(✰) message posté Dim 14 Sep 2014 - 21:08 par Invité
Hammersmith; the corner of the street Because, if you could love someone, and keep loving them, without being loved back . . . then that love had to be real. It hurt too much to be anything else. Il s’était passé un temps fou depuis la dernière fois où j’avais vu son visage angélique. Athénaïs était tout simplement partie pour accomplir de grandes choses ; mais elle n’avait jamais oublié ce lien invisible et immuable qui nous unissait. J’étais comme un idiot en cavale, courant à perte à d’haleine avec une jambe éclopée. Je lui lançai un regard plein de reconnaissance, mais son visage engourdi ne semblait pas savoir exprimer ce genre d’émotions. Une ombre de sourire naquit au coin de ma bouche pincée. Je plissai les yeux, amusé.
“ Je te vois plutôt comme un chat sauvage, venant et partant, selon son envie. Je suis loin de pouvoir faire ce que je veux de toi. ”
J’arquai un sourcil. Ma bouche frémissait, victime d’un désir inassouvi. Plus cette entrevue diabolique persistait dans le temps, plus je me rendais compte que je n’étais pas complètement guéri de mes vieux démons. Athénaïs était la pente glissante qui me reconduisait droit en enfers. C’était un châtiment dont mon âme masochiste ne pouvait que se délectait. C’était une satisfaction amère que j’avais appris à adorer. Je savais que c’était malsain, mais ne dit-on pas que le cœur a des raisons que la raison ignore ? Je me mordis la lèvre inférieure.
« Je déteste les chats. Je les trouve vicieux, trompeurs et extrêmement opportunistes. Le suis-je aussi ? » Je marquai un silence. «Probablement. » Je soufflai d’une voix douce. Mon visage s’amusait à défier mes sentiments. Je voyais bien qu’elle était dans le même état de trouble que moi. Je voyais bien que nous étions deux à s’enfoncer dans cette petite mascarade. « Cela dit, je me demande quelles tortures, tu voudrais bien m’infliger si ton pouvoir pouvait s’étendre jusqu’à moi. » Je levais les yeux au ciel, l’air de pas y toucher. « Je n’ai pas peur, bizarrement. »
Mon cœur était enivré par mes propres paroles. Je sentais mes battements se perdre quelque part entre ma bêtise et la complexité des sentiments que je lui portais. Je ne savais pas encore mettre nommer notre relation. Il y’ avait tellement de contre-courants et de vents contraires ! Nous étions souvent complices, parfois amants, mais je ne pouvais oublier les nombreuses fois où les crises de nerfs étaient au rendez-vous. Je fis la moue.
“ Je suis outrée ! Demande à qui tu voudras, tout le monde dira que mon visage est pur et innocent. C’est toi et ta voix séductrice qui me font pêcher ! ”
Je m’esclaffai face à son air faussement théâtral. Elle était impénitente, et le pire c’est que j’étais complètement accro à son insolence. Je m’humectai les lèvres avec douceur. Un éclair insalubre traversa mes yeux lorsque je lui adressai un sourire.
« Tu sais que seul mon jugement compte. » Je ris avec retenue, comme si je cherchais à dresser une certaine distance de convenance entre nous. « Tu es une âme facilement corruptible, Athénaïs. Voilà pourquoi tu es si bonne pécheresse. »
Je la regardai de haut. Mon dos dressé depuis quelques minutes déjà avait fini par se fatiguer. Je me calai dans mon siège en soupirant. Décidément, mon corps n’était plus qu’un tas de ferraille ! Je tendis la jambe en lançant un regard en biais à mon genou. Toute la douleur que je ressentais disparaissait avant de réapparaître au moment où je m’y attendais le moins. Mon teint blafard, et les cernes violacées au coin de mes yeux, trahissaient ma prestance hautaine. Je la tête d’un air songeur, espérant que mes talents d’orateur suffiraient à compenser la faiblesse que mon image renvoyait. Je me redressai avec lenteur, prêt à lui envoyer un nouveau pique mais l’aura qu’elle reflétait me subjugua à nouveau. J’étais incapable de détourner mon attention plus de deux secondes.
“ Oh je t’en pris ! Arrête. Je suis sûre que tu possèdes une liste bien pleine de femmes qui seraient prêtes à se plier à tes moindres désirs. ” Son exaspération me prit de court. “ Oui, tu es désespérant et un aimant à hormones ! ”
Pourquoi cette fausse impression ? Je ne m’étais jamais montré dragueur outre mesure en sa présence. Je souris.
« Objection, votre honneur ! » Scandai-je d’un ton magistral. « Je mets un point d’honneur à garder mes sources confidentielles, mais on m'a dit je suis quasi sûr que tu n’es pas en reste non plus. Il y’ a un bataillon de larbins prêt à accomplir des folies dans l’espoir d’avoir un regard de la grande prêtresse de l’ombre. » Je ris, moqueur. « J’ai bien de la chance d’avoir su attirer ton attention. »
Pour une raison qui me dépassait, j’étais incapable de rentrer dans les détails houleux de ma vie sentimentale. Je fréquentais une ancienne petite amie depuis peu. J’appréciais beaucoup Sam, elle était d’une grande prévenance, et elle trainait un vécu sombre presque identique au mien. Mais je ne voulais pas la citer devant Athénaïs, comme si cette idylle était une trahison. Je baissai les yeux d’un air songeur. Pourquoi cette dépendance ? Pourquoi cette loyauté, comme si une part de moi lui appartenait ? Le moment fugace lors duquel nos lèvres s’étaient frôlé m’avait rappellé cette promesse inexprimée. Je soupirai.
“ Il se peut que j’ai testé ce genre de choses avec mes amants. ”
Mes yeux s’écarquillèrent. En parlant de trahison …
« C’est un sacrilège que tu me fais. Tu avais promis de me réserver ce genre d’aventure. Mais je ne t’en veux. Je suppose que c’était une manière de t’accrocher au passé : Tester toutes nos extravagances ailleurs. »
Le vent froid qui caressait mon visage était porteur de messages sournois que je me jurais d’ignorer. Je ne pouvais tout simplement pas me laisser aller aux appels de la chair, alors que tout ce qu’elle désirait c’était me sauver. A nouveau. Le destin s’acharnait à la mettre sur mon chemin de manière inévitable, à chaque fois que je me sentais d’abandonner. Je serrais son étreinte avec une frénésie qui me surprit. Décidément, la suivre était un péripétie dangereuse.
Je mordais la poussière à nouveau. Pourquoi ne pouvais-je pas aller au-delà de limites de l’entendement ? Pourquoi ne pouvais-je pas conquérir l’amour et ses absurdités ? Je me tenais debout au milieu des ruines de mon passé. Je ne pouvais pas vaincre mes peurs. Je ne pouvais plus me battre sans armes. Le vent se faisait tout à coup cruel, mais il ne pouvait plus me briser. Ma peau endurcie avait enduré les tortures du corps, alors plus rien ne pouvais me détruire. Mais il y’ avait cette tâche sombre dans mon cœur. Je me redressai nonchalamment. Mes yeux se perdaient dans le regard compatissant d’Athénaïs, incapables d’analyser ses pensées : Pourquoi moi ?
“ Ne me dis pas que tu m’as prise au sérieux tout à l’heure. ”
Mon âme me tourmentait. Cette maison immense et hostile, me tourmentait. Cet homme que je connaissais pas me tourmentait, l’attirance injustifiée que je ressentais pour mon amie me tourmentait … Je serrais les poings, fou de rage. Je voulais me battre contre ce sentiment mais je ne pouvais pas me contenir. Je plaquai la jeune blonde contre le mur. Je ne pouvais pas me résigner à lui faire du mal, mais je savais exactement comment calmer mes ardeurs. Mes dents se plantèrent de la chair humide de ma lèvre inférieure.
“ Tu es encore plus séduisant lorsque tu es énervé, Julian. En temps normal, je t’aurai laissé criser tout seul mais nous ne sommes pas seuls. ” Je fulminai. Je soupirai d’un air mauvais ; ce n’était vraiment pas le moment de me taquiner. Je plaquai mon torse contre sa poitrine afin de la dominer par ma carrure imposante. “ Tu crois vraiment que je suis du genre à coucher avec tout mon staff ? Ce n’est pas en leur donnant mon corps qu’ils vont me respecter et m’être fidèle tu sais. Alexandre est un ami, rien de plus. ”
« Et moi, que suis-je, Athénaïs ? » Ma voix étant cassante. « Un rat de laboratoire ? »
Elle me poussa délicatement contre le mur, renversant ainsi la situation. Mon souffle était court, haletant par moment. Elle posa ses mains sur son torse et je ne pu m’empêcher de la repousser.
“ Je vais finir par croire que tu es jaloux. Et tu sais qu’un homme jaloux, ça me fait carrément fondre…”
Tout chez elle n’était que provocation. Je déglutis en la sentant si proche de moi. Je papillonnai des yeux afin de reprendre mes esprits mais rien n’y faisait. Je devais cogner. Mes yeux embués se fermèrent sur révélation monstrueuse. Je n’étais que l’ombre d’un homme, trop fragile pour résister, trop souillée pour se repentir.
“ Je suis assez grande pour savoir ce qui est bon ou pas pour moi. Tu ne me fais pas peur, tu ne me feras pas de mal. Si tu veux que je reste à tes côtés, tu n’as cas le formuler et je te promettrais de ne pas te quitter. Au cas contraire… Je ne partirai pas non plus ! ”
Son rire m’extirpa de la réalité. Ceci n’était pas un comte de fées ou la voix douce de la princesse adoucissait les mœurs du grand méchant loup. Je la fixai, incrédule, incapable de réaliser qu’une femme aussi intelligente puisse être aussi naive.
“ J’ai envie de revoir cette expression de jalousie dans tes yeux. -ce que tu le frapperais si je l’embrassais maintenant ? ”
« Je ne suis pas jaloux. » Grinçai-je entre mes dents. « Embrasse-le donc! Tu en as embrassé des millions après moi, je n’en suis pas mort. »
J’étais Adrammelch, le grand courroux, empereur parmi les descendants. Mon cœur martelait ma poitrine avec acharnement. Je me sentais vaciller. Elle se décala lentement, provocatrice à nouveau.
“ On ne devrait pas le faire attendre. On réglera ça plus tard, ton genou ne va pas attendre indéfiniment. “
Je soupirai en la suivant. Ma jambe s’était tout à coup raidie ; encore un sale coup de ma prothèse ! Je lançai un regard inquisiteur à Alex. Je ne le connaissais pas. Je ne lui faisais pas confiance. Et je ne l'aimais pas. C’était aussi bête que ça ! Il s’approcha de moi afin de m’examiner. Je tentais un mouvement de recul brusque mais le regard d’Athénaïs me retint dans ma pulsion.
« Allez-y qu’on en finisse ! » Lançai-je plein de dédain.
Les instants qui suivirent furent assez space. Alexandre ne parlait pas, il m’observait de face, puis de profil, me demandait de marcher ou de sauter … Il avait même effectué une sorte de massage bizarre sur la zone enflée de mon genou. Je gémis tandis qu’il testait mes articulation.
« Vous avez le ligament rupturé. »
J’arquai un sourcil, non mais sans blague ! Il me lança un regard furtif avant de se concentrer sur ma blessure à nouveau. Après quelques instants il me demanda d’enlever mon pantalon. Je soupirai en m’exécutant. Heureusement que je n'avais pas mis mon caleçon à cupidons!
« Nous aurons besoin d’une radio. » Marmona-t-il dans sa barbe. Mais c’est quoi ce mec ? Il disparut pendant quelques instants avant d’apparaitre avec un petit dispositif de radiologie semblable à celui utilisé pour les fractures chez les grands chevaux de courses. Il mit une blouse protectrice et en tendit une autre à Athénaïs. Après quelques manœuvres douteuses et un flash étincelant, il se dirigea vers son ordinateur pour observer le cliché. Au vu de son air froncé, il ne devait pas être très bon. Il revint à ma hauteur afin de recommencer.
Au bout de ce qui me sembla être 3 ou 4 essais, il me libéra enfin. Il lança un sourire complice à Athénaïs, puis il me regarda, neutre.
« Votre prothèse ne tient plus en place. Je suis étonné de voir qu’on répare encore les ruptures de ligament croisé antérieur avec cette technique. Elle a été abandonnée depuis des années. »
Je ne lui répondis pas, préférant me tapir dans le silence. Pour l’instant il ne me disait rien que je ne connaissais déjà.
« Vous avez des lésions méniscales assez importantes sur la face latérale de l’articulation avec un début d’arthrose. Votre articulation s’effrite par endroits, il faut une greffe ligamentaire le plus tôt possible. » Il me sourit. « Je sais que vous êtes sceptique, Julian. Je sais aussi que ma tronche ne vous revient pas, mais je connais Athénaïs depuis des années. Elle ne vous aurez pas ramené si vous étiez aussi pompeux que vous en avez l’air. »
Ducon va ! Je ne bougeai pas d’un pouce.
« Il semble que vous ne comprenez pas ce que je dis ; vous risquez de finir estropié. »
Je déglutis. Pardon ? Mon visage changea de couleur.
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(✰) message posté Mar 16 Sep 2014 - 9:33 par Invité
Leur bêtise ne trouvait pas de limite. Après plusieurs années sans se voir, ils étaient là, assis dans une brasserie à tester la répartie de l’autre, n’ayant apparemment aucun tabou. Leurs phrases semblaient directes mais sous-entendaient bien des choses que seuls, eux, pouvaient comprendre. Peut-être avait-il raison et qu’ils avaient réellement partagé un lien fort dans le passé ou peut-être qu’ils étaient tout simplement assez intelligents pour lire entre les lignes. Une partie d’elle souhaitait partager quelque chose de spécial avec lui, mais une autre se plaisait à se dire qu’elle ne représentait rien d’autre qu’un investisseur. Et à chaque fois qu’elle se perdait dans ses pensées en tentant de trancher sur la question, le son de sa voix la percutait, faisant pencher la balance du côté qu’elle appelait obscur.
« Je déteste les chats. Je les trouve vicieux, trompeurs et extrêmement opportunistes. Le suis-je aussi ? Probablement. » “Considérons que tu sais où placer tes pions sur le jeu d’échecs.” répondit-elle, s’appropriant la description plus elle-même.
Il fallait le reconnaître, la jeune femme agissait rarement sans avoir une idée, une stratégie en tête. Calculatrice ? Prévenante plutôt. Elle disposait les choses en sa faveur et selon son bon plaisir. A quoi servirait l’intelligence si ce n’était pas pour rendre la vie plus agréable ? Cependant, il lui arrivait d’imaginer des schémas plutôt sombres, qu’elle se gardait d’en parler, même à ses meilleurs amis qui, eux, pouvaient se montrer tellement cruels.
« Cela dit, je me demande quelles tortures, tu voudrais bien m’infliger si ton pouvoir pouvait s’étendre jusqu’à moi. Je n’ai pas peur, bizarrement. » “Tu es bien présomptueux.” siffla-t-elle. “Je pense…” commença-t-elle. “Que je ferai en sorte que ton coeur se comprime à la seule évocation de mon nom et que ton souffle en serait coupé.” termina-t-elle en souriant. “Et sûrement t’obliger à rester toute la journée au lit avec moi.” ajouta-t-elle, malicieuse. “Tu vois, des choses peu plaisantes alors méfie-toi.”
Décidément, son esprit se perdait parmi toutes les fois où leur corps s’étaient entrelacés, redoublant de ferveur et de passion. Il serait faux de dire que leur relation n’avait pas été physique alors qu’ils passaient un temps fou dans son appartement, sur les Champs-Elysées. Leur soif charnelle ne tarissait pas bien qu’ils s’appliquaient à y remédier. Et lorsqu’ils arrivaient enfin à s’arrêter, Athénaïs l’emmenait dans les plus beaux endroits de Paris, les plus chics aussi. Sans aucune pitié, elle l’avait propulsé dans son monde, guidée par le seul caprice de l’avoir tout le temps à ses côtés. Un souvenir la fit rire, elle se sentait obligée de le lui partager.
“Dis-moi, est-ce que tu te souviens de la fois où nous sommes allés au Moulin-Rouge ? Je ne faisais que de t’en parler et finalement, je ne t’ai pas laissé regarder le spectacle plus de cinq minutes ! Ce n’était pas humain de vouloir que tu ne regardes que moi.” dit-elle, en souriant.
Ce fameux cabaret où il fallait réserver les places quelques mois avant de vouloir poser les yeux sur les danseuses. Évidemment, elle y était allée avec lui en connaissance de cause mais elle s’était retrouvée à lui ordonner de ne poser son regard nul part ailleurs que sur elle. Résultat, ils avaient siroté plusieurs apéritifs sans avoir vu une miette de la raison de leur venue. Elle se souvenait même qu’il n’avait pas cherché à broncher, il s’était plié à sa volonté, et pendant toute la soirée, ils avaient passé leur temps à discuter, les yeux rivés l’un sur l’autre. Dans un endroit pourtant si fréquenté, si bondé, cette nuit, c’était comme si ils étaient seuls au monde.
“J’aimais la façon dont tu me regardais ce soir-là.” murmura-t-elle, mélancolique.
La façon dont elle s’ouvrait à lui la surprenait presque mais au fond, elle savait pertinemment qu’avec lui, ce genre de sujet n’allait pas tomber dans la mièvrerie.
“D’ailleurs, si je te voyais aujourd’hui en regarder une comme tu le faisais avec moi, je serai horriblement affectée et énervée !” s’exclama-t-elle en lui faisant une sorte de mise en garde. “Oui, je serai vraiment vexée.”
La jeune femme pesait bien ses mots, sa possessivité l’effrayait parfois. Ils s’étaient fréquenté il y avait tellement longtemps mais même le temps ne semblait pas venir à bout de son caractère. Elle ne pouvait pas s’empêcher de le regarder et de se demande si celui qui se trouvait face à elle était toujours celui qu’elle avait connu ou s’il avait changé.
« Tu sais que seul mon jugement compte. Tu es une âme facilement corruptible, Athénaïs. Voilà pourquoi tu es si bonne pécheresse. » “Tu te remets encore en position de bourreau !” l’accusa-t-elle. “Donc tu avoues que je suis pure, enfin, que j’étais pure du moins.” se rectifia-t-elle en riant.
L’éclat de son rire était sincère, elle était détendue plus qu’elle ne le souhaitait mais elle ne voulait plus dresser de mur entre eux. Elle ne savait même pas si ils allaient se revoir alors à quoi bon se casser la tête sur les conséquences ?
Son genou avait l’air de le faire souffrir, aucune position ne semblait lui convenir et il abandonna vite sa posture. Elle compatissait, rester droit en permanence demandait des efforts et des habitudes. Elle savait de quoi elle parlait, depuis sa plus tendre enfance, on lui avait appris de se tenir ainsi quel que soit le moment, l’endroit ou la fatigue. Maintenant, ce n’était qu’un réflexe, on ne la voyait jamais courbée. Elle en remerciait bien son éducation, elle ne voyait pas comment une femme pouvait avoir de la prestance avec un dos voûte.
« Objection, votre honneur ! Je mets un point d’honneur à garder mes sources confidentielles, mais on m'a dit je suis quasi sûr que tu n’es pas en reste non plus. Il y’ a un bataillon de larbins prêt à accomplir des folies dans l’espoir d’avoir un regard de la grande prêtresse de l’ombre. » “Prêtresse de l’ombre ?” répéta-t-elle, le ton enjoué. “Je vois quelle image tu as de moi maintenant !” lui lança-t-elle, faussement blessée. “Un bataillon ? Je ne sais pas…” dit-elle, pensive. “Mais tu esquives la question !”
Cependant, elle n’avait pas besoin qu’il approfondisse davantage, des connaissances lui avaient affirmé l’avoir vu en compagnie d’une belle brune, à plusieurs reprises. Ils s’étaient même proposés d’en faire des rapports mais suite au refus catégorique de l’héritière, ils ne lui avaient plus reparlé. Elle avait en tête plusieurs dossiers le concernant qui jonchaient probablement le bureau de son premier appartement à Londres, elle ne les avait pas lu, trop occupée par son arrivée ici. D’ailleurs, il était peu probable qu’elle ne les lise un jour, elle venait d’emménager dans un hôtel privatif construit selon ses goûts par ses parents.
« J’ai bien de la chance d’avoir su attirer ton attention. » “Tu crois que c’est une chance ?” demanda-t-elle, curieuse. « C’est un sacrilège que tu me fais. Tu avais promis de me réserver ce genre d’aventure. Mais je ne t’en veux. Je suppose que c’était une manière de t’accrocher au passé : Tester toutes nos extravagances ailleurs. »
Elle ne pu s’empêcher de rire aux éclats. Il voulait avoir réponse à tout.
“Tu crois tout ce que je dis, comme si j’avais eu une liste d’amants innombrables ! Et d’ailleurs, je te fais observer, que ce n’est que parce que tu aimes ce genre… d’extravagances que j’ai découvert cet univers. Tu m’as initiée, mais je n’ai jamais refait ça avec personne.”
Leur étreinte ressemblait à une conversation silencieuse, ils étaient restés pendant plusieurs minutes, ainsi blottis. La force avec laquelle il la serrait, la touchait. Elle aurait pu tout aussi bien s’endormir dans ses bras, comme auparavant, bercée par sa douce chaleur. Elle ne pouvait pas nier le fait que de simples amis ne réagiraient pas de la sorte.
“Seulement pour ce soir.” pensa-t-elle, en sentant la culpabilité s’emparer d’elle.
Cet instant était si doux, il pouvait être si doux mais aussi si dur. Au moment où il l’avait plaquée contre le mur, leur étreinte ne semblait plus qu’un vieux souvenir. Il fulminait, n’arrivant plus à contenir sa colère. Ne comprenant pas ses raisons, la belle ne semblait pas impressionnée du tout, mais émerveillée devant son visage tiré par les émotions.
« Et moi, que suis-je, Athénaïs ? Un rat de laboratoire ? »
Son pouls s’était accéléré à la prononciation de son prénom. Il avait prendre ses paroles pour de la provocation, elle ne le pensait pas moi, il était horriblement sexy lorsqu’il s’énervait. Elle constata à son grand désarroi qu’il s’était acharné sur lui-même, sa lèvre inférieur laissait entrevoir un léger filet de sang. Elle déglutie légèrement, cette substance la rendait faible, elle ne supportait pas sa vue et encore moins lorsque quelqu’un se plaisait à se mutiler !
Guidée par son instinct, elle emprisonna sa tête entre ses mains et posa délicatement son front contre le sien. Peu à peu, leur nez se toucha et doucement, elle approcha sa bouche de la sienne. Avec une tendresse infinie, elle se délecta de sa lèvre inférieur. Le goût du sang sur la sa langue la submergea, il saignait abondamment. La sensation qu’elle ressentie alors, lui demanda un effort immense pour la contrôler. Son corps souffrait, il appelait sa chair comme unique remède. Ses doigts avaient une folle envie de fourrager sa chevelure rebelle et de l’embrasser à pleine bouche. Ayant consciente qu’elle venait de franchir une limite, elle recula contre le mur, brisant leur contact charnel. Considérant que ce geste venait de répondre à question, elle ne dit rien de plus, gardant quelques instants le silence. Sa respiration était saccadée.
Alors qu’elle avait renversé la situation, en le poussant à son tour, sur le mur opposé, il l’avait repoussée. Rejetée, elle le regarda sans comprendre. Son geste la blessait pour une raison qu’elle ignorait. Peut-être avait-elle eu tord d’avoir établi un contact corporel, qu’aurait-elle du faire ? Les questions se bousculaient, tandis qu’elle se tenait face à lui, dépaysée. Quelques centimètres à peine les séparaient mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une sorte de malaise, comme si à présent, tout les séparait. Elle voulu poser la main à nouveau sur lui mais au moment où elle allait le toucher, se ravisa.
« Je ne suis pas jaloux. Embrasse-le donc! Tu en as embrassé des millions après moi, je n’en suis pas mort. »
Étrangement, la douleur qu’elle ressentait, s'amplifia. Son désintéressement la frappait, son regard la paralysait. Elle se sentait tout simplement triste et ne trouva pas la force d’y répondre. Finalement, elle détourna les yeux et fixa son genou. Sous le coup de la colère, il semblait ne plus y penser. Tant mieux.
Elle sentait son regard sur elle mais se refusa de relever la tête. Elle prenait de grandes inspirations pour essayer de faire passer la douleur qu’elle ressentait mais rien n’y faisait. Elle avait l’impression qu’il tenait son coeur entre ses poings serrés. Décidément, l’amour ne lui réussissait pas.
C’est avec le visage minée qu’elle pénétra dans le bureau. Voulant garder ses distances, elle ne prit pas la chaise que son ami lui avait proposé et resta debout, contre un mur, les bras croisés. Elle observait les mouvements professionnels qu’il faisait, ne posant qu’une seule fois le regard sur Julian, seulement pour lui demander de coopérer.
Le verdict de son ami la sortie momentanément de sa torpeur pour la plonger dans un autre gouffre. La situation ne pouvait pas être plus pire ! Elle pensait bien que son genou était dans un sale état mais à ce point, c’était inimaginable. Lorsqu’elle prit la parole, sa voix tonna d’une assurance profonde.
“Je sais que tu peux faire quelque chose, je connais ce sourire.” « Tu me connais bien. » “Tu peux lui expliquer ce que tu vas lui faire si tu en as envie.” lança-t-elle. “Son accord m’importe peu.” poursuivit-elle, en se détournant une nouvelle fois. “Tu sais ce que tu as à faire.”
Et elle tourna les talons.
“Je vais juste prendre l'air, appelle-moi avant de le mettre sous anesthésie.”
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(✰) message posté Jeu 25 Sep 2014 - 3:55 par Invité
Hammersmith; the corner of the street Because, if you could love someone, and keep loving them, without being loved back . . . then that love had to be real. It hurt too much to be anything else. Il y’avait un animal en moi. Un sentiment d’adoration qu’il m’était difficile de réprimer. Je ne pouvais plus tenir face à son visage familier, son parfum délicat, son affection maternelle et son regard pétillant. Je la touchais et mon esprit retombait vers les bas-fonds obscurs et effrayants. Athénaïs avait une mauvaise influence sur moi, mais j’étais incapable de me dérober de son emprise. En dépit de l’amour, presque maniaque, que je lui vouais, je n’avais que de rares occasions d’explorer mes émotions de cette façon si … impure. Je fermais les yeux, et nous étions à nouveau les amants de la Bastille. Je lui tenais la main dans la station de métro imprimée d’aversion et d’embrasement. Mon cœur se soulevait suavement, emporté par les seuls souvenirs de quiétude que je me permettais encore de garder en mémoire. Je pouvais passer des heures à contempler les murs à ses côtés. Je pouvais passer des heures à argumenter, à me disputer et à me réconcilier.
Sa voix chantait les louanges d’un passé que j’aurais aimé éternel. La France me manquait. Les averses fortuites, le vent sec et glacial, les courses effrénées dans les rues désertes et la magnifique tour Montparnasse. Le quartier fantastique de Saint Honorée, et le gout particulier des vrais croissants. Athénaïs était présente dans chacun de mes songes. Je crois, qu’elle était la raison secrète de ma dévotion pour la ville des lumières. Je souris en la regardant au coin, intrigué par sa prestance princière.
Je ne pouvais tout simplement plus être l'étudiant enjoué et insouciant. Je me sentais perdu, et elle était une fille surprenante et merveilleuse, que je n'arrivais plus à décrire à mes côtés.
“ Tu es bien présomptueux. Je pense…” Elle marquait des légers suspens, et j’étais accroché à ses lèvres. J’ouvris les yeux en me penchant un peu plus vers elle. “ Que je ferai en sorte que ton coeur se comprime à la seule évocation de mon nom et que ton souffle en serait coupé. Et sûrement t’obliger à rester toute la journée au lit avec moi. ” Je lui souris d’un air, penaud. “ Tu vois, des choses peu plaisantes alors méfie-toi. ”
« Et je suis présomptueux ? » Raillai-je en reprenant mes distances.
Mon cœur était perdu dans ses propres battements, allant et venant vers elle dans un rythme effréné, presque douloureux. Ma bouche était sèche de baisers volés dans les rues bondées de Paris, et d’aveux échangés sur le pont des cadenas. J’arquai un sourcil. Si je retombais à nouveau dans tes filets, pourrais-tu me sauver de ton pouvoir de sorcière ? Où serais-je enfin livré à moi-même ? Je dépérirais, et je finirais par devenir un point obscur dans un fond obscur. Mais ce n’était pas si grave ; Je n’avais pas peur du noir. J’avais peur qu’elle finisse par m’oublier à son tour. Ma main chercha le contact de la sienne, mais je me heurtais à la froideur de la banquette à chaque fois que je tentais un rapprochement inapproprié. Je me redressai avec nonchalance. Athénaïs me donnait envie de croire qu’il était possible pour moi d’être humain à nouveau. Son petit rire coquin me tira de ma torpeur. Je me surpris à la regarder hilare, avide de connaitre les divagations de son esprit.
“ Dis-moi, est-ce que tu te souviens de la fois où nous sommes allés au Moulin-Rouge ? Je ne faisais que de t’en parler et finalement, je ne t’ai pas laissé regarder le spectacle plus de cinq minutes ! Ce n’était pas humain de vouloir que tu ne regardes que moi. ”
« J’avais râlé juste pour la forme. » Commençai-je d’une voix charmeuse. « ça ne me dérangeait pas de ne regarder que toi … Je pouvais deviner tes courbes sous ta robe élégante et imaginer tes hanches bouger au gré des trompettes. »
Elle me regarda avant de murmurer d’une petite voix.
“ J’aimais la façon dont tu me regardais ce soir-là. ”
Mon cœur eut un raté.
« J’avais passé la soirée à me demander ce qui clochait avec ton expression, avant de réaliser que tu avais dépassé en mettant ton rouge à lèvres. » La taquinai-je avant de poser mes yeux sur ses lèvres charnues. Sa bouche m’appelait, enivrante et irrésistible. Je soupirai avant de plaquer ma main contre mon genou. Je retins un gémissement en me mordant la lèvre inférieure. Cette douleur était salvatrice. Elle me remettait sur le droit chemin.
“ D’ailleurs, si je te voyais aujourd’hui en regarder une comme tu le faisais avec moi, je serai horriblement affectée et énervée ! Oui, je serai vraiment vexée. ”
Je lui souris, en plissant les yeux.
« Je côtoie des filles qui savent se maquiller la bouche. Tu n’as rien à craindre. » Sifflai-je avec arrogance, avant de me reprendre. « En vérité … Je n’ai jamais regardé une fille avec autant affection ouvertement. Il n’y a eu que ma meilleure amie au lycée, mais aujourd’hui j’ai du mal à poser les yeux sur elle sans ressentir une pointe de tristesse et de rage. » Je déglutis avec amertume, avant de froncer les sourcils. Je sortais avec Sam, mais c’était ma relation platonique avec Eugenia qui me faisait le plus mal. Elle me hantait à chaque moment de la journée. Je fermai les yeux, en grinçant des dents. Je sentais la colère grouiller en moi comme un mal incurable, ravageant tout sur son passage. Mes veines se contractaient malmenées par ce poison brûlant. Je posai ma main à nouveau sur mon genou afin de réveiller mes démons.
“ Tu te remets encore en position de bourreau ! Donc tu avoues que je suis pure, enfin, que j’étais pure du moins. ”
« Si tu étais pure au début … Je suppose que je l’étais aussi. » Murmurai-je le souffle court.
Son ton railleur et sa façon de courber la bouche à chaque pique qu’elle me lançait, ne faisait que la rendre plus charmante à mes yeux. Elle s’amusait à mes dépends, et j’adorais cette sensation fugace d’être le centre de toute son attention, elle, le point de gravité de France. Elle me donnait l’illusion d’être important, amusant et équilibré. Je soupirai, apaisé par sa présence. Comment avais-je pu continuer à gravir les échelons sans réaliser qu’elle me manquait horriblement ? Je la regardais et l’évidence était inévitable.
“ Prêtresse de l’ombre ? Je vois quelle image tu as de moi maintenant ! Un bataillon ? Je ne sais pas… Mais tu esquives la question ! ”
« Je suis le seigneur des ombres, ne veux-tu pas être prêtresse à mes côtés ? » Je souris, avant de reprendre : « Je n’esquive pas ta question. Tu connais déjà la réponse, Athénaïs. » Soufflai-je avec douceur. « Tu sais pertinemment qu’il y a toujours des filles autour de moi. »
Je plongeai mon regard troublé dans le sien. Elle était d’un calme déroutant, mais je voyais une pointe de malice briller au coin de ses yeux de prêtresse de l’ombre.
“ Tu crois que c’est une chance ? ”
J’éclatai de rire.
« Tu te rends compte que la tension sexuelle est à son comble dans cette brasserie ? » La taquinai-je en me raclant la gorge. Elle me déstabilisait à chaque fois qu’elle ouvrait la bouche. J’étais un bipolaire pour le simple plaisir de ses yeux, tanguait entre deux rives contraires. Ma raison me sermonnait, mais mon cœur pompait en direction de mon entre jambe. Je m’exaltais par la douceur de l’interdit. Je retins ma respiration à nouveau.
“ Tu crois tout ce que je dis, comme si j’avais eu une liste d’amants innombrables ! Et d’ailleurs, je te fais observer, que ce n’est que parce que tu aimes ce genre… d’extravagances que j’ai découvert cet univers. Tu m’as initiée, mais je n’ai jamais refait ça avec personne. ”
« Je pense que tu devrais avoir une liste d’amants innombrable et que tu devrais passer du bon temps. Je serais vexé, mais je suppose que je devrais apprendre à laisser aller. » Murmurai-je avec suffisance.
Je voulais me donner des grands airs d’arrogance et prétendre que tout ce jeu de séduction n’était qu’une entrevue un peu trop joyeuse entre deux amis de longues dates. C’était un mirage auquel je voulais me raccrocher de toutes mes forces. L’air frais caressait doucement le duvet de ma nuque, ou étais-ce ses bras autour de moi qui me créaient l'effet d'être invincible ? Je serrais sa prise avec ferveur. La chaleur de cette étreinte, nourrissait mon corps avide d’attention. J’étais pris entre les feux embrasant d’une femme bien trop dangereuse. Je brûlais pour un regard. Je me consumais pour un baiser. Nous étions les amants damnées des enfers. Je soupirai en la laissant partir.
Mon regard meurtri se posa sur son corps fragile, prisonnier de mes griffes. Je venais de me rendre compte que je l'avais plaqué sans ménagements contre le mur. Elle agissait par bêtise. Son contact n’était que supplices et châtiments. J’étais soumis par un corps qui ne demandait qu’à cogner. Je fermai les yeux au contact de son visage. Elle me perçait à jour d’un simple geste. Je pouvais prétendre que j’étais fort et impénitent, elle me rappelait chacune de mes faiblesses. Je n’étais qu’un enfant battu et rafistolé. Une âme abandonnée puis condamnée. Un cœur brisé, mais qui battait toujours. Elle frôla délicatement mes lèvres, et ma poitrine explosa : J’étais simplement humain. Le diable venait de me rendre ma liberté, et je serrais sa prise avec violence afin de détruire cet élan de bonté. Je refusais de virer de bord si près du but. Je ne pouvais plus toucher la lumière. Je mordis sa lèvre, afin de l’embrasser avec une fougue enragée. Athénaïs se déroba à mon contact brusquement. Je la regardai d’un air mauvais en ravalant mon amertume et ma salive au gout ferreux.
« Ne joue pas avec moi Athénaïs… » Grinçai-je.
Je la rejetais pour mieux la protéger. Je la rejetais comme je rejetais mes valeurs et toutes les belles choses de la vie que je ne méritais pas. Son expression figée me rendait fou, et je me surpris à masser mon genou avec maladresse. Un gémissement m’échappa.
Le bureau était dans un état de désordre qui ne m’inspirait pas confiance, mais le regard tantôt miné, tantôt réprobateur d’Athénaïs me stoppait dans mes élans d’insolence. Je sifflai lorsqu’il lança son diagnostic. Pour une raison étrange, je me permettais de croire sa version. Je savais que j’avais forcé, je m’obstinais juste à rester tapi dans ma douleur salvatrice. Elle s’avança avec douceur, mais elle ne m’adressa pas le moindre regard. Je crispai la main sur mon siège en me redressant.
« Je n’ai pas besoin de connaitre les détails de l’opération ! » La coupai-je d’un ton sec. Mais elle était tenace ! Elle tourna les talons.
Le jeune homme se retourna vers moi pour commencer une longue tirade sur les différentes options qui se présentaient à moi.
“ Je vais reconstituer votre ligament à partir de votre propre tissu. Comme ça on est sûr que votre genou tolérera mieux qu’un corps étranger. Je connais deux interventions, la plus classique est celle qui présente de meilleurs résultats sur la stabilité du genou, mais elle repose sur le tendon rotulien. Or, le vôtre me semble un peu mal en point. Plus cette technique a pour inconvénient la possibilité de séquelles douloureuses au niveau de la rotule. Je préconise une greffe à partir du fascia lata. C’est une aponévrose qui se trouve au niveau de la cuisse. Les chirurgiens qui pratiquent cette intervention rapportent de bons résultats mais vous aurez une longue cicatrice à la face externe de la cuisse et du genou. ”
Je le regardai d’un air septique.
« Vous savez ce n’est qu’une cicatrice en plus. » Lançai-je sèchement, en me relevant.
“ Je sais mais je suis obligé de vous faire un topo avant de commencer... C’est le protocole. ”
« Le protocole des médecins ? Parce que vous êtes médecin maintenant ? » Râlai-je irrité. « Puis l’opération va se faire tout de suite ? Je ne suis pas supposé être à jeun ? Ou préparer ma toilette ou m'épiler la jambe ? C’est une blague ? »
“ Je m'occuperais de raser le site chirurgical, ne vous inquiétez pas. ” Claqua-t-il, apparement peu enchanté par mon attitude.
C'était réciproque !J’étais peu convaincu. Je rampai jusqu’à la porte à la recherche d’Athénaïs. L’examen orthopédique avait brimé mon genou et je peinais à tenir debout dans ces conditions. Je l’aperçu au fond du couloir, en face du grand jardin. Je levai les yeux au ciel en marmonnant : Bien sûr elle est au bout du monde ! Je me dirigeai vers elle en m’accrochant au mur.
« Je sais que tu m’en veux, mais je suis un putain d’éclopé, tu n’es pas censé avoir pitié ou compatir ? » Je soupirai. « Je ne sais pas ce que j’ai fait pour te plonger dans le silence de mort. Tu as sans doute une longue liste de reproches te connaissant, mais si je m’excuse une fois ce sera bon ? »
Je cherchai nerveusement mon paquet de cigarette, afin de capturer une tige entre mes lèvres. Je la regardai un sourire au coin.
« Arrête de me faire la gueule, miss Dior chérie. »
Je m’approchai délicatement d’elle. Mon pouce se posa sur sa lèvre.
« Tu as mal ? » Grimaçai-je. « Tu me pousses dans mes limites, princesse... Et je n'aime pas être vulnérable. » Je regardai les roseraies au loin. « Tu me rend vulnérable, Hermé-Deschannel. »
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(✰) message posté Mer 1 Oct 2014 - 2:36 par Invité
Leur relation, aussi brève était-elle, ne lui avait laissée qu’une douce nostalgie qu’elle essayait tant bien que mal de refouler. Elle considérait cette époque comme un pêché inavouable, des moments si agréables, si doux qu’elle venait à se sentir coupable de les regretter. Car après tout, il ne lui avait suffit que d’un regard pour tomber sous son charme. Sa faiblesse d’esprit l’agaçait, et reconnaître qu’il n’avait, effectivement, rien besoin de faire pour la faire tomber, l’énervait d’autant plus. Mais ces sentiments négatifs s’envolaient à chaque fois qu’il prenait la parole. Elle ne pouvait décidément pas lui en vouloir.
Heureusement pour elle, il ne semblait pas avoir compris le sens réel de ses derniers mots, elle-même ne s’en était pas aperçue mais sa manie d’analyser et de ré-analyser tout ce qu’il se passait l’avait mise face à une réalité frappante. Elle venait tout simplement d’avouer qu’elle voulait qu’il tienne à elle comme à la prunelle de ses yeux. Face à lui, ce n’était plus qu’une femme inoffensive. Des aveux lui échappaient.
« Et je suis présomptueux ? » “Le ciel n’est jamais assez haut pour moi.”
Il résonnait une certaine ironie dans sa voix. Elle qui parvenait quasiment toujours à ses fins, ne se voyait pas réussir à avoir un tel impact sur lui. Cette idée aurait du alors s’évaporer mais son optimisme à toute épreuve l’empêchait d’abandonner. Le challenge était de taille, mais ce qu’elle lui réservait n’en déméritait pas. Elle sentait son esprit se perdre dans des projets futurs, son instinct ne lui indiquait plus la voie sécurisée. Oui, il lui faisait faire des choses complètement stupides. Trop tard pour reculer, tous ses membres étaient parcourus d’un frisson d’excitation. Elle allait y laisser des plumes mais comme elle connaissait déjà la fin, son coeur allait pouvoir atterrir sans problème, non ? Pas si sûr.
L’attraction qu’exerçait Julian sur elle lui faisait perdre pied, il l’envoûtait de sa voix charmeuse. Il lui était impossible de ne pas y répondre. La séductrice qu’elle savait être, se réveillait pour de bon.
« J’avais râlé juste pour la forme. Ca ne me dérangeait pas de ne regarder que toi … Je pouvais deviner tes courbes sous ta robe élégante et imaginer tes hanches bouger au gré des trompettes. » “Quel esprit mal tourné.” susurra-t-elle. “Tu n’as plus eu à imaginer quoi que soit par la suite…” continua-t-elle en se rapprochant de lui. “D’ailleurs, est-ce que tu arrives toujours à deviner mes courbes aujourd’hui ?”
Ce jeu entre eux allumait les feux ardents de son corps. Les quelques centimètres qui les séparaient étaient un supplice.
« J’avais passé la soirée à me demander ce qui clochait avec ton expression, avant de réaliser que tu avais dépassé en mettant ton rouge à lèvres. “Tu veux plutôt dire qu’à force de t’embrasser, mon rouge à lèvre n’a pas tenu le choc.”
Parler du passé était douloureux, d’autant plus qu’évoquer ce désir entre eux ne faisait que le raviver.
« Je côtoie des filles qui savent se maquiller la bouche. Tu n’as rien à craindre. » “Si tu te permets de faire le difficile, c’est que tu as le choix.” répondit-elle en levant les yeux au plafond. « En vérité … Je n’ai jamais regardé une fille avec autant affection ouvertement. Il n’y a eu que ma meilleure amie au lycée, mais aujourd’hui j’ai du mal à poser les yeux sur elle sans ressentir une pointe de tristesse et de rage. »
Elle préféra ne pas commenter ce dernier aveu, la magie aurait pu se briser mais il ne faisait aucun doute que cette meilleure amie comptait un peu trop pour lui. Elle se sentit automatiquement vexée et recula un peu en soupirant. Les pics émotionnels dont elle était victime la laissait perplexe.
“Pas besoin d’être enceinte pour avoir des sautes d’humeur, être avec toi suffit amplement.” dit-elle en souriant. “T’es énervant, tu le sais ?” « Je suis le seigneur des ombres, ne veux-tu pas être prêtresse à mes côtés ? » “Je vais te sortir de là, d’accord ? Ne dis plus ça.” répondit-elle, la voix douce.
La façon dont il se voyait la consternait. A Paris, il était différent. A ce moment-là, il ne tenait pas ce genre de discours. Elle ne savait pas à qui en vouloir, à sa meilleure amie sûrement ? C’est vrai, elle ne s’était jamais attendue à le revoir dans cet état.
« Je n’esquive pas ta question. Tu connais déjà la réponse, Athénaïs. Tu sais pertinemment qu’il y a toujours des filles autour de moi. » “Je le sais. Ce genre d’attroupement me fait carrément fuir. C'est peut-être pour ça qu'on ne s'est jamais revu.”
Les seuls moments où elle l’avait fréquenté, Julian lui appartenait. Elle ne l’avait jamais vu avec une autre, l’image ne lui semblait pourtant pas difficile à imaginer. C’était certain qu’il avait du succès. Elle était d’ailleurs curieuse de voir comment il pouvait se comporter avec les autres. Il ne valait sûrement pas finalement, elle était du genre trop suspicieuse, à voir chaque sourire comme synonyme de drague. Son manque de confiance en ses partenaires crevait les yeux.
« Tu te rends compte que la tension sexuelle est à son comble dans cette brasserie ? » “Je veux bien abréger tes souffrances.” répondit-elle d’une voix suave. « Je pense que tu devrais avoir une liste d’amants innombrable et que tu devrais passer du bon temps. Je serais vexé, mais je suppose que je devrais apprendre à laisser aller. » “Dis plutôt que tu t’en fiches oui !” répliqua-t-elle en fronçant les sourcils. “Ne deviens jamais mon conseiller, rappelle-le moi.”
Les relations qu’elle avait avec les hommes n’étaient jamais simples, ni platoniques mais pourtant, la jeune femme ne ressentait pas le besoin de franchir les frontières comme elle l’avait fait avec lui parce que dans ses bras, elle n’avait pas l’impression d’être un objet, mais de compter. Ce n’était peut-être que des illusions mais ce qu’elle avait ressenti sous chacune de ses caresses.
La fougue avec laquelle il l’avait embrassé la surprenait. Une onde de choc lui avait traversé le corps, la précipitant plusieurs années auparavant à Paris, où leur passion avait été vécue pleinement, sans retenue. Ici, dans ce couloir, le désir la paralysait, et tous leurs gestes semblaient comme scrutés, analysés puis jugés. Ce baiser n’avait pas de sens et pourtant, elle n’avait aucune volonté pour l’arrêter, au contraire, elle aurait voulu que ça dur. Au même moment, son coeur cognait avec une telle force dans sa poitrine qu’il aurait tout aussi bien pu s’arrêter net. Il n’y avait aucune douceur mais la façon dont il la dominait ne faisait que nourrir son désir.
« Ne joue pas avec moi Athénaïs… »
Tiens, cette phrase ne lui était pas inconnue, elle lui était même familière. Des souvenirs peu joyeux lui revenaient en tête, elle avait entendu ces mots assez souvent ces derniers temps.
Son regard se posait sur son visage tiré par la colère. Décidément, il disait n’importe quoi. En cet instant précis, il ne pouvait pas trouver quelqu’un qui se préoccupait de son bien-être plus qu’elle, dans n’importe quel endroit de cette planète. Même en le voulant, même en se forçant, il lui semblait improbable de jouer avec lui, elle en était incapable car à chaque fois qu’elle le regardait, elle retombait encore et encore pour lui.
“Tu sais bien que je ne joue pas avec toi, Julian.”
Elle avait posé sa main sur sa joue et le regardait dans les yeux avant de pousser un petit rire.
“Tu racontes n’importe quoi quand tu es jaloux.” et voyant qu’il allait répliquer, ajouta “Tu pourrais au moins l’avouer.”
Heureusement que les tests avaient été passés sans trop de problème, aucun des deux ne semblait réjoui.
« Je n’ai pas besoin de connaitre les détails de l’opération ! »
Un véritable enfant. Comment pouvait-il encore râler après ce pronostic ? Toute personne consciente se sentirait consternée, et serait complètement paniquée mais lui, non. Il n’agissait jamais comme les autres. Elle était plus paniquée que lui, c’était le comble.
Elle avait quitté rapidement la pièce et plaignait intérieurement son ami, Julian ne lui facilitait pas la tâche. D’ailleurs, elle n’avait aucune envie d’assister à leur petite querelle, l’air du soir l’appaisait. Le pas trainant de Julian s’entendait clairement derrière elle, un sourire se dessina sur son visage, même s’il était un véritable gamin, elle ressentait une tendresse à son égard et ne pouvait s’empêcher de se réjouir du fait qu’il venait la rejoindre.
« Je sais que tu m’en veux, mais je suis un putain d’éclopé, tu n’es pas censé avoir pitié ou compatir ? » “Je compatissais je te signale ! Mais tu as fait ta petite crise de jalousie.” rétorqua-t-elle, un sourire satisfait aux lèvres.
Elle allait le poursuivre avec ça pendant un long moment encore, sa réaction avait été adorable.
« Je ne sais pas ce que j’ai fait pour te plonger dans le silence de mort. Tu as sans doute une longue liste de reproches te connaissant, mais si je m’excuse une fois ce sera bon ? Arrête de me faire la gueule, miss Dior chérie. »
Cette façon de l’appeler “Miss Dior chérie” ne pouvait que la faire rire, il était irrécupérable. Comment lui en vouloir davantage ?
« Tu as mal ? » “J’ai mal, et si tu veux te faire pardonner alors embrasse-moi denouveau.” dit-elle sur un ton de défi. “Je pense que c’est mieux que ça.” poursuivit-elle en lui enlevant sa cigarette.
Elle ne plaisantait pas, elle avait réellement envie de goûter à ses lèvres une nouvelle fois mais il était tellement imprévisible qu’il était capable de l’envoyer valser une nouvelle fois.
« Tu me pousses dans mes limites, princesse... Et je n'aime pas être vulnérable. Tu me rend vulnérable, Hermés-Deschanel. »
Son coeur fondait et s’attendrissait de plus en plus. C’était lui qui la rendait vulnérable.
“Vraiment ?”
Elle s’était approchée de lui, en baladant sa main sur son torse une nouvelle fois. Ce corps qui lui était familier l’appelait. Doucement, elle descendit ses doigts près de ses reins.
“Tu as mal fermé ton pantalon.” murmura-t-elle.
Et elle glissa deux doigts à la surface de son caleçon.
“Tu avais dit que tu ne me laisserais pas prendre entre les feux de mon désir ardent pour toi, alors aide-moi.”
Il était trop tard pour se repentir ou pour regretter. Elle n’écoutait plus que son corps qui souffrait du peu de distance qui les séparait.
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(✰) message posté Sam 4 Oct 2014 - 17:24 par Invité
Hammersmith; the corner of the street Because, if you could love someone, and keep loving them, without being loved back . . . then that love had to be real. It hurt too much to be anything else. Je voyais les feux ardents d’une passion déchue. Je voyais le monde tourner dans mon esprit, puis s’écraser sur ma dignité. Seul le visage lumineux d’Athénaïs me hantait. Elle occupait chacune de mes pensées, comme une obsession, un rêve récurrent ou un cauchemar. Mon corps bougeait au gré du vent. J’étais loin de pouvoir sentir sa peau contre la mienne, mais je me souvenais parfaitement de l’effet de ses caresses. Cette princesse m’avait un jour appartenu avant de s’évaporer dans mes songes lointains. Je souris d’un air contenu. Ses mots me semblaient parfois surfaits, je crois que je m’interdisais de croire en ses confessions cachées. Je ne pouvais pas tenir à elle outre mesure. Je refusais de le faire car elle avait le pouvoir d’annihiler chacun de mes espoirs par la simple force de sa présence.
Les enchaînements de silence déferlaient sur cette petite brasserie et j’étais hypnotisé par le mouvement de ses lèvres charnues … La tentation m’appelait de sa voix mélodieuse, comme si les ténèbres avaient été frappé par un élan de lumière. Je déglutis, subjugué par la couleur d’or et d’orge de longs cheveux. Je serrais ma prise sur mon siège froid. Je me sentais tout à coup pris au piège dans une prison imperturbable et hostile. Mon âme damnée ployait face à sa grandeur. Je ressentais une onde pieuse, qui m’était si étrangère. Et ce sentiment était effrayant après des années de solitude. Ma loyauté n’avait-elle aucune limite ? Devais-je lui avouer qu’elle m’épargnait en prenant ses distances ? J’étais un oiseau de mauvais augure, transporté par la fragrance magique d’une seule femme. Je baissai les yeux.
“ Le ciel n’est jamais assez haut pour moi. ”
« Tu es assez haute pour moi. » Sifflai-je avec douceur. « Je pense que c’est ce qui m’importe le plus. Toi. »
Ironie du sort : j’étais un charmeur charmé. Je fermai les yeux au souvenir de cette nuit envoûtante au moulin rouge. Elle avait toujours été une vraie chipie avec moi, et ceci même lors de nos moments les plus intimes. Un sourire niais se traça sur mon visage fermé.
“ Quel esprit mal tourné. Tu n’as plus eu à imaginer quoi que soit par la suite ... D’ailleurs, est-ce que tu arrives toujours à deviner mes courbes aujourd’hui ? ”
Je lui souris : « Je suis entrain de le faire en ce moment même. » Soufflai-je d’un ton enjoué. « Je peux t’assurer que j’arrive à tout deviner. Il y’ a des choses que l’on oublie pas. »
Je ris à gorge déployée, avant d’ouvrir les yeux pour rencontrer ses yeux perçants. Sa frange rebelle retombait sur son petit front. Je tendis le bras dans un élan de tendresse fugace, afin de frôler sa tempe. Elle était si belle. Je souris avant de me rétracter avec politesse. A présent, nos contacts étaient si courtois et raffinés _ son corps me manquait, bestialement, sauvagement et passionnément.
“ Tu veux plutôt dire qu’à force de t’embrasser, mon rouge à lèvre n’a pas tenu le choc.” ”
« Je t’embrassais souvent. Je l’assume ! » Je me mordis la lèvre inférieure, aguicheur. « Mais ce soir-là, je peux t’assurer que tu étais particulièrement chaude. » Un rire amusé m’échappa. « Je m’en souviens parque j’adore quand tu n’as d’yeux que pour moi. »
Mon cœur se lança dans une course effrénée contre le passé. Et je me surpris à l’aimer comme au premier jour. Je passai une main hésitante dans ma chevelure ébouriffée afin me donner plus de prestance.
“ Si tu te permets de faire le difficile, c’est que tu as le choix. ”
Il y’avait une pointe d’arrogance dans sa voix, qui ne me trompait pas. J’haussai les épaules d’un air désinvolte. - Ah ! Seigneur ! Donnez-moi la force et le courage de contempler mon cœur et mon corps sans dégoût ! Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Si Beaudlaire avait connu Athénaïs, il aurait sûrement ajouté un ver de poésie spécialement pour cette fleur du mal majestueuse.
La jeune femme me regarda, perplexe avant de me claquer un nouveau pique.
“ Pas besoin d’être enceinte pour avoir des sautes d’humeur, être avec toi suffit amplement. T’es énervant, tu le sais ? ”
« Je t’énerve. C’est que tu tiens un peu trop à moi. » Déclarai-je avec insensibilité. La vérité était déroutante et blessante. « Tout comme je tiens à toi, bien plus que la nécessité l’oblige. »
“ Je vais te sortir de là, d’accord ? Ne dis plus ça. ”
Elle s’obstinait à vouloir me sauver. Je la regardais mitigé, devais-je me sentir réconforté dans ma peine ? Ou la rejeter comme ce monde désappointant et trompeur ? Nous étions différents à Paris. L’insouciance des beaux jours s’était dissipée au fur et à mesure des années, mais elle restait immanquablement, le souffle de fraîcheur et de renouveau dont je ne pouvais me passer.
“ Je le sais. Ce genre d’attroupement me fait carrément fuir. C'est peut-être pour ça qu'on ne s'est jamais revu. ”
Je me permettais de réfuter son hypothèse. Je la sommais de se taire en prenant sa main.
« On ne s’est pas revu parce qu’on a jamais eu l’occasion de tourner la page. Ce n’était pas fini entre nous lorsque je parti. Tu en étais consciente bien avant moi, et je ne le réalise que maintenant. » Je fis une moue dubitative. « J’ai toujours été lent dans ce genre de situations. »
Je sentais l’air devenir oppressant. Je fixais la jeune femme en face de moi, comme s’il s’agissait de ma dernière bouffée d’oxygène. Mon ventre se tordait dans tous les sens, malmené par des charges de désir débauché. Aucune femme ne méritait d’être vue comme un objet de plaisir sexuel, mais c’était plus fort que moi. Athénaïs m’était irrésistible, tel un pécher mignon. Je déglutis.
“ Je veux bien abréger tes souffrances. ”
Sa voix suave était la tentation de trop. Je la regardais d’un air séducteur, presque pervers. Pourquoi fallait-il que je m’aventure au-delà des sentiers battus ? Nous plongions dans les froides ténèbres, au-delà de la clarté du soleil. Cette rencontre était malsaine. Je tentai de contrôler les divagations de mon esprit en titillant mon genou boursouflé. Avec un peu de chance, la douleur sera plus forte.
« Tu ne ferais que transposer mes souffrances. » Soupirai-je. « Je ne veux pas partager ce genre de choses avec toi. Tu es au-dessus de ma ligue. »
Je ne pensais probablement que la moitié de mes paroles, mais je voulais tenter de la dévier de cette trajectoire. Mon monde était une pente glissante et dangereuse, qui descendait immanquablement vers l’obscur. Je venais d’être brisé en mille morceaux. J’avais l’habitude de penser que les Hommes étaient faibles face au poids du destin. Plus je m’avançais dans le chemin tumultueux qu’était ma vie, plus je réalisais à quel point j’avais raison ; nous n’étions que des pions, bougeant aléatoirement, dans le but de satisfaire l’ennui d’une force supérieure. Ma ruine, ma salvation … Tout n’était que moqueries divines. Les gens étaient fous, et moi j’étais complètement à côté de la plaque.
“ Dis plutôt que tu t’en fiches oui ! Ne deviens jamais mon conseiller, rappelle-le moi. ”
Elle m’extirpa de mes tourments. Je ris avec légèreté.
« Tu veux que je me préoccupe de ta vie sexuelle ? Je suis sûr que tu as une équipe mieux qualifiée que moi pour gérer ‘’ton empire’’. » Répondis-je en prenant mon sérieux. « Je me contenterais d’être ton œuvre de charité favorite. Et ton loyal serviteur à chaque fois que ma présence sera jugée obligatoire. »
Le gout poisseux de mon sang se mélangeait à ma salive. Je sentais ses lèvres trembler au contact de ma bouche, et je ne pouvais m’empêcher de retomber dans les abysses isolés de mon âme. Mes mains se pressaient contre sa nuque. Je voulais la serrer contre ma poitrine et briser cette douleur incessante, mais mon démon intérieur refusait d’abandonner.
_ Ne joue pas avec moi Athénaïs. Soufflait-il.
“ Tu sais bien que je ne joue pas avec toi, Julian. ”
Elle me poussait à bout. J’étais hors de moi, coincé entre deux grognements de colère et mon obsession involontaire pour la violence. Je déglutis en me détournant de sa prise. Ses doigts encadraient mon visage, mais je refusais de succomber à cet excès d’affection immérité.
“ Tu racontes n’importe quoi quand tu es jaloux. Tu pourrais au moins l’avouer.”
« Je ne suis pas jaloux ! » Claquai-je avec froideur. Je m’obstinais peut-être à nier l’évidence, mais je n’étais pas jaloux ! « Tu voudrais tellement m’atteindre mais je n’ai même pas le droit d’être jaloux. Tu n’es plus à moi, Athénaïs. Et tu ne le seras probablement jamais. »
Mon courroux parlait à ma place. Je fronçai les sourcils, en claquant des dents. Je fis volte-face afin de regarder le mur. Jamais un couloir ne m’avait semblé aussi austère. Je m’agrippai à ma cuisse douloureuse, en trainant mon mal être.
Le pronostic n’était pas très encourageant, alors je me rebellais contre ma fatalité. Je n’avais rien demandé ! Elle m’avait traîné dans ces lieux isolés et peu rassurants pour me sauver. Mais j’en avais assez d’être son fardeau. Je la suivais d’un pas titubant. Ma douleur accompagnait chacun de mes mouvements, mais la silhouette élancée de la jeune blonde au loin, me donnait la force de continuer.
Elle resta silencieuse pendant quelques instants. Je m’approchai d’elle, à pas de velours. Ma plaidoirie était douteuse, mais je savais que mon visage affable saurait la toucher. J’esquissai un fin rictus.
“ Je compatissais je te signale ! Mais tu as fait ta petite crise de jalousie.“
« Ce n’était pas ... » Son regard de glace m’interrompu. Je levai les yeux au ciel. « Ne me parle plus de garçons. Je ne veux plus rien savoir. »
Je m’approchai d’elle, à nouveau envouté par la couleur rose de ses lèvres charnues. Mon pouce se posa sur sa bouche gercée. Je l’avais mordu un peu trop fort.
“ J’ai mal, et si tu veux te faire pardonner alors embrasse-moi de nouveau. Je pense que c’est mieux que ça “ Lança-t-elle en piquant ma cigarette.
Elle me défiait du regard. Je sentis mon cœur tressaillir. Elle ne se rendait probablement pas compte de l’étendue de mon désir pour elle.
« Athéna … J’en ai tellement envie. » Avouai-je, en me penchant à quelques millimètre sa bouche. Son souffle chaud chatouillait le duvet de ma barbe naissante. « Mais il faut que je fume avant … » M’amusai-je en reprenant une nouvelle clope.
Elle me rendait fébrile. Athénaïs me poussait au-delà des limites que je m’étais tracé.
“ Vraiment ?“
Oui vraiment. Je la regardais avec insistance. Ses doigts se baladaient le long de mon torse avant de descendre au niveau de mes reins.
“ Tu as mal fermé ton pantalon.“
Mon dos se voûta. Elle fit glisser subtilement sa main à la surface de mon caleçon. Mes bras tombèrent ballant de part et d’autre mon corps engourdi, et je lâchai ma prise sur mon paquet de Marlboro.
“ Tu avais dit que tu ne me laisserais pas prendre entre les feux de mon désir ardent pour toi, alors aide-moi. “
Je retins mon souffle avant de la prendre sauvagement par la taille. Mon entre jambe battait au gré de mes émotions. C’était une avalanche fortuite, et je voulais réellement découvrir jusqu’où ce corps souillé pouvait-il bien aller pour un baiser ? Je pris sa main afin de la presser contre mon bas ventre.
« Ce n’est pas ma braguette qui est ouverte. » Lui chuchotai-je à l’oreille. « Mais tu peux l’ouvrir si tu veux ... »
Je vacillais en prenant trop longtemps appui sur mon membre gauche. Je me tendis en la poussant délicatement vers le buisson de roseraies.
« Ton désir ardent pour moi sera ta perte. » Claquai-je en fendant l’air à la rencontre de sa peau sucrée, et de ses lèvres sèches.
Cette distance entre nous était insoutenable.
Ce cœur brisé qui battait dans ma tempe était maudit.
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(✰) message posté Lun 6 Oct 2014 - 10:20 par Invité
Paris, la ville des lumières, la ville du shopping ou encore la ville des amoureux. Ce dernier surnom trouvait toute sa signification lorsqu’elle se promenait dans les rues d’humeur joyeuse, en tirant sans arrêt sur son bras, estimant que le temps leur était compté. Il y avait bien trop de merveilles à voir et si peu de jours à leur disposition… Et malgré que l’échéance diminuait de plus en plus, la belle avait redoublé d’effort et d’énergie pour lui faire découvrir les plus beaux endroits de sa ville natale. Elle avait espéré secrètement le marquer pour qu’il ne l’oublie jamais.
Hélas, le temps avait filé comme une flèche et elle avait du le laisser monter dans son avion, l’emmenant loin d’elle. Ces adieux lui avaient arraché le coeur bien qu’elle n’en avait rien montré, sa fierté l’en avait empêché. Pire encore, elle s’était résolue à effacer son numéro et à ignorer ses messages et ses appels. Cela lui avait demandé un effort considérable, preuve qu’elle s’y était beaucoup trop vite attachée. A cette époque, l’amour lui inspirait souffrance et torpeur. Elle s’était convaincue que cette relation n’avait été qu’une simple amourette, du divertissement mais la réalité des choses l’avait rattrapée et l’avait mise face à une certitude, à vouloir à tout prix le marquer, il avait encré son image dans ses pensées. Elle s’était fait prendre à son propre piège.
C’était inévitable, elle l’observait, complètement hypnotisée, proie au passé. Sa chevelure rebelle restait la même, fidèle à l’attitude décontractée de son maître. Ses mèches ne trouvaient pas de direction, allant où bon leur semblaient. Un atout qui lui plaisait particulièrement et dont elle mourrait d’envie d’y passer ses doigts.
« Tu es assez haute pour moi. Je pense que c’est ce qui m’importe le plus. Toi. »
Elle avait beau vouloir résister, se dire qu’il appartenait aux débris du passé, son coeur flanchait à la moindre de ses paroles. La douleur dont elle avait si l’habitude de ressentir ne semblait pas faire son apparition. A la place, un sentiment douceâtre s’écoulait dans sa poitrine, c’était si agréable qu’elle ne chercha pas à le chasser. Elle voulait croire en ces beaux mots, au risque d’en sortir meurtrie.
“Pour avant… Je suis aussi contente d’être tombée sur toi.” lui avoua-t-elle.
Après tout, elle lui avait demandé de ne pas mentir, alors elle se devait d’honorer cette règle à son tour. Ses sourires récurant en disaient long, il lui était impossible de le nier de toute manière. Leur petit manège l’amusait, elle ne voulait pas s’arrêter en si bon chemin. Si elle était venue dans cette brasserie, c’était seulement pour oublier le reste et voilà qu’on le mettait sur son chemin, aucun doute, il était là pour la sauver.
« Je suis entrain de le faire en ce moment même. Je peux t’assurer que j’arrive à tout deviner. Il y’ a des choses que l’on oublie pas. »
“Alors ne m’oublie pas.”
Venu d’un autre, l’héritière se serait sûrement offusquée d’un tel toupet mais son audace à lui, la surprenait, la charmait. Il savait exactement ce qu’il fallait dire pour la brosser dans le sens du poil en y mettant un brin d’insolence, sa façon de manier les mots transformaient ses phrases comme des poésies. Ce n’était pas pour rien qu’il se distinguait parmi la gent masculine.
Sa main venait de frôler légèrement sa tempe. Le contact fugace de sa peau contre la sienne la fit frémir, sa douceur continuait à l’étonner. Elle se délectait de chacune de leur approche, aussi furtive soit-elle. Ces quelques secondes la rendait plus humaine que jamais, réveillant tous ses sens pour le moindre frôlement.
« Je t’embrassais souvent. Je l’assume ! »
Elle souriait, le regard malicieux. Finalement, reparler du passé n’était pas forcément synonyme de désastre. Il réveillait même des souvenirs agréables.
« Mais ce soir-là, je peux t’assurer que tu étais particulièrement chaude. Je m’en souviens parque j’adore quand tu n’as d’yeux que pour moi. »
“Je ne me suis jamais permise d’en regarder un autre que toi lorsque j’étais en ta compagnie.” lui rappela-t-elle. “C’était impossible de toute façon.” poursuivit-elle en haussant des épaules. “Je devais te surveiller !”
Une excuse bien modeste puisqu’elle ne l’avait jamais surpris à poser les yeux sur une autre. Elle avait toujours eu l’impression d’être le centre de ses intérêts sauf évidemment lorsqu’il admirait les monuments de Paris. Au début, cette sensation d’être l’unique femme au monde à ses yeux l’avait mise sur ses gardes, elle y voyait une stratégie pour la séduire mais elle y avait pris goût et avait abandonné cette idée saugrenue. Même ce soir, il n’avait pas posé un oeil sur les personnes alentours. Elle constatait qu’il n’avait pas changé sur ce point, un point capital à ses yeux. Elle voulait croire qu’il ne se comportait ainsi qu’à ses côtés, douces illusions.
Peu d’endroit était venu à bout de leur désir, rien ne leur faisait peur. L’excitation augmentait même lorsqu’il s’agissait d’un lieu public. A la seule évocation de leurs plaisirs charnelles, elle se mordit la lèvre inférieur. La chaleur s’emparait de son bassin, qui se souvenait parfaitement de leurs moments coquins. Son pouls s’accélérait dangereusement tandis que son désir ne faisait qu’augmenter. Une pensée passagère lui traversa l’esprit, il pouvait la libérer de ce supplice à tout moment, il en avait les connaissances pour avoir maintes fois, exploré son corps.
« Je t’énerve. C’est que tu tiens un peu trop à moi. »
“Oui.” confirma-t-elle. “Je le constate avec nos retrouvailles, je tiens à toi.”
« Tout comme je tiens à toi, bien plus que la nécessité l’oblige. »
“C’est vrai ce mensonge ?” demanda-t-elle en arquant d’un sourcil.
Il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il représentait quelque chose pour elle mais l’inverse lui semblait peu probable. A part un investisseur ou un bon contact dans la société, que pouvait-elle donc représenter pour lui ? Elle avait toujours du mal à se faire à l’idée qu’on puisse réellement tenir à sa personne. La Athénaïs qui avait perdu toute confiance en elle n’avait pas totalement disparue, il en restait des traces. Des marques qu’elle peinait à effacer. Une peine de coeur qui l’avait irrémédiablement changée. Faire confiance était une chose qu’elle préférait bannir de son vocabulaire mais sa nature revenait à la charge, elle s’attachait vite et fort.
Au fond, elle n’avait jamais cessé de tenir à Julian.
L’entendre parler d’une manière si sombre était une nouvelle, et elle aurait sans doute préféré ne jamais avoir à le découvrir. Elle en voulait particulièrement à la personne qui l’avait mis dans cet état et se promis de l’en éloigner. Sa voix révélait sa sincérité, elle n’avait pas pu veiller sur lui ces derniers temps mais maintenant qu’elle l’avait en face d’elle, il lui fallait agir. Elle souffrait réellement de son mal-être, se souvenant que trop bien de celui qu’elle avait connu auparavant. Elle désirait le sauver, coûte que coûte.
« On ne s’est pas revu parce qu’on a jamais eu l’occasion de tourner la page. Ce n’était pas fini entre nous lorsque je parti. Tu en étais consciente bien avant moi, et je ne le réalise que maintenant. J’ai toujours été lent dans ce genre de situations. »
Sa confidence la pris au dépourvue. Depuis qu’ils avaient commencé à parler, chacun s’était contenté de faire des allusions, de lancer des piques mais pas d’aborder la question ouvertement. Elle en était déboussolée. Son coeur se serra.
“Est-ce qu’on doit tourner la page selon toi ?” se risqua-t-elle à demander.
La pente était glissante, ils s’aventuraient bien au-delà de leur zone de confort, bien trop loin. La réponse lui faisait peur mais d’un côté, elle la connaissait déjà ce qui ne l’empêchait pas de la redouter. Elle avait toujours eu du mal à passer à autre chose, à tourner la page comme on dit. Et par-dessus tout, être contrainte à le faire la blessait plus encore. Silencieuse, elle attendait que la réponse tombe, que son coeur se compresse jusqu’à ne plus pouvoir respirer. Elle était prête à entendre ce qu’elle redoutait depuis des années.
« Tu ne ferais que transposer mes souffrances. Je ne veux pas partager ce genre de choses avec toi. Tu es au-dessus de ma ligue. »
“Tes yeux disent autre chose.”
Elle avait remarqué cet éclat dans son regard et la façon dont il essayait de raviver la douleur de son genou. Il luttait contre une force qui pourtant le dominait.
« Tu veux que je me préoccupe de ta vie sexuelle ? Je suis sûr que tu as une équipe mieux qualifiée que moi pour gérer ‘’ton empire’’. »
“Si tu t’en occupais, j’ai peur de ne plus dormir dans le même lit pendant un bon moment.” répliqua-t-elle, pleine d’ironie.
« Je me contenterais d’être ton œuvre de charité favorite. Et ton loyal serviteur à chaque fois que ma présence sera jugée obligatoire. »
“Un loyal serviteur comme tu dis, ne doit pas attendre qu’on l’appelle. Il doit savoir quand venir. En clair, tu dois savoir me rattraper au moment où je lâche prise. Autant dire que j’ai le temps de me casser la figure dix fois !” se moqua-t-elle.
La jalousie dont il faisait preuve la laissait émerveillée. Elle se languissait de cette expression sur son visage, c’était comme si elle lui appartenait, comme s’il la voulait rien que pour lui. Et malgré la colère qui avait pris possession de lui, elle n’arrivait pas à éprouver la moindre peur. Même si elle avait pratiqué du krav maga pendant dix ans, elle était certaine que cela n’avait rien à avoir. Il ne lui ferait pas de mal, au quel cas, il s’en mordrait trop les doigts.
« Je ne suis pas jaloux ! »
“Menteur.” rétorqua-t-elle en lui assenant un léger baiser sur la joue.
« Tu voudrais tellement m’atteindre mais je n’ai même pas le droit d’être jaloux. Tu n’es plus à moi, Athénaïs. Et tu ne le seras probablement jamais. »
La puissance de ses mots l’avait choquée, elle ne trouvait rien à contre-attaquer. Son aplomb faiblissait à vue d’oeil, il avait touché un point sensible. Le fait qu’il ne voit aucun avenir à leur relation la blessait. Elle cherchait une once de regret dans son regard mais rien, il pensait ce qu’il disait. La déception se lisait clairement dans ses yeux bleus, elle préféra ne plus le regarder. Après tout, que s’était-elle imaginée ? Qu’ils allaient se remettre ensemble après avoir pris un verre ensemble dans une brasserie ? Que tout allait être comme avant ?
“Quelle naïve que tu fais !” pensa-t-elle, en colère contre elle-même.
Le silence s’installa, elle appelait son esprit au calme. Lorsqu’elle se laissait submergée par les émotions, tout partait en vrille ! Elle devait se reprendre, il était simplement énervé et ne pensait pas ce qu’il disait. Il fallait simplement qu’elle le rassure et ne pas en ajouter davantage. Cela lui semblait une bonne solution. Au bout de quelques instants, elle inspira une bouffée d’air pour prendre son courage à deux mains. Elle devait s’attendre à tout venant de lui, peut-être une autre réplique cinglante dont il avait le secret ?
“Je ne t’ai pas emmené chez l’un de mes amants, imbécile ! Il te charcuterait la jambe au lieu de la soigner.” siffla-t-elle puis continua sur un ton plus doux : “Si tu me veux, alors prend-moi, c’est aussi simple que ça. Je ne te fais même pas courir.”
Le résultat avait été à peu près concluant, sa réplique sonnait plutôt comme un pique maintenant qu’elle y repensait. Elle avait vraiment du mal à être gentille lorsqu’elle venait de se remettre d’une petite colère. Et encore, elle avait mis sa rancune de côté pour cette fois.
Il ne faisait aucun doute que si elle avait répliqué en criant, une bonne grosse dispute aurait éclaté. Digne d’un couple. L’image la fit sourire, détendant ses épaules. Ca pouvait être explosif si elle ne faisait pas attention mais se connaissant, elle savait qu’elle n’allait pas pouvoir l’esquiver pendant très longtemps. Il disait des choses qui nécessitaient trop une réponse dite “cinglante” dont elle savait si bien en sortir en cas de besoin.
« Ce n’était pas ... Ne me parle plus de garçons. Je ne veux plus rien savoir. »
“Et dire que tu me disais juste avant que je devrais avoir plus d’aventures… Tu perds la tête on dirait !”
Elle le désirait, et le lui montrait. Dans la brasserie, des gens les entouraient mais là, il n’y avait plus personne. Plus rien ne le protégeait maintenant.
« Athéna … J’en ai tellement envie. »
Elle était suspendue à ses lèvres, complètement envoûtée.
« Mais il faut que je fume avant … »
Elle allait le tuer un jour.
“Je vois, tu préfères cette… chose à moi. Très bien, je retiens.” dit-elle en faisant une boue boudeuse.
Sa revanche allait être de taille. Plus question de le laisser s’échapper. Elle se transformait en véritable prédatrice. Il devait sûrement la reconnaitre d’ailleurs pour l’avoir mainte et mainte fois vue à Paris. Alors qu’elle s’attendait à une nouvelle fuite de monsieur, elle fut étonnée de constater qu’il s’adonnait à ce jeu de séduction. Son désir ne faisait que se renforcer, elle n’arrivait plus à le refrainer. Toute la tension sexuelle qui était apparue entre eux à la brasserie, refaisait surface ici, encore plus forte, plus étourdissante que jamais.
Ses doigts se baladaient au niveau de ses reins, se délectant de son expression perverse qui apparaissait peu à peu sur son visage. Il avait lâché son paquet de cigarettes, preuve que l’effet recherché marchait comme elle le voulait. Guidé par ses pulsions, il l’avait prise par la taille avant de guider sa main vers son entre-jambe. Un sourire s’étira sur son visage.
« Ce n’est pas ma braguette qui est ouverte. » Lui chuchota-t-il à l’oreille. «Mais tu peux l’ouvrir si tu veux ... »
Elle se mordit la lèvre. Des pensées plus perverses les unes que les autres l’assaillaient, la chaleur stagnait au niveau de son bassin, son coeur battait d’une cadence alarmante et ses doigts exploraient doucement ses parties intimes. Il était lui aussi proie au désir.
Délicatement, il la poussa dans un endroit plus sombre, plus adapté à ce qu’elle allait faire.
« Ton désir ardent pour moi sera ta perte. »
Sa voix sonnait comme les chants des sirènes, elle était sous son emprise, complètement hypnotisée et séduite par l’être qu’il était. Cette fois-ci, leur baiser fut synonyme de relâchement total, elle ne maitrisait plus rien, ni son corps, ni le désir ardent qui ne cessait de s’amplifier. Son soulagement était tel qu’elle soupira d’aise, il lui donnait enfin ce qu’elle désirait, lui. Ils s’embrassaient avec une telle fougue qu’elle en avait le souffle court, son corps en demandait tant en si peu de temps.
"Fuyons à Paris." murmura-t-elle entre deux baisers.
A bout de souffle, elle glissa ses lèvres dans son cou. Son parfum l’ennivrait. Elle comprenait pourquoi ils avaient passé le plus grand clair de leur temps à satisfaire leur désir. C’était de la drogue pure et simple. Il lui semblait que son désir ne pouvait pas s’éteindre, pire, il grandissait à une vitesse folle.
Sensuellement, elle descendit peu à peu, agitée par les émotions. Sa main se glissa sous son haut, et ses dents retirèrent avec habilité le tissu qui recouvrait ses parties intimes. Elle fut encore plus excitée en voyant l’effet qu’elle lui produisait. Elle entreprit alors des mouvements de va-et-vient avec sa main et sa bouche, sachant parfaitement où déposer sa langue ou ses doigts pour le satisfaire pleinement. A Paris, ils avaient eu tout le temps de découvrir le corps de l’un et l’autre. Ses points faibles n’avaient aucun secret pour elle.
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(✰) message posté Mer 8 Oct 2014 - 1:47 par Invité
Hammersmith; the corner of the street Because, if you could love someone, and keep loving them, without being loved back . . . then that love had to be real. It hurt too much to be anything else. La façon qu’elle avait de poser ses yeux azurs sur moi était une délectation pour mon âme torturée. Je ne m’étais jamais senti aussi important ou aussi puissant qu’en sa présence. Athénaïs me créait l’illusion d’un monde moins chaotique, où j’étais seul souverain. J’avais l’impression d’être non pas l’enfant désabusé – l’adolescent estropié ou le jeune étudiant perdu, mais l’homme fort et accompli. Je lui souris, le regard pétillant, et le cœur plein d’espoirs. Cet effet qu’elle avait sur moi était intenable. Je réalisais toute ma faiblesse, mais j’étais incapable de me dérober en usant de mots ou de grands gestes. Je ne pouvais plus la quitter et me contenter d’intermédiaires jusqu’à la fin des temps. Alors je restais là, le visage fermé, et les mains crispées autour de mes genoux.
Je vacillais mais je ne perdais jamais pied. Mes réflexes aux aguets étaient là pour ralentir ma chute infernale. Je déglutis en pianotant sur sa cuisse. Miss Dior Chérie ... This is a mess. Je mordais la poussière à chaque fois que j’avais le malheur de frôler ce corps séduisant. Si l’envie était une fièvre, alors je me consumais doucement de l’intérieur et je finirais sur le bûcher pour elle. C’était une malédiction parfaite. Un enchantement divin. Mon destin était semblable aux sorcières de Salem, à la différence près que je n’avais aucun pouvoir et que ce n’était pas l’époque coloniale. J’étais son pantin, son jouet personnalisé. Après tout, elle avait payé le prix fort pour me façonner à l’image de ses goûts sophistiqués.
“ Pour avant… Je suis aussi contente d’être tombée sur toi. ”
Je la regardais avec un mélange de curiosité et de surprise. Je ne m’attendais jamais à ce qu’elle soit aussi expressive. J’acquiesçai de la tête, comme pour partager sa déclaration. Les mots que je n’avais jamais prononcés restaient bloqués au fond de ma gorge, brûlants et poignants. Je n’avais donc aucune chance en amour. Pourquoi étais-je incapable de conquérir les femmes de ma vie ? Pourquoi fallait-il que les choses soient aussi compliquées ? Je me forçais à ne jamais faire confiance, mais ce cœur maudit se battait contre ma volonté. Elle me lança un sourire renversant. Parfois, j’avais bien peur que ses éclats me soient fatals. Respire ! Respire, idiot ! Soupirait soudain ma conscience, interpellée par ma détresse sentimentale. Mon démon se tenait la poitrine, suffocant en plein milieu d’une cour de récréation déserte. Je baisai les yeux. Foutaises !
Je visualisais parfaitement ses courbes féminines, et la facilité que sa peau avait à se modeler à chacune de mes caresses. Cette main avait été créée pour toucher, cajoler et aimer cette française-là.
“ Alors ne m’oublie pas. ”
Je lui souris : « Je ne t’oublie pas. »
Cette phrase sonnait comme une promesse solennelle dans ma bouche. Je ne l’avais jamais vu venir, jusqu’à ce qu’elle me percute avec ses rayons de lumière et son affection inépuisable. Mon corps grouillait de blessures qui ne guérissaient pas – vestige de mon enfance violente, mais elle n’avait jamais commenté mes ratures. Athénaïs m’avait aimé inconditionnellement, en dépit de mon histoire et de mes cicatrices.
“ Je ne me suis jamais permise d’en regarder un autre que toi lorsque j’étais en ta compagnie. C’était impossible de toute façon. Je devais te surveiller ! ”
Je souris en sortant de mon hébétude. Me surveiller ? Je me mordis la lèvre inférieure.
« Tu dois me confondre … Je n’ai jamais détourné le regard, pas une seule fois à Paris. » Je fis la moue. « Sauf peut-être devant les stands du marché de Noël. Et encore c’est l’odeur des beignets qui m’a interpellée. » Un rire amusé m’échappa. « Athénaïs, tu ne devrais pas remettre en cause ma loyauté. »
C’était un mensonge ! Je fréquentais Samantha et pourtant j’étais là, flirtant et trahissant tous les engagements que j’avais bien pu lui promettre. Je soupirai d’un air torturé : Les choses évoluaient à une vitesse vertigineuse. Je sentais un léger tournis venir agiter mes tripes, et malmener mon estomac. Je ne pouvais pas réellement respirer mais j’étais encore vivant – Rien ne pouvait plus me stopper.
« J’ai l’impression de t’avoir connu dans une autre vie. Peut-être dans une autre galaxie, où je ne me serais pas encore habitué à tes détachements et à tes absences. » J’haussai les épaules. « Je vis sans toi depuis trop longtemps … »
Je me demandais si je m’étais un jour battu pour notre relation ou pour rester à Paris. La réponse était inévitable : Jamais.
“ Je t’ai laissé d’agréables souvenirs alors… ”
Je ne pus réprimer une expression émue.
« Je suis amoureux de tous tes souvenirs. »
Sa voix sensuelle arpentait les chemins sinueux qui menaient jusqu’à mon cœur. Je la sentais me réchauffer dans l’obscurité, comme un remède miracle. Je déglutis.
“ Oui. Je le constate avec nos retrouvailles, je tiens à toi. ”
La jeune blonde était de nouveau expressive. Etait-ce une sorte de complot international vicieux ? Un rite de passage pour intégrer une secte secrète ? Je plissai les yeux, méfiant.
« Mes jours sont comptés ? » M’amusai-je en me redressant dans mon siège. Mon genou prenait du volume, toujours assaillit par sa réaction inflammatoire. Je savais que la décadence pouvait être rapide – il avait viré du mauve au bleu écarlate, puis à un mélange arc-en-ciel très bizarre en quelques jours. La douleur lancinante ne s’arrêtait jamais. Je me cambrai. « Il fait chaud. Et ce n’est pas une allusion déplacée … » Marmonnai-je en prenant une gorgée d’eau fraîche.
Je tentais de me donner une certaine contenance, mais la fatigue me poussait au-delà des limites physiques de mon corps. Je tournai de l’œil. Ma bouche sèche se crispait avant de s’incurver. Athénaïs me lança un regard en biais, mais j’étais incapable de déchiffrer ses pensées avec exactitude. Elle était … Magnifique. Mon cerveau restait focalisé sur cette pensée. Elle se répétait en boucle dans ma tête Heureusement, elle s’adressa à moi afin de stopper cette torture.
“ Est-ce qu’on doit tourner la page selon toi ? ”
« Il le faudrait peut-être. » Répondis-je d’un ton sec. « Mais je ne suis pas connu pour faire les choses comme il faut … »
Je ne pouvais m’en empêcher. Il fallait toujours que je garde une ouverture avec elle. L’idée d’en finir une bonne fois pour toute m’était tout bonnement impossible. Mon cœur se serra. Rien ne se passait comme planifié. Je la regardais, c’était le même visage, la même fille que j'avais quitté mais cette fois mon esprit tanguait immanquablement vers elle.
“ Tes yeux disent autre chose. ”
« Mes yeux refusent de voir la vérité en face. » Susurrai-je avec politesse.
Notre conversation prenait souvent une tournure enjouée, mais je ne pouvais refréner une certaine excitation à chacun de ses sous-entendus. Je crois que quelque part, je me languissais de notre idylle en France. Je me languissais d’elle.
“ Si tu t’en occupais, j’ai peur de ne plus dormir dans le même lit pendant un bon moment. ”
Je fronçais les sourcils. Elle était ironique, et je n’étais pas d’humeur à rire de ce genre de réplique. Je me renfrognais en croisant les bras. Mon air grincheux et mon expression sceptique, ne faisaient que rendre mon attachement plus réel.
“ Un loyal serviteur comme tu dis, ne doit pas attendre qu’on l’appelle. Il doit savoir quand venir. En clair, tu dois savoir me rattraper au moment où je lâche prise. Autant dire que j’ai le temps de me casser la figure dix fois !”
« J’ai arrêté d’être ton serviteur à la seconde où tu as commencé à prendre tes grands airs. » Mes mâchoires se contractèrent. « C’est la dernière fois ou je me prête à tes jeux de séduction. J’étais sérieux et tu ne fais que tourner autour de plaisanteries mal placées. »
Je voulais crier injustice ! J’étais pris au piège d’une scène ridicule : Je ne pouvais pas être jaloux de ses conquêtes hypothétiques ! Je notais une certaine satisfaction sur son visage et cette lueur malsaine me rendait fou. Je me mordis la lèvre inférieure d’un air mauvais. J’aurais voulu annihiler ces murs par la seule force de mon poing !
“ Menteur. ” Lança-t-elle en déposant un baiser furtif que ma joue. Elle soufflait le chaud et le froid à nouveau. Je soupirai, exaspéré.
« Je ne suis même pas en course pour t’avoir. » Claquai-je. « Je … Refuse cette conversation. On a pas à discuter de mes états d’âmes ou de notre couple incertain. » Ma main tremblante ébouriffa ma frange d’un geste violent. « Laisse-tomber. Je te demande juste de ne pas me parler de ta vie. »
“ Je ne t’ai pas emmené chez l’un de mes amants, imbécile ! Il te charcuterait la jambe au lieu de la soigner. Si tu me veux, alors prend-moi, c’est aussi simple que ça. Je ne te fais même pas courir.
Le ton de sa voix oscillait en dents de scie. Elle était tantôt revêche, tantôt douce. Mais cela ne changeait rien à ma colère. Mon sang bouillonnait à l’intérieur de mon système. J’essayais de garder mon calme mais à chaque fois que je songeais à ses paroles, les tonnerres brandissaient à nouveau.
« Je ne suis pas en état de courir, Athénaïs. » Je lançai un regard en biais à mon genou. « Je ne suis pas sûr de pouvoir assumer ce choix. Et tu sais qu’il y’a une fille. »
“ Et dire que tu me disais juste avant que je devrais avoir plus d’aventures… Tu perds la tête on dirait !
« Je conçois. Tu devrais avoir plein d’amants et ne JAMAIS, Oh grand jamais, m’en parler. Je ne suis pas ton putain de meilleur ami gay. »
Je fermais les yeux dans un élan d’offuscation. J’étais froissé par son comportement _ mais ce n’était qu’un leurre. J’étais encore plus choqué par mes divagations secrètes. Je la désirais comme une âme damnée désirait l’absolution. Je la voulais comme un malade, ou un nymphomane. Je déglutis. Ses mots me semblaient dérisoires, sa main sur ma braguette, sa bouche sur mon intimité … Je gémis en me cambrant violemment.
_ Fuyons à Paris. Fuyons à Paris. Fuyons à Paris …
Fuyons partout ailleurs ! Je posais mes mains par-dessus sa tête afin de la relever. Je n’aimais pas cette position. Je la voulais comme mon égale. Je la voulais à mon niveau. Et je la voulais toute entière. A ce moment précis, tout le reste n’était que détails et aberrations. Ma bouche pinça ses lèvres pulpeuses dans une explosion de sensations. Je l’embrassais comme un dernier écart avant de me ressaisir. Mon souffle haletant retombait sur son visage angélique. Cette fille n’était pas faite pour moi. Mais cette fille était ce dont j’avais le plus besoin pour guérir.
Je glissai les mains sous le tissu suintant de sa robe.
« Soyons amants à nouveau. » Je mordis le lobe de son oreille, avant de lécher la peau son cou. « Mais je t’interdis de t’attacher à moi outre mesure. »
Je la touchais de façon enjouée et inappropriée. Ma mains glissa le long de sa poitrine, jusqu’au niveau de ses cuisses. Je grognai en me frayant un chemin sous ses sous-vêtements en soie brodée. Je reconnaîtrais cette sensation entre un mille ! Je souris.
« Je dois en deviner la couleur … Je ne me trompais jamais avant. » Mon souffle était tinté d’érotisme. Je jouais avec elle comme un gamin insouciant. C’était bizarre d’embraser cette identité à nouveau. Je caressai son visage avec passion. « Je suis fou et contradictoire. Pire que le chevalier double. Athénaïs, je brave tous mes principes à cause de toi. »
Je fermais les yeux en reniflant son parfum luxueux et les fragrances des roseraies environnants.
« Pourpre. » Je souris. « Ta petite culotte est pourpre. »
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(✰) message posté Ven 10 Oct 2014 - 23:30 par Invité
Julian représentait une trop grande tentation, une menace pour ses principes et pour son coeur. Elle l’avait fui encore et encore, lui envoyant des intermédiaires qu’il ne connaissait même pas. A l’époque, elle ne voulait pas se l’avouer mais il l’avait fait douter, il l’avait détournée de Wesley. Et aujourd’hui, elle se retrouvait à nouveau prise au piège bien qu’elle ne luttait plus. Elle avait besoin de lui comme d’un battement de coeur. Elle se sentait déjà dépendre de lui alors qu’ils n’avaient même pas passé le compteur des quelques heures. Il n’y avait pas de doute, à lui seul il constituait l’un de ses points faibles. Sa raison lui hurlait de sortir de cette brasserie et de continuer à fuir comme elle le faisait d’habitude mais elle en était incapable. Elle restait là, assise dans ce fauteuil, face à lui en attendant de subir le châtiment ultime.
Sa main pianotait sur sa cuisse, réduisant sa volonté à l’état de poussières. Et lorsqu’il parlait, rien ne s’arrangeait.
« Je ne t’oublie pas. »
Comment expliquer ce qu’elle avait ressenti à ce moment-là ? Tous les murs qu’elle s’obligeait à dresser entre eux se voyaient transformés en tas de débris. Il les bravait, sans sourciller, sans lui laisser le temps de reprendre son souffle. Il ne cessait de la prendre au dépourvue.
« Tu dois me confondre … Je n’ai jamais détourné le regard, pas une seule fois à Paris. »
Elle le savait, c’était sûrement la raison pour laquelle elle n’était pas parvenue à se dégager de son emprise. Son regard l’avait suivie partout, comme une onde d’affection permanente.
« Sauf peut-être devant les stands du marché de Noël. Et encore c’est l’odeur des beignets qui m’a interpellée. »
Un léger malaise la traversa, ils avaient vécu tellement de bons moments ensemble. Ces souvenirs la rendaient nostalgique. Elle se surprit elle-même à regretter cette époque avec une telle force qu’elle inspira une grande bouffée d’air pour faire passer la douleur. Elle était trop émotive et se laissait facilement submergée par les émotions. Elle réprima l’envie de se blottir dans ses bras comme elle avait eu l’habitude de le faire en hiver à ses côtés puis soupira.
“Tu me manques.”
Elle éprouvait une profonde détresse qu’elle aurait pu chasser en le prenant dans ses bras mais elle avait l’impression de franchir une limite, il n’y avait qu’elle qui regrettait le passé après tout. Il était parti sans aucun regret, alors qu’elle…
« Athénaïs, tu ne devrais pas remettre en cause ma loyauté. »
“Mais tu m’as abandonnée à Paris.” murmura-t-elle puis ayant conscience qu’elle se laissait débordée, enchaina. “Ce n’est pas contre toi, je ne crois en la loyauté de personne.”
La preuve, ses deux meilleurs amis avaient couché ensemble dans son dos, elle n’avait même pas bronché alors qu’au fond, elle était tombée de haut. Par contre, si elle venait à les croiser, elle les giflerait bien. Sa rancune n’avait aucune limite.
« J’ai l’impression de t’avoir connu dans une autre vie. Peut-être dans une autre galaxie, où je ne me serais pas encore habitué à tes détachements et à tes absences. Je vis sans toi depuis trop longtemps … »
“Tu t’es habitué à mon absence parce que tu étais très bien sans moi.” répliqua-t-elle, amère.
Repenser à ses soi disant meilleurs amis l’avait énervée et elle déversait sa colère sur lui mais ses paroles n’étaient pas dénuées de sens, bien au contraire. Desfois, elle le reconnaissait, il semblait tenir à elle, et d’autres fois, pas du tout. Est-ce qu’elle se trompait aussi sur lui comme elle s’était trompée sur les autres ? Aucune idée. Il était trop habile de ses mots pour se laisser avoir. Elle aurait voulu lire dans ses pensées à cet instant pour ne plus avoir à se tracasser. Son coeur espérait qu’il soit sincère.
« Je suis amoureux de tous tes souvenirs. »
Et il recommençait. Il jouait la carte des belles paroles ! En temps normal, il aurait réussi à la charmer un peu plus mais là, elle était beaucoup trop remontée intérieurement pour apprécier. Elle criait à injustice. Il était parti, il l’avait laissée et après toutes ces années, il osait lui dire ce genre de choses. Oui, elle l’avait évité, mais depuis quand c’était censé venir à bout de la volonté de quelqu’un si il désirait vraiment la revoir ?
“Tu parles beaucoup trop, tu n’as pas besoin de me sortir la carte du séducteur, garde-la pour les autres.”
“« Il le faudrait peut-être. Mais je ne suis pas connu pour faire les choses comme il faut … »
“Oh j’ai oublié, tu as déjà tourné la page toi.”
Elle était fatiguée de ce jeu, et n’avait qu’une envie, partir. Elle avait l’impression qu’il jouait avec ses sentiments.
« J’ai arrêté d’être ton serviteur à la seconde où tu as commencé à prendre tes grands airs. C’est la dernière fois ou je me prête à tes jeux de séduction. J’étais sérieux et tu ne fais que tourner autour de plaisanteries mal placées. »
“Alors ne me parle pas de loyauté.” grinça-t-elle.
Depuis avant, elle n’avait jamais répondu à ses crises mais elle n’en pouvait plus ! Il ne reconnaissait pas qu’il était jaloux ou bien était-ce une de ses petites combines pour la lui faire croire ? Ses réactions imprévisibles lui donnaient le vertige. Une fois, il lui sortait des déclarations et maintenant, il lui reprochait de tourner autour de plaisanteries mal placées. Qu’est-ce qu’il voulait ? Est-ce qu’il s’attendait à pouvoir la cueillir puis repartir comme si de rien n’était comme pour Paris ?
« Je ne suis même pas en course pour t’avoir. Je … Refuse cette conversation. On a pas à discuter de mes états d’âmes ou de notre couple incertain. Laisse-tomber. Je te demande juste de ne pas me parler de ta vie. »
“Comme tu veux, on n’a jamais eu d’avenir de toute manière.”
Elle se voulait sèche et cassante, le sang lui montait à la tête. Elle ne voulait plus parler d’eux, du passé, du futur, qu’importe !
« Je ne suis pas sûr de pouvoir assumer ce choix. Et tu sais qu’il y’a une fille. »
“Oh mais ça ne me concerne en rien, je t’ai juste emmené ici pour te faire soigner, tu pourras retourner chez elle après ça.”
A ce moment-là, ce qu’il pouvait faire ou non lui importait peu. Ils étaient restés plusieurs années sans se fréquenter, pourquoi ça changerait ? Elle passa une main dans sa chevelure avant de pousser un soupire agacé.
« Je conçois. Tu devrais avoir plein d’amants et ne JAMAIS, Oh grand jamais, m’en parler. Je ne suis pas ton putain de meilleur ami gay. »
Elle vint se planter devant lui, plongeant ses yeux bleus dans les siens.
“Dis-moi, à cette heure-ci, qu’est-ce que tu es pour moi ? Qu’est-ce que je suis pour toi ? Rien.”
Elle s’en voulait de le désirer de cette manière, et de s’y être tant attaché mais tant pis, plus rien n’avait de sens depuis un bon moment. Elle ne réfléchissait plus depuis qu’elle tentait éperdument d'assouvir sa soif de lui. Lorsqu’il la releva, sa colère s’apaisa. Pourquoi est-ce qu’elle avait l’impression qu’il voulait la protéger et bien la traiter alors qu’il mentait sans aucun doute.
« Soyons amants à nouveau. »
Fermant ses yeux, elle se laissa bercer par le son de sa voix. Sa peau frissonna au contact de sa langue sur son cou. Elle lui en voulait tellement mais dans ses bras, elle était tout bonnement à sa merci.
« Mais je t’interdis de t’attacher à moi outre mesure. »
Elle battit des paupières, comme sortie d’un rêve. Il avait donné le ton, c’était purement physique, rien de plus. Avant qu’elle ne le repousse, sa main habile s’était frayée un chemin sous ses sous-vêtements, un gémissement lui échappa. Elle voulait résister mais la sensation qu’il lui faisait ressentir la faisait capituler. La voix de la raison s’évapora, ne laissant place qu’à son désire grandissant.
« Pourpre. Ta petite culotte est pourpre. »
Elle sourit à sa bêtise et le força à lâcher prise, avant de se retourner, elle lui tournait le dos et sans ménagement, elle se colla contre son corps. Elle pouvait sentir son intimité contre ses fesses, et s’amusa à se frotter contre lui. Il savait qu’elle aimait par dessus-tout cette position, combien de fois l’avait-elle supplié de la prendre ainsi sauf que ce soir, elle voulait juste le rendre fou. Hors de question d’aller plus loin, elle gardait encore en tête leur petite querelle.
“Dans cet état, tu ne tiendras même pas deux minutes.” lui souffla-t-elle avant de s’éloigner un peu. “Fais toi opérer.”
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(✰) message posté Sam 11 Oct 2014 - 18:12 par Invité
Hammersmith; the corner of the street Because, if you could love someone, and keep loving them, without being loved back . . . then that love had to be real. It hurt too much to be anything else. C’était mon choix de partir ; mais je n’avais jamais réellement quitté la féerie de Paris. Tous mes souvenirs restaient captifs de mon esprit, parfois réduits à de simples images aujourd’hui je les sentais germer au creux de mon abdomen. Je posais mon regard troublé sur Athénaïs. Elle me transportait vers une dimension parallèle, où tout me semblait éphémère. Je souris d’un air contenu. Les murs de la brasserie s’évanouissaient pour laisser place aux rues jamais désertes de Notre Dame. Le clocher de l’église invitait mon âme à rejoindre les rangs célestes, mais je ne pouvais me détacher de ses longs cils. La jeune blonde eut une absence, je me penchai pour frôler sa cuisse. Il y’ avait de la magie dans l’air, une sorte de lien mystique qui me poussait immanquablement vers nos limites tracées.
Je savais que c’était une attraction malsaine, mais mon cœur était fébrile à chaque fois que le son de sa voix venait rencontrer ma conscience.
“ Tu me manques. ”
J’eus un sourire carnassier. Elle me manquait de façons obscures et charnelles. J’eus un mouvement de recul afin de jauger sa silhouette parfaite. Je venais de plonger en zone de danger. Je ne comprenais pas les lamentations de mon cœur – Je la voulais subitement et inconditionnellement, de manière fusionnelle et passionnée. J’humectai mes lèvres. Je voulais qu’elle me touche, qu’elle m’empoisonne avec ses baisers goulus. Athénaïs était maléfique. Je me laissai tomber dans mon siège, les muscles tendus par le désir.
« Je te manque comment ? » Il y ‘avait quelque chose d’érotique dans la tonalité de ma question. Je me mordis la lèvre inférieure, songeur.
Son visage se ferma brusquement. J’arquai un sourcil, perplexe par un tel changement. Qu’avais-je encore dit ou fait pour la contrarier ? Sa voix s’éleva afin de répondre à mes interrogations.
“ Mais tu m’as abandonnée à Paris. Ce n’est pas contre toi, je ne crois en la loyauté de personne. ”
Je lui souris en me redressant : « Tu ne peux pas réellement penser ça. » Soufflai-je hautin. « J’avais mon diplôme et mes études à Liverpool. Tu savais que Paris n’était pas vraiment une option de vie pour moi. »
Son ton amer me poussait dans mes retranchements. J’étais irrité par ses accusations non fondées.
“ Tu t’es habitué à mon absence parce que tu étais très bien sans moi. ”
« Tu m’as imposé ton absence. Je devais bien survivre. » Répliquai-je d’un ton volontairement poli – soutenu. Elle dressait des barrières entre nous à nouveau. « Dans mon optique tu as toujours été la meilleure chose qui me soit arrivé en France. J’ai préféré m’accrocher à ce souvenir, plutôt que de faire le deuil d’une relation fugace. Tu étais avec Wesley et de mon côté, les choses sont toujours compliquées. » Ce n’était pas un reproche, mais un fait. Un fâcheux contre-temps lors du quel je la croisais sans jamais la toucher. Je déglutis en posant mes mains sur la table. « Qu’est-ce qui te prend ? »
Je retins mon souffle en tâtonnant la poche de ma veste. Je n’avais pas le droit de fumer ici, mais la promesse d’une bouffée de nicotine suffisait à calmer mon manque. Athénaïs restait impassible. Je la sentais à des millions de kilomètres de mon monde ; elle faisait tout pour m’éviter encore.
“ Tu parles beaucoup trop, tu n’as pas besoin de me sortir la carte du séducteur, garde-la pour les autres. ”
J’eus un rire nerveux. J’avais gardé mon calme jusqu’à présent, ce qui relevait du miracle, mais elle commençait à pousser le bouchon trop loin. Un éclair insalubre traversa mon visage.
“ Oh j’ai oublié, tu as déjà tourné la page toi. ”
« Je n’aurais pas dû ? » Déclarai-je avec dédain. Je voulais parler avec éloquence et réfuter toutes ses paroles, mais ma voix sonnait creuse dans ma tête. Ma langue claqua contre mon palais. « Qu’aurais-tu espéré de moi, Athénaïs ? Tu souffles le froid et le chaud. Tu me repousses mais tu me regrettes. Je ne fais pas confiance aux femmes non plus – Tu ne fais exception que pour une seule raison : Tu ne m’as pas encore abandonné. » Je marquai un silence. « Je sais qu’inévitablement tu finiras par partir un jour. »
Je regardais le plafond d’un air vague.
« Je ne t’ai pas abandonné à Paris. Je suis rentré chez moi. »
Elle aurait pu me suivre – partir à la conquête de mon cœur déchu, mais elle avait préféré rester tapi dans ses châteaux de France aux côtés d’autres hommes plus intéressants et bien plus dignes de son rang. Je n’avais jamais eu de preuve d’amour de sa part. Et elle n’avait jamais rien reçu de trop démonstratif venant de moi. Je soupirai, exaspéré.
“ Alors ne me parle pas de loyauté. ”
Je m’enfermais dans mon silence, les yeux rivés sur sa bouche profanée : Conneries après conneries, voilà tout ce que j’entendais. Elle se détournait de moi – signe ultime que notre entrevue avait trop tardé. Ce n’était pas juste, mais je devais me retirer pour sauver ce qui restait de notre amitié.
« Ce que tu voudras. » Soupirai-je.
Le monde pouvait être froid et hostile, cela m’importait peu, mais c’était blessant de la voir prendre autant de hauteur. Elle embrasait mon âme avant de se dégager. Je déglutis, dans un effort vain de ravaler toute ma rancune cuisante.
“ Comme tu veux, on n’a jamais eu d’avenir de toute manière. ”
Elle fermentait mon animosité en rajoutant à ma peine. Je la fusillai du regard par réflexe. Athénaïs, me poussait à bout… Je ne voulais pas nier mon attirance pour elle, ni le sentiment de possessivité qu’elle m’inspirait – mais dire les mots, c’était rendre les choses plus réelles. Et cette pensée m'était insupportable!
« Alors pourquoi tu m’en veux ? » Elle se contredisait. Je passai une main tremblante dans ma chevelure ébouriffée. « On n’a jamais eu d’avenir. Il n’y a pas d’avenir. Les choses se passent exactement comme tu le souhaites. »
J’avais besoin de plus que cela pour m’accrocher à elle. Mes mains fendaient l’air, mais ne rencontraient que le vide. Le souffle du vent chatouillait ma virilité – J’étais le pantin d’une femme perfide.
“ Oh mais ça ne me concerne en rien, je t’ai juste emmené ici pour te faire soigner, tu pourras retourner chez elle après ça. ”
Je retins une insulte en canalisant ma colère. Mon sang ne fit qu’un tour dans mon système. J’étais dans l’incompréhension la plus totale, mais je refusais de tomber dans son petit jeu capricieux.
« Je n’ai pas envie de retourner … » Marmonnai-je. « J’ai besoin de plus de soins. »
“ Dis-moi, à cette heure-ci, qu’est-ce que tu es pour moi ? Qu’est-ce que je suis pour toi ? Rien. ‘’
Je ne voulais pas trop réfléchir à la réponse. Ainsi ma déclaration serait plus sincère et plus spontanée.
« Tu es le soutien de ma vie. » Son regard de glace me rendait fébrile, je baissais les yeux. « Tu es la preuve que je peux encore retrouver mon insouciance d’enfant. »
Je m’approchai d’elle avec hésitation. Elle semblait plus calme au contact de ma bouche. Je l’embrassais avec désespoir ; avant de la laisser m’échapper. Elle se retourna avec grâce avant de coller à moi. Je sentais mon intimité gonfler sous l’emprise de son parfum délicat. Mes mains se baladaient sur ses hanches, mais j’étais incapable de l’empoigner ou de la garder à mes côtés. Ses fesses se frottaient contre mon désir ardent - Quel manipulatrice !
“ Dans cet état, tu ne tiendras même pas deux minutes. Fais toi opérer.“
J’éclatai de rire en la suivant tant bien que mal. Je retins son bras, en la tirant violemment vers mon torse.
« Tu ne tiendras pas toute une vie en m’ignorant. » Ma bouche retraçait le contour de sa joue creuse. Je soupirai. « Dis-moi la couleur de ta petite culotte, et je me ferais opéré. »
Elle avait le don de me faire abdiquer. Un sourire triste se traça sur mon visage _ De toute façon il fallait bien que je passe au bistouri.
« Je ne veux pas faire de rééducation seul. » Lui chuchotai-je à l’oreille. « Restes avec moi, et je promets de bien me tenir. »
Je lâchai prise. Il était clair dans mon esprit qu’elle refusait de succomber à mes charmes. Encore une fois, je me pliais à sa volonté de pas ne me voir.
« Il ne se passera jamais rien. Tel est ton désir, princesse. »
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(✰) message posté Ven 17 Oct 2014 - 19:44 par Invité
Ses divagations émotionnelles s’en prenaient à Julian. Il n’y pouvait rien, ce qu’il lui faisait ressentir était propre à son interprétation des faits. Après tout, Athénaïs était d’une imagination débordante, sa tendance à trop réfléchir l’incitait immanquablement à se fourvoyer. Ce n’était pas une chose qu’elle cachait, au contraire, tout le monde connaissait la rêveuse qu’elle était et l’innocence qu’elle pouvait représenter. Mais peu de personne pouvait prétendre dompter ses humeurs changeantes pour un oui ou pour un non. Elle était imprévisible. Certains s’adaptaient avec plus ou moins d’efforts, d’autres n’y parvenaient tout simplement pas, et tant pis. Quant à Julian, elle espérait juste qu’il ferait parti du premier groupe, elle voulait qu’il l’accepte avec ses manières de princesse, ses attitudes adorables ou énervantes. Après tout, comme il l’avait si bien dit, il n’était pas connu pour faire les choses comme il fallait.
Perdue dans la contemplation de son visage, elle eu un moment de faiblesse. Elle reconnaissait dans ses paroles qu’il lui manquait inévitablement et que rien - en dépit de ses efforts - ne parvenait à chasser ce sentiment. Plus les minutes défilaient et plus elle était partagée entre l’idée de lutter ou de se laisser gagner doucement mais pleinement. Il lui tendait la main, elle n’avait qu’à l’attraper pour plonger dans son monde. Seule la peur la maintenait à demi-éveillée, la peur de le revoir partir et de s’habituer à son absence. Le sourire qu’il affichait, l’atteignait, un sourire ravageur qui pulvérisait toutes ses défenses.
« Je te manque comment ? »
Elle l’observait, médusée par son expression perverse sur le visage. Combien même voulait-elle faire un trait sur le passé, c’était au-dessus de ses moyens. Les souvenirs de leur relation la hantaient. Elle pouvait feindre l’ignorance, au fond, elle savait pourquoi il souriait ainsi. Parce qu’il connaissait par coeur son corps et ses moindres petites faiblesses, elle n’avait pas de secret pour lui. Ce sentiment d’appartenance lui coupait le souffle, elle désirait si profondément tomber dans ses bras, sentir une nouvelle fois son souffle chaud au creux de son cou et ses mains se balader le long de son corps qu’elle mit quelques instants avant de répondre.
“Tu me manques tout entier.”
Cette confidence avait beau être sincère, touchante, cela ne l’empêchait pas d’être contrariée. Elle savait à quel point son attitude était étourdissante et pouvait agacer mais elle n’avait aucune envie de faire des efforts. Elle essayait de le repousser, de dresser à nouveau des murs entre eux, alors que ses désirs enfouis, l’imploraient de la calmer et de la conquérir à nouveau. Des pensées aussi contradictoires ne pouvaient être comprises mais c’était tout elle, espérer le ciel, les étoiles et la lune en même temps.
« Tu ne peux pas réellement penser ça. J’avais mon diplôme et mes études à Liverpool. Tu savais que Paris n’était pas vraiment une option de vie pour moi. »
Elle rit, ironique : “Et toi, tu savais que j’avais les moyens de payer toutes nos folies jusqu’à la fin de notre vie et plus loin encore, tu n’as simplement pas imaginé que cela puisse durer.”
Ces études étaient un vulgaire prétexte et plus il répliquait, et plus elle était irritée mais si au contraire, il ne bronchait pas, elle l’aurait pris pour du je m’en foutiste.
« Tu m’as imposé ton absence. Je devais bien survivre. » Elle soupira, ennuyée. Quel acteur. Survivre. Mais bien sûr. « Dans mon optique tu as toujours été la meilleure chose qui me soit arrivé en France. J’ai préféré m’accrocher à ce souvenir, plutôt que de faire le deuil d’une relation fugace. Tu étais avec Wesley et de mon côté, les choses sont toujours compliquées. »
A la référence de Wesley, une réplique cinglante fusa : “Je n’étais pas avec lui, je le fréquentais.”
Elle n’aurait jamais tenu ce genre de relation avec lui si elle avait été en couple, c’était contraire à ses principes et elle s’offusquait dès qu’on l’accordait à ce genre de comportement. Et alors qu’elle était prête à répliquer à un prochain pique, il la prit au dépourvue.
« Qu’est-ce qui te prend ? »
Elle le regarda, interloquée. Est-ce qu’il s’était vraiment aperçu qu’il y avait une raison derrière son comportement au lieu de la trouver carrément chiante de nature ? Ravalant sa colère, elle soupira. Elle avait voulu qu’il lui pose cette question et maintenant que c’était fait, elle préférait se taire. Ses affaires ne pouvaient en rien l’intéresser. Sa voix se radoucit.
“Rien. Je suis juste nulle en amour, je ne dois pas en parler pour mon salut.”
Sa main balaya l’air d’un signe dédaigneux, elle avait un goût prononcé pour les complications.
« Qu’aurais-tu espéré de moi, Athénaïs ? Tu souffles le froid et le chaud. Tu me repousses mais tu me regrettes. »
A chaque fois, c’était la même chose, on lui demandait ce qu’elle voulait, question claire et simple mais elle était incapable de répondre avec justesse. Elle ne se comprenait pas elle-même à des moments. Elle compatissait, elle lui reprochait des choses alors des années s’étaient écoulées. En parler ne changerait rien à part remuer des souvenirs trop douloureux.
“Tout mais pas que tu partes.” murmura-t-elle, plus aucune trace de colère dans la voix puis hésitante, elle finit par dire : “J’étais… Je…” Elle soupira, sa voix tremblait légèrement.. “Je ne sais pas, je m’étais beaucoup trop attachée à toi et, je n’étais pas prête de te voir partir.”
En prononçant ces paroles à voix haute, la réalité la frappait. Elle ne le regardait plus, elle avait juste envie de s’affaler sur la table et pleurer, ce qu’elle avait voulu faire au fond, lors de son départ mais elle se l’était refusée. Elle avait tout simplement refusé de faire le deuil de leur relation, son coeur en avait gros, comment avait-elle pu passer à côté de ça ? Elle avait refusé de lui dire adieu et aujourd’hui, elle restait bloquée entre le passé et le présent.
« Je ne fais pas confiance aux femmes non plus – Tu ne fais exception que pour une seule raison : Tu ne m’as pas encore abandonné. Je sais qu’inévitablement tu finiras par partir un jour. »
“Je ne pense pas que tu ai conscience de ce que tu dis.” commença-t-elle, sérieuse. “Tu sous-estimes ce que tu représentes pour moi mais je suis sûre qu’au fond, tu connais l'effet que tu me fais.”
Consciente qu’elle avait réussi à mettre la main sur ce qui la bloquait, elle se sentait plus légère.
« Je ne t’ai pas abandonné à Paris. Je suis rentré chez moi. »
“Je sais. Je n’ai jamais fait une croix sur nous et maintenant que je m’en aperçois, je suis apte à oublier.”
Elle l’avait tenu pour responsable alors que c’était sa propre lâcheté qui lui avait causé autant de peine, elle se l’était infligée car elle s’était refusée à enterrer ces souvenirs. Elle s'était raccrochée à un fil déjà coupé.
« Alors pourquoi tu m’en veux ? On n’a jamais eu d’avenir. Il n’y a pas d’avenir. Les choses se passent exactement comme tu le souhaites. »
Il était agacé, voir énervé. Le pauvre, elle lui avait balancé tout ce qui lui était passé par la tête sans penser aux conséquences. Autant lorsqu'elle voulait maitriser la moindre de ses paroles, elle le faisait au maximum mais lorsqu'il s'agissait de lancer tous les piques possibles, elle se révélait incroyablement douée. Puisqu'elle n'avait plus rien à dire, son amertume s'était dissipé mais ce n'était pas le cas de Julian. Elle allait tout simplement encaisser ce qu'il avait à dire sans répliquer. Mais encore une fois, il la surprenait. Au moment où elle semblait hors d'atteinte, il la saisissait avec une force démesurée, elle ne pouvait pas lutter.
« Tu es le soutien de ma vie. Tu es la preuve que je peux encore retrouver mon insouciance d’enfant. »
Sous ses baisers, la notion du bien et du mal perdait de son sens. L'espace d'un moment, plus rien ne comptait, il lui appartenait et elle était sienne. Avant d'en devenir accro, il lui fallait arrêter. Avec habilité, elle jouait contre son corps, elle voulait juste le rendre fou avant de s'échapper. Elle craignait de se faire avoir par son propre stratagème, couper court à leur baiser lui avait demandé une force surhumaine.
Avant qu'elle ne puisse aller plus loin, il éclata de rire avant de la tirer avec force contre lui.
« Tu ne tiendras pas toute une vie en m’ignorant. »
C'était exactement à quoi elle pensait, ce genre de revirement qui lui faisait perdre la tête. Sa bouche frôlait sa joue. Les paupières closes, elle profitait de ce dernier contact pour humer son odeur et ancrer la sensation qu'il lui faisait ressentir, ainsi blottie dans ses bras. Son coeur battait à tout rompre, elle était presque sûre qu'il était capable de sentir les cognements incessants dans sa poitrine tant ils étaient puissants. Envoûtée par sa bouche, elle posa ses mains sur son torse. Il avait raison. Elle n'y arriverait pas. Elle n'y était jamais arrivée.
« Dis-moi la couleur de ta petite culotte, et je me ferais opéré. »
Elle rit à son imbécilité et plongea son regard dans le sien. Elle se sentait si complice avec lui, elle aurait voulu que ce moment dur.
"Pourpre." finit-elle par lâcher, un sourire aux lèvres. "C'est du pur hasard, j'en suis sûre."
Aucun d'eux n'avait reculé cette fois-ci, ils s'autorisaient ça une dernière fois.
« Je ne veux pas faire de rééducation seul. » lui chuchota-t-il à l’oreille. « Restes avec moi, et je promets de bien me tenir. »
Ses mots la troublaient, son coeur dérivait dans un monde où lui seul en était le maitre. Délicatement, elle frôla sa joue et remit l'une de ses boucles rebelles en place.
"Je ne te lâche plus."
Et au moment, où elle voulait s'accrocher à lui, il abandonnait.
« Il ne se passera jamais rien. Tel est ton désir, princesse. »
Le but de la magie, c'est d'amener l'autre à douter du réel disait Amélie Nothomb. Pendant un instant, elle avait douté, pendant un court instant.
Elle hésita un instant avant de briser leur étreinte, cette fois-ci, elle ne fuyait pas, elle marcha à ses côtés jusqu'au bureau de son ami et avant d'y pénétrer, elle l'arrêta puis le prit dans ses bras. C'était plus fort qu'elle. Elle s'inquiétait pour ce qui allait arriver, pour cette opération, des complications possibles et surtout de ce qu'il ressentait. Elle le serra avec intensité, comme pour lui signifier qu'il n'était pas seul, elle était là désormais à ses côtés.