"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (james&eleah) raise me up. - Page 2 2979874845 (james&eleah) raise me up. - Page 2 1973890357
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(james&eleah) raise me up.

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() message posté Mar 17 Juil 2018 - 23:01 par Invité
RAISE ME UP /!\ +18
james & eleah

« Spirits creeping in my yard, hold my head, it's tilting back. Something dancing me around, putting crystals on my neck, lifting my feet off the ground. Raise me up. »


Douceur au bord des lèvres, violence au creux des reins. Elle ne sent plus. Plus rien de ce poisseux souvenir qui s'aimante à la chair comme la sueur dévale le long des corps coupables des amants ignobles. La peau tremble, frissonne de toutes les sensations honnies qui s’y insèrent chaque fois que les lames acérées de sa monstruosité viennent la pourlécher. La sienne. La leur. Les deux ensembles, modelées en quinconce dans l’argile noire. Bête fauve aux rugissements aphones. Terreurs brisées, broyées contre ses phalanges qui serrent, serrent si fort. A les contraindre, à les étouffer, à les regarder mourir entre ses doigts, disparaître de la même façon que les grains de poussière se dispersent lorsque la main se déploie dans l'air pour les libérer. Libres. Libres enfin. Même si ça fait mal. Même si à chaque fois qu'il glisse jusqu'aux intolérables barrières de son corps, les muscles geignent, pensent se fissurer en deux, miroir imparfait dont on a fracassé le reflet. A chaque coup de rein, elle rêve d’arracher sa peau pour lui rendre chaque douleur. Oeil pour oeil. Miroitement des profanations portées jusqu'à lui. Peut être qu'elle le fait en réalité. Les ongles fichés dans l’épiderme mis à nu. Candide. Candide jusqu'à y indexer tous les élans farouches de leurs deux natures conjuguées. Et le rejoindre, le contraindre, le recevoir. Tout ensemble. Sans les limites de la décence pour les brimer ou les retenir. Jamais elle n’a fait imploser les barrières à ce point. A laisser se déchaîner le cri qui s'éraille à l'intérieur. La sensation qui croit dans son ventre est pire que le désir. Elle ne la connaît pas. Elle ne la comprend pas. Elle ne l’a jamais laissée suffisamment s'exprimer pour savoir ce qu'elle renferme. Découverte de toi. Découverte de moi, à travers toi. Ses entrailles se tordent dans son ventre, retournées, viciées. Les pupilles dilatées dans le noir, elle crève de le posséder jusqu’à l'outrage, affronte la puissance d'une envie si absolue qu’elle lui donne vertiges et aigreurs. C'est lui n'est-ce pas ? C'est toi, qui déclenche cela ? Un sursaut de douleur la traverse lorsque son épaule se cogne contre le mur, interrompant toute la vague des sensations absconses. Un gémissement rauque le réprimande, tandis que ses doigts viennent griffer plus durement la peau de son épaule. Vengeance. Contrition. Ses lèvres lui reviennent avec une avidité décuplée par la douleur, cherchent à arracher les souffles manquants pour mieux compléter les siens. Tout prendre, tout, quand à l'aune d'un plaisir ignoble, Eleah se souvient. Elle se souvient ce que cela fait, d'être en vie. Ni à demi, ni à moitié, ni en dehors de soi ou au gré d'illusions dégoulinantes. Être en vie, quand le sang pulse des élans frénétiques sous la peau et en dehors, quand les muscles engourdis grognent pour rappeler qu'ils existent même sous la contrainte. Être en vie quand les sursauts de sa chair se lovent dans la sienne, s'y gravent jusqu'à faire saigner ce qui fut, ce qui est, et tout ce qui n’a pas encore été. Être en vie, là, quelque part. Cela fait mal, si mal. Elle voudrait crier, injurier tous ceux qui surent étouffer cette sensation là dans le coeur parce que cela n'était pas approprié, d'éprouver ainsi. Elle crèverait de tous les assassiner, triomphante sur l’amoncellement de leurs cadavres échevelés et imparfaits. Némésis au coeur pur, prête à reconnaître tous ceux qui ont été rejetés, ou incompris. Comme elle. Comme lui. Comme eux depuis la nuit de temps qu'ils ignorent, l'essence d'un monstre sublime qu'ils excavent l'un et l'autre pour les faire se rencontrer. Et se voir. Se voir. Elle le voit, de manière si limpide que sa bouche en devient âpre et son souffle plus rauque. Noyée dans l’horizon perdu de ses prunelles devenues noires. Aussi noires que le goudron sirupeux dans lequel on rêve de plonger les mains pour s'y engluer tout entier, et disparaître. Disparaître en lui, en toi. Affranchie de celui qui fut et sera toujours l’essence même de ses terreurs enfouies. Surtout ce soir, car la parenthèse n’appartient qu’à eux, qu'il n’a aucune place quand elle a décidé de tout donner et de laisser ses mains à lui prendre jusqu'à la quintessence de ce qu'elle renferme. Cela fait mal, si mal. Un mal délectable parce qu'il lui appartient, qu’elle lui offre sans retenue pour recueillir entre ses doigts avides tout ce qu'il sait lui offrir en échange. Un mal qu’elle est prête à subir et infliger mille fois parce qu'il ne révulse pas. Tout au contraire, elle y perçoit des beautés jamais atteintes jusqu'alors. Sans contraintes. Sans barrières. Sans scrupules ni faux semblants. Vérités crues dénudées jusqu'aux os qui crissent à l’intérieur.

Fascinée par l'image qu'il renvoie, ses mains s'y agrippent. La pulpe de ses doigts malmène sa joue, les contours de sa mâchoire. L'apprendre par coeur, jusqu’à le reconnaître, même aveugle, même rendue sourde par la musique qui résonne encore au fond de son oreille. Bruit étrange, toile de fond de l’irréalité d'un monde qu’elle crève de voir exploser et auquel ce soir elle n’appartient pas. En parallèle, en équilibre. Sur les pointes, prête à rompre, incapable de totalement céder pourtant quand la folie martèle son crâne, suinte sur sa tempe brûlante qui bat l'incohérence d’une mesure frénétique. Elle se reconnaît à peine, entité devenue insensée car trop longtemps désavouée. C'est elle pourtant. Entière. Infâme. C'est ce qu'elle est, cruelle persona magnifiée par les brutalités de ses paumes, par la vélocité abrupte de ses reins entre ses cuisses presque tremblantes. Troublante vérité, distinguée pour la première fois dénuée de ses attraits factices. L'abîme s’ouvre dans son ventre, fait vriller ses sens, tous ensembles. Ils s'y engouffrent. Lui abord. Elle à sa suite, dans le fracas de son dos qui rencontre une fois de plus la rugosité du mur. Les griffes se resserrent, l’enserrent. Il est là, il ne peut plus partir. Elle ne peut plus renier tout ce qu’elle est. Tout ce qu'il appelle, dans le cri assourdi qu'il exhale contre sa bouche. Le monstre qu’elle distingue tout contre elle a tant de lueurs. Tant. Trop. Pas assez. Qui es-tu ? Qui es-tu pour ainsi chercher à convoquer tout ce que je cache, tout ce qui pourrit, au dedans, comme de la chair putréfiée ? Horrifiée par sa propre laideur, dépassée par toute la démence dont elle se sent capable de l’accabler, ses pupilles s’ouvrent plus grandes encore. Respiration confuse, diffuse, désorientée. Extatique lorsqu’elle le regarde, gémit en se maintenant toujours à ses épaules, les lèvres à mi chemin des siennes, déjà désireuses de les prendre jusqu'à les tuméfier.

“Tu n’as pas peur … Tu es là … Tu n’as pas peur de moi.”

Cette idée là brise irrémédiablement quelque chose à l'intérieur. Une barrière qu’elle ne pourra plus ériger pour se protéger de lui. Une barrière dont elle est démunie et affranchie tout à la fois. L'abîme déploie ses méandres, les enlace. Deux amants dont la malédiction ne tient qu’au fil qui relie l’essence malsaine de l'un à celle de l'autre. Elle le touche encore, ne perçoit plus que le cri, cherche à le détourer pour y planter ses ongles. L’appel, son appel, qui se répercute contre sa tempe, dévale le long de sa cage thoracique jusqu'aux entrailles brûlantes. A voir qu'il n'est pas dégoûté par tout ce qu’elle libère, la bête s’affranchit de ses fers. A comprendre qu’au lieu de la contraindre, il cherche au contraire à la convoquer, elle fait sauter le dernier rempart, la conscience sensée s’éparpillant sur le sol pour ne laisser que l’être, décharné depuis si longtemps qu'il ne sait comment se libérer dans la demie mesure. Alors il n’en a aucune. Les lueurs dans ses regards changent, frôlent une lubricité complice. Dans la spontanéité d'un geste impérieux, ses doigts se referment sur les cheveux à l'arrière de sa nuque, maintiennent sa tête à l'orée de son visage. Son souffle le tance, le nargue. Un sourire narquois étreint ses lèvres, dévoilant une animalité qui perle sur la ligne devenue rouge de ses lèvres à demi closes. Eleah se penche, marque la courbure de sa nuque, remonte le long de son cou, glisse à son oreille dans un murmure rendu suave par tous les complots que ses esprits rendus à leur liberté primaire fomentent pour le pousser dans ses retranchements.

“C'est tout ce que tu as ?”

Elle le défie. Sans peur. Sans honte. Sans limite. Sans conscience. La folie dans les membres, dans la tête, nichée dans les douleurs diffuses qui parcourent déjà son corps mais qu’elle cherche à magnifier encore. Aller jusqu'aux limbes où elle n'est jamais allée. L’y suivre, l’emporter, tant que cela est de leur plein gré. Frôler les limites que l'homme est capable de supporter, quand l'animal, lui, saura s'y transcender. Jusqu’à se rompre. Jusqu'à ne plus savoir. Ce qui est de lui. Ce qui est d’elle. Tout. Tout ensemble. La démence de l'idée est une évidence si belle quand elle ne sait même pas jusqu’où elle est capable d’aller. Mais cela n’a pas d'importance, tant qu'il est là pour la regarder, telle qu’elle est, sans chercher à la préserver de lui et d‘elle même. Tant qu’il est là pour voir, et être vu. Le murmure devient un nouvel appel à son oreille. Un ronronnement trivial, convoquant tout. Tout sauf la peur, brisée par le fracas de leurs corps l'un contre l'autre. L'un dans l'autre. Ignorant tout. Jusqu'au monde de la nuit qui meurt autour d’eux. La musique qui s’étiole. Les âmes vagabondes, qui pourraient s’aventurer par mégarde à l’endroit où ils se sont retranchés. L’obscurité qui croit tout autour, quand rien n’a d'importance, si ce n'est eux, et l’abîme dans lequel ils ont décidé de se perdre ensemble, ensevelis, aventureux.

(c) DΛNDELION
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James M. Wilde
James M. Wilde
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() message posté Ven 20 Juil 2018 - 16:24 par James M. Wilde


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« Just like you said
It's all been done before
I don't have to talk pretty
For them no more
I can talk what I want, how I wanna »

Eleah
& James




Ses ongles qui s’imposent, mordent la chair, indisposent les nerfs. La douleur susurre les notes de la folie, qui ploient tous les accords en dévalant l’échine, se loge au creux des reins pour mieux crier le désespoir de se savoir enfin. Symphonie qui plonge. Et plonge encore. La tourmente d’une harmonie maudite, que nous avions pourtant juré de ne plus jamais trouver. Subir. Affronter. Mais ça ne pouvait durer, ça ne pouvait suffire. L’apathie et les gestes mesurés, la seule douceur et les airs désincarnés. Connus par coeur. Par coeur de ce qui est moi. Par coeur de ce qui est toi. Au coeur de la haine de soi. Au coeur. Les assauts tambourinent jusqu’aux tempes, me donnent le vertige, rend disparates les sensations qui se mélangent. Me fondre dans ton corps devient l’unique foi que je cherche à entretenir, l’acide au bord des lèvres, versé par tous ces mots que j’aimerais dire et qui déchirent ma bouche de ne pouvoir encore naître. N’être. N’être rien, n’être plus rien déjà. C’est ce que je croyais, je croyais que l’horreur ôterait toute évidence, qu’il n’y aurait plus que ces quelques grains de luxure arrachés à la dérobée, dévorés rapidement sans saveur aucune, histoire de ne jamais plus sustenter la bête par peur de la réveiller. Indomptable créature qui avait ravagé plus faible qu’elle contre une cloison si semblable… Museler les instincts jusqu’à tout étouffer, jusqu’à embrasser la mort donnée une dernière fois. Sauf qu’à chaque assaut, je ne musèle plus rien, à chaque fois qu’elle me griffe, à chaque fois que mon mouvement l’entraîne à mieux heurter le mur, à chaque fois… Il y a un peu plus de l’horreur, déchue et pourtant familière, qui se déchaîne en moi. Et j’y goûte avec un si parfait plaisir. Une seule note, clair et pleine, qui explose sans cesser dans ma tête. Je la regarde, mon animale, je la regarde se mettre à nu devant moi, déchaînée et horrible, majestueuse et virulente, dans l’absolu d’un entrelacement qui semble vouloir nous consumer. J’ai envie de me consumer, j’ai l’envie de me perdre désormais. La survie se mire dans les iris sombres qu’elle affiche, deux puits noirs pour noyer toute la hargne, la rendre plus artistique, parfaire l’image en la regardant imploser en nous. Chaque brisure qui arrache un gémissement supplémentaire, corrompu par la douleur, métissé par le désir. Vivant pleinement, tant que le sang s’élance jusqu’à elle, le souffle contre son cou, son odeur qui m’enivre et m’ensorcèle. L’envie m’écartèle, l’envie d’elle me taraude, rend bientôt la danse plus incertaine pour quérir le repos d’une douceur tout contre ses lèvres, quand elle précipite les siennes pour tout prendre, et tout dévoyer. Je perds le fil de mes idées, devenues aussi indistinctes que cette douleur qui s’enfonce et tournoie, tournoie. Pourquoi n’avoir jamais vécu que comme cela ? Pourquoi m’être interdit l’ivresse d’une brutalité consentie, n’est-ce pas ? Pourquoi, pourquoi ? Je ne sais plus, je ne sais pas. J’oublie le crime, j’oublie tout l’infâme que j’ai su puiser dans le sang déversé, j’oublie le plaisir de la mort pour croire encore subsister. J’aurais dû savoir que je ne changerai jamais. J’aurais dû le savoir dès le seuil de l’asile, le comprendre dès que la putréfaction a enchaîné mes chairs, comprendre que le carcan n’existait que pour mieux déchaîner plus tard ce que j’interdisais alors. Comprendre que je n’étais tout simplement pas prêt, à connaître l’amer sur ma langue, le nectar de l’hérésie dans ta bouche. Apprendre le langage de ta peau et rêver en même temps la déchirer pour m’y enfouir, encore et encore. Les images se superposent, l’escalier se poursuit, j’attrape sa main comme si j’envolais le passé, l’enchaînait au présent, le dénigrait tout en même temps car elle m’ouvre des futurs déparés de toute honte. Pourquoi avoir honte de moi, pourquoi avoir honte de cela ? Je me retiens encore, je me retiens toutefois, c’est comme plonger dans le précipice et avoir suffisamment de maillons à ses fers pour continuer de surnager. La violence imparfaite de ne savoir entièrement s’assumer.

Le mal qu’elle inflige est quelque part plus éclatant que celui que je rends, la chaîne tire, et c’est ma peau qui cède, la sienne demeure intacte. Car derrière la violence, c’est l’espace d’une seconde le déchirement d’un cri. Celui que je n’ai jamais poussé quand elle s’est fracassé la gueule sur le carrelage. Mon murmure est plus rauque, les vérités acquises se dénigrent à se confondre à cette peur qui demeure. Peur. Peur de moi. Mais jamais peur d’elle, jamais. Elle vient crever les défenses, rendre bestial le visage qu’elle accable de ses caresses qui ressemblent à des coups. J’ai des instincts qui grognent, qui rongent les os, percent les chairs, d’autres idéaux en équilibre de la violence partagée. Elle est trop farouche, je ne le suis pas encore assez. Et j’aimerais… Et j’hésite… Et je crains l’apothéose d’une monstruosité que je ne pourrais plus jamais cloisonner, plus jamais effacer, plus jamais taire enfin à ses côtés dorénavant qu’elle y aura entièrement goûté. La frustration de savoir, savoir au fond du ventre, sous le désir et la douleur, que la peine est encore là, et qu’elle ne l’a ni subie, ni absorbée. Qu’elle devient monstrueuse mais qu’elle cache encore ces irrésolus que je suis venu convoquer. Les coups de reins précipitent le carnage, dans ma tête la mise à mort convole auprès de l’âpreté d’une sensation trop brutale, trop instinctive. Je ne sais plus la boire, je me sens étouffer, la prison se referme parce qu’elle constitue mes chairs, ma peau, et tous mes idéaux fracassés. C’est tout ce que je souhaite, c’est tout ce que je crains. C’est le frôler sans l’avoir, tantale aux enfers, encerclé par ses cuisses, corrompu par la perdition qu’elle exhale contre mes lèvres. Elle me regarde, elle me regarde aussi, et l’abîme qui cherche à s’échapper du personnage éventré répond dans un souffle enfiévré. Ma main saisit sa joue, glisse jusqu’à sa nuque, une sorte de menace qui atermoie en caresse :
_ Qu’importe ce que tu planques encore… Je n’ai pas peur. Je n’aurai jamais peur.
Rappel de l’exigence qui tonne sous mes côtes, la musique aphone car je n’écoute plus que ce qui nous meut. Nous, et pas les autres. La trivialité de tous les sens exalte l’étreinte. Je la libère, les dents serrées, à feuler cette extase que je ne sais encore consommer. J’ai attendu… j’ai attendu si longtemps de me confronter à toi. Et tu es là. Tu es là. Tu es enfin là, entière. Entièrement à moi. C’est tant, c’est trop, et cela fait si mal, être moi en elle, être elle en moi, tout se mélange, indistincte fureur qui étreint tous mes muscles, menace de l’étreindre elle aussi. Et je l’appelle, et je l’appelle encore, plus encore, qu’elle sache m’affranchir à son tour, me dire que ce qu’elle souhaite c’est moi. C’est cela. Rien que cela. Je demeure interdit sur le fil du précipice, je dérobe les secondes avant de saisir le fracas qui m’attend, balaye une mèche de ses cheveux empreinte de nos exactions, alourdies par la moiteur de la pièce qui semble se rétrécir sur nos deux silhouettes enlacées. La prison, c’est moi, c’est moi, c’est tout autour. Ce n’est pas elle. Ce n’est pas nous ensemble. Mon souffle s’accélère, la panique frôle un plaisir qui devient malade, distille ses perversions quand je claquemure ce qui se dérobe, ce que je ne sais plus saisir pour l’avoir trop caché. Désir de violence, violence du plaisir, plaisir de la douleur, douleur arrêtée dans l’élan, complicité inavouable, inavouée.

Inachevée.

Les mots qu’elle détache, syllabe par syllabe, à l’orée de mon oreille broient le dernier maillon, me rendent mon altérité. Non pas celle que je balance à qui voudra la voir, tout autour, mais bien celle que j’ai su construire dans ce qui fit de moi un animal, une bête ignoble que l’on n’a pas su abattre. Et c’est trop tard. C’est trop tard. La mise à mort n’aura pas lieu, le monstre est là, le monstre ressuscite, déformé, rampe par les plaies qu’elle a détourées de ses ongles, remonte les vertèbres une à une quand les assauts se stoppent brusquement. Et le monstre la regarde, et le monstre la voit. Mon avant bras impose une menace tout contre ses clavicules pour lui interdire de bouger. Le monstre la voit. Le monstre te voit. L’admire enfin, cherche les relents du sang sur la pulpe de ses lèvres qu’il distingue à peine du coin de son oeil assassin. Elle lui fait mal, il adore ça. Et elle le nargue… Elle le nargue et le défie, sans aucune décence, et il crève de répondre à l’appel, il en crève depuis si longtemps. Bientôt le même sourire avide glisse sur mes lèvres qui ne l’embrassent plus. En miroir du sien. Alors j’oublie la peur, j’oublie la haine. De moi plus aucune honte, de ça plus aucune retenue. Les limites se tordent, mon bras appuie plus fort, juste suffisamment pour la contraindre encore un peu, maintenant ses mouvements à l’arrêt dans un sadisme que je consomme sans me restreindre. La danse que je poursuis ainsi est suave, langueur qui nous torture. Tout. Tout. Tout. Tout. La torsion est terrible, l’équilibre douloureux, fiché en elle, le plaisir incomplet, figé en moi, le battement extatique qui sourde à vouloir se déchaîner. J’appuie jusqu’à distinguer ces limites abandonnées dans l’ornière, la folie dans les prunelles, en réponse à son appel. Les secondes se suspendent, et je continue de m’immiscer en elle avec lenteur, une violence si mesurée, si apprêtée qu’elle porte le défi à son apogée. Je pourrais te prendre ainsi jusqu’à l’infamie, jusqu’à ce que ton corps abdique, et le mien avec toi. Mais ça ne suffirait pas, n’est-ce pas ? Ma voix est déformée :
_ Tu n’en as donc jamais assez… hein ?
Ma langue darde contre ses lèvres d’autres secondes à jouer la contrition. Tout. Tout. Tout. Cela pourrait durer toujours, mais ça ne nous ressemblerait pas. Elle veut tout, et plus encore. Moi. Elle. Ensemble. Reliés. Libres pourtant. Le ravage de nos corps, le carnage de nos âmes. Je la libère en la regardant toujours très fixement, un mouvement dessinant une caresse qui suit la ligne de sa peau navrée. Puis la précipite plus violemment contre moi, la rencontre dans la fureur de tout ce qu’elle acclame. La fièvre me reprend, les sons s’endiguent dans mon coeur, la souffrance nargue la perfection qui s’épanouit sans pudeur. Elle. Elle. Elle. Tout. Impossible conjonction des êtres. Impossible. Elle ne devrait pas être. Elle ne devrait pas. Le sursaut me saisit tout entier, les mouvements se morcellent, je mords son épaule pour taire le grognement qui échoue tout contre elle. Et je ne sais plus ce qui tonne ainsi, les soubresauts dans la cloison, mon coeur qui résonne dans mes tempes, ou bien la musique qui parvient à lécher les pas de notre danse impie. Elle ne devrait pas être. Elle ne devrait pas. Elle est cependant. Créature affranchie née de deux corps qui s’oublient. Il n’y en a plus qu’un.
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() message posté Mar 24 Juil 2018 - 0:17 par Invité
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james & eleah

« Spirits creeping in my yard, hold my head, it's tilting back. Something dancing me around, putting crystals on my neck, lifting my feet off the ground. Raise me up. »



Hésitation dans le coeur, hésitation sous les côtes. Ce qu’elle convoque de lui avec hardiesse se mire dans ses prunelles devenues obscures. Eau lustrale sur laquelle miroite mille et un éclats, tache d'huile aux reflets arc en ciel, sirupeux mélange dans lequel elle rêve de surnager, y plonger la tête pour s'en abreuver, s'y noyer enfin. Une première fois, puis une seconde. L’embrasser toujours, comme si cette fois ci était la dernière. Elle l'est peut être, dans l'incertitude de ce qu'ils deviennent chaque fois qu'ils se rencontrent. Affranchis de la honte. Eleah cherche à le libérer, à navrer les hésitations qu'il couve encore pour la préserver de lui ou se garder d'elle. Mais elle ne veut pas être préservée, ou l’épargner. Folle. Folle qu’elle est, dans le désespoir d'une existence qui ne cesse de filer entre ses doigts pourtant serrés. Serrés, serrés à étouffer. Pourquoi cela fait si mal, d'être soi, en lui ? Pourquoi les évidences doivent elles toujours être aussi douloureuse ? Est ce le prix à payer pour quelque chose de vrai ? Elle a oublié ce que cela fait, de cesser de mentir. Mentir. Cet acte devenu si simple, si facile. Fard d'un secret ignoble qui n'en est plus un chaque fois qu'il s’immisce à l'orée de son corps qui ploie, et ploie encore. Indécence le long de l'échine qui s’incurve, arc de cercle farouche, insoumis, consentant pourtant dans les appels qu'il susurre au gré d’ondulations d'une violence gracile. Elle aime ce qu'il libère tout contre elle, sans l’âpreté de jugements contraires pour brider leurs envies et les museler ensemble. Prisonnières derrière des barreaux de chair, à tirer sur les côtes dans le désespoir de pouvoir sortir un jour. Se libérer enfin. Elle le veut libre lui aussi, magistral dans les fracas qu'il impose, une force inavouable déployée dans les membres pour vaincre les spectres invisibles, intouchables par elle, inatteignables par lui. Les chasser hors d’eux, deux corps devenus un. Un seul, pour les abandonner à leur sort. Délaisser le passé, le laisser à la marge. Ne rien vouloir d'autre, à part les armes qui les encercle pour les protéger de tous ces autres. Sa nuque se tord, accueille la tonalité rauque de son timbre dans un gémissement qui oscille entre la délectation et la complainte. Il n'a pas peur. Il n’a pas peur. De tout ce qu’elle renferme. De tout ce qu'elle retient. De tout ce qu'il ignore, et ne saura peut être jamais recueillir aux coins de sa bouche. Un râle sous tendu traverse ses côtes. Ses poumons s’emplissent enfin de l'air qui leur manque pour la libérer toute entière. Tout ce qu’elle planque … Tout ce qu’elle planque encore. Tant et plus. Tout … tout. Ce tout souvent abscons, morcelé dans sa tête, sauf dans les délires qu’elle renie pour ne pas avoir à en affronter les vérités cachées. Tout. Elle lui donnera tout, dans l'absolu de ce dont elle est capable. Un tout à chaque mesure, à chaque temps. Rythme aux divines imperfections, danse incertaine. Sienne pourtant … sienne. Leur, s'il consent à voir ce qu’elle saura lui montrer, sans chercher à brutaliser les temps pour les précipiter, et lui faire dire avant l'heure ce qui aurait dû être tu.

Dans l’inavouable d'une nature qui implose, Eleah lui apparaît entière. Entière et tordue, en dedans comme en dehors. Sensualité sauvage qui suppure par tous les pores de la peau et humecte ses lèvres pour en apprécier toutes les acidités. L'abîme s’ouvre en entier au creux de son ventre, prêt à l'accueillir, à le laisser y plonger, tête la première pour s'y noyer enfin. L’âme tressaute, étire ses membres devenus douloureux à force de se recroqueviller les uns contre les autres. Position de repli, de défense. Mais les défenses n’existent plus. Alors elle tend les bras, s’éveille. Tout ce qu'elle déploie est une arborescence insatiable, des racines qui fouaillent pour transpercer ce qui les entoure, absolu d'une quête sans fin dont on ne peut totalement revenir. Les notes de la douleur sont plus aiguës lorsque ses ongles mordent sa chair, souffrent avec lui, souffrent en lui. Elle le veut libre sans les hésitations qui le morcellent. Libre de détacher la muselière de la bête qui crève, qui crie. Libre d'être lui. En elle.

“Je veux tout … Tout de toi … Avec moi.”

Parvient-elle à articuler tout contre sa bouche, avant de sentir une vague nouvelle la traverser de part en part. Passer de lui à elle, d’elle à lui. Prolongement d'un éveil et d'une rencontre qu’elle contemple avec une avidité sans fard. Quelque chose en lui se métamorphose. Terrifiant. Sublime. Les deux ensembles. Magistralité d'un être qu’elle a l'impression de voir pour la première fois. Le cri, incarné en entier dans la chair tendue qui s’expose, s'interrompt brusquement, la fait geindre d’insatisfaction. Une lueur de surprise passe au devant de ses prunelles dilatées dans l'ombre. Il est là. Tu es là. Entier. Libre … Libre je crois. Son sourire en demi lune s’agrandit, dénote une lubricité inavouable. Son bras se pose, s’impose. Contrition contre laquelle par instinct, ses esprits farouches se rebellent. Sa paume se plaque contre son avant bras quand l'autre se maintient toujours à l’arrière de sa nuque. La menace, juste sous ses ongles qui prodiguent une caresse appuyée à l’épiderme sensible. Mais il n’a cure de ses menaces. Il les veut, elles aussi, n’est ce pas ? Son coeur s’affole dans sa poitrine tandis qu'il appuie plus fort, que les clavicules geignent sous la contraintes. A son regard elle demeure irrémédiablement ancrée, infaillible, fascinée. Cela fait mal, le souffle lui manque. Mais pour toute réponse, ce sont ses cuisses qui l’enserrent un peu plus. Douceur vengeresse, quand elle consent à lui laisser imposer un rythme qui la torture. Dès le premier assaut, la douleur est assassine, et la frustration immense. L'obligation de prendre son temps, quand la bête rêverait de se déchaîner. L’oscillation entre douleur et plaisir lui fait toucher les accents d'une folie furieuse. Elle voit flou, ne distingue plus les repères autour. Il fait chaud, si chaud. Une chaleur terrassante qui irradie au creux de ses reins. Et son bras qui continue d’appuyer, jusqu'aux limites du supportable, l’os prêt à rompre tant il est tiraillé entre les tensions de ses nerfs et la pression qu’il exerce. Le souffle lui manque, quelque chose vacille. Un râle plus fort que tous les autres lui échappe, dénote tout ce qu’elle éprouve, en équilibre entre deux sensations contraires. L'une exquise, l'autre terrifiante. Elle mord sa lèvre inférieure, sa tête bascule en arrière pour se poser sur la cloison. Si son corps supporte la lenteur grâce à la férocité de son caractère, il commence néanmoins à trembler, tout contre lui, à travers lui aussi. Du regard elle le tance, acceptant l’opression sans pour autant le laisser prendre totalement le pas sur elle. Sa main dérive, convole jusqu'à son visage. Du bout de son pouce, elle caresse la ligne de sa lèvre, contemple avec une fascination d’hérétique les méfaits de leurs désirs malades, ainsi reliés, l'un dans l'autre. Sa voix lui parvient une nouvelle fois, et Eleah lui revient, se redressant contre lui en sentant son bras la libérer. Son sourire s’agrandit, renoue avec une espièglerie qui ne tient pas du mensonge. Car elle la caractérise, elle aussi, quoiqu'elle en dise.

Jamais …”

Murmure en écho brisé contre sa bouche, lorsqu'il la rejoint dans une puissance jusqu'alors désamorcée. Ses coudes se posent sur ses épaules, ses doigts fourragent dans ses cheveux, les enferment entre ses phalanges, serrent, serrent encore. Débridés, libres. Libres toujours lorsqu'il revient pour la prendre avec une férocité ayant réussi à déjouer l'abîme. Il est là, partout. Entité maitresse de son corps et de ses esprits qui lui appartiennent, le temps de l’étreinte. Eleah se donne, Eleah prend. Sans douceur, sans pudeur lorsqu’elle accompagne ses coups de rein de l’ondulation abrupte de ses hanches. Mouvements contraires, complémentaires. En quinconce. Jusqu'à ce que le désir implose en des notes furieuses, les laisse exsangues, les failles béantes et les corps rompus, son dos contre la cloison, tressaillant de toutes les brûlures imposées par lui.

Ils restent là, en équilibre sur le point d'arrêt qui n'en peut plus de mourir. La note se prolonge dans son oreille en un écho imparfait, interrompu par la brûlure de son souffle qui coure après l'air qu'il lui manque. Chaleur. Chaleur partout. Étouffante et troublante. Irradiant dans le creux des reins, faisant courber l'échine, calcinant tout sur son passage. Rassasiée, une douceur ténue dans le ventre, une douleur absolue dans les membres qui ne savent plus se mouvoir autrement que pour l’enserrer et le relier à elle. Ils doivent tout réapprendre. Marcher. Courir. Danser encore … Danser. L’animalité toute exaltée de s’être ainsi rassasiée ronronne, cajole les muscles qui se tendent dans des sursauts incertains. Les sommets inatteignables, touchés du bout des doigts, contemplés dans la virulence d'une étreinte, s’éloignent aussi vite qu'ils sont apparus. La pente glisse dans l'autre sens. C'est inévitable. Et Eleah la dévale, s’y écorche, sans même pouvoir ralentir le sursaut des émotions qui la bouleversent.

Une vague de honte l'enveloppe, la prend à la gorge de la même façon que l'animal farouche détient sa proie entre ses dents serrées jusqu'à la regarder saigner à blanc. Honte de ce qu'elle est. De ce qu'elle a su projeter contre lui. Honte d'être allée si loin … trop loin peut être. Honte d'être soi, alors qu’elle ne devrait pas. Honte encore, qu'il ait su la voir et que dans le miroitement de sa pupille, elle ait su s’affranchir de tout, même de l’essence de ce qu’elle pensait être. Nouveau, incertain. Elle devient comme ces enfants qui ont trop peur du vide qui vient après l'enfance pour rêver s'y précipiter, comme ces anciennes générations obtuses, toujours réfractaires face aux idées nouvelles. En marge, essoufflée. Terrifiée par ses propres lueurs. Toile de fond ignoble. Comment faire ? Comment faire pour l’accepter ? Ses bras refusent de libérer sa nuque. Son souffle est ténu contre sa tempe. Une larme salée, suivie par d’autres, dévale le long de ses joues rougies par l’effort, les émotions trop abruptes pour être éprouvées sans conséquences. Les nerfs se détendent avec lenteur. C'est l’absolu d'un sentiment étranger, assez puissant pour la déstabiliser toute entière. Candeur des premières fois, l’incapacité de contenir ce qui bruisse au fond de ses tempes, jusqu'à travers la conscience perdue. C'est trop. Beaucoup trop. Mais elle l’a voulu pourtant. Si fort. Elle ne regrette pas. La voix s'élève pourtant. Dans sa tête. Qu’est ce que tu fais ? Qu’est ce que tu fais, Eleah ? Tu cherches à me renier n'est ce pas ? A me voir partir ? Mais je suis là. Toujours là, greffé jusqu'aux prémices de ta chair dévoyée. Je ne partirai pas. Il ne me délogera pas. Tu le sais, n'est ce pas ? Je suis là. Il est là. Mais elle ne l’écoute pas, verrouillant l’accès qui mène au subconscient indicible. Son nez s'enfouit au creux du cou de James pour se garder des pensées qui l’assaillent dans la redescente. Elle s’abreuve de son odeur, ne garde pour mesure que celle qui bat à travers la peau fine de sa nuque, contre son souffle devenu rauque.

Ses regards dérivent sur les stigmates de la peur, tatoués contre sa peau à la morsure de ses ongles et de ses lèvres. Peur mutique et terrifiante, versée jusque dans sa chair tout au long d'une quête aux brutalités sublimes. Moins sublimes maintenant que l'émotion la fracasse, déchire l’enveloppe pour laisser entrevoir les territoires béants de leur debauche, jamais violés, jamais empruntés dans une hérésie partagée. Visibles par lui à présent. Mise à nue. Totalement nue lorsqu'il marche, écrase de ses pieds les obscurités furibondes pour mieux la rejoindre, et la confronter. Elle. Elle seulement. Personne d'autre. L’abîme se rouvre dans son ventre et la laisse mutique. Pendant une lourde seconde, elle ne sait plus très bien qui elle est, ou ce qui a pu se passer pour qu’elle consente à se libérer ainsi. Une libération si absolue de l'être qu’elle renferme qu’elle la terrifie plus encore que l'autre, tout illusoire, paré de ses fards.

Les vérités connues par coeur ne sont plus que des vertèbres mises à nue, l'os poli, aussi doux et blanc que l'ivoire. Blanc comme lui, si blanc. Nu lui aussi. Comme elle. Comme lui, contre elle, lorsqu’elle le regarde. Affranchis. Sa poitrine se soulève à intervalles irréguliers. Les stigmates d'une peur nouvelle qui transitent dans ses côtes douloureuses. Pas la peur de lui, non, jamais. La peur d’elle-même. De cette monstruosité qu'il a su convoquer, voir et libérer. Débridée. Sans honte. Elle en a si peur à présent. Elle ne sait quoi en penser. Et la bête à sa mesure est là, à l'enserrer toujours. Pourquoi ne pas le laisser partir ? Il devrait … il devrait tant. La laisser là, tremblante et incertaine. C'est ce qu’elle mérite. Tout ce que tu mérites, mon ignoble funambule. Seule, dans le noir. Monstrueuse, à mon image. Comme moi … comme lui … comme toi. Elle deglutit avec lenteur, des frissons s'emparant par vagues de sa peau nue. Son souffle est court, tout contre sa peau moite. La pulpe de ses doigts s’appuie à intervalles réguliers, par petites pressions sans rythmes, comme ces fous dont les membres tressautent de tics nerveux incontrôlables. La fragilité qui l’étreint est aussi virulente que la férocité animale de ses gestes dans la fièvre du désir. Deux entités contraires, en marge, cohabitant dans la même silhouette menue. Trop menue pour les laisser s'épanouir ensemble. La même silhouette qui le retient en cas où il aurait dans l'idée de la laisser là, seule, dans la pénombre, la honte d’elle même pour seul équipage. Ne me laisse pas là, ne me laisse pas là, seule avec moi … seule sans toi pour me guider, pour me montrer ce que cela fait, d'être soi. Pour me voir … me voir encore un peu. Être vu. Elle renifle doucement une fois, humecte sa lèvre salée sur laquelle s’est amarrée une mèche de cheveux hirsutes. Son front se pose avec lenteur contre le sien, les paupières closes. Trop lourdes. Trop lourdes à porter seulement.

Il y aura des lendemains pour tout renier. Pour chercher à faire exploser la parenthèse, la balancer dans l’opprobre des mensonges brandis comme des armes défensives. Il y en aura tant … elle pourrait déjà les décompter, s'y complaire aussi. Mais pas ce soir, quand elle n’a plus la force de se mouvoir. Pas cette nuit, quand elle apprivoise pour la première fois des sensations honnies, une vie qui pulse autrement, en dedans de l’enveloppe. Oisillon vorace. Il y en aura car elle sait que ses instincts de fuite se feront légion. Il est trop tard … trop tard. Alors à quoi bon, lutter ce soir ? Les forces lui manquent, la détermination plus encore. Toutes, elles tremblent à l'unisson de sa peau qui, parcourue par un instinct contraire, se raccroche à lui, à ce semblable trouvé par erreur, par mégarde, par hasard aussi. Elle veut encore de sa folie contre sa peau pour y enfouir la sienne en échange. Être elle, contre lui. Puisqu'il sait, qu'il n’a pas eu peur. Qu'il n'aura jamais peur, c'est ce qu'il a dit. Elle le croit … elle le croit peut être. Elle le croit dans le temps d’arrêt de la nuit, digne détenteur des sauvageries enfouies de sa nature reniée par l'instinct de survie. Avec ses dernières forces restantes, Eleah repousse les spectres. Elle se prélasse, les regardant s’éloigner, les toisant de loin de toute leur hauteur. Loin, si loin. Son front se décolle avec lenteur du sien, ses doigts renouent avec une douceur confuse lorsque ses phalanges viennent caresser indistinctement la surface de sa joue creuse. Un sourire penaud étire le coin de ses lèvres quand elle avoue, le timbre encore éraillé par les notes d'un amusement fragile :
“Ne me lâche pas ...Je … Je ne sens plus mes jambes.”

Encore un peu, juste un peu, de ce vide là, de cette sensation diffuse à l'intérieur de moi, à l'intérieur de toi. Elle ne sent plus rien à part cela. Il pourrait la lâcher brusquement, elle tomberait sans doutes. Poupée désarticulée, plus de jambes pour la soutenir. Ses lèvres parcourent son épaule, caressantes sur les marques imposées. Comme un baume. Encore un peu. Juste un peu. La musique aphone. Aphone, je crois, car je n’entends plus rien si ce n’est toi. Splendeur d'un instant qu’elle sait plus fragile que du verre. Encore un peu. Juste un peu de tout cela.

(c) DΛNDELION
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James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
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() message posté Jeu 26 Juil 2018 - 16:22 par James M. Wilde


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« Just like you said
It's all been done before
I don't have to talk pretty
For them no more
I can talk what I want, how I wanna »

Eleah
& James




Vague. C’est une vague qui enfle pour mieux nous submerger. Vagues, les pensées qui ploient sous le poids des sentiments qui deviennent des tourmentes. Vagues, les idées qui se noient dans l’onde implacable du plaisir qu’elle dispense. Vagues, les sonorités qui s’étouffent sur la peau, se blessent sur l’épiderme, son mât de ces ébats qui se prolongent, sur l’onde, sur l’onde. Les cercles concentriques qui nous relient, nous rapprochent, nous enferrent l’un à l’autre, nous enferment dans les profondeurs où nous ne faisons plus que nous savoir, à chaque souffle qui s’éteint, à chaque gémissement qui s’éraille dans l’atmosphère sourde. Vagues. Vagues. Un combat incessant pour ne pas plonger, plonger pourtant jusqu’à soulever ce qu’il y a de plus enfoui, en elle, en moi, ce que les aveux aurait rendu si froid, qui brûle et brûle tant parce que c’est la chair qui l’absout, dans les mouvements fauves de deux entités qui ont frôlé la mort, qui la boivent sur leurs lèvres enfiévrées, qui la parjurent à chaque respiration élancée dans l’écho du cri qui devrait les achever. Vague. Vague, dans le vague de mes regards qui ne savent plus que la peindre, je la trouve, la conjure et l’abjure à la fois, car elle est ici avec moi, ici dans le soubresaut d’un passé qui me hante, dans les errances d’un avenir incertain, dans la destruction de tout ce qui put être beau entre mes mains, dans tout ce que j’ai serré jusqu’au désespoir pour le voir perdurer jusqu’à l’agonie. Comme je la serre entre mes bras aujourd’hui, l’étouffement de tous nos sens, et nos masques abandonnés, piétinés par cette danse folle qui n’en peut plus de persister. Et qui persiste encore. Encore. Vague, vague. Les sensations si crues, qui déchaînent des envies, qui en vomissent d’autres, la nudité d’un corps qui se fracasse sur ce qui demeure de paraître, sous la peau nulle dérobade, sous le sceau de ses mains, nulle échappatoire, si ce n’est verser la rage, maquiller la haine en plaisir, jouir de cette liberté qu’elle impose, qu’elle expose à son tour, que je lui arrache et qu’elle abandonne sur ma langue. Croire encore un peu plus savoir persister quand dans ma tête il n’y a plus que ces choeurs qui acclament la pitié, qui sussurent le repos de l’âme, que je frôle, convoite, repousse, renie sur son front perlé de sueur. Non. Non. Pas de repos tant qu’elle se violente à moi, tant qu’elle exulte de ce qui glisse dans ses entrailles pour mieux l’envahir, devenir elle. Sous les allures d’une conquête, crever de défaillir sur le champ de bataille, abdiquer devant la brutalité qu’elle exalte. La prolonger encore. Vague, vague. Les murmures dans ta gorge, j’aimerais t’apprendre par coeur pour mieux t’assimiler, m’empoisonner à toi, infiltrer tout ce que tu as su être, tout ce que tu deviendras, te garder enfermée dans la putréfaction des chairs pour que tu les soumettes à la félicité. Tout. Tout. Ce tout que tu souhaites et que je te donnerai. Vague. Eclatée sur le mur, la virulence des mouvements qui se perdent et se confondent aux siens, le souvenir de cette peur viscérale sous les doigts, l’envie d’appuyer sur les os pour les sentir craquer, cette puissance qui puise au coeur ce qui y reste caché, qui vrille dans les veines les insanités. L’avoir vu s’épanouir sous mon geste nacre d’indicibles pensées, songes qui s’évanouissent pour mieux savoir se graver. Je n’oublierai jamais. Je ne peux pas oublier, la torsion de son être qui répond si bien à ma difformité, miroir et réceptacle, intrusion et perversion qui s’insinue avec la langueur du désir déployant ses ailes pour devenir les prémices de l’extase. Je savoure les mots à l’orée de ses lèvres malmenées, m’en nourris comme une bête déchaînée, et ils suivent la ligne brisée des muscles qui saillent, des tendons qui menacent de se déchirer, la marque de ses ongles, demies lunes de douleur qui parsèment encore mon bras. J’aimerais les décompter des jours entiers pour me souvenir qu’elle est la seule à avoir su me marquer. Territoire vierge et sauvage, abandonné à la honte des évictions les plus létales, qui s’ouvre, perce les barrières qu’elle accable, serpentine, à enserrer ma taille, pour la laisser défigurer l’horreur qu’elle y découvre. Beauté de sépulcre, que l’on viole parce qu’on la regarde pour la première fois, le sceau de l’oubli se brise en une seule note, qui résonne dans mon ventre, abat des sursauts sur mon coeur. Vague parvenue des abysses, surtout lorsqu’elle sourit en retour des exactions, j’aimerais me fasciner à cette expression triviale et m’y mirer toujours. L’image brisée de soi, tendue sur le fil, l’image écorchée d’un monstre qui ploie l’échine. L’image brisée de moi. Vague. Vague qui gonfle dans le coeur pour mieux s’abattre, juger les amants enlacés pour leur arracher les derniers sursauts qui s’arriment à leur chair corrompue. Vague, vague, vague. L’harmonie plie, les notes les plus funestes qui atteignent cet accord presque céleste. L’harmonie ploie, se déverse, absolue, insatiable jusqu’à l’impur que l’on agonise en partage. L’harmonie meurt, c’est si soudain, si parfait toutefois. L’harmonie cède en une vague qui balaie toutes les pensées, tous les émois. L’harmonie crève. Vague. Vague. L’harmonie crève, et il n’y a plus que toi. Que toi, que je tiens entre mes bras, les yeux grands ouverts pour boire chaque violence de ton plaisir, y mélanger toutes les aspérités du mien, voir le tableau se soulever une dernière fois, impitoyable ravage. Les couleurs se déploient, délavées par l’euphorie brutale, la toile se déchire, le plaisir se révulse d’atteindre toute son apogée. Puis tout sombre. Tout sombre. Je sombre en toi, j’y perds la conscience, les notions s’évadent pour n’être plus qu’absconses, le langage s’amenuise dans un gémissement rauque. J’ai peut-être crié son nom, étouffé sur son épaule. J’ai peut-être crié ce que je n’ai pas su taire, ce que je n’ai pas su cacher. Jamais. Jamais. Plus jamais je ne saurai la fuir.

Le vague à l’âme est si intense après cela, effroyable point d’orgue qui abat son courroux. Je n’écoute que le tempo de son souffle, rencogné sur mon épaule, brûlure latente dans le creux de mon cou, le linceul de nos ébats qui retombe en corolle. Je la serre encore avec tous les sursauts du désespoir qui se sont insinués dans mes sensualités, irrésolu à l’idée d’une distance qui je crois saurait m’achever. Je ne peux pas la lâcher, je ne veux pas la lâcher. Refermant les paupières sur la brume des sensations évanouies, je cherche la honte qui saura me trouver. La sentence imparfaite de ceux qui se croient réprouvés, mais rien ne vient, rien ne paraît. Je cherche les outrages, je n’y vois que la beauté d’une fougue qui était morte jadis. Je cherche la froideur des os, la texture poisseuse de l’hémoglobine, je cherche le dégoût dans tout ce qui fut insatiable, déchaîné. J’ai bleui son épaule, et je ne tremble pas. J’ai enfoncé mes doigts dans la finesse de sa taille, là, juste sous les côtes, et aucun remord ne vient perturber mes errances. Si j’ai peur, si j’ai froid, c’est simplement que je me suis abandonné à elle sans rien maquiller de la folie, de l’animalité. Si j’ai peur, si j’ai froid, c’est simplement que je suis de nouveau dans la solitude de mon corps, sans le secours du sien. Je me sens estropié, incomplet. La tristesse est immense de se savoir identique quand on a cru jusqu’aux tréfonds de l’âme savoir se sublimer. Je la serre plus fort, si fort, quand je n’ai d’habitude que cette envie de m’affranchir des chairs qui ont su m’enclaver. L’idéal d’une retraite stratégique, accents de fourberie malingre quand on ne peut affronter ce que l’on a su imprégner en une autre, je le cherche, je le traque. Nul part visible, notion absente, impropre, inaccessible habitude qui me rendrait entier. Mais entier, je l’ai été, je l’ai été, en elle. En dehors désormais, je me sens démuni, et la sensation tonne telle une injustice. Une injustice de plus qui entame l’esprit, le laisse hagard, dérivant dans des notions absurdes. J’aurais voulu disparaître, disparaître après cela. Je la serre pourtant, je la serre contre moi, parce qu’elle ne dit rien, parce qu’elle ne bouge pas. Et qu’elle tremble. Elle tremble tant, mon amour. Elle tremble tant. L’impact de la pensée, l’idée de l’épithète que j’ai un jour abandonné dans l’oreille de celle que j’ai aimée m’accable, me soulève l’estomac, je suis perdu, entre des inflexions qui me semblent usurpées. Que je ressens pourtant, là, infiltrées jusqu’à la moëlle, réminiscence d’un sentiment si sublime qu’il fut honni, décharné, assassiné. Je la berce, mon amour, mon si fragile amour, si pleine de ce que j’ai su déposer en son sein qu’elle ne sait plus comment respirer, qu’elle ne sait plus comment parler. Qu’elle ne sait plus comment se voir, dorénavant qu’elle fut mise à nue, accablée devant moi, si magistrale dans sa monstruosité. Alors je la contiens, alors je l’accompagne, arrimant la douleur à sa détestation, car je sais, je sais. Oui, je sais, mon amour. Ce que cela fait, ce qui se trame dans ta tête, ce que te murmure ta conscience qui cherche à s’exhumer des limbes où elle a cru étouffer. Je sais, je sais. Je la laisse se retenir, je la laisse se raccrocher, comme elle le fit, comme elle le fait. Nos fronts convolent, nos pensées sont si proches, j’en suis intimement persuadé. Car pas une seule seconde elle ne cherche à me repousser, pas une seule seconde, elle ne conçoit l’idée de m’échapper. Le dégoût d’elle est si immense qu’elle préfère le nicher contre moi, et je l’enserre, et je l’enferme, et je laisse l’amertume de cet héritage m’imprégner. Jusqu’à me rendre malade. Malade. Il y a cette détestable empathie qui s’invite en moi, et je ne peux guère la retenir, la silencer, elle est partout, dans les caresses graciles que je prodigue, qui se mâtinent bientôt de cette virulence qui sourde, inflexible, que je ressuscite pour mieux l’opposer à sa peine. Il m’en coûte l’aisance de ces schémas que j’appose après avoir abusé un corps, il m’en coûte mes repères, mes résolutions sont si instables. Je ne sais plus faire cela, et pourtant, c’est ce que je tente sur elle, comme dans la fosse qui faillit nous morceler, comme lorsque la peur, l’angoisse, cherchait à me la dérober. C’est toute la possessivité qui me constitue, elle se réveille, elle gronde, elle enferme pour mieux injurier l’extérieur, les jugements, les idées arrêtées. Personne, personne, ne saura me l’enlever. Personne. J’embrasse son front, pour l’absoudre, ses lèvres pour la damner, tout cela ensemble. Goûte ses larmes, absorbe le sel de sa douleur, cherche l’irrésolu d’une candeur morte-née, j’appuie ma joue contre sa main, ces traits qu’elle caresse, qu’elle s’approprie toujours. Et je répète, ce que je lui ai dit alors, ce que je lui promets encore. Mon amour. Mon amour. Le terme se distille dans l’air moite, ne plus jamais le dire, ne plus jamais l’avouer. Ni le penser. Jamais. Je ne peux pas y faire face, je ne peux même pas le tolérer. Pourtant, pourtant...
_ Je ne te lâcherai pas.
Futur. Futur.  La vague me gifle, parce que c’est là porter des certitudes sur ce que je ne saurais braver. Je l’ai déjà prouvé à maintes reprises. Alors juste maintenant, juste à présent. Jusqu’à présent, je ne te lâche pas. Je te garde, contre moi, contre toi.

Tout en l’enlaçant avec ces précautions qui font des amants ces créatures éthérés après s’être mêlés, je nous laisse doucement glisser jusqu’au sol où nos vêtements nous reçoivent, ces preuves de la fièvre maintenant éteinte. Je la maintiens dans mes bras, l’enlève le plus du sol pour qu’elle ne rencontre pas la froideur du béton armé. Il faudrait un jour poser quelque chose sur le sol de cette pièce, histoire qu’elle ne ressemble pas à une usine abandonnée. Tous mes muscles endoloris aspirent au tombeau. Au lit peut-être. C’est là-haut, et c’est loin. Cependant, l’extérieur perce la bulle, vient perturber le repli des sens, la musique reparue me fait presque sursauter et avant même que Phil, Greg, Vega, Paul, ou quiconque franchisse cette porte, c’est mon ton rocailleux qui aboie :
_ Barre-toi, connard !
Mes mains se sont jalousement resserrées sur la silhouette d’Eleah, instinct animal, fureur intrinsèque qui vrille dans les syllabes et qui fait aussitôt renoncer Phil, car c’est sa voix blanche qui émet un “pardon” tout pataud. Suivi d’un vague “tu fermeras la porte de service.” Ce que sans doute je ne ferai pas. La musique bientôt s’atténue, meurt à son tour, et le carcan de nos ténèbres se tisse plus prégnant que jamais. Les quelques derniers égarés du Viper s’égayent sur le parking, se tirent, sombrent dans le lointain, et mes doigts protègent encore, sa peau, ses pensées, cette fragilité mise en exergue que je n’ai pas retournée contre elle. J’aurais pu. J’aurais pu la libérer, faire en sorte qu’elle disparaisse vite, profiter de la venue de mon régisseur pour esquisser une moue contrite, me saper dans l’urgence, étreindre les derniers sursauts de la nuit sans elle, pour mieux réfléchir, pour mieux songer. Mais je refuse. Je n’accepte pas de renoncer à ce que je viens de lire, de voir, de m’infliger. J’attends, j’attends de longues minutes, mon nez tout contre sa tempe, respirant ses cheveux mouillés, j’attends que les sons s’affadissent, qu’il n’y ait plus rien que nos coeurs qui battent encore un peu trop vite. Ils sont partis, ils n’ont jamais même existé, ces autres, et ce monde étranger. Je ne te lâcherai pas. Je ne te laisserai pas partir. Pas encore, pas maintenant. Pas tout de suite, je t’en prie. Pas tout de suite. Les secondes s’éternisent, je laisse leur saveur pénétrer toute ma tête, calmer les doutes qui cherchent à s’y infiltrer. La nuit enlacera bientôt l’aube, ce sont ces heures que nous semblons destinés à partager ainsi. L’un et l’autre. L’un dans l’autre. Ces heures qui n’appartiennent ni au lendemain, ni au passé. L’entre deux d’une fausse éternité. Avant de reparaître au jour, d’imposer tous les codes, de remettre le masque, de renier ce que nous avons partagé. Impossible sans doute, mais prétendre c’est un art que nous manions à la perfection, n’est-ce pas ? Rien que l’idée rouvre des blessures qui saignent une amertume sans nom. Je ne sais plus… Ce que je dois, ce qu’il faudrait. Il y a avec elle de ces évidences que je n’ai pas le pouvoir de nier. Et je sais désormais que c’est pareil pour elle. Alors, juste cela. Juste cela. Je respire plus fort nos odeurs emmêlées, ivre de ce qu’elle m’a rendu, drogué de ce qu’elle a conféré à mon corps et à mes esprits si prompts à s’aliéner. Ma voix s’étiole dans son oreille, une confidence que l’on ne peut que libérer sous le sceau du murmure :
_ Reste.
Je n’ajoute pas le sempiternel choix que nous venons d’étrangler dans la jouissance, je ne prétends rien, je ne maquille ni la détresse qui suinte, ni la perplexité que la requête m’inflige.
_ Reste. Jusqu’à ce que l'on puisse mentir, jusqu'à ce qu'on fasse mine d’y croire.
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() message posté Mar 31 Juil 2018 - 16:54 par Invité
RAISE ME UP /!\ +18
james & eleah

« Spirits creeping in my yard, hold my head, it's tilting back. Something dancing me around, putting crystals on my neck, lifting my feet off the ground. Raise me up. »
Des chimères invisibles dansotent un rituel étrange tout autour de leurs silhouettes unies. Feux follets mystérieux. Elle les distingue, partout, flammes macabres venues pour les encercler jusqu'à calciner les chairs, les prendre en tenaille. Le goût de cendres, contre les lèvres, contre la peau., âpreté délicieuse sur la rugosité de la langue. L'épiderme qui se rompt dans la lutte infernale, s'abandonne au joug promis, espéré, subi. Les sons mâtinés de ses râles sont des agonies murmurées à son oreille. Litanie triviale, écho divin. Ritournelle apprise par cœur, jamais conquise, connue pour la première fois cette nuit. Gémis encore tout contre moi. Laisse moi recueillir le cri, là, entre mes doigts. Les entités se libèrent, les frontières se distendent. La matérialité d'évidences devenues poussières entre leurs corps reliés l'un à l'autre, rompus par les outrages sublimés par leur trivialité. Réalité absconse, insensée. Ils sont fous. Fous à lier. Lier ensemble. Entiers, plus qu'ils ne l'ont jamais été. Plus qu'ils ne le seront peut-être jamais.  Chimères. Chimères encore, écloses pour étancher la monstruosité insatiable des rêves dont ils ont su tracer l'essence. Des arcs-de-cercles en clair obscur, de lui à elle, d'elle à lui. Peinture abstraite dont on distingue directement l'idée sans pour autant en tolérer le sens. L'évidence de chacun de ses frémissements, maquillés de troubles aussi majestueux qu'impériaux. Il y a un instant où l'intériorité de sa nature idolâtre ce qu'il incarne, le place au rang d'une divinité artificielle qu'elle détoure pour la transcender. Mais l'être mystique se fracasse contre le mur, contre son corps qui s'impose pour mieux excaver ce qu'il renferme. Elle imagine glisser ses doigts autour de ses côtes, fouailler la chair sanguinolente pour en saisir les abruptes contours. Déchirer. Déchirer tout. Déchirer sa peau blême de la même façon qu'elle a froissé sa chemise pour lui faire crisser son désespoir. La teinter de rouge. Tirer de part en part. Ouvrir la cage. Libérer le monstre. Faire craquer les os. Libérer l'homme. Les deux ensembles. Entité imparfaite qu'elle se met à adorer avec la force dégénérée de ces êtres sans mesure. Parce qu'il lui ressemble. Face cachée d'une pièce sans revers. Il lui ressemble tant. Hérésie en miroir. Digne adversaire, car quelque part, dans ce qu'elle a préféré étouffer, elle est comme lui. L'évidence la bouleverse assez pour rouvrir la faille béante à l'intérieur de son ventre, laisser apparaître au fond des entrailles l'abîme qu'elle a su renier pendant suffisamment longtemps pour en oublier jusqu'aux infinis contours. Les limites geignent, s'abattent. Il les broie entre ses mains, chaque fois qu'il vient marquer sa peau et y imposer ses envies. La souffrance atteint son paroxysme, avilit le plaisir impropre qui la cisèle à l'unisson de la douleur. Elle ne sait plus si c'est son cœur qui palpite à l'abrutir, ou bien s'il le lui a déjà arraché, le compressant entre ses doigts, la laissant exsangue à l'orée de sa chair qui bat une mesure ahurissante. Ses yeux la regardent, la contemplent. Il n'y a nulle dérobade possible face à l'intensité de ses prunelles qui traquent toutes les folies de sa nature. Nul échappatoire, quand la volupté démente qu'elle projette contre lui n'a plus aucun fard, qu'elle est incapable de la contrôler, de la brider, ou bien de la contrefaire. Eleah ne ment pas. Pas ce soir. Instable, cruelle, insatiable : la vérité est ainsi, se balançant de l'un à l'autre de la même façon que les corps s'astreignent à un équilibre précaire pour se rejoindre avec langueur. Glissement de lui à elle. D'elle à lui. Confusion du toi, en moi.  L'intimité se resserre lorsqu'elle saisit à rebours toute l'authenticité des émotions qui le traversent. Il ne ment pas non plus. Tous les leurres, arrachés pour être balancés sur le sol froid. Il fait si froid, partout. Tout autour d'eux. Mais pas en eux, lorsqu'ils sont ainsi, l'un dans l'autre. A se consumer ensemble, à faire vibrer chaque nerf tendu sur l'ossature. Leurs deux silhouettes, instrumentalisées pour créer une musique aux accords gutturaux, aux notes rauques et aux harmonies brutales. L'exaltation de la cruauté du moi, contre toi, en toi. Le plus beau, le plus laid. Indistinct alliage forgé dans le sang, les râles et les larmes.


Elle en veut encore, elle en veut tant. Ses avidités crues et dévorantes, jamais étanchées, jamais rassasiées. Eleah cherche à rattraper le fil de ses idées, à se souvenir de ce qui créa l'essence de ce qu'elle est. Puzzle aux pièces manquantes, toile d'une ruine décrépissant un peu plus chaque jour. Il suffirait d'en gratter la surface du bout de l'ongle pour en distinguer l'ombre sous-jacente. L'immonde, caché sous les parures aveuglantes. L'âme aspire maladivement aux choses qu'elle s'est défendues … C'est ce qu'il avait écrit, cet autre Wilde. A force de brimer les désirs, de chercher à les imbriquer dans des carcans créés par d'autres pour les contraindre, il ne reste plus grand chose. Rien à part une frustration grandissante. L'aliénation d'un être, à l'intérieur, qui n'en peut plus de devoir se modeler à une décence qui ne lui sied pas. Elle le fait crever peu à peu, des lambeaux de chairs putréfiées se recroquevillant sur elles-mêmes, feuilles mortes pourries, annihilées, sur le point de tomber. Combien d'étreintes mécaniques ? Combien de corps, consommés dans la fadeur d'étreintes aseptisées ? Combien de fois à se répéter, qu'il ne faut pas tout donner, tout accepter, tout vouloir. Ne pas brimer la peau, ne pas enlacer trop fort. Ne divulguer de soi que le minimum, parce que c'est la décence que la transaction exige. Cette prévenance maladive qu'il est nécessaire d'instaurer, parce que vous comprenez, brimer, meurtrir, bleuir, ce n'est pas ainsi que l'on aime. Il faut aimer avec douceur et candeur. Des caresses soyeuses, pétries d'orgueil et de silences. Ne pas trop en dire. Ne pas trop en faire. Rester dans la mesure, toujours. Son âme se tord, déchaîne ce trop qui n'en pouvait plus de se taire pour renier tous les outrages qu'elle a su lui imposer. Enfin elle ressent, enfin elle éprouve.  Sentiment invincible, victorieux lorsqu'il abat ses dernières barrières. La vague s'empare du corps et le brise contre les récifs d'un rivage étranger. Le sien. Le leur. Le reflux d'une carcasse qui se noie, étouffe, recrache enfin le fiel salé de tous les poisons absorbés jusqu'à l'aigreur.


La conscience qu'elle a de lui mord ses poignets, trace les contours des failles qu'il a su ouvrir pour mieux s'y engouffrer. Elle tremble alors, elle tremble si fort. La redécouverte d'une cohérence, psalmodiée par leurs souffles emmêlés. Ses doigts flirtent avec les cheveux trempés de l'arrière de sa nuque, le raccrochent encore un peu au sein de leur débauche. Son cri étouffé contre son épaule se réverbère, créé une onde de frissons qui parcoure son échine et meurt au creux de ses reins. Il la retient, il la recueille. Encore un peu, juste un peu. Elle cherche à se prémunir de l'instant où il la relâchera. Où, se munissant de l'aplomb des remords et de la honte, il la laissera là, seule et évidée, pour se prémunir alors qu'il est déjà trop tard, qu'ils sont allés trop loin pour pouvoir totalement en revenir. Eleah compte à rebours dans sa tête. Les membres se crispent à l'unisson du décompte. Elle attend, patience étudiée et misérable. Un, puis deux, puis trois. Elle attend, mais l'abandon ne vient pas. Au contraire il la serre un peu plus fort, la retient contre lui, brave toutes les certitudes auxquelles elle était prête à se confronter pour ne laisser que l'incohérence d'un sentiment qui ne ressemble à rien de ce qu'elle connaît déjà. Perdue dans les replis de son corps, il la berce, louvoyant entre ses terreurs pour se frayer un chemin jusqu'à son âme errante, polissant ses troubles en les apaisant de ses caresses diffuses. Tu es là, tu ne pars pas, tu ne me lâches pas. Sur ses lèvres closes s'appose une reconnaissance muette, déjà bravée par toutes les incertitudes qui la taraudent. Cela aurait été si simple, si facile. Qu'il satisfasse ses envies de fuite, qu'il saisisse le prétexte, quel qu'il soit, pour l'abandonner à une solitude qu'une partie d'elle, la plus terrifiante sans doutes, quémande. Mais il est là. Il ne part pas. Il reste, il la retient. Ses paupières alourdies se referment, ploient sous ses lèvres qui se posent contre son front brûlant, sa tempe douloureuse, ses joues humides. Ses phalanges suivent les contours de ses traits, distinguent l'indicible le lien qui les enserre. Serment muet, tracé contre les chairs meurtries. Serment qui l'empêche de se mouvoir, la laisse aphone, rendue à une fragilité inexprimable.


Il y a un lien qui naît, tandis qu'un autre se déchire. Fêlure d'un serment ancré dans son âme depuis la nuit des temps, imprimé dans le sang frais et les larmes sirupeuses. Sans âge, sans mesure. Amour aux infinies laideurs, percluses de ces failles magnifiques.  Lé' … Tu es là, n'est-ce pas ? Tu es là ? On sera toujours ensemble … Toujours. Tu me le promets ? - Oui. Ensemble. Toujours. Sa main, déjà plus grande, venue pour enserrer la sienne. Entrelacer les doigts, recomposer un seul visage avec deux entités contraires. En équilibre, sur le fil d'une déraison partagée pour la rendre tolérable. Elle est belle, tu ne trouves pas ? Si belle … Parée de lueurs rougeâtres, une auréole blanche en émail autour de ses boucles ébènes. Ange déchu, le visage tuméfié par son amour. Son si terrible amour.  Méconnaissable amante, si belle dans toute l'horreur qu'elle dévoile, ainsi brutalisée. Elle ne respire pas, elle ne respire plus. Il y a juste un filet de sang rouge qui perle au coin de ses lèvres entrouvertes, glisse sur la peau nacrée de son cou jusqu'au carrelage satiné. On dirait qu'elle sourit. Qu'elle est apaisée. On pourrait rester là, avec elle … Ils ne sont jamais vraiment partis. L'un contre l'autre, l'un dans l'autre, ils ont contemplé la mort jusqu'à la reconnaître, voir en elle l'incarnation irréelle d'une beauté maternelle. La mort dans le ventre de celle qui les a vu naître, qu'ils ont enlacé jusqu'à prêter le serment inviolable de ne jamais laisser personne pénétrer leur sphère pour les séparer. La personnification d'un amour, le seul qu'ils ont connu. Celui qui se revêt de sacrifices, s'expose au gré d'une brutalité ignoble en laquelle ils ont fini, à force de la contempler, par trouver une beauté sans égale. Le sursaut de son corps contre le sien lui fait rouvrir les paupières, balaye  les images imprimées au devant de sa rétine. Son cœur tressaute dans sa poitrine, ses doigts se raccrochent à l'intimité de la sphère qu'un inconnu de passage est venu percer sans même s'en rendre compte. La conscience est paresseuse, son souffle se dissimule dans les recoins de sa nuque pour rêver y disparaître. Dans le silence qui les accable et les retient, elle reconnaît les indistinctes réalités venues de l'extérieur pour les forcer à reparaître. Cette même réalité qui détient tous les serments fraternels qu'elle a eut l'impression de briser ce soir, contre lui, en lui. Affranchie, perdue … Désorientée. Seule … Seule sans lui. Seule depuis qu'il a su convoquer tous les élans qu'elle renfermait, seule lorsqu'il l'enserre, la protège. Seule … Mais libre. Libre de choisir, de rester, ou bien de partir. De renforcer le lien, ou d’en parachever la fêlure. Déployant des caresses indistinctes sur sa peau nue, la pulpe de ses doigts suit avec lenteur les contours de ses vertèbres, trace une ligne incertaine et tremblante le long de son dos. A lui elle se retient, à lui elle s'arrime. Puisqu'il a décidé de rester, et qu'elle n'est pas encore prête à le regarder partir. Elle se recule un peu de son corps, love sa paume tout contre sa jugulaire. Mesure qui bat … Mesure qui pulse. Mesure d'un inéluctable lien qu'elle n'est pas prête à reconnaître, mais qu'elle ne peut totalement renier non plus. Le timbre de sa voix s'élève, s'éraille, dénote de toutes les émotions qui le cisèlent et qui la bouleversent. Son pouce dessine une caresse apaisante sur la ligne de sa mâchoire. Eleah le regarde, arbore cette distance légère, nécessaire pour mieux le voir. Sa voix s'élève dans un murmure fragile :

« Ce ne sont pas nous, les menteurs, n'est-ce pas ? … Ce sont eux … Tous ces autres. Tous ceux qui cherchent à nous imposer des carcans illusoires … A nous enfermer pour mieux nous contraindre, et nous retenir. Parce que cela les rassure … De nous forcer à mentir. Être ce qu'ils attendent, être ce qu'ils espèrent … Je suis fatiguée de mentir James. Je ne veux pas … Pas ce soir … Pas cette nuit. Je n'en ai pas la force. » Ses lèvres viennent quérir les siennes, boire les saveurs de ses angoisses diffuses, se presser contre les assertions promises dans le silence, avant qu'il n'ait le temps de les prononcer à voix haute. « Alors … Je ne pars pas … Je reste là, avec toi … Le temps qu'il faudra. … Je ne te laisse pas ... pas encore ... Je reste là.  » Rythme alangui de sa voix qui revêt les mêmes intonations que la sienne, lors de cette nuit où il avait su rester auprès d'elle pour veiller ses angoisses latentes.  Ses doigts cherchent à retrouver la chaleur de sa paume pour entremêler ses phalanges aux siennes, les enfermer, les guider, les entraîner avec elle lorsque sa silhouette s'incurve, opère un basculement sur le côté, sa hanche glissant avec lenteur vers la rudesse du sol en béton. Mais elle n'a cure de la froideur du sol, des impostures qu'il a vu naître. Avec elle, elle l’entraîne, elle reste là. Contre lui, silhouette lovée, jambe entrelacée à la sienne. Indicible lien. Ses lèvres qui l'embrassent, maintenant sa paume tout contre la sienne, le plafond obscur au dessus d'eux. Là pour les regarder. Là pour les voir. Les préserver, encore un peu.

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James M. Wilde
James M. Wilde
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() message posté Dim 19 Aoû 2018 - 19:17 par James M. Wilde


« Just like you said
It's all been done before
I don't have to talk pretty
For them no more
I can talk what I want, how I wanna »

Eleah
& James




Et l’agonie des flammes en hommage à la luxure de deux corps, les souffles accompagnés de ces tremblements caractéristiques. Les muscles se damnent pour encore quelques secondes qui confinent à l’euphorie la plus intacte qui soit. Avant de se glisser dans les veines, alourdir les postures, renfler de contentement un soupir impie qui caresse son épaule. Je la tiens si fermement contre moi, je la tiens pour la garder, je la tiens pour la faire mienne plus encore s’il est seulement possible. Mais les chairs meurent d’une union tarie, les chairs se révulsent dans le froid, dans le noir. L’onde d’une pensée qui s’étrangle avec la force d’un sursaut. Que ce soit terminé est une horreur, que cela puisse être encore est une erreur infâme. Et quelque part, j’aimerais… Oui, j’aimerais que les erreurs parcourent d’autres heures pour les voir crever exactement ainsi, elle dans mes bras, elle contre moi. Voir crever la nuit et exulter sur son cadavre. Mes doigts glissent dans ses cheveux, une possessivité que j’ai du mal à étreindre pour l’étouffer. Une possessivité dans un clair obscur de souvenirs, son profil en écho d’une autre. J’ai mal à la regarder, la voir me fascine pourtant. C’est une douleur qui se bloque dans ma gorge, le temps d’un clignement de paupières, la nuit peint des fantômes, toutes mes nuits demeurent hantées, souillées par les échos ignobles d’une existence bafouée. Cette autre n’est pourtant rien, rien, désormais que les pensées se sont enchâssées à tout ce qu’elle offre, tout ce qu’elle me permet d’espérer. Eleah dans le synonyme d’une trompeuse liberté, les fers partout sous les doigts, dans ses cheveux, sur sa taille, sous les lèvres. Qui se dissolvent aussitôt qu’on les a même posés, car ils n’existent pas, ils n’existent pas. Pas sur elle, en tout cas, impossible, improbable, interdit. J’inspire profondément pour chasser l’importune peine qui glisse aux sursauts de mon coeur, qui tombe dans mon estomac comme une pierre. Elle ne lui ressemble pas, elle ne lui ressemble pas. Ils mentent quand ils disent cela. Ils mentent. Ils mentent tous. Je la serre encore, je la serre plus fort, un réflexe maladif qui parcourt ma peau et la fait frissonner. Personne ne me l’enlèvera, personne. Je ne devrais pas penser cela. Je ne devrais pas. Elle ne m’appartient pas. Tout se mélange, les grands principes sur lesquels nous jouons me paraissent éculés, moribonds. Infâmes forfaits que je ne saurais assumer dans un instant comme celui-ci. Doit-elle partir, doit-elle rester ? Mes doigts s’agrippent à sa taille rien qu’à l’idée. Laquelle, je ne sais plus très bien. Je ne sais plus rien, mes idéaux m’apparaissent contradictoires, presque étrangers. Je voulais être seul. Être seul et crever, c’est ce que je voulais faire. Et la voir danser, la voir danser, une toute dernière fois. L’idéaliser dans des harmonies douloureuses, corrompre son corps, son esprit, à chaque note, à chaque pas. Mais c’est moi que je corromps, et si j’ai souhaité la mort, la vie s’insurge dans mes veines, combat contre mes côtes, je me sens si alerte dans la perdition opérée. Perdu, pourtant éminemment relié à elle. Perdu. Perdus. Peut-être enfin celui que je tais, celui que je cache. Peut-être enfin moi, s’il s’agit de te subir. De te subir, encore une fois. Toi, et pas une autre, toi seulement. Toi, dans cette passion-là, celle qui blesse, celle qui n’admet que l’absolu promis contre tes lèvres. Je te l’ai promis ce soir, non pas malgré moi, mais parce que j’ai choisi de le faire. J’ai choisi de te donner le pire de moi, révéler le pire de toi. Et rien ne m’a jamais semblé plus intense, plus cruel, plus indicible. Inavouable. Nos souffles tendus sur des aveux muets, je tourne un instant son visage pour la regarder, me plonger dans ses deux yeux noirs que je distingue à peine. Perdu. Perdus. Je suis là pourtant, je suis là. Et toi aussi, toi aussi. Je ne la lâche pas, je la serre contre moi. Contre moi. Contre tout ce que j’ai cru être, contre tout ce que j’ai souhaité devenir, pour continuer de mentir, continuer de prétendre. Faire croire que je suis sorti de ces murs, que je les ai oubliés, quand ils sont encore partout, dans mes angoisses, dans mes mouvements, quand j’ai aspiré tant de fois à étendre mon emprise sur d’autres corps, les meurtrir, les souiller, pour oublier mes propres meurtrissures, la souillure que j’ai versée peu à peu, dont je me repais aussi quelques fois. Mensonges, mensonges, parures. Sous le sceau du paraître, les épaules ployées de me savoir tant déformé, infirme devant toute la violence déployée. J’ai commis tant d’horreur, enfouies, récentes, tant d’horreurs qu’elle a su entrevoir, qu’elle sait voir, oui, quand je plonge en elle ainsi, l’avidité qui suinte de mes iris, étoilées par une luxure dont je ne pourrais jamais être repu. Toutes ces horreurs, mon amour, et tu es encore là. Tu es encore là. Une brève seconde, c’est la dureté du monstre qui s’éprend de ma mâchoire, et un vague sourire danse, presque profanatoire. Mais elle n’est pas être à se voir profanée, elle est déjà si monstrueuse. Si monstrueuse. Cette bestialité dont je ne suis nullement coupable, éveille mes sens, la nuit s’affadit dans des airs indécents, le baiser que je lui offre est une condamnation. Pour elle, pour moi. Les deux ensemble. Je ne te lâcherai pas, jamais, jamais. Je sais que je ne peux pas, je ne peux pas. Et toi non plus. Toi, non plus. Alors le sourire danse, démoniaque, comme un secret que l’on partage, qu’elle sait aussi, dans son corps, dans sa tête, qu’elle ne pourra plus oublier, lancinant comme une blessure, étourdissant tel une fièvre. Une autre souillure, pour mieux oublier tout ce vide qui nous dépare. L’alliance que j’ai un jour contractée avec la mort en la dessinant sur Rebecca se rompt, c’est une autre naissance. Je ne veux pas crever. Je ne veux plus crever. Ce serment-là attendra tant que j’en aurai un autre à honorer. La libérer encore, la rendre plus monstrueuse peut-être, la dessiner entière, sous mes doigts. Le sourire danse, elle dansera aussi. Et moi… Et moi ? Je suivrai ses pas, chaque foutu pas qu’elle décidera. Il n’y a pas d’échappatoire. Il n’y a plus de mensonge suffisamment crédible pour le supporter. Elle aurait dû partir. Elle aurait dû partir. J’aurai dû élancer la résolution d’un pas très assassin, afin qu’elle aille danser ailleurs que dans mon univers désormais contrarié. Si crever n’est plus le but de mes errances, alors quoi ? Alors que reste-t-il ? Si ce n’est l’opprobre, et le tourment ? L’opprobre dans ses bras, le tourment sur sa peau. L’idée me fait frémir. D’envie. De peur. Les deux ensemble. Elle ne part pas. Elle est encore là.

Sa main contre le battement des idées, d’autres chimères pour remplacer les idéaux mortifères. Ma mâchoire se détend désormais qu’elle en suit le fil acéré. Le monstre se dompte car il rêve d’être dompté pour mieux savoir faire mal. Mal jusqu’à ce qu’elle révèle tout de ce qu’elle est, et qu’il exalte sa nature en recherchant la sienne. Si proche, si proche. Je ne peux même pas le nier, l’envie est telle, d’unir nos folies pour caresser d’autres dangers, d’autres sensations inavouées, qu’il serait illusoire de même croire que nous en sortiront indemnes. Son murmure verse du sel sur les plaies d’un imaginaire complexe, la vérité est imparfaite, accablante toutefois. Comment prétendre quand l’enfermement est tel qu’elle le dessine ? Ma voix est lente, encore rauque du plaisir, blême à l’idée d’un lendemain aussi implacable, à surjouer celui que je connais de moins en moins.
_ Et devant moi ? Tu mentiras encore ? Tu en auras la force, dis-moi...
Je me tais parce que le sous-entendu naît de la fourberie de notre étreinte. Que feras-tu alors, que feras-tu quand tu ne sauras plus tenir un rôle en ma présence, que feras-tu pour échapper à toi ? Pour échapper à moi ? Et si tu restes maintenant, te laisserai-je partir quand tu crèveras de fuir pour croire te préserver ? Je ne crois pas, je ne peux pas. Nos corps courbés par nos murmures, nos fronts qui se touchent presque dans l’entre-deux d’un jour qui meurt, qui naît, qui balbutie de clartés indistinctes. Confessions des amants, l’aube comme témoin, nos doigts entremêlés, mon pouce qui caresse sa paume avec langueur. L’éclat de ce que je ne dis pas, toujours dans mon regard, penché dans le sien. J’ai un sourire plus mutin, parce que ses lèvres se posent sur ma main, dans une attention délicate :
_ Je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais toutes mes tractations sont des pièges. Je te sers beaucoup de style, entre deux accords, avec mes propositions de spectacle et on finit dans les coins glauques du Viper, à gémir dans le noir. À moins que ça n’ait été ton propre dessein depuis le départ. Auquel cas je suis profondément outré. Je ne sais pas si ma vertu va s’en remettre.
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() message posté Jeu 23 Aoû 2018 - 16:20 par Invité
RAISE ME UP
james & eleah

« Spirits creeping in my yard, hold my head, it's tilting back. Something dancing me around, putting crystals on my neck, lifting my feet off the ground. Raise me up. »
Mentir, déjouer. Elle ne sait faire que cela. Embrasser les spectres de réalités trompeuses, faire semblant d'y croire pour mieux s'en imprégner. Et devant moi ? Tu mentiras encore ? Les interrogatives sont des murmures à son oreille, des leitmotiv incessants qui cherchent à l'arrimer à un après qu'elle n'est pas encore prête à entrevoir. S'interroger au futur, se dire qu'après ce soir, il y aura autre chose, là, quelque part. Il y aura cet ailleurs déjà possédé par lui, où déparée de ses fards, entièrement nue, elle ne pourra plus se cacher. Monstrueuse. Elle ne pourra plus mentir. Parce qu'il l'aura vue, excavant le pire pour le magnifier de ses caresses indécentes, lui faire frôler des sensations honnies … Honnies mais si vraies pourtant. Vérités cruelles, dissimulées sous les os, faisant ployer les nerfs, prêtes à faire saigner la chair pour rencontrer ne serait-ce que l'ombre évanescente d'une comparse.   Puis fuir, la renier. Faire d'un futur possible un passé dont il ne faudra plus rien excaver si ce n'est la honte. Et l'interrogative encore, qui continue de se réverbérer dans son crâne, de pulser lentement sous sa tempe. Le mutisme s'installe derrière ses lèvres closes.  Elle le regarde, être auréolé de ténèbres, ses doigts dessinant des caresses indistinctes à l'orée de sa peau translucide. La sensation du bitume contre sa colonne vertébrale est oppressante : elle a l'impression qu'elle pourrait y demeurer ancrée, engluée, sans plus jamais pouvoir se relever. Fourbue, éreintée. Une fragilité sous-jacente pour seule parure, glissant sur sa peau nue dans chaque frisson qui la parcoure à intervalles irréguliers. Délicat linceul placé sur la carcasse évidée d'un être déparé de ses masques.  Tu en auras la force, dis-moi ... La rumeur de son timbre, roulant sur sa langue, aussi enivrante que détestable. Il sait n'est-ce pas ? Que cette force, elle l'aura encore ? Que ce sera plus fort qu'elle ? Qu'elle ne pourra pas s'en empêcher, brûlant malgré elle de renouer avec des mécaniques apprises trop longtemps par cœur ? Bien sûr qu'il sait. Son regard cherche à le fuir le temps de déterminer si elle doit lui donner raison tout de suite. Balancer ses résolutions momentanées dans l’opprobre pour lui confier de ces mensonges qu'il pourrait souhaiter entendre. C'est sans doutes ce qu'elle aurait fait en d'autres circonstances. Dire que non, elle n'aurait plus été capable. Qu'elle n'aurait plus eu la force, parce qu'il aurait su la voir. Mais cela, c'est le pire mensonge qu'elle pourrait confier aux secrets de sa bouche. Pire encore qu'une vérité déplaisante à entendre, ce serait pire que tout. Et ce soir, elle n'en est pas capable. Pire que cela, elle n'en a pas envie. Pas avec lui. Pas encore.

« Probablement … Et toi aussi … Toi aussi tu mentiras n'est-ce pas ? Tu ne pourras pas faire autrement … Parce qu'on ne peut pas renier tous les élans de sa nature du jour au lendemain. Mais malgré tout … On saura. … On saura, je crois.  »

Oui, on saura ce qui se cache, juste derrière les mensonges. Tout ce qui compte. Tout ce qui ne vaut rien.  Eleah n'oubliera pas. C'est une promesse qu'elle marque sur sa peau blanche, resserrant sa prise autour de ses doigts, attirant son visage pour embrasser sa tempe, goûter encore un peu à la fragrance prophétique de leur union singulière. Ses lèvres se fendent d'un sourire, les traits fatigués de son visage s'égayent de lueurs nouvelles, renouent avec une légèreté qui s'était absentée depuis le fracas bouleversant de leur rencontre. A rebours, un rire sous-tendu traverse sa cage thoracique. Son regard dérive vers le plafond invisible, revient à ses prunelles plus mutines. L'appel distancé de leurs natures conjointes, reparaissant au gré de remarques inconséquentes, faisant fi de tout le reste. A point nommé peut-être, pour ne pas les laisser s'enliser dans un marécage gluant de questionnements trop nombreux.

« Dis, tu crois qu'on s'est fait avoir ? Toi et moi ? » Elle mord l'intérieur de sa lèvre, le nargue d'un petit sourire penaud avant d'avoir une œillade autour de leurs silhouettes, distinguant, coincé sous sa hanche, un lambeau de sa robe, et plus loin, quelques traces de leurs vêtements jonchant le bitume. « Pour ce qui est de ta vertu, je suis persuadée qu'elle s'en remettra. Ma robe en revanche … » Une moue réprobatrice le tance, alors qu'elle la désigne d'un regard. « Ce sont des manières ça tu penses ? D'attirer les jeunes femmes dans les recoins sombres, pour leur arracher leurs vêtements ? Alors quoi, tu n'aimais pas le jaune moutarde c'est ça ? Je la trouvais jolie pourtant ... » Une moue s'empare de ses lèvres, faussement attristée, tandis que ses doigts tombent sur un pan de sa chemise dont les boutons gagneraient à être recousus … Mais encore faudrait-il retrouver les fameux boutons, avant cela. Elle la soulève à hauteur de leurs yeux, avant de la reposer l'air de rien. « Bon d'accord, je t'en dois une aussi. Mais de toute façon, on a pas besoin de tout ça. Viens par ici tu veux. Je n'en ai pas encore fini … avec ta petite vertu. » ajoute-t-elle en étouffant un sourire espiègle contre sa bouche.

Ses bras l'enveloppent, l'étreinte se resserre, et la nuit s'endort, mourant au gré d'un jour qui peine à reparaître tout à fait. La parenthèse se referme, glissant derrière elle des points de suspension, des corps qui se retrouvent pour mieux se délier, se libèrent afin de disparaître à travers l'aube qui point devant eux. Elle les engloutit tour à tour. Eux, et les certitudes. Eux, et les serments muets, devenus indélébiles. Inavouables pourtant. Inavouables.

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» Break me out, set me free _ Eleah&James
» Prop me up, before I black out _ Eleah&James
» (james&eleah) let me touch your symphony.
» Et ce détour qui n’en finit pas _ Eleah&James
» I ain't here to break you, just see how far it will bend _ Eleah&James

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