. Pour ce soir, on s'est encore embrassés, et j'ai fini, effectivement, par me lover contre elle, dans on lit. On a discuté un moment, entre deux baisers, quelques câlins, et puis ses yeux ont commencé à se fermer, et je lui ai une bonne nuit. Je crois que je me suis endormi à mon tour assez rapidement, mes bras refermés sur son corps tout contre le mien, tendrement enlacés jusqu'au matin.